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Prohartchine
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Livre électronique45 pages41 minutes

Prohartchine

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À propos de ce livre électronique

M. Prohartchine est un «pauvre-riche». Cette nouvelle est tirée de l'histoire véridique d'un avare lue dans les journaux de la capitale, un «nouvel Harpagon mort en pauvreté sur des monceaux d'or. C'était un conseiller titulaire en retraite. Il ne payait que trois roubles par mois pour loger dans un coin derrière le paravent. Il se plaignait toujours de sa pauvreté et la dernière année avant sa mort il ne paya pas son loyer. Il se refusait des mets chauds même aux derniers jours de sa maladie. Après sa mort, on trouva dans ses effets cent soixante-neuf mille vingt-deux roubles en argent et en billets de banque». La lecture de ce fait divers impressionna Dostoïevski. Il poursuit: «C'est alors que j'ai vu passer dans la foule une figure non réelle, mais fantastique. Elle portait un vieux manteau qui lui servait sûrement de couverture pendant la nuit. Elle me croisa et cligna en me regardant de son oeil mort, sans lueur et sans force, et je compris que c'était le même Harpagon qui était mort avec son demi-million! Et voici qu'un personnage surgit devant moi, très semblable au Chevalier Avare de Pouchkine. Il me sembla soudain que mon S. était un personnage colossal. Il quitta le monde et toutes ses tentations et se retira derrière son paravent. Qu'est-ce, pour lui, que tout ce vain clinquant, tout notre luxe? A quoi bon la commodité et le confort? Non, il n'en a pas besoin, il possède tout cela sous son oreiller, sous sa taie non changée depuis l'année dernière. Il n'a qu'à siffler, et tout ce dont il a besoin lui viendra en rampant. S'il le veut, maintes personnes lui adresseront des sourires attentifs. Il est au-dessus de tous les désirs... Mais pendant que je rêvais ainsi, il me sembla que je volais Pouchkine.»
LangueFrançais
Date de sortie15 mars 2021
ISBN9782322267118
Prohartchine
Auteur

Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski

Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski est un écrivain russe, né à Moscou le 30 octobre 1821 et mort à Saint-Pétersbourg le 28 janvier 1881. Considéré comme l'un des plus grands romanciers russes, il a influencé de nombreux écrivains et philosophes.

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    Prohartchine - Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski

    Prohartchine

    Prohartchine

    L'Œuvre

    Page de copyright

    Prohartchine

    Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski

    Prohartchine (Gospodine Prohartchine), écrit en 1846, a paru dans « Les Annales de la Patrie » en octobre 1846, t. XLVIII.

    L'Œuvre

    Le plus sombre, le plus humble coin du logement d’Oustinia Féodorovna, Sémione Ivanovitch Prohartchine l’occupait. C’était un homme déjà mûr, très sage et qui ne buvait pas. Petit employé, il n’avait d’appointements que juste ce que comportaient ses capacités et Oustinia Féodorovna estimait ne pouvoir décemment lui demander plus de cinq roubles par mois. D’aucuns ne voyaient dans cette longanimité qu’une conséquence de certain calcul tendancieux ; en tout cas, était-ce pour faire la nique aux médisants ? – elle en était venue à traiter M. Prohartchine comme un favori, mais en tout bien, tout honneur. Notons qu’Oustinia Féodorovna, femme des plus respectables et de forte corpulence, et qui faisait preuve d’un penchant très vif pour les viandes et le café en même temps que d’un dégoût marqué pour les jours maigres, avait encore d’autres locataires. Mais ceux-ci payaient deux fois plus cher que Sémione Ivanovitch. Ces êtres turbulents, ces « mauvais blagueurs » s’étaient ruinés dans l’esprit de la logeuse en se moquant d’elle et de sa situation de veuve sans défense. Sans leur ponctualité à payer leurs loyers, elle n’eût jamais consenti, je ne dis pas à les héberger, mais seulement à les voir.

    Sémione Ivanovitch avait été promu favori d’Oustinia Féodorovna du jour qu’on avait conduit au cimetière de Volkovo certain cadavre qui, de son vivant, avait trop aimé les liqueurs. Retraité du service civil – pour ne pas dire chassé, ce personnage, en dépit de son œil crevé et de sa jambe manquante – perdus, à ce qu’il disait « dans un accident de bravoure » – ce personnage n’en avait pas moins su gagner toutes les faveurs dont Oustinia Féodorovna pouvait être la dispensatrice et sans doute eût-il encore longtemps vécu en pique-assiette s’il ne fût subitement mort en ivrogne fieffé à la suite de libations immodérées. Cela se passait à Pieski alors qu’Oustinia Féodorovna n’avait que trois locataires, sur lesquels, après transfert et extension de l’établissement, il ne lui resta plus que le seul M. Prohartchine.

    Faut-il en incriminer les incontestables défauts de M. Prohartchine ou ceux de ses nouveaux commensaux ? mais, dès le début, les relations ne semblaient pas des plus excellentes. Il faut qu’on sache que les nouveaux pensionnaires d’Oustinia Féodorovna vivaient en vrais frères. Plusieurs étaient employés dans les mêmes bureaux. Ils perdaient tour à tour leur paie en jouant entre eux chaque premier du mois ; tous aimaient à jouir en compagnie des joies de l’existence. Ils se plaisaient aussi parfois à deviser de choses élevées, bien que tout ne se passât pas alors sans escarmouches, mais l’accord se rétablissait bientôt, les préjugés étant bannis de cette république.

    Les plus remarquables de ces messieurs étaient Marc Ivanovitch, homme de sens et versé dans les lettres, Oplévaniev, locataire, et Prépolovienko, plein de bravoure et de simplicité. Il y avait aussi Zénobi Prokofitch dont l’unique objectif était d’accéder au grand monde, et le greffier Okéanov, qui avait failli un instant remporter la palme des faveurs d’Oustinia Féodorovna. Il y avait encore un autre greffier, Soudbine, et le bourgeois Kantariov et d’autres. Mais Sémione Ivanovitch, à ce qu’il semblait, n’avait point d’amis parmi eux.

    Personne, certes, ne lui voulait de mal, d’autant que, dès les premiers jours, chacun

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