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Livre électronique138 pages1 heure

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À propos de ce livre électronique

Vous découvrirez le récit rocambolesque de Catherine qui est d’actualité et qui pourrait se rapprocher de votre réalité ou de celle d’une personne que vous connaissez. Le roman démontre ce qui a amené Catherine à se retrouver dans une telle situation de violence qui a failli lui couter la vie et comment elle s’en est sortie. Elle vous offre l’occasion de vous abreuver de son parcours irrégulier, invraisemblable, mais fascinant, qui en fait un personnage attachant. Habitée de courage et d’une éternelle foi en sa force intérieure, c’est ce qui lui aura permis de rebondir et de continuer à vivre pour le meilleur.

Ce roman est inspiré de faits vécus. Seuls les noms ont été changés.
LangueFrançais
ÉditeurDistribulivre
Date de sortie30 nov. 2024
ISBN9782898650598
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    Aperçu du livre

    Tout est possible - Rachel .

    La famille

    Jeanne Renault, ma mère, est née en 1922 d’une famille de dix enfants vivants. Elle a connu le transport avec les charrettes tirées par les chevaux, par les temps froids de nos hivers rigoureux de Mirabel (autrefois Ste-Monique). Son père réchauffait des briques et les déposait sous les pieds des passagers, puis la famille se tassait en se recouvrant d’une peau de bison pour conserver leur chaleur. Maman a vécu le rationnement pendant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945).

    Elle a terminé sa sixième année scolaire et ne faisait aucune faute en français, elle pouvait nous aider dans nos devoirs et nos leçons. Adolescente, elle allait relever ses sœurs ainées qui accouchaient l’une après l’autre. À 18 ans, elle a travaillé dans une usine peu de temps avant son mariage. Avant de rencontrer celui qui est devenu son mari, elle a été amoureuse du petit Latour. Elle prend plaisir à me raconter son histoire d’amour des centaines de fois lorsque nous sommes seules dans la maison. J’écoute attentivement son récit d’amour. Chaque fois, je ressens la joie dans son cœur, je vois une lueur dans ses yeux lorsqu’elle parle de lui. Je vis, avec elle, un peu de son histoire. Maman devait se fiancer à Noël, hélas, son futur fiancé est décédé dans un accident de chasse deux mois avant les fêtes. Elle me dira à l’aube de ses 90 ans :

    « Je n’ai jamais vu la bague qu’il avait achetée pour moi », me confie-t-elle.

    Je crois qu’elle aurait aimé la conserver en souvenir, mais elle me montre une chose encore plus vivante qu’une bague. Sur une photo, noir et blanc, je vois un beau jeune homme aux cheveux ondulés et châtains selon ses dires, portant un pantalon avec bretelles et une chemise à carreaux. Il a fière allure avec ses traits sympathiques et son beau sourire. Je dis alors à maman : « Il me semble que je l’aurais bien aimé comme père. »

    « Mais voyons, tu ne serais pas là », répond-elle.

    Puis, elle a rencontré la famille Bouchard. D’abord Jean-Louis, un jeune homme taquin et joueur de tours qui ne la laissait pas indifférente. Mais, elle le trouve « coureur de jupons » et ne se laisse pas séduire. Elle s’est plutôt laissé embobiner par le plus vieux de la famille, Rosaire, un an son ainé.

    Papa s’est hâté de se marier pour devenir officiellement exempté d’aller à la guerre. Il est le genre d’homme qui ne parle pas beaucoup. Il est robuste, travaillant, mais plutôt grognon. Des compliments, il n’en avait pas reçu étant jeune, donc nous n’avons pas connu ce que c’était d’être louangés par notre père. Ni de notre mère, car elle craignait que nous devenions orgueilleux. Je ne pouvais pas me brosser les cheveux le soir parce que maman disait que c’était un péché d’orgueil. À cette époque, tout était un péché.

    Elle raconte que dans leur temps les filles doivent trouver mari et quitter la maison parce que la famille est pauvre et cela fait une bouche de moins à nourrir. C’est ce qui est arrivé à ma mère, elle a choisi un homme pour quitter la maison, l’aimait-elle vraiment ?

    Rapidement, les tourtereaux se sont mariés puis se sont installés dans une maison sur une terre de 17 arpents à Saint-Faustin. Mon grand-père paternel avait prêté autour de 2 000 $ à papa. C’est là que nous sommes tous nés et avons grandi.

    Maman est une jeune femme enjouée, vaillante et ricaneuse. Le plus beau souvenir que je garde de mon enfance est de l’entendre chanter en travaillant. Et nos fous de rire sans raison avec ma mère et mes frères, bien sûr en l’absence du père. Le dicton : « Les souris dansent quand le chat n’est pas là » n’a jamais été aussi approprié chez nous. Certains soirs, je vois le bonheur de maman changer au retour de son mari à la maison. Si au boulot, il avait été rabroué, son humeur massacrante paralysait sa femme et ses enfants. Toute la maisonnée marchait les fesses serrées. Ce n’était pas un climat idéal pour grandir sainement, il a fallu développer des comportements de survie et un sens de l’humour si on voulait dédramatiser. Papa avait été élevé à coups de pied dans le cul. L’amour, les compliments, la douceur, il ne connaissait pas. Cependant, il était travaillant et fort comme un bœuf. Tout ce qu’il faut pour coloniser une terre aride et la transformer en sol fertile.

    Mes parents forment un couple du temps que la religion mène le monde. Comme ils sont croyants, ils obéissent à la lettre aux directives du clergé. Ma mère se retrouve enceinte, par devoir, chaque année. À travers l’église et les bébés qui naissent, il y a une ferme à entretenir. Les tourtereaux travaillent d’arrache-pied pour pouvoir manger tous les jours. Les animaux à nourrir : les poules, les cochons, les vaches, le cheval, puis la saison des foins, la paille à ramasser et entasser dans la grange. L’été, ce sont les champs de fraises, de patates, carottes qu’ils vont vendre au marché dès que le jour se lève. L’hiver, ils font boucherie, taille les morceaux de viande pour aller vendre au marché, c’est ce qui leur permet de vivre de leur ferme. À cette époque, papa ne travaillait pas à l’extérieur. Quand je compare nos méthodes d’aujourd’hui avec les leurs, je me dis que c’était la petite misère noire. Et pourtant, quand nous écoutons les personnes d’un certain âge parler de leur temps, ils en sont nostalgiques.

    Puis les enfants commencent à naitre, l’un après l’autre. Sept enfants vivants. Six garçons et une fille. Et un beau jour ce fut mon tour, je suis la cinquième. Le médecin avait dit à ma mère :

    « Madame Bouchard, vous n’aurez jamais de fille à cause que vous n’avez qu’une seule trompe de Fallope. » Il s’est royalement trompé, je suis une fille à part entière.

    Imaginez la surprise lorsque je suis venue au monde à la maison aidée d’une sage-femme. Ma mère ne croit pas qu’elle a mis au monde une fille. Il lui a fallu voir la preuve ! Elle me raconte bien des années plus tard que lorsque mon père arrive de travailler, il est fou de joie, saute sur le téléphone et dépense deux interurbains pour annoncer à sa mère et à sa belle-mère que sa femme vient de mettre une fille au monde. Je suis stupéfaite d’apprendre que mon père était si content de la venue de sa fille, car c’est un sentiment qu’il a su bien garder jusqu’à la fin de ses jours.

    Le dernier-né est un cas d’incubateur. Il nait avant terme à l’hôpital et, c’est une chance, car maman a failli y laisser sa vie. Elle a été opérée pour la « grande opération » afin de ne pas tomber enceinte à nouveau.

    L ’enfance

    Bébé, je suis une petite fille menue aux cheveux blonds ondulés. Je suis une pleureuse de premier ordre. J’exaspère mes frères et ma mère du fait que je suis souvent inconsolable. Ma mère étant très occupée avec toute la marmaille et les travaux sur la ferme, je me sentais probablement délaissée. Ainsi, je suis souvent malade. Inconsciemment, je veux attirer son attention en prenant les moyens que les enfants connaissent.

    À cinq ans, ma vie change alors que de nouveaux voisins aménagent sur la terre agricole voisine de la nôtre. Quel bonheur, il y a une fille de trois ans mon ainée, Florence. Mais avant de faire sa connaissance, il m’a fallu sortir d’en dessous du lit de maman, là où je m’étais cachée avec mes deux frères cadets. Florence et sa mère étaient venues à la maison se présenter. Cette rencontre m’a permis de socialiser avec d’autres personnes que ma famille. Quel bonheur d’avoir enfin une amie ! Je la considère comme une grande « sœur ». Nous nous voyons tous les jours.

    Je commence ma première année scolaire en 1957. Mes frères ainés, Florence et moi marchions un mile (1,61 km) pour nous rendre à l’école du rang. À cette époque, un seul professeur enseignait de la première jusqu’à la septième année. Une trentaine d’élèves étaient assis en rangée derrière un pupitre dans une même pièce et étaient pris en charge à tour de rôle par l’enseignante.

    Lors de ma première journée, j’ai la larme à l’œil. Je n’aime pas la maitresse et je suis figée en présence de tous ces marmots. Pour renchérir mon angoisse, la toilette en est une sèche avec une porte trop courte d’en haut et d’en bas où tout le monde peut entendre les secrets les plus intimes. Enfin, tout ce qu’il faut pour retenir nos besoins essentiels. Autant j’étais contente d’aller à l’école, de même une grande anxiété m’envahissait. Je m’attendais davantage à un accueil chaleureux de sa part, un tant soit peu réconfortante, plutôt que d’entendre me dire : « Toi, assois-toi là, puis arrête de pleurnicher. »

    Cette femme costaude et froide comme le marbre me causait la peur

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