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Le secret de Maragi
Le secret de Maragi
Le secret de Maragi
Livre électronique135 pages1 heure

Le secret de Maragi

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À propos de ce livre électronique

L'humanité a fui vers les nuages…

L'agile Maragi s'initie aux manœuvre sur le dirigeable de son père endetté, voguant dans l'air glacial à 6000 mètres au-dessus de la surface empoisonnée de la Terre. Elle rêve de parcourir les mers infinies de nuages, dernier refuge de l'humanité, mais les hommes d'équipage acceptent mal sa présence à bord. Pourtant, la jeune fille sans mère préfère cette vie difficile aux chaînes qui l'attendent dans la société rigide des Cités célestes…

Un fragile secret laissé par des passagers clandestins placera Maragi devant un choix déchirant, car le préserver risque de briser son rêve de liberté. 

 

Une vision audacieuse d'un futur aéropunk par l'auteure de SF Michèle Laframboise

LangueFrançais
ÉditeurEchofictions
Date de sortie30 oct. 2025
ISBN9781990824227
Le secret de Maragi
Auteur

Michèle Laframboise

A science-fiction lover since childhood, Michèle Laframboise has written 19 novels and published more than 60 short-stories, in French and English. Her short-stories have been published in several magazines: Solaris, Galaxies, Fiction River, Compelling SF, Future SF Digest, Asimov's and Analog, among others.  As a science-fiction writer, she endeavors to find creative solutions to the many challenges that lay before us, creating compelling worlds and memorable characters. / Michèle Laframboise est une ex-scientifique devenue auteure de science-fiction. Elle a publié 19 romans et plus de 60 nouvelles. On peut la lire, entre autres, dans les revues Solaris, Galaxies, Fiction River, Compelling SF, Future SF Digest, Asimov's et Analog.  Sa science fiction cherche toujours des solutions créatives aux défis qui nous attendent et concocte des intrigues captivantes se déroulant dans des mondes empreints de poésie.

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    Aperçu du livre

    Le secret de Maragi - Michèle Laframboise

    1

    Alliance Victorienne, an 766 de l’Envol

    Une bouffée d’air glacial gifla Maragi lorsque son père déverrouilla l’écoutille avant du cargo Mad Bundle.

    Le hurlement éternel des vents de haute altitude s’invita dans la cabine de pilotage, se joignant au grincement des rouages, aux craquements des câbles tendus qui gardaient unis vaisseau et ballon, aux murmures rugueux des voiles, aux grondement sourds des propulseurs jumeaux qui poussaient le dirigeable vers l’avant.

    Maragi serra les poings dans les gants de suède qui avaient appartenu à sa mère, une commerçante avisée qui avait longtemps navigué avant sa naissance. Elle ajusta ses lunettes cerclées de cuivre et attacha la courroie de son casque, celui-ci muni de douillets cache-oreilles qui laissaient passer les sons sans inviter l’air glacial.

    Elle passa ses jambes de pantalon par les ouvertures du harnais cousu à une large ceinture, qu’elle agrafa par-dessus sa veste. En dépassaient quatre anneaux d’ancrage, leur métal si usé et égratigné, leur forme si géométriquement parfaite que Maragi était certaine qu’ils devaient remonter avant l’Envol. Sa ceinture, tout comme sa veste, était une confection récente de cuir artificiel à base de champignons, renforcée de fils de métal.

    Deux cordes de réserve, chacune embobinée comme une petite saucisse, pendaient à deux des anneaux.

    Le thermomètre boulonné à l’extérieur du cockpit indiquait soit moins 23 ou moins 28 degrés Celsius. La vitre glacée du cadran—et celle du cockpit, cernée de frimas—cachait le dernier chiffre. Maragi consulta le tableau de bord.

    La fine aiguille de l’altimètre vacillait autour de 6000 mètres. À cette altitude, la température extérieure serait plus proche de moins 28 ⁰C en tenant compte du facteur vent.

    Le soleil ne s’était pas encore levé, préservant Maragi des dangereux rayons UV qui avaient laissé sur son visage une traînée de taches de son (lors d’une sortie imprudente). Mais la puissante fournaise patientait derrière la mer de nuages pourpres qui s’étendaient en vagues paresseuses vers l’horizon.

    À travers le croissant de l’écoutille entrouverte, le ciel sombre évoluait vers le bleu profond qui ornait les bords du drapeau de l’Alliance Victorienne. Les étoiles s’éteignaient, sauf un point lumineux qui marquait l’horizon à l’est. Pas une étoile: c’était le phare du port qui les invitait avec des faisceaux jaune sodium et orange.

    Quelques minutes plus tôt, son père avait allumé le phare avant. Une étroite bande de lumière phosphorée avait allumé les nuages devant eux, les transformant en fantômes dansants avant qu’ils glissent sous le ventre du cargo. Quatre secondes plus tard, une réponse était arrivée du port de Concord, un faisceau de lumière d’un blanc si éclatant qu’elle semblait bleue.

    Porté par le même puissant courant aérien, le Mad Bundle accosterait à la cité dans quelques heures.

    C’était plus de temps que nécessaire pour une inspection sommaire des câbles et de l’enveloppe de gaz qui gardait le vaisseau en l’air.

    La jeune fille était un des deux « singes » à bord du cargo de son père, un vaisseau de taille modeste spécialisé dans le transport des fruits, de vins de qualité et de barils de bière, des marchandises produites sur les cités agraires.

    Une main gantée retenant l’écoutille que le vent souhaitait ouvrir, le père de Maragi empoigna de l’autre le grand levier qui ramenait les voiles du cargo dans leur espace de rangement. Quand il tira, elle entendit le son affligé des rouages activés par le moteur principal, et le chuintement des tissus tirés de leur mât et poussés à l’intérieur d’une longue cavité au bas de la coque.

    Cela prenait cependant une main humaine pour attacher ces voiles, afin que le Bundle puisse naviguer avec grâce dans les courants turbulents engendrés dans le sillon d’un objet aussi grand qu’une Cité céleste.

    — Prête? demanda son père, une main sur la poignée de l’écoutille, ses yeux de glace bleue posés sur elle.

    Elle hocha la tête, cachant sa nervosité sous un sourire.

    Le capitaine Edward Galen avait jadis été un jeune grimpeur de mât de la Flotte Victorienne. Des douzaines d’années avaient érodé la rondeur de ses joues et ajouté à ses yeux limpides un réseau de rides de vigilance. Le soleil avait cuit son visage pour lui conférer le brun chaleureux d’un gâteau d’avoine.

    Bien entendu, les marins faisaient de leur mieux pour se garder à l’ombre, mais vous n’aviez pas cette liberté lors des affrontements de la Flotte Victorienne contre les forces du Sceptre, un groupe de cités rivales qui partageait la même bande de latitude, ou contre les Ours Polaires, dont les cônes enneigés volaient autour du pôle Nord frigide.

    Des villes en constante dérive compliquaient la politique et les guerres.

    L’Alliance Victorienne prenait avantage du puissant courant-jet et s’enorgueillissait de la vitesse de ses vaisseaux militaire. (Certains voguaient à plus de 7000 mètres, leurs pilotes affrontant les dangers de l’hypoxie avec des réserves d’air. Les cargos marchands se cantonnaient sagement à des altitudes plus basses.)

    D’autres grappes de cités se partageaient les latitudes tropicales, flottant entre 3500 et 5500 mètres, mais aucune ne divergerait trop loin. Une cité tropicale dérivant au nord se ferait immanquablement capturer (et taxer!) par les forces Victoriennes ou celles du Sceptre, la première des deux dont un vaisseau croiserait le chemin de la ville itinérante.

    — Le vent nous emporte tous, avait déclaré sa mère depuis son lit d’hôpital, peu importe quels rois ou dieux nous implorons.

    Il n’y avait pas assez de place dans la cabine de pilotage pour plus de deux personnes, ce qui obligeait le mécanicien de bord et l’autre grimpeur du cargo à se tenir entre la chaise du capitaine et le cadre de la porte donnant accès à l’entrepôt.

    Rupert, sa bouche cachée sous une épaisse moustache grise (qui devait compenser l’absence de cheveux sur sa tête) s’était objecté à la présence d’une créature à bord. En dépit des meilleurs efforts de Maragi, le mécanicien n’avait toujours pas accepté sa présence. Son regard sous des paupières épaisses dévoilait une bonne dose de désapprobation. Il ne devait guère apprécier le courant d’air froid qui s’infiltrait par l’écoutille entrouverte, un signe qu’elle prenait encore trop de temps à sortir.

    Coquetterie féminine! devait-il penser. Cependant, ouvrir l’écoutille permettait aussi de renouveler l’air confiné de leur cabine, ce qui n’était pas un luxe à une altitude où l’oxygène se raréfiait.

    Les yeux du grimpeur de mât, eux, envoyaient un tout autre message. Les iris d’un bleu délavé de James contrastaient avec sa peau tannée par le soleil. Le coin de ses lèvres se relevait en une courbe familière, un brin moqueuse. Maragi sentit ses joues s’embraser, malgré les basses températures.

    Elle baissa les yeux vers le pupitre. Vissé à la paroi, il touchait presque le gouvernail, avec la cloche d’appel cuivrée. Un assemblage d’instruments jonchaient une carte des courants aériens gardée sous verre; on pouvait distinguer sur celle-ci les pales contours de continents dont l’existence n’avait plus d’impact sur leurs vies. Maragi parcourut du regard un sextant de cuivre et un télescope, mais son instrument préféré était une boussole à la surface dorée gravée de roses et de cursives gracieuses.

    Cette boussole avait intrigué la jeune fille, la première fois qu’elle avait posé le pied dans la cabine. La façon dont les vaisseaux s’orientaient sur des lignes magnétiques invisibles au-dessus de la mer de nuages la fascinait.

    Elle avait été remise par la Marine à son père en remerciement pour ses services. Une courte chaîne retenait la boussole à un anneau fixé au bois, les maillons plaqués or si fins qu’ils ne pouvaient provenir que des Forges du Roi Solomon. Un jour, Maragi prendrait place devant un pupitre similaire et utiliserait

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