Culture de la paix: Idées reçues et propositions
Par Mouvement Utopia et Bertrand Badie
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À propos de ce livre électronique
Aujourd’hui, des gouvernements aussi puissants que ceux des États-Unis, de la Russie et d’Israël déclarent ouvertement qu’ils ne respecteront pas ou plus les instances et les règlements internationaux liés aux droits humains, issus des deux dernières guerres mondiales et qu’ils ont pourtant signés.
Les conquêtes territoriales, religieuses, culturelles ou économiques, seraient-elles toujours plus fortes que la volonté des peuples de vivre en paix ? La violence et la guerre sont-elles consubstantielles à l‘espèce humaine et devons-nous nous contenter de les rendre un peu moins barbares et de limiter le nombre de morts ?
C’est justement lorsque le contexte n’est pas favorable qu’il ne faut pas céder au défaitisme, en déconstruisant les idées reçues sur ces violences qui sont en fait culturelles et non naturelles. Puis cet ouvrage propose des pistes pour décliner cette culture de la paix à laquelle l’ensemble de l’humanité aspire.
Nous proposons une autre forme de combat, non-violent et culturel cette fois, afin, pour reprendre la célèbre formule du sociologue Marcel Mauss, de « savoir s’opposer sans se massacrer ».
À PROPOS DE L'AUTEUR
LE MOUVEMENT UTOPIA est une association citoyenne agréée Jeunesse et Éducation Populaire, qui vise à élaborer un projet de société solidaire et convivial, écologiquement soutenable, dont l’objectif est le « buen vivir ». Elle a également pour objet d’agir comme un trait d’union, une passerelle, entre les acteurs de la société civile, du monde politique et institutionnel, du monde intellectuel et du monde artistique et culturel.
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Aperçu du livre
Culture de la paix - Mouvement Utopia
Collection Controverses
Les Éditions Utopia
61, boulevard Mortier – 75020 Paris
contact@editions-utopia.org
www.editions-utopia.org
www.mouvementutopia.org
Diffusion : CED-Cédif
Distribution : DOD
© Les Éditions Utopia, mai 2025
La faiblesse de la force, c’est de ne croire qu’en la force.
La guerre, ce sont des hommes qui ne se connaissent
pas et qui se massacrent au profit d’hommes qui se
connaissent mais ne se massacrent pas.
Paul Valéry
SOMMAIRE
Préface
Introduction
Définition de la culture de la paix
Première partie : Idées reçues
Idée reçue n° 1. L’homme est un loup pour l’homme
Idée reçue n° 2. Vivre en paix, cela ne dépend que de nous
Idée reçue n° 3. La non-violence ne permet pas de résoudre tous les conflits
Idée reçue n° 4. La paix, c’est une affaire de faibles
Idée reçue n° 5. Si davantage de femmes occupaient des postes de pouvoir, il y aurait moins de violence
Idée reçue n° 6. La démocratie est suffisante pour garantir la paix
Idée reçue n° 7. La neutralité ne garantit pas la paix
Idée reçue n° 8. Si tu veux la paix, prépare la guerre
Idée reçue n° 9. L’ONU est là pour garantir la paix grâce notamment au droit d’ingérence
Idée reçue n° 10. L’humanité est incapable d’inscrire la paix dans la durée
Deuxième partie : Propositions
Proposition 1. Construire la paix en dépassant le concept d’État-nation
Proposition 2. En France, instituer le renoncement à la guerre
Proposition 3. Lancer un processus de désarmement de la France
Proposition 4. Programmer le désarmement nucléaire militaire de la France
Proposition 5. Faire la paix avec le vivant
Proposition 6. Repenser les organisations internationales pour une nouvelle gouvernance mondiale
Proposition 7. Promouvoir une éducation facteur de paix et protéger les enfants de la violence
Proposition 8. Transformer l’art et la culture en armes de construction massive de la paix
Proposition 9. Mettre l’économie au service de la paix
Proposition 10. Réaffirmer la priorité à la prévention des conflits
Conclusion
Annexes
Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789
Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948
La Charte de l’environnement de 2005
L’apartheid de genre, grand absent du droit international
Initiatives pour le désarmement nucléaire (IDN)
ICAN France
Bibliographie
Quelques structures et organisations
Notes
Livres des Éditions Utopia
Préface
Je suis très heureux d’introduire cette réflexion sur la paix que nous offre le Mouvement Utopia.
On a plus que jamais le sentiment que cette valeur-clé de l’humanité est oubliée, marginalisée, voire moquée. Mais est-elle même pensée ? Voilà bien longtemps que notre Vieux monde, celui de l’Europe auquel s’est rattachée la part septentrionale de l’Amérique, n’envisage plus la paix autrement qu’en négatif, comme une « non-guerre », c’est-à-dire une simple trêve, la rendant pratiquement synonyme de l’idée modeste d’armistice. Cette supposée paix qui apparaît épisodiquement sur la scène internationale ne serait qu’une « avant-guerre » dont notre histoire regorge : la paix n’avancerait donc que pour mieux reculer !
Nous sommes en fait prisonniers de cette longue histoire européenne qui, au moins depuis la Renaissance, faisait paradoxalement de la guerre le principe régulateur des relations internationales. Les États souverains ne pouvaient être qu’impliqués dans une compétition infinie dont la guerre n’était d’évidence que l’événement paroxystique, aussi naturel qu’inévitable. Face à cette fade apparence, on n’a su opposer, la plupart du temps, qu’un pacifisme naïf s’appuyant simplement sur le rejet mécanique de toute guerre, précipitant parfois ses tenants inattentifs dans les affres de la compromission, ou conduisant à nier le droit des peuples à se soulever pour briser leurs chaînes coloniales. On dut découvrir alors, tout progressivement, que la paix était plus haute et plus noble que la seule antithèse de la guerre : on comprit qu’il fallait en faire une vertu en soi, plus substantielle et plus audacieuse qu’une simple négation…
C’est ici qu’opère la vraie foi militante en la paix : admettre que celle-ci est un état, un accomplissement, une totalité en soi. Elle est un état permanent et non une relation de circonstance ou ce bricolage évoqué par les trêves et les cessez-le-feu : elle doit être cette réflexion persistante sur l’état naturel de coexistence déjà pensé par Aristote et magnifiquement illustré par Victor Hugo quand il parlait de « sympathie des âmes » réunissant les humains. L’exception dans laquelle est reléguée la paix doit redevenir la règle, fondant l’altérité comme naturellement complémentaire, en lieu et place de la compétition qui n’est en rien humainement innée. C’est dire aussi que la paix est d’abord l’affaire des comportements individuels et des solidarités sociales, avant même d’être celle des gouvernements. Si ceux-ci prennent leur essor dans une société agressive, leur posture guerrière s’en trouvera confortée : il faut donc changer notre système éducatif pour enseigner la paix aux enfants, mais il faut aussi apprendre à chacun l’art de l’hospitalité et du respect de l’autre plutôt que lui donner les clés des demeures maudites, celles de la xénophobie, de la haine ou de la dévalorisation de celui qui est différent, celles aussi de la peur de la « submersion », du « remplacement », du « danger ethnique » …
La paix est aussi un accomplissement, car elle suppose de placer l’humanité au sommet de la Cité comme de l’ordre mondial. « Si tu veux éviter la guerre, prépare la paix », pourrait-on dire pour bien montrer que celle-ci dispose d’une antériorité créatrice qu’on a très souvent oubliée. Il faut bien admettre que la guerre résulte certes de désirs martiaux, mais surtout de ce défaut d’accomplissements humains, de cette négligence des besoins matériels et symboliques qui font le quotidien de l’humanité : besoins de s’alimenter, de se soigner et de s’éduquer, mais besoins aussi d’être reconnu dans son identité et dans ses droits, d’être compris et respecté, sans jamais oublier qu’au final un humain vaut un autre humain, que l’humiliation est le premier moteur belligène et va jusqu’à engendrer la rage.
Enfin, la paix doit accéder à la vertu de totalité. Sa surface est autrement plus vaste que le seul espace de la non-guerre. Le piège est également là : la paix couvre tout le périmètre des souffrances humaines et des risques globaux, climatiques, sanitaires, alimentaires, économiques… Toutes ces pathologies, anciennes pour certaines, mais récentes pour d’autres, non seulement s’imposent de plus en plus comme sources hélas prioritaires des nouveaux conflits, mais conduisent aussi à des formes de déshumanisation qui sont l’inverse même de l’idée de paix…
C’est dire combien cette présente réflexion et les propositions qui l’accompagnent sont essentielles pour ranimer la flamme du débat public, où la frilosité identitaire l’emporte aujourd’hui dramatiquement sur l’exigence humaniste, celle-là même qui est l’antichambre de la vraie paix.
Bertrand Badie, février 2025
Introduction
N’est-il pas naïf ou paradoxal de se pencher aujourd’hui sur une hypothétique culture de la paix, alors que, loin de ce que l’on pensait avec la fin de la guerre froide, les conflits sanglants ne cessent de se multiplier ? Alors que, même sur le continent européen, où a été élaborée en 1948 la Déclaration universelle des droits de l’homme, la guerre a refait son apparition ?
Le nombre de conflits a doublé dans le monde au cours des cinq dernières années et continue d’augmenter : une personne sur huit est désormais exposée à la guerre et l’année 2024 a été marquée par un nombre effroyable de personnes tuées et gravement blessées dans les conflits.
N’est-ce pas plutôt à un redéploiement de cette culture – ce culte – de la guerre auquel nous assistons ?
La violence et la guerre sont-elles consubstantielles au genre humain et devons-nous nous contenter de les rendre un peu moins barbares et de limiter le nombre de morts ?
Les droits humains, les déclarations internationales, les institutions comme l’ONU et l’Unesco, la CPI, la CIJ ¹, sont-elles dépassées et impuissantes face aux replis identitaires, face à certains États-nations et leurs désirs de puissance ?
Les conquêtes territoriales, religieuses, culturelles ou économiques, seraient-elles toujours plus fortes que la volonté des peuples de vivre en paix ?
De plus, non contente de passer son temps et son énergie à essayer de se détruire mutuellement, à discriminer par le genre, l’origine ou le statut social, cette culture de la violence fait également la guerre à l’ensemble du vivant, comme on le constate avec le dérèglement climatique et la
