Le centre sportif national de la jeunesse Tenero CST

Par Silvia Berselli

Le Centre sportif national de la jeunesse de Tenero (CST), qui fait partie de l’Office fédéral du sport, est à la fois un parc sportif et une intervention urbano-architecturale développée en plusieurs étapes depuis les années 1980, la dernière étant en cours de réalisation. Le principe directeur du projet consiste à concentrer et rationaliser la construction de manière à laisser de l’espace pour la végétation et les activités en plein air. De la deuxième phase d’extension à la quatrième, le projet a été confié sur concours à l’architecte Mario Botta, qui a conféré au complexe une valeur d’icône en construisant les deux bâtiments Sasso Rosso et Gottardo, ainsi que le nouveau volume situé en face : le bâtiment multifonctionnel Brere. Ces édifices constituent une toile de fond scénographique qui dialogue avec les montagnes et le lac. La matérialité et le dessin de l’architecture demeurent cohérents dans les différentes phases de construction, du plan général jusqu’au moindre détail ; ils sont imprégnés de références historiques, contemporaines ou vernaculaires qui gomment la dimension temporelle des bâtiments, les transformant en icônes à l’échelle du paysage.

• Langue: Français
• Éditeur: Gesellschaft für Schweizerische Kunstgeschichte
• Date de sortie: 17 avr. 2023
• ISBN: 9783037978443

Aperçu du livre

Silvia Berselli

Le Centre sportif national de la jeunesse Tenero CST

Une icône intemporelle

La zone du «Brere» avant le CST

Du marais au centre de réhabilitation en passant par l’exploitation agricole

Le Don national suisse et le centre de la Cura

D’un centre de cure à un centre fédéral de sport pour la jeunesse

CST 1. Au service des jeunes sportifs

CST 2. À l’échelle du paysage.

Un parc de sports

L’architecture

CST 3. Définir le périmètre

CST 4. Un institut pour sportifs d’élite

L’architecture

CST 5. Un Centre de natation d’importance internationale

Interventions artistiques

Conclusions et perspectives. Une histoire inclusive

Annexes

Une icône intemporelle

Depuis la sortie de l’autoroute, il ne faut que quelques minutes pour rejoindre le parking du Centre sportif national de la jeunesse de Tenero (CST) : depuis sa création, la facilité d’accès est une valeur ajoutée pour les utilisateurs et les gérants du CST. Le rythme effréné de la rue et de la ville s’estompe à l’approche du complexe, qui présente à ceux qui arrivent du parking ses imposantes façades, avec les bâtiments Sasso Rosso et Gottardo d’un côté et le nouveau volume multifonctionnel Brere de l’autre. Devant ces édifices, le silence emphatique d’une grande pelouse verte fait ressortir la couleur complémentaire, le rouge des briques, et crée une césure, telle une pause entre le monde extérieur dans lequel les voitures roulent frénétiquement et le complexe marqué par les rythmes naturels du corps humain. Dans Les Années de voyage de Wilhelm Meister de Goethe, le géologue Jarno s’exprime ainsi : «Les montagnes sont des maîtres muets et font des disciples silencieux» ; ici, c’est l’architecture qui devient l’élève des montagnes et apprend d’elles l’art de disposer les volumes dans la lumière, le silence et le temps.

La zone du «Brere» avant le CST

Du marais au centre de réhabilitation en passant par l’exploitation agricole

La zone sur laquelle se trouve le Centre Sportif Tenero se caractérise par un paysage naturel d’une rare beauté, dans lequel le bleu du ciel se fond dans le bleu des eaux du lac, et la végétation reflète toutes les nuances de la palette d’un grand peintre au fil des saisons (FIG. 1). Et pourtant, c’est la main industrieuse de l’homme qui a façonné ce territoire initialement inhospitalier pour en faire l’image même de l’accueil, dans une zone de transit névralgique, proche de la frontière alpine. L’embouchure du Tessin dans le lac Majeur, appelée Brere, se présentait à l’origine comme un vaste marécage s’étendant sur 3 500 hectares jusqu’à Bellinzona ; celui-ci est encore partiellement préservé dans la région des Bolle di Magadino, un écosystème protégé depuis 1982 par la convention Ramsar de l’UNESCO en tant que zone humide de nidification et de migration pour de nombreuses espèces d’oiseaux.

FIG. 1 Tenero-Contra. Au fond, on aperçoit le barrage de la Verzasca, à droite, l’embouchure du Tessin et le camping Campofelice. Au centre, le terrain du Centre sportif avec les bâtiments de la première phase. Photographie aérienne de 1987.

FIG. 2 La papeterie del Verbano, 1954.

La présence de l’eau et de voies de communication a favorisé l’implantation à Tenero d’une papeterie moderne, la Cartiera del Verbano, fondée en 1853 par Tomaso Franzoni, un homme d’affaires avisé de Locarno (FIG. 2). Pendant plus d’un siècle et demi, l’usine, équipée dès le début de machines ultramodernes et constamment renouvelées, a constitué la principale activité de production de la région, absorbant la main-d’œuvre féminine dans de nombreuses phases de transformation et fournissant au canton un excédent exporté vers l’Italie par les voies navigables. Après sa fermeture en 2006, les bâtiments qui abritaient les grandes machines ont été démolis en 2012 pour faire place à un centre commercial. Aujourd’hui, il ne reste que la cheminée et le canal artificiel, derniers témoins muets d’un long et laborieux passé industriel.

À partir de 1888, une importante campagne de travaux, d’une durée de vingt ans, permet de