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Un petit-ami pour Noël: et les autres jours aussi
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Un petit-ami pour Noël: et les autres jours aussi
Livre électronique285 pages3 heures

Un petit-ami pour Noël: et les autres jours aussi

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À propos de ce livre électronique

Quoi ?! Être le petit-ami du frère de Ferréol jusqu'aux fêtes de Noël ? Même si cette idée le tente, et le mettrait à l'abri de bien des tracas, il n'aime pas Daegan. Et puis, il existe d'autres solutions, non ? Pourtant, aucune ne se présente à lui.
Ciaran qui jusqu'ici fuyait les responsabilités, n'a d'autre choix que d'accepter. Alors pourquoi tout tourne au vinaigre dans sa vie ? Entre sa mère qui lui met la pression, Ferréol qui ne lui parle plus, et le harcèlement dont il fait l'objet à l'université, Ciaran a l'impression d'être seul.
Livré à lui-même, parviendra-t-il enfin à ouvrir les yeux sur le mensonge dont il s'entoure depuis de si longues années ?
LangueFrançais
ÉditeurBooks on Demand
Date de sortie15 nov. 2019
ISBN9782322213078
Un petit-ami pour Noël: et les autres jours aussi
Auteur

Marlène Jedynak

Auteure de romans fantastiques et de science-fiction, Marlène nous entraîne dans un univers entremêlant les destins contrariés de ses personnages. Connue des amateurs de fan-fiction pour son talent à tisser des romances cornéliennes en amenant les personnages dans les situations les plus folles et les plus variées. Devenue auteure-éditeur, Marlène Jedynak donne libre cours à son imagination prolifique et dévoile un univers riche, aux personnages forts et attachants, à travers des histoires explorant et mêlant tous les genres - de la romance, en passant par le fantastique, l'horreur, et la S-F - avec un sens du suspense et de l'intrigue qui rend accro dès les premières lignes.

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    Aperçu du livre

    Un petit-ami pour Noël - Marlène Jedynak

    1. Lui et moi

    Une odeur de marée se répandait dans les ruelles étroites. La foule se pressait pour descendre vers le port, l’arrivée des premiers bateaux de pêche signalait le début de l’ouverture de commerces éphémères. Ceux des poissonniers, des pêcheurs, des négociants en gros, des restaurateurs, et des femmes au foyer qui cherchaient de quoi nourrir à moindre prix et bien sûr des voleurs à la sauvette.

    Le soleil aussi fêtait le retour des navires par ses premiers rayons, qui parvenaient enfin à franchir l’obstacle des volcans situés à l’est de la ville. La ville de Wrad se réveillait aux bruits de sabots qui retentissaient sur les pavés, des cris des marchands et des matrones, à peine couverts par les trompettes de brumes qu’actionnaient les capitaines indiquant ainsi leur arrivée à leurs futurs clients. Quelques camions et voitures à moteurs circulaient, mais à Wrad dans le quartier de Vinda, tous roulaient sur la route principale qui reliait le port et les quartiers plus aisés de la cité.

    Sur la grande place qui faisait face au port, il y avait également un autre corps de métier représenté — celui des scribes.

    Enfin, les apprentis scribes ! Parce qu’il ne fallait pas exagérer, non plus. La rade de pêche était située dans le quartier de Vinda ! Le faubourg le plus pauvre de Wrad. Ici, se retrouvait les mangent misères, les laisser pour comptes, ceux qui n’avaient jamais de chance, ou les voyous en tout genre. La Cour des Miracles de la ville richissime de Wrad. Alors, trouver un « vrai » scribe à cet endroit, relevait de l’illusion. Bien souvent, il s’agissait de secrétaire raté qui n’avait pas pu entrer dans les ministères importants ou auprès de grandes familles, ou s’en était fait virer.

    Ou bien, il s’agissait de quelques élus du quartier de Vinda qui essayait de sortir de la pauvreté en se payant des études à l’université dans le quartier d’Asplenia. Et pour régler ces études, il leur fallait obligatoirement se faire quelques argents auprès des commerçants, des pêcheurs, et autres bourgeois présents au moment du retour au port des bateaux qui revenaient les cales pleines.

    En effet, si on exceptait ce quartier et les quelques rues du quartier d’Asplenia qui bordait Vinda, la capitale regorgeait de richesses en tout genre. Minerais rares, pierres précieuses notamment le saphir et le jade, de carrières aurifère, des industries textiles s’étaient développées, grâce à la soierie, mais aussi à celles des pigments.

    Les environs de la forêt abondaient en gibiers, et en herbes médicinales. Elles faisaient de la ville autonome de Wrad, un carrefour indiscutable pour les herboristes de haut vol. Ses eaux thermales voyaient l’arrivée de nombreux touristes venus soigner leurs maux. De plus, l’agglomération bénéficiait d’un panorama splendide sur la mer d’émeraude au Sud et à l’Ouest. Tandis que derrière le royaume une chaîne de volcan l’entourait, et formait une barrière naturelle.

    Wrad était une mégapole tentaculaire et libre, aux quartiers bien délimités. Convoitée par les pays voisins. D’ailleurs, elle payait chèrement son autonomie au prix de conflits récurrents. C’est pourquoi la natalité y était très encouragée. Même si de nombreuses familles finissaient au fil du temps monoparentales, le mari étant mort, bien souvent à la guerre.

    C’était le cas du père de Ciaran Giskero.

    Il s’agissait d’un jeune homme, âgé de vingt-et-un ans. Ce dernier aidait sa mère comme il le pouvait. En été comme maintenant, il vendait ses services à la population pauvre du quartier, comme scribe. Lorsque Helory vivait, sa mère, ses sœurs, ses frères et lui, résidaient dans les hauts quartiers d’Asplenia. Leur père était un scribe réputé et gagnait très bien sa vie auprès de l’administration de la ville en tant que régisseur en chef.

    Malheureusement avec la précédente guerre qui avait eu lieu dix ans plus tôt, ce dernier n’était jamais revenu, après qu’il ait été enrôlé de force par manque de fantassins dans l’armée régulière. Alors, Ciaran qui n’avait que onze ans était devenu le chef de famille, puisqu’il était l’aîné des garçons. Ses sœurs Maolé et Aelis n’avaient que neuf ans et ses deux petits frères, Roen et Suliac respectivement six et quatre ans à l’époque.

    Au début, grâce à l’argent qu’Helory avait placé, ils avaient survécu... mais bien vite, sa mère qui voyait fondre comme neige au soleil leurs économies, avait pris une décision drastique. Ils iraient vivre dans le quartier de Vinda ! Ainsi, elle pourrait payer les études de ses enfants sur le long terme. Enfin durant un temps. Grâce à la débrouille, et à ses talents de lavandière, Amberine Giskero avait pu nourrir sa famille et leur permettre d’avoir un toit au-dessus de leur tête.

    Ciaran depuis qu’il était au collège vendait ses services à une clientèle diversifiés d’illettrées pour signer des contrats, des pactes, des licences, des lettres à l’administration, mais aussi des courriers moins formels comme des lettres d’amour, des missives pour des parents éloignés et il en passait. En dix ans, il en avait écrit et lut des courriers en tout genre... parce qu’il devenait lecteur à de maintes occasions. Ciaran remerciait son père qui lui avait appris dès le plus jeune âge à lire, écrire et compter.

    Avec les années s’étaient ajoutés : des marchands, des négociants, des hommes d’affaires, des pêcheurs et tout un tas de personnes cherchant un scribe sérieux et vif d’esprit pour conclure des contrats, établir des actes officiels et autres démarches nécessitant les services d’un homme lettrés et connaissant les lois.

    Installé sur un tabouret sur la petite esplanade, depuis que le ciel blanchissait ; Ciaran écrivait pour ses premiers commanditaires. Il fallait être là très tôt, s’il voulait toucher les clients les plus fortunés. Parce que ces gens-là, le payaient en pièces de cuivre et s’il avait de la chance, en argent, même si cela restait bien rare.

    Plus la matinée grossissait, plus ses clients devenaient pauvres et le rémunérait avec une poule, des légumes ou du poisson qu’ils avaient eux-mêmes cultivés, péché ou élevé.

    Ciaran ne faisait pas la fine bouche ! Il acceptait tout le monde. Et parfois, des personnes totalement démunies qui osaient s’adresser à lui. Jusqu’ici, il n’avait refusé aucune commande. Un client restait un client, même sans le sou. Il savait ce qu’étaient les fins de mois difficile et selon lui, il était inutile d’accabler davantage, ceux qui n’avaient rien.

    Lorsqu’il reprenait son panier en fin de matinée, ce dernier était toujours très lourd, au point que ses épaules lui donnaient l’impression de craquer. En plus, il devait jongler avec son porte-document qui prenait toute la largeur de son dos. Dedans se trouvaient ses plumes, ses encriers dans des compartiments spécifiques. Il se l’était payé un jour, alors qu’il avait obtenu un gros pourboire. Avec lui, il s’était attiré de nouveaux clients, comme quoi l’apparence jouait beaucoup auprès des notables.

    La matinée passa plus vite que d’habitude, peut-être aussi vu le nombre de clients riches qui s’étaient succédés les uns après les autres, ne lui donnant aucune période de répit.

    C’était plus qu’une bonne journée pour Ciaran. Il se leva et s’étira dans tous les sens. Ses genoux craquaient, comme ses épaules. Une certaine tension s’était accumulée dans le haut de ses cuisses à force d’être recroquevillée sur lui-même.

    En apercevant le sac où se trouvaient ses recettes en nature, il grimaça. Jamais il n’allait pouvoir tout remonter tout seul. Il vit passer deux gamins qui fixaient son panier avec une intensité telle, que leurs yeux semblaient ressembler à des diamants. Il les appela et leur donna un canard déplumé, du pain, des pommes de terre et quelques légumes. Les enfants ne cessèrent de s’incliner pour le remercier et repartirent ravis avec leur prise.

    De toute façon, songea Ciaran, sa mère se chargerait de distribuer le trop de nourriture à ses voisins et amis, ou une personne dans le besoin. Il fallait qu’il se rende à l’évidence, il ne pourrait pas tout saisir, alors autant faire plaisir.

    C’est alors qu’il empilait quelques légumes récalcitrants qu’il entendit la voix enjouée de Ferréol. Il leva la tête et Ciaran se mordit l’intérieur des joues. Son ami attirait le regard à plus d’un titre.

    D’abord, son abondante chevelure rousse retenue par un catogan au-dessus de sa tête, signe distinctif des gens aisés qui se trouvait au-delà de la frontière d’Asplenia. Tout comme le tatouage tribal sur une partie de son visage qui partait du bas de la mâchoire et remontait jusqu’en haut de l’oreille. Et même s’il cherchait à être discret, ses vêtements étaient si coûteux qu’à eux seuls, il représentait un mois de salaire convenable pour une famille de dix personnes.

    Mais en dehors de cela, c’est son large sourire chaleureux qui retenait le plus l’attention. Ses yeux verts semblables à de la mousse ressemblaient à des étoiles. Sa haute taille et sa stature athlétique en faisaient reculait plus d’un, d’autant qu’il traversait la place à vive allure, telle une machine de guerre partant à l’assaut d’une muraille.

    Ferréol était le seul bourgeois qui s’aventurait à Vinda et ça, tous le savaient dans le quartier. Personne n’aurait l’idée de l’agresser, déjà par son imposante carrure, mais aussi parce qu’il était généreux et n’hésitait pas à offrir son aide à quiconque, sans arrière pensé. Et puis, il se mélangeait à eux depuis tellement d’années que plus personne ne faisait attention à lui.

    Enfin pas quand il s’esclaffait comme maintenant. Son rire contagieux et solaire s’entendait sur plusieurs mètres à la ronde. De le voir ainsi s’avancer vers lui, avec cette expression heureuse, réchauffa Ciaran de l’intérieur.

    — Bon sang ! Je t’ai cherché partout, Ciaran. J’étais persuadé que tu étais rentré chez toi... Tu es en retard !

    Ciaran secoua la tête et pour la première fois, il laissa un sourire éclairé son visage. Cet idiot tombait bien.

    — Au lieu d’attirer l’attention, vient donc m’aider Ferréol ! Je n’arriverais jamais à tout ramener en une seule fois à la maison.

    Son ami s’arrêta devant lui, et observa le sac de denrées plein au point où quelques aliments chutaient au sol.

    — C’est ta mère qui va être contente, dit Ferréol en posant ses mains larges sur ses hanches.

    Il parut réfléchir un instant et lui dit :

    — Attends, prends les trucs qui dépassent, je me charge du sac de provisions.

    — Tu es sûr ?

    Ciaran pencha la tête sur le côté, indécis soudain. Pouvait-il vraiment abuser de lui de la sorte ? D’ordinaire, il se montrait provocateur et défiait souvent Ferréol, mais quand il lui proposait comme cela son aide, Ciaran culpabilisait toujours. En plus, si sa mère était rentrée à la maison, elle ne se gênerait pas de lui faire tout un tas de reproches… En même temps, ce n’était pas comme s’il n’était pas habitué depuis le temps.

    Sa famille se s’inquiétait parfois de sa familiarité avec Ferréol. Ciaran connaissait les limites et évitait de les dépasser.

    — Bien sûr ! Je suis plus fort que toi et tu vas nous ralentir. Ta mère a préparé un ragoût, il sent divinement bon ! Pourquoi la nourriture que l’on me sert chez moi semble aussi fade à côté ? Peux-tu me l’expliquer ?

    Le visage de Ferréol était comme toujours animé. Le soleil lui donnait de belles couleurs, ses yeux n’en ressortaient que davantage. Sans plus de cérémonie, Ferréol souleva sans le moindre effort le sac et se dirigea vers les rues qui montaient vers le haut de Vinda. Ciaran passa les sangles de son porte-document sur ses épaules et attrapa les quelques légumes qui traînaient au sol, avant de courir pour rejoindre son ami.

    — Au fait ! Je peux savoir pourquoi tu es venu me voir, Ferréol ? Les cours ne reprennent que dans deux semaines, si mes souvenirs sont bons.

    — Je me doutais que tu me dirais cela. J’aurais dû le parier avec Daegan ! Au moins, il m’aurait filé de l’argent. Bien sûr, comme tu aurais répondu comme je m’y attendais, tu aurais reçu ta part !

    En entendant le prénom du frère aîné de Ferréol, Ciaran roula des yeux. S’il y a bien quelqu’un qui le mettait mal à l’aise, c’était bien lui. Il était le total opposé de Ferréol. Un vrai glaçon qui n’exprimait aucune émotion. Enfin, d’après son ami, ce n’était qu’une façade. Apparemment, il était serviable, sociable et avait la main sur le cœur. Pas si évident à voir de prime abord.

    Daegan se tenait si droit, que Ciaran se demandait si sa colonne vertébrale n’allait pas craquer un de ses jours. Il chassa l’image de Daegan pour accélérer le pas. Ferréol semblait avoir une escadrille de fées noires aux fesses, en cette fin de matinée.

    — Allez, dépêche-toi Ciaran ! J’ai faim ! Où dis-tu : j’ai la dalle !

    — Je m’en fiche ! s’exclama son ami. Le dernier arrivé à la maison paye sa tournée !

    En déclarant cela, Ciaran s’était mis à courir en laissant Ferréol à la traîne, pour le coup ce dernier peinait avec quelques légumes récalcitrants. Il l’entendait pesté derrière lui et qu’il le suive ainsi le faisait rayonner de bonheur.

    Ferréol, son unique ami. Le seul aussi qui soit resté proche de lui, alors qu’il avait avoué son homosexualité. Pourquoi certains hommes ne supportaient pas que d’autres soient attirés par eux ? Cela demeurait un mystère pour Ciaran qui ne se voyait pas se jeter sur n’importe qui et n’importe comment. Enfin en attendant, il était pressé de rentrer chez lui et surtout d’arriver le premier. Ferréol, même chargé, courait bougrement vite.

    2. Tomber plus bas

    La foule était plus dense qu’à l’ordinaire et Amberine avait un peu de mal à circuler avec sa charrette qu’elle tirait derrière elle. Pour ne rien arranger, elle se situait dans la descente la plus escarpée de Vinda. Elle détestait emprunter cette voie, mais ses plus riches clientes habitaient sur les plus grandes hauteurs de la ville.

    Alors qu’elle se retenait à la grille la plus proche d’elle, elle entendit la voix de sa fille aînée l’interpeller.

    — Maman ! Attends, nous allons t’aider.

    Amberine tourna son visage vers Maloé derrière lequel se trouvait Aelis. Ses jumelles descendaient la rue dans sa direction avec prudence.

    — Attends ! dit-elle encore.

    Une fois devant elle, elle lui suggéra de prendre sa place et qu’elle tienne le bras de charrette à ses côtés. Elles échangèrent de position et Amberine se sentit soulagée. Ce n’était pas si évident que cela de supporter le poids de sa charrette remplie à ras bord de linges. Aelis leur cria qu’elle retenait à l’arrière.

    — Maman !

    Le trio de femmes poursuivit la descente. Quelques piétons se poussèrent sur leur passage. Elles haletaient, mais Amberine trouvait la charge beaucoup plus facile. Sa fille qui se tenait à ses côtés lui parla soudain.

    — Maman, je voudrais te parler.

    — Ah oui ? De quoi exactement ?

    Elle se doutait du sujet de conversation, mais laissa Maloé aborder sa préoccupation seule.

    — Aelis et moi, nous souhaiterions nous marier. Nous t’en avons déjà discuté… Nous attendons depuis plus d’un an que Ciaran finisse ses études. Nous ne désirons pas t’ajouter des problèmes, mais… Cette décision ne nous appartient pas complètement, tu le sais.

    — Je le sais, et je trouve que vous avez effectivement assez patienté, toi et ta sœur.

    Sa fille regarda à la dérobée. Elle ne s’attendait pas à sa réponse, s’était visible. Elle s’excusa presque.

    — Nous savons qu’il ne lui reste plus que quelques mois, mais pour nous c’est compliqué et…

    Amberine tourna son visage vers Maloé alors qu’elle ralentissait sa marche. Cette dernière lui jeta un nouveau coup d’œil.

    — Et ? fit sa mère avec patience.

    Elle sentait qu’elle n’allait pas être au bout de ses surprises.

    — Aelis est enceinte.

    — Quoi ? Mais pourquoi ne me l’as-tu pas dit plus tôt ?

    Amberine força Maloé à s’arrêter. Elle se dirigea ensuite vers l’arrière de la charrette et pris Aelis dans ses bras et la berça contre elle, folle de joie.

    — Maman ? lui dit-elle interdite.

    — Félicitations, ma chérie. Je suis si heureuse pour toi.

    — C’est vrai ? dit-elle d’une voix tremblante. Tu n’es pas fâchée ?

    — Pourquoi ? fit Amberine en se reculant.

    — Eh bien, à cause de Ciaran ! Comme il est toujours ton sujet de préoccupation principale, je pensais que tu verrais cette grossesse comme un fardeau.

    — Tu es bête ! Laisse Ciaran où il est pour le moment. Et surtout, tu ne touches plus à cette charrette ! Il faut que tu prennes soin de toi…

    — Maman, ne t’inquiète pas, tout va bien pour moi et Emaol prend soin de moi. Je n’ai plus le droit de faire quoi que ce soit… et il aimerait que… enfin, tu saisis. Nous aimerions habiter ensemble lui et moi.

    — Je comprends et je vais l’autoriser. Demande-lui de venir me rencontrer demain matin. Vous serez alors officiellement fiancé. Je suppose que ses parents sont d’accord ?

    Aelis hocha la tête et lui adressa un grand sourire. Elle déclara :

    — Comment veux-tu qu’ils déclinent cette alliance, quand ils vont entrer dans le giron de la famille royale ?

    — C’est vrai, dit Amberine avec un petit sourire. Très bien, nous aurons réglé toute cette histoire cette semaine et dit-elle en se tournant vers son autre fille qui retenait toujours la charrette, toi aussi fait venir ton prétendant demain matin. Je pense que vous serez heureuses d’être fiancées et mariées le même jour ?

    — Oui ! s’exclamèrent ensemble.

    Puis, Maloé redevint sombre.

    — Je ne suis pas sûre que Ciaran acceptera…

    — Ne t’occupe pas de ton frère aîné ! coupa sèchement Amberine.

    — N’empêche, ce n’est qu’un imbécile, grogna Aelis à côté d’elle. Ferréol l’aime à en crever et il ne s’en est pas aperçu. Le pire dans tout cela, c’est qu’ils seront bientôt séparés.

    Amberine observa sa fille et ne comprit pas à quoi elle faisait allusion. Ce fut Maloé qui lui répondit, montrant ainsi que les jumelles avaient beaucoup discuté sur le sujet.

    — Maman, tu n’as pas réalisé qu’avec la fin de ses études, Ciaran partira dans la vie active ? Et soit Ferréol poursuivra ses études, ou bien il quittera lui aussi l’université pour le monde professionnel. Crois-tu qu’ils auront le même poste ? Ils n’auront plus l’opportunité de se croiser. Ou plus du tout comme aujourd’hui.

    Oui, elle n’y avait pas pensé. C’était vrai qui se dégageait de Ciaran et de Ferréol un sentiment d’éternité. À présent, elle apercevait les nuages s’accumuler. C’est avec gaieté qu’elles terminèrent le chemin du retour. Les jumelles étaient maintenant excitées à l’idée de pouvoir enfin se marier.

    De son côté Amberine réfléchissait à la situation de Ciaran. Ce dernier n’était pas borné, il était obtus. Il refusait de voir les choses les plus évidentes, et surtout il rejetait l’existence de ses sentiments. Il n’était pas comme cela enfant… elle songea à la tête de son fils le jour où elle lui avait annoncé la mort de son père. À partir de ce moment-là, c’était comme s’il avait peur de s’attacher. Il gardait une distance avec tous, comme si le fait d’avoir cette barrière qu’il s’était créée lui permettrait d’avoir moins mal.

    Dès la première fois où elle avait rencontré Ferréol chez elle, elle avait vu que les deux jeunes garçons s’aimaient.

    Est-ce que Ferréol y avait songé à cette séparation inéluctable ? Elle devait en avoir le cœur net et mettre les choses au clair rapidement. Avant que cela ne soit trop tard, et que Ciaran ne perde pied à nouveau. Elle savait qu’elle protégeait son aîné plus que ses autres enfants, mais… c’était celui qui ressemblait le plus à Helory, tant au physique que par le caractère.

    ***

    Le lendemain matin, Amberine vit arriver comme à son habitude, Ferréol. Ciaran était parti sur le port depuis au moins deux bonnes

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