JUSTE

Par François-Eugène Wernert

Cet ouvrage a montré la polysémie du mot « juste ». Neuf chapitres ne sont pas de trop pour faire le tour - non exhaustif - de cette réalité multiple. C’est ainsi qu’ont été abordés les thèmes suivants :
1. L’étymologie
2. Juste : éléments du droit et des sciences sociales
3. Qu’est-ce qu’une société juste ? Approche des sciences morales et politiques
4. La distance juste et la distance injuste entre soignant et soigné
5. Juste, l’expression de la Bible
6. Juste, l’expérience du Bouddhisme
7. La liturgie : quand paroles, gestes et symboles sont ajustés
8. Une attitude ajustée découlant de la chasteté
9. Célibat des prêtres catholiques : pour un engagement juste
Ces différents chapitres s’éclairent et s’enrichissent mutuellement. Ils montrent clairement la teneur positive du mot « juste ». Nous sommes loin d’une conception étriquée.
L’étude montre que la réalité juste touche l’individu et la communauté humaine. Sont interrogées les relations de soi à soi, de soi à l’autre. Est aussi posée régulièrement la question du cadre de référence, sa nécessité, sa pertinence… le monde symbolique est lui aussi appelé en présence. L’être juste n’est pas le fruit de choix subjectifs auto-référencés. L’être juste n’est pas non plus d’abord une vue de l’esprit ; il prend racines dans nos profondeurs.
L’être juste est un véritable travail qui demande l’attention de tous les instants. Etre juste structure la personne, le groupe. Etre juste nous renvoie à notre désir d’être unique et heureux, d’être relié à nous et aux autres. Le détour en vaut la peine.



À PROPOS DE L'AUTEUR


François-Eugène WERNERT, né en 1960, est l’auteur en 1991 d’une thèse en théologie catholique sur La Vie liturgique et le Mouvement en Alsace de 1900 à nos jours, parue aux Editions Ercal à Strasbourg en 1992. Il est Maître de conférences en théologie pratique – théologie pastorale, habilité à diriger des recherches à la Faculté de théologie catholique de l’Université de Strasbourg.
Depuis novembre 2021 il est en détachement de l’Université comme prêtre dans la communauté de paroisses du Piémont du Hohenbourg en centre Alsace, à Obernai et alentours.
Il lui tient à cœur de corréler théories et pratiques, notamment dans le domaine de la théologie pastorale et de la pastorale liturgique et sacramentelle. Titulaire également d’un Diplôme d’études approfondies de musicologie (Université de Strasbourg, 1987) il lui importe de mettre en résonance les dimensions cultuelles et culturelles.
Dans ses écrits il conjugue sa ligne de créativité en alternant des ouvrages de réflexions fondamentales avec des ouvrages de spiritualité.

• Langue: Français
• Éditeur: Publishroom
• Date de sortie: 28 juin 2023
• ISBN: 9782384547630

Aperçu du livre

Du même auteur

Traverser, Publishroom Factory, Orthez, 2023

La vie intérieure, pas à pas, Publishroom Factory, Orthez, 2023

Vade-mecum de vie spirituelle chrétienne, Publishroom Factory, Orthez, 2022

Traces brûlantes dans la rumeur du monde, Editions Libre Label, Vannes, 2021

Etre et devenir adulte – Comment mieux aller vers ses potentialités ?, Editions L’Harmattan, Paris, 2021

Gammes humaines aux multiples sonorités, Editions Vérone, Paris, 2021

Vers des nouveaux métiers d’Eglise, Editions Libre Label, Vannes, 2020

Essai sur la vie spirituelle : fondements et perspectives avec une approche interdisciplinaire, Editions Libre Label, Vannes, 2020

Souffles pour les voiles de la vie, Editions Libre Label, Vannes, 2019

Pépites de bonheur, Editions Libre Label, Vannes, 2019

Traversées au fil des jours - 365 pensées, Editions libre Label, Bordeaux, 2013

L’attente - Chemin faisant vers Noël, Editions du Signe, Strasbourg, 2013

Ouverture(s), Editions du Signe, Strasbourg, 2012

Le dimanche en déroute – Les pratiques dominicales dans le catholicisme français au début du IIIe millénaire, Editions Médiaspaul, Paris, 2010 (Prix européen du meilleur livre de théologie décerné par l’AETC, Association européenne de théologie catholique, le 28 août 2011, à Vienne en Autriche)

Une parole au quotidien, Editions du Signe, Strasbourg, 2006

Vie liturgique et Mouvement Liturgique en Alsace de 1900 à nos jours, Editions de l’Ercal, Strasbourg, 1992

En collaboration

Célébrations dominicales de la Parole, Editions du signe, 2010

Une Parole au quotidien, Editions du Signe, 2007

Pour vivre ensemble l’eucharistie, Editions de l’Atelier, Paris, 2002

Introduction

Les encyclopédies et dictionnaires de philosophie et de sciences humaines (sociologie, anthropologie…) contiennent très rarement le mot « juste ». Par contre, apparaît souvent le mot « justice » qui comporte des valences proches de « juste ».

J’ai beaucoup hésité à publier ce livre étant donné les nombreuses pages extraites d’autres livres et études intéressantes sur le sujet. La justesse, l’honnêteté intellectuelle est de citer ses sources et de ne pas faire comme le geai qui se pare volontiers des plumes du paon. Je salue la compétence des auteurs des articles et des oeuvres cités. Le livre se présente comme un dossier, un compendium, compilation originale d’un corpus de connaissances. Certains chapitres sont personnels (Juste, l’expression de la Bible ; la liturgie - en partie - : quand paroles, gestes et symboles sont ajustés ; le célibat des prêtres catholiques : pour un engagement juste - cf plan ci-dessous).

J’ai été touché par l’envergure du sujet. Beaucoup de domaines sont interrogés par la dimension de « l’être juste ». Finalement, neuf chapitres ne sont pas de trop pour faire le tour –non exhaustif¹- de cette réalité multiple. C’est ainsi que seront abordés les thèmes suivants :

1.L’étymologie

2.Juste : éléments du droit et des sciences sociales

3.Qu’est-ce qu’une société juste ? Approche des sciences morales et politiques

4.La distance juste et la distance injuste entre soignant et soigné

5.Juste, l’expression de la Bible

6.Juste, l’expérience du Bouddhisme

7.La liturgie : quand paroles, gestes et symboles sont ajustés

8.Une attitude ajustée découlant de la chasteté

9.Célibat des prêtres catholiques : pour un engagement juste.

L’étude montre clairement que la réalité juste touche l’individu et la communauté humaine. Sont interrogées la relation de soi à soi, de soi à l’autre. Est aussi posée régulièrement la question du cadre de référence, sa nécessité, sa pertinence…

L’être juste est porteur de sens : de la vie jaillit si les éléments en présence sont ajustés. Une manière d’être, de penser, d’agir juste n’est pas acquise une fois pour toutes ; constamment il faut la remettre sur le métier. Au fond n’est-ce pas cela vivre et grandir… ?

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1 N’est pas traité, par exemple, la notion de « guerre juste » développée par le théologien Thomas d’Aquin (1225-1274).

Chapitre 1 :

Etymologie

1. JUSTE

Juste est adjectif, nom masculin et adverbe. Issu du latin justus, conforme au droit, équitable, dérivé de jus, juris, droit².

I. Adjectif

A. Idée de justice

1.Qui se comporte, qui agit conformément à la justice, à l’équité équitable. Un homme juste et bon. Etre juste pour, envers, à l’égard de quelqu’un. Il faut être juste ; pour être juste, sans parti pris = honnête, loyal. Une âme, une conscience juste = droite.

Nom masculin (1672). Les justes. La conscience du juste. Dormir du sommeil du juste, d’un sommeil que ne trouble aucun remords.

Spécificité dans la religion hébraïque, chrétienne : qui observe exactement que les « justes recevront la terre en héritage, et ils demeureront durant tout le cours des siècles » (Le Maistre de Sacy, trad. des Psaumes, XXXVI,31)

« Chacun sait bien que le juste n’attend pas que les autres soient justes. Nous ne sommes chargés que de notre part de justice » (Alain, Propos, 6 août 1927).

« Il n’y a pas de justes, mais seulement des cœurs plus ou moins pauvres en justice » (Camus, Réflexions sur la guillotine, dans Essais, Pléiade, p. 1055.

Les trente-six Justes de la tradition juive. « Le dernier des Justes » = ouvrage d’André Schwarz-Bart. Il s’agit d’un non-juif ayant sauvé des Juifs en danger, pendant la seconde guerre mondiale.

2.(vers 1283) De choses. Qui est conforme à la justice, au droit, à l’équité = équitable. Une belle et juste cause. Guerre juste, conditions justes = correct, honnête, loyal. Un juste retour des choses. Punition, châtiment juste ; loi, mesure juste. Il est juste, il n’est pas juste que… expression familière : c’est pas juste ! Je n’ai rien fait.

« La notion de quelque chose de juste me semble si naturelle, si universellement acquise par tous les hommes, qu’elle est indépendante de toute loi, de tout pacte, de toute religion » Voltaire, Le philosophe ignorant, XXXII.

Nom masculin (vers 1361) = justice. Le sentiment du juste et de l’injuste.

« Vous pouvez en conclure, Seigneur Hervas, que toutes les idées du juste et de l’injuste, du bien et du mal, sont relatives et nullement absolues ou générales. Je conviens avec vous qu’il y a une sorte de satisfaction niaise attachée à ce que l’on appelle les bonnes actions ».

3.En épithète, avant le nom. Dans le sens de fondé, légitime. Avoir un juste sujet de s’alarmer. De justes revendications. « Au lieu de revenir sur ces griefs, je m’en tiens à vous faire une demande aussi simple que juste » (Laclos, Les liaisons dangereuses). Convoler en justes noces = à juste titre, à bon droit, à juste raison.

4.Avant ou après le nom. Qui a de la justesse, qui est bien tel qu’il doit être = adéquat, approprié, convenable, exact. Garder la juste mesure, le juste milieu. Estimer les choses à leur juste prix, jauger un écrivain à sa juste valeur. L’addition est juste = réel, véritable, vrai. Calcul, compte juste. L’addition est juste. « J’ai vérifié les devoirs de Marcellin. Les additions sont justes. Les multiplications aussi. Mais il soustrait mal » (H. Bosco, Un rameau de la nuit). Horloge qui indique l’heure juste. Midi juste. A la seconde juste = même, précis. L’expression, le mot juste = propre. Au sens juste du terme = rigoureux, strict. Sons justes à l’oreille. Une voix très juste. Un juste rapport. De justes proportions = harmonieux, heureux. Qui correspond bien à ce qu’il est censé exprimer, manifester. Un acteur qui cherche le ton juste. Geste, jeu scénique juste. « Le geste est vrai, juste, actuel surtout ; c’est bien ainsi que nous nous levons, que nous nous asseyons, que nous tenons notre chapeau…(Th. Gautier, Portraits contemporains, Gavarni). Après le nom : une balance, une montre juste = qui fonctionne avec exactitude et précision.

B. Idée d’exactitude

1.(1580, Montaigne) – le plus souvent après le nom. Qui est conforme à la vérité, à la raison, au bon sens = authentique, exact, logique, raisonnable, rationnel, vrai. Dire des choses très justes. C’est juste ; rien de plus juste = correct. Comparaison, image juste = heureux. Observations fines et justes. Se faire une idée juste de… Il est juste de = il est exact. Il ne serait pas tout à fait juste de dire… C’est juste = c’est exact.

Que faut-il donc exiger, puisque nous ne pouvons certainement pas connaître le monde tel qu’il est ? C’est que chacun choisisse une manière de raisonner sur le monde, qui soit juste autant que possible, c’est-à-dire qui donne une exacte correspondance entre l’enchaînement des faits et l’enchaînement des symboles ». Marcel Brillouin, Par la matière (1895), in Revue