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Le Bleu et le Blanc: Ou un Amour Impérieux pour Mlle de…
Le Bleu et le Blanc: Ou un Amour Impérieux pour Mlle de…
Le Bleu et le Blanc: Ou un Amour Impérieux pour Mlle de…
Livre électronique314 pages3 heures

Le Bleu et le Blanc: Ou un Amour Impérieux pour Mlle de…

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À propos de ce livre électronique

Le roman Le Bleu et le Blanc Ou un Amour Impérieux pour Mlle de… conte les passions tumultueuses et contrariées du Prince Cyril devenu, dans les années 1990, jeune Empereur Austro-Hongrois, personnage fascinant et déterminé ainsi que de la troublante Bérénice devenue actrice française de renommée internationale.
Ce titre est le second volet du roman Du Blanc pour Mlle de… Ou un Amour impérial dans lequel on assiste aux premiers émois du jeune prince que Cyril était alors et de Bérénice une toute jeune adulte de l’aristocratie française.
Dans Le Bleu et le Blanc, sept années se sont écoulées, sans que Cyril ne puisse oublier cet amour passionné. Il décide alors de respecter son engagement : l’épouser. Or, Bérénice n’est plus dans les mêmes dispositions qu’autrefois. Sa haine pour l’Empereur lui cache les sentiments qu’elle voue et a toujours voués à Cyril.
Lady Sharon Chase ne laisse aucun moment de répit à ses lecteurs ; ils sont entraînés dans un tourbillon de sensualité…
Ceux qui aiment les grands sentiments et les amours capricieuses seront comblés.
Dans ce second volet, Lady Sharon Chase a ajouté deux chapitres inédits extraits du roman intitulé Du Blanc pour Mlle de… premier volet, qui paradoxalement paraîtra plus tard.
LangueFrançais
Date de sortie20 juin 2017
ISBN9791029007101
Le Bleu et le Blanc: Ou un Amour Impérieux pour Mlle de…

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    Le Bleu et le Blanc - Sharon Chase

    cover.jpg

    Le Bleu et le Blanc

    Lady Sharon Chase

    Le Bleu et le Blanc

    Ou un Amour Impérieux pour Mlle de…

    Les Éditions Chapitre.com

    123, boulevard de Grenelle 75015 Paris

    Du même auteur

    La Duchesse Blanche, Les Éditions Chapitre. com, 2015

    Droits d’auteur © 2017 Lady Sharon Chase

    Tous droits réservés

    © Photo de couverture 2017 Sylvie Missonger

    © Les Éditions Chapitre.com, 2017

    ISBN : 979-10-290-0710-1

    Avant-propos

    Si la guerre n’avait éclaté le vingt-huit juin 1914, provoquée par l’assassinat, à Sarayevo, de l’Archiduc François-Ferdinand de Habsbourg, héritier du trône d’Autriche ;

    Sans la chute de l’Empire Austro-Hongrois si cher à François-Joseph,

    Sans la mort du Prince Héritier Rodolphe, fils de François-Joseph et d’Elisabeth dite Sissi,

    Nous aurions pu imaginer une descendance à ce trône, et croire à l’existence d’une famille impériale aimée de son peuple fidèle, à une impératrice du vingtième siècle, et par conséquent à cet empereur de vingt-sept ans que l’auteur dépeint dans ce livre.

    Dans ce cas, l’Autriche en eut gardé le prestige aux yeux du monde comme le signifie si bien cette locution latine : « Austriae est imperare orbi universo ».

    Quelle fierté de demeurer l’une des plus anciennes dynasties impériales et royales de ce monde moderne !

    Par ce texte, l’auteur rétablit cette monarchie, et fait survivre cette dynastie représentée par Cyril, jeune homme au charme autrichien qui porte en lui l’apanage de ce beau pays aux populations diverses : croate, slovène, serbe, bohème, morave… qui firent partie, en leur temps, de l’Empire Austro-Hongrois.

    Quel put être l’un des chemins de vie de cet empereur, dans les années 1980-1990, si la République Autrichienne n’avait été proclamée le douze novembre 1918 ?

    Le roman Le Bleu et le Blanc Ou un Amour Impérieux pour Mlle de… est le second volet du roman intitulé Du Blanc pour Mlle de… Ou un Amour Impérial, premier volet, à paraître bientôt… sur la vie de ce jeune prince qui devient empereur.

    Les personnages et les situations de ce roman étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes et des situations existantes ou ayant existé, ne serait ou ne saurait être que coïncidence fortuite et indépendante de la volonté de l’auteur.

    À David et à sa mère pour m’avoir inspiré cette histoire,

    À mes proches qui m’ont encouragée, et aidée à réaliser ce roman,

    À mon médecin,

    Merci…

    « L’amour est la plus naturelle et la plus violente de toutes les passions ;

    Elle peut, selon le caractère de celui qui en éprouve les atteintes,

    Mener aux plus grandes choses comme aux plus horribles ;

    Elle se compose comme toutes les autres passions, de peines et de jouissances,

    Mais dans un cœur qui sait la régler, ces dernières l’emporteront toujours. »

    Hyppolite de Livry Pensées et réflexions (1808)

    I

    Le jour où son cœur se réveillerait

    Cette belle femme élégante et gracieuse qui entre, d’un pas énergique, dans le bureau de la Hofburg, est la mère de l’Empereur d’Autriche, Roi de Hongrie.

    « Vous avez besoin de moi, mon fils ? demande-t-elle quelque peu inquiète devant la gravité du jeune homme.

    – Oui, mère. Je n’ai pas mis le nez dehors depuis l’aube. Une seule idée m’obsède et me conduit à prendre une décision capitale pour l’Empire. »

    L’impératrice note le trouble inhabituel de son fils ; celui-ci tranche avec sa sérénité coutumière. L’empereur marche de long en large, les deux poings serrés dans le dos quand ses mains ne ponctuent pas ses paroles de grands mouvements. Une telle nervosité intrigue Katharina, car son fils n’est guère expansif et même la conduite des plus délicates affaires de l’État n’altère pas son équanimité tout autrichienne. Faut-il donc que cette décision lui tienne à cœur ! Il s’immobilise devant l’une des grandes fenêtres donnant sur le parc. Campée au milieu de la pièce, la souveraine attend qu’il se décide à parler.

    « Maman, je pars, ce soir, pour la France, annonce-t-il enfin, sans se retourner.

    – Pourquoi, maintenant ? »

    Son intuition ne l’a pas trompée. Elle a souvent songé à ce qu’il adviendrait le jour où ses sentiments se réveilleraient. Cyril n’a pas oublié.

    « Je dois honorer mon serment, se contente-t-il de répondre.

    – S’agit-il seulement de respecter un engagement ? »

    La mère de cet enfant devenu un homme, parvenu maître de plusieurs nations, se montre désireuse de l’entendre confesser sa faiblesse. Ces dures années de labeur et de conflits intérieurs n’ont pas affecté sa sensibilité. Il paraît encore capable d’aimer… se dit-elle.

    « Son visage me hante, maman. Le passé me harcèle. Son absence me devient chaque jour plus insupportable. Je chéris tout d’elle : sa beauté, sa voix, ses cheveux, ses yeux, son sourire, son parfum, ses caprices, ses colères, sa joie de vivre, sa douceur, sa tendresse : j’ai envie d’elle. Sept ans interminables n’ont fait qu’exacerber son souvenir. Je l’aime plus que je n’aurais imaginé. Au réveil, je pense à elle. Pendant le jour, quelles que constituent mes occupations du moment, mes pensées reviennent vers elle. Pas une heure ne s’écoule sans qu’un regard, un geste ou une parole n’évoque son souvenir. Et le soir, son image s’impose à moi avec plus de violence que la veille. Le sommeil semble le seul remède à mon chagrin, car je rêve d’elle avec délice. Mais elle disparaît au réveil, et, aussitôt, je recommence à la chercher… »

    L’aveu de son affliction bouleverse l’impératrice mère qui n’en laisse cependant rien paraître. Le feu qui brûle, qui consume Cyril s’avère dangereux. Saura-t-il le maîtriser ? Par ailleurs, il n’est pas sûr que la femme inspiratrice d’une telle passion chez un être trouve la félicité avec cette même unité.

    « Mère, je me suis plié à toutes les obligations qu’entraînent mon rang et ma charge. Je me suis donné sans compter aux affaires de l’État, pour lui assurer bonheur et prospérité. Aujourd’hui, je dois penser à moi, quoique en pensant à moi, je ne cesse de songer à l’Autriche. Car en prenant épouse, j’offre une souveraine à mon pays.

    – Pourquoi avoir attendu toutes ces années ?

    – J’ai d’abord cru pouvoir oublier, en m’investissant sans limites dans mes fonctions impériales. J’ai vite compris mon erreur et je me suis, comment vous dire maman… comme, installé, dans une mélancolie croissante. Un incident a précipité ma décision qui, de toute façon, devenait inévitable. »

    Cyril trouve enfin la force de faire face à sa mère, comme s’il commençait à se sentir moins coupable tant envers elle qu’envers lui-même, d’une faiblesse que son orgueil persistait à réprouver.

    Il sait combien elle lui est tout acquise ; il ressent l’immense compassion qu’elle éprouve devant son épreuve.

    L’impératrice lui adresse un sourire qui l’engage à poursuivre.

    « Ce matin, j’ai traversé la salle de projection familiale. La Baronne Ferenzy visionnait un film français. Une comédie légère, vous voyez ce que je veux dire, maman, insiste-t-il comme pour se faire davantage souffrir. Sa voix est sortie de l’écran, m’immobilisant sur place. Ma fiancée est devenue actrice de renom ; sous mes yeux, elle embrassait ce bellâtre qui lui tient lieu de partenaire, celui qui la lorgnait déjà par le passé. Une douleur fulgurante me traversa la poitrine. Il est hors de question qu’un homme, autre que moi, prenne ministère auprès d’elle. J’imagine qu’elle est la maîtresse de ce jeune premier ; je ne puis en accepter l’idée. Maman, Bérénice m’appartient…

    – Mon fils, nul n’est la propriété de quiconque. J’ai dû l’admettre à mes dépens : la première fois lorsque ton père est décédé, la seconde fois, quand j’ai failli te perdre. »

    L’entêtement de l’empereur ressemble étrangement à un sortilège.

    « Il y a sept ans, les devoirs de ma charge m’ont contraint à la quitter sans un mot. Raison d’État et début des pires affres ! Je n’aurais jamais dû tolérer que, vexée et blessée dans son amour-propre, elle refusât de me voir. Je vais la chercher et je l’épouse d’emblée.

    – Elle a peut-être son nihil obstat à donner, se permit de suggérer l’impératrice, toujours debout au milieu du bureau impérial. On peut raisonnablement présumer qu’après si longtemps et n’ayant tenté de te revoir, même après la colère passée, elle t’a chassé de sa vie à jamais.

    – Impossible, notre inclination était profonde, réplique Cyril avec fermeté.

    – Alors, peut-être que, à l’heure où tu cultives le dépit amoureux que tu as toi-même créé, elle entretient un solide courroux à l’égard de ce qu’elle peut légitimement juger comme une impardonnable désinvolture de ta part ; ce qui reviendrait, mon fils, à te haïr.

    – Bérénice demeure incapable de rancœur.

    – La haine est, de notoriété publique, le revers de la passion ! »

    La phrase de sa mère frappe l’esprit du monarque ; il laisse échapper un geste de colère. Ni l’un, ni l’autre ne soupçonnent combien cette violence est prémonitoire et présidera aux évènements à venir.

    « Si elle se ment à elle-même, je saurai lui faire entendre raison, je la connais si bien, articule Cyril alors qu’un huissier, en faction devant les portes aux moulures dorées, entre dans l’immense bureau.

    – Votre Majesté, le Lieutenant Racotzy se présente à vous.

    – Le Lieutenant Racotzy, répète l’empereur stupéfait, comme toujours, par la rapidité d’exécution de ses ordres.

    – Ne s’agit-il pas de ce Hongrois qui travaillait au service de Bérénice ?

    – Si, maman. L’héritier de Enrike Racotzy grâce auquel nous avons pu résoudre élégamment cette triste histoire qui a suivi le décès tragique de votre époux, Madame. Cet homme à qui je vous ai priée de restituer les biens, il y a sept ans. »

    Un officier en uniforme magyar est introduit. L’Impératrice Katharina estime qu’il frise les trente-cinq ans.

    « Votre Majesté, dit-il en exécutant son garde-à-vous. »

    L’ex-chauffeur en livrée bleue au service de la jeune fille se trouve cette fois au côté de l’Empereur d’Autriche, afin de représenter les intérêts de sa nation et d’aider le Roi de Hongrie à contrôler la révolte. Un vent de contestation anime le peuple, attisé par le mouvement anarchiste ancestral du pays. Cyril a chargé l’officier hongrois d’une mission auprès du ministre autrichien des affaires étrangères.

    Le lieutenant baise, avec un infini respect, la main de sa bienfaitrice ; elle s’est montrée si sensible à la cause hongroise sous le règne du souverain Rodolphe III, et sous le sien, avant qu’elle n’abdique en faveur de son fils.

    « Comte, je vous ai fait venir, car j’ai l’intention de partir en voyage. L’actualité de votre pays impose la tenue urgente d’un conseil. Je vous prie de mander, sur l’heure, au Palais, votre ministre ; il séjourne présentement à Gödöllö.

    – J’y vais de ce pas, Majesté. »

    Il effectue un salut impeccable et se dirige vers la sortie.

    « Chris ! »

    L’officier se retourne surpris. Il y a si longtemps que l’empereur n’a prononcé son prénom. La dernière fois, cela s’était produit à Paris…

    « Je me rends en France. »

    Le jeune homme comprend tout de suite la motivation de ce déplacement inopiné. Un sourire des plus significatifs illumine son visage.

    « Enfin ! murmure-t-il après avoir quitté son souverain. »

    Bérénice incarnerait une parfaite Reine de Hongrie…

    II

    Un serment à honorer

    « Majesté ! s’exclame le majordome.

    – Bonjour, Thomas.

    – Le comte et la comtesse reçoivent des invités dans le Grand Salon bleu. Veuillez vous asseoir, Sire. Je vais les prévenir de votre arrivée.

    – Discrètement, Thomas. S’il vous plaît.

    – Bien, Majesté. »

    Après avoir introduit l’empereur dans la bibliothèque, le vieil employé referme la porte, laissant Cyril seul avec ses souvenirs. Chaque recoin de cette demeure lui rappelle sourire ou fou rire, baiser langoureux ou étreinte passionnée. L’odeur même de cette pièce, cuir et papier entremêlés, exhorte à tant de réminiscences heureuses.

    Le jeune souverain se dirige vers un mur tapissé de livres reliés, fasciné par un superbe in-quarto qu’il connaît bien, de plein veau havane, au dos à nerfs fleuronné et rehaussé d’un lacis doré, daté en pied, à filets d’encadrement à froid sur les plats ornés d’un monogramme central couronné, aux tranches marbrées. Il le feuillette jusqu’à ce qu’il retrouve ce fameux médaillon où figure Angélique de Lancelot, portrait, trait pour trait, de Bérénice. Son aïeule fut décapitée le 19 octobre 1793, trois jours, jour pour jour, après l’exécution de la reine.

    « Bonjour, Majesté, entend-il derrière lui. »

    Il s’arrache à sa contemplation et se tourne vers son interlocutrice.

    « Je vous présente mes respectueux hommages, Madame la Comtesse, dit-il en effectuant le baisemain traditionnel.

    – Vous me voyez aussi comblée qu’étonnée par votre visite. »

    Victoria de Lancelot a immédiatement identifié le portrait qu’examine Cyril, et son trouble…

    « Bérénice lui ressemble de façon frappante, n’est-ce pas ? Sa morgue face au tribunal révolutionnaire lui valut les pires outrages et lui coûta la vie. Notre Bérénice ne se contente pas de l’analogie physique ; elle se montre aussi altière et orgueilleuse que son ancêtre. »

    Le monarque prend acte de la mise en garde. Il devra affronter la fierté blessée de Bérénice, avant d’envisager de la recouvrer. Cette reconquête risque de s’avérer plus difficile qu’il ne l’imagine.

    « Permettez-moi de vous signaler, cher Cyril, que cela fait au moins sept ans que vous ne l’avez vue, que vous l’avez abandonnée, alors que vous aviez promis de l’épouser. Je doute qu’elle accueille ce tardif revirement avec l’enthousiasme qui semble le vôtre.

    – Je saurai la convaincre parce que, même si les apparences me sont contraires, je l’aime. J’ai besoin d’elle. Quand bien même, elle me résisterait, je représente l’Empire d’Autriche-Hongrie, tout de même ! argue-t-il comme si ses titres lui donnaient tous les pouvoirs.

    – Majesté, s’indigne la mère de l’intéressée, vous m’effrayez !

    – Madame, je ne veux que son bonheur. Je n’aurai de cesse de l’en convaincre. Un attachement tel que le nôtre ne peut que persister au temps et à l’éloignement.

    – Elle entretient quelques bonnes raisons de considérer comme votre trahison lui gâche l’existence. Non, elle ne vous a pas oublié, bien qu’elle s’y emploie de toutes ses forces. Je crains que, de son amour, ne reste plus que haine. »

    Ces mots bouleversent Cyril plus qu’il ne veut le laisser transparaître.

    « Si je lui demeure indifférent, je lui rendrai sa liberté, mais si c’est de la détestation qu’elle éprouve pour moi, eh bien, nous aviserons. La haine et l’amour sont les faces d’une même médaille.

    – Je suis entièrement de cet avis, déclare le Comte de Lancelot en entrant à son tour dans la bibliothèque et avant même de présenter ses respects à l’empereur. J’approuve votre détermination et je vous fais confiance, quant aux moyens de mener à bien votre entreprise.

    – Monsieur de Lancelot, je compte emmener votre fille en Autriche et l’épouser.

    – Vous omettez l’essentiel, il me semble, Votre Majesté, ose insister Madame de Lancelot, le consentement de Bérénice est loin de vous être acquis.

    – Son acceptation, Madame, je l’obtiendrai…

    – Comment vous y prendrez-vous, je vous prie ?

    – J’userai de persuasion, répond-il en tentant d’adoucir son expression, afin de calmer l’angoisse qu’il sent poindre chez la mère de Bérénice.

    – Faites au mieux, Cyril, intervient le maître des lieux. Nous entendons sans conteste que vous l’avez aimée profondément et que cet amour apparaît plus vif que jamais. Si notre Bérénice doit trouver la félicité, c’est auprès de vous. Cyril, vous allez peut-être devoir édifier son bonheur malgré elle. Au Diable, la façon dont vous atteindrez votre dessein, pourvu que vous y parveniez ! Dieu sait que le caractère de Bérénice ne vous simplifiera pas la tâche ! Mais sachez que nous vous encourageons de tout cœur.

    – Si Bérénice ne veut pas suivre Votre Majesté en Autriche ?

    – Ma chère Victoria, ne souhaitez-vous pas prendre congé de l’empereur et rejoindre nos invités ?… »

    Lorsque les deux hommes restent enfin seuls, le comte remplit lui-même les flûtes à champagne, invite son futur gendre à s’asseoir et entreprend de lui exposer tout ce qu’il connaît de la vie actuelle et des intentions de sa progéniture. Il entend faciliter au mieux les affaires du jeune monarque.

    L’entretien terminé, le royal visiteur remercie son hôte et quitte le château aussi discrètement qu’il est venu.

    III

    Retrouvailles et hostilités : un vaudeville rocambolesque

    Cyril, par chance, trouve sans difficulté un emplacement pour sa Lamborghini, rue Barbet-de-Jouy. Le Comte de Lancelot lui a aussi confié le code de l’immeuble.

    Bérénice est effectivement devenue une actrice de renom, avec cachets en conséquence : le quartier et la bâtisse sont très chics.

    Il est dix-neuf heures à sa Rolex, quand sur le palier, résolu, il appuie sur la sonnette. Les mots d’ordre : cacher son émoi, truquer son regard, garder son contrôle. Il rajuste son épingle à cravate, balaie du revers de la main une poussière sur sa veste et plonge les mains dans ses poches de pantalon.

    Elle ouvre.

    Bérénice sort du bain et porte pour tout vêtement un peignoir en éponge blanc qu’elle resserre à la taille spontanément. Sa chevelure humide tombe en cascade sur ses épaules. Elle se révèle plus belle que par le passé. Elle semble plus femme, plus achevée. Son expression souriante cède la place à l’effroi.

    « Vous ? Comment osez-vous ? articule-t-elle en repoussant la porte. »

    L’empereur a devancé son geste : jouant de sa puissance physique, il ouvre sans peine le battant et s’engage dans l’entrée.

    « Bonjour, Bérénice. »

    Elle recule.

    « Que voulez-vous ? »

    Il la considère gravement. Elle se débat, en proie à une violente émotion où l’opposition domine. Elle meurt d’envie de le gifler, même après toutes ces années. Ce qui achève de la déstabiliser, c’est encore cet aplomb :

    « Vous, annonce-t-il d’une voix égale. »

    Elle ne paraît pas prête à comprendre.

    « Je viens vous chercher, précise-t-il. »

    Elle tente de reprendre pied, mais les pupilles froides et incisives de Cyril la liquéfient.

    « Vous devenez fou, sortez. »

    Pour toute réponse, il se contente de fermer calmement l’issue derrière lui.

    Ils s’affrontent, face à face. De plus, elle se sent à moitié nue. Ce ne serait pas raisonnable de s’opposer à lui dans cette posture ! Le souvenir d’une scène semblable qui s’est déroulée sept ans et demi auparavant lui revient en mémoire, mais la situation était alors moins tendue. Nonobstant sa lutte intérieure, le trouble s’empare d’elle, se mêlant à l’hostilité. Elle est bien décidée à le juguler.

    Cyril arbore un air hautain presque de marbre.

    « Je viens de parcourir mille trois cents kilomètres pour vous voir…

    – Vous m’avez vue… malgré moi et en forçant ma porte. Partez maintenant.

    – Il n’en est pas question ! Vous

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