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Des hommes, des cimes et des mots: Chroniques
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Livre électronique397 pages5 heures

Des hommes, des cimes et des mots: Chroniques

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À propos de ce livre électronique

Un recueil de chroniques publiées pendant plus de vingt ans dans les principales revues d'alpinisme.

Des hommes, des cimes et des mots… reprend les écrits de Jean-Marie Choffat publiés entre 1993 et 2015 dans les revues du Groupe de Haute Montagne, du Club Alpin Français et de la Fédération Française de la montagne. Portraits, critiques, chroniques, entretiens, récits… emmènent le lecteur sur tous les horizons alpins possibles et imaginables : du Piolet d’Or à l’Annapurna, de l’histoire de l’alpinisme à la littérature alpine…
Tourné vers les autres, attentif aux talents discrets et aux hommes remarquables, Jean-Marie Choffat met en lumière des personnages hors du commun. Il nous livre des portraits admirables qu’il a su peindre avec des mots et une sensibilité qui lui sont propre.
Des hommes, des cimes et des mots… réveille les consciences et suscite les débats…
Par leur diversité, les textes de Jean-Marie Choffat insufflent un peu de vie à une communauté alpine qui, aujourd’hui, en a bien besoin.

Laissez-vous emporter par ces chroniques de haute montagne par l'un des plus grands alpinistes français. Personnages hors du communs, nature et montagnes sont au coeur de ces récits inspirants.

EXTRAIT DE Simon Yates : "Le Dénouement" (ou la valse des sentiments!)

« Tout me paraissait soudain très confus. Pendant des mois, l’ascension de la Tour centrale du Paine avait monopolisé mes pensées. Maintenant ce projet était en suspens, provisoirement abandonné. Ne pas faire une nouvelle tentative, c’était vider de leur sens tous ces mois d’efforts que j’y avais consacrés. Si j’étais prêt à renoncer aujourd’hui, n’était-ce pas la preuve que je ne m’étais jamais engagé à fond ? Plus j’y réfléchissais, plus je me sentais déprimé et moins j’y voyais clair. »
Cet extrait du livre de Simond Yates en donne parfaitement le ton : l’auteur est en guerre avec son autre moi, où si vous préférez, avec ses propres sentiments. Vous me direz que c’est chose courante en montagne ? Sans doute. Mais généralement ce sentiment confus, le montagnard préfère le cacher au plus profond de lui, le dissimuler en fait, car il est révélateur de faiblesses et générateur d’échecs. L’action de ce récit se déroule donc en Patagonie, dans cette région du Paine où l’on sait que les vents et le froid ont déjà, par le passé, roulé plus d’un alpiniste — et pas des moindres — dans la farine (pardon, la poudreuse).
Parti avec trois compagnons tenter une voie nouvelle sur la Tour centrale du Paine, Simon Yates se retrouve très rapidement dans des conditions — Patagonie oblige — épouvantables : tempêtes, vent, froid, dévissages des uns et des autres, cordes cisaillées... Et pourtant l’équipe progresse « presque » normalement. D’ailleurs l’auteur nous restitue cette ascension avec un tel pouvoir narratif, que l’on a souvent l’impression d’être de la cordée et de faire corps avec la gigantesque paroi.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Né en 1956 à Belfort, Jean-Marie Choffat découvre la montagne et l’alpinisme à l’âge de 14 ans. En 45 années de montagne, il a réalisé plus de 1200 ascensions et de nombreuses premières, tant en France qu’à l’étranger. Ancien secrétaire et vice-président du G.H.M, membre de l’Alpine Club, il est l’auteur d’une douzaine de livres dont beaucoup ont été primés.
LangueFrançais
ÉditeurEx Aequo
Date de sortie9 nov. 2018
ISBN9782378734848
Des hommes, des cimes et des mots: Chroniques

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    Aperçu du livre

    Des hommes, des cimes et des mots - Jean-Marie Choffat

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    Table des matières

    Résumé

    Préface par Yves Peysson

    Avant-propos

    Première partie Deux préfaces et une postface

    Préface au livre d’Albert Tobey

    Pascal Ottmann, un homme, une vie, un livre

    Deuxième partie Chroniques et critiques

    Bloc-notes

    LA TRÈS HAUTE ALTITUDE

    IMAGINATION

    Une Légende tenace...

    Berhault — Bibolet, retour au (vrai) Grand Alpinisme

    L’Annapurna en question

    Jeux de cirque et grandes dérives

    DÉSENGAGEMENT

    Nouveauté : le prix GHM du livre de montagne à Passy

    L’histoire de l’alpinisme ne fait que commencer

    Dans la chaleur de Passy...

    Bernard Domenech, immensément…

    UN OBSERVATOIRE POUR LA MONTAGNE ? UNE RICHE IDÉE !

    Passy 99 : dans les coulisses du Salon

    Les 4 et 5 juin à Chamonix, l’Annapurna a eu 50 ans !

    Récompenses

    Troisième partie Des hommes et des mots

    Vie de guide par Albert Tobey

    L’autre Annapurna

    Confessions d’un homme de ce siècle

    GREG CHILD un excellent grimpeur, qui écrit... excellemment !

    YVES BALLU : AUTOPSIE D’UN NAUFRAGE

    ANNE SAUVY : immersion profonde... pour cause de chef-d’œuvre accompli.

    Sir Edmund Hillary, Le regard depuis le sommet

    Simon Yates : Le Dénouement (ou la valse des sentiments !)

    Escalade en haut lieu (Loue/Lison)

    Le septième sommet, poèmes pour Chantal Mauduit

    Daniel Grevoz. Par la force des montagnes

    Jean-Louis Hourcadette : La montagne et ses dangers

    Jean-Louis Étienne —Le pôle intérieur, autobiographie

    Mont-Blanc, album de photographies

    Guide de haute montagne, Une passion, un métier

    Nanga Parbat

    Quatrième Partie Hommages

    Hommage à Bernard Pierre

    Histoire de cordée, histoire d’amitié

    L’ENVOLEE D’UN ANGE…

    Pierre Allain  une « pure lumière » s’éteint

    Albert Tobey — un grand guide disparaît...

    Hommage à Yannick Seigneur

    Hommage à Eric Jacquet-Lagrèze

    Cinquième partie Portraits et entretiens

    LA MONTAGNE AUTREMENT

    Cinquantenaire de l’Annapurna

    Entretien avec Maurice Herzog

    Itinéraires d’un alpiniste engagé : Alain Le Ray

    Entre Fitz Roy et Dru

    Michel Béal

    Serge, raconte-nous ta montagne...

    Jean-Claude Droyer : une vie à grimper !

    Jean-Marie Choffat, un homme (toujours) debout.

    Sixième partie Des récits et une nouvelle

    Djado, des citadelles dans le désert

    Etrange bivouac

    Face Ouest de l’Aiguille du Plan

    Auyuittuq : le voyage Arctique

    Vingt-cinq années d’aventures littéraires à Passy

    Crédit photos

    Remerciements

    Résumé

    Des hommes, des cimes et des mots… reprend les écrits de Jean-Marie Choffat publiés entre 1993 et 2015 dans les revues du Groupe de Haute Montagne, du Club Alpin Français et de la Fédération Française de la montagne. Portraits, critiques, chroniques, entretiens, récits… emmènent le lecteur sur tous les horizons alpins possibles et imaginables : du Piolet d’Or à l’Annapurna, de l’histoire de l’alpinisme à la littérature alpine…

    Tourné vers les autres, attentif aux talents discrets et aux hommes remarquables, Jean-Marie Choffat met en lumière des personnages hors du commun. Il nous livre des portraits admirables qu’il a su peindre avec des mots et une sensibilité qui lui sont propre.

    Des hommes, des cimes et des mots… réveille les consciences et suscite les débats…

    Par leur diversité, les textes de Jean-Marie Choffat insufflent un peu de vie à une communauté alpine qui, aujourd’hui, en a bien besoin.

    Né en 1956 à Belfort, Jean-Marie Choffat découvre la montagne et l’alpinisme à l’âge de 14 ans. En 45 années de montagne, il a réalisé plus de 1200 ascensions et de nombreuses premières, tant en France qu’à l’étranger. Ancien secrétaire et vice-président du G.H.M, membre de l’Alpine Club, il est l’auteur d’une douzaine de livres dont beaucoup ont été primés.

    Jean-Marie Choffat

    Des Hommes, des cimes et des mots

    Chroniques

    ISBN : 978-2-37873-484-8

    Collection Grands espaces

    ISSN : 2610-3176

    Dépôt légal octobre 2018

    © couverture Ex Aequo

    © 2018 Tous droits de reproduction, d’adaptation et de

    traduction intégrale ou partielle, réservés pour tous pays. Toute modification interdite.

    Éditions Ex Aequo

    6 rue des Sybilles

    88370 Plombières les bains

    www.editions-exaequo.com

    Du même auteur

    Les Brodequins du Soleil (récit) éditions Trèfle 1983 (épuisé) ; éditions Alzieu 1997, (épuisé), édition Tensing 2013 (épuisé) Nouvelle édition Ex Aequo 2018.

    À la verticale du désert (album, récit) éditions Coprur, 1990

    Un homme debout (entretiens avec C.Guimet) éditions Alzieu, 1996 et 2002, (épuisé), édition augmentée Tensing 2014 (épuisé) ; nouvelle édition Ex Aequo 2017.

    Dans le grand vent des cimes (roman jeunesse), éditions Monnin-Montbéliard, 1998.

    Grand alpinisme (anthologie avec Y.Peysson et R.Guinot) éditions Guérin, 1ère édition cartonnée et numérotée, 1999 ; 2ème édition reliée luxe, 2000 (épuisé)

    Une nuit, l’éternité (entretiens avec Michel Devaux), éditions Alzieu 2000 

    Aventures sahariennes, la montagne au désert (récit), éditions Alzieu, 2002 et 2003 (Prix des Pays du Mont-Blanc, Passy 2003) (épuisé), édition Tensing 2014 (épuisé)  nouvelle édition Ex Aequo 2018.

    La vie à pleines mains, au-delà du cancer (entretiens avec A. Bollengier) éditions du Belvédère, 2006. Nouvelle édition 2013 (Prix des villages du livre Suisse, St Pierre de Clages 2007 ; Prix Passio’Mots de la meilleure autobiographie Besançon 2011) Troisième édition prévue en 2018.

    Julien et l’Aiguille Tordue (Roman jeunesse) éditions de l’Astronome. 2009

    Entre montagnes et déserts, 40 années d’aventures. Editions  Le Verger/La Maison de Papier 2010. (Grand Prix des Ecrins René Desmaison 2011)

    Nouvelles exquises, 20 plumes pour vous séduire. Collectif. 2012. Editions A.C.A.I. 20 rue des Vignes 25115 Pouilley-les- Vignes

    Les grandes heures de l’alpinisme, anthologie avec Yves Peysson, éditions du Belvédère 2014

    25 ans, salon international de montagne de Passy. Collectif, hors collection, éditions Guérin 2015 

    Des hommes, des cimes et des mots… Chroniques, éditions Tensing. 2016 (épuisé)  Nouvelle édition en 2018 aux éditions Ex Aequo.

    Préfaces

    Souvenirs de là-haut, vie de guide, par Albert Tobey, éditions Alzieu 1997 et 2007

    Escalades en terrain d’aventures, par Sylvain – Conche, éditions Amphora 2004 (épuisé)

    Vent Frivolant, nouvelles, par Claudie Guimet. Editions de la Noue Gavigné. 2010 (épuisé)

    L’homme au lapin, nouvelles policières, par Claude Gillot, éditions Edifi 2014

    Postface

    Pascal Ottmann, mon fils disparu au Mont-Blanc, par Pierre Ottmann, publié à compte d’auteur (Navenne, Vesoul) 2000

    À mes amis disparus…

    Aux cimes et aux mots…

    Préface

    par Yves Peysson

    Des hommes, des cimes et des mots… !

    Ce titre à lui seul résume la richesse de mon ami Jean-Marie Choffat, avec qui je suis lié d’amitié depuis presque vingt ans. Alpiniste chevronné, écrivain prolixe et reconnu, ancien vice-président du Groupe de Haute Montagne, Jean-Marie a su lier les deux mondes avec un talent inimitable qui fait de lui un acteur incontournable de la sphère montagnarde française.

    Volontiers provocateur, parfois pour mieux souligner les incohérences ou les dangers de certaines évolutions des pratiques de la montagne, mais toujours bienveillant dans le fond, il regarde sans complaisance cet univers si particulier, où les sommets sont un domaine de pureté pour tous, tandis que dans les vallées, la nature humaine reprend ses droits et les hommes n’hésitent pas à se lancer dans des joutes oratoires passionnées, mais aussi passionnantes. Des hommes, des cimes et des mots… ! c’est tout cela, une synthèse des écrits de Jean-Marie dans les revues du Groupe de Haute Montagne et du Club Alpin Français notamment, qui emmènera le lecteur sur tous les horizons alpins possibles et imaginables : du Piolet d’Or à l’Annapurna, de la grande histoire de l’alpinisme que certains voient déjà terminée (ils se trompent…) à la littérature alpine ! Car le spectre des compétences de Jean-Marie est large et c’est tant mieux, car il réveille les consciences, suscite les débats, bref, insuffle de la vie dans une communauté qui en a bien besoin. Jamais l’alpinisme n’a en effet été si controversé dans ses fondements, pour de multiples raisons, tant juridiques que techniques ou sociales.

    Mais Jean-Marie, c’est aussi et avant tout un homme sensible, tourné vers les autres, attentif aux talents discrets et aux hommes remarquables. Ses interviews sont des références pour mettre en lumière ces personnes et révéler des êtres hors du commun. Admirables portraits qu’il a su peindre avec des mots, à l’image de son immense sensibilité, qui fait de lui une personne rare. Mais cette sensibilité est doublée d’une incroyable force de caractère, alors que la maladie n’a cessé de le harceler depuis plus de 25 ans, sans jamais qu’il ne lâche prise ! Un vrai alpiniste, qui sait se cramponner à la vie comme à chaque millimètre de roche, ouvrant ainsi la voie pour lui-même, mais aussi pour les autres. L’anniversaire des 25 ans de sa maladie, célébré récemment avec un humour dévastateur sur Facebook, a montré comment Jean-Marie créait de l’espoir à ceux dont l’existence est malmenée. Cette qualité exceptionnelle a été mise en mots par les interviews qu’il a menées, en choisissant de belles personnes qui surent marquer leur époque. Pour ceux qui étaient montés plus haut que les cimes, les hommages que Jean-Marie rédigea furent à la même image. Un régal littéraire et humain.

    Car sans les Hommes, sans les Mots, y aurait-il des Cimes admirables ? C’est la littérature qui nourrit le rêve, qui donne l’envie de transgresser un quotidien banal pour aller chercher loin et haut des valeurs et des accomplissements qui forment un Être complet, un Être en pleine possession de ses moyens physiques, psychiques et intellectuels. Un Être en toute conscience. L’alpinisme, c’est un peu de tout cela, une synthèse absolue, que Jean-Marie résume avec talent à travers ses écrits sensibles, mais sans concession. Des écrits pleins d’humanité !

    Alors, lecteur, régalez-vous, savourez chaque texte qui apporte un éclairage original sur le monde et les hommes. Faites durer le livre pour en déguster la richesse. C’est comme boire un vin d’exception qui vous délivre toute son histoire par ses arômes.

    Yves Peysson, mai 2016

    Ancien Pdt du GHM et

    du Comité Scientifique du Club Alpin Français

    Avant-propos

    Les textes que vous allez découvrir — ou redécouvrir — ont été écrits à partir de 1993, date de ma nomination au poste de secrétaire du Groupe de Haute Montagne (GHM).

    Dès mon admission en 1992, Jean-Claude Marmier, alors président, connaissant mon goût pour l’écriture, me confia les pages GHM de la revue La Montagne & Alpinisme du Club Alpin Français.

    Le GHM — partenaire fondateur de la revue — avait pour mission d’écrire une ou deux pages à chaque parution trimestrielle.

    Dans un numéro de la revue, Jean-Claude informa les lecteurs : « J’ai relu voici quelque temps les éditoriaux parus sous ma plume et sous celle de quelques autres dans les numéros de La Montagne & Alpinisme de ces dernières années. À part quelques contradictions, je me suis aperçu que, mois après mois, nous répétions le même discours et que, si nos lecteurs avaient probablement bien reçu notre message, nous risquions fort à la longue de les lasser. Bref, il était temps de se remettre en question et d’innover…

    Toujours prêt à aller de l’avant, notre secrétaire, Jean-Marie Choffat, s’est proposé de rédiger des notes collant plus à la vie du GHM et aux préoccupations de ses membres. Relations de faits, remarques judicieuses et parfois impertinentes, ce nouveau bloc-notes ambitionne d’être un trait d’union entre tous les membres du GHM. Puisse-t-il donner l’idée à d’autres d’apporter leur pierre à l’édifice ! »

    En clair : j’avais carte blanche pour animer ces pages. Je le fis de mon mieux et, chaque trimestre, ce furent chroniques, critiques, entretiens, critiques de livres — uniquement ceux que j’aimais, les autres, plutôt que d’en dire du mal, je préférais les ignorer – soit une bonne partie des textes qui figurent dans le présent ouvrage.

    Certains de ces articles ont fait couler un peu d’encre et pousser quelques cris ! Pour mémoire je citerais trois d’entre eux !

    Le premier intitulé « Jeux de cirque et grandes dérives » — que le président Marmier souhaita cosigner pour, me dit-il, lui donner encore plus de poids — mettait le doigt sur l’équipement en haute montagne.

    Une entreprise privée s’était proposé d’embaucher quelques grimpeurs de renom — notamment Michel Piola — afin d’équiper à demeure quelques voies classiques dans le massif du mont-blanc. Plusieurs membres du GHM y ont vu une véritable dérive de l’alpinisme : désormais, n’importe quelle entreprise pouvait sponsoriser n’importe quel grimpeur pour équiper n’importe quoi. Il faut bien admettre que beaucoup d’alpinistes n’avaient pas, hélas, le professionnalisme et la rigueur de l’équipement d’un Michel Piola.

    Cet article occasionna quelques remous et provoqua les « assises de l’alpinisme » qui eurent lieu à l’ENSA de Chamonix. La « responsabilité des équipeurs professionnels mandatés par une entreprise privée » fut très largement évoquée. En effet, en cas d’accident qui, aux yeux des assurances, devenait responsable ? Les équipeurs ? L’entreprise qui avait mandaté les équipeurs ? La mairie de Chamonix qui soutenait l’opération ? Vaste débat où la question eut le mérite d’être posée, comme elle le fut, en son temps, pour l’équipement des falaises.

    Se sentant injustement accusé et montré du doigt, Michel Piola demanda un droit de réponse dans la revue. Il lui fut bien entendu accordé. Puis il démissionna du GHM, ce que pour ma part, j’ai beaucoup regretté, car le but avoué n’était pas une attaque personnelle contre lui.

    L’idée était simplement de faire prendre conscience aux alpinistes-équipeurs qu’à partir du moment où ils étaient mandatés et payés pour effectuer un travail, en cas d’accident un transfert des responsabilités allait s’opérer très probablement à leur encontre comme à leurs dépens. L’alpinisme était en pleine mutation concernant les responsabilités. Déjà, des guides victimes d’accidents avec leurs clients en avaient fait les frais ; leurs responsabilités avaient été clairement engagées et — chose inimaginable il y a 20 ans encore — certains s’étaient même retrouvés devant les tribunaux…

    Les assises mirent à jour une évidence : l’époque « conquête des montagnes » était bel et bien terminée. Comme pour l’escalade, nous entrions à présent dans l’ère d’un alpinisme de consommation. Activité encore marginale hier, l’escalade — indispensable préparation à l’alpinisme — était devenue un sport comme un autre ; des hommes et des femmes grimpaient en falaise sans nécessairement évoluer vers l’alpinisme, et ceux qui choisissaient d’aller vers les parois d’altitude, souhaitaient y retrouver l’équipement sécurisé des falaises.

    Le second article qui fit polémique fut celui intitulé « Désengagement ». Il mettait simplement en évidence l’emploi abusif du téléphone portable en montagne. Comme toujours, il y eut ceux partageant à fond mon point de vue, et les autres, qui n’hésitaient pas à me traiter de rétrograde, de bonhomme vivant hors de son époque.

    Pourtant, pour moi les choses étaient claires : parti en altitude pour oublier ses soucis du bas, l’alpiniste se les reprenait en pleine tête au sommet du mont-blanc, grâce à son téléphone portable. Mais il y avait plus grave : à présent, certains n’hésitaient pas à déranger les gendarmes-secouristes du PGHM pour de simples broutilles…

    Une femme, dont j’ignore toujours le nom m’appela un jour pour m’insulter et me traiter d’irresponsable !

     Son mari, me dit-elle, avait eu la vie sauve grâce à son téléphone portable, et à ses yeux, je n’étais qu’un simple gratte-papier qui ne connaissait ni la montagne, et encore moins ses dangers (sic !)

    Pratiquant la randonnée solitaire en pleine forêt vosgienne son époux s’était brutalement tordu la cheville gauche sur une racine. Il avait dû ramper, jusqu’à ce qu’il puisse enfin obtenir la connexion au réseau. Il était arrivé, me dit-elle, à environ 400 mètres des premières maisons d’un village, en lisière de forêt. Heureusement, grâce à son téléphone portable, les secours étaient arrivés à temps, lui épargnant une nuit en pleine nature où il serait, toujours selon elle, très certainement mort de froid ; voire pire, ajouta-t-elle, car vu l’extrême état de faiblesse dans lequel se trouvait son mari, il aurait très bien pu se faire dévorer par des bêtes. (Je n’ai pas osé lui demander si elle pensait à la célèbre bête des Vosges…)

    Le troisième article est certainement celui qui fit le plus de bruit, mettant tout le monde très mal à l’aise, moi y compris. Son titre : « l’histoire de l’alpinisme… ne fait que commencer ! »

    En voici l’origine. L’hiver précédent, deux amis russes avaient fait le pari d’ouvrir une nouvelle voie dans l’éboulement de la face Ouest des Drus. Défi audacieux et très incertain pour lequel ils demandèrent une aide matérielle à plusieurs fabricants et le soutien moral du GHM.

    Étant chez Jean-Claude Marmier à Chamonix à ce moment-là, j’avais suivi de près cette ascension très risquée dans la face éboulée. De son côté, Jean-Claude renseignait la presse et les journalistes qui posaient beaucoup de questions sur l’intérêt réel d’un tel défi. Cette voie nouvelle en hiver sur le Dru fut un succès et considérée par la suite comme un exploit.

    Seulement voilà, plusieurs voix s’élevèrent pour dénoncer le manque d’intérêt total d’une telle ascension, ainsi que le battage médiatique qui l’avait entourée. Parmi ces voix, une que l’on n’attendait pas : celle d’Eric Escoffier. Ce dernier n’y était pas allé tendrement dans la revue Vertical. Pour Éric, cette ascension n’avait été — je cite de mémoire — « qu’un grand cirque médiatique sans intérêt, orchestré par le GHM et son ancien président Jean-Claude Marmier.»

    J’avais fait la connaissance d’Éric Escoffier quelques années plus tôt chez Yannick Seigneur. Les deux hommes, accompagnés de quelques autres, s’apprêtaient à partir pour la face Nord de l’Everest. J’aimais beaucoup Eric Escoffier et je crois que c’était réciproque, mais là, il était allé un peu loin…

    Secrétaire du GHM, présent sur les lieux et ayant pu suivre le déroulement de l’aventure des deux Russes, je ne pouvais pas laisser passer une telle critique visant deux alpinistes intègres et un ancien président du groupe (de même que plus tard, je n’ai pas pu laisser passer les attaques contre Maurice Herzog, ancien président et membre d’honneur du GHM, concernant la remise en cause de l’ascension de l’Annapurna.)

    J’écrivis donc un article assez cinglant en direction d’Eric Escoffier — réponse du berger à la bergère en somme — et j’en profitais aussi pour égratigner quelque peu l’ami Yves Ballu, qui, dans son livre Les Alpinistes et suite aux performances de Christophe Profit, n’hésitait pas à prophétiser la fin de l’alpinisme dans les Alpes. Qui aime bien châtie bien.

    Histoire de ne pas prendre Éric par surprise, je lui fis parvenir mon article. Il me téléphona en riant et me dit qu’il avait trouvé mon papier très bien… surtout le passage concernant Yves Ballu : « par quelle magie un historien peut-il devenir prophète ? » me dit-il.

    Pour le reste du texte le concernant, il le trouvait « pertinent et bien torché ». Évidemment, il demanderait un droit de réponse dans les pages GHM de la revue, dès son retour d’Himalaya. Bien entendu, nous lui aurions accordé. Il était évident que toute personne mise en cause devait pouvoir se défendre et livrer ses arguments. En raccrochant le téléphone ce jour-là, nous étions Éric Escoffier et moi, toujours bons amis et c’était le principal.

    Les choses auraient pu en rester là, mais voilà, le destin en décida autrement. Début août 1998 en arrivant au Salon du livre de Passy, j’apprends la disparition d’Eric Escoffier sur les pentes du Broad Peak. Présent au salon, Yannick Seigneur qui connaît bien cette montagne, me dit que l’espoir de revoir Éric est très mince…

    Je file sur le stand du Club Alpin trouver Jean-Paul Zuanon, directeur de la revue La Montagne & Alpinisme. Compte tenu de la disparition d’Éric lui dis-je, il n’y a plus d’intérêt à publier mon article. J’avais d’autres sujets en tête et je pouvais lui écrire un autre papier au pied levé pour combler les deux pages…

    Hélas, trop tard !

    L’ensemble des écrits de la revue était déjà au marbre et nous ne pouvions plus rien bouger.

    La suite est facile à imaginer. L’article parut début septembre au moment même où la disparition d’Éric devenait définitive. Une avalanche de courrier arriva à la rédaction : lettres d’injures à mon égard, menaces de désabonnements… Mon adresse figurant dans les Annales du GHM, je reçus moi aussi de nombreuses lettres incendiaires et même quelques menaces de mort… Comment était-il permis de « cracher aussi facilement sur un mort qui ne pouvait plus se défendre… »

    Certains amis d’Éric, qui souvent étaient aussi les miens, m’en ont également voulu… avant de comprendre finalement les aléas et les impératifs du bouclage de la revue. En fait, le seul à avoir beaucoup ri à la lecture de cet article fut Eric Escoffier lui-même. Hélas, il n’était plus là pour le dire et surtout pour répondre.

    Au GHM, à partir de 1997 beaucoup de choses changèrent. Jean-Claude Marmier laissa la place de président à un jeune alpiniste lyonnais : Yves Peysson. Ce dernier accepta la présidence en posant quelques conditions. L’une d’elles était que je reste à mon poste de secrétaire pour l’aider au maximum. Yves était volontaire, mais aussi très pris par son métier de physicien au CEA. J’acceptai d’autant plus volontiers, car j’avais quelques projets dans mes cartons et je sentais Yves très motivé et très ouvert aux idées nouvelles.

    Par exemple, pourquoi ne pas créer un prix du livre GHM ? Pourquoi, à l’image de ce qui était fait à l’Alpine Club, ne pas réaliser un vrai livre plutôt qu’une simple revue annuelle appelée Annales ?

    J’avais déjà fait ces propositions à l’équipe précédente, mais mes idées étaient restées sans écho. Non seulement Yves Peysson appuya ces projets, mais il en apporta lui-même d’excellents.

    Ainsi, il créa le site Internet du groupe ; fut à l’initiative du livre Grand Alpinisme pour les 80 ans du GHM — livre auquel il me demanda de participer, ainsi qu’à Robert Guinot — et combien d’autres choses encore…

    Dès 1998, la revue Les Annales laissa la place à un livre annuel appelé Cimes. Le nom du rédacteur en chef s’imposa naturellement : Pierre Chapoutot. Pouvait-il y avoir choix plus judicieux que le « Chap’s » pour diriger et coordonner la rédaction de ce livre ? Je ne le crois pas.

    Alors que nos deux fédérations n’étaient pas au mieux dans leurs relations, je crois avoir été l’un des seuls — de par ma fonction de secrétaire, puis de vice-président du GHM — à écrire simultanément dans les deux revues fédérales : La Montagne & Alpinisme, revue du Club Alpin et du GHM et Direct’Cimes, revue de la FFME.

    Les cinq années passées au côté d’Yves Peysson à œuvrer pour l’intérêt général du groupe, à défendre les valeurs du Grand Alpinisme, nos valeurs, sont sans aucun doute les plus constructives que j’ai passées au GHM.

    Mais toutes les belles choses ont une fin. En l’an 2000, Yves, de plus en plus pris par son travail ne souhaita pas se représenter. De mon côté, très malade — je venais de subir une greffe totale de foie — j’éprouvais le besoin de prendre un peu de recul et de repos.

    Un nouveau président fut élu. Il désigna lui-même son nouveau bureau. Je n’en faisais pas partie, mais il est vrai que je n’avais formulé aucune demande dans ce sens. Plus tard, comme par besoin de se justifier, le président me dira : « tu comprends, il fallait une équipe nouvelle, plus jeune, plus dynamique ! »

    Dont acte !

    En 2001, je fus élu secrétaire du Comité de l’Himalaya et des expéditions lointaines au sein de la FFME. Je retrouvai Jean-Claude Marmier qui en était le président, ainsi que Bernard Domenech, Robert Paragot, Cédric Larcher et quelques autres. L’ambiance était bonne et je fus amené à écrire quelques articles pour la revue Direct’Cimes. Jean-Claude Marmier me fit même la proposition d’en prendre les commandes, mais je refusai.

    En 2005, de plus en plus déçu par la vie associative, où je sentais l’individuel « souci du paraître » prendre de plus en plus le pas sur l’intérêt général, je décidai de «poser mes valises ». Je n’écrivis plus que quelques articles ou portraits pour la revue Cimes du GHM.

    Le Groupe de Haute montagne d’après 2001 ne fut plus le même. Le prix du livre GHM fut abandonné, plus aucune ligne ne fut écrite dans les pages GHM de la revue La Montagne & Alpinisme ; même le Piolet d’or créé par Marmier et Chaumereuil faillit disparaître. Quant à la revue Cimes, il semble bien que, faute d’idées et de cohésion, l’année 2015 a donné naissance au dernier numéro.

    Cependant, à la veille de fêter son centenaire et pour une poignée d’irréductibles « l’esprit GHM » n’est pas mort. En 2014, avec Yves Peysson nous avons publié un ouvrage « Les grandes heures de l’alpinisme{1} ». C’est un livre important, puisqu’il reprend quelques-uns des grands textes écrits par les membres du groupe dans ses différentes revues. Tous les droits de ce livre iront dans les caisses du GHM. Quant au Piolet d’or, organisé pour la première fois en 2016 à La Grave, il fut paraît-il, un succès…

    Aujourd’hui, en plus de quelques merveilleux souvenirs, il me reste ces textes publiés pour l’essentiel dans quatre revues : Direct’Cimes, les Annales du GHM, Cimes et La Montagne & Alpinisme ; j’y ai ajouté quelques préfaces de livres rédigées à la même époque.

    Certains d’entre eux vous sembleront peut-être un peu vieillots ou en décalage avec les pratiques et les enjeux actuels, mais qu’importe au fond. Ils reflètent une pensée et un idéal qui, pour moi, après plus de 45 années de montagne n’ont pas changé. Il fut un temps, pas si lointain, où cet idéal correspondait aussi à celui d’une majorité des membres du GHM.

    Jean-Marie Choffat

    Le 10 mai 2016

    Première partie

    Deux préfaces et une postface

    PRÉFACE au livre de Sylvain Conche

    Escalade en terrain d’aventure, s’initier et progresser{2}

    En 1492, il y a donc un peu plus de cinq cents ans — année même où Christophe Colomb découvrit l’Amérique —, le seigneur Antoine de Ville sur les ordres du Roi de France, Charles VIII, parvenait à gravir le Mt-Aiguille dans le Vercors. Sans s’en douter, il venait pourtant de donner vie à une activité qui allait énormément compter pour nombre d’êtres humains, dont je fais partie...

    img1.png

    Pour gravir le « Mont-Inaccessible », Antoine de Ville et ses compagnons eurent parfois recours à un type d’escalade artificielle un peu particulier. Grâce à leurs « eschelles », certes, mais aussi employant le « système D », technique n’ayant de place aujourd’hui dans aucun manuel technique...

    Mais c’est au siècle dernier — et notamment lors de ces cinquante dernières années — que l’escalade va connaître son plein essor et devenir une activité ludique.

    D’abord adoptée par une marginale minorité, l’escalade à cette époque constituait LE tremplin pour accéder à la haute montagne. L’escalade était alors toujours pratiquée dans un esprit de réussite des parois. Si parfois la difficulté était grande, elle était cependant toujours limitée par un matériel restreint : pas de coinceurs (ou très peu de variété) ; choix restreint de pitons ; l’emploi des pitons à expansion était considéré comme une atteinte à l’éthique qui pouvait parfois conduire à des excès très mal perçus dans le milieu de la montagne.

    Syvain Conche

    à l'envers des Aiguilles de chamonix

    Cependant, au début des années 1980 tout va changer. Après l’escalade de conquête traditionnelle, et grâce au développement constant de nouveaux matériels, mais aussi à l’appui de quelques reportages. Chacun se souvient — et pour ne citer qu’eux — des films sur et avec Patrick Edlinger. L’escalade —comme le tennis bien des années plus tôt — va se démocratiser et ouvrir ses portes au plus grand nombre. Les structures d’accueil et de formation (CAF et FFME) vont se charger de transformer une activité marginale en sport véritable. L’équipement des parois d’école — et pas seulement celles-ci d’ailleurs — avec des scellements à demeure vont complètement bouleverser, non seu

    img2.png

    lement l’approche de l’escalade, mais aussi la façon même de grimper. En effet, là ou hier la chute était interdite, le matériel employé aujourd’hui non seulement la permet, mais elle devient même nécessaire pour une libre progression dans l’échelle de valeurs des difficultés extrêmes en escalade dite sportive.

    Il faut admettre que si cette pratique permet de gravir des parois comportant des passages libres d’une difficulté extrême, ceci ne fût rendu possible que grâce à l’équipement « inarrachable » mis en place de façon constante — et parfois anarchique — dans des falaises qui parfois n’en demandaient pas tant. Et c’est peut-être là que se trouve le grand dilemme de l’escalade aujourd’hui. En effet, si l’escalade sportive a solutionné des difficultés très importantes sur le plan physique et gestuelle, quand est-il sur le plan mental ?

    De mon point de vue, le bilan n’est, sur ce point, pas fameux !

    Ainsi il n’est pas rare de constater qu’un grimpeur passant régulièrement du 7ème et même du 8 ème degrés en paroi aseptisée, ne soit pas très rassuré dans un passage de 5 c, quelques mètres au-dessus d’un piton classique. Si en escalade sportive la chute est un facteur obligatoire de progression, en terrain dit d’aventure, elle est totalement proscrite. Il faut bien reconnaître que beaucoup de choses se passent dans la tête et que pour certains, ce type d’escalade revient un peu au même que de faire du trapèze sans filet, ce qui est tout à fait absurde, puisque là, nous rejoignons en fait la naissance même de notre pratique. Il en va de même pour l’escalade dite artificielle. Certains pensent que ce n’est pas de la véritable escalade et que

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