Karaoké !: Impossible de faire des conneries dans l'anonymat
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À propos de ce livre électronique
A leur retour, elles découvrent avec stupéfaction qu'une vidéo de leur prestation se propage à une vitesse ahurissante sur les réseaux sociaux. Les filles doivent maintenant faire face aux conséquences de ces folies réalisées le temps d'une simple chanson…
Béatrice voit son mariage et son poste de Miss Météo dans une importante chaîne de télé mis en péril. Jennifer est confrontée aux rumeurs et aux plaintes des parents à l'école où elle enseigne, sans compter les doutes qui l'envahissent depuis qu'elle a échangé un baiser sur scène avec Anastasia. La douce et timide Lily-Rose revisite quant à elle un chapitre douloureux de son passé.
Ces chanteuses improvisées réussiront-elles à se sortir de ce faux pas la tête haute ou le karaoké aura-t-il raison d'elles et de leur amitié ?
Mélanie Cousineau
Auteure aux multiples talents, Mélanie Cousineau nous offre un roman riche en émotions dans lequel les personnages sont dépeints avec grande habileté. L'auteure a su y mettre en scène avec une justesse désarmante la souffrance et la détresse des jeunes adultes qui vivent un deuil éprouvant.
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Aperçu du livre
Karaoké ! - Mélanie Cousineau
Catalogage avant publication de Bibliothèque et
Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Cousineau, Mélanie, 1979-
Karaoké : impossible de faire des conneries dans l’anonymat
ISBN 978-2-89585-833-1
I. Titre.
PS8605.O914K37 2016 C843’.6 C2016-941299-7
PS9605.O914K37 2016
© 2016 Les Éditeurs réunis
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Nous remercions le Conseil des Arts du Canada
de l’aide accordée à notre programme de publication.
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Imprimé au Québec (Canada)
Dépôt légal : 2016
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque nationale du Canada
Bibliothèque nationale de France
Page3_Karaoke.jpgÀ toi, Christian, avec tout mon amour.
1
Promenons-nous dans les bois
— Hé ho ! Lily, tu es parmi nous ou pas ?
Les paroles de Jennifer ramènent Lily-Rose à l’instant présent, elle qui était bien loin dans ses pensées. Passionnée de peinture, particulièrement de paysages, elle admirait le panorama splendide qui s’offrait à elle et se disait à quel point il ferait une magnifique toile. Devant le silence de son amie relativement à sa question, Jennifer poursuit sur sa lancée.
— Tu sais, tu n’étais pas obligée de nous accompagner à ce week-end de camping si tu n’en avais pas envie ! J’espère que tu ne seras pas aussi silencieuse dans les prochains jours. Après tout, on est ici pour avoir du plaisir et s’éclater, n’est-ce pas Béa ? C’est du moins ce que vous m’avez dit pour me convaincre de vous accompagner dans ce trou perdu pour passer du temps de qualité à me faire dévorer par les mouches noires et les maringouins !
— Je te le garantis, ma chère Jen, on va en avoir du plaisir !
— Oh, ça va, les filles ! Je profitais du beau paysage. Il n’y a pas de raison de paniquer de la sorte, répond Lily-Rose, exaspérée par l’attitude déplaisante des deux autres.
Béatrice, Jennifer et Lily-Rose sont des amies de longue date. Bien qu’elles aient des tempéraments très différents, elles s’entendent et se complètent étrangement bien. Voilà sûrement pourquoi elles ont l’habitude de faire de nombreuses activités ensemble et, à coup sûr, ce sont des moments inoubliables remplis de péripéties et de confidences. En ce chaud début de septembre, elles profitent du long congé de la fête du Travail pour passer quatre jours en camping, quatre jours durant lesquels elles comptent s’éclater et se raconter tous les détails croustillants de leur vie que les autres ne connaissent pas encore. Même si Jennifer n’était pas chaude à l’idée de partager son espace vital avec les animaux sauvages et les moustiques, elle s’est tout de même laissée convaincre par Béatrice qui, elle, possède une roulotte et a l’habitude de cette activité avec sa famille. D’ailleurs, c’est elle qui a proposé le parc national du Mont-Tremblant à ses copines en leur vantant ses montagnes, ses lacs et ses plages sablonneuses, omettant volontairement de leur parler des nombreux changements de température et des grosses bêtes sauvages qui y vivent. Oups… léger détail !
Une fois l’inscription des trois comparses faite à l’entrée du parc, Béatrice reprend le volant de son véhicule familial où ses amies sont entassées entre de nombreux sacs de provisions, de vêtements et d’accessoires de camping. D’ailleurs, chaque fois que les pneus de la camionnette passent sur un trou, on entend le cliquetis des bouteilles de vin qui s’entrechoquent les unes contre les autres. Les prochains jours promettent d’être bien arrosés.
— Peux-tu me dire où je dois tourner s’il te plaît, Jen ? demande Béatrice à sa copilote qui semble ne rien comprendre au plan du site qu’elle tient entre les mains.
— Donne-moi un instant. Il faut d’abord que je trouve où on est !
En jetant un bref coup d’œil au document en question, la conductrice du véhicule réalise qu’il est à l’envers.
— Si tu commençais par le mettre dans le bon sens, tu me serais beaucoup plus utile ! lui dit-elle en pouffant de rire.
Jennifer soupire bruyamment et jette un œil mauvais à son amie.
— Je t’avertis Béa, ne me cherche pas parce que tu vas me trouver !
Sortant une fois de plus de ses pensées, Lily-Rose, qui est installée à l’arrière du véhicule, intervient pour calmer les ardeurs de ses amies. Elle a l’habitude de tempérer leurs échanges, elles qui ont tendance à s’obstiner pour un rien. De nature calme et sereine, la belle artiste de trente-huit ans projette l’image de l’aimable bienfaitrice qui règle les conflits. Sa longue chevelure rousse, ses yeux vert pâle, ses traits délicats et sa voix douce ont pour effet d’apaiser les gens.
— Là, les filles, il faudrait vous calmer un peu. Regardez donc toute la beauté du paysage qui nous entoure ! Et Béa, laisse-la un peu tranquille !
La belle rousse prend une pause pour jeter un œil rêveur à l’extérieur, puis elle poursuit.
— J’ai déjà hâte d’aller observer les oiseaux, de faire du canot et de griffonner sur ma planche à dessin à la tombée de la nuit. Je pense qu’on va vraiment passer un beau moment ici, on dirait que l’endroit est magique.
Ce ne sont pas les trente-neuf ans de Béatrice qui l’empêchent de taquiner ceux qu’elle aime. Ayant un fils avec de graves problèmes de comportement, elle vit au quotidien des moments très difficiles et le rire devient alors pour elle un moyen d’évasion qui lui permet de garder la tête froide et de se détendre un peu. De plus, avec son travail de présentatrice météo pour une chaîne télévisée bien connue, elle a une image à préserver et elle ne peut se permettre de se laisser mener par ses émotions, surtout en public. Elle a déjà voulu changer complètement de look pour avoir l’air un peu plus wild, mais on lui a vite fait comprendre que les téléspectateurs avaient l’habitude de sa chevelure cuivrée et de ses yeux émeraude et y apporter un changement pourrait éventuellement nuire à sa popularité. Pas facile la vie de star ! Un peu indignée par cette situation, elle s’est promis qu’un jour elle ferait ce que bon lui semble avec son corps, mais pour l’instant, elle se concentre sur son fils. Après tout, il faut choisir ses batailles dans la vie. Béatrice est parfois tannée de se faire complimenter sur son apparence parce qu’elle a l’impression qu’elle fait de l’ombre à celle qu’elle est vraiment. Les hommes en particulier ne voient que la belle et grande femme au corps de déesse et ils oublient souvent que derrière ces traits se cache une personnalité colorée aux accents artistiques très développés, quelqu’un qui aime profiter de la vie et exploiter ses multiples talents.
Béatrice et Jennifer cessent leurs enfantillages et jettent un œil autour d’elles. Prenant une attitude empreinte de fierté, Béatrice reprend la parole.
— Les filles, je vous présente le magnifique, le merveilleux, le SUPERBE lac Monroe. On doit le traverser par ce petit pont là-bas parce que notre site de camping se trouve de l’autre côté. C’est quoi le nom de notre secteur déjà, Jen ?
— Euh… un instant… Le castor ! finit-elle par répondre en consultant la pile de documents qu’on leur a remis à l’entrée du parc.
— Très bien, maintenant il suffit de le trouver, dit la conductrice avec excitation.
Grenouille… Ours… Castor !
— Dites donc, les filles, on n’aurait pas pu choisir un secteur moins creux ? Un peu plus et on est à l’extérieur du parc !
— Ce que tu peux être chialeuse, Jennifer ! Les terrains ici sont beaucoup mieux que ceux qu’on a vus en arrivant. Ils ont l’air intimes, on pourra donc jaser tranquillement sans avoir peur que les voisins nous entendent. Regarde la quantité d’arbres, ils nous serviront d’écran, dit Lily-Rose qui participe finalement aux échanges.
— Ouin, tu as raison, convient la jeune femme enflammée en passant la main dans ses cheveux. C’est vrai que c’est mieux que les autres terrains. Moi, en sortant de ma tente quand je viens de me lever avec mes cheveux décoiffés et mon haleine du matin, je n’ai pas trop envie de faire du social avec des inconnus. Ici au moins, on pourra avoir la paix et même se promener nues si ça nous chante !
— Pfft, parle pour toi ! lance Béatrice. On n’est pas toutes exhibitionnistes comme toi.
Jennifer est une enseignante de sixième année du primaire au caractère bouillant. D’ailleurs, les mèches rouges qui parsèment sa très courte chevelure noire le prouvent. Prenant souvent (euh… toujours !) les choses au premier degré, il lui arrive fréquemment de s’emporter pour des peccadilles, donnant souvent lieu à des situations tendues et désagréables avec ses élèves. En tant que dure à cuire, elle a l’habitude des rencontres avec la direction de l’établissement scolaire à ce sujet, mais elle réussit toujours à s’en sortir. Jennifer est faite à l’envers des autres : elle agit d’abord et réfléchit ensuite. Elle est comme une boule d’émotions sur deux pattes. Malheureusement, à trente-huit ans, il est un peu tard pour la mettre en retrait pour la laisser réfléchir à ses paroles et ses gestes comme on le ferait avec un enfant.
Par ailleurs, elle aime bien se dévoiler aux autres, surtout avec quelques verres de vin dans le nez. Avec les hommes, elle adore se jouer d’eux en leur dévoilant ses attributs pour ensuite les faire poireauter. Certains parlent même d’elle en la qualifiant d’allumeuse, mais l’enseignante n’a que faire de ce que les autres pensent d’elle. Jennifer ne s’en est jamais souciée, et ce n’est certainement pas aujourd’hui que ça va commencer. Ce qui lui importe, c’est son plaisir point final. Au diable les qu’en-dira-t-on !
Les trois amies trouvent enfin le terrain no 32 où elles logeront pour les prochains jours. Elles garent leur véhicule avec peine, se frayant un chemin entre tous les arbres des alentours. Elles mettent enfin les pieds à terre, trop heureuses de se dégourdir les jambes. La route jusque dans les profondeurs du parc a été longue pour toutes, malgré le fait que Lily-Rose habite déjà la belle région des Laurentides. Ses deux copines, pour leur part, viennent de Laval et de Boucherville, et se sont rejointes chez la belle rousse. De cette manière, elles n’ont qu’un seul véhicule à stationner sur le site et elles ont le plaisir de faire une partie du chemin ensemble, ce qui est beaucoup moins ennuyeux, surtout si on tient compte des nombreuses anecdotes salées de Jennifer qui se renouvellent constamment. À mesure que les arbres et les montagnes défilaient devant leurs yeux, cette joyeuse luronne leur a raconté ses dernières aventures amoureuses, qui ne sont jamais un succès, avouons-le. Les hommes sont rapidement attirés par son physique de rêve et sa peau parfaite, mais dès qu’ils entrent dans son intimité et qu’ils goûtent à son côté « Germaine », ils prennent leurs jambes à leur cou et disparaissent aussi vite que l’éclair. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé avec Théo-le-magnifique, le dernier des héros qui a su l’endurer durant plus de trois mois, mais qui a finalement capitulé alors qu’elle lui faisait une de ses éternelles crises au sujet de l’importance de trier les couleurs et de ne pas tout mettre à la sécheuse lorsqu’il fait le lavage. Quel gâchis ! C’était un sacré bon garçon, bien établi dans sa carrière télévisuelle et beau comme un dieu par-dessus le marché. Malheureusement pour Jennifer, il est désormais hors circuit et ne reviendra sûrement pas. Ce dernier n’est pas le seul à l’avoir abandonnée de la sorte.
— Regardez, un geai bleu, lance Lily-Rose, déjà absorbée dans sa contemplation de la nature.
— Sacrée petite Lily ! Tu es vraiment dans ton élément ici, lui répond Béatrice, les bras chargés de matériel de camping.
Pendant que l’artiste termine son observation de la faune, ses deux copines, elles, vident la voiture et empilent les bagages sur la table à pique-nique.
— Ah dégueu ! Il y a une grosse chiure de mouette sur le banc, se plaint Jennifer, dégoûtée par sa découverte.
— Dis donc, ma chère, bienvenue dans le bois ! lui répond Lily-Rose en la poussant doucement vers la crotte pour la taquiner. Tu sais, ici, on est dans le monde des animaux, alors c’est tout à fait normal qu’on en retrouve des traces.
— Peu importe où on est, moi, je trouve ça répugnant et ta bonne volonté ne me fera pas changer d’idée.
Sur ce, la dédaigneuse tourne les talons et va rejoindre Béatrice qui achève de décharger son véhicule et qui peine à fermer la porte tant elle en a plein les bras. Lily-Rose lui donne un coup de main et, une fois le tout déposé avec le reste, elles se tapent dans les mains en signe d’accomplissement.
— Et si on partait à la découverte des lieux ? demande l’artiste.
— Pourquoi on n’ouvrirait pas plutôt une petite bouteille de vin pour célébrer notre liberté provisoire de quelques jours ? propose à son tour la miss-météo-mère-de-famille. Personnellement, j’ai besoin de décanter un peu. Matis a fait au moins trois grosses crises cette semaine et si j’avais écouté Adam, j’aurais annulé ma fin de semaine de filles ! Vous imaginez ?
Compatissant avec les moments difficiles que son amie traverse régulièrement, Lily-Rose lui frotte le dos en signe de compréhension et de soutien.
— Franchement, les filles ! les coupe Jennifer avec irritation. Il faudrait commencer par installer notre campement, vous ne pensez pas ?
Les trois amies se regardent à tour de rôle avec sérieux puis pouffent de rire devant leur divergence d’opinions. Après réflexion, Béatrice et Jennifer débouchent une bouteille de rosé, Lily-Rose entame sa caisse de bouteilles d’eau Perrier et elles trinquent à leur week-end de filles qui commence. Elles se séparent ensuite, chacune suivant son envie. De leur côté, Béatrice et Lily-Rose partent explorer le secteur dans lequel se trouve leur terrain, alors que Jennifer s’entête à monter la tente, seule, elle qui n’a jamais fait de camping auparavant et qui a la patience d’un nouveau-né assoiffé du sein de sa mère. Oh boy ! Ça promet. Les deux autres ont bien essayé de la convaincre du contraire, clamant qu’elles le feraient ensemble au retour, mais devant l’attitude fermée de leur amie têtue, Béatrice et Lily-Rose ont capitulé. Elles se séparent donc avec la promesse de se retrouver au terrain dans une heure.
* * *
— Espèce de saloperie de poteau de merde ! rage Jennifer, exaspérée par le ridicule de la situation et de son ego démesuré qui l’a poussée à prétendre qu’elle arriverait seule à ériger les murs en toile de leur demeure.
De nature fière et entêtée, la jeune enseignante n’accepte pas les défaites. Celle qui se croit capable de tout doit cependant avouer que cette fois-ci, elle a complètement foiré dans sa mission, elle qui souhaitait impressionner ses amies et leur montrer qu’elle n’est pas une deux de pique en la matière même si elle n’a jamais fait de camping. En plus de s’être cassé deux ongles de sa manucure encore fraîche de la veille, elle doit maintenant faire face à son échec total. Elle a d’abord monté la tente à moitié avant de se rendre compte qu’elle avait mis la porte du mauvais côté. Après s’être dit que ses copines et elle n’auraient qu’à passer par derrière pour entrer dans leur château, elle a ensuite craint de se faire reprocher d’avoir mal fait le travail et a décidé de changer l’orientation de la tente. Maintenant que la modification est faite, Jennifer n’arrive pas à terminer de glisser les poteaux dans les fentes conçues à cet effet. Ceux-ci ne cessent de se séparer lorsqu’ils arrivent à mi-parcours du mince chemin de nylon et l’apprenti campeuse réalise qu’il est pratiquement impossible de monter la structure sans aide. Elle aurait dû écouter ses amies aussi et attendre qu’elles soient ensemble pour le faire, mais maintenant, il est trop tard pour reculer. Elle doit absolument terminer sa tâche et se sortir de ce faux pas la tête haute. Après encore quelques minutes, elle décide finalement de déclarer forfait.
— Ah ! Mange de la marde ! lance-t-elle hargneusement à l’amas de toile qu’elle abandonne sur le sol.
Les poteaux et les piquets éparpillés un peu partout, Jennifer entreprend de retrouver ses amies. Après tout, elles ne devraient pas être bien loin pense-t-elle.
* * *
Lorsque Béatrice et Lily-Rose reviennent de leur petite excursion, elles trouvent leur terrain vide de toute présence humaine. Aucune trace de Jennifer. Bizarre, elle qui n’est pas particulièrement le type de fille à s’aventurer seule en pleine nature. Elles font le tour de tous les recoins, rien à faire. Jennifer n’y est pas.
— Je me demande où elle peut bien être, s’interroge Lily-Rose, inquiète.
— Elle est peut-être juste allée aux toilettes, suggère Béatrice, tentant de se convaincre elle-même que rien de grave n’est arrivé.
— Oui, tu as sûrement raison. On va l’attendre ici, elle va bien finir par revenir !
Déposant leurs verres vides sur la table de pique-nique, les deux amies discutent de tout ce dont elles ont envie de faire durant ce long week-end de camping. En se promenant, elles ont repéré l’endroit où elles peuvent louer des kayaks, les nombreuses plages se trouvant dans ce secteur du parc et tous les sentiers de randonnée qui s’offrent à elles.
— La chute La Diable m’intéresse vraiment, dit Lily-Rose. Il paraît que c’est magnifique et le chemin pour s’y rendre n’est pas très long. On ne devrait pas avoir de difficulté à convaincre Jennifer de nous accompagner.
— Ça, ça reste à voir ma chère ! lance Béatrice, sarcastique. Je ne sais même pas si elle a apporté autre chose pour mettre dans ses pieds que ses sandales à semelles compensées. Je me demande bien comment elle fait pour marcher avec ça !
— Voyons, Béa ! Laisse-lui une chance quand même ! Peut-être que Jen préfère les sorties dans les bars aux escapades dans le bois, mais elle est quand même assez intelligente pour savoir qu’en camping, on doit apporter de bonnes chaussures de marche. Et regarde la tente, elle a réussi à l’installer toute seule. Personnellement, je trouve que c’est un exploit en soi ; jamais je n’y serais arrivée !
Béatrice hausse les épaules nonchalamment et elle se lève pour se prendre une boisson froide dans la glacière et tend une autre bouteille de Perrier à son amie.
Cinq minutes. Dix minutes. Quinze minutes. Le temps passe, mais toujours aucune trace de Jennifer.
— Coudonc ! Tu veux bien me dire où elle est passée ? demande Béatrice, de plus en plus inquiète.
— Je n’en ai aucune idée, mais je suggère qu’on parte à sa recherche. On pourrait questionner les voisins pour savoir si quelqu’un l’a vue.
— Bonne idée !
Sans perdre un instant et abandonnant leur boisson sur place, les deux amies partent à la recherche de la grande disparue.
2
Feu, feu, joli feu
Les arbres sont si denses dans ce secteur qu’il est difficile d’apercevoir les campeurs à partir du sentier de terre où circulent les voitures. Au rythme de leur inquiétude, Béatrice et Lily-Rose avancent tout en scrutant les terrains un à un. Personne ne semble présent sur le site. Vu toutes les activités disponibles, les gens sont éparpillés un peu partout, sur le lac ou dans les sentiers pédestres, à profiter des lieux et du beau temps. C’est quand même rare que la température soit aussi clémente au début du mois de septembre. Tout à coup, des éclats de voix se font entendre.
— … je m’en fiche complètement qu’il soit parti de cette manière, c’est lui le pire dans tout ça, pas moi. En me plantant là comme une belle dinde, il ne sait pas ce à quoi il a tourné le dos. Sexuellement parlant, je crois que je suis plutôt généreuse…
Jennifer. Nul doute à ce sujet, il s’agit bien d’elle, toujours en train de lancer des pierres à Théo-le-magnifique. Encore. Eh oui ! c’est devenu une habitude depuis quelque temps, comme si elle essayait de se convaincre que ça ne la dérangeait pas. Toutefois, ses amies ne sont pas dupes ; elles se doutent bien qu’elle n’avouera pas qu’elle a le cœur brisé… et l’ego aussi ! Reconnaissant immédiatement leur amie tant par le timbre de sa voix que par ses paroles, les deux femmes se dirigent d’un pas décidé vers l’endroit d’où provient le son.
— Jen ? interpelle Lily-Rose à une personne assise sur un fauteuil de camping cinq étoiles et qui, même de dos, ressemble drôlement à la mystérieuse disparue.
En entendant son nom, la fugueuse se retourne et sa bouche s’ouvre d’ébahissement en apercevant ses copines.
— Les filles, vous voilà enfin ! lance-t-elle, le plus naturellement du monde. Ça vous en a pris du temps à explorer les lieux. J’en suis déjà à mon troisième verre de vin !
La gestuelle et la prononciation de l’enseignante du primaire démontrent effectivement son taux d’alcool élevé. Soulagée d’avoir mis le grappin sur son amie, Béatrice laisse exploser sa colère.
— Tu peux me dire ce que tu fiches ici ? Nous, on t’attend au terrain depuis au moins une demi-heure et pendant qu’on se ronge les sangs, madame se la coule douce avec un inconnu ! C’est parce qu’on s’inquiétait qu’on a décidé d’aller voir si on ne te croiserait pas sur le sentier et voilà qu’on te retrouve ici, confortablement installée, un verre à la main, en train de discuter avec… euh…
— Nathan ! complète l’homme assis face à Jennifer. Enchanté, dit-il en se levant pour serrer la main des nouvelles arrivantes.
Le jeune homme qui se trouve devant elles a vraiment tout pour plaire à leur copine toujours en manque de peau. Ses cheveux blonds en broussaille combinés à sa barbe négligée lui confèrent une allure sauvage et virile. Son regard bleu azur ferait fondre de désir toute femme digne de ce nom. Ce garçon doit assurément avoir la cote avec le sexe opposé.
— Allo, répond Béa, dont la rage n’a pas diminué pour autant.
— On ne peut pas dire que votre copine a la langue dans sa poche en tout cas. En à peine une heure, j’en sais presque autant sur sa vie que sur celle de mon meilleur chum ! Ce n’est pas peu dire.
Béatrice et Lily-Rose échangent un regard, conscientes que leur amie semble un peu trop dégênée à leur goût. Et voilà qu’elles réalisent devoir trouver une bonne excuse pour la ramener avec elles. Soudain, Béa a une idée de génie.
— Jen, tu viens ? On a trouvé un coin super pour aller faire une petite baignade nocturne…
Immédiatement intéressée à l’idée de plonger dans l’eau froide dans son plus simple appareil, leur amie coquine se lève d’un bond et salue son nouveau copain.
— Merci beaucoup pour le bon petit rouge, Nathy boy ! C’était trrrès agréable de faire ta connaissance.
Fidèle à elle-même, la croqueuse d’hommes roule des hanches sensuellement sous les yeux affamés de son interlocuteur. Se relevant d’un bond de son confortable fauteuil, Nathan prend le temps d’embrasser sa nouvelle copine sur les joues, rapprochant son corps du sien un peu plus que nécessaire. Ce n’est certainement pas Jennifer qui va s’en plaindre.
— Mais tout le plaisir est pour moi très chère. Si jamais tu as de nouveau besoin de mon aide, n’hésite pas à me faire signe ! dit-il en lui décochant un clin d’œil suggestif.
Ne comprenant pas trop l’allusion, Béatrice intervient.
— Ah bon, tu l’as aidée à quoi ? demande-t-elle avec curiosité.
Nathan se retourne vers elle, les yeux interrogateurs. Il ne semble pas comprendre la raison d’être de la question.
— Mais à monter la tente, voyons ! répond-il comme si c’était d’une évidence même. Ce n’est vraiment pas cool de votre part d’avoir laissé Jen seule avec ce tas de tissu. Sans moi, elle serait encore roulée en petite boule sur votre terrain, à se dire qu’elle n’y arriverait jamais.
— Mais…, dit Lily-Rose pour qui le scénario commence à prendre forme dans sa tête.
Lui coupant soudainement la parole, Jennifer change de sujet pour éviter de perdre la face devant un mâle.
— Bon, on va y aller nous. Vous venez les filles ?
— Oui, allons-y ! lance Lily-Rose en ravalant ses explications pour Nathan.
Désireux de les revoir sous peu, celui-ci s’empresse de lancer une invitation pour la soirée.
— Si ça vous dit, les filles, venez prendre un verre avec nous plus tard. Mon frère et Pou sont partis acheter de la bière au dépanneur. Ils devraient revenir bientôt.
— Pou ? Euh… peut-être, on verra ça tantôt ! dit Béatrice.
Tournant les talons, les filles abandonnent Nathan à son sort et elles rentrent à leur terrain. Jennifer était tellement pressée de fuir le jeune homme pour éviter de lui dire la vérité qu’elle en a oublié l’histoire de lieu pour le bain de minuit. En chemin, les trois comparses discutent du plan de match pour la soirée. Ce dernier est assez simple : feu de camp et boisson !
* * *
— En tout cas, les filles, profitez bien de moi durant les prochains jours parce que vous ne m’aurez pas une autre fois à vous suivre en camping ! Moi, faire la vaisselle à l’eau froide et partager mon steak avec les mouches, ce n’est pas trop mon fort.
Visiblement, Jennifer n’est pas une fille de bois. Le moindre désagrément devient pour elle une montagne infranchissable. Elle a ses habitudes et la sortir de son confort de petite poule de luxe relève pratiquement de l’exploit. D’ailleurs, le retour au terrain no 32 tout à l’heure fut pénible. Les nombreuses petites pierres qui s’infiltraient dans ses sandales à semelles compensées lui ont fait dire tous les plus beaux mots de son vocabulaire québécois. Heureusement, l’apparition d’un autre verre de vin rouge dans la main gauche de Jennifer a permis aux oreilles de Lily-Rose et de Béatrice de se reposer un peu et d’écouter enfin le bruit du vent dans les arbres plutôt que la voix de perruche de leur amie. Elles sont déjà épuisées et le week-end ne fait que commencer ! Oh là là ! il n’y en aura pas de facile !
Malgré tout, le souper des trois compagnes s’est plutôt bien déroulé et leur pièce de bœuf grillée sur le petit poêle de camping était excellente, même si la température de cette dernière laissait à désirer et que les mouches semblaient affamées. Ah ! les joies de la nature, il faut savoir les apprécier et profiter de la plénitude du plein air ! Maintenant que la table est desservie, que la vaisselle est propre et que les verres sont de nouveau pleins, les filles sont fin prêtes à s’installer confortablement devant un feu de camp. Elles regardent en direction du rond délimité par des grosses pierres des champs et semblent tout à coup incertaines.
— Euh… Est-ce que vous êtes capables d’allumer un feu ? demande Jennifer.
— Moi, je suis complètement nulle là-dedans. Tout ce que je réussis à faire, c’est de la fumée, lâche Lily-Rose, déconcertée.
— Pour ma part, je n’y connais absolument rien. C’est la tâche de mon mari quand on va en camping, dit Béatrice. J’ai bien assez de mon fils à gérer, ce côté-là, je ne m’en
