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À qui ai-je affaire?: LES DIFFÉRENTES PERSONNALITÉS : Comment elles se développent et comment elles changent?
À qui ai-je affaire?: LES DIFFÉRENTES PERSONNALITÉS : Comment elles se développent et comment elles changent?
À qui ai-je affaire?: LES DIFFÉRENTES PERSONNALITÉS : Comment elles se développent et comment elles changent?
Livre électronique504 pages5 heures

À qui ai-je affaire?: LES DIFFÉRENTES PERSONNALITÉS : Comment elles se développent et comment elles changent?

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À propos de ce livre électronique

Autant nous avons besoin de respirer, dormir et manger, autant nous avons besoin d’être en relation avec des gens significatifs. Des personnes sans lesquelles notre vie ne serait pas la même. Mais connaissons-nous vraiment les gens avec lesquels nous sommes en relation? Savons-nous vraiment à qui nous avons affaire? Et que dire de nous-mêmes, nous connaissons-nous vraiment ? Malheureusement, nous arrivons difficilement à identifier nos réels besoins et encore moins à cerner ce qui les a construits ou motivés. Ce livre vise donc à identifier les différentes personnalités tout en illustrant comment elles se développent et comment elles peuvent s’améliorer.
LangueFrançais
Date de sortie1 févr. 2022
ISBN9782898311895
À qui ai-je affaire?: LES DIFFÉRENTES PERSONNALITÉS : Comment elles se développent et comment elles changent?
Auteur

Frankie Bernèche

L’auteur est professeur de psychologie au cégep St-Jean- sur-Richelieu. Psychoéducateur de formation, il a travaillé à la protection de la jeunesse et fait de la recherche auprès des enfants qui présentent des troubles du comportement. Ses études doctorales ont porté sur le rôle des relations sociales dans le développement des enfants. Frankie Bernèche est un passionné de psychologie. Il contribue régulièrement aux débats dans la presse écrite en apportant une analyse psychologique de l’actualité.

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    Aperçu du livre

    À qui ai-je affaire? - Frankie Bernèche

    Nos motivations internes

    La majorité d’entre nous passons notre vie sans vraiment nous connaître dans notre nature profonde, nos motivations les plus intimes. Nous en avons bien sûr une idée générale, nous pouvons spontanément nous décrire comme serviables, drôles ou sociables, d’autres se décriront comme intelligents, créatifs ou réservés, mais combien de fois sommes-nous surpris de nos réactions inattendues ou de nos inconforts soudains devant certains événements ?

    Par exemple, vous pouvez vous définir comme un parent aimant et totalement dévoué à votre enfant et subitement devenir impatient et sortir de vos gonds lorsque votre enfant refuse de vous faire un câlin. Nous attribuons souvent nos réactions imprévues à la fatigue ou la mauvaise humeur, un point c’est tout. Mais nous oublions souvent que cette fatigue est causée par quelque chose. Elle est en fait liée à une tension, une charge émotive intense générée par un « stress interne » qui est réactivé par la situation que vous êtes en train de vivre. En ce sens, votre réaction soudaine envers votre enfant peut s’expliquer par le fait que son refus ait réactivé tout votre inconfort lié au manque affectif vécu dans votre propre enfance. Bref, le rejet que votre enfant vous témoigne réactive le rejet passé que vous avez subi lorsque vous étiez enfant. En fait, chaque situation que nous vivons à un potentiel de « réactivation » des conflits internes qui rappelle nos difficultés d’enfance non résolues. Et lorsque nous comprenons vraiment cette dynamique, beaucoup de choses s’éclairent sur soi et notre rapport avec les autres.

    En général, on remarque que plus un individu s’est construit dans un contexte de vie difficile et stressant, plus il gardera en lui des tensions internes. Et garder en soi plusieurs conflits a pour effet de fragiliser notre identité et de diminuer notre capacité d’adaptation. Ces stress enfouis tout au fond de notre corps nous envahissent et nous indisposent dans notre quotidien. Ils affectent nos émotions, nos comportements et nos pensées. En effet, en plus de manifester un certain niveau de blocage émotif, les adultes qui ont vécu des stress importants sont généralement plus instables sur le plan de leurs comportements et leurs pensées, car ils deviennent hypersensibles, se sentent facilement agressés et intimidés par les événements.

    La confrontation à l’autre et à soi

    Vous constaterez que les gens deviennent souvent imprévisibles (colère subite, détresse exagérée, repliement sur soi soudain, etc.) lorsqu’ils sont devant une réalité qui les confronte, retranchés dans leurs limites profondes. En fait, si vous désirez vraiment connaître une personne (y compris votre propre personne), il est nécessaire de la voir agir dans des conditions difficiles, lorsqu’elle est en déséquilibre, en perte de sentiment de contrôle. Comme je le dis parfois à la blague à mes étudiants jeunes adultes, si vous voulez vraiment savoir à qui vous avez affaire lors d’une première rencontre amoureuse, il est important de bien déstabiliser l’autre, de le (ou la) confronter dès le début.

    Notez plus sérieusement que ces comportements de confrontation sont généralement le lot des personnalités fragiles. En confrontant l’autre, je ne perds pas de temps à le connaître et vais droit au but. Dans le cas des enfants négligés ou abandonnés, par exemple, mon expérience d’intervenant à la protection de la jeunesse m’a montré l’existence de cette dynamique de confrontation. Paradoxalement, je me suis rendu compte que c’est lorsque je commençais à établir un lien significatif avec l’enfant, qu’il devenait plus agressif, plus rejetant. Je me souviens d’avoir félicité un enfant pour le beau bricolage qu’il venait de réaliser en lui disant sincèrement qu’il était talentueux et que j’aimerais qu’il en réalise un second pour que je puisse le ramener chez moi. Subitement, l’enfant a empoigné sa maquette et me l’a lancée en plein visage. Que venait-il de se passer ? En fait par ce geste, l’enfant blessé par son vécu de négligence parentale venait de me dire : Et là, suis-je encore beau et bon à tes yeux ? Tiens-tu toujours à moi ? Plus encore, l’enfant me disait : Es-tu assez solide pour rester auprès de moi dans ces conditions ou partiras-tu comme les autres l’on fait ? Puis-je avoir confiance en toi ?

    Cette même dynamique de confrontation est aussi observable chez les personnes qui manifestent des comportements autodestructeurs (consommation excessive de drogue ou d’alcool, prise de risque sur le plan de la sexualité, comportements téméraires, suralimentation, etc.). En agissant ainsi, elles retournent leur agressivité contre elles-mêmes afin de remettre en question la valorisation qu’elles peuvent s’attribuer.

    Les mécanismes de défense

    Tous les individus que vous côtoyez, comme vous et moi, ont des forces et des limites. Nous n’avons pas trop de difficulté à parler de nos forces et succès. D’ailleurs c’est ce que nous exposons le plus sur les réseaux sociaux. Toutefois, montrer à l’autre nos limites, nos vulnérabilités et nos peurs demande beaucoup plus d’efforts. Non seulement nous n’aimons pas montrer nos difficultés aux autres, mais nous n’affectionnons pas plus de nous les dévoiler à nous-mêmes. Et cela est particulièrement vrai chez les individus qui ont des personnalités fragilisées par des conflits passés. C’est la raison pour laquelle les personnalités souffrantes s’enlisent souvent dans des mécanismes de défense qui ont comme principale fonction de refouler, c’est-à-dire d’éviter de dévoiler et de prendre conscience de leurs douleurs et de leurs fragilités. En fait, ce sont des mécanismes de déni ( « je n’ai aucun problème »), des croyances irrationnelles (grande imagination par laquelle l’individu fuit ses difficultés) et des comportements compulsifs (agir sans y penser) qui « gèlent » la souffrance.

    Par exemple, certains adultes qui ont subi des stress importants dans leur enfance sont victimes d’amnésie dissociative. Ils éprouvent une incapacité à évoquer certains souvenirs personnels importants. Or, même si cette perte de mémoire des événements a l’avantage de ne pas replonger continuellement l’individu dans ses souvenirs douloureux, elle a en contrepartie plusieurs désavantages. Ne pas se souvenir de nos vécus stressants (violence, négligence, etc.) ne nous permet pas de nous sortir de la souffrance générée par ces événements. Car même niée, cette souffrance nous habite toujours. Comme si notre tête avait oublié, alors que notre corps se remémore toujours la moindre tension qui a été générée par l’événement.

    Certes, cette forme de blocage émotif d’amnésie dissociative a été utile à un moment où l’enfant n’avait pas la capacité de se défendre face aux conflits, et qu’aucun autre adulte de l’entourage ne l’a suffisamment protégé. En se dissociant ainsi des émotions suscitées par le stress, l’enfant a maintenu viable sa santé physique et mentale (peu d’anxiété, pas de dépression). Mais cette viabilité n’est que de courte durée. Elle a malheureusement un coût fort élevé à moyen et long terme.

    L’exemple de l’étudiant surprotégé

    Je me souviens d’une séance de cours en psychologie qui portait sur le déni de l’enfant et ses impacts à l’âge adulte, cours que je donnais à une trentaine d’étudiants jeunes adultes.

    C’est alors qu’un étudiant de 25 ans leva la main et me demanda si, nécessairement, tous les enfants vivent des traumatismes. Ce à quoi j’ai acquiescé en précisant que les traumatismes ne sont pas nécessairement aussi évidents qu’un abus sexuel ou physique. Le sentiment de ne pas être protégé dans toutes les situations, de ne pas être désiré, de vivre dans un environnement tendu à répétition, ne pas se sentir respecté dans nos émotions et nos pensées, l’incertitude que tous nos besoins seront assouvis (faim, soif, sommeil, réconfort, plaisir), l’inquiétude que notre détresse puisse être ignorée, etc. Devant mes explications, l’étudiant renchérit en disant : « Moi par exemple, je contacte ma mère au moins trois fois par jour par téléphone, et je n’ai pas vécu de traumatisme ».

    Je lui répondis que nos stress internes sont généralement inconscients. Il me sourit, quelques rires complices ont été entendus dans le reste du groupe. Puis plus tard, j’abordais des notions sur les couples jeunes adultes fusionnels narcissiques. Le même étudiant fut le premier à réagir en affirmant que sa compagne actuelle, avec laquelle il partageait sa vie depuis trois ans, correspondait clairement à ce profil. Par respect pour son intimité, je n’ai pas ouvertement, devant le groupe de pairs, fait le lien entre le caractère fusionnel de sa mère et celui de sa compagne. Toutefois, compte tenu de sa perspicacité, j’ai bien vu que lui-même avait fait ce lien avec un certain sentiment d’embarras. Deux semaines plus tard, l’étudiant avait abandonné le programme.

    Bref, on occulte souvent la vérité sur nos propres vécus stressants et, de ce fait, on en est perpétuellement affecté. Le lien entre le fait d’avoir vécu avec une mère fusionnelle et le choix d’une conjointe fusionnelle paraissait assez clair. Mais si j’avais été seul avec l’étudiant, j’aurais aimé aller plus loin dans la réflexion. Pourquoi ce choix de la conjointe fusionnelle et non le choix d’une conjointe équilibrée, une partenaire avec laquelle l’étudiant n’aurait pas constamment eu à réactiver ses émotions douloureuses d’enfance ?

    En fait, pour ce jeune adulte ayant vécu des blessures d’enfance, et qui n’était pas en mesure d’y faire face (qui a refoulé ses expériences stressantes), se replacer dans une situation conjugale similaire à sa relation mère-fils réactivait ses blessures d’enfance et permettait de garder ses mécanismes de défense actifs et bien aiguisés. Ainsi pour l’étudiant ayant vécu l’oppression d’une relation fusionnelle mère-enfant, le fait d’être confronté à une nouvelle conjointe tout aussi oppressante que la mère, amenait nécessairement l’étudiant à garder actif son mécanisme de déni. Ainsi, en gardant toujours ses défenses actives avec sa conjointe actuelle, l’individu favorisait le déni de tous ses traumatismes passés auprès de sa mère.

    Les croyances irrationnelles

    Se laisser bercer par nos illusions n’est pas pathologique en soi. Plusieurs personnes « normales » vont s’imaginer des réalités alternatives en situation de stress. À la base, l’objectif du fantasme (ou croyance irrationnelle) est de ressentir des émotions agréables dans la projection d’un vécu imaginé alors que nous ressentons réellement une anxiété par rapport à la réalité. L’exemple de l’adolescent anxieux devant sa première expérience sexuelle qui s’imagine l’expérience hyperagréable avec plusieurs partenaires à la fois (fantasme sexuel) en témoigne.

    Dans le cas de personnes plus souffrantes, cette imagination fantasmatique est beaucoup plus grande, voire démesurée, étant donné que la souffrance liée à la réalité qu’ils ont vécue est forte et invasive (appelés fantasmes névrotiques). On remarque en effet que les personnes souffrantes de leur passé ont tendance à avoir beaucoup d’imagination et des pensées qui sortent du cadre réel. En fait, le fantasme névrotique permet d’inventer une réalité alternative qui soulage momentanément la tension interne de l’individu. Tel un médicament qui apaise brièvement les symptômes d’une maladie, mais qui jamais ne la guérira. Ainsi, l’enfant constamment humilié par un parent peut alors, à l’âge adulte, fantasmer en s’imaginant être tout puissant, invulnérable. Ce fantasme narcissique que l’on peut déceler chez environ 2 % des adultes est généralement lié à ce vécu d’humiliation et de non-respect des besoins de réconfort dans l’enfance.

    En fait, nous pensons à tort que la peur crée l’évitement (les fantasmes), mais en réalité, c’est l’évitement qui crée la peur. Plus j’évite de prendre contact avec la réalité anxiogène en utilisant le déni et le fantasme, plus ma peur s’accroît.

    L’adulte effrayé dans l’enfance peut non seulement fantasmer sur soi-même, mais souvent transférer ses fantasmes sur les autres. Par exemple, il est assez commun que des adultes qui ont été durement négligés dans l’enfance glorifient leur parent négligent. Ils parleront d’eux avec respect et louange, mettront à l’avant-scène leurs forces et réalisations, interpréteront leur rigidité parentale comme salvatrice, profitable à leur développement adulte. « Mon père était rigide et punitif, grâce à lui je suis devenu discipliné et organisé dans la vie ». Dans certains cas, on remarque même que des adultes traumatisés vont se responsabiliser de l’abus dont ils ont été victimes. « Pauvre père, si je n’avais pas été si indiscipliné, il n’aurait pas eu à me punir autant ».

    En fait tous les stress refoulés par le déni et les fausses croyances génèrent une tension extrême sur le système nerveux. Et cette tension, telle une marmite fermée par un couvercle étanche, doit s’évacuer, peu importe le moyen. Sans quoi, la marmite (l’espace psychique de l’individu) craque et menace d’exploser, brisant ainsi la structure même du réceptacle. L’histoire suivante en est un bel exemple.

    L’exemple de la coiffeuse qui somatise

    Tania est une femme de 23 ans qui dirige une entreprise de coiffure avec son conjoint. Elle se dit très heureuse d’avoir repris contact avec sa mère depuis la naissance de son premier enfant. Le conjoint de Tania trouve que sa belle-mère est plutôt intrusive même si elle est une bonne personne et que sa conjointe en a réellement besoin, dit-il. Depuis 2 ans, Tania a vécu plusieurs complications à la colonne vertébrale (hernie discale). Elle a subi une première opération sous anesthésie générale qui n’a pas résolu son trouble. Puis une seconde et une troisième pour le même problème.

    Les médecins ne comprenaient pas pourquoi la douleur ne s’estompait pas après trois opérations majeures. De plus, la femme s’est levée de son lit un matin en constatant une bosse de la grosseur d’une balle de golf dans son cou. Elle devra subir une opération très bientôt afin d’enlever cet amas. Tania ne comprend pas ce qui lui arrive. Elle qui avait une parfaite santé, la voilà maintenant presque invalide. Elle culpabilise beaucoup, car toutes ces opérations génèrent du stress et de l’anxiété, ce qui l’amène à négliger son jeune garçon. « Heureusement qu’il y a ma mère et mon conjoint », disait-elle.

    La jeune femme s’est livrée sur son passé trouble avec sa mère. En fait, sa mère l’a abandonnée, elle et ses deux frères alors qu’ils étaient âgés entre 5 et 9 ans. La mère a décidé de quitter ses enfants sur un « coup de tête » pour vivre sa jeunesse. Elle a tout quitté, travail, enfant, famille pour s’établir dans une autre province avec un autre homme de passage. Après l’analyse de sa situation, il s’avère que les problèmes de santé physique de Tania coïncident avec le retour de sa mère. En fait, sous l’apparence d’une bonne entente avec sa mère, se cachait une détresse majeure de la jeune femme qui a été fortement réactivée. D’un point de vue clinique, c’est cette tension extrêmement vive et niée qui est à l’origine de la réaction pathologique de somatisation.

    Ainsi, la souffrance de la jeune adulte se développait de jour en jour compte tenu des mécanismes de défense utilisés pour maintenir ses conflits non résolus envers sa mère bien refoulés. Ces mécanismes d’évitement sont inconscients et influencent beaucoup l’état de notre corps et nos comportements. Ces défenses affectent directement notre personnalité. Bref, nos « conflits non résolus » déterminent fortement nos motivations profondes et sont à la base de nos personnalités cachées, cachées à soi-même et cachées aux autres.

    Les compulsions

    On remarque aussi que les dénis et les croyances irrationnelles s’accompagnent souvent de comportements compulsifs. La consommation abusive de nourriture (hyperphagie), d’alcool, de tabac, de drogues, le magasinage compulsif, l’implication excessive dans des activités sportives ou sexuelles, en sont de bons exemples. Les compulsions visent à calmer l’anxiété.

    Atteindre un mieux-être

    Dans le cas d’adultes qui vivent des difficultés psychologiques, plusieurs techniques d’aide ont vu le jour. Par exemple, la méditation et le yoga sont pratiqués depuis fort longtemps afin d’apaiser l’état de stress interne que nous ressentons. Aujourd’hui, des approches qui prônent la « pleine conscience » semblent gagner en popularité. Ces approches portent essentiellement sur les bienfaits de la prise de conscience du moment présent, de la visualisation positive et du recadrage des événements négatifs. Bref, toutes ces approches ont un point en commun, elles cherchent à mieux faire passer l’émotion négative qui monte à la conscience de l’individu. Autrement dit, quand l’anxiété émerge à la suite d’un événement vécu ou anticipé, elles nous permettent de moins ressentir la douleur lorsque nous dirigeons notre pensée sur d’autres choses.

    Il est vrai que de se répéter sans cesse la même phrase dans la tête (par un mantra) permet de détourner son attention sur le stress ressenti en nous. Mais au risque de déplaire à plusieurs, ces techniques ne sont en réalité d’aucune efficacité à long terme car elles ne s’adressent pas à la cause du stress. Il est vrai qu’elles apaisent momentanément la tension nerveuse générée par l’anxiété mais, voilà, ce n’est que temporaire.

    Ces méthodes ne font pas de tort, elles peuvent être maintenues, mais elles devraient être accompagnées d’une démarche d’introspection plus profonde. Car, tant et aussi longtemps que la personne ne fera pas directement face à la source de son anxiété, elle y sera confinée, avec ou sans yoga. Toutefois, s’attaquer à ses réels problèmes peut faire peur. C’est pourquoi les techniques de pleine conscience et de méditation sont si populaires. Elles confrontent très peu la personne sur le plan affectif. Semblable en cela à la prise de médicament contre l’anxiété (un antidépresseur), ses techniques apaisent les symptômes, mais ne les guérissent pas.

    En fait, il n’existe pas de « pilule miracle » pour atteindre un mieux-être. Atteindre un mieux-être demande nécessairement l’effort de reconnaître ce que nous sommes vraiment, à qui nous avons affaire réellement. Cela implique de remettre les « pièces du puzzle » ensemble, et obtenir une image claire de nos conflits passés. En fait, si nous voulons véritablement changer, évoluer, nous améliorer, diminuer nos souffrances, il faut prioritairement mettre à jour nos blessures d’enfance et pendre contact avec leurs effets négatifs qui nous habitent toujours à l’âge adulte. Bref, il faut cesser de se cacher à soi-même toute cette vulnérabilité qui nous habite.

    Nier que nous avons un problème d’anxiété, réprimer nos peurs ou accuser notre conjoint actuel (ou la société entière) d’être responsable de notre détresse alors que ces états nous habitent profondément depuis notre petite enfance, fait en sorte que nous ne reconnaissons pas les vraies raisons de nos difficultés. En fait, c’est ici où tout commence, où débute le véritable changement, lorsque nous sommes réellement prêts à aborder notre passé. Ces vécus d’enfance responsables de nos problèmes actuels.

    Se mettre en action

    Pour changer, il faut apprendre à se mettre en action en ayant comme motivation profonde et unique la construction de notre nouveau moi. Se prendre en main grâce à l’accompagnement d’un témoin lucide et compatissant. Un accompagnateur engagé sur le plan émotif qui pourra nous faire progresser étape par étape vers une pleine conscience de notre passé et des émotions qui s’y rattachent. En fait, les personnes qui cheminent le plus sont celles qui arrivent à comprendre leur passé et à reconnaître les mécanismes d’évitement qu’ils utilisent. Car sont ces mécanismes qui bloquent tout le processus de changement.

    À la lecture de cet énoncé, je sais que la majorité d’entre vous ressentira un malaise, un sentiment de vouloir reculer, un vertige qui motive à ne pas aller dans cette direction, celle de son vécu d’enfance qui implique nécessairement la responsabilité de nos parents. Et cela est normal. Plusieurs raisons nous amènent à ne pas vouloir ouvrir cette porte et faire la lumière sur notre passé familial. Car malgré toutes nos difficultés d’enfance, nous avons souvent su garder le lien avec nos parents vieillissants, construire une relation « pour le meilleur et pour le pire ». Nous nous efforçons de maintenir ce lien coûte que coûte.

    Cette peur de lever le voile sur notre enfance est réelle. Plusieurs ne seront jamais prêts à faire toute la lumière sur leur passé car ils croient que cela ne fera qu’empirer la situation. Plusieurs se disent : « En plus de reconnaître toute la souffrance passée, de ressentir toute la détresse qu’elle fera rejaillir, je ferai du mal à mes parents en les accusant ? Non merci. Moi, j’ai décidé de passer l’éponge, de tourner le dos à mon passé et de regarder vers l’avenir ! De toute façon, on ne peut pas changer le passé ! »

    Ce type de réflexion est bien légitime, mais nous nous trompons lorsque nous pensons ainsi. Car faire la lumière sur nos blessures d’enfance, les revivre émotivement et les comprendre est la seule et unique façon de faire la paix avec ce passé. Cette démarche est la seule qui nous reconstruit et change notre vie à long terme.

    Un cadeau mal emballé

    Nous avons tous des peurs et cela est normal. Mais nous devons arriver à comprendre que nos peurs sont en fait des cadeaux mal emballés. Elles nous montrent la direction que nous devons prendre pour enfin vivre un changement vers une vie plus harmonieuse. Nier nos peurs ne fait que reporter à plus tard ce projet de vie, celui d’être heureux. Mais nous voyons souvent les personnes qui ont peur comme des êtres fragiles qui ne savent pas garder leur « sang-froid » devant telle ou telle situation. Mais cela est tout le contraire.

    Les personnes apeurées qui se laissent toucher par leurs émotions sont beaucoup mieux adaptées que celles qui les évitent. Pour arriver à un mieux-être, il est nécessaire de s’ouvrir à soi et de ressentir, démystifier ce que nous sommes, ouvrir notre pleine conscience à nos émotions et vécus difficiles, accepter notre vulnérabilité et notre fragilité. Pour grandir, il faut accepter l’enfant en nous, le ressentir émotivement, s’émouvoir et être compatissant face à ce petit être vulnérable et dépendant qui a besoin de l’autre. En somme, pour changer, il faut trouver sa vraie nature, car « le vrai » apaise et libère.

    C’est donc ce que je vous souhaite en lisant ce livre. Par les écrits, je ne prétends pas vous livrer une « recette miracle », loin de là, mais je suis persuadé que les idées de ce texte alimenteront votre prise de conscience de vous-même ainsi que des gens que vous aimez. Êtes-vous prêts ? Vous êtes là en train de lire ces lignes, vous avez choisi de prendre ce livre et d’ouvrir les pages. Alors, allons-y ensemble.

    On reconnaît la valeur d’un individu à l’amour qu’il porte à ses enfants.

    Nous avons tous une personnalité qui nous distingue, des réactions émotives, des façons de penser et des comportements qui nous sont propres et qui composent notre individualité. Certains d’entre nous sont plutôt extravertis, confiants, et expriment leurs émotions aisément. D’autres sont plutôt introvertis, réservés, observateurs et peu expressifs. En fait, la personnalité que nous avons s’observe par un ensemble de réactions liées à nos émotions, nos perceptions et nos agissements qui s’activent lorsque nous sommes en interaction avec les autres.

    Heureusement, nous n’affichons pas tous la même personnalité, tels des robots ayant la même programmation. Chaque individu à sa propre personnalité. Et c’est ce qui met de la couleur dans notre vie. D’ailleurs, il n’est pas rare que nous soyons attirés par des individus qui affichent une personnalité différente de la nôtre, parfois même opposée. Comme si être en contact avec des façons différentes de s’émouvoir, de penser et d’agir nous permettait d’apprendre à acquérir ces traits, d’élargir notre répertoire comportemental dans le but de mieux s’adapter aux différentes situations qui se présentent à nous. Par exemple, une personne timide peut avoir un certain bénéfice à observer un extraverti agir avec confiance dans différentes situations à risque. Cependant, l’extraverti aura également un avantage à réaliser que la retenue exprimée par l’introverti en situation délicate peut présenter plusieurs avantages. En fait, nous sommes naturellement motivés à acquérir un éventail de réactions des plus diversifiées nous permettant d’être les plus aptes possibles à faire face à toutes éventualités. Regardez autour de vous et vous constaterez souvent ces attirances de personnalités opposées. Tels des aimants qui s’attirent, nos relations sont continuellement soumises à cette force attractive d’opposition.

    Nous avons avantage à apprendre des autres, de leurs différentes façons de penser et de ressentir, car cela favorise notre adaptation. Dans la perspective de notre passé ancestral très lointain, nos ancêtres qui affichaient un éventail élargi de traits de personnalité ont probablement bénéficié d’une espérance de vie plus étendue que ceux restreints par des réactions clivées et stéréotypées. Pour assurer la survie en temps de chasse devant l’animal affaibli, il était opportun de passer à l’action (extraversion), tandis que devant l’animal vigoureux et agressif, il valait mieux battre en retraite (introversion). Autrement, fuir la proie affaiblie ou attaquer celle qui est forte et vigoureuse prédisposait davantage à la mort du chasseur.

    Les différentes personnalités

    (Chapitre 1)

    Il est difficile de classer les personnalités des gens même si des outils d’évaluation sont utilisés depuis plusieurs années¹. Ces tests sont souvent utilisés en recherche, car ils offrent des qualités psychométriques montrant la stabilité des traits de personnalité dans le temps. Cependant, d’un point de vue clinique, nous pouvons nous référer à d’autres observations qui nous permettent d’apprécier certaines grandes tendances ou profils de personnalité. Dans le présent ouvrage, j’adopterai davantage une perspective clinique basée sur des observations directes et des connaissances théoriques en psychologie du développement. Les grands modèles théoriques de Freud, Erikson, Bowlby et Piaget m’ont amené à définir certains profils de personnalité, comment ces profils se développent et comment il est possible de les modifier. Je n’ai toutefois pas la prétention de catégoriser toutes les personnalités en détail, mais je peux néanmoins donner quelques pistes de réflexion nous aidant à connaître les tendances de personnalité de chacun et leurs effets sur leur entourage. En fait, il est possible de définir au moins quatre grands profils de personnalité, quatre tendances de réaction émotive, perceptive et comportementale, trois d’entre eux étant plutôt problématiques.

    Le profil adapté

    Une première tendance est le profil adapté. Les individus qui ont une personnalité adaptée ont généralement des émotions stables, perçoivent la réalité de manière juste et se comportent généralement de façon à respecter ce qu’ils ressentent et pensent. Ils ont de bonnes capacités d’interaction, sont agréables, sympathiques et souvent populaires. Un trait particulier des personnalités adaptées est qu’elles sont prévisibles et stables. Elles réagissent de façon adéquate aux différents imprévus en manifestant des émotions plutôt positives. Leur perception de la réalité est juste, car elles ne sont pas envahies par de fortes émotions incontrôlables ou par des mécanismes de défense qui biaisent leurs évaluations des situations.

    Les trois autres profils de personnalité sont plus problématiques car ils impliquent généralement une plus grande instabilité émotive, une perception biaisée de la réalité et des comportements

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