Éclats d’éternité
Par Lauriane Borges
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTRICE
Lauriane Borges, fascinée par le mystère des âmes, a commencé à écrire pour laisser une trace de sa vie. Très vite, cela s’est transformé en une exploration des histoires de personnages qui se sont imposés à elle. Chaque récit devient une quête des liens invisibles entre le passé et le présent, le réel et l’inexplicable, plongeant les lecteurs dans des mondes où tout devient possible.
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Aperçu du livre
Éclats d’éternité - Lauriane Borges
Prologue
Il est des vies qui ne se contentent pas de se vivre. Elles se répètent, se tissent et se défont dans des boucles infinies, portées par des âmes anciennes, des promesses oubliées et des choix non faits. Derek et Isabelle ne le savaient pas encore, mais leur destinée ne les appartenait plus. Elle appartenait à des fragments d’eux-mêmes, des échos d’une existence antérieure, où l’histoire s’était arrêtée avant d’être réécrite.
Des vies révolues. Des erreurs commises. Des amours et des trahisons gravées dans le marbre du temps. Dans un autre âge, Derek avait été celui qui savait, celui qui portait les clés d’un savoir ancien. Isabelle, quant à elle, avait été la protectrice, l’épaule solide, l’ancre dans un monde de chaos. Mais quelque chose s’était brisé. Un choix, un sacrifice malvenu, et tout s’était effondré. La guerre des âmes, les mystères du portail, la séparation des mondes… Ils avaient échoué. Et ils étaient revenus. Mais le prix de ce retour n’était pas celui qu’ils avaient espéré. Ils étaient revenus sans souvenir, sans compréhension, piégés dans un présent où le poids du passé se faisait de plus en plus oppressant.
Cécilia, l’étrangère, l’inconnue, la clé. Elle n’avait pas été là, dans ces vies antérieures, mais elle incarnait le fragment qui manquait. Celle qui, dans ce cycle qui semblait ne jamais finir, allait peut-être les conduire là où eux-mêmes avaient échoué. Car il y avait dans ses yeux, dans son âme, une lumière qu’ils avaient perdue depuis trop longtemps. Une lumière qui brillait encore dans les ombres, prête à illuminer la vérité.
Mais les mystères qui l’entouraient, les forces qui l’avaient choisie, et la vérité qu’elle portait étaient autant d’obstacles. Derek et Isabelle savaient que, sans elle, ils ne pouvaient pas avancer. Elle était celle qui pourrait ouvrir les portes d’un autre monde, mais également celle qui risquait de les enfermer dans une autre répétition, dans un autre échec. Ils n’étaient pas prêts. Pas encore. Et pourtant, le fil du destin était tissé, et ils n’avaient plus le choix.
Cette fois, peut-être qu’ils s’en sortiraient. Ou bien, ils échoueraient encore. Comme avant. Comme à chaque fois.
Ils se souvenaient des vies passées – mais cela suffirait-il ? Ou allaient-ils se perdre une fois de plus dans les méandres du temps et de la réincarnation, à devoir tout recommencer ? Le miroir du destin était à présent entre leurs mains, mais était-ce la clé de leur rédemption ou celle de leur chute finale ?
Chapitre un
Reflets voilés
La lumière pâle du crépuscule baignait la ville de Niort alors qu’Isabelle traversait la rue des Dragons. Les pavés irréguliers de cette rue ancienne résonnaient sous ses talons, un bruit sec qui contrastait avec l’atmosphère endormie des ruelles. La légende locale racontait que cette rue avait été nommée ainsi en hommage à un dragon terrassé au Moyen Âge par un chevalier. Isabelle sourit faiblement à cette pensée : une histoire héroïque qui semblait si lointaine, si déconnectée de son propre quotidien. Les dragons n’étaient plus qu’un mythe, tout comme les contes de fées qu’elle avait abandonnés en grandissant.
Elle marcha plus vite, resserrant son manteau autour d’elle. Niort, avec ses façades de pierre blanchies par le temps et ses boutiques aux enseignes usées, semblait figée dans une autre époque. Mais à cette heure, la ville était aussi immobile qu’un tableau. Les rares passants se hâtaient, et le silence pesant des rues vides lui donna une étrange sensation de solitude. Elle inspira profondément, tentant de se concentrer sur le bruit régulier de ses pas. La soirée était fraîche, une promesse d’automne qui s’insinuait doucement dans l’air.
En passant devant une vitrine, elle aperçut brièvement son reflet. Ses cheveux châtain clair, noués en une queue-de-cheval basse, étaient ébouriffés par le vent. La robe noire qu’elle portait, ajustée, mais simple, mettait en valeur ses épaules délicates une fois son manteau retiré, mais elle se trouvait ordinaire. « Insipide » était le mot qu’elle aurait utilisé. Ses traits fins, souvent complimentés, lui paraissaient sans éclat, surtout lorsque ses yeux gris-vert captaient la lumière blafarde des lampadaires.
Le fast-food où elle travaillait apparut bientôt à l’angle de la rue. Il détonnait avec l’élégance historique des bâtiments alentour, sa façade moderne et lumineuse criant sa présence comme une invitation bruyante. Isabelle jeta un dernier regard à sa montre : 17 h 45. Elle avait juste le temps de se changer avant de prendre son poste. Ce soir, elle commençait à 18 heures, une routine qu’elle connaissait par cœur.
Elle poussa la porte du restaurant, la clochette suspendue émettant un tintement métallique familier. Ses talons claquèrent brièvement sur le carrelage avant qu’elle ne se dirige vers les vestiaires. Une fois à l’abri des regards, elle troqua sa robe pour l’uniforme informe de son travail : un tee-shirt vert trop grand avec son tablier au même couleur et un pantalon noir mal taillé. Isabelle plia soigneusement sa robe avant de la ranger dans son casier, prenant soin de poser ses talons à côté. En enfilant ses chaussures de travail, elle sentit un poids familier revenir, celui de son rôle de serveuse, un rôle qu’elle avait appris à jouer sans trop y réfléchir.
Elle soupira en sortant du vestiaire. Le rush du soir ne tarda pas à commencer.
Le restaurant se remplit rapidement, comme chaque soir à cette heure. Des familles bruyantes, des adolescents surexcités, et des travailleurs fatigués s’entassaient dans la salle, transformant l’espace en un brouhaha constant. Isabelle, postée derrière la caisse, enchaînait les commandes avec une précision presque automatique.
« Menu Melt, sans tomate, avec une grande boisson et un cookie », marmonna un homme en chemise froissée, les yeux rivés à son téléphone.
« Ça fera 12,50 €, monsieur. Vous voulez un café avec ? » demanda Isabelle, son sourire mécanique collé aux lèvres.
Le client hocha la tête sans lever les yeux, tendant un billet avant de s’éloigner brusquement. Isabelle observa brièvement l’homme partir, puis reprit son service, encaissant commande après commande. À mesure que les minutes passaient, les odeurs de pain et de viande toastés semblaient s’intensifier, collant à ses vêtements et à sa peau.
Parmi les clients, certains étaient des habitués qu’elle voyait presque chaque jour. Il y avait une femme âgée qui venait toujours commander un café à emporter et restait à lire son journal dans un coin de la salle, et un groupe de lycéens bruyants qui semblaient passer leur soirée ici à partager un seul paquet de cookies. Isabelle les observait parfois avec une curiosité détachée. Ces visages anonymes composaient son paysage quotidien, un puzzle de vie auquel elle ne participait qu’en surface.
Vers 20 h 30, lorsque le flux de clients se calma, Isabelle s’autorisa une pause. Elle récupéra un paquet de cigarettes dans son sac et sortit à l’avant du restaurant, où l’air frais lui arracha un frisson. Elle alluma une cigarette, savourant la sensation de la fumée qui remplissait ses poumons. Pendant quelques instants, elle se permit de ne penser à rien. Ni au travail, ni à Julien, ni même à ces étranges reflets qui hantaient ses pensées.
Mais la tranquillité fut brève. Le froid mordant finit par l’inciter à écraser sa cigarette et à retourner à l’intérieur. Il restait encore quelques heures avant la fermeture, et Isabelle savait que cette soirée ne lui offrirait aucun répit.
Peu après son retour à son poste, il entra.
Derek.
Elle le remarqua tout de suite. Comment aurait-elle pu l’ignorer ? Sa haute silhouette se détachait nettement dans la lumière artificielle du fast-food. Il portait un jean sombre et une veste en cuir, et ses cheveux noirs légèrement en bataille lui donnaient un air nonchalant. Mais ce qui captivait Isabelle à chaque fois, c’étaient ses yeux : d’un bleu glacial, presque surnaturel. Ils semblaient tout voir, tout comprendre, comme s’ils renfermaient un secret qu’il ne révélait qu’à demi-mot.
Derek était un habitué, mais, ce soir-là, il était seul, pas de collègues ou de clients potentiels avec lui. Isabelle sentit une légère tension parcourir son corps. Elle s’efforça de garder un sourire professionnel alors qu’il s’approchait du comptoir.
« Bonsoir, Derek. Un menu complet à emporter, comme d’habitude ? » demanda-t-elle avec un ton léger.
Il leva un sourcil, un sourire énigmatique jouant sur ses lèvres.
« Toujours aussi perspicace. Oui, merci. »
Isabelle hocha la tête tout en tapant la commande sur la caisse. Mais avant qu’elle ne puisse lui tendre son ticket, il ajouta avec un sourire amusé :
« Vous êtes toujours aussi polie, Isabelle. »
Elle le fixa, surprise.
« Vous avez retenu mon prénom ? »
Derek haussa légèrement les épaules, son sourire s’élargissant.
« C’est écrit sur votre badge. Mais je vais faire comme si j’avais une mémoire exceptionnelle. Ça vous flatte, non ? »
Isabelle se sentit rougir malgré elle, un rire nerveux lui échappant. Elle lui tendit son ticket en évitant son regard, gênée, mais intriguée. Derek ne dit rien de plus. Il récupéra sa commande avec une lenteur calculée, comme s’il voulait prolonger l’échange, avant de se diriger vers la sortie. Isabelle le suivit des yeux jusqu’à ce que la porte se referme derrière lui.
Elle resta immobile quelques instants, les pensées confuses. Derek n’était pas comme les autres clients. Il y avait quelque chose en lui, une présence, une intensité qui éveillait en elle une curiosité qu’elle ne pouvait pas ignorer.
Le service touchait à sa fin lorsque les derniers clients quittèrent le petit restaurant où travaillait Isabelle. La clochette suspendue à la porte tinta une dernière fois, signalant leur départ, avant que le silence ne reprenne possession des lieux. D’un geste fatigué, elle rangea les quelques livres qu’un client avait laissés éparpiller sur une table. Les étagères en bois anciennes, chargées de volumes poussiéreux et de bibelots étranges, l’observaient comme des témoins silencieux de ses journées.
Elle jeta un coup d’œil à l’horloge murale : 22 h 08. Trop tard pour espérer autre chose qu’une soirée tranquille en solitaire. Isabelle tira les lourds rideaux rouges qui couvraient la vitrine, puis tourna la clé dans la serrure, un bruit métallique résonnant dans l’espace vide. Une part d’elle aimait ce moment-là, cette tranquillité qui s’installait lorsque le monde extérieur semblait enfin ralentir.
Elle éteignit les lumières une par une, plongeant la boutique dans une semi-obscurité où seules quelques étincelles de lumière filtraient à travers les vitraux colorés. Le craquement du vieux plancher accompagna ses derniers pas vers la sortie. Elle inspira profondément, imprégnant ses poumons de l’odeur familière du papier vieilli et de la cire.
C’était une routine. Chaque soir, le même chemin jusqu’à son appartement, le même calme oppressant dans cette petite ville endormie. Mais ce soir-là, sans savoir pourquoi, Isabelle sentit un frisson lui parcourir l’échine. Comme si quelqu’un, quelque part dans l’ombre, la regardait.
La nuit, après la fermeture, Isabelle rentra chez elle. Les rues étaient silencieuses, les lampadaires projetant des halos jaunâtres sur le trottoir. Lorsqu’elle poussa la porte de son appartement, Julien était assis sur le canapé, une bière à la main, absorbé par un match de football. Il ne tourna même pas la tête pour la saluer.
Julien était son compagnon depuis trois ans. Au début, leur relation avait été douce, presque évidente, comme si la vie leur offrait enfin une trêve. Ils avaient partagé des rires, des projets, et cette impression de complicité qui semblait indestructible. Mais avec le temps, quelque chose s’était fissuré. Les silences s’étaient allongés, les disputes s’étaient insinuées, et la tendresse d’autrefois s’était effacée peu à peu. Isabelle ne savait plus quand exactement les choses avaient changé. Peut-être lorsque Julien avait commencé à rentrer plus tard, ses réponses devenant évasives, ou lorsque ses remarques avaient pris une teinte acerbe, comme des petites épines invisibles.
Elle avait essayé de s’accrocher, de raviver cette flamme qui s’était éteinte sans qu’elle le voie venir. Mais parfois, elle se demandait s’ils étaient devenus deux étrangers, partageant un espace sans plus rien partager d’autre. Elle avait cessé de croire que l’amour pouvait tout réparer.
Isabelle déposa son sac près de la porte et se dirigea immédiatement vers la salle de bain. Comme chaque soir, son premier réflexe fut de se regarder dans le miroir. Pas pour vérifier son apparence, mais pour chercher, encore et toujours, quelque chose qu’elle ne pouvait nommer. Mais le miroir ne lui renvoya que son propre visage, fatigué et délavé par la lumière crue.
Quand elle alla se coucher, Julien dormait déjà, une bouteille vide abandonnée sur la table basse. Isabelle, elle, avait le sommeil agité. Les rêves bizarres qui la hantaient depuis des semaines revinrent cette nuit-là, plus vifs et plus troublants.
Elle se tenait dans un désert rougeoyant, un ciel noir et oppressant pesant sur elle. Devant elle, un immense miroir brisé était planté dans le sable, ses éclats reflétant une femme qui n’était pas elle : une beauté sombre et sauvage, avec des yeux rouge flamboyant.
« Réveille-toi, Isabelle », murmura une voix rauque.
Elle tendit la main vers un éclat du miroir, fascinée malgré elle par le regard perçant de la femme qui la fixait. Cette dernière semblait vivante, comme si elle cherchait à franchir la barrière entre les deux mondes. Isabelle sentit une étrange chaleur irradier de l’éclat de verre qu’elle effleurait du bout des doigts.
« Réveille-toi, Isabelle », répéta la voix, plus pressante cette fois.
L’instant suivant, le sol sous ses pieds se déroba. Elle sentit une force irrésistible l’aspirer vers le miroir, une lumière blanche éclatante l’engloutissant tout entière. Le hurlement du vent résonna dans ses oreilles alors qu’elle tombait, interminablement, au cœur de ce néant lumineux.
Elle se réveilla en sursaut, le souffle coupé. Sa poitrine se soulevait frénétiquement, son cœur battant à tout rompre. La lumière tamisée du réverbère, filtrée par les rideaux de la chambre, était la seule source de clarté dans l’obscurité de la pièce. Isabelle passa une main tremblante sur son front, trempé de sueur froide. À ses côtés, Julien dormait profondément, ignorant tout de son agitation.
Elle se redressa lentement, les jambes engourdies. Ce rêve… Non, ce n’était pas un simple rêve. Il avait été trop réel, trop palpable. La voix résonnait encore dans sa tête, et les yeux rouge flamboyant de cette femme hantaient ses pensées. Qui était-elle ? Et pourquoi Isabelle avait-elle l’impression qu’elle essayait de lui transmettre un message ?
Elle se leva, incapable de rester allongée plus longtemps. La lune était haute dans le ciel, projetant une lumière froide à travers la fenêtre. Isabelle fixa son reflet dans le miroir de la salle de bain, espérant y trouver une réponse. Mais tout ce qu’elle vit, c’était son propre visage, fatigué et inquiet.
Pourtant, elle ne pouvait se débarrasser de cette sensation : quelque chose avait changé. Et ce changement, quel qu’il soit, n’allait pas tarder à bouleverser sa vie.
Après de longues minutes passées à tenter de reprendre son souffle, Isabelle parvint enfin à retrouver un semblant de calme, ses jambes encore tremblantes, elle se dirigea lentement vers sa chambre. La pièce était froide et silencieuse, comme si le monde entier s’était figé dans l’obscurité.
Elle s’allongea sur son lit, les yeux rivés sur le plafond, tentant d’ignorer la boule d’angoisse qui serrait encore sa poitrine. En tournant légèrement la tête, son regard tomba sur le réveil posé sur sa table de chevet. Les chiffres rouges lumineux semblaient presque vibrer dans l’ombre : 3 h 33.
Isabelle détourna rapidement les yeux et se couvrit jusqu’aux épaules, espérant que le sommeil la rattraperait enfin.
Chapitre deux
Fractures invisibles
Le lendemain matin, Isabelle se réveilla avec un mal de tête lancinant, comme si le rêve de la nuit précédente avait laissé des traces bien réelles. Elle se redressa difficilement sur son lit, les yeux encore fermés, cherchant à se libérer de la lourdeur qui pesait sur ses membres. Le désert rouge, le miroir brisé, cette voix… tout semblait si vivant, trop réel pour n’être qu’un simple songe. Elle ferma les yeux une seconde, espérant que tout cela ne soit qu’une illusion, mais la sensation persistante de malaise s’accrochait à elle comme une ombre indélogeable.
Un rayon de lumière filtrait à travers le rideau mal tiré, éclairant un coin de la pièce d’une lumière blafarde. Isabelle se leva en traînant les pieds, les pensées embrouillées, et jeta un coup d’œil furtif au miroir accroché juste au-dessus de sa commode bancale. Ce miroir était souvent un témoin silencieux de ses moments de doute, mais, ce matin-là, il ne renvoyait rien d’autre que son propre visage fatigué, avec des cernes qui semblaient s’ancrer dans ses traits. Aucun éclat surnaturel, aucun mouvement étrange. Juste elle, Isabelle, fatiguée et perdue dans une routine dont elle ne savait plus comment se défaire.
Elle s’habilla mécaniquement, enfilant un jean délavé et un tee-shirt avant de descendren vers la cuisine. Un bruit dans la pièce voisine attira son attention. Julien était déjà debout, assis à la table, les yeux rivés sur son téléphone. Son visage était fermé, marqué par une irritation qu’il portait constamment avec lui, comme une seconde peau. Il semblait exister dans un état de contrariété permanente, ce qui transformait l’atmosphère autour de lui en quelque chose de lourd, comme si la moindre parole risquait de provoquer une explosion.
Isabelle se servit un café sans un mot, tentant de se préparer mentalement à la journée. La cuisine, elle la connaissait bien, un petit espace exigu avec des murs jaunis par le temps. L’odeur du café envahit la pièce, mais elle se heurta aussitôt au silence pesant de Julien. Une assiette sale traînait encore sur l’évier, témoignant d’un repas qu’elle n’avait pas partagé avec lui. Le regard qu’il lui lança, à peine un clin d’œil furtif, était déjà une accusation, comme si tout, depuis sa présence dans cette pièce jusqu’à la dernière seconde de la journée, le dérangeait.
« Tu rentres tard ces jours-ci », lança-t-il, toujours sans lever les yeux de son téléphone.
Isabelle s’immobilisa, la cafetière à la main, ses muscles tendus, un frisson désagréable courant le long de sa colonne.
« Tard ? J’ai fini à 22 h, comme d’habitude. »
Elle posa la cafetière d’un coup sec
