À propos de ce livre électronique
Tony Dinand
Sixième roman de l'auteur. Spécialiste de la montagne Sainte Victoire, de ses environs dans la Provence, l'auteur fait s'évader ses personnages vers d'autres horizons pour découvrir, se reconstruire, savourer les beautés de la nature.
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Avis sur La légende de Sarah
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Aperçu du livre
La légende de Sarah - Tony Dinand
Du même auteur :
— Voyages intérieur
2018
— Chroniques Provençale
2020, vol. 1 Photographies et textes
— Chroniques Provençale
2020, vol. 2, Photographies et textes
— Il aimait tant ses collines
roman février 2020
— Le pouvoir des cinq terres
roman mai 2021
— Vents maudits
roman Janvier 2022
— Les étranges clés de Monsieur Juliano
roman juin 2022
— Montagne Sainte Victoire
chroniques 2022
— Tu aurais pu être mon frère
roman mai 2023
Le bonheur, c'est lorsque vos actes sont en accord avec vos paroles.
Gandhi
Sommaire
Préambule
Ne plus être mal accompagné …
Avant de partir …
La grande randonnée
Un rencontre décisive …
La légende d’Uptalini
Partir …
L’amour et l’amitié …
Regina
Coïncidences …
Profiter de l’instant …
Un sentiment d’accomplissement …
Confidences …
Une nuit étoilée pleine d’espoir …
Retour
Dans le silence des étoiles
La dernière rupture
Légèreté et destin
Julia, un rayon de soleil
Préambule
C’est ma vie se disait Maxime dans ce demi-sommeil qui l’envahissait doucement, l’engourdissait presque.
Il venait de s’allonger de tout son long sur le haut du monticule herbeux qui reste à l’abri des grandes roches au-dessus de Plan d’en Chois.
Il s’était mis dans l’herbe sèche en écoutant les derniers criquets de l’automne, en pensant qu’il passerait un joli moment à regarder les nuages qui jouaient sur les hauteurs. Sa respiration s’était ralentie, il fermait les yeux, le monde du rêve éveillé lui appartenait et il savourait ce plaisir d’être seul dans les vents du matin…
Tout tient dans la paume de la main, la vie, les jours qui passent, les bonheurs, les espoirs et les malheurs.
Maxime ne voulait pas croire aux hasards, les instants fortuits étaient pour lui, comme des nécessités conduites par ses actions, ses bons vouloirs et parfois par ses inactions et son manque de courage.
Il s’était toujours senti acteur de son destin, décideur de ses actes, et savait qu’il supporterait toutes les conséquences de ce qu’il avait librement décidé, même si cela pouvait être difficile.
Pour lui, tout avait un sens dans la nature, de la plus petite bête que l’on ne voit pas, jusqu’aux plus grandes montagnes et jusqu’à ce ciel insondable qu’il aimait observer pendant les belles nuits sans nuages.
Les événements majeurs comme les plus petits instants avaient une finalité, et n’existaient que parce que l’homme avait pris connaissance de sa nature profonde, de son existence réelle, et qu’il devait se mettre debout devant l’adversité pour vaincre ses démons, comme pour dire à ce monde infini qu’il existait, et qu’il trouverait sa place et son bonheur sur ce petit bout de terre où il était né.
Il aimait la vie, il adorait les voyages, il voulait découvrir.
Mais comme beaucoup, il s’était laissé emprisonné dans le dédale d’une vie tortueuse, faite de mariage, de naissance, de travail, de succès et d’abandons, d’amitiés et d’amour, et aussi de peur et de sensations qu’il ne maîtrisait pas toujours.
Il s’était marié jeune, avait profité d’une jeunesse dorée, avait eu un fils qu’il adorait, mais la vie à des secrets que l’on ne perce pas facilement et s’était retrouvé seul, sans emploi, et de surcroît dérouté de tant d’adversité, alors qu’il avait toujours cru que vivre c’était décider et avancer.
Il avait fait bien des détours, pris des chemins de traverse pour respecter ses convictions, fait en sorte de ne jamais être abandonné, et finalement, ironie de ce sort qu’il avait toujours rejeté, avait divorcé, pour devoir maintenant se reconstruire. Il avait le sentiment profond d’avoir reculé et devait faire désormais des efforts pour sortir de cette situation qu’il n’aimait guère.
Dans quelques jours, il s’en irait en Italie, près de Naples où résidaient ses amis les plus chers.
C’était décidé, tout avait été organisé et prévu, les billets d’avion réservés, les valises bouclées, il avait fait ce choix improbable à ses yeux, il y a quelques temps en arrière, de partir … Le jour venu, il avait embrassé son fils avant qu’il ne reparte chez sa mère, il avait rangé l’appartement comme s’il ne devait pas y revenir, et billets en poche regardait celui du retour en se disant que ce serait bien s’il n’y avait pas de retour prévu.
Il voulait aller loin, comme dans une aventure inconnue, pour lui, pour oublier ici …
Marignane, l’aéroport, le ciel bleu, il faisait beau et sentait qu’il n’avait plus d’attache, il regardait une dernière fois son ciel de Provence, rentrait dans le hall, présentait ses billets et une fois dans les couloirs qui mènent à la salle d’embarquement, se disait qu’il avait l’impression de franchir les barrières du temps, que ce qui était derrière ne lui appartenait plus, qu’il allait découvrir enfin un autre monde pour remplacer celui qu’il venait juste de quitter.
Il était dans l’avion, ce jour où le volcan sicilien, l’Etna, imposant et coléreux, avait explosé une fois de plus.
Il venait d’arriver à l’aéroport de Naples, pour cette période de quelques mois, il voulait se mettre en retrait du monde et des mauvais événements qui l’avaient atteint.
Avec ce nuage de fumée au dessus du tarmac, il avait une fois de plus eu cette impression un peu vague que c’était un signe, comme un soulagement.
Il arrivait là où il avait envie d’être, et la nature lui disait que lorsque tout explose, il y a forcément une accalmie après.
Les tensions humaines comme les volcans créent des bulles qui explosent, il faut les comprendre pour éviter les dangers et faire baisser la pression.
Il se savait un peu chez lui, là aussi où il était sûr de revoir un ami très cher, qu’il n’avait jamais oublié, et il avait fait tout ce chemin pour aller jusqu’au pied du Vésuve, ce volcan toujours actif près des champs phlégréens, où il avait déjà ressenti les colères d’une terre sauvage dans un voyage touristique précédent, là où cet ami s’était définitivement installé, dans un élan d’amour et de passion pour sa femme.
Ce voyage était au fond une excuse pour s’enfuir et en même temps pour se retrouver, ailleurs, dans des conditions qui lui conviendraient, sans contraintes, sans peurs.
De cet ami il n’avait gardé qu’un vague souvenir, mais souvent ils s’étaient téléphonés pour prendre des nouvelles, et il avait une excuse toute trouvée pour tenter de le revoir et d’effacer ce temps qui avait coulé entre eux, une vraie excuse pour s’éloigner d’ici, peut-être aurait-il la chance de retrouvailles inattendues.
Depuis toujours il se sentait un peu italien, de cette Italie du sud qu’il aimait tant.
Les environs de Naples, la côte Amalfitaine, le bleu de la Méditerranée vu depuis les hauteurs de Ravello, la joie de vivre, les sorties en scooter, les rues étroites de la ville aux relents de pauvreté, et Positano la belle qui se baigne dans le bleu sur cette côte découpée, et qui attire tant de touristes du monde entier.
Il y avait succombé aussi, mais ce n’est pas pour cette belle ville balnéaire qu’il était venu. Il avait besoin de changer de vie, d’évacuer toutes ces dernières périodes compliquées quand un changement important arrive dans son existence, et qu’il faut gérer tous les problèmes familiaux en même temps, et apprendre à oublier pour se reconstruire.
Et puis, il y avait encore cette histoire de Sarah qui l’avait intrigué, il avait le sentiment que cette inconnue lui avait laissé un message, et que cette rencontre avec Monsieur René n’avait pas été fortuite, la vie vous réserve toujours des surprises.
Cette côte aux couleurs saphir et émeraude qui l’appelait, celle des riches touristes du monde entier, avec toutes ces petites villes somptueuses, Sorrento, Amalfi, ces paysages si romantiques, tout était prétexte à découverte, à l’envie, à goûter, à aimer la vie en quelque sorte.
Il le ferait en étant enfin seul et libre d’aller où il voulait et quand il voudrait, c’était cette liberté qui lui importait le plus à l’heure actuelle.
Il s’en était persuadé depuis toujours, son esprit rêveur et son imagination lui disait qu’il faisait le lien avec ces gens d’avant sur cette terre d’Italie, il pensait vraiment appartenir à cette ancienne civilisation qui avait été ensevelie par les cendres - Pompéi n’était pas loin - peut-être n’était-ce qu’une invention de son esprit voyageur, mais il était venu trouver ses réponses.
Il voyait la région napolitaine un peu à l’image de toutes les zones de montagnes côtières qu’il avait fréquentées, il y trouvait de telles forces et de telles beautés qu’il la pressentait comme un moyen de mieux comprendre qui il était, et se refaire une santé morale forte et trouver quelques réponses à ses doutes, le satisferaient amplement.
Comme toujours, depuis qu’il avait découvert qu’il était un être issu de civilisations différentes - ses grands-parents étaient des émigrés et sa maman était italienne de souche - il avait lu et absorbé des milliers d’informations à propos de ces régions qui l’attiraient comme un aimant au point d’y retourner plusieurs fois de suite dans sa vie d’errance et de recherches.
Il y avait toujours un « là-bas » à explorer, un « là-bas » qui lui donnerait des réponses, et il courait vers son destin sans savoir s’il allait vraiment les trouver, tout à son bonheur de découvrir, de se perdre dans ses recherches sans fin.
Maintenant, considérant que la vie était trop courte, il avait décidé qu’elle serait une fête permanente qui lui ferait voir le monde, qui l’amènerait à découvrir d’autres univers que le sien et s’enrichir au contact de personnes fantastiques comme il aimait à le penser.
Au fond de lui, il pensait toujours à ce but essentiel qu’il avait décidé de suivre quand il était adolescent, quand il s’était promis de ne jamais oublier les heures heureuses de son enfance, et vivre pleinement et sereinement les temps présents avec leurs cohortes d’ennuis, même si l’avenir était trop incertain, et sans jamais perdre en route ce qui lui paraissait si important, la famille et les vrais amis.
Ces valeurs étaient profondément ancrées dans son coeur, c’est ce qui le tenait debout, indéfiniment, quelques soient les problèmes à affronter.
Pour tout cela, il voulait que les siens, partagent ses points de vue, comprennent ce besoin irrépressible d’aller à l’autre bout du monde pour se retrouver.
Chaque action de sa vie allait dans ce sens, il resterait éternellement fidèle à ses sentiments et à ses convictions et faisait toujours tout pour les convaincre qu’il avait raison.
Il pensait n’avoir jamais eu de mal à se faire entendre, mais les événements récents lui donnèrent tort quand Hélène refusa de partir avec lui cette première fois, quand il lui demandait de trouver un point d’accord entre eux deux, pour se retrouver et réapprendre à s’aimer.
L’Italie qu’elle aimait elle aussi, aurait pu être un lien entre eux deux pour refaire un pas l’un vers l’autre.
Mais il en fut autrement …
— Tu veux toujours aller loin, aller ailleurs, j’en ai assez ! avait-elle crier ce jour.
Le temps était à l’orage, il faisait lourd dans l’appartement, les volets clos, les murs sombres, et la nuit qui débutait, tout était réuni pour qu’éclate un mini drame à l’échelle de leur cellule familiale.
C’était un jour de début de semaine compliquée, ils devaient tous les deux remplir des papiers pour les inscriptions de leur fils en faculté, et ni l’un ni l’autre ne s’y était attelé.
Leur fils, Mathieu, était parti en soirée avec ses amis pour fêter leurs bonnes notes au baccalauréat et dormait chez l’un d’eux.
La tension montait déjà depuis le repas du midi vite avalé, un repas sommaire fait de restes sans goût, des morceaux d’un filet de poulet mal accompagné de légumes cuits sans sauce, juste un repas pour un malade. Maxime c’était un peu énervé …
Maxime levant les bras;
— C’est franchement à vous dégoûter de manger pareille nourriture, aucun goût, c’est dégueulasse avait-il lancé très fort.
Hélène avec son regard courroucé;
— Si ça ne te convient pas, tu n’as qu’à aller ailleurs ! Lui avait-elle répondu en colère, j’en ai marre de tes réflexions !
Lui, en tapant sur la table;
— Tu crois peut-être que tu ne m’en fais pas des réflexions, il n’y a rien qui va en ce moment, j’ai beau essayer, tu ne m’entends pas ou tu fais semblant de ne pas m’entendre, et en plus tu as toujours raison ! Moi aussi j’en ai plus que marre !
Elle, les deux poings sur les hanches;
— Je te trouve gonflé de me dire ça, et si tu n’es pas content tu n’as qu’a aller voir ailleurs, répétait-elle d’une voix aigüe pleine de colère, je ne suis pas un restaurant !
Lui, regard acide et respiration courte;
— En plus ça fait des mois que ça dure, on ne peut jamais discuter avec toi !
Tu n’es même plus capable d’avoir un peu d’attention pour moi, on ne fait même plus l’amour, c’est pour dire !
Maxime bouillait, retenait tout de même ses mots, il avait tant de colère au fond de lui, qu’il aurait été capable de dire n’importe quoi, mais préférait se taire.
— Tais-toi ! se disait-il silencieusement, il serrait les poings et mordait sa lèvre inférieure jusqu’à avoir mal.
Un lourd silence s’installait dans la pièce, seul le bruit de la rue avait percé les murs et rampait vers eux comme pour les titiller un peu plus, brisant ce silence lourd.
Il n’y avait plus d’amour dans cette pièce, il avait été remplacé par des regards sombres, de la colère, des gestes imprécis, des claquements de doigts sur la table.
Ce repas était devenu un supplice pour Maxime, il s’était toujours cru à l’abri des éclats intempestifs et avait toujours fait en sorte de tempérer les discussions qui montaient dans les tours.
Il avait préféré les silences ou les acquiescements pour ne pas se heurter au caractère trop entier de sa femme.
Ce jour-là, il s’en rappellerait toujours, la méchanceté dans les mots prenait un échelon supplémentaire, chacun épiant les réactions de l’autre.
Les yeux d’Hélène, ces yeux qu’il aimait tant, couleur de la mer calme quand elle était heureuse, presque bleu des îles quand elle débordait de joie et d’amour surtout pour Mathieu, devenaient tout à coup bleu intense comme une mer qui se déchaine sous l’orage.
Il savait tout-à-coup que quelque chose d’important allait se passer, comme un pressentiment qu’il percevait en plongeant dans ses pupilles comme s’il descendait au fond de son âme.
Elle n’était plus la même.
Hélène n’avait pas trouvé mieux que de mettre à la poubelle ce qu’il y avait dans son assiette et s’était assise en face lui, les bras croisés.
Debout face à lui, droite comme un I, les mains crispées sur ses avant-bras, les ongles livides prêts à lui percer la peau, elle était devenue étrangement calme, comme avant la tempête.
— Je ne t’aime plus Maxime ! j’en ai assez ! lui avait-elle dit avec force.
Ses yeux brillants le fusillaient directement comme deux mitraillettes, la peau de son visage était devenue blême de colère et de ressentiment.
Se libérant enfin de tout ce qui ne lui convenait plus désormais, elle agitait ses mains, et ses avant-bras brassaient maintenant l’air à toute vitesse à chaque mot, elle semblait avoir envie de frapper encore et encore.
Rien ne l’arrêterait plus, comme si elle avait déjà tout décidé, comme si un démon l’avait possédée et qu’elle ne maîtrisait plus ses mots et son corps.
Maxime avait ressenti cette force négative qui l’avait envahie, il ne pouvait pas lutter contre tant d’énergie dirigée contre lui.
Aussi pour calmer le jeu et les angoisses, il se reculait sur sa chaise, levait les bras au ciel et lui dit doucement de se calmer.
— Me calmer, tu en as de bonnes toi !
Avec toi, jamais plus je ne serai calme, tu m’entends maintenant, jamais plus !
C’est fini, j’en ai marre, je ne t’aime plus … Je ne t’aime plus, répétait Hélène avec une voix éraillée … Tu comprends ? Suis-je assez claire ? avait-elle fini par lui crier en insistant bien sur chaque mot.
Voilà, tout avait été dit, comme si toute une vie commune de presque vingt ans, avait tout-à-coup pris une claque, balayée en quelques mots remplis d’une haine sournoise, un désamour né d’une vie peut-être trop rectiligne.
Il ne l’avait pas vu venir ainsi, il avait seulement ignoré tous les signes avant-coureurs de ce désarroi qu’il n’avait alors pas compris. Au fond de lui-même il pensait que tout ça ne serait que broutilles, que tous leurs petits désaccords s’oublieraient et passeraient avec les années.
Les mois puis les années avaient fait leur oeuvre.
L’ignorance des instants difficiles, les non-dits trop souvent présents, les activités parallèles des uns et des autres, les absences, les dénis quand l’un ou l’autre tentait de savoir, les nombreuses obligations, les vraies incertitudes avaient tué leur amour de jeunesse, il semblait qu’il n’y avait plus de réelle communication, et avec le temps c’était l’ennui qui s’était installé.
Ils vivaient l’un à coté de l’autre, mais chacun à sa façon avait oublié d’aimer chaque jour, tout simplement, et surtout avait oublié de le dire.
Maintenant
