À travers ses défenses: Manœuvres secrètes, #1

Par Amanda Adams

Daniel Martin vient de rentrer chez lui après avoir passé dix ans au service de son pays, mais la guerre— et les secrets qui l'accompagnent— le tiennent implacablement sous son emprise. C'est Chloé qu'il souhaite retrouver, mais il a raté sa chance avec elle il y a dix ans. Il l'a repoussée et lui a dit de trouver quelqu'un d'autre. Il la désirait —terriblement. Mais sa vie d'alors était un désastre, et ils étaient tous les deux trop jeunes. Il l'a poussée à le haïr, car il n'avait rien à lui offrir.

 

Maintenant, il doit payer le prix fort pour protéger son unité. Il est dangereux de tomber amoureux. Croire que le passé restera enfoui, là où il ne peut pas lui faire de mal, est un risque.

 

S'il met Chloé dans son lit, il n'y aura pas d'échappatoire possible pour aucun d'eux.

 

S'il l'embrasse, il ne voudra jamais s'arrêter.

 

S'il la touche, il sera incapable de repartir.

 

Il doit partir.

 

Puis il la voit... et c'est trop tard.

 

Il va tout risquer pour la faire sienne. Mais comment la convaincre qu'il n'est pas le garçon qui lui a brisé le cœur, mais un homme déterminé à la chérir pour toujours?  

• Langue: Français
• Éditeur: BAWB Inc
• Date de sortie: 16 avr. 2020
• ISBN: 9781393093978

Aperçu du livre

1

Daniel Martin, Austin, Texas

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Je n’ai pas l’impression d’avoir ma place dans une maison de banlieue, pas plus que je n’ai ma place dans cet écho étrange d’une vie précédente où je dois maintenant vivre.

Mais maintenant, je suis de retour au Texas, et j’entends ma sœur s’agiter en haut des escaliers, et toutes mes affaires se trouvent dans des cartons dans son sous-sol. La maison, la ville, les panoramas et les bruits restent inchangés, contrairement à moi. Je ne pourrai plus jamais être le même homme que quand je suis parti.

Debout dans la pièce illuminée par des rayons de soleil filtrés par les fenêtres, je sens que le voisin fait un barbecue dont l’odeur emplit l’air au fur et à mesure, dans la maison immaculée de style artisanal de ma sœur. La maison a été construite il y a quatre-vingts ans, avec un porche interminable et imposant. L’Amérique à l’état pur. Je m’attends presque à voir une petite fille appelée Betty June arriver sur sa bicyclette rouge, avec des couettes et un casque, pour me vendre des cookies. Je suis tellement loin de tout ce qui a pu se passer dans cette grotte en Afghanistan que je devrais être soulagé. Heureux. Satisfait.

Et pas tourmenté par le fantôme d’un homme que le monde entier croit mort. Ce n’est pas sa faute, mais je lui en veux, rien qu’un peu, pour le poids que tous les membres de l’équipe doivent maintenant porter. Mais au moins, je peux marcher dans la rue, manger au restaurant et conduire une voiture sans avoir à regarder par-dessus mon épaule en permanence. C’est compliqué d’en vouloir à un type, un homme bien qui ne pourra jamais rentrer à la maison, parce qu’il a une cible peinte sur le dos.

« Daniel, tu as sorti tous les cartons du camion ? » C’est ma sœur Sarah, dont la voix résonne dans l’escalier qui mène jusqu’à son sous-sol aménagé. Je suis en train d’inspecter le dernier carton, les yeux plissés pour réussir à lire ce qui est écrit sur le dessus. On dirait que quelqu’un a écrit « Iesh », ce qui veut sûrement dire que ça appartient à Josh. Personne ne peut lire son écriture sans avoir un manuel de décodage.

« Oui, je les ai tous, » réponds-je, avant de me diriger vers les escaliers en vieux bois. Ils sont peints en vert clair, et ont été abîmés par toutes les personnes qui y sont passées. Ils grincent à chaque marche. Les murs sentent le vieux, la poussière et la moisissure, camouflés par l’odeur d’un produit nettoyant à l’odeur de pin. Mais au moins, je pourrai m’y reposer ce soir, sans avoir à me demander si une balle ou une bombe me tirera de mon sommeil en me forçant à courir, donc bon. Je ne vais pas me plaindre.

En haut des escaliers, Sarah s’essuie les mains sur son jean, puis croise les bras en attendant que je finisse de monter. Elle a l’air magnifique, malgré les cernes noirs qu’elle a sous les yeux. Ses longs cheveux blonds sont attachés en queue de cheval et elle ne porte pas de maquillage. C’est ma sœur, elle est mignonne. Je ne suis pas aveugle. C’est pour ça que c’est bien que j’emménage chez elle. Elle est trop belle pour vivre en ville sans protection.

Elle est intelligente, et je sens que son regard voit beaucoup plus que ce que je ne voudrais qu’elle voie quand j’arrive enfin à la dernière marche. Mon foutu genou me fait mal, à cause du déménagement et de ce que j’ai dû porter.

Je m’en fous. Je fais comme si la douleur n’était pas là. J’ai un genou. En ça, je suis beaucoup plus chanceux que pas mal de gars que je connais.

Sarah recule pour me laisser passer et sortir de son cachot souterrain, avant de refermer la porte derrière moi.

« C’est bien d‘être militaire, au moins, tu ne te trimballes pas cinquante mille choses quand tu déménages. »

« On peut dire ça comme ça. »

J’ai tout laissé derrière moi. La plupart des choses qui se trouvent au sous-sol ont été stockées quand j’ai été déployé. Je ne suis même pas sûr d’ouvrir ces cartons un jour. Tout ce qu’il me faut pour survivre, je l’ai dans mon grand sac de voyage, à côté de mon lit.

« J’ai vite appris à voyager léger. Et puis, il ne me faut pas grand-chose. »

« Ça, c’est toi qui le dis. Mais tu vas devoir t’acheter un peu plus de vêtements et peut-être avoir plus qu’une seule paire de bottes dans ta garde-robe. »

Sarah arque ses sourcils, et je reconnais l’expression que j’ai vu des milliers de fois chez ma mère : l’horreur féminine.

Mon ami Josh et moi venons à peine de rentrer au bercail, et sa sœur, Mélanie, nous suit de près. Elle doit rentrer dans quelques jours à peine. Vu qu’on ne savait pas où dormir, le plan d’action actuel est de rester quelques temps chez Sarah. Ce n’est pas le meilleur arrangement possible. La maison est petite par rapport à ce qui se fait aujourd’hui, avec seulement deux chambres et un sous-sol humide et bas, et elle devra bientôt accueillir quatre personnes. Mais il faut que ça marche, pour l’instant.

On n’a nulle part d’autre où aller, alors faire les difficiles ne serait qu’une perte de temps. Et puis, avoir un endroit où la température est acceptable, de la nourriture, et surtout, ne pas se faire bouffer par les moustiques toutes les nuits, c’étaient vraiment mes seuls critères. Une boîte renforcée avec une petite aération, ça me convient très bien.

Je suis ma sœur jusqu’au salon, où je trouve Josh avachi sur le canapé. « Hé, tu as bien pris le dernier carton ? » demande-t-il avant de prendre une gorgée de soda.

« Oui, et merci pour ton aide, salaud. Tu t’es perdu en chemin, t’as pas trouvé la porte ? » Je dépose le carton sur ses genoux. « Et au passage, tu ne sais pas écrire. Comment tu fais pour réussir des examens ? S’ils ne peuvent pas lire ce que tu écris, j’imagine que tu dois te ramasser des bulles. »

« C’est pas ma faute si t’es trop bête pour réussir à lire mon écriture. » Il écarte les genoux et le carton retombe contre le canapé, entre ses jambes. Josh reprend une gorgée de soda, et j’en profite pour passer mon bras autour de son cou et lui faire une prise de tête. « Fils de… » Il s’étouffe et essaye de riposter. « J’en ai renversé ! »

« Les garçons, pas dans le salon. Allez en bas et cassez vos propres affaires, plutôt. » Sarah lève les yeux au ciel en passant à côté de nous pour aller à la cuisine et me tire un peu la manche pour que j’arrête.

« Tu as de la chance que ta sœur te sauve, » fait Josh en réajustant son t-shirt. Il regarde son téléphone et pose ses pieds sur le carton que je lui ai ramené. « Mélanie dit qu’elle devrait arriver demain. »

Je me raidis en entendant Josh parler de sa sœur, mais je fais tout pour cacher ma réaction. Une nuit de permission où j’étais bourré, stupide et impulsif, il y a plusieurs mois de ça, on a couché ensemble. Tout est allé si vite que j’ai à peine eu le temps de me rendre compte de ce qu’il se passait, et je le regrette toujours. J’aime bien Mélanie, elle est magnifique, drôle et intelligente. Mais ce n’est pas une femme pour moi. Maintenant qu’on en avait fini avec l’armée, elle va vouloir une relation, sans comprendre que je suis le pire choix possible pour elle.

Elle et moi, on est amis, et c’est tout.

Elle croit me connaître, mais elle n’a aucune idée de ce que je suis vraiment : de la marchandise endommagée. Moi, je connais la vérité. Mais ce ne sont pas les cauchemars ou les souvenirs qui font que je ne suis plus bon pour personne – ce sont les secrets. Les mensonges. La paranoïa que je porte sur moi comme une armure, à penser que chaque connard en costard m’observe.

Peut-être qu’ils le font. Peut-être pas. Ce n’est pas vraiment comme si je pouvais aller leur demander confirmation.

Aucune femme ne devrait avoir à subir mes problèmes. Je n’ai pas de travail, aucun avenir et aucune idée de ce que je pourrais bien foutre de ma vie. Un ami qui s’occupe d’une entreprise de sécurité à Dallas nous a proposé du travail, à Josh et à moi, mais nous avons tous les deux refusé. J’ai eu assez de balles et de conneries pour toute une vie, merci.

Je ne sais pas trop comment répondre à ce que Josh vient de me dire sur Mélanie, et je me rends dans la cuisine pour prendre une cannette de soda dans le frigo. Je reviens dans le salon avec ma boisson à la main, et je me pose sur le canapé en dégageant ses pieds du côté du carton pour pouvoir y mettre les miens.

« Donc, Mél arrive ici demain. Cool. » C’est tout ce que j’arrive à dire. Si j’en dis plus, je pourrais passer pour un connard et attirer les soupçons. Josh ne soupçonne pas que j’ai couché avec sa sœur, et je n’ai aucune intention de lui dire, à part si j’ai un jour envie qu’il me colle une balle dans le crâne. Tout ce qui s’était passé entre Mélanie et moi, c’est du passé. Fini, avec un F majuscule.

De l’avant, abruti. Des mots qui m’ont été adressés par mon officier supérieur, et qui me restent dans la tête. Je suis devenu très attaché à cette philosophie de vie.

Je ne sais pas comment, mais ma sœur m’a convaincu de venir vivre avec elle. Et l’instant d’après, Josh et Mélanie était aussi de la partie. On va être un peu serrés, c’est le moins qu’on puisse dire.

Sarah et moi avons dû grandir très vite. Pas le choix. Nos parents n’étaient pas très présents, et on est donc devenus très proches. Et avec l’armée, les orphelins et les personnes rejetées se créent de nouvelles familles entre eux. Après quelques missions de reconnaissance un peu trop tendues, avec les mecs, on devient vite plus proches que des frères. On porte tous les mêmes secrets. Ceux qui sont sains d’esprit doivent quitter ce groupe, avant de rejoindre le camp des malades mentaux. Et nous rentrons donc tous au bercail, les uns après les autres, au fur et à mesure que notre service se finit.

Sarah revient de la cuisine avec une cannette de soda dans une main et un brownie dans l’autre. Avec ses cheveux blonds, ses yeux bleus et son joli visage, les hommes lui ont toujours beaucoup tourné autour. Mais maintenant que je suis de retour, personne ne viendra embêter ma petite sœur. Ce n’est plus une petite fille, maintenant. Pour devenir médecin adjoint, Sarah a dû se démener à l’école. Tout ce temps et ces efforts, ça change les gens. Ça les oblige à grandir, même s’ils sont déjà forts lorsqu’ils commencent. Elle adore me rappeler qu’elle est une « femme à part entière », et que je devrais « arrêter de mettre le nez dans ses affaires ». Mais je reste son frère, ce qui veut dire que je tabasserai quiconque lui cherche des emmerdes. S’ils ont de la chance, je m’arrêterai là.

Je me recale dans le canapé en essayant de repousser le malaise que je ressens face à ma nouvelle situation. Je lève un sourcil, souris et hoche la tête en direction du… frère de Mélanie… Josh, en espérant ne pas trahir mes pensées.

Josh me regarde bizarrement et renifle.

Sarah se laisse tomber dans le canapé. Après avoir déménagé des affaires toute la journée, j’ai envie de dormir pour le reste de ma vie. On aurait pu penser qu’être chef d’équipe sur un hélicoptère Blackhawk m’aurait donné plus d’endurance, mais déménager, c’est de la merde pour qui qu’on soit. Toutes les pompes et toutes les courses du monde ne peuvent pas vous préparer à la monotonie épuisante de prendre et de rempiler des cartons d’un endroit à l’autre, encore et encore. Et on n’a pas déménagé que mes affaires. On a aussi dû bouger celles de Sarah pour faire de la place, et ensuite on a amené mes affaires, les cartons de Josh, et tout ce que Mélanie avait aussi.

Et tout ce bordel est encore empilé de manière erratique au sous-sol.

« J’ai hâte que Mél arrive. Je vais tellement apprécier le fait d’avoir une autre fille à la maison », soupire Sarah.

« Oh, tu crois que Mélanie et toi, vous allez vous faire des soirées pyjamas ? Vous faire les ongles ? Je veux en faire partie ! » fait Josh en prenant une voix aigüe, ce qui fait lever les yeux au ciel à Sarah.

« Tu sais, tu peux toujours te trouver une autre piaule, mon cochon. Alors, attention à toi. »

« Je préfère être là avec toi, merci. »

Sarah prend de l’élan comme une joueuse pro de baseball et lui envoie un coussin sur lui aussi fort que possible… et se loupe lamentablement.

Le rougissement de ses joues ne fait que m’énerver.

« Mec, sérieux. Je suis juste là. T’as vraiment envie que je te frappe, ou quoi ? »

Josh prend une attitude féminine et lance le coussin sur moi.

« Vas-y, je t’attends ! »

« Je viens de vous dire de ne pas vous battre, » reprend Sarah.

« C’est lui qui a commencé, » se défend Josh. Mais quand Sarah le regarde avec un air fâché, il se met à rire et le sourire de ma sœur se dissipe, ce qui me fait encore plus enrager. Ça ne va pas se passer comme ça.

Est-ce qu’elle vient de regarder ses lèvres ?

Oh que non. Ça ne va vraiment pas se passer comme ça.

Je me penche en avant pour me mettre entre eux deux, puisque Josh ne semble pas capable de résister à son regard.

« Est-ce que tu as besoin d’aide pour quelque chose à la maison ? » Sarah a toujours quelque chose à faire, à chaque fois que je passe à la maison. Réparer un lavabo qui fuit. Changer un gond sur une