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Les AILES DU TEMPS T.03 AU SERVICE DU ROI-SOLEIL
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Les AILES DU TEMPS T.03 AU SERVICE DU ROI-SOLEIL
Livre électronique408 pages5 heures

Les AILES DU TEMPS T.03 AU SERVICE DU ROI-SOLEIL

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À propos de ce livre électronique

La folle saga de Jean Aiglon se poursuit !

Alors que le paternaliste et controversé Frontenac est rappelé en France, l’inapte nouveau gouverneur Lefevre de La Barre se chargera de détruire le fragile équilibre laborieusement établi entre les nations amérindiennes rivales et les Français du Canada...

Autres sources de conflits en perspective! Son remplaçant, l’intègre et pusillanime Denonville, tentera bien de remettre les Iroquois au pas, mais il n’arrivera qu’à les pousser dans les bras des Anglais. Ces derniers s’empresseront d’annexer l’Iroquoisie à la province de New York, ce qui transformera leurs fiers Sauvages en de molosses enragés qu’ils lâcheront sur la Nouvelle-France en août 1689!

De son côté, l’intrépide Pierre Le Moyne d’Iberville, surnommé le Cid canadien par Louis XIV, assisté de ses courageux compagnons, restituera à la France les forts de la baie d’Hudson que le renégat Radisson avait offerts sur un plateau d’argent à la perfide Albion.

En vue de combattre les visées expansionnistes des Anglo-Américains, tout en privant les Iroquois de leur soutien balistique, le gouverneur de Montréal, Louis-Hector de Callière, en compagnie d’Aiglon, ira exposer au Roi-Soleil à Versailles son plan de conquête du New York.

Dans son pays d’enfance, Aiglon vivra d’extraordinaires aventures épiques, ésotériques et romantiques avant de revenir au Canada en compagnie de Frontenac, remis en selle, et de treize Iroquois qui ont survécu aux galères où ils furent ignominieusement condamnés…

Hélas, trop peu, trop tard! Le massacre de Lachine sera perpétré tel que prophétisé par Aiglon selon les méthodes de divination du fameux Nostradamus, son possible ancêtre. Il s’ensuivra un voyage fantasmagorique des plus merveilleux et des plus émouvants.

J.A. Pachès signe ici un autre de ses grands romans historiques de la collection: Les ailes du temps! Ce sont plusieurs épreuves qui guettent Aiglon dans ce troisième volet de ses palpitantes aventures homériques. Retrouvez ce héros mythique en compagnie de célèbres personnages qui ont façonné l’Histoire la France et du Nouveau Monde où flottait alors le drapeau fleurdelisé; vous en serez bouleversé. Tome 1: L'âge d'or de la Nouvelle-France  Tome 2 Frontenac et moi
LangueFrançais
Date de sortie4 avr. 2024
ISBN9782925371267
Les AILES DU TEMPS T.03 AU SERVICE DU ROI-SOLEIL
Auteur

J.A Pachès

Né en 1948 dans le Midi de la France d’une mère française et d’un père espagnol, Jacky Albert Pachès a émigré au Canada avec ses parents en 1963. Lecteur boulimique et vivant désormais à St-Hubert, il a parachevé son éducation par diverses lectures édifiantes. Ce n’est qu’au tournant du millénaire qu’il a réalisé un vieux rêve: écrire un livre ! Il a ainsi rédigé une série intitulée Fleurdelisé, récit romancé traitant de ses ancêtres venus coloniser la Nouvelle-france au XVIIe siècle. Question de s’évader de cette série dont il nous promet une suite, il s’est lancé dans la fiction et le fantastique avec Homo Debilis, une histoire qui tient le lecteur en haleine du début à la fin.

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    Aperçu du livre

    Les AILES DU TEMPS T.03 AU SERVICE DU ROI-SOLEIL - J.A Pachès

    cover.jpg
    Table des matières

    Prologue

    Chapitre 1 1679 – 1681 Périlleuses entreprises

    Chapitre 2 Avatars en série

    Chapitre 3 Guerre ou paix ?

    Chapitre 4 1682-1683 – Nouveau capitaine à la barre

    Chapitre 5 Éprouvante incarcératio

    Chapitre 6 Année charnière de 1683

    Chapitre 7 1684 - Troubles dans les Pays-d’en-Haut

    Chapitre 8 Préparatifs pour une campagne en Iroquoisie

    Chapitre 9 Analyse d’une guerre avortée et de ses répercussions

    Chapitre 10 Virement d’allégeance de Radisson

    Chapitre 11 1685- Denonville, l’intègre et pusillanime gouverneur

    Chapitre 12 Les redoutables Tsonnontouans

    Chapitre 13 Des nouvelles de la famille et des autres

    Chapitre 14 1686 – 1687 : Expédition historique vers la baie d’Hudson

    Chapitre 16 Préparatifs de guerre pour une campagne risquée

    Chapitre 17 1687- Expédition punitive au pays des Tsonnontouans

    Chapitre 18 1687-1688 – Répercussions d’une campagne partiellement accomplie

    Chapitre 19 Versailles et la Ville Lumière

    Chapitre 20 À travers la France en plein hiver

    Chapitre 21 Rencontre explosive

    Chapitre 22 Chaleureuses retrouvailles

    Chapitre 23 Rencontre royale

    Chapitre 24 Au service du Roi-Soleil

    Chapitre 25 Prémonitions ou prophéties ?

    Chapitre 26 Interminable attente

    Chapitre 27 Visions d’Enfer et voyage astral

    UN PETIT MOT DE L’AUTEUR 191

    BIBLIOGRAPHIE 193

    J.A. PACHÈS

    Au service du

    Roi-Soleil

    Collection : Les ailes du Temps

    ⁎⁎⁎

    img1.png

    Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

    Titre : Les ailes du temps / Jacky Pachès.

    Noms : Pachès, Jacky, 1948- auteur. | Pachès, Jacky, 1948- Au service du Roi-Soleil.

    Collections : Collection Plume d'or.

    Description : Sommaire incomplet : 3. Au service du Roi-Soleil.

    Identifiants : Canadiana (livre imprimé) 20089400984 | Canadiana (livre numérique) 20220027943 | ISBN 9782925371212 (couverture souple  : vol. 3) | 9782925371229 (PDF  : vol. 3) | ISBN 9782925371236 (EPUB  : vol. 3)

    Classification : LCC PS8631.A23 A75 2008 | CDD C843/.6—dc22

    Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour nos activités d’édition.

    img2.png

    Conception graphique de la couverture : J.A. Pachès

    Direction rédaction : Marie-Louise Legault

    ©  J.A. Pachès, 2024 

    Dépôt légal  – 2024

    Bibliothèque et Archives nationales du Québec

    Bibliothèque et Archives Canada

    Tous droits de traduction et d’adaptation réservés. Toute reproduction d’un extrait de ce livre, par quelque procédé que ce soit, est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur.

    L’éditeur se dissocie de certains termes et formulations que l’auteur a tenu à conserver.

    Imprimé et relié au Canada

    1re impression, mars 2024

    Prologue

    Dans les deux tomes précédents : L’âge d’or de la Nouvelle-France et Frontenac et moi, Jean Aiglon de Val-Heureux, sous le nom plus discret de Jean Deval, a établi sa petite famille sur les abords du fougueux fleuve Saint-Laurent, à une lieue en amont de Ville-Marie.

    Avec la discrétion qui le caractérise, il a participé au premier voyage de découverte chapeauté par René-Robert Cavelier de La Salle en 1669. Lors de cette expédition, il a fait la rencontre d’un guide iroquois avec qui il a développé une amitié réciproque, ce qui n’a pas été le cas avec La Salle, jaloux de ses prérogatives, surtout lorsque Aiglon a reçu le surnom estimé d’Aigle Blanc en raison de sa bravoure et de ses connaissances médicales avant-gardistes.

    À la suite de frictions entre Jean Aiglon et La Salle, l’expédition s’est scindée en deux, mais aucune équipe n’est parvenue à trouver le chemin de la Chine… D’ailleurs, à leur retour, par dérision, la seigneurie de La Salle, nommée côte Saint-Sulpice, a reçu l’appellation de Lachine.

    Devant la démographie galopante des Anglo-Saxons dans la Nouvelle-Angleterre, Aiglon et son nouveau compagnon d’aventures ont levé l’ancre pour prendre la direction de la mère patrie afin d’y plaider la cause de la Nouvelle-France, plaidoyer qui rendra Louis XIV suffisamment mécontent pour le faire embastionner dans une cellule sordide. Les dons de guérisseur d’Aiglon lui ont donné la chance de transformer ce séjour carcéral infernal en un véritable paradis. Il en a résulté un enfant de l’amour avec la fille de son geôlier qu’il avait soulagé de sa surdité.

    À la sortie de la Bastille, un mystérieux homme en noir a discrètement remis à Jean une coquette somme en le priant d’aider de son mieux le découvreur Cavelier de La Salle, revenu à de meilleurs sentiments, tout en le mettant en garde contre des ennemis qu’il se serait faits.

    Effectivement, lors d’un campement dans sa région natale des Cévennes, alors qu’il se trouvait avec son père et Gabriel, un métis franco-iroquois, vingt mercenaires ont lâchement tenté de les abattre durant la nuit. Heureusement que Gabriel veillait au grain. Finalement, ce sont les assaillants qui ont été défaits.

    Le lendemain de cette attaque, le trio a fait son entrée dans le village de Saint-Jean-de-Valériscle, lieu de naissance d’Aiglon. Après les embrassades d’usage, Jean a soigné ses grands-parents qui lui en ont été fort reconnaissants.  

    Lors d’une visite à sa vieille amie Julienne Lacroix, dite Mamie, Aiglon a trouvé la pauvre femme grabataire et au seuil de la mort. Depuis qu’elle lui avait généreusement fait don d’un talisman merveilleux, le jour de son départ pour le Canada, le poids des ans pesait lourd sur les frêles épaules de la dame. Une petite fille prénommée Stella, conçue sur le tard, constituait son seul soutien. Grâce à ses pouvoirs de thaumaturge, Aiglon a pu requinquer quelque peu l’aïeule et la rassurer en promettant que Stella serait la bienvenue dans la grande maison de son père.

    Le printemps arrivé, Aiglon, son père et Gabriel, renforcés de deux anciens compagnons d’armes du paternel, ont entrepris la traversée de la France en passant par les provinces de l’ouest. En chemin, ils ont revisité l’Histoire de la France avant d’aboutir à Brest où était amarré leur ketch.

    La traversée jusqu’au Nouveau Monde n’a pas été de tout repos, mais ils sont tout de même parvenus au golfe du Saint-Laurent, encore bloqué par les glaces.

    Un mois plus tard, Aiglon et Gabriel sont arrivés à Québec. Le gouverneur Louis de Buade, comte de Frontenac, leur a réservé un accueil mi-figue, mi-raisin, en raison de leurs divergences d’idées au sujet du dispersement des forces dans l’immense Nouvelle-France. Nonobstant cette brouille, Frontenac a recouru aux services d’Aiglon pour qu’il agisse en tant qu’ambassadeur de bonne entente auprès des Iroquois.

    Les retrouvailles avec sa chère femme n’ont pas été aussi chaleureuses que prévu. Une ombre semblait flotter sur le couple. Dans l’intimité de leur chambre, Catherine, l’épouse d’Aiglon, lui a avoué avoir commis l’adultère avec leur compagnon de la première heure, Christian, par une froide nuit d’hiver. Ravalant sa peine, Aiglon a confessé avoir aussi enfreint leur serment de fidélité en la trompant avec la fille de son geôlier. Leurs fautes avouées et pardonnées, les deux, toujours aussi unis, se sont ensuite prouvé leur amour.

    Si Catherine a pardonné les frasques de son aventurier de mari, un être immonde n’avait pas oublié l’humiliation d’avoir été démis de ses postes de gouverneur de Ville-Marie et de commandant au sein du régiment Carignan-Salières. Balthazar Flotte de la Frédière était derrière de lâches attaques de toutes sortes.

    Voilà que cette fois, il a fomenté un plan diabolique pour parvenir à ses fins : attirer les loups apprivoisés par Aiglon à l’aide du fumet d’un chevreuil mort dans une clairière truffée de pièges à ours. Paul, le fils d’Aiglon, a bien tenté de libérer les bêtes de ces mâchoires métalliques, mais ce faisant, il est lui aussi tombé dans le traquenard avant d’être entraîné dans une cabane de bûcheron.

    C’est là que son père, parti à sa recherche, a été bêtement capturé. En tentant de se débarrasser de ses ennemis, l’homme de main de Balthazar a tué Aiglon de deux balles au cœur. Dépité de cette fin bien trop brève à son goût, Balthazar a tenté de faire sortir Catherine de sa maison fortifiée perchée sur un îlot bordant les rapides du Saut-Saint-Louis. Pendant ce temps, l’âme immortelle d’Aiglon s’est échappée de sa dépouille, pour ensuite survoler la scène, la région et tout le pays. C’est ainsi qu’il a atteint la stratosphère dans le but de regagner les anneaux de Jupiter où résidaient les âmes bien nées. La voix de Mamie l’a retenu en lui signalant qui lui restait encore à vivre huit vies sur les neuf promises.

    Revenu dans son corps blessé, Aiglon s’est rendu compte qu’il était attaché tout nu sur une chaise rustique et que son talisman reposait sur une table. Il a dû puiser dans ses dernières ressources pour arriver à se sortir de cette situation désespérée, dont la conclusion a de quoi surprendre.

    Remis de cette terrible aventure, il a parcouru l’Iroquoisie en compagnie de son beau-frère Gabriel et d’une délégation diplomatique pas toujours pacifique. Par la suite, il est revenu au bercail en compagnie d’une famille huronne qui s’installera à demeure sur son îlet. 

    Du renfort plus que bienvenu est parvenu de France sous la forme de deux superbes montures, des instruments aratoires et un petit trésor caché sous le double fond d’une caisse. Avec sa générosité coutumière, Aiglon a partagé ce magot entre La Salle, pour assurer la construction d’un navire sur les Grands Lacs, baptisé le Griffon, et Margueritte Bourgeoys, afin de soutenir ses œuvres de charité et la chapelle Bonsecours.

    Retrouvons ce chevalier dans l’âme alors qu’il désespère de recevoir des nouvelles au sujet de l’expédition de La Salle, en branle depuis deux ans…

    Chapitre 1

    1679 – 1681 Périlleuses entreprises

    À l’été de 1680, deux années s’étaient écoulées depuis le départ de l’expédition de La Salle. Nous n’avions toujours aucune nouvelle d’eux, si bien que je commençais à me faire sérieusement du souci. J’envisageais même de partir à leur recherche en compagnie de mon beau-frère métis, quand, par un beau jour de juin, un canot monté par deux coureurs des bois fit son apparition dans les rapides. Pas de doute, c’étaient d’habiles pagayeurs. Après un arrêt contre-courant impeccable dans la crique en aval de notre îlot, ils hissèrent leur légère embarcation sur le sable clair. Hirsutes et couverts d’égratignures, il s’agissait de La Salle et d’un compagnon de voyage que je m’empressai d’accueillir en ces termes :

    —Enfin ! Je me faisais un sang d’encre ! J’étais sans nouvelles de vous depuis si longtemps…

    —Je vais satisfaire votre curiosité légitime, sieur Deval, répliqua de La Salle, mais avant, souffrez que nous nous décrassions dans cette anse. Depuis notre départ, début mars, nous avons conservé nos odeurs et nos huiles corporelles pour nous garantir des insectes piqueurs autant que de l’ardeur du soleil.

    Je leur portai un pain de savon et des serviettes, pendant qu’ils s’ébrouaient comme des enfants, tout nus, de l’eau jusqu’à la taille. Leur bain terminé, ils s’essuyèrent énergiquement et revêtirent leurs vêtements fatigués en peau de chevreuil. Un bon vin chaud et sucré acheva de les ragaillardir.

    Autour de la grande table, toute la famille s’était réunie pour entendre le récit du chef de l’expédition.

    —Mon cher Aiglon, c’est un plaisir de retrouver les douceurs de la civilisation ! s’exclama Cavelier de La Salle avec ravissement. Nous avons rencontré des difficultés inouïes pour revenir du fin fond des Grands Lacs à travers bois, lacs et rivières. Nous avons marché dans la neige épaisse, pataugé dans des marais sans fond et lutté pour nous frayer un passage parmi les denses frondaisons. Vous n’avez pas idée de la compacité de nos forêts sauvages…

    —Oh que oui ! s’exclama Paul en se remémorant sa mésaventure avec les loups.

    La Salle rit de bon cœur à la suite de cette réplique intempestive.

    —Eh bien, mon garçon, combien de temps as-tu cheminé à travers les fourrés impénétrables ? questionna-t-il.

    —Au moins une demi-heure, répondit l’adolescent de quatorze ans. J’en avais le visage et les mains tout égratignés, pareillement à vous.

    —Alors, imagine trois mois de ce régime et tu auras une idée du calvaire que nous avons enduré.

    Ces mots soulevèrent une vague de compassion. La Salle poursuivit son récit.

    —Lors de notre dernière rencontre, mon cher Jean, nous nous apprêtions à partir pour Katarakoui ; nous y sommes arrivés à la mi-novembre. Quelques jours de repos plus tard, j’envoyai le sieur de La Mothe, en compagnie du père Hennepin et de seize hommes, construire une factorerie aux abords de la rivière Niagara, en plein dans le territoire de tes anciens compagnons, mon cher Gabriel. Ils ne se sont pas montrés très coopératifs, malgré votre ambassade de 1676. Le temps et surtout, les Anglais, les ont montés contre nous. J’ai dû aller les rencontrer et palabrer longtemps avec eux pour les regagner à notre cause. Enfin, le fortin a été érigé et dans la foulée, un brigantin de taille moyenne, que j’aurais baptisé l’Aiglon, si vous m’en aviez donné la permission, mon cher Jean. Finalement, il porte le nom de Griffon. Le griffon est un animal mythique, mi-aigle mi-lion… Tout comme vous, ajouta La Salle en souriant. Cela, en votre souvenir et en guise de remerciement pour vos précieux subsides. Le navire a été construit non sans mal sur les rives du lac Érié. Ce lac, déserté depuis l’élimination de la Nation Érié par les terribles Tsonnontouans, fait l’objet de convoitise de la part de nos voisins anglais ; de plus, il est l’un des territoires de chasse privilégiés des Iroquois supérieurs ; autrement dit, des Sénèkes. Plus au sud, se trouve la vallée de l’Ohio, peuplée par les Indiens Miamis, des Algonquiens apparentés aux Illinois, qui eux, vivent près du lac Michigan, à la baie des Puants (Green Bay), ainsi que dans la vallée du Mississippi comme je l’ai déjà dit. Les Iroquois, soucieux de diviser pour mieux régner, ont proposé une paix séparée avec les Miamis afin d’avoir les coudées franches pour mieux éliminer les Illinois, nos alliés et pourvoyeurs de fourrures. Leur tactique est connue, puisqu’ils y ont eu recours à maintes occasions. Une fois débarrassés de leurs rivaux, ils tourneront leur fureur contre les trop crédules Miamis, qui se retrouveront seuls face à la Confédération iroquoise. Nous les avons mis en garde, mais les Anglais d’un côté et les Iroquois de l’autre essaient de contrecarrer nos démarches. Une fois le Griffon terminé, au printemps de l’année dernière, nous avons embarqué une quarantaine d’hommes, dont Tonty, trois pères récollets et moi, dans une mémorable et historique croisière à travers trois Grands Lacs. Un bon vent a fait gonfler nos voiles et après avoir franchi le détroit qui sépare le lac Érié du lac Huron{1}, nous avons cinglé vers l’île de Michillimakinac où on nous a reçus en grande pompe. De là, nous avons rejoint le lac Michigan pour nous enfoncer dans l’immense Baie Verte que l’on nomme aussi baie des Puants…

    —C’est là, précisa Gabriel, que mon père, Jean Nicolet, a connu ma mère, une Ouinipegon, ou Gens des Eaux puantes, nom donné à cause des marais, que les Français ont eu l’indélicatesse de traduire par : les Puants !

    —C’est exact, approuva l’infatigable voyageur. Malheureusement pour eux, ils ont été dispersés, assimilés, pour ne pas dire exterminés par qui vous savez…

    —J’en suis la preuve vivante, renchérit le Grand Puma, surnom que j’ai donné à Gabriel à cause de sa démarche féline et de sa grande taille, après qu’il m’ait baptisé Aigle Blanc.

    —Nous avons laissé notre bateau sous la surveillance de dix hommes dans le fond de cette baie et avons remonté la rivière Saint-Joseph pour y trouver une première bourgade illinoise où nous avons construit notre premier poste de traite sous le nom de fort Saint-Joseph, enchaîna La Salle. Malheureusement, durant la construction, certains de mes hommes en ont profité pour déserter…

    Des souvenirs remontant à dix ans, lors de mon voyage avec La Salle, plutôt exigeant et parfois despotique, me rappelèrent avec quelle dureté ce chef pouvait quelquefois traiter ses hommes ; je ne fus donc pas donc surpris d’apprendre cette nouvelle.

    —Le fort terminé, reprit l’autoritaire découvreur, nous avons entrepris la remontée de la rivière. Après un long portage, nous sommes tombés sur la rivière aux Illinois, un affluent important du Mississippi. Nous l’avons descendue jusqu’au Père des Eaux. À son embouchure, un grand village Illinois,{2} bien pourvu en vivres, a été notre étape finale. Contrairement au village précédent, nous y avons été froidement reçus. Une ambassade de Miamis venait de mettre les habitants en garde contre nous en leur faisant croire que j’étais un espion à la solde des Iroquois et que je préparais la voie à leurs attaques. J’ai dû employer tous mes talents de diplomate pour me concilier ce peuple. Mais non sans mal, j’y suis parvenu…

    «Le contraire m’aurait surpris, pensai-je in petto, car s’il se comporte parfois en despote. Cet homme sait mieux que quiconque se montrer fin et rusé comme un renard !»

    —Je leur ai promis, reprit La Salle, que si les Iroquois les attaquaient, nous leur porterions assistance en conformité avec les instructions de Onontio{3}, notre gouverneur. Il faut dire que cette nation ne possède presque pas d’armes à feu. Elle se sert surtout d’arcs avec lesquels ses guerriers sont très adroits. J’ai bien peur que ce ne soit pas suffisant contre une horde de combattants pourvus de mousquets, de fusils, de pistolets, de haches et de sabres d’abordage dont les Anglais les pourvoient abondamment. Afin de mieux les protéger, nous avons entrepris la construction d’un ouvrage fortifié que j’ai nommé par dérision : fort Crèvecœur ! En revanche, en respect avec la politique de neutralité imposée par Frontenac, je ne pouvais leur fournir ni armes ni munitions qui les auraient rendus plus forts.

    —Espérons que notre lâche neutralité n’entraînera pas leur extinction comme d’autres avant eux, dis-je.

    —Espérons-le, approuva Cavelier, c’est l’une des raisons qui ont précipité mon retour. Après avoir laissé la garde du fort à mon fidèle second, le chevalier de Tonty, je n’ai pas attendu la fonte des glaces pour revenir en Nouvelle-France afin de m’enquérir de nouvelles directives de la part de Frontenac. J’espère le faire changer d’avis en ce qui concerne sa politique de non-armement de nos alliés et pourvoyeurs en fourrures de l’immense et riche vallée du Mississippi.

    Après cet exposé détaillé, nos invités avaient bien gagné le droit de se sustenter d’un bon repas raffiné dont ils avaient perdu l’habitude, avant de trouver un repos bien mérité dans l’ancienne dépendance de Christian.

    Le lendemain, les deux hommes, ragaillardis et dispos, prirent une solide barque pourvue d’une voile afin de se rendre à Québec pour y rencontrer Frontenac au château Saint-Louis.

    Je ne pouvais que m’incliner devant la perspicacité de cet infatigable commerçant-voyageur et surtout, grand explorateur ou découvreur, comme on disait à l’époque. Le prochain conflit entre l’Angleterre et L’Iroquoisie d’un côté, et la Nouvelle-France et le peuple Illinois-Miamis de l’autre, allait prendre naissance là-bas.

    Encore une fois, le sang allait bientôt couler à flots !

    Chapitre 2

    Avatars en série

    Pendant le long voyage de retour de La Salle, des événements dramatiques avaient eu lieu dans le pays des Illinois. Les Iroquois, sans doute pour ne pas indisposer le chef de l’expédition et Frontenac, avaient approuvé avec plus ou moins de bonne grâce la construction d’une factorerie fortifiée sur leur territoire. Cependant, ils voyaient d’un très mauvais œil le rapprochement des Français avec leurs rivaux, ne souffrant d’aucune concurrence en ce qui avait trait au commerce des pelleteries et voulant être les seuls intermédiaires entre les Anglais et les riches territoires de chasse au sud et à l’ouest des Grands Lacs (ce qui était de bonne guerre !) Aussi, en septembre 1680, ils envoyèrent une petite, mais redoutable armée, composée de quatre cents guerriers déloyalement équipés d’armes à feu pour régler ce problème à la source.

    À peine Tonty parti à la recherche de son chef La Salle (que des rumeurs disaient mort), qu’il apprit qu’un groupe imposant de guerriers iroquois campait sur l’autre rive de la rivière, juste en face du gros bourg Illinois. Le bras droit de La Salle revint aussitôt se poster dans le fort… Ce faisant, il était pris entre deux feux ! Suivant la fausse propagande des Miamis au sujet de l’alliance entre Français et Iroquois, ces derniers pouvaient fort bien les attaquer afin d’éliminer tout témoin gênant.

    Pris de panique, les femmes et les enfants Illinois s’enfuirent dans les bois comme des chevreuils affolés devant une meute de loups en chasse. Voyant cela, Tonty et ses six compagnons s’offrirent pour combattre avec les hommes. Les forces en présence étaient à peu près égales, mais les Illinois ne possédaient qu’arcs et flèches pour tout armement. Néanmoins, ils décidèrent de traverser la rivière en vue d’affronter l’ennemi. Mal leur en prit. Ils furent repoussés, pour utiliser un euphémisme. C’est alors que Tonty, n’écoutant que son courage, s’avança sans arme entre les deux détachements belligérants, un collier de perles sur une branche à la main en guise de drapeau blanc. Sans empêchement, il atteignit les rangs ennemis. Il commençait sa harangue lorsqu’un guerrier Onnontagué lui asséna un coup de couteau à la poitrine ! Heureusement, la lame frappa une côte et dévia du cœur. Le chef iroquois s’interposa et fit transporter le blessé dans son camp.

    Le combat se poursuivit de plus belle, car la rumeur au sujet de la mort de Tonty s’était répandue dans les rangs des Illinois ; ces derniers attaquaient avec une fureur décuplée les traîtres qui n’avaient pas respecté un émissaire de paix.

    Malgré sa blessure, Tonty négociait avec les Iroquois. Son amitié avec Renard argenté (La Salle) fut reconnue et l’armistice conclu. Affaibli par sa perte de sang, le valeureux second retourna au campement de ses amis, soutenu par deux pères missionnaires. Pendant ce temps, les Iroquois firent semblant de se retirer ; les Illinois en firent autant, mais Tonty les mit en garde contre la fourberie de leurs adversaires en leur disant de rester sur le qui-vive. Dès que les Illinois eurent le dos tourné, les Iroquois réapparurent sur la rive. Selon leur modus vivendi, les sournois n’étaient pas repartis pour leur pays comme ils en avaient donné l’assurance.

    Les antagonistes demeuraient en place de chaque côté de la rivière. Les négociations se poursuivirent. Les assaillants eurent même l’outrecuidance de traverser le cours d’eau, sous prétexte d’acheter des aliments. En fait, ils venaient espionner les forces en présence. Les Iroquois attendaient le moment propice pour passer à l’attaque surprise. Ils débarquèrent de plus en plus nombreux sur la rive de leurs adversaires, en y allant de quelques provocations. Stoïques, les Illinois restaient calmes, rebutés par la perspective d’un autre combat sanglant. Enfin lassés, ils quittèrent leur bourg palissadé en y mettant le feu et descendirent vers le Mississippi.

    Les Iroquois s’empressèrent d’occuper ce qui restait du village fumant et y construisirent un fortin temporaire en obligeant les Français à partager leur place forte surpeuplée. Voyant les sentinelles de leurs proies postées sur la colline, les envahisseurs envoyèrent une délégation franco-iroquoise pour négocier la paix. Tonty réussit à mettre en garde ses alliés sur les prétendus bons sentiments qui animaient les Iroquois. En fait, ces pourparlers ne visaient qu’à endormir leur méfiance pour mieux les exterminer par surprise. À preuve, les Iroquois étaient en train de construire une flottille de canots pour poursuivre plus aisément leurs ennemis.

    Deux jours plus tard, Tonty et les pères furent appelés au conseil de bande iroquois. On leur offrit des pelleteries en guise de dédommagement et on les pria instamment de quitter les lieux, sans doute pour avoir les coudées franches et se débarrasser de témoins gênants qui rapporteraient leurs exactions à l’Onontio dont ils craignaient la réaction. Tonty refusa catégoriquement et alla même jusqu’à piétiner les peaux. Geste courageux s’il en est ! Le fier bras droit à la main de fer de La Salle fut chassé et dut partir contre son gré.

    Le 18 septembre 1680, Tonty, les pères Zénoble Membré et de La Ribourde, ainsi que trois autres Français survivants de l’attaque, entreprirent leur marche forcée vers la Nouvelle-France. Ils connurent les affres de la faim et du froid dans les forêts enneigées qui bordent le grand lac Michigan. À demi morts d’inanition, ils arrivèrent à l’île de Michillimakinac le 4 juin 1681. Le père Ribourde avait succombé en chemin.

    Pendant ce temps, l’armée iroquoise poursuivait sans rémission les fugitifs après avoir détruit leur bourgade et les champs de maïs qui l’entouraient, tirant comme des lapins sur hommes, femmes et enfants qui s’y étaient cachés. Le chiffre exact des victimes n’est bien sûr pas connu. Certains parleront de sept cents, surtout des femmes, des enfants et des vieillards qui n’avaient pu s’échapper.

    De retour de leur expédition guerrière, les Iroquois tombèrent sur deux cabanes appartenant aux Miamis. Incapables de contenir leur ardeur belliqueuse, ils en tuèrent plusieurs et capturèrent les survivants dans le but de les intégrer dans leur groupe, question de compenser les pertes subies contre les Illinois. Puis, ils construisirent trois petits forts en vue d’y passer l’hiver.

    Les Miamis demandèrent réparation pour leurs compatriotes tués en temps de paix, faut-il le préciser ; ils allèrent jusqu’à offrir 3000 peaux de castor pour obtenir la libération de leurs frères incorporés de force dans la nation iroquoise.

    Faisant preuve d’un machiavélisme consommé, les Iroquois acceptèrent les peaux et gardèrent les prisonniers. Devant tant de duplicité et de sauvagerie, les Miamis, bien qu’ayant signé un traité de paix avec ces barbares, renièrent ce dernier et se tournèrent vers leurs frères de sang, les Illinois, qui en dépit de leur amère défaite, constituaient avec les Miamis une force redoutable qui ne serait plus dupe des fourberies de leurs ennemis ataviques.

    Entretemps, La Salle était de retour dans la région des Grands Lacs pour tomber de Charybde en Scylla. Son précieux bateau, le Griffon, avait disparu avec trente mille livres de marchandise et de fourrures à son bord ; la bourgade et le fort Crèvecœur (le bien nommé) avaient brûlé et la barque, mise en construction pour descendre le fleuve, était détruite ! Pour couronner le tout, les créanciers menaçaient l’explorateur de saisie pendant que ses canots chargés de précieuses denrées d’échange faisaient naufrage dans les rapides alors qu’ils remontaient le fleuve Saint-Laurent pour gagner le fort Frontenac.

    Tout homme normalement constitué aurait craqué devant de tels avatars… Pas La Salle ! Il poursuivit sa route sur les bords de la rivière Illinois ; arrivé à son embouchure, il découvrit les centaines de cadavres de ses pauvres alliés massacrés. De retour au fort Saint-Joseph, il exhorta les Miamis à se liguer avec les Illinois qui avaient survécu pour former, comme il disait : «Une barrière qui tiendrait les Iroquois en respect et affermirait le repos du Canada.» À cela il ajouta : «Il faut s’unir pour ne pas être détruits». Tel était le leitmotiv de cet homme lucide qui connaissait fort bien ses interlocuteurs sauvages.

    Par suite de leur dernière rencontre avec les déloyaux Iroquois, les Miamis furent sensibles à ce discours. Une centaine de guerriers Illinois, de retour d’une expédition punitive en Iroquoisie, plus cent cinquante Chouanons, s’unirent et promirent à La Salle de s’établir autour de ses forts pour mieux les protéger et fournir aux coureurs des bois de la nourriture fraîche.

    Enfin, la coalition prenait forme ! Elle était conforme à la politique générale de la Nouvelle-France. Frontenac ne prônait-il pas que tous les Indiens, qu’ils fussent Iroquois, Miamis, Illinois ou autres, étaient des enfants de l’Onontio, lui en l’occurrence ? Par conséquent, toute guerre leur était défendue, sauf s’ils obtenaient la permission de leur père.

    Si l’un ou l’autre des peuples enfreignait les règles, il subirait les foudres du gouverneur{4}. S’ils étaient attaqués, ils auraient le droit de se défendre et les Français les y aideraient au besoin. Bien que précaire, cette coalition s’avérera solide, comme nous pourrons le constater plus tard.

    La Salle s’empressa de revenir à Québec pour y faire un rapport circonstancié de l’affaire. Le 2 novembre 1681, le gouverneur entra dans une colère noire et écrivit sa façon de penser au roi dans une lettre remplie de récriminations… Chose à ne surtout pas faire si l’on tient à son poste !

    La poussière n’était pas encore retombée qu’une nouvelle crise surgit. Un capitaine tsonnontouan venu en mission de paix{5} sur l’île de Michillimakinac fut tué par un Illinois d’un coup de couteau dans la maison même d’un jésuite. Le motif de ce meurtre se trouvait être une petite fille illinoise, esclave de ce capitaine iroquois, qui avait réussi à lui fausser compagnie. Devant l’intransigeance du Tsonnontouan et son refus de rendre l’enfant à sa famille d’origine, l’Illinois, qui avait sans doute sur le cœur la tuerie dont ses frères venaient de faire les frais, trancha dans le vif la question de la libération de la fillette en plongeant son poignard dans le cœur du ravisseur…

    Puisque ce drame s’était déroulé en territoire Outaouais, alors sous le contrôle de la tribu des Kiskakons, c’était à eux de faire les démarches en vue d’obtenir une réparation matérielle comme il est d’usage dans le monde amérindien ; c’était la seule manœuvre possible pour freiner la vengeance des Iroquois qui ne cherchaient qu’un prétexte pour attaquer ces nouveaux alliés de la France.

    Un émissaire de Frontenac, le sieur Jacques de

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