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Protéger: Protéger, #1
Protéger: Protéger, #1
Protéger: Protéger, #1
Livre électronique547 pages6 heuresProtéger

Protéger: Protéger, #1

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À propos de ce livre électronique

Lorsque Nick Swain, secouriste paramédical, se rend sur les lieux d'un accident dans un quartier malfamé, son monde s'en retrouve sens dessus dessous. Sa vie par deux fois menacée, des accusations de racisme et de négligence médicale... Nick en perd le sommeil. Quoique, après avoir été propulsé dans le chemin, et les bras, du beau détective Andrew Carmichael, Nick ne risque pas de dormir de sitôt...

 

Les nuits torrides s'enchaînent, et Nick relâche peu à peu la pression. Mais le sexe ne résout pas tout. Entre les médias qui ne lui laissent pas une seconde de répit et la ville qui scrute ses moindres faits et gestes, Nick en vient à se demander si le destin n'a pas une dent contre lui.

 

Deuxième édition.

LangueFrançais
ÉditeurGallagherWitt
Date de sortie8 mai 2023
ISBN9781642300000
Protéger: Protéger, #1
Auteur

L. A. Witt

L.A. Witt is the author of Back Piece. She is a M/M romance writer who has finally been released from the purgatorial corn maze of Omaha, Nebraska, and now spends her time on the southwestern coast of Spain. In between wondering how she didn’t lose her mind in Omaha, she explores the country with her husband, several clairvoyant hamsters, and an ever-growing herd of rabid plot bunnies.

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    Aperçu du livre

    Protéger - L. A. Witt

    Chapitre 1

    — Tu sais, si tu continues à t’asseoir comme ça, tu vas finir par te casser tes putains de jambes, un de ces jours.

    Leon relâcha le volant et indiqua mes pieds, qui se trouvaient sur le tableau de bord, côté passager.

    — Seulement si tu percutes quelque chose, répondis-je en relevant les yeux du bloc-notes qui se trouvait sur mes genoux. Même si je n’en serais pas surpris, vu comment tu conduis.

    — Hé, on ne s’en prend pas à ma conduite. Et si tu as tellement peur qu’on se plante, retire tes putains de pieds de là.

    — Je ne suis pas inquiet.

    Je signai le bas de mon rapport et passai à la page suivante.

    — En plus, si tu te plantes et que je me casse les jambes, tu auras tout ce qu’il faut pour les rafistoler.

    De mon stylo, j’indiquai l’arrière du véhicule.

    — Garde tes pieds là, et je te laisserai souffrir quand tu te casseras les jambes.

    — Continue à regarder mes jambes plutôt que la route, et je devrai dire à Zoé que tu es passé de mon bord.

    Il me lança un regard horrifié.

    — Oh, n’y pense même pas, espèce de fils de pute.

    — Alors arrête de regarder mes… Hé ! La route ! Regarde cette putain de route !

    Leon releva les yeux et fit un écart, juste à temps pour éviter de cogner le trottoir.

    — Tu vois ? Tu vois ? Si on s’était plantés…

    — Mes jambes s’en seraient sorties et je m’en serais servi pour te botter le cul.

    Je lui lançai un regard noir, avant de baisser les yeux sur mon rapport pour continuer à le remplir.

    — Ouais, ouais, ouais.

    Il ralentit l’ambulance pour s’arrêter à une intersection et s’étira les bras en attendant que le feu passe au vert.

    — Bon sang, il sera bientôt l’heure de dîner.

    — De dîner ? dis-je en riant. Il n’est même pas dix-sept heures. En plus, tu n’as pas mangé avant qu’on se mette en route ?

    Il laissa échapper un soupir.

    — Oui, Nick, dit-il en me lançant un regard noir. Et je n’ai pas pu terminer parce que nous sommes partis.

    — Les gens ne pensent vraiment pas à nous, soupirai-je d’un air dramatique, le dos de ma main contre mon front. Toujours à se blesser pour t’empêcher de manger !

    Il était sur le point de répondre quelque chose de sarcastique quand la radio se mit à crépiter.

    — Code un, code un. Fusillade au croisement de Jackson et de la Quatorzième. Victimes multiples. À toutes les unités, répondez.

    Nous nous trouvions à quelques pâtés de maisons de l’endroit. Leon et moi échangeâmes un regard et il acquiesça.

    Je récupérai la radio.

    — Dispatch, ici Vingt-sept Alpha. En chemin vers Jackson et la Quatorzième, terminé.

    Leon accéléra pour traverser l’intersection en allumant le gyrophare et la sirène. Je laissai tomber mon bloc-notes à mes pieds. Dieu seul savait à quoi ressembleraient les lieux de l’incident, mais je me doutais qu’il y aurait du sang, beaucoup de sang, alors je pris les devants et enfilai une paire de gants en caoutchouc.

    — C’est agité ce soir à Masontown, dis donc.

    Je ne répondis pas. Nous nous étions déjà rendus dans ce quartier une fois, ce soir-là, mais ce n’était pas inhabituel. Entre les gens tellement shootés qu’ils ne se rappelaient plus comment prendre soin d’eux-mêmes et ceux qui étaient trop pauvres pour le faire, Masontown avait l’habitude des gyrophares. Le sexe et les substances illicites servaient de fondations à cet endroit. Ce n’était pas la première fusillade dont nous nous occupions ici, et je doutais que ce soit la dernière.

    Tandis que les panneaux, les voitures et les bâtiments défilaient autour de nous, je passai en pilote automatique. Ma formation prit le dessus, repoussant les émotions à l’arrière-plan de mon esprit, en même temps que toutes les pensées dont je n’aurais pas besoin pour la tâche à venir. Ce n’était pas vraiment de l’apathie en soi, mais c’en était proche… Une façon de rester calme et concentré sur le côté clinique afin que je puisse faire mon travail.

    Nous arrivâmes sur les lieux en quelques minutes. Une petite foule s’était rassemblée, mais il n’y avait pas de gyrophare en vue, à part le nôtre qui se reflétait contre les voitures et les fenêtres.

    — Tu penses que c’est sécurisé ? demanda Leon. Ou est-ce qu’on attend les flics ?

    J’inspectai les environs. En l’absence de la police, il ne dépendait que de nous d’intervenir ou d’attendre. Dans ce cas, personne ne semblait être en train de brandir une arme, donc nous pouvions probablement intervenir sans danger. D’autant plus qu’en général les fusillades engendraient des blessures graves qui ne pouvaient pas attendre longtemps.

    — Ça ne pourra pas être plus sécurisé, dis-je en débouclant ma ceinture de sécurité. Allons-y.

    Je me rendis à l’arrière, attrapai une trousse de secours, et sortis. Il y avait du sang sur le trottoir, de la panique dans l’air, et quatre victimes au sol. Personne d’autre n’avait l’air d’être blessé, mais les victimes restaient tout de même plus nombreuses que nous pour l’instant. Essayant de trier les blessés, je maudis silencieusement les coupures budgétaires à cause desquelles nous n’étions que deux dans cette ambulance, au lieu d’être trois ou quatre.

    Quelques mains supplémentaires auraient vraiment aidé tout de suite, bande de radins.

    J’allais de patient en patient, évaluant les blessures et les constantes aussi rapidement que possible. Le triage d’une situation comme celle-ci faisait toujours passer le temps bizarrement ou, du moins, en déformait ma perception. Je bougeais au ralenti tandis que les gens autour de moi étaient en avance rapide, et même eux ne pouvaient pas suivre les minutes qui s’écoulaient.

    Un homme souffrait de manière évidente, du sang s’échappant de ses doigts qui agrippaient le haut de son bras. Il était lucide, toutefois, et donc hors de danger immédiat.

    Un autre homme se trouvait au sol, à moitié conscient et couvert de sang. Ses constantes étaient assez stables, mais le saignement était important et son état pouvait se détériorer d’un seul coup. À quelques pas de là, une femme se tortillait et gémissait, sa chemise trempée de sang, s’accrochant à la main d’un passant qui appuyait un chiffon contre sa poitrine. Elle saignait abondamment et sa respiration était laborieuse.

    La deuxième femme gisait, immobile, au milieu d’une mare de sang immense s’agrandissant de seconde en seconde. L’homme agenouillé près d’elle alternait entre lui hurler de se réveiller et me crier de l’aider. Ses constantes étaient mauvaises et empiraient à chaque instant, et si elle avait été la seule victime, je l’aurais aidée immédiatement. Mais avec plus de blessés que de secouristes, son cas était trop désespéré. J’aurais une meilleure chance de sauver les trois autres, donc des décisions difficiles devaient être prises.

    Jetant un coup d’œil à Leon, je lui indiquai la femme inconsciente et l’homme en train de saigner et de proférer des injures.

    — Elle est niveau noir ¹, il est vert, dis-je avant d’indiquer l’homme à moitié conscient et la femme en train de gémir. Ces deux-là sont rouges. Tu t’occupes de lui et je m’occupe d’elle.

    Leon acquiesça et nous commençâmes à travailler.

    — Hé ! Hé !

    L’homme qui veillait sur la femme mourante cria quand nous passâmes tous les deux près d’elle.

    — Elle a besoin d’aide !

    — Nous faisons tout ce que nous pouvons, répondis-je. Les renforts sont en chemin.

    — Elle va mourir ! hurla-t-il. Tu vas la laisser mourir simplement parce qu’elle est noire ?

    Je serrai les dents. Je n’avais pas le temps d’expliquer ce que signifiait « niveau noir », ni que cela n’avait rien à voir avec la race. Même si je compatissais pour lui et que j’avais de la peine pour la femme au sol à ses côtés, il n’y avait pas de temps à perdre. Entre ses fonctions vitales en chute libre et une telle perte de sang, il n’y avait probablement rien à faire pour elle, même si nous avions eu assez de main-d’œuvre pour essayer.

    M’agenouillant à côté de l’autre femme, je relevai les yeux vers l’homme près d’elle. Son mari, supposai-je, à en juger par l’alliance dorée à l’une de ses mains couvertes de sang et la façon dont il agrippait sa main de l’autre.

    — Comment s’appelle-t-elle ? demandai-je.

    Il ouvrit la bouche pour parler, mais hésita.

    — Son nom ? demandai-je.

    Peut-être que mon hypothèse était erronée. Peut-être qu’il n’était pas son…

    — Chelsea. Chelsea Wayland.

    — Chelsea ? Est-ce que vous pouvez m’entendre ? demandai-je en touchant son épaule. Chelsea, je m’appelle Nick. Je suis là pour vous aider. Est-ce que vous pouvez m’entendre ?

    Elle gémit, ce qui aurait facilement pu être une réponse à la douleur ou au son de ma voix.

    Son mari regarda par-dessus son épaule, puis de nouveau vers moi.

    — Dites-moi que les renforts vont arriver.

    — Ils sont en chemin.

    Bon sang, les gars, où êtes-vous ?

    Entrer dans Masontown était un cauchemar quand il y avait beaucoup de circulation et, évidemment, nous étions en pleine heure de pointe. Chaque unité en ville était probablement coincée sur ce putain de pont à deux voies.

    Chelsea essaya d’inspirer, grimaçant et tressaillant sous l’effort. Ses lèvres perdaient de leur couleur rapidement.

    — Sa respiration ne fait qu’empirer, dit-il. Quand elle pouvait encore parler, elle a dit qu’elle avait mal à la poitrine, mais j’ai pensé qu’elle parlait de l’endroit où elle a été poignardée.

    — Poignardée ? demandai-je en relevant les yeux. Je pensais que c’était une fusillade.

    — Ça l’était, dit-il en hochant la tête vers l’autre femme. Mais elle, elle avait un couteau.

    Un commentaire sur le fait d’amener un couteau pour une fusillade mourut sur le bout de ma langue. L’humour noir me permettait peut-être de garder mes esprits dans ce genre de situation, mais il n’en était sûrement pas de même pour un mari exerçant une pression sur la poitrine ensanglantée de sa femme.

    — Nous devons lui retirer sa chemise.

    Avec l’aide de son mari, je la découpai. À ma surprise, sa chemise révéla un gilet pare-balles. Dans une situation moins urgente, j’aurais remis en question la scène dans laquelle nous venions de débarquer, mais le gilet était recouvert de bien trop de sang pour se demander pourquoi elle le portait en premier lieu. Nous détachâmes rapidement les sangles sur le côté pour l’en débarrasser.

    Une fois le gilet retiré, j’examinai la blessure. C’était une lacération profonde avec des saignements importants, mais c’était plus ou moins sous contrôle. C’était sa respiration qui m’inquiétait. Retirer le gilet ne lui avait pas facilité la tâche, et la couleur de ses lèvres continuait à disparaître.

    — Chelsea, est-ce que vous m’entendez ?

    Une nouvelle fois, je fus incapable de dire si la réponse était due à la douleur ou à ma voix. Je m’emparai de sa main libre.

    — Si vous pouvez m’entendre, serrez ma main deux fois.

    Elle répondit en serrant deux fois, la deuxième fois plus faiblement que la première. Je posai le stéthoscope contre sa poitrine et elle tressaillit légèrement.

    — Chelsea, est-ce que vous pouvez prendre une profonde inspiration ?

    Elle essaya, mais grimaça immédiatement. Son torse se souleva à peine. Plus je prenais ses constantes, plus elles s’effondraient et ce n’était pas bon signe. Son cœur battait la chamade, sa tension artérielle était en chute libre et sa respiration superficielle et rapide empirait.

    — Je reviens.

    Je sprintai jusqu’à l’ambulance, ignorant les cris furieux et paniqués de l’homme près de la femme en niveau noir. Maudissant la circulation qui empêchait les renforts de venir, j’attrapai quelques trucs dans l’ambulance et me précipitai de nouveau auprès de Chelsea. Je glissai alors un masque à oxygène sur son visage et ouvris la valve du réservoir.

    Son mari haussa les sourcils.

    — Est-ce que c’est grave ?

    — Son poumon s’est affaissé.

    — Bon Dieu, murmura-t-il.

    Ce n’était pas aussi simple, mais je n’avais pas le temps de lui expliquer en détail qu’elle avait un pneumothorax et avait besoin d’une thoracentèse pour libérer l’air s’accumulant dans sa cage thoracique. Ce n’était pas la première fois que je traitais ce genre de cas sur le terrain alors j’anticipai la volée de questions sur la gravité de la chose et si elle allait mourir. Pourtant, il ne dit rien. En fait, il était assez calme étant donné les circonstances.

    M’agenouillant de nouveau près d’elle, je fis signe à deux passants et m’adressai à eux, ainsi qu’au mari de Chelsea.

    — Tenez-la. Maintenez-la aussi immobile que possible.

    — Je ne pense pas qu’elle aille nulle part, dit son mari en serrant les dents.

    — Non, mais elle ne va pas aimer ça, dis-je en sortant une longue aiguille de son emballage. Ne regardez pas. Regardez autre chose. Faites-moi confiance.

    Quand j’appuyai l’aiguille dans un renfoncement entre ses côtes, il s’éclaircit la gorge et détourna le regard. Au moins, il n’insista pas pour regarder. Leon et moi avions déjà assez de soucis sans un mari dans les vapes en plus.

    Juste avant que j’enfonce l’aiguille sous sa peau, quelque chose de froid et de dur s’enfonça à l’arrière de mon crâne. Mes mains et mon souffle se figèrent. Bougeant seulement les yeux, je dévisageai le mari de Chelsea. Il regardait derrière moi, les lèvres entrouvertes et les yeux écarquillés.

    — Éloigne-toi d’elle, m’ordonna une voix mal assurée derrière moi.

    Quelque chose craqua, et même avec mon expérience limitée en matière d’armes à feu, je reconnus le son menaçant d’une gâchette.

    — Éloigne-toi d’elle, bordel.

    — Jesse, arrête.

    Le ton du mari de Chelsea était étonnamment calme, mais une note imperceptible d’incertitude me glaça le sang.

    — Non, non, il lui fait du mal.

    La voix était presque hystérique désormais et le canon de l’arme s’agita contre ma peau. J’avalai difficilement. Ce n’était pas seulement le métal contre ma peau qui m’inquiétait. C’était la façon dont le métal tremblait. Une main tremblante sur une arme chargée contre ma tête n’était pas vraiment ce que je pouvais appeler une combinaison agréable.

    Chelsea gémit et haleta. Chaque souffle était plus difficile que le précédent et ses lèvres commençaient à devenir bleues sous le masque à oxygène. Une arme contre ma tête ou non, elle avait besoin de ce tube dans son torse. En essayant de garder mes mains immobiles, je pressai l’aiguille contre elle, mais le canon de l’arme s’enfonça plus durement contre ma tête. Les tremblements étaient plus violents et je vis en esprit un doigt tressaillir contre la gâchette. Une secousse. Une seule secousse et ça suffirait. Oh, bordel.

    — Jesse, dit le mari de Chelsea en le regardant tout en essayant de la maintenir immobile. Il essaye de l’aider.

    — Il lui fait mal, Mark.

    La voix de Jesse devenait plus aiguë.

    — Mark, Mark, il lui fait du mal. Empêche-le de lui faire du mal !

    — Non, il ne lui fait pas mal, dit le mari, Mark apparemment. Il est en train de l’aider. Baisse ton arme.

    Chelsea essaya d’inspirer, un souffle sifflant, et se tordit sur le trottoir. La cyanose s’aggravait à chaque seconde et elle ne pourrait plus attendre bien longtemps. En espérant que je ne venais pas de signer mon arrêt de mort, je m’appuyai sur l’aiguille et l’enfonçai entre ses côtes. Elle laissa échapper un faible cri, remuant autant qu’elle le pouvait avec trois hommes en train de la tenir, et une seconde plus tard, l’air jaillit de l’aiguille.

    Pendant un instant, je retins mon souffle, m’attendant vraiment à ce qu’une balle me traverse la tête après mon mouvement soudain et l’agitation de Chelsea.

    Comme cette balle ne venait pas, j’essayai de continuer à me concentrer sur Chelsea. Je fis un geste vers la trousse.

    — Passez-moi ce tube en plastique, dis-je à Mark.

    Ma voix tremblait plus que je ne l’aurais cru et je frissonnai. J’avais presque réussi à ignorer cette terreur à couper le souffle jusqu’à ce que je l’entende dans ma propre voix. Je vais mourir. Je vais mourir. Repoussant ces pensées, je me forçai à me concentrer. Il me passa le tube en plastique que j’avais indiqué, et quand il se pencha au-dessus d’elle, ses yeux se tournèrent rapidement vers le déséquilibré.

    Je travaillai aussi rapidement que possible pour installer le tube dans sa poitrine. Plus je bougerais rapidement, plus vite je pourrais l’emporter dans l’ambulance et partir d’ici. Je pourrais aussi prétendre que mes mains ne tremblaient pas et peut-être, peut-être que je pourrais ignorer que l’arme était toujours pressée contre ma tête. Une arme qui s’agitait à chaque fois que Chelsea bougeait ou émettait un son.

    — Il lui fait du mal, dit Jesse. Empêche-le de lui faire du mal.

    — Jesse, il est en train de l’aider.

    La voix de Mark se fit plus calme et plus douce, comme pour contrer l’hystérie de Jesse.

    — Si tu le tues, tu vas la tuer aussi.

    L’arme s’agita une fois. Puis une seconde fois. Après quelques secondes, elle s’écarta de ma tête et je soupirai. Après avoir glissé le tube et retiré l'aiguille, Chelsea reprit un peu de couleur. Elle murmura, puis gémit, essayant faiblement d’échapper à la douleur que je lui infligeais sans doute.

    Serrant les dents pour les empêcher de se mettre à claquer, je luttai pour me focaliser sur Chelsea. Grâce au tube libérant l’air de sa cage thoracique, son poumon avait de la place pour se regonfler, mais elle avait besoin d’être emmenée à l’hôpital. J’avais besoin de la sortir de là. J’avais besoin de sortir de là. Loin de cet idiot armé.

    Comme la condition de Chelsea s’améliorait légèrement et que l’arme était baissée, je redevins conscient de mon environnement. Une foule s’était rassemblée. Le compagnon de la femme en niveau noir était désormais plus qu’hystérique. Au loin, les sirènes retentissaient, venant vers nous de toutes les directions. Des renforts, enfin. Malgré tout, je priai qu’il n’y ait pas de policiers parmi eux.

    Même si l’arme était baissée, je ne savais pas à quel point Jesse pouvait être fou. Quelque chose me disait que s’il voyait des flics et paniquait, j’étais fichu.

    Chelsea pleurnicha et essaya de s’éloigner de moi, mais les trois hommes la maintinrent. Le gémissement devint un cri, et des pieds remuèrent derrière moi. Je serrai les dents, m’attendant à ce que le canon de l’arme réapparaisse contre ma tête à chaque instant.

    Mark bougea brusquement, et les pieds s’immobilisèrent. Plusieurs passants s’exclamèrent autour de moi, reculant tous d’un pas.

    — Lâche-le, gronda-t-il.

    Mes yeux se relevèrent et j’inspirai soudainement. Il avait désormais sa propre arme, sortie et pointée derrière moi. Ses mains étaient incroyablement stables et il n’y avait rien d’autre qu’une rage froide et meurtrière dans son regard. Lentement, il se releva, ses yeux et son arme toujours fixés sur mon assaillant invisible.

    — Jesse, relève ce flingue une nouvelle fois et tu ne vivras pas assez longtemps pour le poser sur sa tête. Lâche. Le. Flingue.

    Puis, les pieds remuèrent de nouveau. Il y eut encore des cris, des mouvements, des Oh mon Dieu, où est cette arme ?

    — Jesse, espèce de fils de pute !

    Mark se jeta par-dessus Chelsea et se précipita derrière moi.

    Tout autour de nous, les véhicules d’urgence se garaient, toutes sirènes hurlantes, les moteurs rugissant. Mes sens étaient uniquement concentrés sur les pas en train de s’éloigner. Je m’attendais à des coups de feu, mais il n’y en eut aucun et, enfin, les pas disparurent, ne laissant que le grondement des moteurs diesels et le murmure de panique et de confusion dans l’air. Un frisson violent parcourut mon échine, le soulagement me coupa le souffle.

    Une main me toucha le bras et je sursautai, manquant tomber en arrière en levant les yeux pour découvrir Leon.

    — Qu’est-ce qu’il s’est passé ici ? demanda-t-il.

    Je secouai la tête et indiquai Chelsea.

    — Sortons-la d’ici.

    Il pencha la tête, mais n’argumenta pas. Avec la police sur place, les pompiers et les autres secouristes s’occupant des victimes restantes, Leon m’aida à installer Chelsea sur la civière et à la faire rouler sur le trottoir jusqu’à l’ambulance.

    Juste avant de l’atteindre, une main jaillit de la foule et saisit mon bras, me faisant presque tomber. Lorsque je récupérai l’équilibre, je me retrouvai face à face avec le compagnon désemparé de la femme que j’avais placée en niveau noir.

    — Espèce de sale fils de pute raciste, grogna-t-il. Pourquoi est-ce que tu ne l’as pas aidée ?

    Derrière lui, la femme était allongée entre deux pompiers à genoux et l’un d’eux tirait un drap sur son visage.

    — Tu l’as tuée. Tu l’as tuée, putain !

    Il essaya d’agripper mon cou, mais j’évitai sa main, la repoussant de mon coude. Deux officiers l’écartèrent de moi et je trébuchai en reculant, le fixant dans un silence stupéfait. Je sursautai quand une autre main toucha mon épaule, même si je savais avant même de regarder qu’il s’agissait de Leon.

    — Viens, dit-il. Nous devons la sortir d’ici.

    Je me retournai et le suivis près de la civière, jusqu’à l’ambulance.

    — Espèce de sale raciste ! hurla l’homme derrière moi. Je te tuerai ! Tu m’entends ? Je te tuerai, putain !

    Je jetai un regard par-dessus mon épaule, vers lui, et la haine glaciale dans son regard envoya un frisson le long de mon dos.

    Il continua à me crier dessus, me prévenant encore et encore qu’il allait me traquer et me tuer. Les officiers l’emmenèrent hors de ma vue et je reportai mon attention sur ma patiente, essayant de me concentrer sur les menaces envers sa vie plutôt qu’envers la mienne. Leon referma les portes derrière Chelsea et moi.

    Un moment plus tard, il grimpa dans la cabine. Les pneus crissèrent et nous quittâmes les lieux. Tandis que Masontown et les gyrophares disparaissaient derrière nous, je me sentais plus reconnaissant que jamais de la conduite trop rapide de Leon.

    Chapitre 2

    À l’hôpital, le personnel des urgences prit Chelsea en charge. Après leur avoir donné un bref aperçu de son état, je retins mon souffle et les regardai l’emmener. La panique enfla lentement dans ma gorge. « Non, non, reviens. » Les mots résonnaient dans mon cerveau, comme si le personnel des urgences emportait ma bouée de sauvetage hors de ma portée. Je ne devais plus m’occuper de ses blessures, mon esprit et mes mains étaient libres. Sans avoir besoin de la surveiller ou de la soigner, sans l’adrénaline de l’intervention et sans patient sous mes soins, je n’avais plus rien à quoi me raccrocher.

    Puis, les doubles portes claquèrent. Chelsea était partie. Ma bouée de sauvetage avait disparu. Le pilote automatique s’éteignit et le monde s’effondra sous moi. Je m’entendis gémir quand mes genoux se dérobèrent. Une seconde plus tard, une main contre mon épaule envoya une onde de panique dans mes veines. Je sursautai en m’écartant, trébuchant avant que quelqu’un n’agrippe mon bras.

    — Hé, hé, ça va.

    La voix de Leon me semblait à des kilomètres. Il me guida jusqu’à une chaise et je m’effondrai dessus. Je posai mes coudes sur mes genoux, laissant retomber mon visage dans mes mains tremblantes. Respirant aussi lentement et calmement que possible, je fermai les yeux et me forçai à ne pas vomir. Ou perdre connaissance. Ou les deux. Plus facile à dire qu’à faire avec le battement sourd à la base de mon crâne me rappelant à chaque coup où s’était trouvée l’arme.

    — Ça va, mec ? demanda Leon.

    — Je ne sais pas.

    Ma voix tremblait autant que mes mains.

    — Merde, je ne…

    Je déglutis difficilement, m’ordonnant de ne pas être malade. Plus j’entendais la panique dans ma voix, plus je paniquais. C’était terminé, mais dans ma tête, ça venait tout juste de commencer.

    — Respire, gamin, dit-il en serrant mon épaule. Bon Dieu, qu’est-ce qu’il s’est passé, là-bas ?

    Je frissonnai.

    — Je ne sais même pas, putain.

    Tout ce qu’il s’était passé retomba sur ma conscience comme une pluie d’éclats d’obus brûlants, imprévisibles, sans ordre ni raison. Le métal froid en contact avec ma tête. Les menaces hurlées. La nuance de bleu autour des lèvres de Chelsea. L’hystérie grandissante dans la voix de Jesse. Le flingue tremblant dans des mains qui ne disposaient pas d’un contrôle suffisant pour le maintenir stable et ne pas appuyer sur la gâchette, même accidentellement. Seconde après seconde, l’anticipation d’une balle et de l’obscurité. Plus j’essayais de donner du sens à tout ça, plus cela se transformait en un kaléidoscope écrasant de chaos et de peur. Plus je l’analysais, avec le recul, en sécurité, moins j'arrivais à croire que j’avais survécu. C’était peut-être une réaction à retardement, mais la peur me brûla les veines, aussi vive que si je me trouvais de nouveau à genoux sur la chaussée en attendant d’être exécuté.

    — Nick ?

    La voix de Leon me ramena au présent, alors que je n’aurais pas dû être en vie pour en faire l’expérience.

    Je passai une main tremblante dans mes cheveux.

    — Putain…

    Leon serra de nouveau mon épaule.

    — Écoute, reste là. Je vais aller garer l’ambulance et appeler le dispatch pour leur faire savoir que tu prends le reste de la nuit.

    Le bourreau de travail que j’étais voulut protester, mais cela ne servait à rien. Je savais aussi bien que Leon que je n’étais pas capable de prendre d’autres appels ce soir-là, donc je hochai simplement la tête et écoutai ses pas s’éloigner.

    Seul avec mes pensées, je continuai à revivre chaque seconde, encore et encore. Toute la panique et la terreur que j’avais réussi à ignorer sur le terrain revinrent, encore plus fort. Mon estomac se tordait et mes mains tremblaient, mon cœur battait la chamade tandis que chaque souvenir se rejouait, encore et encore. Encore et encore. Encore et encore.

    — Ça va ?

    J’aurais pu croire qu’il s’agissait simplement d’un passant inquiet et lui faire signe d’un geste dédaigneux, mais la voix était juste assez familière pour me faire marquer un arrêt. Je relevai les yeux, les clignant à quelques reprises, tandis que la salle tourbillonnait autour de moi.

    Après un moment, je distinguai Mark. Sous sa veste en cuir à demi fermée, il portait désormais une chemise propre à la place de celle couverte de sang qu’il avait portée sur les lieux. L’absence de sang sur ses vêtements me rendit pleinement conscient de celui qui se trouvait sur les miens. Ignorant ma chair de poule sous le tissu encore humide, je hochai lentement la tête.

    — Oui, je vais bien.

    Il pencha la tête et plissa légèrement les yeux, comme s’il arrivait à lire en moi comme dans un livre ouvert, puis il indiqua la chaise près de moi.

    — Je peux ?

    — Ouais, ouais, bien sûr.

    Il s’installa.

    — Comment va-t-elle ?

    — Elle était assez stable quand nous sommes arrivés, dis-je en me frottant le front. Le personnel des urgences devrait en savoir bientôt plus.

    — Dieu merci, dit-il en regardant dans la salle d’attente. Son mari n’est pas encore là…

    — Attendez, son mari ? Je pensais que vous étiez son mari.

    — Non, je suis son partenaire, dit-il avant de marquer une pause. Je suppose que nous n’avons pas été présentés, n’est-ce pas ?

    Il me tendit la main.

    — Inspecteur Andrew Carmichael.

    Je lui serrai la main.

    — Nick Swain.

    — Je dois dire que Macy a eu de la chance que vous débarquiez aujourd’hui.

    — Macy ?

    Il esquissa un geste d’excuse.

    — Désolé. Chelsea était son nom lors de notre opération d’infiltration. Son vrai nom est Macy. Inspecteur Macy Lombardi. Quoi qu’il en soit, elle a eu une sacrée chance que vous vous trouviez là.

    Je ne dis rien pendant un moment et fixai simplement le linoléum blanc et usé entre mes pieds. N’importe lequel d’entre nous, n’importe quel membre de mon équipe aurait pu se trouver aux côtés de Macy. Cela aurait pu être Leon. La pensée de quelqu’un de mon département se retrouvant au bout de ce flingue me serra l’estomac. J’avais déjà assisté aux funérailles de deux pompiers tués cette année. Avec un peu de malchance et un mauvais timing, un de mes amis aurait pu être le suivant. J’aurais pu être le suivant. J’aurais dû être…

    Je secouai la tête et me frottai les yeux.

    — Dites-moi que vous l’avez coffré.

    Andrew soupira.

    — J’aimerais bien, sauf que je n’ai pas pour habitude de mentir.

    — Putain, marmonnai-je.

    — J’ai essayé, dit-il en riant amèrement. Je suppose que je suis trop vieux pour poursuivre les suspects désormais.

    Il ne dit rien d’autre pendant un moment, avant de continuer.

    — Je dois être honnête avec vous, Nick. Je fais cela depuis longtemps, j’ai vu beaucoup de choses complètement folles là-bas. Je n’avais jamais vu quelqu’un faire ce que vous avez fait aujourd’hui. Surtout pas en gardant la tête froide.

    — Vous avez gardé une sacrée tête froide, vous aussi.

    — Ouais, dit-il en me lançant un autre coup d’œil. Mais je n’avais pas une arme contre la mienne.

    J’essayai de hausser les épaules comme s’il ne s’agissait pas de grand-chose, mais cela ressemblait plutôt à un frisson.

    — Vous êtes sûr d’aller bien ? demanda-t-il.

    — Ça ira. C’était juste une horrible journée.

    Même s’il n’avait pas l’air complètement convaincu, il n’insista pas.

    — Bien, dit-il simplement.

    Je mordillai ma lèvre.

    — Alors, qui était-ce ?

    — Il s’appelle Jesse Kendall.

    — J’ai eu l’impression qu’il ne s’agissait pas d’un individu très stable.

    Andrew se mit à rire en toussotant.

    — Oui, on peut dire ça.

    Le souvenir de l’arme s’agitant contre ma peau me fit frissonner de nouveau.

    — Instable à quel point ?

    — Il n’y a pas à dire, Jesse est un connard complètement barré, dit Andrew en soupirant. Quand il est shooté, c’est un fils de pute paranoïaque et délirant. Quand il est lucide, c’est un putain de génie paranoïaque et délirant. Je ne pense pas qu’ils aient déjà inventé un système de sécurité qui puisse l’empêcher d’entrer et si cela n’avait pas bousillé ma couverture plus tôt, j’aurais pu l’arrêter une bonne douzaine de fois rien que pour l’avoir vu cambrioler des voitures.

    — Vous savez pourquoi il voulait me tuer ?

    — Je ne pense pas que c’était le cas.

    Je regardai Andrew.

    — Donc, le pistolet contre ma tête c’était…?

    Il passa une main dans ses cheveux noirs et soupira.

    — Écoutez, Jesse est accro à la cocaïne. Comme je l’ai dit, il est paranoïaque. Il délire, dit Andrew en marquant une pause. Et il est plus qu’obsédé par Macy.

    — Rien de tout ça ne m’aide à me sentir mieux.

    — Le truc, c’est qu’il pensait que vous faisiez du mal à Macy. Il pensait, dans son esprit tordu et shooté à la cocaïne, qu’il la protégeait.

    — Est-ce que vous pensez qu’il aurait vraiment pu me tuer ?

    Ce fut au tour d’Andrew de regarder par terre et son silence fit courir des scorpions invisibles le long de ma colonne vertébrale.

    — Putain de merde.

    Je fermai les yeux. Sans réfléchir, je massai ma nuque, dirigeant immédiatement mon attention vers l’endroit où Jesse avait posé le pistolet. Frissonnant, je déplaçai mes mains jusqu’à mes tempes et essayai de ne pas vomir.

    — Vous êtes sûr que ça va aller ?

    Pour une raison que je n’arrivais pas à comprendre, je m’attendais presque à ce qu’il pose la main sur mon épaule comme Leon l’avait fait. Pour des raisons que je pouvais complètement comprendre, je me surpris à espérer qu’il le fasse. Bon Dieu, Nick, tu ne connais même pas ce type. Cela n’avait rien à voir avec Andrew. J’avais besoin de soulager une certaine tension, de décompresser après tout ce qu’il venait de se passer et, que ce soit sain ou pas, je connaissais une façon presque infaillible de le faire.

    Andrew était le corps chaud le plus proche. Et sacrément sexy, par ailleurs. Début de quarantaine, peut-être, et sacrément baraqué. Oui, vraiment beau.

    Beau, mais marié d’après l’alliance à son doigt. Et hétérosexuel. Sans parler du fait qu’il s’agissait d’un parfait inconnu.

    — Nick ?

    Je relevai les yeux.

    — Pardon, quoi ?

    — J’ai demandé si vous vouliez une tasse de café.

    — Non, non, merci.

    Je tremblais déjà assez sans ajouter de la caféine à l’équation.

    — Je vais aller en chercher un. Je reviens tout de suite.

    Après qu’il fut parti, en emportant mon souffle avec lui (bon Dieu, Nick, arrête !), je fermai les yeux et continuai à me masser les tempes. J’essayai de ne pas penser à Jesse. Ou à Andrew. Ou à la sensation désagréable qui s’enroulait dans mes tripes. Ou à Andrew.

    En surface, cela pouvait paraître plutôt grossier et insensible de me sentir excité après avoir passé un mauvais quart d’heure, mais pas tant que ça. Ce n’était pas la souffrance ni le chaos et le stress qui m’excitaient. J’avais juste besoin de quelque chose pour me sortir tout ça de l’esprit et baiser toute la nuit me semblait bien plus sain que de boire jusqu’à ce que je ne ressente plus rien.

    Tout le monde, dans ce boulot, avait besoin d’un exutoire. Ils prêchaient et prêchaient pour que nous trouvions des dérivatifs sains qui n’impliquaient ni substances illicites ni douleur, mais même ceux qui prêchaient avaient leurs propres vices. Certains de ces types buvaient. Certains fumaient à la chaîne. D’autres conduisaient simplement trop vite. Je baisais. Je savais que je n’étais pas le seul, pas après que deux femmes de pompiers eurent donné naissance à des bébés, presque exactement neuf mois après que nous eûmes répondu à un appel pour un autobus scolaire renversé.

    Dommage que mon ex ait déménagé il y a quelques semaines. Même si les effets du stress de mon travail avaient fini par nous éloigner l’un de l’autre, David aurait été le premier à admettre que le stress était en partie ce qui nous avait fait tenir aussi longtemps ensemble. Les meilleures parties de jambes en l’air que nous avions partagées étaient toujours celles qui venaient à mon retour d’une journée particulièrement stressante. Après une nuit comme celle-ci, le sexe serait probablement…

    — Tu vas bien ?

    Cette fois, c’était la voix de Leon.

    Je relevai les yeux.

    — Ouais. Ça ira.

    Un jour.

    — Le chef dit que tu peux prendre le reste de la soirée. Il t’appellera probablement demain, par contre.

    — Je n’en ai aucun doute.

    — Il a aussi dit que tu devais attendre ici, jusqu’à ce que des officiers viennent te poser des questions sur ce qu’il s’est passé. Ils sont en chemin.

    Je gémis. Dans ce travail, j’étais clairement habitué au flux interminable de documents, de déclarations, de signatures, et de conneries du style « appuyez fort, ça fera cinq copies ». Ce soir, par contre, j’avais juste envie de rentrer chez moi. Il y avait du sang sur mon uniforme dont je voulais m’éloigner dès que possible et des images dans mon esprit que j’avais besoin de noyer dans un verre ou sept de Crown Royal. La dernière chose dont j’avais envie, c’était de rester ici et de ressasser tous les

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