La promesse d’un possible
Par Maxime Sandrès
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEURE
Spécialiste des ressources humaines, Maxime Sandrès publie régulièrement sur son blog de maman. Dans La promesse d’un possible, elle nous propose un voyage rempli de passion, d’humour et de suspens.
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Aperçu du livre
La promesse d’un possible - Maxime Sandrès
Chapitre 1
Hippopotamus
Je m’appelle Marie.
Oui, comme la vierge, mais je n’ai d’elle que le prénom…
Cela fait trente-et-un ans que l’on me charrie souvent avec celui-ci. Avec le temps, j’ai appris à déjouer les rigolos qui aiment me nommer La Sainte ou encore l’Immaculée Conception.
Je vis à Paris depuis six ans. Un petit appartement dans le 15e. Il est minuscule, mais je m’y sens si bien.
Mes voisins, Marcel et Josiane, sont devenus mes grands-parents de substitution. Ils s’aiment depuis plus de quarante ans. N’ayant pas les moyens d’acheter ailleurs et plus grand, ils vivent entre deux étages. Au premier se situe le studio qui abrite leur salon et cuisine. Et au deuxième, sur le même palier que moi, c’est leur grande chambre.
J’ai mis du temps à comprendre leur drôle d’aménagement. Quand je suis arrivée dans l’immeuble, je me suis vite rendu compte que leurs portes étaient constamment entrouvertes. Je les entendais monter et descendre. Je me suis même demandé s’il n’y avait pas un trafic de déambulateurs là-dessous…
Et puis un jour, j’ai osé leur parler. Ils m’ont accueillie à bras ouverts, autour d’un canapé datant certainement du début du XXe siècle, mais si moelleux que j’ai toujours du mal à m’en extraire. Dès le premier thé, j’ai eu droit à un service digne d’une reine : tasses et assiettes en porcelaine qu’ils avaient eues en cadeau de mariage, petits fours tout chauds et faits maison. Nous avons discuté pendant des heures, dans ce petit studio aménagé au gré de leurs trouvailles dans des brocantes et dans lequel, avec le temps, nous pouvions à peine nous déplacer. Et pourtant, l’ensemble est si douillet et agréable que je ne m’en lasse jamais.
Leur appartement sur deux étages, c’est leur petit luxe : le luxe de pouvoir monter et descendre tous les jours un escalier lustré par un gardien ; le luxe de les dévaler en pyjama tandis qu’ils croisent le voisin du 4e en costume trois-pièces ; le luxe de ne pas faire attention aux avis des autres.
Et puis ils n’ont rien d’autre que lui. Pas d’enfants. Pas de famille. Seulement eux et leur passion pour les brocantes et les vieilles pièces.
Avec les années, ils sont devenus mes amis. Des amis d’un certain âge certes, mais sur qui je peux toujours compter.
Quand j’avais eu la grippe, ils m’avaient veillée nuit et jour, me soignant à base des mêmes produits qu’utilisait ma mère quand j’étais enfant.
Quand j’avais eu un chagrin d’amour, ils m’avaient laissée dormir sur leur canapé si douillet.
Et chaque dimanche midi, j’avais droit au poulet/pommes de terre que l’on mangeait chez eux, en discutant de notre semaine.
Et bien évidemment, si j’avais le malheur de ne pas les prévenir d’un de mes déplacements ou d’un week-end hors de Paris, j’avais droit à un texto courroucé.
Ils avaient pris une telle place dans ma vie que celle-ci me serait apparue bien fade sans eux.
Je vis donc à Paris depuis maintenant six ans. J’aime Paris pour la liberté que la ville procure, pour sa beauté, pour sa magie et ses points de vue à couper le souffle. Pour ce Montmartre au son du piano, ce Trocadéro aux tours Eiffel miniatures admirant fièrement la plus belle, ses musées, son Quartier latin et ses restaurants grecs, ses bistrots si typiques, sa cathédrale qui surplombe fièrement la Seine et tellement d’autres belles qualités.
Mais est-ce nécessaire de vous faire une thèse sur Paris ?
Et pourtant, ce n’est pas la ville dans laquelle j’ai grandi. Ma ville de cœur, c’est Nice.
Je suis venue à la capitale comme disait mon Papé, pour connaître le grand frisson. Je ne suis pas sûre qu’en ayant été vendeuse lingerie puis responsable de boutique chez Lacoste, nous puissions dire que je l’ai connu. Mais je me suis laissé guider par la vie et par les opportunités qu’elle proposait.
Je travaille depuis maintenant plus de deux ans, aux 4 temps de La Défense, le quartier d’affaires de Paris.
Tous les matins, quand j’y arrive, j’ai l’impression d’être dans un film américain. Toutes ces personnes si bien habillées, leur café à la main et leur journal sous le bras. Tous ces Parisiens qui foncent, si sûrs d’eux et qui en oublient parfois de regarder encore la beauté des lieux.
Je l’avoue : j’adore les admirer ces hommes et femmes, si pressés et si bien habillés. J’aime faire défiler la musique dans ma tête, celle de la série Suits ou Sex and the city et ainsi les observer, noter leurs mimiques et parfois même les dessiner.
Pour ma part, je travaille au 2e étage du grand centre commercial. Je gère une équipe de quatre vendeurs, tous un peu loufoques, mais très soudés. J’aime ce rôle d’encadrement, ce métier qui m’oblige à avoir un œil partout et qui fait passer mes journées bien vite. Bien sûr, je finis tard. Je travaille souvent le samedi et parfois même le dimanche.
Ce qui pose un problème à Guillaume.
Non, Guillaume n’est pas mon chat. Guillaume est mon amoureux…
Oui, j’utilise ce mot pour parler de lui. C’est surtout parce que j’aime la poésie de ce terme. Il n’y a rien de plus palpitant pour moi que l’Amour, avec un grand A, cela va sans dire.
Il est expert-comptable dans une structure qu’il appelle un BIG. Je l’avoue : je n’ai toujours pas bien saisi ce que cela signifiait vraiment, mais j’admire tous les jours ses beaux costumes, son air classe et si sûr de lui. Et moi personnellement, ça me suffit pour être fière de lui et en parler à mes amies comme s’il avait le rôle d’un ministre.
Cela fait trois ans que nous nous sommes rencontrés chez des amis communs. Son air distingué, précieux et hautain m’avait, je dois l’avouer, beaucoup attiré. Et pourtant, c’est le genre de personne que l’on déteste à première vue. Il sait tout ! Il a tout fait et il veut tout faire.
Quand on parle d’une escapade au Népal par -40 degrés : fait. Quand il parle d’une vie en Thaïlande parmi les tatoueurs historiques : fait. Quand il parle d’une découverte de la forêt amazonienne : fait.
Bref, il bouffe la vie comme si elle était bientôt finie. Et étrangement, j’ai plutôt tendance à admirer cela. Moi pour qui l’expérience la plus folle, avant de le connaître, fut de prendre l’avion pour venir justement à Paris.
Il a trente-six projets en même temps, il m’embarque toujours dans des week-ends plus bizarres les uns que les autres. Nous avons testé les cabanes dans les arbres, la nuit dans un igloo et enfin la semaine à bord d’un van. Mais je me laisse porter car je l’aime. C’est aussi bête que cela.
Après cette fameuse soirée de rencontre, où il m’a d’ailleurs snobé pendant quatre heures, j’ai dû supplier ma copine Juliette d’organiser un autre apéro une semaine après et qu’elle l’invite. C’est ce qu’elle a fait et comme par hasard, nous n’étions que quatre autour d’un verre de vin, Paris qui s’éveillait au printemps et l’humeur qui sentait déjà les vacances d’été.
Il a été encore plus hautain qu’une semaine auparavant. Et je ne sais pas pourquoi je suis tombée encore plus sous son charme. Il m’a à peine parlé et je sentais que j’étais invisible à ses yeux.
Et puis à la fin de la soirée, il m’a enfin regardée en disant :
— On partage un taxi ?
— Avec plaisir. Tu habites où ?
— Dans le 15e près de la porte de Versailles et toi ?
— Et bien pareil, lui avais-je donc répondu avec un sourire qui frôlait certainement l’indécence.
C’est ainsi que nous nous sommes rendu compte que nous habitions à deux pas et que nous avions certainement déjà dû nous croiser.
Finalement, ce soir-là, nous avons passé deux heures à discuter sur un banc devant un Hippopotamus alors fermé. Mais je n’oublierai jamais cet hippopotame dessiné sur la devanture et qui nous fixait, alors que j’apprenais à le connaître. Et derrière ses airs si sûrs de lui, je découvrais en lui une personne douce et à mon écoute.
Et à ma plus grande surprise, le lundi suivant, il me proposa de déjeuner avec lui.
Quand j’en parlais alors à Juliette, elle me le dépeint comme un coureur de jupons, peu fiable et qui détestait le mot couple.
Mais j’ai appris à le connaître et à voir au-delà de ces premiers préjugés. Et je suis tombée amoureuse de lui avant même qu’il ne m’embrasse, deux semaines plus tard.
Il a mis un peu de temps à se projeter. Il a voulu qu’on aille doucement, ne me présentant ses amis qu’au bout de six mois et sa sœur au bout d’un an.
Très vite, cependant, il m’a fait connaître sa folie. Sa passion pour la moto et la boxe.
Son envie de parcourir les quatre continents avant d’avoir quarante ans.
Nous sommes très vite partis en week-end à gauche et à droite.
J’étais patiente, alors que mes copines me disaient de fuir. « Jamais il ne s’engagera », me disaient-elles. Moi, je voulais juste qu’il m’aime avant de penser à un quelconque mariage, voire plus.
Et puis un peu plus d’un an après notre rencontre, nous sommes partis en vacances en Corse. Il avait loué un bateau et nous dormions depuis deux nuits, bercés par les étoiles.
Je l’ai regardé pour lui dire merci. Merci de me faire connaître ses folies qui rythmaient désormais ma vie. Son regard était perçant à cet instant.
Et il m’a juste répondu : « Moi aussi, je t’aime ». Il m’a souri et ce soir-là, alors qu’il me faisait l’amour, j’ai senti que son regard avait changé.
Deux ans plus tard, nous sommes très heureux ensemble. Nous vivons toujours à deux rues l’un de l’autre. Nous aimons nos appartements respectifs et nous menons tous les deux des vies assez rythmées. Il finit rarement avant 21 heures et travaille souvent de chez lui. Mais il y a une chose qu’il déteste : travailler le week-end.
Pour lui, cela doit être LE moment de détente. Le moment où il enfile son Levis et ses Vans. L’instant où il s’évade. Donc quand je travaille le samedi, forcément, il râle.
Mais à part ça, je dois dire qu’il est super.
J’ai justement rendez-vous avec lui ce soir. C’est étonnant, car nous sommes lundi et que généralement, il aime rester chez lui.
Oui, du haut de ses trente-huit ans, monsieur a des habitudes, et je dois m’y conformer.
Et puis je l’avoue : j’adore rester chez moi en solo ce soir-là ! Je peux regarder Mimi Matty tranquillement dans mon lit avec ma bouillotte et mes Oreo.
Bref, ce soir, nous avons donc « un date », comme disent les jeunes. Il veut tester un nouveau restaurant japonais dans le 13e, donc rendez-vous fixé à 20 heures là-bas.
Chapitre 2
J’adoooooore les sushis
Pour être tout à fait honnête, je déteste manger japonais. Je n’ai d’ailleurs jamais compris cet attrait pour les sushis. Bien sûr, j’ai toujours fait semblant pour me noyer dans la masse. Et je m’extasie moi aussi sur les belles photos Instagram des box sushis que mangent mes amis.
— Ouaaaahhhh, trop de chance, ils ont l’air si bons. Si on commandait des sushis nous aussi, chéri ? réponds-je à chaque fois que Guillaume me montre ces fameuses photos.
Et je finis inévitablement par commander des brochettes et du riz gluant.
Il ne l’a finalement jamais remarqué. Et tandis qu’il s’enthousiasme chaque fois un peu plus sur les dernières créations, je le regarde amoureusement, tout en dégustant mes brochettes de poulet que je pourrais cuisiner moi-même…
Ce soir-là, je ne suis donc pas plus emballée que ça. En plus, ils rediffusent Sissi sur TMC et je dois avouer que le programme couette, TV et brioche Nutella était plus que tentant.
Mais d’un autre côté, je n’ai pas vu mon cher et tendre depuis une semaine. Il me manque et j’espère secrètement qu’il me proposera de passer la nuit à ses côtés.
Quand j’arrive devant le restaurant, première surprise : il est déjà là. Il a en effet cette fâcheuse habitude d’être toujours en retard.
Je l’aperçois, attablé, au fond de la salle, ses yeux rivés sur son téléphone, et armé de son énigmatique sourire. Et puis à son tour, il me voit enfin et il me regarde l’approcher. Ses yeux sont profonds et brillants. Un regard que je ne lui connais pas et bizarrement un malaise m’envahit.
Il boit une bière. Je ne l’ai jamais vu boire de bière. Et puis je finis par m’asseoir face à lui. Le malaise grandit quand je me rends compte qu’il ne m’a même pas embrassée ni même dit bonjour.
Il ne me regarde plus à cet instant. Il ne me parle pas non plus. Il se contente de jouer négligemment avec son verre posé devant lui.
Mes mains sont moites. Ma bouche est sèche et je frissonne.
Je ne sais pas s’il se passe trente secondes ou trente minutes quand, enfin il lève les yeux sur moi.
Je crois y déceler des larmes, mais peut-être que ce sont les miennes qui m’aveuglent.
« Je te quitte » sont les seuls mots que j’entends.
Et puis plus rien…
Pourquoi ne suis-je finalement pas si surprise que ça ?
Il me sonde du regard. Je décide de l’affronter alors que je rêve de partir en courant.
— Et puis-je en connaître au moins la ou les raisons ?
— C’est simple, Marie. Ma vie n’est pas ici. J’ai accepté un poste dans ma succursale en Espagne. Je quitte Paris très vite et je souhaite partir seul, me répond-il en baissant le regard.
— Et c’est donc maintenant que tu m’informes de tes plans de carrière et de vie ?
Je lui réponds en hurlant. Je vais certainement passer pour l’hystérique de service, mais je m’en moque à cet instant précis. La tête me tourne. Je sais que cette discussion ne mène à rien.
Je me souviens alors de tous nos moments, de son détachement aussi, de ses habitudes, de ses choix imposés sur nos nuits ensemble, sur nos week-ends, sur tout finalement.
Je réalise que cela fait deux ans qu’il mène le jeu et que je me contente de le suivre, heureuse que quelqu’un m’aime et me fasse me sentir moins seule.
Comme s’il réalisait mes pensées, il se penche vers moi, saisit ma main et continue son douloureux monologue.
— Mais Marie, je ne t’ai jamais rien promis. Je t’ai juste proposé de la fête, des bons moments et des rires à n’en plus finir. Tu le savais, non, que je ne voulais pas me marier et avoir des enfants ?
Oui, peut-être que je le savais au fond de moi. Peut-être que si le discours de mes amies maintes fois répété me faisait si mal, c’est parce que je savais qu’elles avaient raison.
Je n’arrive pas à parler. Je m’en veux, enfin à lui surtout.
Je devrais partir, mais je suis comme scotchée à ma chaise. Et puis, il se lève et vient m’entourer de ses bras forts et puissants. Et je l’entends alors ajouter :
— Je pars dans une semaine. Je n’ai pas voulu t’en parler avant, car je n’avais pas encore reçu la décision finale. Elle n’est tombée qu’il y a quelques jours. Marie, regarde-moi s’il te plaît. Tu mérites mieux qu’un type comme moi et je suis sûr qu’au fond de toi, tu sais que j’ai raison. Et je te souhaite sincèrement de le trouver.
Il dépose un baiser léger sur mes lèvres, et tel un ange, il s’en va, me laissant seule dans ce restaurant aux odeurs que je détestais déjà, mais que je vais haïr désormais…
Il est deux heures du matin. Je suis sur le canapé de Josiane et Marcel. Je les entends derrière leur porte (sur leur palier donc). Ils chuchotent, inquiets. Il faut dire que lorsque je suis rentrée, j’ai tapé à la porte de leur salon, pour aller m’écrouler directement sur leur canapé sans aucune parole échangée. Ils finissaient de manger devant le journal de TF1.
Depuis, je n’ai pas ouvert la bouche, me contentant de regarder la TV, puis d’observer le plafond depuis qu’ils l’ont éteinte pour aller au lit.
J’apprécie leur silence. J’ai envie de faire pipi. J’ai soif. Mais je n’ai plus la force de bouger.
Comment en suis-je arrivée là ?
Il y a six ans quand j’ai débarqué sur Paris, je venais de vivre le pire chagrin de ma vie. Enfin, c’est ce que je croyais bien sûr.
Histoire classique : on était jeunes. Je ne voyais que lui et apparemment, ce n’était pas son cas. En effet, il y a eu Claire. Puis Élise. Et c’est après Mégane que j’ai dit stop.
À chaque fois, je pardonnais. À chaque fois, je le croyais quand il disait qu’il arrêterait.
Et donc c’est à vingt-cinq ans, après avoir travaillé trois ans chez Benetton que j’ai décidé de tout plaquer, de voir du pays et de partir loin de tous ces éléments polluants de ma vie.
J’ai beaucoup pleuré en arrivant ici. Mais la capitale m’a accueillie à bras ouverts, je me suis fait de nouveaux amis très rapidement. Ma famille même à distance restait présente et essayait de comprendre mon brusque éloignement.
Je repense à tout ça, échouée sur ce canapé. Finalement, je me retrouve au même point : écœurée par l’espèce masculine et pourtant persuadée que je ne pourrais pas vivre sans homme à mes côtés. Je dois finir par m’endormir, car je suis réveillée quelques heures plus tard par une douce odeur de café.
Josiane me fait face dans cet adorable fauteuil fleuri qui devait appartenir à Louis XVI. Elle boit son habituel thé au jasmin et elle me sourit. Nous n’échangeons aucune parole. Sa bienveillance suffit à m’attendrir et les vannes s’ouvrent alors.
C’est ainsi que je pleure pour la première fois depuis hier soir. Je sanglote, je crie, je ris aussi quand elle me fait remarquer que je ressemble aux enfants de trois ans qu’elle croise au parc en pleine colère.
Et puis comme il est soudainement arrivé, mon gros chagrin finit par passer. Je me lève, je la serre fort dans mes bras tout en la remerciant et je rejoins mon antre.
Nous sommes mardi. Il est 7 heures et dans trois heures, j’ouvre la boutique.
Je prends une douche bouillante, j’enfile mon jean fétiche, mes Ugg dorées et un pull bleu. Aujourd’hui, c’est décidé : je resterai dans l’arrière-boutique et personne ne me verra. Je me coiffe vite fait, me fait couler un 2e café et je pars. Vincent est déjà là quand j’arrive devant le magasin.
Il me regarde bizarrement. Et plus je m’approche, plus son regard se fait insistant.
C’est alors qu’il ose enfin me parler.
— Marie, tu es sortie sans manteau et coiffée de ton bonnet de nuit ? me demande-t-il avec un air mi-ironique, mi-inquiet.
En effet, j’ai oublié mon manteau à la maison et ce que j’ai sur la tête, est le bonnet tricoté par ma grand-mère bien-aimée. Accessoire hideux certes, mais tellement chaud et réconfortant en ce jour déprimant. Je passe devant lui sans un mot et c’est sans aucune autre parole que se déroule la journée. Je reste à l’écart, gérant l’administratif et ne passant en caisse qu’en cas d’urgence absolue.
Tout le monde a dû comprendre qu’il était inutile de me parler ou même de tenter de me déranger. Je me traîne dans mon minuscule bureau et j’attends désespérément que la journée se termine.
Arrive le soir et je suis dans un brouillard total. Je n’ai parlé à personne. Je n’ai même pas de nouvelles de Guillaume.
C’est lorsque je sors du métro, que mon portable sonne pour la première fois de la journée. Ma mère. Je ne l’ai pas appelée depuis hier midi et elle doit s’inquiéter. Oui, du haut de mes trente-et-un ans, je donne des nouvelles à ma mère tous les jours.
Je m’efforce donc de répondre, de lui faire croire que j’ai une grosse migraine, que oui tout va bien maman, je te promets, que non, maman, je n’ai pas perdu mon boulot, que oui maman, je mange bien.
Et je rentre m’écrouler sur mon lit, sans enlever ni mon bonnet de nuit ni mes UGG.
Chapitre 3
L’agriculteur
Une semaine passe avant que je ne me décide à parler. Finalement, Guillaume m’envoie un seul et unique message :
Merci pour ces belles années. Prends soin de toi.
Ce sera ça mon catalyseur et ce qui me fera éclater. Une semaine que je suis en pilote automatique. Que mes collègues me regardent tous les jours un peu plus bizarrement. Une semaine que je ne mange presque plus (mais je rentre à nouveau dans mes jeans en taille trente-huit) et une semaine que je dors non-stop dès que j’arrive chez moi.
Nous sommes samedi soir quand je reçois son message. Je sais qu’il part demain matin. Je suis seule chez moi et j’appelle alors Juliette.
Juliette, je l’ai rencontrée à mon arrivée ici. C’est elle qui m’a fait visiter mon appartement. Je l’ai trouvée drôle avec ses dreads et son look BCBG. Et j’ai surtout beaucoup aimé son honnêteté à coup de :
— C’est cher pour ce que c’est.
Ou encore par des recommandations telles que :
— Je vous le dis même si je ne devrais pas vous le dire, mais le proprio est grave relou.
Depuis elle a monté son agence, a enlevé ses dreads et elle vit avec Louis dans le 16e. Oui, il y a eu du changement !
Elle fait partie de mon petit réseau amical ici. Je la vois souvent d’autant plus que c’est elle qui m’a présenté Guillaume. Je suis donc surprise qu’elle ne soit au courant de rien.
Et encore plus ahurie que cette situation ne l’étonne même pas !
— Mais enfin Marie, tu le savais non qu’il voulait partir ? me répond-elle alors que je viens de lui annoncer notre rupture.
Première nouvelle. Je suis donc la seule imbécile qui ne savait pas que son mec ne souhaitait pas rester travailler à Paris.
— Non Juliette, je n’avais pas saisi son envie d’ailleurs. Et quand bien même, là n’est pas le sujet. Nous aurions pu faire des plans ensemble. Mais il m’a clairement exclue de sa vie et de ses projets en même
