Obsession: Un thriller haletant
Par Daniel Barrack
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À propos de ce livre électronique
Au cœur d’une confrérie sataniste, Jean (le Grand Mage), Simon (Le grand Prêtre) et Piotr (leur chaufeur) se lancent à la poursuite « du Livre », précieux manuscrit tombé par hasard dans les mains de Sylvain, jeune homme un peu naïf.
Savant mélange de légendes, d'enquêtes et de suspense, Obsession est le résultat d’une prise de risque d’un « jeune » auteur belge ayant décidé de bousculer le lecteur.
EXTRAIT
C'était par une nuit sans lune que tout bascula.Ce soir-là, la Confrérie se réunissait pour fêter l’équinoxe de décembre. Et comme chaque fois, la célébration avait lieu dans le château du Comte de Condon. La bâtisse était vieille, mais entretenue ; la Confrérie y veillait, tout comme elle veillait à ses intérêts de par le monde. Rien que le droit d’entrée permettait la réfection de l’une ou l’autre pièce du prestigieux édifice.
Il se trouvait au milieu de bois giboyeux, l’idéal pour des sacrifices sanguinaires, quelque part entre Reims et Soissons.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Daniel Barrack, auteur énigmatique et passionné des sciences occultes, est né à Charleroi, un 31 octobre d’une année incertaine. Après avoir suivi un cursus de philologie romane, et de théologie, à l’université de Louvain-la-Neuve, il décide sur un coup de tête de partir aux États-Unis étancher sa soif de connaissance et étudier d’autres religions considérées, en Europe, comme « sectaires ». À la suite de cette formation, il entamera une tournée des conférences traitant du sujet. C’est à l’issue de l’une d’elles se déroulant à Castle Rock, dans le Maine, qu’il rencontra Stephen King. Cet échange lui donna alors l’impulsion manquante à l’écriture du manuscrit qui deviendra « Obsession », son premier ouvrage à paraître chez LiLys Éditions en février 2016.
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Aperçu du livre
Obsession - Daniel Barrack
Prologue
C’était par une nuit sans lune que tout bascula. Ce soir-là, la Confrérie se réunissait pour fêter l’équinoxe de décembre. Et comme chaque fois, la célébration avait lieu dans le château du Comte de Condon.
La bâtisse était vieille, mais entretenue ; la Confrérie y veillait, tout comme elle veillait à ses intérêts de par le monde. Rien que le droit d’entrée permettait la réfection de l’une ou l’autre pièce du prestigieux édifice.
Il se trouvait au milieu de bois giboyeux, l’idéal pour des sacrifices sanguinaires, quelque part entre Reims et Soissons.
N’en déplaise aux plaisantins et autres petits curieux, le château avait disparu de tout catalogue touristique.
Si par chance, vous arriviez à le trouver, la seule indication était le parc commun avec une Abbaye, suivant une longue et sinueuse allée bordée d’arbres centenaires. Celle-ci vous amenait aux abords de la grande bâtisse majestueuse apparaissant tout à coup au détour d’une épaisse haie : couverture parfaite pour une secte satanique.
Le corps de logis principal vous semblera massif, avec sa tour à l’anglaise, son porche roman en plein cintre et les dépendances efflanquées comme d’anciens donjons, le tout en grosses pierres du pays, et encore percé de quelques meurtrières, insignifiantes à présent…
Dehors, des lumières blafardes illuminaient la façade, et des flambeaux parsemaient la grande terrasse d’honneur de l’entrée.
Décor impressionnant, à moins d’être un habitué des lieux, comme le jeune Simon, prêtre de la Confrérie, arrivant à vive allure.
Il arrêta sa Jaguar entre une Rolls et une Ferrari, et se précipita en haut du perron, où deux géants, semblables à des catcheurs sur le retour, lui ouvrirent les portes en le saluant bien bas.
Simon ne prenait pas le temps d’admirer les tapisseries et les décorations de style moyenâgeux, encore moins le majestueux grand escalier baroque desservant la salle d’apparat ; le jeune homme se dirigeait droit sur la gauche, vers une petite porte massive en chêne, avec de lourdes charnières en métal épais et des clous carrés. Il descendit une longue volée de marches glissantes, en colimaçon, prenant garde de ne pas se brûler aux différentes torches encastrées dans le mur le long du chemin. Plus il s’approchait, plus il entendait distinctement la musique lourde et grave, faisant penser au thème général du film « le Seigneur des Anneaux », couverte par des chants latins. La moiteur des lieux commençait à être palpable.
Simon arrivait maintenant dans un très large corridor surplombé d’un haut plafond. Au fond de celui-ci, deux autres gardes, cette fois vêtus de toges noires bordées de deux liserés rouges en bas, et couverts d’une énorme capuche cachant leur visage. Ils ne participaient pas à la célébration, mais se devaient d’empêcher quiconque d’entrer durant l’offrande. Après quelques palabres, ils écartèrent tout de même la lourde tenture pour laisser entrer Simon.
Le spectacle qui s’offrait aux yeux du témoin non averti pouvait, sans aucun doute, le pétrifier : dans une salle gigantesque, éclairée par des lustres ancestraux et d’énormes chandeliers où flambaient de grandes et grosses bougies rouges, une orgie de corps mélangés à même le sol donnait tout d’abord une impression de malaise. De part et d’autre de la salle, des sodomites, un gang-bang endiablé et des amas de corps s’enchevêtrant de manière bestiale, desquels dépassaient de temps à autre un membre, un dos, des fesses, une capuche noire… Le tout dans un gémissement commun qui ferait rougir n’importe quel débauché de la première heure.
Le regard de Simon, maintenant habitué, ne regardait plus ce spectacle avec l’excitation du début, lorsque sa mère l’avait emmené pour la première fois, du haut de ses quinze ans, pour son initiation. Cette première expérience l’avait marqué à vie. Il se remémorait la scène : il se tenait debout, nu, sur l’estrade, sous les yeux de l’assistance, tandis que les siens étaient bandés. Il pouvait encore sentir la fraîcheur des voûtes sur ses épaules, et la chaleur animale émanant des hommes et femmes le dévorant de leur regard lubrique. Il avait dû piétiner une bible et un crucifix avant d’uriner dessus. Puis il renonça à Dieu, au Christ et au Saint-Esprit, à la Vierge Marie, aux Anges et à tous les Saints, pour ensuite signer de son sang un parchemin, vendant ainsi son âme au Diable. À l’époque, encore puceau et innocent, il avait connu ses premiers ébats avec plusieurs femmes à la fois, partageant même certaines avec d’autres hommes en même temps. Il prit son pied à chaque fois, surtout lorsque le Mage lui intima l’ordre de prendre sa mère, tout en se faisant lui-même sodomiser par le doyen de la Confrérie.
C’était pervers et immoral, il le savait, et n’en avait que faire.
Toutes les filles qu’il avait abordées auparavant s’étaient toujours moquées de lui. Avant son initiation, il n’avait jamais goûté aux lèvres d’une fille, et n’aurait probablement pas la chance d’en trouver une qui lui laisserait le soin de la dépuceler, ou même juste de lui caresser la poitrine. Jusque-là, à part des rires et des quolibets, il n’avait jamais rien récolté de probant. Alors, se taper une gonzesse, quelle qu’elle soit, même sa propre mère. Il s’en fichait. En ce premier jour de sa nouvelle vie, il avait assouvi tous ses fantasmes, même les plus insoupçonnés. Il n’était même pas dérangé par le souffle rauque du vieux satyre qui le pénétrait : il prenait son pied, oh, oui ! Et tant pis pour la morale, qu’elle aille, elle aussi, se faire foutre !
Depuis, la joie et l’exaltation des débuts étaient retombées, Simon se complaisant dans son rôle de Prêtre et premier assistant du Mage, ce qui le plaçait plus haut dans la hiérarchie que tous ces bourgeois avides de sexe facile. Il avait maintenant du pouvoir, ce qu’il trouvait encore plus jouissif. Donner du pouvoir à un abruti, vous en ferez un parfait dictateur, il balaya du regard la salle, cherchant le chemin le plus direct pour se rendre près du Mage, qui était installé sur une estrade en pierre au fond, couverte de bas-reliefs représentant des scènes de tortures et d’orgies. Celui-ci était plus vautré qu’installé sur son trône doré et rouge sang, enveloppé de sa toge d’apparat, noire et dorée, regardant distraitement cette partouze géante d’un œil blasé et désintéressé.
Il n’aperçut même pas Simon qui s’approchait tant bien que mal, évitant de se faire happer par la vague de gémissements langoureux de femmes se prenant pour ses favorites.
Parvenu au pied de l’estrade, il gravit les quelques marches, s’inclina près de son maître, et lui glissa à l’oreille « Je sais où IL se trouve »…
Il en fallait plus au Grand Mage de la Confrérie, Sidius, communément appelé « Jean » dans la vie de tous les jours, pour le sortir de sa « méditation ».
D’un geste distrait, il fit signe à Simon de s’approcher, et lui demanda de répéter. Le jeune homme s’exécuta, mais son mentor ne semblait toujours pas comprendre. Il soupira même d’ennui. Simon s’excusa une seconde fois et précisa qu’il venait d’être appelé par un certain Valéry, qui lui demandait de transmettre le message : « Je sais où IL se trouve » et que Sidius comprendrait.
Et de fait, il comprit. Ses yeux cherchèrent un instant un point bien réel auquel s’ancrer, essayant de réaliser ce qu’il venait d’apprendre. Il regarda de gauche à droite, l’air de se demander ce qu’il faisait là, et se leva d’un bond, intimant à son jeune protégé de le suivre sans discuter. Promptement, ils descendirent les marches, traversèrent la salle et passèrent la lourde tenture. Dans l’escalier, Jean enleva prestement sa toge de cérémonie, et la jeta au sol dès qu’il fut arrivé dans le hall. Il sortit au grand air de l’hiver tardif et, sans se retourner, fit un geste du bras droit, appelant Piotr, l’un des deux gardiens de l’entrée. Il demanda à ce que sa voiture soit avancée, et ne se soucia plus de la cérémonie à peine entamée. En attendant son véhicule, il expliqua brièvement à Simon que Valéry était un de ses agents cherchant certaines reliques, et que le message signifiait qu’ils approchaient du pendant maléfique du Saint Graal. Là-dessus, ils montèrent à l’arrière de la voiture sombre que Piotr amena, et disparurent dans la nuit profonde.
1.
Paris, dix-huitième arrondissement, en plein cœur de Montmartre, une berline noire se faufilait tant bien que mal dans la rue Saint-Vincent. La voiture s’arrêta devant l’une des propriétés abritées par un grillage et des buissons. Une armoire à glace en descendit, lunettes de soleil et costume sombre de rigueur. Un regard à gauche, un regard à droite. Ses yeux, invisibles derrière ses lunettes, se fixèrent sur une bande de jeunes venant dans sa direction.
D’abord surpris, ils s’arrêtèrent net, avant d’invectiver le « bouffon » qui semblait les narguer. Le géant, faisant mine de ne pas les voir, ouvrit la portière arrière droite, et fit descendre les occupants. Un grand jeune homme svelte en sortit, la tête droite, les épaules tombantes et osseuses, les yeux bleus perçants, et une mine sombre contrastaient avec son acolyte, un petit homme trapu, aux cheveux ras et à la barbe poivre et sel, avec un regard noir à glacer le sang.
Sans prendre le temps d’écouter les insultes des jeunes les apostrophant, ils gagnèrent la grille, et pénétrèrent dans le jardin de la propriété. Simon, Le Prêtre, et Jean, le Mage, car c’était bien d’eux qu’il s’agissait, arrivèrent à la porte. Simon frappa d’abord trois, un, puis deux coups. Ils attendirent quelques secondes et recommencèrent. La porte s’ouvrit, et ils purent pénétrer dans l’un des endroits les plus secrets de Paris : le cabinet ésotérique du Mage Rocambrune.
Les deux satanistes suivirent le jeune indien qui leur ouvrit. Celui-ci les emmena à travers la maison, entre des piles de livres anciens, de faux monstres momifiés, et de bocaux contenant de véritables morceaux humains. Ils perçurent des odeurs d’encens et l’odeur âcre de la mort suintant des pots de verre.
Après bien des méandres, une faible lueur ambrée leur parvint du fond du couloir.
— Qu’est-ce que c’était, Dalip ? demanda une vieille voix éraillée.
Le jeune indien répondit quelque chose que les deux visiteurs ne comprirent pas. Le vieil homme vint du fond du couloir, en titubant, regarda les deux visiteurs en costumes, d’un air surpris, puis mit une formidable gifle dans la figure de son jeune serviteur, lui hurlant ensuite : FILE ! Se tournant maintenant vers le plus âgé des visiteurs, le vieil homme sourit soudain.
Celui-ci était amical, ce qui contrastait atrocement avec le visage décharné de l’homme. Il semblait buriné, malgré la pénombre, couvert de tant de rides qu’il était impossible de le placer dans une quelconque tranche d’âge. Il émanait de lui une impression de malveillance, comme ces petits vieux qui passent leur temps à la fenêtre pour invectiver les voisins et les passants.
— Mon cher Jean, comme je suis content de te revoir, après toutes ces années !
— Ha, ha, ha ! Valéry ! Et moi donc !
Ils se prirent dans les bras, et se regardèrent un temps.
— Ben mon vieux, tu ne grossis plus ; tu enfles !
— La ferme, vieux débris ! Toujours le mot pour rire !
— Que me vaut l’honneur de ta visite ? Ça fait bien longtemps qu’on ne s’est vu, non ? C’était quand, la dernière fois ?
— À la mort du Sphinx, en 1996…
— Déjà ?
— Arrêtons là les lamentations. Ce n’était qu’un petit minable imbu de sa personne. Je suis là pour affaire. D’après mon Prêtre, Simon, ici présent, tu aurais localisé ce que je cherche. Je veux connaître tous les détails.
— Ah ! C’est donc ce jeune gaillard que j’ai eu au téléphone… Tu devrais arrêter tes jeux lubriques, et t’occuper toi-même de tes affaires…
— Est-ce que je te demande si tu continues à hypnotiser ton jeune serviteur pour qu’il oublie tes viols répétés ?
— hm… touché ! Bon, venez par ici, avant que je ne vous jette à la porte… Ou un sort ; je réserve mon jugement.
Plaisantait-il ?
Valéry entraîna ses invités dans un petit salon contigu à son « magasin » : l’intérieur était cossu, bien éclairé, richement décoré ; un contraste flagrant entre ce qu’il voulait montrer aux clients et la vie qu’il menait vraiment. Simon en resta bouche bée quelques secondes, et oublia de s’asseoir. Il ne le réalisa que lorsque Dalip lui présenta une tasse de thé vert, le fumet parvenant malgré tout à ses narines, culminant presque au sommet de son mètre nonante-deux.
— Bon, Jean, maintenant que nous sommes bien installés, je suis disposé à te répondre, mais ma mémoire n’étant plus ce qu’elle était, je compte sur vous deux pour ne pas m’interrompre.
Le vieux Mage se frotta vigoureusement les mains avant de poursuivre :
— J’étais dans une foire du livre, plus un marché aux puces qu’autre chose si vous voulez mon avis, dans les faubourgs de Lille, il y a quelques semaines et là, j’ai été
