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Vol de vie
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Livre électronique104 pages1 heure

Vol de vie

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À propos de ce livre électronique

Un homme à qui tout semble avoir réussi, quitte brutalement son univers pour faire le point, et recommencer une existence radicalement différente.
LangueFrançais
Date de sortie27 févr. 2013
ISBN9782312008578
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    Vol de vie - Olivier Akerman

    cover.jpg

    Vol de vie

    Olivier Akerman

    Vol de vie

    LES ÉDITIONS DU NET

    22 rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes

    © Les Éditions du Net, 2013

    ISBN : 978-2-312-00857-8

    Chapitre 1

    Il pleut sur Roissy et son cœur se serre.

    L’énorme avion bleu et blanc pivote doucement sur lui-même pour s’aligner lentement dans l’axe de la piste d’envol.

    Il regarde par le hublot les fines gouttelettes de pluie qui irisent le bitume noir d’ébène de la piste.

    Son cœur se serre un peu plus et ses yeux s’emplissent de larmes ; elles coulent lentement et il tente vainement de maîtriser leur long cheminement.

    Le visage collé au plexiglas, il laisse son regard errer sur les lourds nuages gris que le vent chasse avec véhémence.

    Il tente de reprendre ses esprits, et se force à imaginer l’ambiance calme et sereine qui devait maintenant régner dans le cockpit de cet avion.

    Il aimait tout particulièrement ces instants précis où la tension affleure sous les dialogues concis et les échanges croisés des informations techniques de la check-list de décollage.

    Des phrases courtes, quelques syllabes accompagnées de brefs regards et de hochements de tête approbateurs.

    Il lui arrivait parfois de reproduire cette ambiance au volant de sa voiture, mimant avec précision les gestes de l’équipage avant le décollage.

    Il appuyait sur divers boutons de son tableau de bord, demandait une dernière fois à la tour de contrôle l’autorisation de décoller, puis appuyait sur l’accélérateur pour franchir en trombe la rampe de son garage… alignement et décollage parfaits !

    Cela faisait parfois rire la femme qui se trouvait assise à sa droite, puis venait à force l’indifférence et la commisération… il était si gamin.

    Perché sur son train comme un oiseau de proie, l’avion bleu et blanc attendait la libération de la phénoménale puissance de ses réacteurs.

    Le pilote regardait le bitume luisant de la piste balayée par les vents et noyée sous la pluie.

    Encore quelques minutes et l’énorme oiseau volerait au-dessus de cette couche de nuages éclairée par un soleil de printemps.

    D’un geste lent et sûr, le pilote amena les manettes vers l’avant et doucement l’avion s’ébranla, attiré par la perspective d’une délivrance prochaine et infinie.

    Le visage collé au hublot, il voyait les lumières bleues de la piste accélérer doucement.

    La pluie devint de plus en plus fine pour devenir presque invisible.

    L’avion se cabra et il ferma les yeux en renversant la tête sur son fauteuil.

    Il essaya de retenir ses larmes, mais il fallait qu’il pleure pour évacuer toutes ces années de batailles qu’il avait cru gagner.

    L’avion se hâtait vers l’azur promis et il replia son train pour rendre cette progression plus fluide encore.

    Une fois traversée l’épaisse couche de nuages, un soleil éclatant et chaud inonda le cockpit et dans un même geste, les deux pilotes ajustèrent leurs lunettes de soleil.

    Il se décida à ouvrir les yeux et tourna sa tête vers le hublot.

    La mer de nuages s’éloignait doucement avec ces volutes tumultueuses chargées de la colère des cieux.

    Il ressentit alors un énorme soulagement à la vue de ce spectacle saisissant qu’il connaissait pourtant parfaitement.

    Non, il ne verrait pas une dernière fois les plaines de France toutes repues de leur richesse et de leur histoire.

    L’avion continuait de grimper vers son premier palier et dans sa tête, il égrena les premières mesures d’une suite de Jean-Sébastien Bach.

    Celle qu’il préférait tant et qui débute par cette longue plainte du violoncelle, qu’il comparait volontiers à la sirène d’un paquebot quittant le port un jour de brume.

    Chapitre 2

    Il dégustait lentement son verre de Diet Sprite ; il n’aimait pas l’alcool, et poursuivait inlassablement depuis des années un régime alimentaire dont il n’avait nullement besoin.

    Il sécha ses joues et ses yeux avec une serviette en papier en espérant effacer les traces de sa détresse intérieure.

    Une hôtesse passa dans les rangs pour distribuer les menus du déjeuner aux passagers.

    Elle tendait des fiches cartonnées de couleur bleue nuit avec un sourire artificiel qu’elle reproduisait invariablement.

    Il essaya en vain d’accrocher son regard lorsqu’elle lui tendit son menu au bout d’une main fine et légèrement hâlée ; elle avait déjà tourné ses yeux vers le passager assis derrière lui. Il avait tellement besoin de se rassurer et de plaire.

    Il attendit qu’elle retourne vers l’avant de la cabine pour la regarder de dos.

    Son uniforme bleu foncé moulait agréablement son corps longiligne.

    Il arrêta plus longuement son regard sur ses jambes galbées que gainaient des bas de couleur beige.

    Il remarqua tout particulièrement la finesse de ses tendons d’Achille, qui soulignaient des malléoles nerveuses et délicates.

    Il s’était découvert un attachement à cette partie précise du corps féminin et cette découverte l’avait profondément ému, comme la découverte d’une phrase musicale dissimulée dans un morceau de musique écouté tant de fois.

    Le personnel de cabine venait d’annoncer que le déjeuner serait servi d’ici peu.

    Il laissa vagabonder son esprit vers le cockpit de l’avion qui avait atteint son altitude de croisière.

    Survolant la mer de nuages, l’énorme oiseau volait dans l’azur glacé et pur, baigné par les rayons que dardait un soleil mirifique.

    Les deux pilotes avaient commandé leur repas respectif et se préparaient à la routine de ce vol transatlantique.

    Il se sentait mieux d’avoir pleuré ; l’émotion de ce départ avait été trop forte depuis qu’il avait

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