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Des ponts interculturels à la rivière Romaine?: Développement nordique et territorialités innues
Des ponts interculturels à la rivière Romaine?: Développement nordique et territorialités innues
Des ponts interculturels à la rivière Romaine?: Développement nordique et territorialités innues
Livre électronique234 pages2 heures

Des ponts interculturels à la rivière Romaine?: Développement nordique et territorialités innues

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À propos de ce livre électronique

Depuis 2009, la rivière Romaine, sur la Côte-Nord, a été transformée en mégacomplexe hydroélectrique par la société d’État Hydro-Québec. Au point culminant des travaux, plus de 2 000 personnes y ont œuvré : ils ont déboisé et construit une route, des campements, quatre barrages et autant de centrales et de réservoirs, pour un coût estimé à 6,5 milliards de dollars. Cet ambitieux projet se situe en plein cœur du Nitassinan, territoire ancestral des Innus, et de la municipalité régionale de comté de Minganie. Si, dans les balbutiements du projet, cette réalité territoriale interculturelle nordique a été reléguée à l’arrière-scène, la réalisation des travaux a ramené les territorialités innues et non autochtones à l’avant-plan.

Au-delà des retombées économiques et géopolitiques bien connues et des autres effets multiformes, positifs ou négatifs, qu’il a engendrés, quels sont les legs interculturels du chantier de la Romaine ? S’agit-il d’une occasion pour les membres des différentes communautés innues et minganoises de se rapprocher, celles-ci partageant plusieurs enjeux communs de développement ? Quelle est la place des Innus au sein de ce projet d’envergure ? Comment se décline la vie quotidienne des travailleurs des mégachantiers nordiques d’aujourd’hui ? Quels sens confèrent-ils à la mobilité, au travail et à leur espace social ? Voilà autant de questions explorées dans le présent ouvrage, qui permet une immersion dans l’expérience des artisans du territoire ayant façonné le chantier de la rivière Romaine.

Laurie Guimond est professeure au Département de géographie de l’Université du Québec à Montréal. Elle oeuvre à valoriser le rôle essentiel des relations interculturelles dans le développement territorial du Québec du Nord. Ses travaux se penchent aussi sur les mobilités et les migrations nordiques et rurales contemporaines. Les recherches partenariales nord-côtières qu’elle mène depuis 2003 se concentrent en Minganie, en Basse-Côte-Nord et dans le Nitassinan.

Alexia Desmeules est conseillère à la Direction des négociations et de la consultation du Secrétariat aux affaires autochtones. Son mémoire de maîtrise en géographie a exploré les effets du chantier hydroélectrique de la Romaine sur les rapports au territoire, tant matériels
qu’idéels, des Innus de la communauté d’Ekuanitshit. Elle collabore également à d’autres projets de recherche interculturelle sur la Côte-Nord.
LangueFrançais
Date de sortie12 juin 2019
ISBN9782760551473
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    Des ponts interculturels à la rivière Romaine? - Laurie Guimond

    Des ponts interculturels

    à la rivière Romaine?

    Laurie Guimond

    et Alexia Desmeules

    Des ponts interculturels

    à la rivière Romaine?

    Développement nordique et territorialités innues

    Préfaces de

    Caroline Desbiens et Jean-Charles Piétacho

    Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

    Titre: Des ponts interculturels à la rivière Romaine?: développement nordique et territorialités innues / Laurie Guimond, Alexia Desmeules.

    Noms: Guimond, Laurie, 1979- auteur. | Desmeules, Alexia, 1989- auteur.

    Collections: Géographie contemporaine; 39.

    Description: Mention de collection: Géographie contemporaine; 39 | Comprend des références bibliographiques.

    Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 20190017449 | Canadiana (livre numérique) 20190017457 | ISBN 9782760551459 | ISBN 9782760551466 (PDF) | ISBN 9782760551473 (EPUB)

    Vedettes-matière: RVM: Développement économique—Aspect social—Québec (Province)—Minganie. | RVM: Barrages—Conception et construction—Aspect social—Québec (Province)—Romaine, Rivière. | RVM: Innu (Indiens)—Québec (Province)—Minganie—Conditions sociales. | RVM: Ouvriers de la construction—Québec (Province)—Minganie—Conditions sociales. | RVM: Mingan (Québec: Réserve indienne)—Relations interethniques.

    Classification: LCC HC117.Q8 G84 2019 | CDD 306.309714/178—dc23

    Révision

    Geneviève Lemoine

    Correction d’épreuves

    Mylène Viens

    Conception graphique

    Marie-Noëlle Morrier

    Mise en page

    Interscript

    Image de couverture

    Luc Leclerc

    Dépôt légal: 2e trimestre 2019

    >Bibliothèque et Archives nationales du Québec

    >Bibliothèque et Archives Canada

    © 2019 – Presses de l’Université du Québec

    Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés

    Imprimé au Canada

    D5145-1 [01]

    Nous dédicaçons ce livre aux artisans du chantier hydroélectrique

    de la rivière Romaine, aux Innus d’Ekuanitshit et d’ailleurs

    et à leur Nitassinan, ainsi qu’aux Minganois et aux Nord-Côtiers.

    PREMIÈRE PRÉFACE

    Depuis Megiscane, Kikendatch, Manicouagan, Aux Outardes, Bersimis, en passant par les Caniapiscau, Chisasibi, Grande Baleine, Eastmain, Sarcelle, Rupert, Toulnustouc, Péribonka, et combien d’autres milieux de vie autochtones touchés par l’ingénierie des cours d’eau, le livre de Laurie Guimond et Alexia Desmeules était nécessaire.

    Des ponts interculturels à la rivière Romaine?: l’ouvrage s’annonce d’emblée comme un questionnement. Ce faisant, il nous rappelle que – furent-ils menés à distance de la frange urbaine du Québec – les relevés de terrain, les calculs de potentiel hydrique ou la construction d’infrastructures ne sont pas, après tout, les faits et gestes de pionniers œuvrant en régions neuves. La Romaine, ses enjeux, ses retombées se vivent encore au présent, mais ce que les deux chercheuses nous proposent, c’est l’histoire d’un très vieux territoire: une histoire qu’on présente ici à travers les relations et l’espace quotidiens des travailleurs de chantiers. Ainsi, les ponts interculturels interrogés sont également des ponts entre les images du passé et les expériences du présent. Qu’on passe par la raison ou par l’émotion, qu’on assume une posture militante ou qu’on aspire à l’objectivité, rien dans ce matériau n’est facile à aborder, et personne n’aura le dernier mot. Les auteures le comprennent et c’est pourquoi, au-delà des aspects techniques de la collecte de données, leurs plus importants outils de recherche sont le dialogue, l’écoute et le respect. Portés aux nues dans l’historiographie du Québec moderne, les ouvriers de la Romaine ne subissent pas moins les aléas d’un travail exigeant, rude et exposé aux caprices du marché. Ce livre présente leurs expériences, avec tout le respect qui leur est dû, et il honore aussi la parole des Innus; ceux du chantier et, plus largement, ceux des communautés.

    Car c’est à partir de leur territorialité, soit l’Innu Aitun ancestral et ses manifestations actuelles, que la transformation de la Romaine – Unaman Shipu, rivière du vermillon, pour les Innus, en référence à ses dépôts d’ocre rouge – est abordée. Analyser le développement nordique sous l’angle de la territorialité autochtone, c’est replacer l’hydroélectricité dans un ensemble historique, géographique et social qui dépasse largement la seule trajectoire des descendants de la Nouvelle-France, et sa mise en récit en tant qu’épopée. Du trait de côte jusqu’à l’intérieur des terres, les Inuit et les Premières Nations du Québec ont humanisé le vaste réseau des bassins versants de la province, faisant de ses rivières, rapides, ruisseaux et lacs autant de lieux patrimoniaux. Il s’agissait d’un environnement généreux certes, mais seulement au terme de patientes avancées techniques. De génération en génération, les peuples du Nord sont devenus spécialistes d’une géographie capillaire, d’un territoire tout en ramifications qui, liant les familles aux cours d’eau et à l’assemblage de plantes et d’animaux qu’ils irriguent, lient les générations et les gens entre eux. Il faut reconnaître ces faisceaux de relations pour comprendre l’idée de responsabilité envers le territoire (tipentamun) qui mène nécessairement à son gardiennage (kanauentamun).

    À l’instar d’autres territorialités nordiques, l’Innu Aitun est un fait de culture qui perdure. Quelles aspirations nourrissent donc les Innus en ce qui a trait au développement culturel et économique du Nitassinan? Alors que la pensée libérale maintient que le développement de l’économie moderne et le développement des pratiques ancestrales sont mutuellement exclusifs, Guimond et Desmeules, pour leur part, donnent à penser un autre modèle. Et si Innu Aitun et hydroélectricité étaient vus comme les deux faces d’une même médaille? Après tout, les deux partagent le même espace. Ainsi, ne devraient-ils pas être maintenus en équilibre – surtout en cette période où les concepts de «décolonisation», de «réconciliation» et de «justice spatiale» circulent dans les discours des citoyens, et même parfois dans ceux des politiciens? Les auteures le disent bien: «L’exclusion des Autochtones par le haut agit sur leur exclusion par le bas. Pourtant, la table est mise pour transformer les vieilles structures coloniales». Comme le démontre l’analyse du chantier de la Romaine, l’idée qu’il existe un espace pour la culture industrielle et un espace pour la culture autochtone arrive tranquillement à sa fin. Même si la présente étude n’apporte pas toutes les réponses, elle nous aide à sortir des anciens sillons pour ouvrir de nouvelles voies d’action. Les Innus font partie du territoire et donc du chantier, et ceci avant, pendant et après son déploiement.

    Au final, quel portrait du développement nordique ressort à travers le prisme des territorialités innues et des relations interculturelles à la Romaine? Compromis et ambiguïté sont parmi les mots-clés qui se dégagent du livre. Nous ne sommes pas ici dans la certitude et les opinions tranchées. Toutefois, un autre concept traverse les chapitres: celui de «relation». Relation des Québécois avec Hydro-Québec, relation des Innus et des Nord-Côtiers avec Unaman Shipu, relation des ouvriers avec le chantier, relation de ces derniers entre eux, toutes origines culturelles et régionales confondues. L’éthique du territoire à laquelle renvoient tipentamun et kanauentamun nous enseigne que toute forme de relation est aussi un engagement. Loin d’être inerte, le milieu naturel appelle le respect et la responsabilité. Il est temps de délaisser les figures de style et de s’engager, concrètement, sur ce pont interculturel que nous tendent les sociétés autochtones pour renouveler les approches de développement des ressources. Grâce au travail de Laurie Guimond et d’Alexia Desmeules, grâce aussi à ceux et celles qui ont accepté de partager leurs expériences, nous avons ici un riche ouvrage pour faciliter cette urgente traversée.

    Caroline Desbiens

    Professeure titulaire,

    Département de géographie, Université Laval

    SECONDE PRÉFACE

    Dans un premier temps, je tiens à remercier les auteures d’avoir pris le temps d’être venues chez nous, à Ekuanitshit. Politesse certes, mais séjour incontournable afin de pouvoir cerner certains enjeux du passé et du présent grandement influencés par ce projet hydroélectrique (quatre barrages, deux lignes électriques et une route) sur notre Nitassinan.

    En plus d’être situé au cœur de notre territoire traditionnel, ce chantier a également atteint le cœur de mes membres. Par conséquent, un référendum fut requis afin de trancher le sort de cette entente de type ERA¹… Vous connaissez déjà le résultat, qui fut «favorable» à plus de 70%. Il y avait un prix à payer pour recevoir et pour donner, mais en rétrospective, les pressions externes et les courts délais pour faire ce que nous devions exécuter étaient tout simplement incohérents.

    Pour ma part, j’aurais préféré que ce chapitre de notre histoire n’eût pas lieu. Je dois reconnaître que, pour le futur, nous avons su profiter de l’essor économique engendré par ces barrages par la création d’une corporation chapeautant près d’une vingtaine de nouvelles sociétés. À notre avis, l’essor économique aurait dû être plus important.

    Finalement, les conséquences de ce projet hydroélectrique, ou plutôt les réalités qui s’y rattachent, laisseront dorénavant, tant sur le territoire que sur notre mode de vie, de grandes cicatrices qui malheureusement grandiront avec les années.

    Dans la paix et l’amitié,

    Chef Jean-Charles Piétacho

    Chef du Conseil des Innus d’Ekuanitshit

    1.Entente sur les répercussions et les avantages.

    REMERCIEMENTS

    Nous exprimons notre profonde reconnaissance aux travailleurs et aux acteurs-clés régionaux qui ont gracieusement collaboré à cette recherche en partageant leurs riches expériences de vie au sein du projet Romaine. Sans vos récits recueillis à l’aéroport, au chantier, dans vos véhicules ou dans le confort de vos maisons, ce livre n’aurait pas vu le jour. Un merci tout spécial aux Innus d’Ekuanitshit. Sans votre générosité et votre accueil chaleureux au sein de la communauté, ce livre n’aurait pas la même profondeur ni la même richesse. Tshinashkumitin.

    Merci aux acteurs du développement territorial de la MRC de Minganie, du Comité de maximisation des retombées économiques du Projet de la Romaine (COMAX), de la Société des entreprises innues d’Ekuanitshit (SEIE) et du Conseil de bande d’Ekuanitshit. Merci également au personnel d’Hydro-Québec, qui a ouvert la guérite du chantier pour nous accueillir lors d’un séjour mémorable et essentiel au campement et aux centrales en devenir: André Frigon, chef de chantier; Jean-René Proulx, conseiller en environnement; Marthe Nadeau, ancienne conseillère en impacts socioéconomiques et en relations avec les médias chez Hydro-Québec.

    Nous vous remercions amicalement, chère et chers collègues géographes Caroline Desbiens, Mario Bédard et Juan-Luis Klein pour vos judicieux conseils, Mourad Djaballah et André Parent pour le travail de cartographie ainsi que Thierry Clément et Maripier Deraspe, diplômés de 2e cycle au Département de géographie de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Soulignons que c’est un véritable honneur pour nous que les préfaces de ce livre soient signées par Caroline Desbiens et Chef Jean-Charles Piétacho. Vos réflexions et actions territoriales et culturelles fondamentales, tout comme celles de Rita Mestokosho, nous ont guidées tout au long de ce projet. Portons à l’attention du lecteur le professionnalisme du personnel des Presses de l’Université du Québec. Signalons aussi l’indispensable appui financier du Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQSC), de la Faculté des sciences humaines de l’UQAM et du Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES).

    Nous exprimons enfin notre gratitude à nos proches pour leur soutien indéfectible et leur écoute active tout au long de cette aventure: Benoit, Jeanne, Flavie, François-Alexandre, nos parents et beaux-parents, nos sœurs chéries ainsi que nos belles-sœurs et beaux-frères.

    TABLE DES MATIÈRES

    Première préface

    Seconde préface

    Remerciements

    Liste des figures

    Liste des abréviations

    INTRODUCTION

    Développement territorial nordique et relations interculturelles

    Territorialités autochtones

    Économie des ressources, modes d’habiter et géographie de la vie quotidienne

    CHAPITRE 1

    La rivière Romaine en chantier: clés de lecture

    1.Balbutiements de l’avant-projet

    2.Arrivée et installation des travailleurs

    3.Vie quotidienne au chantier et aux campements

    4.Prêter l’oreille aux travailleurs et aux acteurs-clés

    CHAPITRE 2

    La «trail de la marmotte»: modes d’habiter des travailleurs de la Romaine

    1.Travail et routine au chantier: la «trail» et la «run»

    2.Espace social: la deuxième famille, les «cliques» et les reclus

    3.Habitat: entre l’ici et l’ailleurs

    4.Le chantier-habité et ses travailleurs-habitants

    4.1.Le chantier-refuge (le chez-soi)

    4.2.Le chantier-atelier

    4.3.Le chantier-pénitencier

    4.4.Le chantier-prison dorée

    4.5.Le chantier-escale

    5.Un habitat marginal à revisiter

    CHAPITRE 3

    Travailleurs innus au chantier et aux campements: emploi et espace de rencontre

    1.Emploi au chantier

    1.1.Mesures et obligations d’embauche

    1.2.Une main-d’œuvre invisible au bas de l’échelle

    2.Le chantier comme espace de rencontre

    2.1.À la rencontre de l’Autre: relations autochtones et non autochtones

    2.2.Tensions entre Innus: relations intercommunautaires

    3.Tailler sa place au chantier

    CHAPITRE 4

    Transformations de la rivière Romaine des Innus d’Ekuanitshit

    1.Le courant de la mémoire: la rivière en héritage

    2.Territoire de confluences: de rivière à réservoirs

    2.1.L’avant-projet ou le règne du «chacun pour soi»

    2.2.Paysages bouleversés

    2.3.La rivière-chantier: territoire innu ou «hydro-québécois»?

    3.«L’Après-Romaine»

    3.1.Retombées individuelles et communautaires

    3.2.Ouverture, accès et contrôle du Nitassinan

    4.Entre sacrifice et opportunité

    CHAPITRE 5

    Synthèse. Un territoire, deux nations: legs du chantier Romaine

    1.De l’essence du territoire

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