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S'ouvrir à la grâce
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Livre électronique239 pages3 heures

S'ouvrir à la grâce

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À propos de ce livre électronique

Adyashanti nous demande de laisser aller nos luttes avec la vie et de nous ouvrir à la promesse entière de la pleine conscience et de l’éveil spirituel: la fin des illusions et la découverte de notre être fondamental. Au cours de ses nombreuses années en tant que mentor spirituel, Adyashanti a appris que plus l’enseignement est simple, plus il a le pouvoir d’enclencher cet éveil. Dans S’ouvrir à la grâce,
il partage ce qu’il considère être des idées fondamentales qui déclencheront une révolution dans la façon dont nous percevons la vie – par une enquête progressive qui explore le concept d’un soi distinct et le choix d’arrêter de croire les pensées qui perpétuent la souffrance; par le fait de faire un pas vers l’arrière, vers le potentiel pur du moment présent; par la raison pour laquelle le procédé de pleine conscience et d’éveil spirituel peut être troublant; par l’union absolue avec chaque parcelle de notre expérience et de notre autonomie véritable – l’expression unique de notre propre sens de liberté.
LangueFrançais
Date de sortie28 juin 2019
ISBN9782898035487
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    Aperçu du livre

    S'ouvrir à la grâce - Adyashanti

    SODEC.

    Préface de l’éditeur

    Au printemps 2009, je parlais avec Adyashanti au téléphone des possibilités de produire un nouveau livre et une série audio chez Sounds True. Je lui ai dit que je souhaitais publier un ouvrage de ses enseignements qui serait apprécié des gens nouvellement engagés dans une démarche spirituelle, un livre qui serait à la fois accessible et profond. Adya (comme ses élèves et ses amis l’appellent) m’a surpris en répondant : « Plus j’enseigne, plus je me rends compte que dans tout enseignement les bases sont ce qu’il y a de plus important. J’ai remarqué que lorsque je communiquais très clairement les concepts spirituels essentiels, aussi bien les débutants que les personnes ayant entrepris leur démarche depuis des décennies en tirent d’immenses bénéfices. »

    Cette idée d’un livre sur les « bases de la découverte spirituelle » a constitué le principe d’organisation d’une série de conférences livrées à l’automne 2009 à Los Gatos, en Californie. Par la suite, ces allocutions ont été transcrites et retravaillées pour former S’ouvrir à la grâce.

    Je vous conseille de prendre votre temps pour lire cet ouvrage et de porter particulièrement attention à ce qu’il évoque en vous, aux prises de conscience et à ce qu’Adya qualifie de « moments de révélation ». D’une certaine façon, ce livre est une transmission, une révélation de notre nature véritable au-delà de toute définition. La transmission est une rencontre de cœur à cœur au cours de laquelle nous sont présentées directement, presque comme un voile qui se lève, certaines vérités sur la nature illimitée de l’être. Cette transmission ne passe pas par les mots mais plutôt par les sentiments, en tant que communication plus subtile. Ce livre est rempli de conseils. La question à se poser est : Pouvons-nous les suivre et nous retrouver là où ils nous mènent ?

    Il y a quelques années, j’interviewais Adya sur son travail et je lui ai demandé ce qu’il pensait de la transmission. Voici ce qu’il a répondu : « Je n’en parle pas beaucoup, mais en fait c’est l’un des aspects les plus importants de mon enseignement. » S’ouvrir à la grâce offre une chance aux lecteurs de rencontrer Adya dans cette vaste dimension ouverte de l’être — une rencontre qui libère le cœur et nous invite à nous laisser porter, toujours plus loin, sans aucun besoin d’atterrir où que ce soit.

    Tami Simon

    Éditeur chez Sounds True

    Introduction

    Récemment, je réfléchissais à mes nombreuses années d’enseignement. J’ai constaté, entre autres choses, que l’élément le plus transformateur de tout enseignement spirituel, ce sont ses notions de base. Ce sont aussi les plus faciles à oublier puisque notre cerveau tend naturellement vers la complexité. Notre esprit croit que plus une chose est subtile et complexe, plus elle reflète la réalité avec précision. Toutefois, durant ma longue expérience d’enseignant, j’ai constaté que c’étaient les notions de base qui avaient le plus grand impact, que c’étaient les éléments fondamentaux qui avaient vraiment le pouvoir de nous aider à transformer notre vie.

    Cette observation a été l’une de mes principales motivations pour écrire ce livre. Je voulais présenter les notions de base de mon enseignement, que je persiste à voir comme les aspects les plus importants de mon travail. Mon instruction comprend aussi des parties plus subtiles et complexes, mais j’ai constaté qu’en réalité elles n’étaient pas si importantes. J’ai remarqué à plusieurs reprises que plus simple était l’enseignement, plus il était puissant et transformateur. Notre esprit a peine à croire qu’une chose simple puisse s’avérer aussi efficace. Mais je continue de constater qu’en explorant les notions de base qui causent notre souffrance, ainsi que notre conception de la vie à partir d’une perspective de séparation, ceci constitue sans aucun doute les aspects les plus transformateurs de mon enseignement.

    Cependant, au-delà de tout enseignement, l’élément le plus profond de la vie spirituelle est la grâce. La grâce est ce qui nous arrive lorsque, d’une manière ou d’une autre, nous parvenons à être totalement disponibles, quand notre cœur et notre esprit sont ouverts, quand nous sommes prêts à considérer la possibilité de ne pas savoir ce que nous croyons connaître. C’est dans cet espace de l’inconnu, où toute conclusion est en suspens, qu’un tout autre élément de la vie et de la réalité peut surgir soudainement. C’est ce que j’appelle la grâce. C’est ce moment de révélation — cet instant où nous prenons conscience de quelque chose que nous n’aurions pas pu imaginer auparavant.

    De nombreuses circonstances et expériences sont susceptibles de nous ouvrir à cette grâce. Ce peut être un beau moment passé dans la nature ou avec une personne aimée, ou simplement une relaxation dans le calme. Pour une raison ou une autre, une toute nouvelle perspective se présente à nous. Nous sentons la grâce nous emplir. Parfois la grâce arrive de manière plus intense. Étrangement, ce sont les situations difficiles de la vie qui favorisent davantage l’ouverture de notre cœur et de notre esprit. Nous faisons tout pour éviter ce genre d’événements, mais en réalité ce sont ces moments éprouvants qui souvent nous offrent les meilleures chances d’évoluer et de transformer notre conscience.

    Les enseignements que renferme ce livre sont simplement des moyens de nous ouvrir à la grâce, à ce mystérieux élément de lumière qui s’immisce dans ces instants de tranquillité dérobés. Et voilà qu’une révolution se met en marche ; notre perception de la vie change et tout s’accorde pour nous aider à mettre fin à la souffrance et aux conflits avec lesquels tant d’êtres humains sont aux prises au jour le jour.

    Ces leçons ne doivent pas être prises comme de l’information à retenir par le cerveau, mais comme de la matière à méditer profondément afin de voir si elle reflète une certaine vérité dans votre expérience personnelle. Vous devez avoir la volonté de ralentir et même de vous arrêter pour assimiler totalement ce que vous entendez, car à la fin, la vérité de tout enseignement ne se trouve jamais dans les mots. Elle se trouve plutôt dans la révélation qui se produit dans notre être. Ce type d’exploration permet de nous approprier les enseignements. En les adaptant à nous, en réalisant dans notre propre expérience ce que suggèrent les enseignements, nous nous éveillons à une nouvelle vision de la vie, plus entière et unifiée — qui répond ultimement aux désirs et aux espoirs les plus profonds du cœur humain.

    1

    Le dilemme humain

    Quand j’étais enfant, vers sept ou huit ans, en observant les grandes personnes de mon entourage, j’ai remarqué quelque chose qui m’a donné matière à réflexion : le monde adulte est sujet à la souffrance, à la peine et au conflit. Même si j’ai grandi dans un foyer relativement sain, entouré de parents aimants et de deux sœurs, et même si mon enfance a été plutôt merveilleuse et heureuse, je voyais tout de même beaucoup de souffrance autour de moi. En examinant ce monde des adultes, je me demandais pourquoi les gens entrent-ils en conflit ?

    Enfant, j’avais aussi une grande capacité d’écoute, certains m’auraient même qualifié d’écornifleur. J’écoutais toutes les conversations qui se tenaient dans la maison. En fait, une blague circulait dans la famille comme quoi rien ne m’échappait. J’aimais bien être au courant de tout ce qui se passait dans mon environnement et j’ai donc passé une bonne partie de mon enfance à écouter les adultes converser, aussi bien chez moi que dans la parenté. La plupart du temps je trouvais leurs propos assez intéressants. J’ai également constaté que leurs discussions suivaient certaines fluctuations : frôlant le conflit, pour s’en éloigner et s’en rapprocher à nouveau, avant de finalement l’éviter. Parfois, une dispute surgissait ou quelqu’un était blessé, et les gens se sentaient incompris. Tout cela me paraissait très étrange et je ne comprenais vraiment pas pourquoi les adultes se comportaient ainsi. Leur mode de communication et les rapports qu’ils entretenaient entre eux me déroutaient vraiment. J’ignorais ce qui se jouait exactement, mais quelque chose me semblait anormal.

    Croire en nos pensées

    Tandis que j’écoutais et observais, jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, et même année après année, un jour j’ai eu une révélation : « Oh la ! Les adultes croient ce qu’ils pensent ! Voilà pourquoi ils souffrent. Voilà pourquoi ils entrent en conflit. Voilà pourquoi ils se comportent étrangement, de manière que je ne comprends pas. Ils croient vraiment leurs pensées. » Pour un jeune enfant, c’était vraiment une notion singulière. Cela m’était tout à fait étranger comme idée. Bien sûr, il y avait des idées dans ma tête, mais quand j’étais enfant, il n’y avait pas dans mon esprit de commentaires récurrents qui défilaient continuellement comme chez les adultes. Essentiellement, j’étais trop occupé à m’amuser ou à écouter, à m’émerveiller ou à m’étonner de quelque aspect de la vie. Je me suis rendu compte que les adultes passaient beaucoup de temps à penser et, encore plus important — et plus bizarre, me semblait-il — ils croyaient ce qu’ils pensaient. Ils croyaient aux pensées dans leur tête.

    Tout à coup, j’ai saisi ce qui arrivait quand les adultes communiquaient entre eux : en réalité, ils transmettaient leurs pensées, et chacun croyait que ce qu’il pensait était vrai. Le problème, c’était que chaque personne avait des idées différentes sur ce qu’elle tenait pour la vérité. Ainsi, les communications impliquaient une négociation tacite, une tentative de convaincre les autres et de défendre ses idées et ses opinions.

    À mesure que je constatais ce phénomène chez les adultes, cela m’a frappé : « Ils sont dingues ! Je comprends maintenant : ils sont fous. Il est insensé de croire les pensées qui occupent notre tête. » Curieusement, cette découverte en tant qu’enfant m’a procuré un grand soulagement. J’étais soulagé de commencer au moins à comprendre cet étrange monde des adultes, même s’il m’apparaissait plutôt insensé.

    En relatant cette expérience au fil des ans, je me suis aperçu que d’autres personnes avaient fait cette même constatation au sujet du monde adulte durant leur jeunesse. Toutefois, plutôt que de se sentir soulagés, de nombreux enfants s’étaient mis à se poser des questions, à se demander s’il y avait chez eux quelque chose d’anormal. C’est une expérience effrayante pour un enfant de penser que les adultes qui lui sont chers, qu’il aime et dont dépend sa survie, pourraient bien être aliénés.

    Le dilemme de la souffrance humaine

    De mon côté, pour une raison qui m’échappe, cette révélation ne m’a pas amené à craindre le monde des adultes. J’étais plutôt content de pouvoir enfin au moins comprendre leurs agissements. À mon insu, j’étais en fait en train d’acquérir des connaissances au sujet de l’un des grands dilemmes de l’être humain : les causes de la souffrance. Bouddha s’est interrogé sur cette question il y a plus de 2 500 ans : quelle est la cause de la souffrance chez l’être humain ?

    Quiconque d’entre nous jette un regard sur le monde y voit, bien sûr, une indescriptible beauté et un grand mystère. Il y a tant de choses à apprécier et à admirer. Toutefois, nous ne pouvons réellement considérer l’humanité sans reconnaître qu’il y existe aussi beaucoup de souffrance et d’insatisfaction. Il y a beaucoup de violence, de haine, d’ignorance et de cupidité. Pourquoi, nous les humains, souffrons-nous autant ? Pourquoi semblons-nous tenir à la souffrance comme à un bien précieux ?

    Ayant grandi avec des chats et des chiens, j’ai remarqué qu’un chien pouvait se fâcher contre nous — il peut être déçu, se sentir blessé et nous en vouloir — mais en quelques minutes ou secondes parfois, il oublie tout. Il délaisse la souffrance pour retrouver son état naturel de bonheur en très peu de temps. Je me suis posé cette question : « Pourquoi les humains ont-ils tant de difficulté à se débarrasser de leur souffrance ? Pourquoi portons-nous ce fardeau en nous ? » D’une certaine manière, la vie de nombreuses personnes se définit par les événements qui les ont fait souffrir ; elles souffrent à cause de circonstances ayant eu lieu il y a très, très longtemps. Et même si la situation a maintenant changé, en un sens, la personne revit ces événements, si bien qu’elle entretient sa souffrance. Que se passe-t-il donc ?

    Cette découverte que j’ai faite quand j’étais enfant, même si à l’époque j’ignorais sa portée, a constitué la prémisse de ma compréhension de la souffrance humaine. Il m’est apparu de plus en plus clair que l’une des principales causes de la souffrance était le fait de croire ce que nous pensons. Les pensées dans notre tête s’immiscent dans notre conscience à notre insu, s’incrustent, et nous nous y attachons. Plus nous nous identifions à elles, plus nous nous y raccrochons. Cette idée que j’ai découverte durant l’enfance était plus significative que je ne le croyais. Il m’a fallu de nombreuses années, sans doute plusieurs décennies, avant de me rendre compte que les causes de notre souffrance prenaient racine dans ce que j’avais perçu comme enfant. Nous souffrons principalement parce que nous croyons aux pensées dans notre tête.

    Et pourquoi agissons-nous de la sorte ? Pourquoi accordons-nous foi aux pensées dans notre tête ? Pourtant, nous ne croyons pas aux pensées qui circulent dans la tête des autres quand elles nous sont adressées. Lorsque nous lisons un livre — en réalité la transcription des pensées d’une autre personne — nous en acceptons certaines et en délaissons d’autres. Pourquoi donc sommes-nous aussi enclins à nous emparer des pensées qui se produisent dans notre propre esprit, à nous y raccrocher et à les laisser nous définir ? Il semble que nous ne parvenions pas à nous en détacher même quand elles nous font beaucoup souffrir.

    Le côté obscur du langage

    En grande partie la programmation qui nous pousse à croire nos pensées s’amorce dans notre éducation et lors du processus tout à fait naturel de l’acquisition du langage. Pour un enfant, le langage est une découverte extraordinaire. C’est formidable de pouvoir nommer les choses. Il est très avantageux de pouvoir désigner un objet et dire : « Voici ce que je veux ! » « J’aimerais avoir un verre d’eau. » « Je voudrais de la nourriture. » « Je veux qu’on change ma couche. » Découvrir le langage et commencer à s’en servir constitue une grande avancée.

    Notre propre nom est l’un des éléments les plus puissants du langage quand nous sommes jeunes. Je me rappelle ce moment où j’ai fait cette découverte. Je répétais sans cesse mon nom dans ma tête, car je trouvais cela très amusant. C’était une belle trouvaille : « Oh, voici qui je suis ! »

    À mesure que nous grandissons, la plupart d’entre nous entretenons un certain engouement pour le langage. Le langage nous est utile pour communiquer des trucs surprenants ; c’est un outil efficace pour faire part de notre expérience et évoluer dans la vie. En vieillissant, il devient pour nous un moyen d’exprimer notre créativité et notre intelligence. Mais, comme toute chose, le langage a aussi un côté obscur. La pensée possède également un côté obscur et c’est précisément celui que nous méconnaissons. Personne ne nous enseigne qu’il est peut-être dangereux de croire les pensées de notre esprit. Nous apprenons exactement le contraire. En fait, dès l’enfance, nous sommes programmés — par nos parents, notre entourage et les autres — à peu près comme un ordinateur. Nous apprenons à penser en termes d’absolu. Une chose est soit ceci ou cela, bonne ou mauvaise, noire ou blanche. Cette programmation influe sur notre mode de pensée et notre perception du monde. Est-ce bleu ? Est-ce rouge ? Est-ce gros ? Est-ce grand ?

    Le grand maître spirituel Krishnamurti a déjà dit ceci : « Quand vous apprenez à un enfant qu’un oiseau s’appelle ‘oiseau’, plus jamais il ne voit l’oiseau. » En effet, il ne voit plus que le mot « oiseau ». Voilà ce qu’il verra et percevra et quand il regardera dans le ciel et apercevra cet étrange être ailé en plein vol, il oubliera qu’en fait il est témoin d’un immense mystère, qu’il ne sait pas vraiment ce que c’est. Il oubliera que ce qui vole là-haut dans le ciel échappe aux mots, que c’est une expression de l’immensité de la vie. C’est en réalité une chose extraordinaire et merveilleuse qui vole dans le ciel. Toutefois, dès que nous lui donnons un nom, nous croyons savoir ce que c’est. Nous voyons « oiseau » et l’oublions presque aussitôt. Un « oiseau », un « chat », un « chien », un « humain », une « tasse », une « chaise », une « maison », une « forêt » — toutes ces choses ont reçu un nom et dès lors, toutes ont perdu une part de leur vitalité naturelle. Évidemment, il nous faut apprendre ces noms et créer des concepts à partir d’eux, mais si nous nous mettons à croire que ces noms et les concepts qui en découlent sont réels, nous sommes alors engagés dans un processus où nous devenons obnubilés par le monde des idées.

    La capacité de penser et d’utiliser le langage comporte un aspect obscur ; sans notre vigilance et employée malencontreusement, elle peut provoquer de la souffrance et des conflits inutiles. Car après tout, c’est ce que fait la pensée : elle nous sépare. Elle classifie. Elle nomme. Elle divise. Elle explique. Par ailleurs, la pensée et le langage comportent un aspect fort utile, c’est pourquoi il est essentiel de les développer. L’évolution s’est déroulée très laborieusement pour que nous acquérions la capacité de penser avec cohérence et rationnellement, autrement dit, de manière à assurer notre survie. Toutefois, quand nous posons notre regard sur le monde, nous constatons que la seule chose qui a évolué pour nous aider à survivre est aussi devenue une forme d’emprisonnement. Nous avons été piégés dans un monde imaginaire, où nous vivons essentiellement dans notre esprit.

    De nombreux enseignements spirituels anciens traitent de ce monde fantasmé. Quand beaucoup de saints et de sages ancestraux affirment : « Votre monde est un rêve. Vous vivez dans l’illusion », ils font référence à ce monde de l’esprit et à la croyance en nos pensées à propos de la réalité. Lorsque nous percevons le monde et les autres par l’intermédiaire de nos pensées, nous cessons de les appréhender tels qu’ils sont réellement. Quand j’ai une pensée à votre sujet, il s’agit d’une création de ma part. Je vous transforme en une idée. En un certain sens, en ayant sur vous une idée à laquelle je crois, je vous dégrade. Je fais de vous quelque chose de très petit. Voilà ce que les êtres humains se font les uns aux autres.

    Pour comprendre réellement la cause de la souffrance humaine et comment nous pouvons potentiellement nous en libérer, il nous faut examiner de très près ses racines. Lorsque nous croyons ce que nous pensons, quand nous tenons nos pensées pour la réalité, nous souffrons. Il faut s’y arrêter pour s’en rendre compte : quand nous croyons nos pensées, nous vivons dès lors dans l’imaginaire, où notre esprit conceptualise tout un monde qui n’existe pas vraiment en dehors de lui-même. Nous commençons alors à éprouver un sentiment d’isolement ; nous ne nous sentons plus liés les uns aux autres dans une riche expérience humaine. Nous nous éloignons de plus en plus dans l’univers de notre esprit, dans un monde issu de notre propre création.

    Émerger de la matrice de la souffrance

    Comment y échapper ? Comment éviter de nous perdre dans nos pensées, nos hypothèses, nos croyances et nos opinions ? Comment parvenir à nous échapper de cette matrice de la souffrance ?

    Nous devons faire en premier lieu une observation toute simple mais très puissante : toutes pensées — bonnes ou

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