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Paul Nord
Paul Nord
Paul Nord
Livre électronique156 pages2 heures

Paul Nord

Par Gavalda et Owen

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À propos de ce livre électronique

Paul a 11 ans et quart. Atteint d'un léger retard mental, ce jeune garçon s'échappe de la dure réalité du monde en rêvant à la seule chose qui compte vraiment pour lui : aller au Pôle Nord.
Soutenu par ses amis et sa grand-mère Mamireille, l'enfant, que tout le monde surnomme "Paul Nord", est bien décidé à partir à la conquête des ours polaires, des icebergs et des aurores boréales.

Mais Paul arrivera-t-il au bout de son voyage ?



Très accessible, cette histoire tout public s'adresse aux jeunes (et moins jeunes) âgés de 12 à 112 ans et demi. Elle nous embarque dans un voyage palpitant chargé d'émotions et nous offre ce goût d'aventure qui mêle humour et amour.

"Un roman qui fait un bien fou !"
"Plus qu'une histoire, un véritable émerveillement pour tous les âges."

LangueFrançais
Date de sortie11 juil. 2023
ISBN9798223670827
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    Aperçu du livre

    Paul Nord - Gavalda

    Paul Nord

    G A V A L D A – O W E N

    Roman

    Table des matières

    1

    2

    3

    4

    5

    6

    7

    8

    9

    10

    11

    12

    13

    14

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    25

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    27

    28

    29

    30

    À mes frères,

    qu’ils gardent

    à jamais leur

    âme d’enfant.

    1

    Paul a onze ans et quart. C’est-à-dire onze ans passés, mais pas tout à fait onze ans et demi non plus. Onze ans et quart. Paul n’oublie jamais ce quart, car il est important. Sa mère lui dit souvent « Allez, Paul, il ne faut pas rater le car. » Mais le jeune garçon ne court pas, il prend son temps, quitte à être en retard, un peu comme dans sa tête. En effet, Paul a ce qu’on appelle un léger retard mental. Depuis trop longtemps, il avachit son petit corps chétif sur les chaises vieillissantes du groupe de parole, cinq après-midi par semaine, du lundi au vendredi. C’est un lieu d’échange et d’apprentissage pour les enfants comme lui. Ils sont sept : cinq garçons et deux filles.

    — Paul, t’as ta carte de bus ? Et ton sac, Paul, bon sang ! soupire sa mère.

    — Ah oui…

    — Tu devrais y penser depuis le temps, tous les jours c’est pareil, allez, dépêche-toi !

    Ils sortent à toute allure et se précipitent jusqu’à l’arrêt de bus. Le chauffeur de la ligne 56, qui les regarde courir au loin, les attend, portes ouvertes.

    — Merci de nous avoir attendus, monsieur, dit la mère de Paul, à bout de souffle.

    — Salut JC, comment ça va aujourd’hui ? demande l’enfant.

    — Bonjour Paul, alors, toujours en retard ?

    — Bah non, ça fait au moins une heure qu’on t’attend, pas vrai, maman ?

    — Paul, je t’ai dit mille fois de ne pas tutoyer les chauffeurs de bus.

    — Ce n’est rien, madame, Paul est un vieux copain.

    Quinze minutes plus tard, ils descendent à l’arrêt Victor Hugo et pressent le pas jusqu’au centre éducatif. Nous sommes vendredi, il est 13h58. La mère de Paul le regarde s’éloigner. Il retrouve ses amis regroupés dans la salle B. Une minute après, l’éducateur frappe dans ses mains à deux reprises.

    — Ça y est, tout le monde est là, prenez une chaise et asseyez-vous en rond, on va commencer.

    Tous s’exécutent en râlant, excepté Lola. Lola ne râle jamais. Lola est la note de musique que l’on n’entend pas, mais qui rend la mélodie plus belle. Discrète mais pas invisible, sa présence donne un charme certain à tout ce qui l’entoure. Malheureusement, tous n’ont pas sa sensibilité. Elle passe souvent pour la fillette timide qui n’ose jamais dire non à qui que ce soit. Elle a le rôle du figurant qui va pourtant changer le cours de l’histoire, mais personne n’en sait rien. Certains sont méchants, mais la plupart demeurent simplement ignorants à sa présence.

    — Qui est-ce qui veut commencer à parler ? Rudolph ? Allez, on t’écoute.

    — Je suis super fatigué.

    — Tu es tout le temps fatigué, Rudolph, on commence à le savoir.

    — Mais là, c’est pour une vraie raison. J’ai fait un match de foot ce matin. Ça a duré au moins quinze minutes.

    — Tu as marqué ? demande Paul.

    — Non, j’étais gardien de but.

    Fou rire général. Mika, l’éducateur, esquisse un sourire puis déclare :

    — Admets que ce n’est pas le poste le plus fatigant, Rudolph. Tu as arrêté combien de tirs ?

    Il compte sur ses doigts avant de s’exclamer fièrement :

    — Au moins un tir ! Mais on s’est pris huit buts. J’étais déjà un peu fatigué, parce que je m’étais échauffé.

    — Si tu es fatigué avant même de commencer le sport, je comprends mieux que tu n’aies pas arrêté beaucoup de ballons.

    Les échanges se poursuivent. Chacun parle de sa matinée ou de ce qu’il a fait la veille. Comme d’habitude, Lola n’a rien dit. Mika lui propose de s’exprimer.

    — Qu’est-ce que tu as fait ce matin ?

    — Pas grand-chose. Juste l’école.

    — Et c’était bien, l’école ? demande la deuxième fille du groupe.

    — Très bonne question, Manon, bravo ! Alors Lola, nous t’écoutons, il faut répondre à ta camarade.

    — C’était long.

    — Mais encore ?

    — C’était ennuyeux, ajoute-t-elle.

    — Rien d’autre ?

    — C’était pénible.

    — Bon, on a compris. Maintenant, est-ce que tu peux répondre, mais avec une phrase plus longue.

    — Bah… j’ai trouvé que le temps n’est pas passé très vite.

    — Ouais en gros elle s’est fait chier quoi !

    — Adel, est-ce une façon de parler ? demande l’éducateur. Et Paul, inutile de te cacher le visage, je te vois ricaner. Il va vraiment falloir changer ton langage, sinon je vais en parler à tes parents.

    — J’ai à cœur de vous présenter moult excuses, ô grand Mika.

    — Mouais, continue à faire l’idiot, tu vas voir. Et toi Paul, si tu rigoles encore à ses gros mots, je serai forcé de vous séparer tous les deux.

    — D’accord Mika, pardon Mika, dit l’enfant en baissant la tête, toujours un sourire au coin des lèvres.

    À la pause de 15h30, comme à leur habitude, les sept enfants parlent du Pôle Nord. L’éducateur, amusé, jette une oreille discrète mais attentive à cette discussion utopique. Les préados eux-mêmes savent que cette aventure est illusoire, et qu’elle n’aura jamais lieu, si ce n’est dans leur imagination. Tous le savent ; tous sauf Paul. C’est le seul qui y croit. Il sait qu’il partira, qu’importe le prix. Il y croit si fort que ça en est devenu son surnom : Paul Nord. Tous ses proches l’appellent ainsi. Et pour l’enfant, c’est une réelle fierté.

    Après 10 minutes de pause, Mika réinvite le petit groupe à se réinstaller. Ils passent de temps de parole et d’échanges à simulation de la vie quotidienne. Puis, à 17 heures, les parents sont là pour récupérer leur enfant. Sur le trajet du retour, Paul passe 20 minutes à raconter son après-midi à sa mère. Sur ces 20 minutes, il en consacre 19 au sujet du Pôle Nord.

    — Est-ce qu’il y a une gare là-bas ?

    — Non, Paul, le train ne va pas passer sur l’eau, réfléchi ! Bon, qu’est-ce que tu voudrais manger, ce soir ?

    — Un port !

    — Un porc ? Tu veux dire du jambon ?

    — Mais non, maman, un port pour les bateaux ! Est-ce qu’il y a un port au Pôle Nord ?

    — Tu me saoules, Paul ! Arrête de me parler de Pôle Nord, j’en ai marre ! Réfléchis plutôt à ce que tu voudrais manger, on va faire des courses.

    Paul se gratte la tête puis dit tout haut :

    — Je volerai !

    — Qu’est-ce que tu me racontes là, t’es pas bien ? Tu voles dans les magasins toi maintenant ?

    — Pfff, je vole dans les avions !

    — Pourquoi tu veux prendre l’avion ?

    — Bah, pour aller au Pôle…

    — Stop ! J’ai compris, t’as gagné, ce soir ce sera brocoli, point final. Et si tu prononces encore une fois, entends-moi bien, juste une seule fois le mot Pôle Nord, alors c’est brocoli tous les soirs pendant trois semaines.

    — Oh c’est pas juste. En plus, c’est pas un mot.

    — Ah bon ?

    — Bah oui, il y a deux mots, Pôle et Nord !

    — Trois semaines de brocolis !

    — Nooon, j’ai pas dit Pôle et Nord, en fait j’allais dire euh… « Moi, Paul… est nor… malement vraiment nul en français. »

    — Trois semaines.

    2

    Le samedi est calme. Le jeune aventurier retrouve Adel, son fidèle acolyte, avec qui il parle – comme toujours – de son futur périple nordique. Comme tout le monde ou presque, Adel maintient cette illusion qui laisse croire à Paul que le jour du grand départ viendra. Adel est un jeune garçon à la peau mate et aux cheveux noirs comme la nuit. Il sait bien, au fond de lui, que le récit de son ami n’est qu’un périple imaginaire, que rien de tout ce qui est dit n’est sérieux, mais il ose y croire autant que Paul pour ne pas le décevoir. Adel sait que la vraie vie n’est pas aussi belle que dans les rêves. Il a vécu en foyer puis a été adopté par un couple lorsqu’il avait huit ans. Ses troubles du comportement seraient nés de cette enfance compliquée. Généralement, il passe ses samedis et toutes ses vacances scolaires avec Paul. Lorsqu’ils ne parlent pas de Pôle Nord, les deux amis s’installent en haut d’une butte et regardent les gens, en contrebas, puis font semblant de fumer une cigarette. Ensuite ils rient, courent, crient, se racontent des blagues, parlent des filles, et puis grimpent sur le pommier du voisin. Parfois, quand le temps n’est pas propice à parcourir les champs, ils parcourent les livres de la bibliothèque municipale. La mère de Paul oblige les deux garçons à rentrer au plus tard pour 16 heures. Ils prennent un petit goûter (qui s’apparente plutôt à un festin), puis, en fin de journée, Adel s’en va.

    Le soir, Pierre, le père de Paul, rentre enfin à la maison après six jours d’absence. Généralement, il raconte le déroulement de sa semaine passée sur les routes de l’Europe et profite de sa femme et de son fils avant de repartir tôt le lundi matin pour charger son camion et retourner livrer les pays voisins de toute sorte de choses, souvent des barres de fer ou des tubes métalliques.

    La nuit tombe, et puis le dimanche arrive enfin.

    Dimanche ! C’est le jour préféré de Paul.

    — Maman, est-ce qu’on va voir Mamireille aujourd’hui ?

    — Comme tous les dimanches.

    — On part à quelle heure ?

    — Tu me gonfles !

    — On part à 13 heures ?

    — Paul, répond son père, on part tous les dimanches à 13 heures à la maison de retraite pour voir ta grand-mère, tu n’as donc pas besoin de poser tout le temps la question. Tu le sais !

    — Bah peut-être que vous avez changé d’avis. Moi, par exemple, le Pôle Nord, je peux très bien changer d’avis et ne plus vouloir y aller, vous n’en savez rien. Alors je me dis que là c’est peut-être pareil.

    — Paul, si un jour tu cesses de nous parler du Pôle Nord, ne serait-ce que durant 48 heures, je t’achète 10 kilos de chocolat !

    — 10 kilos, sérieux ?

    — Sans problème, si ça peut nous offrir deux jours de vacances…

    — Hum… tu crois qu’ils ont du chocolat au Pôle Nord ?

    — Chérie, fallait pas lui dire ça, il va nous en reparler toutes les 15 secondes ! souffle le père.

    À 13 heures, enfin, la petite famille monte en voiture pour aller voir la grand-mère de Paul. 25 minutes de trajet plus tard, ils pénètrent dans le hall de la résidence les Bruyères. L’homme de l’accueil ouvre sa petite fenêtre et annonce :

    — Bonjour, vous venez voir

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