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Le temps des ténèbres
Le temps des ténèbres
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Livre électronique312 pages4 heures

Le temps des ténèbres

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À propos de ce livre électronique

Série fantastique pour jeunes adultes, remplie de magie et de dragons.

Alors que Bronwyn croupissait dans une cellule dans les entrailles de Vellonia et que le roi des dragons plaidait pour sa mort, les gormons se préparaient à détruire Talia. Pour aggraver encore plus la situation  Léon, le frère du roi Edmund, compte rendre la vie encore plus difficile pour le Cercle. Les magiciens et les dragons essayent d'éviter le pire, mais comment y réussiront-ils alors que des milliers ont déjà été massacrés ?

Le temps des ténèbres prophétisé, redouté depuis mille ans par les magiciens, a commencé. 

LangueFrançais
ÉditeurBadPress
Date de sortie8 mars 2021
ISBN9781393145479
Le temps des ténèbres
Auteur

Dionne Lister

I love writing and sharing my stories but I wish they wouldn't keep me awake at night.I'm from Sydney and when I'm not writing I'm tweeting, reading or doing sporty stuff.I'm a USA Today bestselling author, and I've been named by iBooks as "One of 10 emerging fantasy authors you must read." Shadows of the Realm, the first fantasy novel in my Circle of Talia series, has been number one in it's genre categories on Amazon and iBooks, reaching number 1 overall on iBooks Australia. The series is complete with A Time of Darkness and Realm of Blood and Fire.

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    Aperçu du livre

    Le temps des ténèbres - Dionne Lister

    Le temps des ténèbres

    Dionne Lister

    Traductrice : L. L. Ishak

    Copyright © 2012 Dionne Lister

    Tous les droits réservés.

    Aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, stockée dans un système de recherche ou transmise, sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit (électronique, numérique, mécanique, photocopie, enregistrement ou autre), sans une autorisation écrite de l’auteur.

    Les détails du catalogage avant publication sont disponibles à la Bibliothèque nationale d'Australie. www.librariesaustralia.nla.gov

    ISBN: 978-0-9873078-5-9

    Dédicace

    Ce livre est dédié aux trois personnes qui m'ont le plus soutenue au cours de la dernière année. À mon mari, qui m’a aidé dans ma transition à la vie d’auteur en prenant le relais à la maison et en acceptant que je sois très souvent dans mon propre petit monde et, à mes parents qui ont été encourageants et qui ne m’ont jamais dit une seule fois : « Tu n’y arriveras jamais. » Merci à vous tous d'avoir cru en moi. Je vous aime.

    Chapitre 1

    Zim fixait les braises orange du bûcher funéraire, en humant la fumée âcre. Des cendres rougeoyantes s’envolaient en vrilles vers le ciel en vagues d'air chaud. Le corps de Symbothial, anéanti par les cordes de flammes, retournait sous forme de poussières aux montagnes qui protégeaient Vellonia.

    Le prince dragon se tourna vers sa mère. Ses écailles argent reflétaient le feu. Zim sentit sa patte le brûler lorsqu'il la posa sur son avant-bras. « Mère ? Symbothial, mon cousin bien-aimé, a fait son dernier vol dans notre merveilleuse ville. Il ne reste plus que nous ici. Tout le monde a présenté ses hommages et s’est retiré. S'il te plaît, laisse-moi t’accompagner à l'intérieur. »

    La reine Jazmonilly tourna son regard vers son fils : « Je me souviens quand il a éclos, c'était un moment merveilleux. » Un très petit sourire avait adouci son visage pour disparaître presque aussitôt et laisser place à la colère : « Je n’arrive pas à croire qu'il soit parti et d'une manière si violente en plus. Le premier dragon assassiné depuis des centaines d'années - et pour quelle raison ? » Elle secoua la tête, mais autorisa Zim à la guider vers la montagne, qui était leur château.

    Après avoir escorté Jaz à ses quartiers, Zim se rua dans les couloirs pour se rendre à la salle de réception privée de son père, où la discussion sur ce qu'ils devaient faire de Bronwyn et de la panthère continuait. Lors des discussions précédentes, Agmunsten avait laissé entendre qu'il en savait plus qu’il ne l’avait laissé entendre. Zim était d'accord pour que les assassins ne soient pas tout de suite exécutés. Mais Jaz n'était pas du même avis. Si la décision avait appartenu à sa mère, les prisonniers auraient été déjà mis à mort, avant même les funérailles de Symbothial. Zim était heureux que sa mère ait accepté d’aller se reposer et de ne pas assister à la réunion.

    Il s'arrêta devant les doubles portes et prit une grande inspiration. Il savait ce que chacun pensait et tout le monde n'était pas du même avis. La poignée en acier tourna aisément sous l’emprise de sa patte forte et écailleuse. La porte s'ouvrit silencieusement. Zim traversa l’antichambre, faiblement éclairée, pour se retrouver dans la salle de réunion. Un lustre de dizaines de bougies pendait au-dessus d'une longue table en pierre. La table était de couleur miel tachetée, la même couleur que le sol et, tout comme la plupart des meubles du château, était taillée dans la pierre même de la pièce.

    Le roi Valdorryn, le père de Zim, était assis au bout de la table, le coude appuyé sur la dalle, son menton niché dans sa patte, les longues griffes de son autre patte tapotant la pierre polie. Zim ne l'avait jamais vu aussi démoralisé : « Alors, mon père et mon roi, avez-vous pris une décision ? »

    Zim s’était installé à la droite de son père et fixa ses yeux sur Agmunsten assis en face. Le vieil homme avait les yeux cernés, après toutes les longues heures qu’il avait passées au chevet d’Arcon. Le roi Edmund était son voisin de table. Bertholimous était à la droite de Zim. Bertholimous était le conseiller de Valdorryn et Maître de guerre. Son rôle était de former les dragons au combat et de décider des tactiques à prendre en cas de guerre. On l’appelait Bertholimous ou Maître.

    Le roi dragon se redressa sur son banc et regarda son fils : « Aucune décision n'a encore été prise ! Je commence à perdre patience. Nous nous sommes tous réunis, les taliens et les dragons, pour discuter de l’invasion imminente des gormons. Mais, maintenant, nous nous trouvons dans une impasse avec ce nouveau problème. Nous n'avons pas encore décidé si la fille magicienne et la panthère doivent être libérées ou non. Nous savons tous ce qu’Agmunsten en pense. Bertholimous recommande la prudence, le roi Edmund ne veut pas qu’ils soient exécutés. Je n’arrive pas à prendre de décision. Si je laisse la fille et la panthère s'en aller sans donner de bonne excuse, ta mère ne me parlerait plus jamais. Et pour te dire la vérité, mon fils, je suis enclin à convenir que ce qui s’est passé est inexcusable. » Valdorryn tourna ses yeux brillants vers Agmunsten : « Alors, magicien, redis-moi pourquoi je ne devrais pas tuer ces assassins ? »

    Agmunsten écarquilla des yeux devant la colère soudaine du roi dragon et redressa son corps trapu. Il savait qu’il ne pouvait plus s’étendre là-dessus plus longtemps. Agmunsten était un magicien puissant avec des centaines d'années d'expérience, plus sage que quiconque, mais pas invincible, pas contre un dragon en tout cas. Bronwyn et Sinjenasta mourraient dans quelques jours, s’il ne leur donnait pas une bonne raison pour les garder en vie. Mais comment leur dire ce qu’il savait sans dénoncer Drakon, le rôle du dieu dragon dans tout ça ? Le dieu dragon l’aurait clairement expliqué, s'il avait voulu qu'ils le sachent.

    Agmunsten se gratta la tête et soupira : « Donc, ma parole en tant que chef-magicien n'a aucune influence, ici ? Vous ne me faites pas confiance ? »

    Le roi Valdorryn hocha la tête : « Tu sais très bien que c’est plus fort que moi. Que nous caches-tu, Agmunsten ? Ce que tu nous caches, mérite-t-il vraiment la perte d’un humain ? »

    « Peut-être bien. Etes-vous sûr de ne pas pouvoir leur pardonner juste en vous fiant à ma parole ? »

    « Non ! Symbothial était un membre de la famille royale, ma famille ! De plus, qu’en penseront nos ennemis ? Ne t’es-tu jamais dit que c’est peut-être eux qui les ont envoyés ? Je ne pense pas que la fille aurait commis ce meurtre toute seule et, nous savons tous, que ce n'était pas un accident ou de la légitime défense. » Valdorryn fixa Agmunsten, le défiant de dire le contraire.

    « Eh bien, vous avez raison, elle n’était sûrement pas l’instigatrice. Je sais qui l’était, mais je sais que vous ne me croiriez pas. » Tout le monde se pencha vers Agmunsten. Il regretta aussitôt d’en avoir trop dit. Mais il n’avait pas eu le choix. Si Valdorryn passait à l’acte, Bronwyn et Sinjenasta mourraient et le combat du Cercle contre les gormons serait sans espoir. Cela devrait être une raison suffisante pour le roi. Agmunsten maudit discrètement le pouvoir que la reine dragon avait sur son mari. Sans son interférence, Bronwyn aurait déjà été libérée.

    « Bronwyn et la panthère se sont liés. Je crois que c’est la panthère qui essayait de tuer Symbothial et Bronwyn l’a uniquement aidé à le faire. »

    « Seulement aider ? Tu dis ça comme s’ils avaient préparé un repas. Elle l’a uniquement aidé à assassiner un dragon et à Vellonia - le dernier endroit où nous devrions nous sentir en danger. » Le roi Valdorryn renifla bruyamment. Agmunsten s’attendait à ce que le roi ouvre grand sa gueule pour le brûler vivant.

    Zim interrompit le dangereux silence : « Alors pourquoi la panthère a-t-elle voulu tuer mon cousin ? »

    Agmunsten se racla la gorge : « Peut-être devriez-vous plutôt me demander le nom de la panthère ? »

    « Pour l’amour de Drakon, qu’on en finisse ! Je n’ai plus de patience, pas pendant que je pleure la mort de mon neveu. Si vous ne me donnez pas de réponse satisfaisante maintenant, je donnerai l’ordre que votre magicienne et sa créatura soient exécutées, ce soir. » L’animosité du roi surprit tout le monde.

    Agmunsten sentit tout son corps fourmiller en sentant la pièce vibrer. Il prit une profonde inspiration et répondit : « Sinjenasta. » Les écailles des dragons pâlirent, la couleur semblait avoir été absorbée par leurs corps. C'était un phénomène dont Agmunsten avait entendu parler, mais qu'il n'avait jamais vu. Les dragons pouvaient changer de couleur, bien que cela ne se produise généralement que lorsqu'ils sont très stressés. Le chef-magicine avait entendu dire que lors de la dernière bataille contre les gormons, des légions de dragons flamboyants avaient parsemé le ciel.

    Valdorryn ouvrit la gueule et la referma aussitôt. Il lança un regard à son conseiller, puis à son fils. Ils étaient restés muets. Lire les pensées des dragons était très difficile. Agmunsten ne savait pas s’ils l’avaient cru ou non, mais leur silence était un bon signe.

    Le roi dragon secoua la tête comme s’il voulait s’éclaircir les idées. Il regarda Agmunsten : « Tu veux dire le Sinjenasta - l'humain que Drakon a transformé en dragon pour le sacrifier à la première guerre des gormons ? »

    « Exactement ! » Agmunsten résista à l’impulsion de hausser ses épaules douloureuses pour libérer son stress.

    Bertholimous pencha la tête sur le côté : « Mais je croyais que c'était juste une histoire, un mythe, pour que les dragons se sentent redevables envers les humains. Et de plus, beaucoup de dragons n’ont pas entendu cette histoire. J’ai appris cette histoire lors de mes études de Maître de guerre. »

    « J’ai bien peur que ce ne soit pas un mythe, » dit le magicien. « En fait, le mythe est que les humains craignent votre dieu. Drakon a trahi Sinjenasta. Il a omis de lui dire que pour vaincre les gormons, il devait se sacrifier. Je ne sais pas ce qu’il a fait de lui, ni où Drakon le gardait, ni même pourquoi il est ici, aujourd’hui. Mais il est ici et il est lié à Bronwyn. Je peux vous certifier que tout ce qui s'est passé a été ordonné par Drakon. » Agmunsten se tourna vers le roi dragon : « Alors, Valdorryn, qui préfériez-vous contrarier : la reine Jazmonilly ou Drakon ? »

    Le roi dragon plissa des yeux : « Comment sais-tu que c’était lui, hein ? Tu n’étais pas encore né à l’époque de la guerre des gormons. Comment sais-tu tout ça ? »

    Agmunsten serra et desserra ses poings : « Bronwyn m'a dit son nom et, lorsque j’ai interrogé Sinj, il m’a presque admis que Drakon y était impliqué. J’ai le don de savoir si on me dit la vérité ou non. Ecoutez, Valdorryn, je sais qu’il est difficile d’accepter le fait que votre dieu ait pu vouloir qu'un des vôtres soit tué, mais si j’ai raison, que cela signifie-t-il d’après vous ? »

    Zim écoutait et savait exactement où Agmunsten voulait en venir. Il se souvint du jour où il avait découvert que les flèches qui protégeaient la ville, n'avaient pas été correctement chargées. Il se souvient très bien de la réaction de Symbothial lorsqu'il l'avait confronté. Il reprit sa couleur, mais répondit au chef-magicien d’une voix triste : « Mon cousin nous a trahis. » Zim se tourna vers son père et ajouta : « Je sais que c’est difficile à croire. Je ne voulais pas non plus le croire, mais je ne peux plus ignorer les faits. Symbothial ne s’occupait pas correctement des flèches. C'était son travail et nous savons tous à quel point elles sont importantes. Il y a quelques jours de cela, j’ai senti le besoin d’aller les vérifier et j’ai découvert que les rivières de trois flèches étaient coincées... assez pour laisser les gormons passer. Quand je lui en ai parlé, il avait agi comme si cela n’était pas important. »

    « Ce n’est pas suffisant pour le condamner. Peut-être qu’il a été tout simplement négligent après toutes ces années de paix dans notre pays. C’est très facile de baisser la garde lorsque l’on ne se sent pas en danger. » La voix du roi Valdorryn s’était affaibli, il n’avait plus assez d’énergie pour trouver des excuses assez satisfaisantes. Il devait admettre que la décision à prendre était évidente, mais il redoutait la colère de sa femme.

    Le roi dragon se redressa et regarda droit dans les yeux d’Agmunsten. Le chef-magicien jurait avoir décelé des petits éclairs éclater dans les yeux sombres du roi dragon. « Je pardonne, par la présente, à Bronwyn et à Sinjenasta d'avoir assassiné, heu, mon neveu, Symbothial. Je suis toujours réticent à libérer votre magicienne et la marionnette de Drakon. En fait, je ne les libérerai que s’ils me promettent qu'ils n’assassinent plus de dragons à Vellonia. S’ils refusent de le promettre, ils resteront enfermés dans leurs cellules. Bertholimous, s’il te plait, prends Zim et Agmunsten avec toi et veille à ce que cette promesse soit faite. S’ils acceptent, tu pourras alors leur préparer deux chambres pour leur séjour parmi nous. Valdorryn se leva : « Je vous reverrai tous demain, si je suis toujours en vie. Je dois maintenant aller informer la reine Jazmonilly de notre décision. »

    Agmunsten s'éclaircit la gorge : « Merci, roi Valdorryn. » Il avala sa salive et osa une autre requête. « Si cela ne vous dérange pas, j’aimerai garder l’identité de Sinjenasta secrète, surtout de Bronwyn. »

    Le roi dragon fit un signe de ‘oui’ de la tête et se traîna hors de la pièce, les épaules retombant un peu plus bas à chaque pas. Les autres le regardèrent avec sympathie, heureux de ne pas avoir à informer la mère de Zim de leur décision.

    Bertholimous sortit derrière lui et lança par-dessus son épaule : « Très bien, finissons-en. Voyons si nous pouvons libérer Bronwyn et Sinjenasta. » Le Maître de guerre se précipita hors de la salle, il avait beaucoup de questions à poser à Sinjenasta. Quelle chance il avait de pouvoir parler à la seule créature survivante à la guerre des gormons. Les informations que Sinjenasta pourrait lui donner, pourraient faire toute la différence pour réussir à bannir les gormons une deuxième fois de Talia.

    Chapitre 2

    Bronwyn était plongée dans le noir, un lit en paille la séparait du sol froid en pierre. Elle avait les yeux fermés. Dans l'obscurité totale, cela ne faisait aucune différence. Elle ne voulait pas se rappeler où elle se trouvait, même s’il était difficile de l’oublier. Les pensées de Sinjenasta résonnèrent en son esprit, mais elle les ignora. Si seulement elle savait comment, elle les aurait bloquées.

    La seule façon de savoir combien de temps s’était écoulé, était les repas servis. En y réfléchissant bien, les dragons étaient tout de même très généreux. Ils lui servaient trois repas par jour. D'après l'estimation de Bronwyn, cela faisait six jours qu’ils étaient enfermés ici. C’était les six jours les plus longs de sa vie de jeune magicienne. Elle avait refusé de manger. Les cauchemars de Symbothial n’arrêtaient pas de l’assaillir à chaque fois qu'elle s’endormait. A chaque cauchemar, elle se réveillait paniquée, s’attendant à voir l’épée dans sa main et le sang couler de la carcasse du dragon flottant sur l’eau.

    « Bronny ? Tu entends ça ? Je crois que quelqu'un approche et ce n'est pas l'heure du repas. » Elle prétendit ne pas l’avoir entendu, mais elle écouta tout de même les bruits de pas dans le couloir. Des voix étouffées traversèrent la porte et elle frissonna. Etais-ce le moment de mourir ? Luttant contre l’envie de se replier en position fœtale et de feindre de dormir, elle se redressa en position assise sachant qu'elle méritait la mort. La magicienne ne se défendrait pas, elle avait tué de sang-froid et elle était prête à expier. Peut-être, juste peut-être, qu’elle trouverait la paix une fois qu'elle aurait rejoint le dragon dans un profond sommeil éternel. En repensant au moment où elle s’était rendue sur la falaise, le jour où ce voyage avait commencé, elle regretta de ne pas avoir sauté. Si elle l'avait fait, rien de tout cela ne serait arrivé. Elle aurait préféré que la seule personne à mourir fut elle. Dieux ! Je te hais, stupide lâche. C'est de ta faute. Pourquoi tu n’as pas sauté ?  Se réprimanda-t-elle.

    La porte s'ouvrit et Agmunsten entra, une lampe à la main. Bronwyn cligna des yeux et leva ses mains pour se les protéger. Agmunsten s'accroupit devant elle et posa la lampe sur le sol. Il la regarda droit dans les yeux : « Bronwyn, te souviens-tu de moi ? »

    Elle acquiesça : « Vous êtes le chef-magicien Agmunsten. »

    « Oui. J’ai parlé au roi Valdorryn et il a gracieusement accepté de vous pardonner, Sinjenasta et toi. »

    « Mais, non ! Non, il ne peut pas faire ça. » Des larmes coulèrent sur ses joues.

    « As-tu bien compris ce que je viens de te dire ? Il a accepté de vous laisser en vie. Vous êtes libres, mais vous devez faire une promesse. »

    « J'ai compris. Mais je mérite de mourir. J'ai aidé à tuer ce dragon. Je suis une meurtrière et je mérite d’être punie. »

    Agmunsten comprit que Bronwyn se sentait coupable et il fut heureux de l’entendre. Mais ils n’avaient plus de temps à perdre. Il a dû faire un effort monumental pour obtenir l'accord de Valdorryn, sans parler du secret qu'il a dû lui avouer pour le convaincre. A force d’être accroupi, ses jambes se mirent à trembler. Il se releva et baissa les yeux vers la fille : « Maintenant, écoute-moi. Je sais que tu ne t’es pas juste réveillé un matin en te disant que tu devais tuer Symbothial. Je sais que Drakon a joué un rôle important dans tout ça. » Il leva la main pour faire signe à Bronwyn de se taire : « Laisse-moi finir. Tu dois vivre avec ta culpabilité. Considère cela comme faisant partie de ta formation de magicienne. Tu ne pensais tout de même pas qu’en devenant magicienne, tu ne tuerais jamais un être, n'est-ce pas ? Pour le Cercle, Avruellen et tout Talia, tu dois être reconnaissante. Je veux que tu te lèves et que tu me promettes de ne plus tuer de dragon. »

    Bronwyn hésita. En se démenant à accepter ce qu’Agmunsten venait de lui apprendre, entendre le nom de sa tante était comme si elle venait de recevoir une gifle en pleine figure. Avruellen ne lui pardonnerait jamais si elle abandonnait, peu en importait la raison. Et où était sa tante ? Est-ce qu'elle allait bien ? Elle se leva lentement et eut besoin d’un moment pour retrouver son équilibre. Elle regarda Agmunsten : « Je promets de ne pas assassiner d’autres dragons. Je suis vraiment désolée. » Elle baissa les yeux.

    « Ça ira, mon enfant, mais souviens-toi que je te surveillerai. Si Drakon ou Sinjenasta te demande de faire autre chose, tu dois d’abord m’en parler. »

    Bronwyn fit signe de ‘oui’ de la tête et laissa Agmunsten la conduire hors de sa cellule. En voyant la porte de la cellule de Sinjenasta ouverte, elle demanda au magicien où il était.

    « Je ne sais pas. J'espère qu'il est avec le Maître de guerre. » Agmunsten s’était approché de la cellule pour vérifier qu’elle était bien vide. Il ne s’attendait pas à ce que Bertholimous obtienne la promesse de Sinjenasta de si tôt. Le chef-magicien tournait le bout de sa barbe entre ses doigts gracieux en espérant que tout s’est bien passé.

    Encore fatigué des jours qu’il avait passés au chevet d’Arcon, il se tourna lentement et se dirigea vers les escaliers menant aux étages supérieurs de Vellonia : « Suis-moi, Bronwyn. Nous allons voir le roi des dragons. »

    Bronwyn était contente qu’Agmunsten prenne son temps. Cela lui permettait d’admirer la grandiosité du château de l’intermontagne pour se distraire un peu de ses pensées déprimantes. De riches meubles, placés à intervalles réguliers, ornaient les salles, mais la beauté venait de la nature environnante. La pierre polie était en contraste avec la rugosité. De minces veines d'or étincelantes traversaient les murs, rappelant à Bronwyn le Lac Sacré. Là où elle s'attendait à voir des plafonds bas et comprimés, elle fut éblouie par des dômes montant en flèche, très haut, où des centaines de bougies brûlaient dans des petits recoins taillés par les dragons.

    Agmunsten écarquilla des yeux et s’arrêta brusquement. Bronwyn lui rentra dedans : « Oups ! Pardon ! Je ne regardais pas où j'allais. Est-ce que le roi est ici ? » La jeune magicienne ne voyait aucune porte et se demandait si le roi se cachait derrière une porte invisible actionnée par le pouvoir du Second Royaume.

    « Non, ma chère. Une chose vient de se produire. Le roi devra attendre. » Cette fois, Agmunsten se déplaça avec la hâte d'un jeune homme impatient.

    Chapitre 3

    Agmunsten traversa précipitemment la porte ouverte et Bronwyn resta en recul. Elle avança d’un pas hésitant. Agmunsten s’était déjà assis sur une chaise près d’un lit et avait ses mains posées sur la tête d’un homme, dont les cheveux blancs dépassaient entre ses doigts. En dévisageant le patient, Bronwyn remarqua une familiarité dans ses traits. Ses rêveries furent interrompues lorsqu'elle sentit une deuxième présence dans la pièce.

    Un jeune homme du même âge qu’elle était debout derrière elle. Un rat était assis sur son épaule. Même si elle savait qu'elle ne l'avait jamais vu auparavant, une chose en elle lui disait qu'elle le connaissait. Son sang vibra dans ses veines, lui disant que c’était évident juste à le regarder. Elle eu l’image éclair d’un dragon gigantesque penché sur lui, avec la gueule grande ouverte prête à

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