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Le garçon bleu: Roman jeunesse 10 ans et +
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Le garçon bleu: Roman jeunesse 10 ans et +
Livre électronique233 pages3 heures

Le garçon bleu: Roman jeunesse 10 ans et +

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À propos de ce livre électronique

Quand l’arrivée d’un garçon mystérieux chamboule tout…

« Il y a eu ce garçon. Bleu. Bleue était son âme. Bleu était son cœur. Bleus étaient ses yeux, même si, aux yeux des autres, ils apparaissaient bruns. Mais moi, je les savais bleus car ils contenaient l’infini. »

À son arrivée au collège, le nouveau, tel un dieu que l’on ne peut nommer, devient vite le centre de toutes les attentions car il sort de six mois de coma durant lesquels il prétend avoir séjourné dans un monde où tout est bleu. Tous les jours, après les cours, Léa l’attend pour faire avec lui le chemin du retour et en apprendre plus sur cet étrange pays bleu où il était heureux et en paix. Mais elle n’est pas la seule à boire ses paroles et à être subjuguée par ce garçon mystérieux : toutes les filles de l’école ne pensent et ne respirent plus qu’en bleu... Lorsque le garçon bleu disparaît de la vie de Léa, son monde s’effondre.

Une métaphore du coma et de ses mystères

EXTRAIT

Maman ouvre la porte, armée d’un plateau repas.
— T’as pas appris à frapper ? je proteste. J’ai pas faim !
— Il faut manger, gémit-elle.
— Je mangerai quand j’aurai faim.
— Il faut manger. Tu as besoin de forces…
J’ai envie de rigoler. Pourquoi aurais-je besoin de force alors qu’une vie merveilleuse est possible, sans bouger, paupières closes sur un lit d’hôpital ? Peut-être que si j’arrête de manger, mon cœur diminuera ses battements, mes paupières se fermeront et je le retrouverai. Comme promis, il me fera visiter son monde. Ce serait tellement merveilleux. Mais je suis faible. Satanément faible.

A PROPOS DE L’AUTEUR

Lauréate du Prix du Jeune Écrivain 2011, Aurélia Demarlier a 29 ans et réside à Esneux, en Belgique. Elle est titulaire d’un master en philosophie obtenu à l’université de Liège. Elle a commencé à écrire vers l’âge de neuf ans, d’abord de la poésie, puis de la prose. Quand, à dix ans, son professeur de français lui a réclamé une rédaction de trois pages, elle lui a remis un carnet entier. Le professeur a tellement aimé cette histoire qu’il la lui a « confisquée » pour la lire à son fils, puis à son neveu… Aurélia Demarlier est l’auteur d’un recueil de nouvelles, Soignez-moi !, paru aux éditions Kirographaires. Le garçon bleu est son premier roman. Elle définit son rapport à l’écriture comme totalement spontané.

« Les mots s’imposent à moi alors que je me promène en pleine nature ou que je tente de trouver le sommeil, la tête posée sur l’oreiller. C’est pourquoi j’ai coutume de dire que je n’ai pas choisi d’écrire, c’est l’écriture qui m’a choisie. »
LangueFrançais
Date de sortie14 déc. 2015
ISBN9782511040188
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    Aperçu du livre

    Le garçon bleu - Aurélia Demarlier

    C’est l’heure que je préfère,

    on l’appelle l’heure bleue

    où tout devient plus beau, plus doux, plus lumineux.

    C’est comme un voile de rêve

    qu’elle mettrait devant les yeux,

    cette heure bien trop brève

    et qui s’appelle l’heure bleue […]

    C’est l’heure de l’attente quand on est amoureux,

    attendre celui qu’on aime, il n’y a rien de mieux,

    quand on sait qu’il va venir,

    c’est le moment le plus heureux

    et laissez-moi vous dire

    que ça s’appelle l’heure bleue…

    Françoise Hardy, L’heure bleue

    1

    IL Y A EU CE GARÇON

    1

    Maman ouvre la porte, armée d’un plateau repas.

    — T’as pas appris à frapper ? je proteste. J’ai pas faim !

    — Il faut manger, gémit-elle.

    — Je mangerai quand j’aurai faim.

    — Il faut manger. Tu as besoin de forces…

    J’ai envie de rigoler. Pourquoi aurais-je besoin de force alors qu’une vie merveilleuse est possible, sans bouger, paupières closes sur un lit d’hôpital ? Peut-être que si j’arrête de manger, mon cœur diminuera ses battements, mes paupières se fermeront et je le retrouverai. Comme promis, il me fera visiter son monde. Ce serait tellement merveilleux. Mais je suis faible. Satanément faible. Lorsque maman referme la porte, je lorgne les lasagnes à la viande qui me défient sur le coin de mon bureau. Pourquoi maman fait-elle ça ? Pourquoi m’empêche-t-elle de le retrouver ? Pourquoi me prépare-t-elle exactement ce que j’aime pour m’empêcher de retrouver celui que j’aime ? Je suis terrestre et faible. J’attrape la fourchette. Je suis faible et mortelle.

    Pourquoi lui ?

    Il y a eu ce garçon. Bleu. Bleue était son âme. Bleu était son cœur. Bleus étaient ses yeux, même si aux yeux des autres ils apparaissaient bruns. Mais moi je les savais bleus car ils contenaient l’infini. Parce qu’ils étaient la couleur la plus captivante de l’univers. Parce qu’on tendait les yeux vers lui comme on lève les yeux au ciel en se disant qu’il n’y a rien d’égalable, rien de comparable. Tout ce qu’il disait était captivant. Nous étions toutes suspendues à ses lèvres avant qu’il n’ouvre la bouche et nous savions que, quoi qu’il dise, nous ne serions jamais déçues. Si ce n’est de ne pas être celle à qui il s’adressait. Si ce n’est de ne pas être le centre de son univers. Mais ce qu’il disait était toujours éblouissant. Il racontait. D’où il venait. L’autre côté de l’océan. L’autre côté du monde. L’autre côté de la lumière. L’envers de la mort. Il avait tout vu. Tout ce que nous ne verrions jamais. Nous rêvions nos vies noyées dans le bleu de ses mots.

    Il y a eu ce Garçon. Puis, il y a eu La Difficulté. Mon père l’appelle rébellion, crise d’adolescence, manque de volonté. Il ne voit pas que La Difficulté est un fil ténu sur lequel il est pratiquement impossible d’avancer sans basculer dans le vide, si bien qu’il est plus prudent de rester immobile comme je le fais à attendre que le fil s’élargisse et devienne une route praticable. Ma vie s’est réduite à ce fil ténu. Mais les autres ne comprennent pas. Ils croient que je reste simplement immobile, que je ne fais rien. Ils appellent cela paresse, refus de la vie. Ils ne réalisent pas l’effort surhumain que cela me demande de rester en équilibre sur ce fil précaire. Eux vivent tous sur un grand boulevard où ils courent dans tous les sens. Ils se rencontrent, ils se cognent, ça fait des étincelles parfois. Puis les étincelles s’évaporent, les corps se séparent, mais toujours ils restent en mouvement, même s’ils ne voient pas qu’en fait ils tournent en rond. Moi, pendant ce temps, immobile sur mon fil, je contemple le boulevard animé sous mes pieds et j’ai l’impression que si je tente de les rejoindre, je vais m’écraser. Les autres ne comprennent pas. La vie, la mort ne sont pas du côté qu’ils croient. La vie, la mort sont des notions si relatives. Leur vie, c’est ma mort. Et dans cet état qu’ils nomment injustement « entre la vie et la mort » se glisse une vie où tout est confortable comme un nuage, doux et duveteux. Là-bas, il n’y a pas besoin de mots pour se comprendre. Lorsque vous croisez une âme, tout ce qu’elle veut vous dire se matérialise sous vos yeux. Si elle vous parle de montagnes, vous voyez les montagnes, si elle vous parle d’oiseaux, vous entendez leurs cris, si elle vous raconte ses joies, vous vous sentez la plus heureuse du monde. La mort, là-bas, ne se ressent jamais.

    — Même quand la nuit tombe, tu n’as pas peur parce que c’est comme si ton âme voyait le jour au travers, disait-il. Tu sais que ça passera et, même si tu as un peu peur, ça ne fait pas mal, tu n’es pas inquiet parce que tu te sens incroyablement vivant et entouré, tu ne te sens jamais seul.

    S’il y a bien un monde que l’on devrait nommer « entre la vie et la mort », c’est notre monde. Dans ce monde, nous ressentons la vie et la mort à chaque instant. Dans ce monde, nous marchons entre la vie et la mort sur un fil ou sur un boulevard, nous manquons à chaque instant la vie que nous aurions pu avoir si nous avions fait d’autres choix, de multiples vies meurent en nous. Moi, au moins, en restant dans mon lit, je laisse ces multiples vies en attente, je n’en abolis aucune. Je ne me « gâche » pas, comme dit mon père. À tâtons dans l’obscurité, je cherche la porte de sortie. Mais comment rejoint-on cet endroit ? Ce monde où, disait-il, la lumière bleue envahit tout comme une brume : c’est elle qui te nourrit, qui te guide, qui t’épaule, si bien que, lorsque tu reviens, toutes les autres couleurs te semblent agressives, superflues, et tu as envie de repeindre le monde en bleu.

    2

    Maman sent que je m’éloigne d’elle. Elle me le reproche :

    — Tu mets une barrière entre nous. Ce n’est pas parce que je suis ta mère que je suis ton ennemie. Moi aussi j’ai été jeune.

    Elle ignore que je lui rends service. Il vaut mieux qu’elle s’habitue maintenant, en prévision de mon départ. La morsure de l’absence en sera moins douloureuse. La blessure est plus superficielle, moins profonde lorsque les gens qu’on aime étaient déjà partis de leur vivant. Je ne dirais pas que je me coupe d’elle pour son bien ; la rupture, de toute façon, ça fait longtemps qu’elle s’est produite, même si elle ne s’en rend compte que maintenant. Parce que maintenant c’est devenu flagrant que nous n’avons rien en commun. Tu as été jeune, maman ? Peut-être, mais cela ne suffit pas pour nous constituer un point en commun. Tu as été jeune, maman, mais tout le monde a été jeune. De quelle jeunesse parles-tu ? De celle que vivent des tas d’adolescentes qui gloussent devant le premier garçon un peu mignon qu’elles rencontrent, qui se font tripoter dans l’obscurité d’un cinéma et puis qui s’effondrent dans les bras de leur meilleure amie parce qu’il en a préféré une autre ? De ça, on se remet, maman. De ça, on se console en rencontrant un autre garçon, peut-être un peu moins mignon mais un peu moins salaud aussi, en troquant l’antre obscur du cinéma pour de vraies conversations en plein jour, en s’entourant d’amis pour qui l’on compte vraiment. De ça, on se remet comme une seule journée de soleil fait oublier un trimestre pluvieux. De ces chagrins d’amour minables que tu as vécus dans ta jeunesse, de ce genre de chagrin que tu t’imagines que je vis en ce moment, on se console, on se relève, on tire une force pour plus tard, une lucidité qui nous évitera d’être naïve à nouveau et de s’enticher du premier venu. Mais là où tu as tort, maman, c’est de croire que mon chagrin a rapport à ma jeunesse, de croire que tes mots pourront m’aider. Tu as été jeune, maman, peut-être, mais tu n’as pas été moi. Et c’est pourquoi ce que j’ai vécu, tu ne peux l’imaginer. Tes mots ne seront jamais pour moi que des pelletées qui creusent un fossé entre nous. Tu as été jeune, maman, mais tu n’as pas été moi.

    3

    Il faisait partie de ces personnes qui possèdent une telle aura qu’il est impossible de ne pas être magnétisée. Je ne dis pas qu’il était beau à en mourir. Il était plus que ça. Sa beauté tenait moins dans une quelconque perfection physique que dans ce qu’il dégageait. Quelque chose de fascinant. Était-ce sa façon de se mouvoir ou cette impression que toute pièce où il pénétrait s’inclinait sous ses pas, au point que nous glissions toutes vers lui ? Mais c’était surtout sa façon de parler, si posément, sans jamais manifester ni impatience ni agacement, comme s’il avait toujours le temps. Même lorsque la cloche venait de sonner, il attendait qu’elle cesse de hurler pour terminer sa phrase comme si rien ne l’avait interrompu. Il ne semblait jamais pressé. Il ne se comportait pas pour autant de façon nonchalante comme ces garçons qui font exprès de traîner le pas pour signifier qu’ils n’en n’ont rien à foutre des cours, qu’ils sont cool. Il n’avait rien à voir avec ce genre de types qui veulent montrer qu’ils emmerdent le monde. Lui, il prenait le temps de vivre, tout simplement. Et son rythme n’était pas le nôtre.

    Cela me fascinait car, personnellement, j’ai toujours eu l’impression qu’il était impossible d’accomplir, dans une même journée, à la fois tout ce que j’aurais voulu faire et tout ce que j’étais contrainte de faire. Il m’a toujours semblé que les deux étaient incompatibles, qu’il fallait forcément faire un choix, ne pas remplir toutes les attentes ou renoncer à certaines de mes envies, courir dans tous les sens pour accomplir un peu de l’un et un peu de l’autre sans jamais être satisfaite du résultat de ma journée. Mais lui, quand je le regardais, je me disais que ses journées auraient pu faire quatre heures ou quarante-huit heures que ça n’aurait rien changé : il les aurait vécues exactement de la même façon. En vivant pleinement chaque instant, comme si le seul fait d’être là était une victoire. Je me disais que ce rythme de vie lui venait du pays bleu. Ce n’est pas ainsi que vivent les gens qui sont nés dans ce monde, qui n’ont jamais connu que ce monde où « le temps, c’est de l’argent », comme le rabâche mon père en guise d’excuse lorsqu’il doit annuler un week-end que nous aurions dû passer ensemble.

    Mes parents ont divorcé lorsque j’avais onze ans. Je me rappelle très bien leurs paroles lorsqu’ils m’ont annoncé la nouvelle :

    — Tu sais, ça ne change rien à l’amour qu’on a pour toi. On t’aimera toujours autant.

    Sauf que mon père, en divorçant de ma mère, semble aussi avoir divorcé de sa fille. Pour épouser… son travail.

    Bien qu’il ne m’ait à sa charge qu’un week-end sur deux, cela semble encore trop pour lui. Le temps est devenu une denrée très précieuse qu’il n’a pas envie de gaspiller. Il a toujours un client à voir, une urgence à régler, une audience capitale à préparer. Au cas où vous ne l’auriez pas deviné, mon père est avocat. Défendre la brute et le truand mérite toute son énergie ; en revanche, parler à sa fille, c’est comme jeter le temps par les fenêtres. J’ai toujours l’impression qu’il est à deux doigts de regarder sa montrer quand il me parle.

    Comme en ce moment où il arpente ma chambre en me serinant que je dois absolument retourner à l’école. Son regard ressemble à celui d’un alligator égaré dans un magasin végétarien : dur, chargé de reproches et impatient de trouver la sortie. Je devine qu’il est furieux d’avoir dû se coltiner trente-cinq kilomètres pour me dire ça, et pour une fois je suis d’accord avec lui : c’était vraiment une perte de temps, car ses talents d’avocat sont sans effet sur moi. Il argumente : je vais rater mon année ; je ne serai plus dans la même classe que Mina ; si je décroche maintenant, j’abandonnerai l’école à seize ans ; je finirai caissière ou femme de ménage…

    Si seulement mon père savait vers quelles contrées mon esprit s’évade tandis qu’il m’assomme de sa diatribe. Si seulement il savait qu’il existe un monde où le temps n’existe pas.

    4

    La porte s’ouvre. Je n’y crois pas ! Combien de fois faudra-t-il lui répéter de frapper avant d’entrer ? Mais ce n’est pas ma mère qui fait irruption dans la pièce. C’est sa voix mais ce ne sont pas ses cheveux auburn indisciplinés, ni ses pantoufles à peluche rose, ni sa tête catastrophée. Ce sont des cheveux jaune paille, un menton chevalin et des lunettes pisse-vinaigre : une tête inconnue qui, au premier coup d’œil, ne me revient pas ; un épouvantail au service de la pensée étriquée.

    Et, en voix off, ma mère qui commente cette entrée fracassante :

    — Je te présente mademoiselle Sanson. Elle est psychologue.

    Mes neurones se mettent à grincer. Voilà qu’on envoie des psys à domicile, maintenant ! Qu’est-ce que tu crois, maman ? Que tu vas pouvoir contrôler mes pensées ? Tu ne peux pas me greffer des neurones qui me feraient voir le monde à ta façon. Tu aurais pu faire venir un marabout à mon chevet que cela n’aurait rien changé. Tu peux m’envoyer tous les psys du monde, me jeter tous les mauvais sorts, tu ne pourras pas me le faire oublier, car tu ne peux pas modifier qui il est – ou qui il a été, je ne sais plus. En tout cas, une chose est sûre : tu ne peux pas décolorer mes souvenirs, tu ne peux pas injecter dans mon esprit des paroles qui neutraliseraient le bleu. Tu n’en as ni le droit, ni le pouvoir. Quand le comprendras-tu ? !

    Je suis hors de moi mais je décide de n’en rien laisser paraître. Tout ce que je veux, c’est que cette femme dégage de là et, si je me mets à crier, je ne ferai qu’accréditer la thèse selon laquelle j’ai besoin d’elle.

    Elle fait un petit geste de la main à l’égard de ma mère qui tient prudemment sa tête derrière la porte de sorte que je ne puisse pas la foudroyer du regard. Même pas le courage d’assumer, pauvre petite maman.

    Cheveux-jaune-paille fait le tour de la pièce. Son regard dresse l’inventaire : Poster de Twilight ? Fascination morbide. Bureau encombré ? Désintérêt scolaire. Trois culottes hors de leur tiroir ? Absence de pudeur. Biographie de Kate Moss ? Suspicion de drogues, le tout confirmé par l’imprimé de mes tentures : de petites feuilles de cannabis. Le diagnostic posé, Cheveux-jaune-paille cherche une place où poser ses fesses qui flottent dans un pantalon noir. Pas facile. Elle finit par aviser le coin d’un fauteuil où se dresse une tour de magazines. Elle déplace la construction, chasse du bout du doigt un pantalon de jogging qui arbore l’inscription JUICY – en ajoutant sexualité débridée à son diagnostic – et s’assoit enfin.

    — Bonjour Léa. Je m’appelle Christine. Je voudrais tout d’abord te dire que je comprends ce que tu traverses. Perdre son petit ami, à ton âge, ce n’est pas facile.

    — Ce n’était pas mon petit ami.

    Au moment où je prononce ces mots, mon cœur se fend.

    Elle hausse un sourcil, incrédule.

    — Ah bon ?

    — Oui. Je veux dire, non, ce n’était pas mon petit ami. On était juste… Enfin, on se connaissait, quoi.

    Elle note quelque chose sur le calepin déposé sur ses genoux, rature ce qu’elle vient d’écrire et agite à nouveau son stylo.

    — Vous prenez des notes ?

    — Non, dément-elle en redressant la tête, feignant de se désintéresser du cahier comme s’il avait atterri sur ses genoux par hasard. Je suis là pour t’aider.

    — Je vous en suis très reconnaissante, mais ça va aller, je vous assure. Nous, les ados, nous aimons traîner au lit et faire l’exact inverse de ce que la société attend de nous. Tout le monde passe par là. C’est

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