À propos de ce livre électronique
Trahie et livrée aux mains de mes ennemis, j'essaie de contacter mon cercle. Mais les Sentients qui m'ont capturée ne sont pas que des monstres. Ils me parlent de mon passé et me promettent un avenir où je serai libre, où tous les peuples des galaxies pourront cohabiter en paix sans subir l'oppression de la Flotte Gretar.
Mais plus j'en apprends et plus je me rends compte que les Sentients et la Flotte ne sont pas ce qu'ils semblent être. C'est la même chose pour moi. Je suis tellement plus que je ne l'ai jamais imaginé, mais cela sera-t-il suffisant pour resceller notre cercle et sauver les galaxies ?
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Aperçu du livre
Apothéose - Lily Archer
1
Lana
— R éveille-toi, imbécile !
Je lève la tête et cligne des yeux. La lumière du soleil traverse les fenêtres sales dont certaines vitres sont brisées, puis les relents familiers du nettoyant industriel et de l’odeur corporelle d’ados me chatouillent les narines.
— Où suis-je…
— On ne parle pas pendant les heures de colle !
M. Morgan me fusille du regard devant nous dans la pièce.
— Crétin, ricane Van près de moi.
J’ai mal à la tête quand je me redresse sur mon siège pour me masser les tempes.
— C’est réel ?
— Mademoiselle Key ! s’exclame M. Morgan en frappant son bureau du plat de la main. On ne parle pas pendant les heures de colle. Encore un mot et je vous en rajoute une.
Je me contente de le regarder fixement. Il retourne à son livre, droit dans son pull sans manche et son nœud de papillon. Ce n’est pas réel. Ça ne peut pas être vrai. Je baisse les yeux sur mon pupitre et le Chibi que j’étais en train de dessiner. Dolly la cow-girl au sourire confiant.
— Hé, connasse, moi aussi je sais dessiner, murmure Van en me montrant un croquis grossier de sexe masculin.
Je n’arrive pas à comprendre ce qui se passe. Pas la salle de classe, pas M. Morgan ou Van. Où sont mes Alphas ? J’ai besoin d’eux. Ce n’était pas un rêve. Au début, je le souhaitais, mais maintenant je sais que le cercle est réel, beaucoup plus réel que n’importe quel souvenir dans lequel je me retrouve coincée en ce moment. Il faut que ce soit un mirage. C’est ça, mon rêve. Mes Alphas sont réels.
— Kyte ? appelé-je.
— Ça suffit, mademoiselle Key ! s’écrie M. Morgan en consultant l’horloge. Une heure de plus pour vous.
Van pouffe.
Je les ignore tous les deux et me lève pour avancer lentement vers la porte de la classe pendant que M. Morgan continue de me menacer de me donner plus d’heures de colle.
— Rien de tout cela n’est réel. Ce n’est pas possible.
— C’est parfaitement réel, comme l’indiquera votre dossier, répond-il en notant de manière théâtrale quelque chose sur un bout de papier.
— Où sont Kyte, Ceredes et Jeren ? Où suis-je ?
J’attrape la poignée de la porte qui vibre à mon contact.
— Vous êtes en retenue jusqu’à la fin de votre punition, ajoute M. Morgan en se levant avant de me menacer du doigt. Asseyez-vous, mademoiselle Keys !
— Non.
C’est tellement facile de lui dire non, maintenant. D’avoir le courage de mes opinions et de suivre mon instinct. Mes Alphas me l’ont enseigné.
— Espèce de crétine ! glousse Van. Tu vas finir ici toute la journée. Tu seras avec moi à la tombée du jour. Comme quand nous étions sous les arbres, dans le fossé. Tu te rappelles comme on s’amusait ?
Sa voix devient rauque.
— Tu te rappelles comme tu avais envie de ma queue ? Moi je m’en souviens.
Il est juste derrière moi, maintenant.
— Si tu ouvres cette porte, on remettra ça. Seulement toi et moi. Personne ne viendra à ton secours, cette fois-ci.
— Tu ne me fais pas peur, lâché-je en attrapant la poignée de porte.
— Moi aussi, je serai là, résonne la voix de ma mère et je me fige. Quand Van en aura fini avec toi, je t’attendrai. Tu rentreras à la maison pour chercher un peu de réconfort. Mais je n’aide pas les traînées, les petites garces qui baisent avec des garçons pervers derrière l’aire de jeux. Les sales catins qui se tapent trois différents Alphas. Je sais comment tu es.
Son rire éraillé est chargé de whiskey et de colère.
— Tu es faible. Pathétique. Cette fois-ci je vais te péter le nez. Et ensuite te briser le cou.
Mon cœur bat la chamade et mon corps se couvre d’un voile de sueur. Je le sens debout derrière moi, je sens son haleine alcoolisée. Mes anciennes peurs tentent de me submerger et, l’espace d’un instant j’envisage de me faire toute petite, de me rouler en boule en protégeant de ses assauts les zones sensibles de mon corps. Mais je ne suis plus cette fille. Je refuse de me cacher dans mon coffre à jouets et m’enfermer dans l’espoir de survivre encore un jour. C’est fini, tout ça. Je suis forte, aujourd’hui.
— Vous ne me toucherez pas ! lancé-je en tournant la poignée de porte. Ni Van. Ni toi.
— Ouvre cette porte, et tu verras, rétorque-t-elle d’une voix perçante.
J’ouvre la porte et pénètre dans le couloir. Mais l’habituelle rangée de casiers ne s’y trouve pas, sous mes pieds il n’y a pas le lino usé ni les graffitis minables sur les murs en parpaings jaunes. Au lieu de cela, les sols et les murs sont d’un noir lisse, presque liquides au toucher.
Un vaisseau.
Alors, tout me revient d’un coup — la trahison d’Onin, mes Alphas laissés derrière moi, Warverian et la femme. La femme qui m’a touchée et… je prends une inspiration et dois m’adosser au mur dont le matériau noir est froid au toucher.
Je ne suis pas à l’école. Pas même sur Terre. J’ai été faite prisonnière par le Warverian, le commandant des Sentients. Mais il n’y a pas que lui. Il l’appelle Régente. Mais moi je la connais sous le nom de Nox. Valnox, l’Oméga centre du cercle scellé il y a plus de trois siècles pour vaincre les Sentients pendant la Grande Catastrophe.
Mais elle est plus que ça. Beaucoup plus. Quand elle m’a touchée, je… quelque chose s’est produit en moi. Je me masse à nouveau les tempes, le flot d’informations me donne mal au crâne. Le reste de mon corps est également douloureux. Pas la même impression d’être remplie comme quand je me suis soudée à mes Alphas. Là, je me sens…
— Affamée, murmure dans ma tête la voix de Nox.
Je me calme et tente de communiquer avec Kyte, Jeren et Ceredes. Mais je n’arrive pas à les ressentir. Pas même une infime connexion entre nous. Où sont-ils ? Par tous les Piliers, et s’ils étaient blessés ? Je dois retourner avec eux.
Devant moi une porte s’ouvre avec précision. Je sursaute légèrement et lève les mains quand une barrière s’allume autour de moi.
— Tu es en sécurité avec moi, mon enfant. Viens, dit Nox dont la voix résonne dans le vaisseau.
Je regarde derrière moi, mais il n’y a qu’un long couloir avec des portes en métal de chaque côté.
— Viens.
Sa voix est attirante, la même étrange attraction que je ressens dans mes entrailles depuis que j’ai quitté la Terre.
Lentement je franchis la porte et passe dans la pièce de l’autre côté. C’est celle où Warverian a tué Onin. Je fixe l’endroit où se trouvait le sang, mais il n’y a plus la moindre trace.
— Ne crains rien.
Nox se tient devant la fenêtre, me tournant le dos. Ses cheveux noirs sont coiffés de la même manière que sa statue à l’Académie – les côtés rasés et sur le dessus du crâne, une crinière de lion.
— Vous avez tué Onin. V… vous et Warverian… Vous êtes avec les Sentients.
Je déglutis avec difficulté, la bouche sèche en avançant prudemment derrière elle.
— Je suis désolée pour la petite mise en scène que j’ai dû te faire vivre. Au début tu étais instable, donc je t’ai renvoyée vers tes souvenirs les plus récents sur Terre afin que tu te ressaisisses un peu. Mais ça a aussi changé, dit-elle en secouant la tête. Ton pouvoir est toujours instable, rebelle, même. Sombre.
Je jurerais avoir perçu un sourire dans sa dernière parole.
— Ramenez-moi à Latrides. Tout de suite.
— Latrides est sous le contrôle de la Flotte. Tu n’es pas en sécurité là-bas.
— Mes Alphas s’y trouvent. Laissez-moi partir.
Elle soupire, mais ne se retourne toujours pas.
— La Flotte t’a abreuvée de mensonges. Ce n’est pas de ta faute, bien sûr. C’est pour cela que la Flotte s’empare des Omégas et des Alphas dès qu’ils acquièrent leur pouvoir.
— La Flotte protège…
— La Flotte est un monstre.
Elle se tourne enfin et son visage ressemble à la statue, hormis sa tempe et son œil droits qui ont été remplacés par du métal et des circuits.
— Elle s’empare des biens les plus précieux de l’univers et les stocke. Elle réduit en esclavage, tue et détruit sans pitié.
— Pourtant vous vous êtes battue pour la Flotte. Vous êtes l’héroïne de la Grande Catastrophe. Vous et votre cercle, vous êtes…
— Brisés.
Elle avance vers moi d’un pas décidé et je dois lever la tête pour soutenir son regard.
— Mon cercle était une chaîne, une entrave qui m’emprisonnait, comme c’est le cas pour toi.
— Non. Mon cercle est tout pour moi. Mon cercle m’a libérée.
La partie organique de son visage s’adoucit légèrement.
— Mon enfant. C’est moi qui t’ai libérée, lance-t-elle en tendant le bras.
Je fais un bond en arrière, mais elle pose tout de même sa main sur ma joue. Un afflux d’énergie se matérialise entre nous. Rien à voir avec l’énergie bleue engendrée par le cercle, mais quelque chose de plus profond, de plus sombre. Elle est tellement puissante, comme un courant qui m’entraîne dans son sillage.
— Qu’est-ce que c’est ?
J’arrive à peine à respirer. Malgré l’impression d’être précipitée dans un fossé de ténèbres, je me sens également… forte. Assez puissante pour saisir cette énergie dans mes mains et la façonner. Car étrangement, elle fait partie de moi à présent, une partie dont je n’avais même pas conscience. Si c’est le cas, alors comment Nox le savait-elle ? Comment parvient-elle à la faire remonter à la surface ?
— C’est le pouvoir le plus profond de l’univers. La Création. La Destruction.
Sa voix résonne dans ma tête, progressant comme un flottement dans mon âme.
— Nous abritons ce pouvoir. Nous sommes les dernières de notre race, celle des Palatiens d’une planète au-delà de la Faille. Notre puissance ne nous vient pas d’un cercle ou des Piliers. Elle nous appartient. Nous pouvons l’utiliser comme bon nous semble.
Tellement de questions se bousculent dans ma tête comme une avalanche d’incertitudes qui menace de m’ensevelir sous des mètres de verglas et de neige.
— Tu auras toutes tes réponses en temps voulu.
Elle écarte sa main, mais l’énergie bourdonne toujours en moi, en vagues sombres, avant d’atteindre son point culminant.
— Pourquoi moi ?
Je ne peux que la dévisager, m’émerveillant devant son superbe visage où empiète la technologie rutilante.
— Pourquoi tout ça pour moi ? Pour rompre le cercle ? C’est pour cette raison ?
— Le cercle n’a aucune importance pour moi, réplique-t-elle en me fixant de son œil marron. Mais toi, tu es tout pour moi.
Je ne peux que répéter la question qui passe en boucle dans ma tête.
— Pourquoi ?
— N’est-ce pas évident ? demande-t-elle en s’approchant avant de me serrer dans ses bras. Parce que tu es ma fille.
2
Kyte
— I l doit y avoir un moyen de la localiser.
Jeren regarde fixement par le pare-brise sombre comme s’il pourrait apercevoir Lana même si son vaisseau a disparu dans un trou noir.
J’accède à tous les protocoles d’informations et de pistage de la flotte, mes doigts et mon esprit parcourant à toute vitesse une montagne de données.
— Kyte, dit Ceredes entre ses dents. Que vois-tu ?
Je continue de lire et de creuser. Il y a forcément quelque chose ici.
— J’ai besoin que tu me dises quelque chose, poursuit Ceredes en nous dirigeant à l’endroit exact où elle avait disparu. Il faut que je sache où…
— Je ne sais pas ! coupé-je sèchement les mains sur les manettes. Je ne sais pas.
Par tous les Piliers, je n’arrive même plus à la ressentir. Comme s’il y avait quelque chose d’insurmontable entre nous, un mur de plomb plus épais que le cœur de Latrides.
— Il a pris un de nos vaisseaux. C’était un Calarien. Il doit bien y avoir un moyen de le pister.
Jeren s’active sur sa propre console pour essayer d’obtenir des informations.
— Où peut bien l’amener Onin ? s’interroge Ceredes en secouant la tête. Ça n’a pas de sens.
Jeren se tourne vers un autre écran.
— Qu’en est-il du traceur que l’académie a installé sur elle ?
— Il ne fonctionne que dans les portails, pas dans les trous noirs. Probablement aussi sur le campus de l’Académie.
Je fouille et fouille encore jusqu’à trouver le numéro de série du vaisseau qu’Onin a pris.
— Leur vaisseau n’avait pas de permission de vol et ils n’ont probablement pas ouvert un trou noir avec l’aide de la Flotte. Quelqu’un d’autre l’aidait.
— Onin est le traître !
Ceredes formule ce que nous savons tous à présent.
— Il a ouvert la barrière de l’école et a parlé de Lana aux Sentients.
— Rien. Il n’y a rien ici ! m’exclamé-je en me relevant, l’esprit confus et apeuré. Et avec le peu de connexion qu’il reste, je la ressens à peine. C’est juste un filament qui s’estompe.
Je ferme les yeux et me concentre sur elle, tentant d’étirer mes pensées dans sa direction, où qu’elle soit. Mais je ne reçois rien, seulement ce mur impénétrable. L’énergie nécessaire pour le créer – et le dresser entre des compagnons soudés – est incompréhensible.
— Le cercle, lance Jeren en se levant avant de me tendre la main. Nous pouvons la trouver. Ensemble.
Ceredes se lève à son tour et saisit avec empressement l’avant-bras de Jeren pour nous rassembler. Un afflux d’énergie nous transperce quand nous nous connectons et fermons les yeux.
— Envoie tout ce que tu peux au travers de notre lien.
Je ferme les yeux et ne pense qu’à elle, à l’Oméga qui a volé mon cœur.
— Lana, lancé-je en silence.
La voix dans ma tête se mêle à celle de mes frères jusqu’à entonner son nom en un chant puissant.
— Il y a un obstacle, annonce Jeren en serrant sa poigne. Quelque chose de puissant.
— Continue de pousser.
J’imagine le mur et visualise un trou incandescent en son milieu. Lentement, méthodiquement, j’en retire des morceaux tout en me lançant comme une flèche vers mon Oméga.
— Continue d’enlever des morceaux.
Ceredes agite sa lame d’énergie, entaillant le métal impitoyable tandis que Jeren s’introduit de plus en plus par le trou.
— Elle est de l’autre côté. Je la sens.
Jeren s’avance en flottant, sa forme noire, telle de la fumée, s’immisçant dans les failles que Ceredes et moi sommes en train de percer.
— Nous approchons.
Nous redoublons d’efforts, nos corps et nos esprits soufflant sous la tension. Je commence à me réchauffer quand le lien entre Lana et notre cercle se renforce.
Les derniers remparts de métal se dressent devant nous, le mur est toujours solide, mais cède petit à petit.
— Encore une forte poussée. Allons-y !
Je fais le silence en moi pour seulement appeler Lana. Ça fonctionne, le mur se désagrège jusqu’à ce que je l’aperçoive juste devant nous, son aura irradiant d’une lueur dorée.
— Tiens ! l’invité-je en lui tendant la main.
Mais quelque chose cloche.
Ses yeux sont ouverts, mais son regard me traverse.
— Lana ! l’appelle Jeren en se matérialisant derrière elle. Où es-tu ?
Lorsqu’elle ouvre la bouche, des ténèbres s’en échappent. Ses yeux deviennent noirs et l’explosion qui s’échappe d’elle est si puissante que nous sommes tous les trois propulsés en arrière, heurtant le mur avant de nous effondrer. Nos consciences s’entrechoquent si violemment que notre vaisseau grince sous notre poids et les ténèbres explosent de notre embarcation et ondulent dans l’espace comme des vagues d’une eau noire.
J’ai tellement mal à la tête que j’ai l’impression d’être déchiqueté et Ceredes se penche en avant pris de nausées. Jeren est blême, à mes pieds.
Je tombe à genoux.
— Jeren, dis-je en le secouant. Jeren !
Il respire, mais difficilement.
Ceredes est à nouveau pris de haut-le-cœur, puis il se tourne vers nous.
— Jeren ?
— Il est hors circuit.
Je dois m’asseoir et ma vue se brouille tandis que je gère la douleur dans ma tête.
— C’était quoi, ça ? demande Ceredes en s’agenouillant pour prendre l’autre main de Jeren. Elle a disparu. Je ne peux pas… je ne peux pas le sentir du tout.
Il me regarde, le visage presque aussi pâle que celui de Jeren.
— Que s’est-il passé ?
— Je ne sais pas, mais nous devons la trouver. Nous devons ressouder le cercle.
— Cassé, intervient Jeren en toussant. Il est brisé.
La douleur dans ma tête empire. Parce que je sais qu’il a raison. Je sais que l’explosion provenant du cercle désagrégé de Lana a brisé les liens qui nous maintiennent tous en place. Qu’est-ce qui aurait pu provoquer ça ?
— Lana, appelle Ceredes d’une voix blanche en regardant encore par la vitre. Lana, où es-tu ?
Jeren ouvre les yeux.
— C’est douloureux, dit-il en se tapotant faiblement le torse. Elle n’est pas là.
— Je sais.
Je l’aide à s’asseoir, même s’il n’y a plus cet afflux d’énergie. Nous sommes éteints, comme une lumière sans électricité, la vie en nous vacille et disparaît presque.
— Mais nous pouvons arranger ça. Nous le devons. Vous avez perçu quoi que ce soit, une idée d’où elle pourrait être ?
Il secoue la tête.
— Et toi, Ceredes ?
— Non, répond-il en se frottant le torse. Non, je ne percevais rien venant d’elle. Simplement le lien, puis… puis les ténèbres.
— Nous ne pouvons pas repérer le vaisseau. Nous n’arrivons pas à nous connecter à elle par notre lien. Le cercle est…
Je n’arrive pas à dire le mot à voix haute. C’est trop douloureux. Perdre Lana, c’est quelque chose que je ne peux même pas envisager.
Jeren prend une profonde inspiration et il retrouve des couleurs.
— Mets le cap sur la Flottille.
— La Flottille ?
Je me demande s’il hallucine ou s’il souffre d’un traumatisme crânien. Il est impossible que Lana se trouve par là-bas.
— Qu’y a-t-il à la Flottille ? demande Ceredes en ouvrant une console pour programmer sans hésiter notre destination.
— De l’aide, grogne Jeren.
Il s’appuie contre la paroi du vaisseau, le visage renfrogné.
— Mais ça a un prix.
3
Lana
Je m’assieds sur mon lit dans ma chambre, mon esprit toujours en ébullition. Nox m’a accompagnée ici après avoir lâché sa bombe. Elle me parlait comme si de rien n’était, comme si ça n’avait pas vraiment d’importance que je découvre soudain qu’elle est ma mère.
La femme que je prenais pour ma mère – qui était-elle seulement ? Qui était cette femme qui m’a terrorisée toute ma vie ? Et si Nox est réellement ma mère, pourquoi m’a-t-elle confiée à une personne comme elle ?
J’ai du mal à respirer, les questions me nouent la gorge comme des mains autour de mon cou. Mes oreilles bourdonnent, la pièce vacille autour de moi tandis que les ténèbres semblent s’échapper de moi en filaments. Pas comme les ombres lareniennes de Jeren, différemment. Du pouvoir. Un pouvoir qui se loge plus profondément que le peut mon cercle. Il est en moi depuis toujours. À présent, il semble couver l’énergie que j’ai reçue de mon cercle tel un sarcophage noir avalant la lumière qui irradie en lui.
— Kyte, Ceredes, Jeren ?
Je les appelle, mais je n’obtiens aucune réponse. Juste une sorte d’engourdissement désagréable à la place qu’ils occupaient dans mon cœur.
Pourtant, l’espace d’un bref instant j’entends mon prénom.
— Lana.
Un murmure, comme un battement d’ailes de papillon. On ne dirait pas qu’il s’agit de mes Alphas, néanmoins la voix me paraît étrangement familière.
— Allô ? appelé-je.
La voix a disparu. Je suis seule.
Je me laisse glisser sur le sol près de mon lit, à l’écart de la porte, et je me mets en boule. J’imagine être dans mon coffre à jouets, mais il n’apparaît pas. Il n’y a que ces murs noirs. Les mêmes que les parois du vaisseau. Je chasse cet espoir de mon esprit et m’allonge sur le sol froid pour essayer de contacter mes Alphas. Rien. Il n’y a personne.
Je suis seule.
— Tu n’es pas seule, Lana. Jamais plus tu ne le seras.
La voix de Nox s’immisce en moi comme un millier de minuscules araignées.
— J’ai besoin de mes Alphas, lancé-je en clignant des yeux avant de réaliser que je pleure. S’il vous plait, laissez-moi les rejoindre.
Ma porte s’ouvre et j’entends les pas de Nox qui approchent.
— Tu n’as pas besoin d’eux. Ils ne font que te maîtriser.
— Non. Ils me rendent forte.
— Je te rends forte. C’est mon sang dans tes veines.
Elle s’assied sur le lit, au-dessus de moi, et me regarde.
— Vous faisiez partie d’un cercle. Vous devriez comprendre ce dont je parle. Vous ne vous rappelez pas ?
— Bien sûr que je m’en souviens, répond-elle avant de détourner le regard. C’était libérateur… au début. Au départ, j’avais l’impression de pouvoir faire plier l’univers à ma guise. Avec mes Alphas, tout était possible.
— Oui.
Je ne l’aurais pas mieux dit.
— C’est enivrant. Comme une drogue. Mais avant même que tu ne t’en rendes compte, tu ne peux plus dire où tu finis et où ils commencent.
— Donc vous comprenez pourquoi j’ai besoin de les rejoindre.
Elle secoue la tête.
— C’est un mensonge, Lana. Le cercle est un mensonge.
Je ne peux même pas répondre à ça, car au fond de moi, je sais que ce n’est pas vrai. Le cercle est l’unique chose vraie que j’aie jamais eue.
— J’ai conscience que c’est difficile à entendre pour toi. Quand j’étais à ta place, moi non plus je ne me serais pas crue. Cependant, j’ai appris à mes dépens que le cercle n’est pas tout. L’amour que te procurent tes Alphas ? Ça ne vient pas… sans complications.
Elle semble presque lasse. Comme si c’était un sujet qu’elle avait ressassé à maintes reprises.
— Du genre ?
— Il y a tellement de choses que tu dois savoir. Mais pas tout de suite. Tu as déjà beaucoup souffert. Ce pouvoir que tu sens palpiter en toi ? C’est ton essence même. Ça n’a rien à voir avec les cercles ou les Alphas. Tu peux le manier, l’affûter, faire plus de choses que tu n’as jamais imaginées.
Je ferme les yeux et tente de trouver ce pouvoir. Il est en moi, mais je n’arrive pas à le regarder en face. Même s’il est plus noir que la plus obscure des nuits, c’est comme fixer le soleil. Je me calme et ouvre les yeux.
— C’est douloureux.
— Le vrai pouvoir l’est toujours.
Nous restons assises dans un silence gênant pendant un moment. Apprenant à nous apprivoiser. Toutes ces informations me donnent le tournis.
Je lui lance un regard. Son œil de métal me fixe. Elle est effrayante. Et pas seulement d’apparence. Elle doit sûrement le savoir. Elle a beau prétendre être ma mère, je ne la connais pas. En fait, l’unique chose dont je suis certaine, c’est ce qui est arrivé à Onin. Ce souvenir me soulève l’estomac, puis lorsque je me rappelle la lueur dans les yeux de Warverian, je réprime un haut-le-cœur.
— Respire calmement, Lana. Avec le temps, tu comprendras.
— J’en doute.
— Je peux te prouver que je dis la vérité.
— Sur le fait d’être ma mère ?
— Je pense que tu sais déjà que cette partie est vraie, réplique-t-elle en esquissant un sourire. Tu peux le sentir au fond de toi, n’est-ce pas ?
Elle se frappe la poitrine, mais je ne sais pas vraiment si elle est faite de chair
