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Les extravagantes équipées d’une psychanalyste: Roman
Les extravagantes équipées d’une psychanalyste: Roman
Les extravagantes équipées d’une psychanalyste: Roman
Livre électronique164 pages2 heures

Les extravagantes équipées d’une psychanalyste: Roman

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À propos de ce livre électronique

Angèle est une psychanalyste quelque peu extravagante habitant en Italie sur une « colline battue par le vent ». Sa profession la conduit à accomplir de fréquents voyages à travers le monde, qui la mettent dans des situations souvent cocasses.
Dès qu’elle est en difficulté, elle fait appel aux pouvoirs magiques d’une sorcière aux procédés bien peu recommandables.
Inspirée des véritables péripéties d’une authentique psychanalyste, dans ces aventures se confondent réel et imaginaire, conscient et inconscient.
Sur fond comique ponctué de jeux de mots, elle touche de nombreux thèmes d’actualité comme la condition féminine, les différences culturelles, religieuses et sexuelles, la lutte du bien contre le mal, notre désir de trouver des solutions « magiques » pour résoudre nos problèmes, les apparences trompeuses, nos peurs et nos envies d’être rassurés. Tout un univers que la protagoniste (l’image du bien ou pas) traverse avec courage, abnégation et un soupçon de folie, mais aussi avec le soutien à la fois tumultueux et bienveillant de la sorcière (l’image du mal ou pas).

À PROPOS DE L'AUTEURE

Sylvie Salzmann est une auteure française née à Paris, qui vit en Italie où elle est traductrice de l’italien.
Cultivant un goût prononcé du détail, de menus événements prennent à ses yeux une dimension particulière. Souvent ludiques, égrenant les traits d’esprit et les jeux de mots, d’une plume légère et élégante, elle aborde des sujets douloureux avec une extrême pudeur invitant le lecteur à un voyage intérieur.
LangueFrançais
Date de sortie30 avr. 2020
ISBN9782889491612
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    Aperçu du livre

    Les extravagantes équipées d’une psychanalyste - Sylvie Salzmann

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    Sylvie Salzmann

    LES EXTRAVAGANTES ÉQUIPÉES

    D’UNE PSYCHANALYSTE

    Le 6 mai 1856, le monde accueillait celui qui sera considéré comme le fondateur de la psychanalyse, Sigmund Freud.

    C’est en 1896 qu’apparaît pour la première fois le terme de « psycho-analyse ». Freud déclarera que « ce qui caractérise la psychanalyse, en tant que science, c’est moins la matière sur laquelle elle travaille, que la technique dont elle se sert ».

    Une technique de thérapie « la cure psychanalytique », qu’il définira en 1904.

    Freud découvre l’inconscient en écoutant ses patients.

    Écouter. Voilà un verbe qui a tendance à fuir notre vocabulaire et nos habitudes, au fur et à mesure que nous poursuivons notre traversée du XXIe siècle, un siècle où l’on s’écoute peu les uns les autres, où même les médecins écoutent de moins en moins leurs patients. Faute de temps, faute d’argent, faute de patience à l’égard des patients qui patientent dans la salle d’attente, dans l’attente d’être écoutés.

    Aujourd’hui, le mot d’ordre est « performant ». Quel mot-machine dénué de sens, des cinq sens, et en particulier de l’ouïe !

    La pharmacopée met à notre disposition toute une kyrielle de remèdes pour que nous guérissions, car guérir c’est agir, être performant. Produire. Pas d’arrêt maladie, pas de vacances, pas de retraite, pas de répit. « Nul répit, pas d’interruption, pas de trêve, pas de reprise d’haleine » écrivait déjà Victor Hugo trente ans avant la naissance de Freud. La course n’est donc pas vraiment une nouveauté, mais sommes-nous certains d’aller de l’avant ?

    Malgré les dernières avancées scientifiques, aucune de toutes les molécules susceptibles de nous guérir ne parvient à jouer le rôle de jeton introduit dans les machines que nous ne sommes pas. Doués de raison et de déraison, nous sommes encore des êtres humains, des « hommes qui rient » et donc qui pleurent, souvent en eux-mêmes, parce que pleurer, avoir mal, sont des conditions contraires à l’acte de produire.

    Une situation qui évoque en moi le souvenir d’« Equilibrium », le très beau film de Kurt Wimmer, où les gens sont contraints de s’injecter une drogue pour n’éprouver aucun sentiment.

    La vie parfois nous inocule des substances qui se révèlent de véritables poisons pour la pensée, nous prend rendez-vous avec des événements atroces ou nous fait asseoir, quelquefois pendant des années, à côté de personnes toxiques.

    Alors comment se débarrasser de cette douleur qui brise l’âme métamorphosée en simple brindille de cristal, dont les fragments se fichent dans les chairs, cette douleur qui nous habite, nous hante et répand son fleuve acide dans notre jardin intérieur autrefois si fleuri ?

    Bien sûr, notre famille et nos amis peuvent nous aider. Mais pas toujours. Parce que c’est trop difficile ou parce qu’ils sont eux-mêmes à la source de notre souffrance.

    La lecture de publication spécialisée peut nous faire comprendre, mais aussi nous induire en erreur.

    Entre autres, nous ne savons probablement pas où nous avons mal. Nous peinons à dominer notre index afin qu’il montre l’endroit où se love une douleur qui semble indéracinable tant elle est diffuse et impossible à endiguer.

    Comme la crue de cette brûlure, « quelque chose » nous échappe ; « quelque chose en nous » échappe à nos moyens, à nos solutions habituelles. Paralysés dans notre petit bateau en papier, nous nous sentons perdus sur ces flots corrosifs et il arrive parfois que la seule issue à notre horizon brouillé de larmes, soit la fin. La fin de nous. La fin de tout.

    Il existe pourtant une main tendue. Il existe quelqu’un, là debout sur la berge où nous nous croyons destinés à échouer. Quelqu’un sur le pont sous lequel nous sommes tentés de nous laisser couler. Dans ce monde de sourds, dans cet univers qui n’a ni temps ni oreilles, le psychanalyste exerce le métier d’écoute.

    Il écoute nos paroles et à travers elles, notre inconscient qui agit à notre insu.

    Avec lui, nous partirons à la recherche de l’arme responsable de notre déchirure, pour repérer ce qui nous échappe, pour participer à la réparation de la brèche à cause de laquelle notre jardin a été inondé.

    Le terme psyché vient du grec « psukhê », qui signifie âme, esprit. Le psychanalyste aide à guérir l’âme, l’esprit.

    « Soyons reconnaissants aux personnes qui nous donnent du bonheur ; elles sont les charmants jardiniers par qui nos âmes sont fleuries » écrivait Marcel Proust.

    Il y a quelques années, pour des raisons professionnelles, j’ai rencontré une psychanalyste que nous appellerons Angèle pour respecter sa véritable identité.

    Elle avait pour habitude de me parler de ses nombreux voyages, de ses rencontres, de ses trouvailles, de ses succès et de ses déboires, au point que je me demandais parfois si je ne faisais pas office de psychanalyste de la psychanalyste. Nos rendez-vous étaient, la plupart du temps, pleins de joie et de rires.

    J’ai alors pensé écrire les péripéties qu’elle me racontait. Ainsi est né le livre que vous vous apprêtez à lire, écrit avec le souhait de vous faire rire un peu à mon tour, pour partager « des instants de bonheur qu’aucun poème ne peut résumer » comme disait Jean Tétreau.

    Les histoires relatées sont rigoureusement véridiques, tout au moins à la base, dans le sens où elles ont débridé mon imagination déjà fertile et exagérément débordante.

    Au fil de ces extravagantes équipées, vous partirez avec Angèle à la conquête de la « psychanalyse d’ailleurs », à la découverte des us et coutumes, des mœurs et des curiosités des pays visités.

    Audacieuse et vaillante, tout la ravit, la stimule, l’interpelle. Le courage ne lui manque pas et chaque écueil devra être contourné ou anéanti, telle est sa devise.

    Pourtant, il arrive que même les aventuriers les plus intrépides aient besoin d’une aide divine, mais comme Angèle ne ressemble à personne, c’est à une aide plus démoniaque et profane qu’angélique qu’elle s’adressera chaque fois qu’elle devra faire face à une difficulté qu’elle ne peut surmonter seule. Ce renfort diabolique lui viendra d’une sorcière vraiment peu affriolante, dont personne ne connaît l’identité et dont l’antre n’est indiqué sur aucune carte. Sale, laide et sarcastique, elle vit au cœur d’un marécage infesté de monstres inimaginables, tous plus féroces les uns que les autres. Malgré cela, chaque fois que le besoin s’en fait sentir, Angèle ne renoncera pas à se rendre auprès de la Sorcière pour implorer son aide précieuse. Elle sera prête à payer le prix fort pour que ses désirs deviennent réalités. Mais à propos, cette sorcière, est-elle bien réelle ou imaginaire ? Vit-elle dans un recoin caché de l’esprit d’Angèle ou au fin fond d’une contrée qu’une nature hostile protège sauvagement sur un continent encore à découvrir, qui apparaît et disparaît à l’envi comme le Chat de Chester ?

    Dans ce rapport de forces occultes entre Angèle et la Sorcière, s’affrontent le mal sous les traits du bien et le bien sous les traits du mal. Qui est qui ? Le mystère plane sur le cloaque putrescent et acide, tombeau des âmes réduites en fange par l’orgueil, l’envie et le mensonge.

    Dans ce récit, bien malin celui qui pourra démêler le vrai du faux, le réel de l’imaginaire. Peut-être ce récit doit-il tout simplement être lu en se laissant aller au fil des aventures d’Angèle.

    Il est probable que vous serez surpris, ce que je vous souhaite, quand vous découvrirez dans ce récit, que rien n’est ce qu’il semble, que derrière chaque rire se dissimule une douleur et que bon nombre des questions qui affligent notre société actuelle y sont affrontées. Saurez-vous les repérer ?

    1re équipée

    Un petit hôtel

    Angèle était descendue dans un petit hôtel du quartier latin, bien décidée à profiter de ses deux jours à Paris pour écumer toutes les librairies.

    Elle devait assister aux Journées d’Études sur la Psychanalyse, sachant en son for intérieur que si ces journées s’étaient déroulées à Nogent-le-Rotrou, elle n’aurait peut-être pas fait le déplacement.

    Tout allait très bien jusqu’à ce qu’elle soit conviée à dîner.

    Angèle était seule à Paris et après tout, pourquoi ne pas accepter cette invitation, plutôt que de rester accoudée au zinc du troquet, filou, mais cordial, de l’avenue Trudaine¹, qui ne manquait certes pas de charme…

    Et alors quoi ?

    Alors une petite voix criait en elle un « non » catégorique ; l’idée de ce dîner la jetait dans la panique la plus totale. En effet, bien que l’invitation vienne de l’éminent psychanalyste Corrado Della Pietra, aussi gentil que cultivé, l’angoisse la saisissait à la gorge, puisqu’elle ne comprenait jamais un mot de ce qu’il disait.

    Angèle avait rendez-vous à 20 heures précises.

    – C’est tout près, lui dit Jocelyne, la réceptionniste de l’hôtel, en lui montrant de ses doigts dodus, sur un plan maculé d’empreintes grasses, le chemin à suivre qu’elle tenta successivement de tracer avec un stylo réfractaire à l’écriture puis un crayon portant sur son extrémité les cicatrices d’infâmes morsures et dont la mine se brisa avec un petit bruit sec, en s’enfonçant dans une rainure du comptoir.

    Montrant des dents jaunes auxquelles s’agrippaient les crochets de son dentier, Jocelyne esquissa un sourire poli qui fit se dresser les poils de son menton, et tendit à Angèle un parapluie à la poignée poisseuse. De fait, il tombait alors sur Paris une de ces averses nocturnes qui ajoutent à la séduction de la ville lumière et dont les becs de gaz font refléter cette dernière jusque dans ses ruelles si pittoresques autrefois appelées « coupe-gorge ».

    Armée de son parapluie, de son plan et de sa résignation à passer une soirée face à un illustre personnage dont elle boirait poliment les insondables discours, Angèle s’engagea sous cette giboulée de mars qui avait tout du déluge du brave Noé.

    Elle tourna à gauche, puis à droite, puis encore à droite, suivant scrupuleusement les indications de Jocelyne. Cependant, l’habitation du Professeur Della Pietra ne semblait pas être au bout de ce labyrinthe. Angèle s’était bel et bien perdue.

    Elle pensa prendre un taxi au vol, mais visiblement un vol avait été commis sur les taxis : « pas la patte d’un ! » se dit-elle, désemparée. Elle décida donc d’en appeler un de l’hôtel en recourant nouvellement aux services de Jocelyne.

    Alors qu’elle rebroussait chemin, l’heure, quant à elle, avançait sans pitié, se rapprochant dangereusement du numéro 8. Tandis que les flaques d’eau des trottoirs parisiens jonchés de déjections canines la reconduisaient vers sa case « départ », tels les cailloux du Petit Poucet, Angèle sentait monter en elle le désir assassin d’embrocher la réceptionniste avec le parapluie de celle-ci. Toutefois, sa bonne éducation et sa peur des repas qu’on distribue en prison, dont elle avait ouï dire qu’ils étaient infects, lui fit rectifier son ricanement assassin en sourire courtois à travers lequel elle demanda à Jocelyne de lui appeler un taxi.

    Hélas ! Trois fois hélas ! Pas de taxi disponible !

    Le sort s’acharnait contre Angèle ! Elle aurait voulu monter dans sa chambre, s’y enfermer à double tour et passer la soirée devant la minuscule télévision pendue au plafond, en grignotant les biscottes rances et molles qu’on lui avait données dans l’avion.

    Cependant, Angèle n’était pas du genre à se laisser aller, et quelques minutes plus tard, un taxi lançant de gros crachats de pluie du bout de ses essuie-glaces mal réglés, pila devant l’hôtel.

    Paris, la nuit, sous la pluie, dans un taxi, Angèle roulait bon

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