Poètes de Lisbonne. Camões, Cesário, Sá-Carneiro, Florbela, Pessoa
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À propos de ce livre électronique
Les célèbres Luís de Camões et Fernando Pessoa, accompagnés de quelques hétéronymes de ce dernier, sont ici rejoints par trois autres poètes moins renommés à l'échelle internationale mais largement admirés dans le monde lusophone – Cesário Verde, Mário de Sá-Carneiro et Florbela Espanca –, que nous avons le plaisir de vous présenter.
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Avis sur Poètes de Lisbonne. Camões, Cesário, Sá-Carneiro, Florbela, Pessoa
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Aperçu du livre
Poètes de Lisbonne. Camões, Cesário, Sá-Carneiro, Florbela, Pessoa - Luís de Camões
Ont participé à cette édition
Élodie Dupau, diplômée en études lusophones, traduction littéraire et sciences des bibliothèques, traduit depuis 2011 poésie, romans, nouvelles, contes, livres jeunesse, essais, articles d’auteurs portugais et brésiliens (Dulce Maria Cardoso, Álvaro Cunhal, Mário de Carvalho, Caio Fernando Abreu, Paulo Freire, Paulo Coelho, …) pour des maisons d’édition et revues françaises et portugaises. Pour Shantarin, elle a traduit Message, de Fernando Pessoa (2023) et Fernando Pessoa Sensationniste : Grandes Odes, Salutation à Walt Whitman et Ultimatum d’Álvaro de Campos (2023) ainsi que, pour Lisbon Poets & Co., ces Poètes de Lisbonne (2016) et Poesia – Première Anthologie, de Fernando Pessoa (2018). Également lectrice à voix haute et animatrice d’ateliers de traduction littéraire, elle a une tendresse particulière pour la ville de Lisbonne, où elle a étudié et vécu.
André Carrilho est un designer, illustrateur, dessinateur, caricaturiste et animateur 2D et 3D, né à Lisbonne, Portugal. Il a gagné plusieurs prix nationaux et internationaux et son travail a figuré dans des expositions collectives et individuelles au Brésil et au Portugal, ainsi qu’en Chine, République Tchèque, France, Espagne et aux États-Unis. Il a reçu le Gold Award de la Society for News Design, l’un des plus prestigieux prix d’illustration au monde, en 2002 et le Grand Prix du World Press Cartoon en 2015. Son travail a été publié dans The New York Times, The New Yorker, Vanity Fair, New York Magazine, Standpoint, Independent on Sunday, NZZ am Sonntag, Word Magazine, Harper’s Magazine et le Diário de Notícias, entre autres.
www.andrecarrilho.com
Anne-Marie Quint, Professeur émérite de langue, littérature et civilisation du Portugal et du Brésil à l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris III. Auteur d’une thèse sur l’humaniste chrétien Frei Heitor Pinto (1525 ? – 1584 ?), d’éditions critiques (Pero Vaz de Caminha, Gil Vicente, Joana da Gama), d’articles sur les cultures portugaise et brésilienne (XVIe, XVIIe et XXe siècles) et sur des problèmes de traduction de portugais en français. Coordinatrice de 10 numéros des Cahiers du CREPAL (revue du Centre de Recherche sur les Pays Lusophones de Paris III). Traductrice ou collaboratrice de traductions d’œuvres de dom Duarte, Gil Vicente, Bernardim Ribeiro, Camões, Antero de Quental, Machado de Assis, Almeida Faria etc.
Préface
Quand on aime la poésie, comment ne pas se réjouir lorsque paraît un nouveau recueil de poèmes ? Voici qu’une jeune maison d’édition indépendante décide de nous présenter, en édition bilingue, dans une nouvelle traduction, cinq poètes choisis parmi les plus grands qui ont illustré la langue portugaise. Sans doute la réputation de deux d’entre eux, Luís de Camões et Fernando Pessoa, a-t-elle depuis longtemps franchi les frontières. Cela ne diminue en rien le mérite des autres, qui ont d’ailleurs déjà, au moins en partie, été traduits en français.
Est-ce abusif de les réunir sous le titre Poètes de Lisbonne ? Ils n’y sont pas tous nés, ils n’y sont pas tous morts, mais tous y ont vécu. Tous, novateurs à leur manière, ont connu et aimé Lisbonne. Comment ne pas aimer cette belle capitale bâtie en amphithéâtre sur sept collines aux rives du Tage, à l’endroit où le fleuve s’élargit comme une mer ? Une ville dont certains disent qu’elle fut fondée par Lusus, compagnon de Bacchus, et d’autres par Ulysse, d’où l’appellation d’Ulyssée ; or les archéologues ont découvert que le nom de Lisbonne lui a été donné par des marins phéniciens et signifie
« l’anse radieuse »…
Luís de Camões, qui ouvre le recueil, est contemporain de Ronsard. Il a cultivé avec génie toutes les formes poétiques existant à son époque. Outre ses sonnets, ses chansons, ses élégies, il est surtout cher au cœur des Portugais pour avoir écrit Les Lusiades, modèle des épopées de la Renaissance, où il a su réconcilier l’Antiquité et le monde moderne. Il y chante à la fois l’histoire glorieuse de son pays et les découvertes des navigateurs, en particulier du plus fameux d’entre eux, Vasco de Gama. Placé en tête du recueil, il apparaît un peu comme le patron emblématique des autres poètes, plus jeunes que lui de plus de trois cents ans.
Césario Verde vient ensuite. Sa brève vie se situe toute à Lisbonne dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Alors que les écrivains ses contemporains peinent à se dégager du romantisme, lui bouscule rythmes et traditions et tire de l’observation du réel, qu’il soit sordide ou pittoresque, une inspiration chaleureuse et stimulante. Quant à Mario de Sá-Carneiro, être tourmenté, poète précoce, ami de Fernando Pessoa, il a dès le début du XXe siècle su exprimer son mal de vivre avec une profondeur et un talent rarement égalés. On retrouve le mal de vivre chez Florbela Espanca, la seule femme parmi ces voix masculines. Elle a écrit à une époque où il était bien difficile au Portugal pour une femme de s’affirmer comme poète. Elle a choisi d’exprimer un lyrisme à la fois délicat et sensuel dans des sonnets classiques, à la manière de Camões. Fernando Pessoa, last but not least, clôt l’anthologie. Poète multiple à lui tout seul, un des plus importants du XXe siècle, ayant choisi « comme patrie la langue portugaise », il a cultivé la tradition en même temps qu’il explorait toutes les voies ouvertes par les avant-gardes poétiques et inventait une nouvelle expression épique dans son recueil Message. Il est représenté ici par trois de ses plus célèbres hétéronymes, personnalités poétiques nettement différenciées, même si toutes sont issues de son imagination et, bien sûr par l’« orthonyme », Fernando Pessoa lui-même.
Pour la traductrice le défi a été particulièrement ardu. Traduire la poésie est toujours un exercice périlleux. Il n’est jamais facile de faire passer d’une langue à une autre non seulement le sens, mais aussi le style, le rythme des phrases, les créations langagières élaborés par un écrivain dans sa langue maternelle. Dès lors qu’à ces difficultés s’ajoutent la mesure et la musique des vers, voire les rimes, les choses se compliquent. Et surtout quand il faut traduire des œuvres de cinq poètes différents, voire huit avec les hétéronymes de Fernando Pessoa ! Or ce qui fait la beauté de la poésie, ce ne sont pas seulement les idées et les sentiments que désire exprimer le poète, mais tout autant et peut-être plus encore, la forme qu’il choisit pour les exprimer : métrique et rimes, bien sûr, et aussi anaphores, chiasmes, allitérations etc. La poésie, qui a été longtemps inséparable de la musique, est désormais quelque chose d’intermédiaire entre le langage parlé et le chant. Sans rythme, sans effets sonores, sans musicalité, il n’y a plus de poésie. « J’honore le rythme comme la rime, par quoi seulement la poésie devient poésie » a écrit Goethe. Toutefois, le poète Boris Pasternak a observé : « Nous coulons du quotidien dans la prose pour atteindre à la poésie, et de la prose dans la poésie pour atteindre à la musique¹. » De fait, il n’y a pas