Tranches de vie

Par Bouchard Denis et Girard Rémy

Tranches de vie est constitué d'une part de sketchs que nous avons écrits à quatre mains et qui faisaient partie d'un spectacle intitulé La farce de l'âge, créé au Théâtre du Rideau Vert, en 1990. L'idée était de s'inspirer d'un genre musical pour écrire chacun des textes. Par ailleurs, nous avons joint quelques textes que nous avons écrits ou joués l'un sans l'autre au cours des trente dernières années. Certains de ces numéros ont été retravaillés et présentés lors d'un gala Juste pour rire que nous avons animé ensemble, en 1997. Pendant le Gala du couple, nous avons marié un couple (pour vrai !) en leur montrant les tenants et les aboutissants de la vie à deux et particulièrement du mariage. Nous étions accompagnés, notamment de Claude Legault, Louis Champagne, Guillermina Kerwin, Peter MacLeod, François Morency, Arturo Brachetti et Robert Charlebois.Ce gala fut repris et adapté pour la France par Pascal Légitimus et Denis Bouchard sous le titre Souriez, vous êtes mariés avec, entre autres, Jean-Jacques Goldman, Maurane, Michel Jonasz, Lara Fabian, Jamel Debbouze, Romane Borhinger, Michel Drucker, Jean-Marie Bigard, Chevalier et Laspalès, Michèle Bernier, Éric Métayer, Daniel Russo et Laurent Baffie. Ces textes sont réunis et publiés pour la première fois.

• Langue: Français
• Éditeur: Michel Brûlé
• Date de sortie: 6 mai 2015
• ISBN: 9782894856673

Aperçu du livre

AVANT-PROPOS

J’ai rencontré Rémy à la fin des années 1970 alors que nous jouions dans La complainte des hivers rouges de Roland Lepage. Nous nous sommes liés d’amitié et avons commencé à élaborer des projets d’écriture. Rémy vivait alors à Québec et était co-directeur du Théâtre du Vieux-Québec où il se faisait beaucoup de créations collectives (Le club Frank « Eros » Robidoux, La foire, Le cabaret qui louche…). De mon côté, je sortais de l’École nationale de théâtre et ma rencontre avec Rémy me permettait de renouer avec ce que je faisais avant d’y entrer, c’est-à-dire écrire, mettre en scène et jouer des spectacles.

En réalité, ce n’était pas mon premier contact avec Rémy. Quelques années auparavant, lorsque j’étais au Collège André-Grasset, j’écrivais des spectacles pour la rentrée scolaire et le carnaval de mi-session : sortes de revues à sketchs où l’on se moquait de l’école et des profs, mais aussi de l’actualité. Un jour, une des comédiennes, qui travaillait avec nous, m’apporta des textes qu’un de ses cousins avait écrits pour la troupe Les Treize de l’Université Laval, troupe dont Rémy faisait partie. J’ai repris certains de ses sketchs en y rajoutant du mien. Sans le savoir, j’écrivais déjà avec Rémy.

Bref, après La complainte des hivers rouges, nous avons décidé, avec Julie Vincent et Raymond Legault, d’écrire un spectacle, qui deviendra La déprime et que nous avons joué pendant plusieurs années à partir de 1981. Nous avons récidivé, Rémy et moi, avec Raz de marée en 1985, pièce sur la politique qui s’inspirait de nos pères (celui de Rémy fut député et le mien, organisateur politique). Nous avons aussi conçu en 1983, en collectif avec Claude Laroche, Yves Desgagnés, Gilles Renaud, Sylvie Potvin et bien d’autres, un spectacle cabaret appelé La kermesse d’improvisation.

Nous avons par la suite écrit La farce de l’âge en 1990 avec Pierrette Robitaille et Suzanne Champagne. Puis, Pare-chocs en 1992 pour Marcel Leboeuf, Guylaine Tremblay, Normand Chouinard et Martin Drainville.

Nous avons collaboré à des galas Juste pour rire, en avons animé un, avons joué ensemble dans de nombreuses pièces de théâtre, de la Trilogie des Brassard de Michel Tremblay (qui a inauguré le nouveau Théâtre d’Aujourd’hui) aux Fridolinades 1 et 2 au Théâtre du Rideau Vert. Nous avons fait la LNI ensemble. J’ai écrit le film Rafales avec André Melançon dans lequel un rôle était pour Rémy. Je l’ai dirigé dans La cage aux folles. On a joué ensemble dans plusieurs films dont La Florida de Georges Mihalka, Jésus de Montréal et Les invasions barbares de Denys Arcand. En 2013, nous avons imaginé, avec Jeannot Painchaud, le Music-hall de la Baronne pour le festival Montréal Complètement Cirque.

Tout ça pour dire que, depuis bientôt quarante ans, Rémy est mon complice, mon ami, mon voisin en Estrie, et encore aujourd’hui dans nos interminables 5 à 7, on a toujours plus d’idées que de temps.

Nous vous soumettons très humblement un aperçu de ce que nous avons écrit ensemble ou séparément au cours des quelque trente dernières années. Petites tranches de vie sur les travers de la famille avec des personnages confrontés à des situations réalistes, mais poussées à l’absurde. Encore une fois, c’est la vérité et l’émotion qui sont source de comédie. Bonne lecture.

Denis Bouchard

L’AVE DE JEAN-PIERRE

Grégorien

Face au public est exposé le grand-père Arnold. Sont derrière lui, sa femme la grand-mère Elvina, son fils Léo 50 ans, sa petite-fille Roxane et son petit-fils Jean-Pierre, seul descendant mâle de la troisième génération. Tous sont recueillis devant le cercueil. Ce sont les derniers instants avant qu’on ne le referme pour le mettre en terre. La grand-mère, émue, vient rejoindre son fils Léo pour le réconforter. Jean-Pierre et Roxane sont très respectueux et on sent l’émotion les envahir.

ELVINA

(À Léo et aux petits-enfants.) On va dire une prière avant qu’ils ferment le cercueil… Pauvre Arnold ! Jean-Pierre, comme t’étais