Coincée dans la gorge

Par Dominic Bellavance

Après la faillite de MédiaZONE, Nicolas Girard se fait embaucher chez T&B, une boîte créative majeure dans le secteur publicitaire.

Et c’est tant mieux. Nicolas en avait marre de MédiaZONE. L’agence était pourrie, pleine de gens fermés d’esprit. Pas surprenant qu’elle soit déchue.

Enfin, il va pouvoir travailler sur des dossiers audacieux.

Or, dès sa première journée d’embauche, T&B lui confie le mandat d’un client qui « sait exactement ce qu’il veut ». C’est connu : dans le monde publicitaire, ceux-là sont les pires.

Nicolas n’a pas l’intention de baisser les bras. Il est venu chez ici pour briser les conventions, et c’est ce qu’il fera. Son client n’aura qu’à bien se tenir.

• Langue: Français
• Éditeur: Dominic Bellavance
• Date de sortie: 14 juil. 2016
• ISBN: 9782924539125

Dominic Bellavance

Dominic Bellavance écrit des romans centrés sur les personnages, où prédominent l’action, l’intrigue et l’humour. Il se spécialise en fantasy, mais touche occasionnellement à la science-fiction et au roman contemporain. Son premier livre de fantasy, Alégracia et le Serpent d'Argent, a remporté un Prix Aurora Award en 2006 décerné par L'Association Canadienne de la Science-fiction et du fantastique. Alégracia et les Xayiris vol. II a été finaliste pour le même prix en 2008. Fort populaire auprès des jeunes, sa série Alégracia s'est écoulée à plusieurs milliers d'exemplaires.  Dominic est diplômé en techniques d'intégration multimédia au Cégep de Sainte-Foy et a obtenu un baccalauréat multidisciplinaire en création littéraire, en littérature québécoise et en rédaction professionnelle à l'Université Laval.

Aperçu du livre

Coincée dans la gorge

par

Dominic Bellavance

© Tous droits réservés.

Pour Marianne

Coincée dans la gorge

J’accours dans une salle de réunion déserte. Coup d’œil sur la porte : c’est le bon numéro. Me suis-je trompé en notant l’endroit ? Je dépose mes documents sur la table et m’écrase sur la chaise à l’extrémité du meuble, pendant que je frotte mes mains sur mes pantalons pour en chasser la moiteur. Du Plexiglas recouvre les murs, revêtement inhabituel mais utile pour écrire pendant une séance de remue-méninges ou, comme c’est le cas ici, pour y tracer des caricatures niaiseuses de collègues qui me sont encore inconnus. Les visages joufflus s’échangent des messages complices, inscrits dans des phylactères parfaitement ovoïdes.

Neuf heures cinq.

Dans le passage, des encadrements d’affiches publicitaires montrent d’importantes réalisations de la boîte. Parmi celles-ci, je reconnais un échantillon de la fameuse campagne « Parle de ta bouche » qui a transformé le brossage de dents en véritable phénomène social au Québec. En me penchant sur le côté, je distingue une photo de « Jérémie Boulet », l’adolescent de Sainte-Brigitte-de-Laval qui a remué la province, d’abord en se filmant sur YouTube pendant qu’il lisait une lettre crève-cœur, puis en se mettant la corde au cou devant sa webcam. Cette vidéo a démontré de belles prouesses techniques, tellement qu’il a fallu deux semaines au public pour découvrir que ce clip – qui avait alors atteint cinquante millions de visionnements – était un canular financé par un OSBL désireux de dénoncer l’intimidation à l’école. Du grand art qui a raflé tous les prix en 2013, tellement que les concours étaient devenus plates à suivre.

Cette année-là, l’entreprise a dû louer une semi-remorque pour rapporter ses trophées au bercail. Et aujourd’hui, les plaques et statuettes accumulées par l’agence sont exposées à l’entrée, sur une table immense. Un rayon de soleil frapperait cette collection qu’on se brûlerait les rétines à la regarder. De quoi intimider les concepteurs les plus créatifs.

Si c’est l’effet recherché, ça marche.

En y repensant, je me déplace d’un siège vers ma droite, songeant qu’à cet endroit j’attirerai moins l’attention.

Un