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Epris d'absolu: Idéal, désillusion et confiance
Epris d'absolu: Idéal, désillusion et confiance
Epris d'absolu: Idéal, désillusion et confiance
Livre électronique132 pages1 heure

Epris d'absolu: Idéal, désillusion et confiance

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À propos de ce livre électronique

Comment repérer une authentique vocation ? Comment y rester fidèle ? La riche expérience de l'auteur l'autorise à voir le centre de gravité de tout appel (à la vie religieuse ou conjugale) autour des questions d'idéal et d'idéalisation, et donc de dés-idéalisation. L'idéal est une réalité psychique qui peut être ambivalente, ce qui veut dire qu'elle recèle une énergie considérable qui peut honorer la vie ou se retourner contre elle. Les figures d'Abraham, de Samuel, Osée, Paul et d'autres nous aideront sur ce chemin subtil, à l'écoute de l'Esprit Saint. Nous nous glisserons aussi dans l'intimité entre Jésus enfant et la Vierge Marie qui nous montrera que le premier appel de tout enfant est celui de la vie et qu'il se conjugue en idéaux qui ne cessent de réclamer leur validation au tout long de la vie. Péché, culpabilité, pardon et miséricorde sur soi seront habilement dénoués pour se frayer un chemin de vie et de bonheur.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Psychanalyste. - Membre de la Fraternité des moines apostoliques diocésains (en 2000). Jean-François Noël est prêtre du diocèse d’Aix-en-Provence et psychanalyste. Il a notamment publié Le point aveugle (Cerf), Le désir inconscient de Dieu (DDB), L’écharde dans la chair (DDB) et Travailler à être soi (Salvator). Une fois par semaine, le curé d'Istres et de Saint-Mitre-les-Remparts (13), reçoit des patients dans son cabinet de psychanalyse. Pour lui, la thérapie est un moyen de retrouvailles avec soi-même et un chemin de conversion
LangueFrançais
Date de sortie10 sept. 2020
ISBN9782375822203
Epris d'absolu: Idéal, désillusion et confiance

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    Aperçu du livre

    Epris d'absolu - Jean-François Noël

    DU MÊME AUTEUR

    Tous mes désirs sont devant toi. Église, plaisir et sexualités, Salvator, 2019

    Où es-tu ? Présence à soi, présence de Dieu, Salvator, 2017

    Travailler à être soi, Salvator, 2015

    L’Écharde dans la chair. Éloge de la sainteté ordinaire, DDB, 2011

    Tous les textes bibliques sont tirés de AELF Liturgique.

    Composition : Soft Office

    Couverture : Florence Vandermarlière

    Illustration de couverture :

    p. 4 : portrait de l’auteur – D.R.

    © Nouvelle Cité 2020

    Domaine d’Arny

    91680 Bruyères-le-Châtel

    ISBN : 9782375822203

    Pour accomplir sa propre vocation, il est nécessaire de développer, de faire pousser et grandir tout ce que l’on est […], de se découvrir soi-même à la lumière de Dieu et de faire fleurir son propre être.

    Pape François, Exhortation apostolique,

    Christus Vivit, § 257.

    Introduction

    D’aucuns, plus malins, vous diront ensuite qu’ils s’en doutaient. Mais il n’empêche qu’un beau jour, la famille est bien surprise, voire stupéfaite, à l’annonce de ce jeune homme ou de cette jeune femme qui affirme avec une conviction étonnante, presque inébranlable, qu’il ou elle se doit de répondre sans tarder à un appel impératif. L’annonce peut être qu’il ou elle va se marier avec untel ou une telle, qu’il ou elle rentre au couvent ou au séminaire, ou va partir à Haïti pour s’occuper des pauvres, etc. Peu importe, l’appel d’une vocation fait toujours peur, il donne l’impression d’être si peu raisonnable et si impulsif. Et l’entourage de penser : ne peut-il ou ne peut-elle pas se tromper ? Que s’est-il passé ? D’où lui vient cette conviction ? Est-elle saine ou suspecte ? Faut-il le ou la contredire ? En tout cas, ce qui est clair est qu’il ou elle est vraiment décidé, et rien ne semble ébranler sa détermination. En fait, la vraie question est : « Cette annonce de vocation dénonce-t-elle une emprise ou au contraire traduit-elle une révélation ? » Il est indéniable que ce jeune appelé est sous la coupe d’une passion, au sens propre du terme.

    N’est-ce pas d’ailleurs le sens du mot « épris » ? Ne dit-on pas que cet homme est très épris de cette femme pour décrire son attachement amoureux, de même qu’on peut dire qu’il est épris de liberté, de beauté, de justice pour celui qui y voue sa vie ? S’éprendre de quelqu’un ou de quelque idéal se réfère donc à une expérience qui, par son intensité et sa profondeur, s’impose comme définitive et inaugurale. Si le mot peut s’appliquer aux deux situations, cela veut dire qu’il y a toujours un ou des idéaux qui caractérisent tout appel. Or il est très important de souligner ici, pour prendre la mesure de toute la force de l’idéal, que ce n’est pas uniquement le sujet – le ou la bien-aimé(e), la prière, la tendresse, la vérité, la beauté, la justice, etc. – qui est d’emblée absolu, mais le ressenti, l’éprouvé. L’appelé est épris d’absolu… et cela est la définition de toute vocation. C’est tout aussi vrai pour une vocation sacerdotale, religieuse ou monastique. Car même dans ce cas, l’appel de Dieu – absolu en soi – s’est diffracté dans des formes plus relatives, mais qui sont éprouvées comme absolument nécessaires et qui, si elles n’étaient honorées, invalideraient la vocation. Pour certains, ce sera la pauvreté radicale, pour d’autres, la beauté de la tradition, pour d’autres encore, l’étude et la quête de la sagesse, la vie fraternelle, etc. Bref, croyants ou pas, même s’il en est de plus importants que les autres, notre vie est jalonnée d’appels qui nous incitent à aller de l’avant, conséquences de rencontres qui interrogent notre manière de vivre. Mais retenons au moins le premier appel qui est à l’origine du premier bouleversement.

    Cette rencontre est si fondatrice qu’elle fait retentir un appel, un appel à changer de vie, à s’engager. L’appelé ne se savait pas ainsi tissé de matière inflammable. À la vision de ce visage, à l’écoute de la Parole de Dieu, à la beauté de ce paysage, à la lecture de ce livre, à l’écoute de tel enseignement, au silence tendre et paisible de Dieu, il a pris feu. Et, paradoxe ultime, il s’est retrouvé ; comme après un long sommeil, il s’est réveillé, désormais familier de ce qu’il ressent, qui ne supporte aucune comparaison, qui n’est relatif à rien. C’est ainsi que cet appel revêt un caractère absolu. Ne pas y répondre serait la pire trahison. Si on l’interrogeait à ce moment-là, il répondrait qu’il a trouvé la source de la vie et qu’il se demande comment il a fait pour vivre sans elle.

    Si la surprise est flagrante pour la famille, elle l’est aussi, mais d’une autre manière, pour l’appelé. Quand l’appel se fait entendre en soi, et qu’il correspond en tout point à ce qu’on portait et dont on ne savait rien avant cette rencontre, on se lève et on le suit. Comme ce jeune garçon que j’étais, et qui, à la demande du prêtre qui veut savoir qui a songé à le devenir, regarde tout étonné sa propre main qu’il vient de lever devant tous. Pourtant, le mûrissement s’est fait presque à l’insu de l’appelé. Qui n’a pas souri devant deux amoureux qui ne le savaient pas encore alors que cela semblait si évident aux yeux de leurs proches ? On dira d’ailleurs qu’ils sont tombés amoureux, même si j’ai toujours pensé que l’expression pouvait rendre compte de l’imprévisibilité de l’événement, mais non de la visitation intime qu’il suscite : étreinte des cœurs avant d’être celle des corps. Mais il n’empêche qu’on pourrait utiliser la même image. On tombe dans l’idéal comme on tombe amoureux. L’analogie me permet d’aller plus loin. Les idéaux agissent à bas bruit. Ils contribuent secrètement à l’identité et attendent « leur heure », le moment opportun. C’est dire leur importance. D’ailleurs, ils ne se révéleront pas d’emblée. De même que le jeune amoureux est d’abord étonné de trouver tant de plaisir à être en sa compagnie, avant qu’il ne prenne conscience de son amour. Plaisir de partager des goûts, de ressentir la même chose, d’être en accord, d’être accueilli sans jugement… Ce n’est pas tant une sorte de bien-être qui en est la garantie qu’un accord plus profond qui porte une promesse magnifique : « Je peux devenir ce que je suis quand tu es avec moi. »

    Mais la question qui s’impose est celle de ses prémices. Car cet appel ne semble pas être entendu ou perçu par tous. Peut-on donc repérer les conditions de naissance d’une vocation ?

    Il est une première distinction que l’on retrouve chez les hommes. Il en est parmi nous qui ne peuvent penser leur vie qu’en termes de don, et d’autres qui la vivent comme un dû, qu’il faut consommer au mieux. Les premiers reçoivent leur vie comme un cadeau inestimable qu’il va falloir faire fructifier au mieux, les seconds restent centrés sur eux ou leur tribu qu’ils doivent défendre contre ceux qui la menaceraient. Dû ou don est une distinction majeure.

    La deuxième distinction tient à une certaine intranquillité, qui précède tout appel et qui en est la condition. La découverte de la cruauté, de la barbarie, a laissé le futur appelé sans voix, plus désarmé et plus interrogé que jamais. C’est de cette rencontre qu’est montée une question lancinante. Comment dois-je réagir ? De la réponse que l’on va donner dépend notre appartenance à l’un des trois groupes suivants. Le premier groupe est celui de ceux qui ne veulent plus ou pas en être victimes, et donc, pour eux, l’avenir appartient à ceux qui ont la force, le pouvoir, l’argent… on devine quel genre d’hommes on trouvera dans cette catégorie. Diamétralement opposées à ce groupe, on trouve les éternelles victimes qui, comme des éponges, absorbent passivement le mal. Certaines d’entre elles vont cultiver une vengeance qui va attendre son heure. Cela viendra grossir les rangs des indignés, des envieux, des revanchards et des délateurs. Les premiers et les derniers ne supportent pas l’intranquillité qu’être vivant impose… Le troisième groupe qui se situe au milieu du gué est celui des porteurs d’idéal. « Je ne peux pas ne pas réagir. » Évitant soigneusement les réponses trop narcissiques des premiers et celles de la défaite aigrie des deuxièmes, ils choisissent le chemin de la responsabilité, celle qui incite à devenir acteur. Là encore, on distingue trois sous-groupes. Le premier regroupe les idéalistes qui ne lâchent sur rien et deviennent idéologues. Le deuxième, le plus important en nombre, rassemble ceux qui se targuent d’être « réalistes ». Point n’est besoin de commenter ceux qui n’ont pas digéré leur désillusion et font croire qu’on peut transformer une déception en sagesse. Enfin, le troisième groupe, qui, de tâtonnements en tâtonnements, ne renonce pas, mais apprend à accorder, à s’adapter. Et, étonnamment, c’est justement celui que propose Dieu à tout croyant.

    La troisième distinction tient à la capacité de supporter l’insatisfaction. Partout insatisfait, le futur appelé ne trouvera jamais vraiment chaussure à son pied. Et c’est la hauteur, la profondeur de ses idéaux qui le font tenir, et inventer jour après jour le chemin qui respecte ses idéaux. C’est pour supporter cette insatisfaction qu’en contrepartie, l’idéal apporte tant de plaisir et mobilise avec une telle énergie. Mais, car il y a un mais… confrontation, usure, compromis, désillusion sont-ils fatals ? Pour répondre à cet enjeu crucial, je propose de relire les textes, et de relire les destinées de tous ceux qui nous ont précédés sur le chemin de la vocation.

    Contexte

    Tout d’abord,

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