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Le zodiaque initiatique: De l’Égypte ancienne aux Évangiles
Le zodiaque initiatique: De l’Égypte ancienne aux Évangiles
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Livre électronique359 pages5 heures

Le zodiaque initiatique: De l’Égypte ancienne aux Évangiles

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À propos de ce livre électronique

Et si le secret du processus initiatique était caché au coeur du zodiaque ?

L'alchimie et l'astrologie sont soeurs au sein de l'hermétisme pour "accomplir les prodiges issus d'une cause unique" : la transmutation spirituelle de l'être. Tel est le but de l'enseignement des prêtres initiés de l'ancienne Égypte.

C'est pourquoi les opérations alchimiques ainsi que les signes astrologiques qui leur sont associés correspondent à de multiples transformations ou "kheperou". Celles-ci suivent la logique de progression du zodiaque, dont certains temples égyptiens sont ornés. Temples au sein desquels l'Osiris en chacun de nous peut être amené à "sortir au jour" pour sa résurrection !

La reconnaissance de la dynamique du zodiaque passe par la considération des stades en psychologie du développement et de l'approche psychanalytique de l'alchimie par les jungiens. Cette dernière appelle à dépasser la simple identification au Moi pour se tourner vers la conscience véritable du Soi. C'est également ici le chemin qui fait du profane un initié accompli.

La "Passion d'Osiris" ouvre tout naturellement aussi la porte à la tradition christique par la mise en résonance des paraboles avec la problématique propre à chaque signe du zodiaque. Si la Jérusalem céleste a douze fondements et si Jésus est entouré de douze apôtres, douze prêtres ne portent-ils pas la barque d'Amon-Rê dans le Temple de Karnak ?


À PROPOS DE L'AUTEUR


Olivier Sarena, né en 1976, a débuté son parcours en astrologie en 1997 au sein de l’association AGAPE et son parcours en philosophie en 2000 à la Sorbonne. Sa rencontre avec les symboles alchimiques et la théorie psychanalytique jungienne l’a conduit à approfondir son approche de l’astrologie dans une démarche se démarquant de ses pairs. Il nourrit son travail de son intérêt pour la voie initiatique et les sociétés qui s’y rapportent.

LangueFrançais
ÉditeurPublishroom
Date de sortie19 mars 2021
ISBN9791023616378
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    Aperçu du livre

    Le zodiaque initiatique - Olivier Sarena

    INTRODUCTION

    « Cherchez et vous trouverez » (Lc 11, 10). L’acte le plus difficile et le plus nécessaire en spiritualité, c’est de chercher. Celui qui s’arrête à de fausses certitudes, à des opinions, à des demi-vérités, à des dogmes, et qui, plus généralement, laisse les autres chercher pour lui, se coupe de la solution. Car ici nous ne sommes pas en mathématiques. Le fait de chercher fait partie de la solution, la transformation intérieure que cela réalise est la solution. Dans ce domaine, on ne peut voir que ce que l’on est préparé à voir. Les vérités se révèlent à un être prêt à les recevoir de façon intime. Un être qui s’est transformé au fil de ses recherches, des expériences ancrées dans son cœur, son esprit et son âme. Transformation, voilà bien le mot qui caractérise la spiritualité. La connaissance transforme tout autant que la transformation de l’âme permet l’accès à cette connaissance. Voilà une des raisons pour lesquelles la transmission a toujours été orale. De quelqu’un qui a fait un peu de chemin à celui qui commence à cheminer. L’idée se laisse voir dans ce qui se dégage du maître, de son vécu, de sa chair et de son sang. L’idée est incarnée. Il y met tout son cœur. Les enseignements initiatiques sembleraient surtout n’être mis à l’écrit qu’à partir du moment où la continuité de la tradition orale est menacée. Mais cet écrit ne suffit pas pour délivrer le sens profond de l’enseignement, caché pour ceux qui ne sont pas préparés, initiés. Si l’on songe à cela, on peut comprendre le contexte de la rédaction des Évangiles, dans une tradition qui a plutôt été orale dès l’origine, si l’on veut bien admettre, pour l’instant, qu’il y a une dimension initiatique dans le christianisme primitif.

    C’est pourquoi, si j’écris, il ne faut pas se laisser piéger par les détails et les mots. Ce sont des images que chacun doit s’approprier. Chacun a un chemin propre et chacun fera ses propres découvertes. Ce livre vise à donner un plan d’ensemble, essentiel pour se repérer dans les transformations (kheperou en égyptien) que doit vivre tout homme ou femme qui se destine à la réalisation de soi-même. Il est donc très loin d’être suffisant. Son but est de remettre en perspective ce que vous avez peut-être déjà appris ou allez apprendre. Que cela vous fournisse une lumière nouvelle. Il ne s’agit pas d’un cours magistral dont les éléments seraient incontestables. L’ouvrage constitue une série d’hypothèses structurées et liées à un chemin individuel. L’ensemble de la théorie est perfectible, car elle se veut une expression synthétique du processus spirituel, c’est-à-dire du développement de l’esprit, en se fondant sur un certain nombre de doctrines et de courants qui semblent converger.

    Ce livre répond à une exigence. Retrouver de la cohérence dans un monde spirituel qui veut se développer en dehors d’elle, sans réelle unité. L’astrologie n’a aucune base solide. Le christianisme se perd dans un culte du sauveur. « Pourquoi m’appelles-tu bon ? Il n’y a de bon que Dieu seul. » (Lc 18, 19) nous rappelle-t-il. L’Égypte, cette Atlantide de la spiritualité, a disparu sous les flots des armées étrangères et avec elle toute son imposante tradition spirituelle, enfermée dans l’accusation de polythéisme. Surtout, l’initiation, qui était son moyen de transmettre la science, est devenue totalement obscure aujourd’hui pour nous, même s’il semble que nous en retrouvions des traces contemporaines, notamment dans la franc-maçonnerie. Et celle qui garde tous ses mystères, l’alchimie, est synonyme d’une complexité sans nom, elle qui, pourtant, doit, étant donné son origine égyptienne, avoir des liens avec l’initiation.

    Longtemps, l’Église romaine s’est opposée aux alchimistes, qui enrichissaient pourtant ses symboles. C’est cette opposition entre les alchimistes et les autorités chrétiennes que ce livre entend fragiliser par un retour aux sources. Nous souhaitons que la dimension initiatique et alchimique des Évangiles soit plus approfondie. Au-delà donc de la lecture littérale et partielle de ces textes qui permet tout de même de s’imprégner de la dimension d’amour, sans pouvoir vraiment s’y ouvrir totalement, faute d’un esprit préparé, il y a une lecture initiatique qui doit permettre, quant à elle, pour les plus audacieux, de rendre présent cet Amour de Dieu sur terre, dans notre vie. L’or est le symbole de cette éternité manifestée. Si Dieu aime en effet tous les hommes, les bienfaits de cet Amour ne peuvent être reçus directement que par ceux qui ont rénové leur « outre » (voir Mt 9, 17), leur âme, pour accueillir leur esprit. Malheureusement, Dieu ne peut donner à celui qui persiste à s’attacher à la vieille outre qu’est son esprit moralisateur et égocentré. Celle-ci peut recevoir plus ou moins bien l’amour de son prochain, mais en aucun cas l’Amour divin, qui la briserait, qui se présenterait pour elle sous la forme d’événements profondément déstabilisants, puisque contraires à ce que son ego attend pour le contenter. « Si tu ne veilles pas, je viendrai comme un voleur » (Ap 3, 3) peut ainsi se traduire par « si tu n’as pas le souci de l’éveil, si tu n’es pas en recherche du royaume, je serai pour toi un voleur. » Tu auras le sentiment que je veux te prendre quelque chose… Tes intérêts immédiats. Car ce que je te donne tu n’es pas encore capable de le recevoir. L’homme désireux de se lier intimement à Dieu doit ainsi procéder au travail de rénovation de sa vie et de son âme. C’est à cela qu’appelle le message de Jésus et c’est à cela que ce livre invite ceux qui en ressentent la nécessité. Ainsi, seuls ceux qui peuvent entendre, par vocation, sauront recevoir avec justesse cet enseignement, qui consiste à encourager un éveil du germe divin et sa croissance chez celui qui l’écoute, tandis que les autres persisteront à vouloir y trouver un sens moral de punition des injustes et de rétribution des justes, qui est présent jusque dans les interprétations au sein des Évangiles.

    L’alchimie dont il est ici question n’est en aucun cas l’alchimie opérative, qui a pour but la transmutation des métaux, mais bien l’alchimie spirituelle, chemin initiatique de la transformation intérieure, du développement de l’esprit. S’il semble que l’alchimie spirituelle tienne ses symboles et opérations de l’alchimie opérative, on ne peut poser un rapprochement total entre ces deux aspects, qui sont pourtant pour beaucoup d’alchimistes inséparables. Pour Christian Jacq, l’alchimie est « la transmutation de l’individu profane et sa divinisation². » L’alchimie est l’art des disciples de Thot, le dieu égyptien médecin-magicien, Hermès pour les Grecs. Le terme Kêmi, signifie en effet la « Terre noire », c’est-à-dire l’Égypte. C’est donc un art d’origine égyptienne et qui est égyptien dans sa conception, puisque, pour un Égyptien, ce qui se passe dans la nature est une image de ce qui est en haut, dans le monde spirituel des principes. Voilà pourquoi il est essentiel d’étudier ici la spiritualité égyptienne et ce qu’elle peut révéler de la voie initiatique. La résurrection, thème lié au mythe d’Osiris, est en quelque sorte l’un des buts de l’alchimie. Qui est guéri par la voie alchimique, qui « ressuscite », « retrouve la vie et la vue », peut à son tour être jugé digne de guérir autrui, tout comme Jésus, « délivré de Satan » après quarante jours symboliques dans le désert, professa l’art de la guérison et de la résurrection. L’hermétisme, qui inclue l’alchimie, s’est développé vers le iiie siècle av. J.-C. dans la région d’Alexandrie. L’influence de cette doctrine semble avoir touché les premiers chrétiens.

    L’alchimie propose une purification du corps, c’est-à-dire des schémas de vie (nigredo, œuvre au noir), une mort au profane, qui sera suivie d’une spiritualisation de l’âme (albedo, œuvre au blanc) avant l’intégration de la lumière spirituelle dans la vie concrète de l’initié (rubedo, œuvre au rouge), qui aboutira à une profonde régénération (viriditas, œuvre au vert). Nous devons transmuter notre « plomb », notre façon première d’être dans le monde qui nous alourdit, nos « métaux vils », nos désirs déviants issus du mental, en « or », c’est-à-dire le degré le plus élaboré de notre être, son « accomplissement », le reflet le plus parfait de notre être profond. Nous devons intégrer tous les métaux en nous. Ils représentent les étapes du processus, nos différentes mues. C’est ce qui est figuré par les signes du zodiaque. C’est pourquoi nous étudierons ce que représente pour nous chaque signe, en tant qu’il a une utilité dans la voie initiatique. Il convient, en intégrant la réalité du signe, le désir représenté par le signe, de ne plus y être identifié et ainsi de se « dévêtir » d’une peau qui recouvre la réalité profonde. « Chaque changement d’état n’est qu’une épuration, un dévêtement successif des formes de transition accumulés sur Terre et qui obscurcissent [la] vision de la réalité lumineuse³. » Le zodiaque n’est donc pas premièrement ici un outil de divination, mais bien un instrument de l’initiation.

    Dans ce livre, on peut donc découvrir une façon de lier l’astrologie, l’alchimie, le christianisme, la psychanalyse jungienne et la culture religieuse égyptienne. On peut parler de « synthèse ». L’astrologie n’est pas vue ici comme la science des influences astrales, mais comme une science des symboles qui permet de connaître les différentes facettes du rapport entre l’homme et son Soi, le divin en lui. Le christianisme n’est pas l’adoration du Fils de Dieu, mais la recherche du Royaume des Cieux en soi selon les mots mêmes de Jésus. Dans tout cela, l’alchimie est la science des transformations qui mène, par un chemin déterminé, d’un état d’extériorité par rapport au Soi (l’idéal), qui constitue un « lourd fardeau », le mental, le plomb, à un état d’union à celui-ci qui rend le « fardeau léger » (Mt 11, 30), l’or (la réalisation), la présence à soi. Être loin du Soi, c’est, comme Osiris, être comme mort, happé par sa condition d’animal humain, être le jouet de la multiplicité, être décomposé. Être près du Soi, c’est, comme le fils prodigue de la parabole, retrouver la vie. Si l’alchimiste y voit l’or et la pierre philosophale (le minéral étant le règne le plus bas pour nous, mais inversement le symbole de l’éternité des divinités égyptiennes de par sa fixité), le chrétien y trouve le Royaume des Cieux. Ces deux démarches se valent. La première exprime symboliquement le sens de la deuxième. Dans les deux cas, le but est l’éternité, l’incorruptibilité, qui caractérise l’or.

    Nous allons étudier la pensée à la base de l’alchimie, la pensée initiatique égyptienne, en mettant en perspective les liens qui semblent exister entre celle-ci et la pensée chrétienne telle qu’elle apparaît dans les symboles de l’Apocalypse de saint Jean. Cela nécessite un exposé sur les symboles égyptiens. Il apparaîtra alors que l’astrologie est une composante importante de la pensée initiatique, si l’on considère un zodiaque qui prend ses racines dans le signe du Cancer et progresse en sens inverse du zodiaque habituel. En faisant le tour du zodiaque sous l’angle psychologique, nous verrons que le message des Évangiles chrétiens a une forte connexion avec celui-ci et que la transmutation de l’énergie d’un signe peut être associée à une leçon des Évangiles. Chaque signe astrologique apparaît en effet comme « transmutation d’un désir » à laquelle appelle le message initiatique de Jésus. Qui dit initiation dit étapes. L’alchimie peut ainsi s’envisager sous l’angle des opérations, chacune d’elles trouvant un écho dans le zodiaque et les récits mythiques, légendaires, ou les simples œuvres de fiction héroïque. Ayant accompli ce parcours transdisciplinaire, le lecteur sera à même de construire ses propres représentations dans ces différents domaines. Faire chemin vers soi, c’est faire preuve d’initiative, dans un univers borné par les auteurs emblématiques de l’antiquité et du temps présent. On ne fait pas chemin seul. Mais on ne se laisse pas pour autant limiter dans sa conquête intérieure. Car personne n’a la solution pour vous, mais chacun peut la mettre en lumière.

    « Cherchez cette Pierre en vous-mêmes et vous la trouverez ; demandez la Lumière en la sincérité profonde de votre cœur et vous la recevrez⁴ »

    « Le royaume de Dieu ne vient pas de manière à frapper les regards. On ne dira point : Il est ici, ou : Il est là. Car voici, le royaume de Dieu est [en] vous. »

    (Lc 17, 20-21)


    2 Christian Jacq, Pouvoir et sagesse selon l’Égypte ancienne, Paris, Xo, 2003, p. 104.

    3 Isha Schwaller de Lubicz, Her-Bak Disciple, Paris, Champs-Flammarion, 1956, p. 300.

    4 Oswald Wirth, Le Symbolisme hermétique dans ses rapports avec l’alchimie et la franc-maçonnerie, Paris, Dervy, 2012, p. 120.

    PREMIÈRE PARTIE

    LE ZODIAQUE DANS LES INITIATIONS ÉGYPTIENNE ET CHRÉTIENNE

    Chapitre 1

    L’UNION AU KA,

    L’UNION AU SOI

    L’âme égyptienne

    L’initié égyptien partait du principe que le phénomène de la mort physique n’était qu’une métamorphose de la conscience. Pour lui, l’âme, après avoir franchi le « Seuil », parcourait les étapes successives d’une évolution « normale⁵ ».

    […] Les Égyptiens estimaient que, en naissant sur terre, l’homme mourrait pour le monde de l’Au-delà ; ses potentialités surhumaines subissaient une éclipse. La mort terrestre n’était, par contre, qu’une nouvelle « naissance », une renaissance dans l’esprit, un rajeunissement du moi profond. Le défunt devenait un « nouveau-né⁶ ».

    On retrouve cette notion égyptienne dans la citation de Jésus : « Laisse les morts ensevelir leurs morts » (Lc 9, 60). Ainsi, si l’homme meurt à la naissance, le sens de l’existence, dans la perspective de la Vie éternelle, peut alors se définir comme l’action animée par le désir de la reconquête de sa Vie perdue. Une recherche de sa part divine, celle qui était avant sa naissance. Qu’y a-t-il donc à retrouver de son vivant ? Quel est le travail à réaliser ?

    Pour répondre à ces questions, il faut tout d’abord bien avoir en tête la conception de l’âme des Égyptiens, telle qu’elle est décrite par Isha Schwaller de Lubicz. Cela nous permettra de la comparer avec celle de la psychanalyse jungienne. Pour les Égyptiens, l’âme humaine était composée de plusieurs instances. Nous ne citerons ici que celles qui nous intéressent pour la suite de l’ouvrage.

    Le symbole du Ka

    Figure 1

    Tout d’abord le Ka, « principe spirituel de fixité […] porteur de tous les pouvoirs de manifestation⁷ » ou souffle divin, principe vital, qui fixe l’âme en lui donnant son caractère individuel (le dieu Khnoum modèle le Ka de l’homme sur son tour de potier). Il est associé au Soufre alchimique (qui est parfois un Soleil dans les représentations alchimiques), car celui-ci possède également ces propriétés. Il y a un Ka supérieur et un Ka inférieur. Le Ka inférieur est l’expression des kaou (pluriel de Ka) organiques, des principes vitaux des organes. Le Ka supérieur, quant à lui, est son principe de vie supérieur, le double spirituel de la personne, et il l’appelle à surpasser son Ka inférieur (y compris la personnalité psychologique). Celui qui cultive l’affinité avec son Ka supérieur passe donc de préoccupations instinctives à des buts spirituels, expressions de ce Ka. Le Ka supérieur est un rayon de la Maât, l’ordre spirituel. Il exprime donc en l’homme l’ordre cosmique, dont il est une partie. Maât étant la fille de Rê, le dieu solaire unique, elle est directement liée à l’Unité supérieure. Se lier à son Ka, c’est ainsi amener son être vers sa destination supérieure, son unicité, en le détournant de ses recherches terrestres. Selon Jean-Louis Bernard, certains hommes ressentent comme nécessaire la possession de leur Ka supérieur, mais ils le projettent sur un autre être, une amante ou un gourou, et lui trouvent toutes les qualités qu’eux-mêmes devraient rechercher dans leur Ka. De fait, ce Ka générera les voyages et rencontres nécessaires au développement spirituel⁸. Ils sont l’objectivation d’éléments de notre âme que nous ne pourrions vivre sans eux⁹. On peut donc dire que c’est le Ka qui imprime la marche du chemin du postulant à l’initiation spirituelle. Il est un « appétit », celui de la réalisation, la soif d’unité. La volonté de retrouver son intégrité perdue. La source du Désir supérieur.

    On ne peut définir l’autre partie de l’âme, Ba, que par opposition au Ka. Les penser séparément l’un de l’autre, c’est prendre beaucoup de liberté avec la réalité. Si le Ka fixe l’âme, Ba est au contraire la partie mobile de l’âme, représentée par un oiseau à tête humaine. Il est le souffle animateur, la part impersonnelle, et pourtant attachée à l’individu, qui est fixée, individualisée, par le Ka. C’est l’âme en perpétuelle transformation. Il est ainsi identifiée au Mercure alchimique, énergie des transformations, qui peut avoir pour symbole la Lune.

    Le Moi-Inek est l’instance psychique qui veut assurer la survie du corps et qui, à ce titre, monopolise à son avantage les qualités du Ka supérieur de la personne. Il en est le pâle reflet. Ce comportement constitue un obstacle à l’identification au Ka et, en ce sens, s’il n’est pas dépassé, il ne permet ni dans cette vie ni dans la Douat, l’au-delà des Égyptiens, sa possession consciente.

    L’union au Ka supérieur permet d’assurer une certaine immortalité au défunt. On peut voir une représentation de ce fait dans la statue de Ka de Khéphren (fig. 2), qui vise à assurer la survie de son Ka après sa mort, en tant qu’une image du corps est réputée nécessaire pour maintenir l’intégrité de la mémoire du défunt. Le rôle de protection que joue le Ka dans la pensée égyptienne est ici souligné. Ce Ka sous la forme d’un faucon, ou Horus, se trouve sur la nuque, le lieu du Ka, et fait le geste du Ka (fig. 1). Par ailleurs, Pharaon revêt un « nom de Ka », qui représente son être pleinement manifesté, par opposition à son nom de naissance, qui symbolise son être premier.

    Statue de Ka de Khéphren, musée égyptien du Caire

    Figure 2

    L’âme selon Carl Gustav Jung et les Évangiles

    Cette vision égyptienne trouve un parallèle chez Carl Gustav Jung¹⁰. Selon lui, nous pouvons citer trois composantes essentielles de l’âme humaine. Le Moi, qui est le maître apparent du conscient, l’Inconscient et le Soi, qui est la totalité du psychisme humain et son centre, une notion non prouvée, mais une hypothèse nécessaire. « L’idée du Soi est déjà en elle-même un postulat transcendant, psychologiquement légitimé, mais qui échappe à toute tentative de preuve scientifique¹¹. » Le rapport entre le Moi et le Soi, « das Ich und das Selbst », est du domaine de la « sensation ». Le Soi se fait connaître par le moyen des rêves, par de nombreux symboles qui l’évoquent. Le Ka peut être assimilé au Soi et le Moi-Inek au Moi lorsqu’il oriente l’être vers la défense de schémas contraires au Soi. C’est du moins l’optique que nous prendrons dans ce livre. Notons que dans la tradition chrétienne, le Soi est appelé Christ, comme l’a énoncé Jung dans Aïon, Études sur la phénoménologie du Soi¹². Ainsi, nous pouvons nommer le « maître intérieur » Soi ou Christ, comme Jésus le fait lui-même (voir Mt 23, 10). Le Soi est ici la part spirituelle de l’homme, son centre occulte, son unité. Le Moi, lui, est le centre de la partie consciente de l’âme, qui est liée à l’instinct de survie. Il est la force dont on peut dire que le Soi divin, Dieu, lui a « confié » l’âme, lui qui est étranger au monde temporel. Dans la parabole de Jésus (Mt 21, 33-46), le maître de la vigne a confié le travail à des serviteurs qui refusent de donner le fruit de la vigne et s’en prennent au fils du maître, l’héritier de la vigne. Tel est le comportement du Moi qui rejette les messages de l’Inconscient venant du Soi personnel, le « Fils de Dieu », fils de l’Unique, le « Fils Unique » (possédant l’unicité). Le Fils et le Père sont Un, car le Soi personnel et le Soi divin sont deux aspects d’un même Soi en l’Homme, le Dieu en lui. Ainsi, en paraphrasant Jean, chapitre 1, verset 1, « au commencement était le Soi, et le Soi était auprès de Dieu, et le Soi était dieu¹³. » Le Soi personnel est l’expression personnelle de l’unité divine, ou Soi divin,

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