Explorez plus de 1,5 million de livres audio et livres électroniques gratuitement pendant  jours.

À partir de $11.99/mois après l'essai. Annulez à tout moment.

La Quête du Pendragon: La Saga du Dernier Pendragon, #2
La Quête du Pendragon: La Saga du Dernier Pendragon, #2
La Quête du Pendragon: La Saga du Dernier Pendragon, #2
Livre électronique446 pages5 heuresLa Saga du Dernier Pendragon

La Quête du Pendragon: La Saga du Dernier Pendragon, #2

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Il est roi, guerrier, le dernier espoir de son peuple et l'élu des Sidhe…

Bien que les forces obscures d'Arawn aient été défaites, les Saxons se massent aux frontières, leur objectif la subjugation totale du peuple gallois. Pourtant, vaincre une armée saxonne n'est que le premier des défis que Rhiann, Cade et leurs compagnons devront relever s'ils veulent empêcher Mabon de prendre le contrôle du monde des humains pour l'éternité.

La Quête du Pendragon est le deuxième livre de la saga Le Dernier Pendragon.

Ordre de lecture : Le Dernier Pendragon, La Quête du Pendragon, La Légende du Pendragon.

LangueFrançais
ÉditeurThe Morgan-Stanwood Publishing Group
Date de sortie17 févr. 2024
ISBN9798223335320
La Quête du Pendragon: La Saga du Dernier Pendragon, #2
Auteur

Sarah Woodbury

With over two million books sold to date, Sarah Woodbury is the author of more than fifty novels, all set in medieval Wales. Although an anthropologist by training, and then a full-time homeschooling mom for twenty years, she began writing fiction when the stories in her head overflowed and demanded that she let them out. While her ancestry is Welsh, she only visited Wales for the first time at university. She has been in love with the country, language, and people ever since. She even convinced her husband to give all four of their children Welsh names. Sarah is a member of the Historical Novelists Fiction Cooperative (HFAC), the Historical Novel Society (HNS), and Novelists, Inc. (NINC). She makes her home in Oregon. Please follow her online at www.sarahwoodbury.com or https://www.facebook.com/sarahwoodburybooks

Autres titres de la série La Quête du Pendragon ( 3 )

Voir plus

En savoir plus sur Sarah Woodbury

Auteurs associés

Lié à La Quête du Pendragon

Titres dans cette série (3)

Voir plus

Livres électroniques liés

Fantasy pour vous

Voir plus

Catégories liées

Avis sur La Quête du Pendragon

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    La Quête du Pendragon - Sarah Woodbury

    Note à mes Lecteurs

    ––––––––

    Bien que je sois certaine que la plupart d’entre vous se souvienne parfaitement des personnages et de l’intrigue de la Saga du Dernier Pendragon jusqu’à présent, mon propre mari m’avoue qu’il a oublié une bonne partie de l’histoire. Je suis encore sous le choc, je dois le dire. Sous le choc !

    Donc, reprenons :

    Dans le premier chapitre du Dernier Pendragon, Cadwaladr ap Cadwallon (Cade), apparaît entre deux soldats à la cour du roi du Gwynedd alors que les hommes du roi Cadfael viennent de lui tendre une embuscade et de massacrer tous ses hommes, dont sonpère adoptif, Cynyr, sur la route d’Aberffraw. Parce que Cadfael avait épousé la mère de Cade (Alcfrith), Cade avait pensé que les ouvertures de Cadfael envers lui étaient sincères. Grave erreur.

    Rhiann, la fille de Cadfael (mais non d’Alcfrith) sauve Cade de la pendaison qui l’attend et tous deux s’échappent d’Aberffraw. Au cours de leur fuite, Rhiann apprend que Cade a été transformé en Sidhe (du moins en partie) par la déesse Arianrhod. Ils rejoignent bientôt les hommes qui ont choisi de suivre Cade : Rhun, son frère adoptif, Goronwy, Bedwyr, Taliesin (barde et prophète) Dafydd (le jeune frère de Goronwy) et Geraint, l’un des capitaines de Cade.

    Un message venu du sud (de Llanllugan) les prévient que les Saxons se sont introduits sur les terres galloises. Cade mène ses hommes (et Rhiann) à la bataille. Il s’avère que l’armée saxonne s’est alliée à des démons issus du chaudron noir, libérés par Arawn, seigneur du Monde Souterrain, et dirigés par Mabon, le fils d’Arawn et d’Arianrhod.

    Le récit continue avec les aventures contées dans l’Epée du Pendragon et le Chant du Pendragon, notamment la défaite de l’armée conjointe de Saxons et de démons à Llanllugan, la capture puis la libération de Cade à Caer Ddu, le couronnement de Cade comme roi du Gwynedd à Aberffraw où il retrouve enfin sa mère, et l’assaut sur le repaire d’Arawn sous la forteresse de Caer Dathyl par Cade et ses compagnons.

    Le Chant du Pendragon s’achève dans une clairière aux environs de Caer Dathyl. Arianrhod les a extraits de la caverne d’Arawn. Elle apparaît à Cade, lui apprend que Mabon lui a été rendu, et le remercie d’une bénédiction et d’un présent inattendu.

    Merci d’avoir choisi de continuer l’aventure avec La Quête du Pendragon. Bonne lecture !

    Prologue

    Arianrhod

    ––––––––

    « Tu ne peux pas seulement te fier à ce que tu espères, ma sœur. Tu le sais. »

    Je me penche au-dessus du bastingage et je laisse mes doigts effleurer l’eau sans écouter mon frère, Gwydion, comme à mon habitude. Peut-être est-il un grand guerrier, et mon aîné de mille ans, mais la somme de ce qu’il ignore des affaires du cœur pourrait remplir le grand livre de Taliesin.

    Je prends la main qu’il me tend pour m’aider à descendre du bateau. Sur le rivage, je tourne mon visage vers le soleil dont j’apprécie la chaleur. Nous avions traversé la mer dans la brume pour passer du monde des humains à celui des Sidhe. Mais sur mon Ile de Verre...

    « Arianrhod... »

    « Je t’écoute, Gwydion, mais tu n’as jamais eu d’enfant et tu ne peux savoir ce que c’est d’être mère. Mabon est mon fils... »

    « Je sais que tu utilises un charme pour changer ton apparence dans le monde des humains, mais je ne l’ai jamais vu affecter ton esprit comme c’est le cas à présent. Tu ne peux pas tout arranger par un simple vœu. Mabon s’est éloigné de toi et si tu ne le trouves pas avant les autres, il devra faire face au pire châtiment que nos semblables puissent infliger à l’un des leurs. »

    « Je le sais. »

    En effet je le savais. Si le Conseil des Sidhe, dont je faisais partie et sur lequel mon père et ma mère régnaient depuis la création du monde découvraient que Mabon était à la recherche des Treize Trésors des Britons, ils le dépouilleraient de tous ses pouvoirs et le condamneraient à errer sur la Terre comme un simple humain. Les Trésors avaient été offerts par les Sidhe aux Gallois. La possession de seulement certains d’entre eux doterait Mabon de pouvoirs suffisants pour lui permettre d’usurper le trône de mon père.

    Mon père, Beli, avait coutume de comparer son règne à la tête du Conseil à une chevauchée sur un cheval sauvage. Avec l’apparition du dieu chrétien et la disparition progressive des anciennes coutumes, il semblait parfois avoir lâché les rênes. Pour prouver que ce n’était pas le cas, il ferait de Mabon un exemple.

    Mabon pouvait ne pas survivre à une telle déchéance.

    « Et qu’en est-il de ton champion, ce Cadwaladr ap Cadwallon ? Pourrait-il t’aider ? » me demande Gwydion.

    « Pas cette fois. »

    Cadwaladr ap Cadwallon, le futur Roi Suprême gallois, pourrait vaincre ses ennemis saxons et déjouer encore une fois les plans de mon fils mais je ne pouvais me reposer sur cette idée, à moins d’interférer en personne avec le monde des humains, ce que mon père n’accepterait pas.

    « Par ailleurs, il hait Mabon. »

    Gwydion ricane. « Il a de bonnes raisons pour cela. Mais Cadwaladr ne te hait pas. Il t’a bien servie par le passé. »

    J’avais donné à Cadwaladr le pouvoir des Sidhe et grâce à ce don, il avait réussi à bannir Arawn, le père de Mabon, dans le Monde Souterrain. Au moins, il faudrait un long moment avant qu’Arawn n’intervienne de nouveau dans le monde des humains. En outre, Beli lui avait durement reproché la stupidité de ses actes, d’avoir tellement outrepassé son rôle de Seigneur du Monde Souterrain. Le fait qu’Arawn ait agi par faiblesse envers Mabon n’excusait rien. Il valait certainement mieux pour moi ne pas m’attarder sur ce que mon père pourrait avoir à dire de ma propre ingérence qui, il faut le reconnaître, ne me ressemblait pas. Il y avait des siècles que je n’avais pas eu de vrai champion parmi les humains, parce que je n’en avais pas voulu, parce que je n’en avais pas vu la nécessité.

    « Peux-tu m’aider, Gwydion ? Peux-tu retrouver Mabon pour moi avant que notre père ne découvre ce qu’il a l’intention de faire ? »

    Gwydion dirige son regard, au-delà de mon épaule, vers le Pays de Galles qu’il ne peut voir de l’endroit où nous nous trouvons. Une ombre passe sur son visage comme un nuage devant le soleil. Mais ce n’est pas possible... n’est-ce pas ? 

    « J’ai pris mes distances avec le monde des humains depuis quelque temps, tu le sais. »

    « Mais le barde, Taliesin... »

    « Il ne voit plus. Il est le dernier de sa lignée. Je n‘ai donc plus vraiment de raison de lui accorder mon patronage. » Le regard de Gwydion revient sur moi. Son visage est clair mais mon souvenir de l’ombre qui a un instant obscurci ses traits ne s‘efface pas. « Notre voie est bien étroite, Arianrhod. Je me demande parfois pourquoi nous avons un jour souhaité intervenir dans le monde des humains. »

    Je ne comprends pas ce qu’il veut dire et préfère changer de sujet. « Adresse-toi à Taliesin. Il ne peut pas t’avoir oublié. »

    « Je vais y réfléchir. »

    « Que crains-tu ? » Ces mots m’échappent. Je n’ai jamais vu Gwydion craindre quoi que ce soit.

    « Nous nous effaçons, Arianrhod. Notre pouvoir s’affaiblit, même si notre père s’efforce de régner sur le Conseil comme il l’a toujours fait et de s’accrocher des deux mains à sa dignité alors que Mabon tente de la lui arracher. »

    « Le soleil brille toujours... »

    « Ne te cache pas les yeux comme un enfant, Arianrhod. Quelque chose d’obscur avance sur le monde, qui comble le gouffre entre nous et ce nouveau dieu des Chrétiens. Cette... chose se dresse comme une barrière entre mon servant, Taliesin, et moi. »

    « Je ne te crois pas. Tu es le fils de Beli. Rien ne t’est impossible. »

    Gwydion fait la moue. « Si je fais ce que tu demandes, si je renoue mes liens avec Taliesin, tu dois me promettre quelque chose. »

    « Tout ce que tu veux. » L’espoir m’envahit à nouveau. Gwydion hésite.

    « Tu iras trouver notre père et l’assurera de notre loyauté. Tu es la déesse de la guerre, du temps, du destin. Concentre-toi sur ta mission et arrête d’essayer de protéger ton fils. Il ne mérite pas ton amour. » Gwydion me dévisage d’un regard perçant.

    « Et Cadwaladr ? »

    « Laisse-le à son propre destin. » Gwydion se détourne, mettant fin à notre conversation. Il s’éloigne de moi, s’évanouit dans la brume.

    « Je ne sais pas si j’en serai capable. » Mais j’ai laissé mon frère disparaître avant de lui répondre.

    Premier Chapitre

    Mois de mars de l’an 655

    Cade

    ––––––––

    « Réveille-toi ! »

    Cade revivait en rêve la bataille dans la caverne d’Arawn. L’angoisse et le désespoir lui serraient si fort l’estomac qu’il en avait mal. Même avec la défaite d’Arawn, ses amis étaient toujours en danger. Geraint et Tudur allaient bientôt devoir affronter une armée de démons déchainée sur eux par Arawn, si nombreuse que Geraint n’avait aucune chance de la contenir.

    « Par tous les saints, Cade, ne nous fait pas de telles peurs. » C’était la voix de Rhun. Son frère adoptif avait toujours été là pour lui dire quoi faire.

    « Oh je vous en prie, je vous en prie, Cade, réveillez-vous ! »

    Cette fois, Cade ouvrit brusquement les yeux.

    Rhiann était penchée sur lui, son visage à moins de six pouces du sien. Ils se regardèrent le temps d’un battement de cœur de la jeune femme puis elle se jeta sur lui et glissa ses bras autour de son cou. « Vous m’avez fait tellement peur. On aurait dit que vous étiez vraiment mort ! »

    Cade entoura Rhiann de ses bras. Il aimait tant la sentir contre lui. Il déposa un baiser sur son front, lui tapota le dos, puis lui releva le visage d’un doigt pour l’obliger à le regarder. Des larmes sillonnaient les joues de Rhiann lorsqu’il écarta de la main les mèches de cheveux échappées de sa natte.

    Après un dernier regard pour se rassurer, Rhiann le lâcha et s’assit sur ses talons. Cade se releva sur les coudes pour étudier les visages de ses amis qui formaient un cercle autour de lui. Rhun, dont il avait d’abord entendu la voix grave, Dafydd, les yeux un peu écarquillés, qui ouvrait et refermait ses grands poings, Goronwy et Hywel qui se ressemblaient tant, moins physiquement que par leur tempérament, l’épée à la main, à demi tournés à l’aguet d’une éventuelle menace, et Taliesin qui le considérait d’un air pensif, appuyé sur son bâton. 

    « Moi, Taliesin, le devin qui ne voit plus rien, je vais vous conter l’histoire de Cadwaladr ap Cadwallon, celui qui oblige les usurpateurs à rendre des comptes, celui qui a vaincu les démons, celui qui, avec son épée magique, a banni Arawn dans le Monde Souterrain... »

    « C’est bon, c’est bon. Ça suffit. » Cade se remit sur ses pieds. « Bientôt vous allez nous conter comment je me suis échappé d’Aberffraw sans l’aide de personne, comment j’ai affronté la tempête qui nous a jetés dans le monde des Sidhe et comment je vous ai tous sauvés à moi tout seul. » Il jeta un regard noir à Taliesin. « Et rien de tout cela ne sera vrai. »

    La critique de Cade ne parut pas affecter Taliesin le moins du monde. « En principe, vous ne dormez pas. »

    « Je n’ai pas dormi trop longtemps, si ? Le soleil n’est pas encore levé ? » Cade jeta un coup d’œil vers le ciel au-dessus des arbres autour de la clairière dans laquelle ils s’étaient retrouvés. Aucune lumière n’était visible à l’est et Cade se permit un soupir de soulagement. Puis il remarqua la position de la lune et resta un instant à la contempler, sidéré. Elle semblait ne pas avoir bougé depuis qu’Arianrhod lui avait rendu visite après qu’il avait vaincu Arawn. Pourtant, il aurait pu jurer que cette rencontre avait eu lieu plusieurs heures auparavant, mais si vraiment il avait dormi, peut-être ne pouvait-il pas estimer correctement le passage du temps.

    « On en est encore loin, » dit Rhun. « Ou du moins, c’est mon impression. J’ai du mal à estimer l’heure qu’il est. »

    « Moi aussi. Et ça me trouble grandement. » Taliesin étudiait toujours Cade. « Est-il arrivé quelque chose dont nous devrions avoir connaissance ? »

    Cade se mordit les lèvres. Ses amis n’allaient pas aimer ce qu’il avait à dire. « J’ai eu la visite d’Arianrhod. » Il n’y avait aucun autre moyen de les informer qu’en leur parlant sans ménagement.

    Taliesin le regarda en fronçant les sourcils. « Et... »

    « Elle s’est excusée, non de m’avoir donné le pouvoir des Sidhe, mais de nous avoir fait courir de tels dangers. »

    « Elle s’est excusée ? » répéta Rhun. « C’est... c’est... »

    Taliesin finit à sa place. « Sans précédent. »

    « Elle nous a aussi remerciés d’avoir fait ce qu’elle ne pouvait faire elle-même. »

    « Vous vous montrez poli. » Goronwy lança un regard à Cade, sourit puis détourna le regard. « Elle vous a remercié, vous voulez dire. »

    Cade dut reconnaître que Goronwy avant raison mais il aurait préféré ne pas avoir à préciser. « Ce ne peut être qu’un oubli de sa part. Permettez-moi de vous remercier maintenant, sinon en son nom, du moins au mien. Je n’aurais pas pu vaincre Arawn sans vous. »

    « Quelle modestie ! » ironisa Goronwy.

    Cade ignora la remarque de Goronwy, qui le méritait bien. « Elle m’a aussi gratifié de deux présents. »

    Taliesin fit un pas vers Cade, soudain pâle. « Dites-moi que vous ne les avez pas acceptés ! Les présents d’une déesse ont toujours un prix ! »

    Cade étouffa un petit rire. « Ai-je eu le choix ? Pouvez-vous me dire de quels moyens je dispose pour contrer la volonté d’une déesse ? »

    « Evidemment aucun, » dit Rhun.

    Taliesin acquiesça et se calma, à regret. « Elle vous a transformé afin que vous puissiez agir comme elle vous le demandait. Je n’ai pas oublié. »

    « J’aime à penser qu’elle m’a offert ces présents en guise de remerciement et non en vue de me demander de futurs services, mais je sais bien que je n’aurais pas davantage le choix si elle devait me demander autre chose. Donc, elle m’a rendu le sommeil, comme vous avez pu le voir. » 

    « Alors vous dormiez vraiment ! » s’exclama Rhiann. « J’avais du mal à le croire. »

    « Et la capacité de faire ça. » Cade attira de nouveau Rhiann à lui. Elle tenait parfaitement dans ses bras, comme il s’en souvenait après leur brève étreinte dans les sous-sols de Caer Dathyl, le sommet de la tête de la jeune femme juste sous son menton et ses bras minces le serrant autour de la taille. La prendre ainsi contre lui était si naturel qu’il sentit à nouveau le rire monter dans sa poitrine.

    « Donc cela veut dire que vous pouvez me toucher maintenant, toucher n’importe lequel d’entre nous, sans craindre de nous faire du mal ? » Rhiann se pencha en arrière pour regarder Cade dans les yeux.

    « On dirait bien. »

    Rhun se pencha pour ramasser Caledfwlch, posée au bord de la couverture à un pas des pieds de Cade. Les compagnons contemplèrent l’épée que Rhun tendit à Cade. Rhiann s’en saisit avec un regard méfiant à l’adresse de Cade. « Vous m’avez dit quand nous nous sommes rencontrés que vous pouviez tuer d’un simple contact. Je vous ai vu le faire. Et lutter pour contrôler ce pouvoir. »

    Cade n’avait pu toucher personne, sauf dans l’intention de tuer, depuis qu’Arianrhod avait transformé l’homme qu’il était alors en Sidhe deux hivers plus tôt. Mais depuis qu’il avait trouvé Caledfwlch dans la forteresse enchantée de Caer Ddu, l’épée lui avait offert à la fois une force et une capacité de contrôler son pouvoir qu’il n’avait jamais eues auparavant. C’était pour cette raison qu’il avait admis son amour pour Rhiann, parce que l’épée lui donnait une chance, certes mince, mais une chance tout de même, de retrouver un jour une vie normale.

    Rhiann passa le ceinturon autour de la taille de Cade et y boucla son épée avec quelque difficulté en raison de la raideur du cuir. Il étudia du regard la tête baissée de sa compagne puis regarda Taliesin. C’était lui qui comprendrait le mieux ce qu’Arianrhod lui avait fait et ce qu’elle avait changé en lui.

    « Le pouvoir est toujours en moi, mais il reste tranquille, comme s’il était soumis à ma volonté et non moi à la sienne. »

    « Tout cela est excellent, » dit Taliesin, « mais quelque chose me dit qu’Arianrhod n’en a pas fini avec vous. »

    « Et si elle n’en a pas fini avec Cade, on va tous y avoir droit, » dit Rhun.

    « Je suis certain que vous avez raison, » dit Cade, « mais pour l’instant... »

    « Pour l’instant, il faut qu’on bouge. » Pendant qu’ils parlaient, Goronwy avait examiné tout le périmètre de la clairière. L’endroit, d’un diamètre d’environ trente pieds, était entièrement entouré d’arbres encore dépourvus de feuilles. Au centre, un trou avait été creusé pour le feu qui brûlait toujours joyeusement bien que Cade n’ait vu personne l’alimenter. « Je suis moi aussi encore profondément troublé, mais je sais qu’il nous faut encore nous débarrasser des démons issus de Caer Dathyl. Geraint et Tudur ont besoin de notre aide. »

    Il existait des démons de toutes formes et de toutes tailles, certains arborant des cornes, d’autres couverts de poils, tous la manifestation des cauchemars d’un enfant, en pire. Bien pire, parce qu’ils n’appartenaient pas au domaine du rêve, ils étaient bien réels, échappés du chaudron infernal par l’intervention d’Arawn, seigneur du Monde Souterrain, et lâchés à travers champs et forêts dans tout le Pays de Galles. Peu d’entre eux avaient l’aspect humain de Cade et celui-ci n’avait affronté aucun démon doté de ses talents particuliers, si on pouvait les qualifier ainsi, ni de son degré de puissance. Apparemment, Arianrhod lui avait réservé un traitement de faveur qu’il considérait pour sa part comme une calamité.

    « Où sommes-nous ? » demanda Rhun. « Cela reste la question la plus pressante, même s’il ne serait pas inutile de savoir comment nous sommes arrivés là. »

    Cade vérifia de nouveau la position de la lune. Elle se trouvait toujours au même endroit. En y réfléchissant, elle était pratiquement à la même place qu’au moment où ils avaient pénétré dans les cavernes sous la forteresse de Caer Dathyl.

    « Comment, on peut s’en douter, » dit Taliesin. « Arianrhod nous a sortis de la caverne, nous a remis sur pied et nous a placés sur le chemin qui lui convient. Mais où... »

    « Je sais où nous sommes. » Dafydd pivota lentement sur un talon, examinant les arbres et le ciel au-dessus de leur tête. « Nous sommes toujours en Arfon, à proximité de Caer Dathyl. Je suis passé par ici quand je me suis enfui de la forteresse lorsque Teregad m’a laissé partir, avant que je ne tombe sur vous. »

    « Il t’a laissé partir pour mieux te pourchasser ensuite, » dit Goronwy, rectifiant ce que son jeune frère venait de dire. « Mais c’est du passé. Sommes-nous près de la route ? »

    « Elle se trouve à une centaine de pas à l’ouest, pas plus. » Dafydd jeta un coup d’œil vers le ciel. « Je crois qu’Arianrhod nous a amenés juste au nord de l’endroit où Geraint et Tudur devaient monter leur camp. »

    « Que... Alors on peut aussi voler, maintenant ? » Il n’y avait plus aucun humour dans la voix de Rhun. Le ton était amer et Cade fit mentalement la liste des événements insensés qu’ils avaient vécus au cours des douze dernières heures pour essayer de déterminer lequel troublait le plus Rhun et était à l’origine de son évidente colère.

    « Bien aimable de la part d’Arianrhod de ne pas nous avoir lâchés sur le chemin des démons, » dit Goronwy. « Imaginez un peu qu’elle nous ait déposés entre eux et le camp de Geraint. »

    Cade dévisagea brièvement Rhun et Goronwy et décida de passer à l’action avant que les autres ne soient contaminés par leur mécontentement. « Guidez-nous, Dafydd. Je pense que nous n’avons pas beaucoup de temps, s’il nous en reste, avant que les démons n’atteignent la position de Geraint. »

    Dafydd s’engagea immédiatement entre les arbres, Taliesin sur ses talons, la petite lumière au bout de son bâton éclairant le chemin. Rhiann, qui avait retrouvé son arc et son carquois, les suivait avec Hywel, puis Cade et Goronwy, tandis que Rhun fermait la marche.

    « Qu’est-ce qui vous a pris, tous les deux ? » leur demanda Cade lorsque les autres eurent pris un peu d’avance et qu’il se retrouva seul avec Goronwy et Rhun.

    Il leur fraya un chemin au milieu d’un buisson de ronces. Dans quelques mois, le riche parfum sucré des mûres gorgées de soleil emplirait l’air. Dans une autre vie, Cade n’aurait alors pas résisté à l’envie d’en cueillir et de les déguster mais à présent il savait qu’elles n’auraient dans sa bouche qu’un goût de sciure de bois. Le buisson de mûres s’était trouvé un creux à la lisière des bois au bord d’un rocher sur lequel il se répandait en cascade à la recherche du soleil, au lieu de prospérer à l’ombre dans des recoins plus sombres, comme les framboisiers ou le cassis. Ou comme moi.

    « Quelque chose ne va pas, » grommela Rhun. « Même si je ne suis pas un Sidhe, je le sens. »

    « Quelle chose en particulier ? » demanda Cade.

    « Tout cela ? » émit Goronwy.

    Rhun fit un geste qui semblait englober toute la situation. « Ce n’est pas tant la déesse, bien que je n’apprécie pas beaucoup la manière dont elle t’a manipulé, et nous tous avec toi, au cours de ces dernières semaines. Mais là, c’est trop facile. Tout cela tombe un peu trop bien. »

    « On a défait Arawn... »

    « Je vous demande pardon, Monseigneur, » dit Goronwy, « mais ce n’est pas la réalité, pas vraiment. Certes vous êtes un Sidhe et possédez donc le pouvoir de le réduire au silence pendant quelque temps, mais ses actes contre nous, contre le Pays de Galles, et notre opposition, avec l’aide d’Arianrhod, ressemblent bien au déclenchement d’une guerre ouverte entre les dieux, si ce n’est entre les dieux et les hommes »

    « Voilà, c’est exactement ça. » Rhun ponctua son exclamation d’un doigt pointé vers le ciel. » Les dieux n’ont plus interféré avec notre monde depuis l’arrivée des Romains. Ils ne sont même pas intervenus pour sauver Vortigern quand il agonisait alors que les Saxons envahissaient toute l’ile des Britons sauf notre petit coin de terre. Pourquoi se manifestent-ils maintenant ? Et quel est notre rôle dans tout ça ? Devons-nous choisir le parti d’Arianrhod pour la seule raison qu’elle t’a transformé ? Existe-t-il seulement d’autres choix à l’exception de ceux d’Arawn ou de Mabon ? »

    C’était un ancêtre de Cade, Vortigern, qui avait invité les Saxons dans l’ile après le départ des Romains, dans l’espoir qu’ils créeraient une zone de protection contre les Pictes plus barbares encore qui ravageaient les côtes des Britons, saison après saison. Compte tenu du fait qu’à l’époque Vortigern luttait à la fois contre les Pictes au nord-est, les Ecossais au nord-ouest et les Irlandais le long de la côte galloise, on ne pouvait guère lui reprocher d’avoir cru trouver une solution opportune. Cependant, il avait cédé trop de terres aux Saxons, pour finalement être trahi par ce qu’il pensait être un allié. Depuis lors, le peuple de Cade n‘avait cessé de combattre ces envahisseurs qui le repoussaient dans les montagnes un peu plus chaque année.

    Les chefs saxons avaient divisé la terre galloise en petites parcelles dont la plus occidentale restait le seul bastion encore intact des Britons. Deux ans plus tôt encore, Arthur, l’oncle de Cade et le grand roi du Gwent, avait envoyé un cavalier solitaire de son fief de Caerleon à Bryn y Castell pour prévenir des événements survenus dans le sud. Comme ses compatriotes du nord, Arthur avait mené bien des batailles contre les Saxons et craignait que les Gallois ne soient bientôt réduits à combattre dans un cercle qui ne cessait de se rétrécir, luttant dos à dos contre des adversaires qui les cernaient de toutes parts.

    Le père de Cade, Cadwallon, avait formé une alliance avec le roi saxon Penda de Mercie, pour tenter de prévenir d’autres assauts et de regagner des terres pour les Gallois. A sa mort, l’usurpateur Cadfael avait conclu un traité identique. Mais aucune de ces alliances n’avait rapporté quoi que ce soit aux Gallois, sauf à leur faire gagner un peu de temps.

    Cade déglutit avec peine. « Je suis désolé. Je n’ai pas de réponse à vous apporter. Et Taliesin... » Il ne termina pas sa phrase.

    « Ne voit plus rien. Oui, on le sait, » dit Rhun, « même s’il tente de prendre la chose à la légère. »

    Cade ne savait pas non plus comment répondre à cela. Ils poursuivirent leur chemin en silence et finirent par rejoindre leurs compagnons. Cade se sentait à la fois contrarié par les observations de ses amis, parce qu’il avait cru que pour une fois, la situation s’était plutôt améliorée, et désarçonné par les vérités qu’ils avaient exprimées.

    Derrière Cade, Goronwy qui avait apparemment retrouvé sa carapace à la fois cynique, blasée et sarcastique, grommela quelque chose à propos du fait qu’il n’était pas convenable pour des chevaliers de marcher à pied.

    Quand Rhiann l’entendit, elle lui jeta un regard par-dessus son épaule avec un sourire malicieux. « Vous savez, Goronwy, vous dites que les chevaliers ne vont pas à pied, mais depuis que je vous connais, je vous ai vu faire pas mal de chemin en marchant. Se pourrait-il qu’il arrive aux chevaliers de marcher, ou bien serait-ce que vous n’êtes peut-être pas un vrai chevalier ? »

    Goronwy lui répondit d’un grognement et une lueur d’amusement brilla dans les yeux de Rhiann. Elle savait qu’elle n’avait pas à le prendre au sérieux. La voir avec eux réchauffa le cœur de Cade. Cet aspect de son monde, au moins, prenait la bonne direction. Être entouré de tous ses amis, tous indemnes, suffisait à le rendre heureux. Bien qu’Arianrhod ne l’ait pas compris, cela représentait pour lui une récompense suffisante.

    Tandis que les compagnons progressaient aussi rapidement que possible, Cade ne cessait de vérifier l’état du ciel. Il s’attendait à voir à tout moment le soleil poindre mais l’astre refusait obstinément de se montrer. Normalement il en aurait ressenti du soulagement, mais il trouvait étrange de ne pouvoir se repérer dans l’obscurité ou dans le temps.

    Il se convainquit que cette impression de désorientation provenait de l’épaisse couverture nuageuse apparue depuis qu’ils avaient quitté la clairière. Et la pluie qui ne tarda pas à se mettre à tomber avait quelque chose d’inévitable, après le déroulement de la journée et de la nuit. Au Pays de Galles, au mois de mars, un ciel couvert de nuages était la règle et non l’exception. Personne dans son entourage ne fit la moindre remarque. Il se contentèrent, stoïques, de tirer la capuche de leur manteau sur leur tête.

    « J’ai peine à croire que l’on retourne à Caer Dathyl, » dit Hywel.

    Ils arrivaient sur la route et purent accélérer le pas, bien qu’elle se soit transformée en marécage et que leurs bottes soient lourdes de boue.  

    « Avec un peu de chance, c’est Siawn qui a pris le commandement à présent. » Rhiann contourna une énorme flaque, choisissant de marcher sur le bas-côté herbeux à la lisière de la forêt. Cade suivit son exemple. « Il a quitté la caverne juste avant la chute d’Arawn et je voudrais bien savoir ce qu’il est devenu. » 

    « De même que Teregad, » dit Hywel.

    « Et Mabon, » ajouta Rhun. « Il a mon couteau. »

    Goronwy émit un ricanement. « Vu que vous le lui avez laissé à travers la gorge, vous ne pouvez lui reprocher de ne pas vous l’avoir rendu. »

    « A l’origine, c’était son couteau, » dit Cade. « Tu es sûr que tu veux garder quelque chose qui lui appartient ? »

    « Probablement pas, » convint Rhun.

    « A moins qu’une arme provenant du monde des Sidhe soit la seule manière de le blesser, tout comme Arawn, » dit Goronwy.

    Taliesin grommela ce qui ressemblait à un assentiment et tous se tournèrent vers lui. « Je soupçonne que c’est le cas. » Puis il élabora. « Ça me semble probable. »

    « Et un bon coup de poing dans le nez, non ? » proposa Dafydd. « Il en mérite bien un. »

    Même Taliesin se mit à rire. « Je ne saurais le dire. Vous devriez essayer la prochaine fois que vous le verrez. »

    « Quoi qu’il en soit, » dit Cade, « Arianrhod m’a dit que Mabon lui avait été rendu. »

    « Quoi ? » Taliesin s’arrêta au milieu de la route sur laquelle il avait continué à marcher sans se préoccuper des flaques d’eau, ni de la boue qui tachait son manteau sur une hauteur de six pouces. « Qu’avez-vous dit ? » Une goutte de pluie dégoulina le long de son nez pointu lorsqu’il le leva vers Cade. 

    Cade haussa les épaules. « C’est tout ce que je sais. Je dirais qu’au cours de notre conversation, elle a parlé et j’ai écouté. Je n’ai pas osé lui demander ce qu’elle voulait dire par là. »

    « Monseigneur ! » Devant eux, Dafydd se mit à courir. « J’entends des cris devant nous ! »

    Taliesin lança un nouveau regard à Cade, empreint de désespoir, une expression que Cade n’avait encore jamais vue sur le visage du barde. Leurs autres compagnons suivirent Dafydd, mais Cade retint Taliesin par le bras. « Vous craignez les démons ? » 

    « Les démons ? Pourquoi aurais-je peur des démons ? »

    « Mais... »

    « C’est Mabon qui me préoccupe. Arianrhod

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1