Le Roi s'amuse
Par Victor Hugo
4/5
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À propos de ce livre électronique
« Elle se retourne, voit le roi à ses genoux, et s’arrête, pétrifiée.
LE ROI, lui tendant les bras.
Je t’aime !
Achève ! achève ! – oh ! dis : je t’aime ! Ne crains rien.
Dans une telle bouche un tel mot va si bien !
BLANCHE, effrayée, cherche des yeux dame Bérarde qui a disparu.
Bérarde ! – Plus personne, ô Dieu ! qui me réponde !
Personne !
LE ROI, toujours à genoux.
Deux amants heureux, c’est tout un monde !
BLANCHE, tremblante.
Monsieur, d’où venez-vous ?
LE ROI.
De l’enfer ou du ciel,
Qu’importe !
que je sois Satan ou Gabriel,
Je t’aime ! »
(Extrait de l’acte II, scène IV.)
Victor Hugo
Victor Hugo (1802-1885) was a French poet and novelist. Born in Besançon, Hugo was the son of a general who served in the Napoleonic army. Raised on the move, Hugo was taken with his family from one outpost to the next, eventually setting with his mother in Paris in 1803. In 1823, he published his first novel, launching a career that would earn him a reputation as a leading figure of French Romanticism. His Gothic novel The Hunchback of Notre-Dame (1831) was a bestseller throughout Europe, inspiring the French government to restore the legendary cathedral to its former glory. During the reign of King Louis-Philippe, Hugo was elected to the National Assembly of the French Second Republic, where he spoke out against the death penalty and poverty while calling for public education and universal suffrage. Exiled during the rise of Napoleon III, Hugo lived in Guernsey from 1855 to 1870. During this time, he published his literary masterpiece Les Misérables (1862), a historical novel which has been adapted countless times for theater, film, and television. Towards the end of his life, he advocated for republicanism around Europe and across the globe, cementing his reputation as a defender of the people and earning a place at Paris’ Panthéon, where his remains were interred following his death from pneumonia. His final words, written on a note only days before his death, capture the depth of his belief in humanity: “To love is to act.”
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Avis sur Le Roi s'amuse
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Aperçu du livre
Le Roi s'amuse - Victor Hugo
Le plus grand soin a été apporté à la mise au point de ce livre numérique de la collection Candide & Cyrano, afin d’assurer une qualité éditoriale et un confort de lecture optimaux.
Malgré ce souci constant, il se peut que subsistent d’éventuelles coquilles ou erreurs. Les éditeurs seraient infiniment reconnaissants envers leurs lectrices et lecteurs attentifs s’ils avaient l’amabilité de signaler ces imperfections à l’adresse candide-cyrano@primento.com.
Le roi s'amuse
Victor Hugo
Discours prononcé par monsieur Victor Hugo le 19 décembre 1832 devant le tribunal de commerce
Pour contraindre le Théâtre-Français à représenter, et le gouvernement à laisser représenter LE ROI S’AMUSE.
« Messieurs, après l’orateur éloquent qui me prête si généreusement l’assistance puissante de sa parole, je n’aurais rien à dire si je ne croyais de mon devoir de ne pas laisser passer sans une protestation solennelle et sévère l’acte hardi et coupable qui a violé tout notre droit public dans ma personne.
« Cette cause, messieurs, n’est pas une cause ordinaire. Il semble à quelques personnes, au premier aspect, que ce n’est qu’une simple action commerciale, qu’une réclamation d’indemnités pour la non-exécution d’un contrat privé, en un mot, que le procès d’un auteur à un théâtre. Non, messieurs, c’est plus que cela, c’est le procès d’un citoyen à un gouvernement. Au fond de cette affaire, il y a une pièce défendue par ordre ; or, une pièce défendue par ordre, c’est la censure, et la Charte abolit la censure ; une pièce défendue par ordre, c’est la confiscation, et la Charte abolit la confiscation. Votre jugement, s’il m’est favorable, et il me semble que je vous ferais injure d’en douter, sera un blâme manifeste, quoiqu’indirect, de la censure et de la confiscation. Vous voyez, messieurs, combien l’horizon de la cause s’élève et s’élargit. Je plaide ici pour quelque chose de plus haut que mon intérêt propre ; je plaide pour mes droits les plus généraux, pour mon droit de penser et pour mon droit de posséder, c’est-à-dire pour le droit de tous. C’est une cause générale que la mienne, comme c’est une équité absolue que la vôtre. Les petits détails du procès s’effacent devant la question ainsi posée. Je ne suis plus simplement un écrivain, vous n’êtes plus simplement des juges consulaires. Votre conscience est face à face avec la mienne. Sur ce tribunal vous représentez une idée auguste, et moi, à cette barre, j’en représente une autre. Sur votre siège il y a la justice, sur le mien il y a la liberté.
« Or, la justice et la liberté sont faites pour s’entendre. La liberté est juste et la justice est libre.
« Ce n’est pas la première fois, M. Odilon Barrot vous l’a dit avant moi, messieurs, que le Tribunal de commerce aura été appelé à condamner, sans sortir de sa compétence, les actes arbitraires du pouvoir. Le premier tribunal qui a déclaré illégales les ordonnances du 25 juillet 1830, personne ne l’a oublié, c’est le Tribunal de commerce. Vous suivrez, messieurs, ces mémorables antécédents, et, quoique la question soit bien moindre, vous maintiendrez le droit aujourd’hui, comme vous l’avez maintenu alors ; vous écouterez, je l’espère, avec sympathie, ce que j’ai à vous dire ; vous avertirez par votre sentence le gouvernement qu’il entre dans une voie mauvaise, et qu’il a eu tort de brutaliser l’art et la pensée ; vous me rendrez mon droit et mon bien ; vous flétrirez au front la police et la censure qui sont venues chez moi, de nuit, me voler ma liberté et ma propriété avec effraction de la Charte.
« Et ce que je dis ici, je le dis sans colère ; cette réparation que je vous demande, je la demande avec gravité et modération. À Dieu ne plaise que je gâte la beauté et la bonté de ma cause par des paroles violentes. Qui a le droit a la force, et qui a la force dédaigne la violence.
« Oui, messieurs, le droit est de mon côté. L’admirable discussion de M. Odilon Barrot vous a prouvé victorieusement qu’il n’y a rien dans l’acte ministériel qui a défendu le roi s’amuse que d’arbitraire, d’illégal et d’inconstitutionnel. En vain essayerait-on de faire revivre, pour attribuer la censure au pouvoir, une loi de la terreur, une loi qui ordonne en propres termes aux théâtres de jouer trois fois par semaine les tragédies de Brutuset de Guillaume Tell, de ne monter que des pièces républicaines et d’arrêter les représentations de tout ouvrage qui tendrait, je cite textuellement, à dépraver l’esprit public et à réveiller la honteuse superstition de la royauté. Cette loi, messieurs, les appuis actuels de la royauté nouvelle oseraient-ils bien l’invoquer, et l’invoquer contre le roi s’amuse ? N’est-elle pas évidemment abrogée dans son texte comme dans son esprit ? Faite pour la terreur, elle est morte avec la terreur. N’en est-il pas de même de tous ces décrets impériaux, d’après lesquels, par exemple, le pouvoir aurait non seulement le droit de censurer les ouvrages de théâtre, mais encore la faculté d’envoyer, selon son bon plaisir et sans jugement, un acteur en prison ? Est-ce que tout cela existe à l’heure qu’il est ? Est-ce que toute cette législation d’exception et de raccroc n’a pas été solennellement raturée par la Charte de 1830 ? Nous en appelons au serment sérieux du 9 août. La France de Juillet n’a à compter ni avec le despotisme conventionnel, ni avec le despotisme impérial. La Charte de 1830 ne se laisse bâillonner ni par 1807, ni par 93.
« La liberté de la pensée, dans tous ses modes de publication, par le théâtre comme par la presse, par la chaire comme par la tribune, c’est là, messieurs, une des principales bases de notre droit public. Sans doute il faut pour chacun de ces modes de publication une loi organique, une loi répressive et non préventive, une loi de bonne foi, d’accord avec la loi fondamentale, et qui, en laissant toute carrière à la liberté, emprisonne la licence dans une pénalité sévère. Le théâtre en particulier, comme lieu public, nous nous empressons de le déclarer, ne saurait se soustraire à la surveillance légitime de l’autorité municipale. Eh bien ! messieurs, cette loi sur les théâtres, cette loi plus facile à faire peut-être qu’on ne pense communément, et que chacun de nous, poètes dramatiques, a probablement construite plus d’une fois dans son esprit, cette loi manque, cette loi n’est pas faite. Nos ministres, qui produisent, bon an, mal an, soixante-dix à quatre-vingts lois par session, n’ont pas jugé à propos de produire celle-là. Une loi sur les théâtres, cela leur aura paru chose peu urgente. Chose peu urgente en effet, qui n’intéresse que la liberté de la pensée, le progrès de la civilisation, la morale publique, le nom des familles, l’honneur des particuliers, et, à de certains moments, la tranquillité de Paris, c’est-à-dire la tranquillité de la France, c’est-à-dire la tranquillité de l’Europe !
« Cette loi de la liberté des théâtres, qui aurait dû être formulée depuis 1830 dans l’esprit de la nouvelle Charte, cette loi manque, je le répète, et manque par la faute du gouvernement. La législation antérieure est évidemment écroulée, et tous les sophismes dont on replâtrerait sa ruine ne la reconstruiraient pas. Donc, entre une loi qui n’existe plus et une loi qui n’existe pas encore, le pouvoir est sans droit pour arrêter une pièce de théâtre. Je n’insisterai pas sur ce que M. Odilon Barrot a si souverainement démontré.
« Ici se présente une objection de second ordre que je vais cependant discuter. – La loi manque, il est vrai, dira-t-on ; mais, dans l’absence de la législation, le pouvoir doit-il rester complètement désarmé ? Ne peut-il pas apparaître tout à coup sur le théâtre une de ces pièces infâmes, faites évidemment dans un but de marchandise et de scandale, où tout ce qu’il y a de saint, de religieux et de moral dans le cœur de l’homme soit effrontément raillé et moqué, où tout ce qui fait le repos de la famille et la paix de la cité soit remis en question, où même des personnes vivantes soient piloriées sur la scène au milieu des huées de la multitude ? la raison d’État n’imposerait-elle pas au gouvernement le devoir de fermer le théâtre à des ouvrages si monstrueux, malgré le silence de la loi ? – Je ne sais pas, messieurs, s’il a jamais été fait de pareils ouvrages, je ne veux pas le savoir, je ne le crois pas et je ne veux pas le croire, et je n’accepterais en aucune façon la charge de les dénoncer ici ; mais, dans ce cas-là même, je le déclare, tout en déplorant le scandale causé, tout en comprenant que d’autres conseillent au pouvoir d’arrêter sur-le-champ un ouvrage de ce genre, et d’aller ensuite demander aux Chambres un bill d’indemnité, je ne ferais pas, moi, fléchir la rigueur du principe. Je dirais au gouvernement : Voilà les conséquences de votre négligence à présenter une loi aussi pressante que la loi de la liberté théâtrale ! vous êtes dans votre tort, réparez-le, hâtez-vous de demander une législation pénale aux Chambres, et, en attendant, poursuivez le drame coupable avec le code de la presse qui, jusqu’à ce que les lois spéciales soient faites, régit, selon moi, tous les modes de publicité. Je dis, selon moi, car ce n’est ici que mon opinion personnelle. Mon illustre défenseur, je le sais, n’admet qu’avec plus de restriction que moi la liberté des théâtres ; je parle ici, non avec les lumières du jurisconsulte, mais avec le simple bon sens du citoyen ; si je me trompe, qu’on ne prenne acte de mes paroles que contre moi, et non contre mon défenseur. Je le répète, messieurs, je ne ferais pas fléchir la rigueur du principe ; je n’accorderais pas au pouvoir la faculté de confisquer la liberté dans un cas même légitime en apparence, de peur qu’il n’en vînt un jour à la confisquer dans tous les cas ; je penserais que réprimer le scandale par l’arbitraire, c’est faire deux scandales au lieu d’un ; et je dirais avec un homme éloquent et grave, qui doit gémir aujourd’hui de la façon dont ses disciples appliquent ses doctrines : Il n’y a de droit au-dessus du droit.
« Or, messieurs, si un pareil abus de pouvoir, tombant même