Rabell Falls

Par Clara Ann Simons

Après une enfance difficile et dépourvue de tout soupçon d'amour, la froide et calculatrice Julia Cooper retourne dans la petite ville de Rabell Falls dans les montagnes du Vermont pour détruire le dernier souvenir de son enfance.
Pour Kate Griffin, l'hôtel de campagne que sa famille possède au bord du lac, c'est toute sa vie. Affable et confiante, elle fait tout son possible pour préserver l'écosystème de la région et maintenir les caractéristiques de l'hôtel.
Les deux femmes ne pourraient pas être plus différentes. Le problème, c'est que la motivation qui anime chacun d'elles est aussi la même et que leur rencontre fait revivre des souvenirs anciens et oubliés.
Découvrez l'histoire de Julia et Kate dans ce roman d'amour où toutes deux devront faire des sacrifices pour obtenir ce qu'elles désirent.
L'ouvrage décrit certaines scènes de sexe explicites.

• Langue: Français
• Éditeur: Clara Ann Simons
• Date de sortie: 30 janv. 2022
• ISBN: 9798201736583

Aperçu du livre

Rabell Falls

Roman lesbien

Clara Ann Simons

Copyright © 2021 par Clara Ann Simons.

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Tous les personnages, les situations entre eux et les événements qui apparaissent dans le livre sont totalement fictifs. Toute ressemblance avec des personnes, vivantes ou mortes, ou des événements est purement fortuite.

L'ouvrage décrit certaines scènes de sexe explicites, il n'est donc pas recommandé aux personnes de moins de 18 ans ou d’un âge inférieur à l’âge légal du pays du lecteur, ou si les lois du pays du lecteur ne le permettent pas.

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Indice

Si j'avais des amis, ils m'appelleraient Jules

Le lac est ma vie

Le foutu hôtel

Petite Julie

En pensant à elle

C'est enfin le mien

Penser à Kate

Liberté

Dans le lac

C'est peut-être le destin

Ce n'est plus notre hôtel

J'ai besoin de Kate

Trahison

Sans explication

Je ne m'en soucie plus

Désolation

Laisse-moi m'excuser

Si j'avais des amis, ils m'appelleraient Jules

Julia supprima le message et éteignit l'écran du téléphone portable. Elle pouvait presque admirer la persévérance et la ténacité de ses parents : il serait logique, après qu’elle fut partie depuis longtemps, qu’on ne sache plus quoi faire pour la retrouver. Eux, en revanche, avaient continué à essayer, changeant même leur numéro de téléphone.

N'était-il pas assez clair qu'elle ne voulait rien savoir d'eux ? Après tout, ses parents n'avaient jamais rien voulu savoir de sa vie, surtout après le divorce. Elle n'était plus la petite Julia de douze ans qui s'enfermait dans la salle de bain en pleurant pendant que ses parents se disputaient et se criaient dessus comme s'ils étaient fous. Elle était désormais une femme adulte totalement indépendante.

Elle l'avait été dès son plus jeune âge. Après le divorce, le manque d'attention de ses parents et les allers-retours incessants entre leurs deux maisons et celle de sa grand-mère, qui changeaient presque chaque année de lycée, l'avaient fait mûrir très vite. Peut-être trop.

« Allez vous faire foutre ! » s'exclama-t-elle dans un murmure, alors qu’elle vérifiait les chiffres de sa prochaine acquisition avant d'appeler son bras droit de l'entreprise.

Mark Troy était devenu un élément presque fondamental de l'entreprise, même s'il était parfois difficile pour Julia de l'accepter. Presque aussi ambitieux qu'elle, cela ne le dérangeait pas de passer des heures et des heures à analyser les données financières interminables des entreprises qui seraient sa cible, d’en préparer une version plus digestible afin de les présenter aux investisseurs de la manière la plus attrayante possible.

Mark était ce que le monde financier appelait un « quant », quelqu'un qui était capable d'utiliser des modèles mathématiques pour obtenir un léger avantage sur ses concurrents, et Julia n'avait jamais travaillé avec un meilleur quant que lui.

—Tout a été analysé, Julia, annonça fièrement Mark dès son entrée dans le bureau. 

—De combien de licenciements parlons-nous ? demanda Julia, le regard rivé sur l'immense fenêtre de son bureau au cœur du quartier financier de Boston.

—Pour environ quatre-cents, nous devrons négocier avec les syndicats, mais pour le moment ils nous voient presque comme des héros qui viennent sauver leur navire à la dérive, admit Mark.

—Eh bien, organisez une réunion avec des investisseurs potentiels dans une semaine, je serai absente quelques jours, annonça Julia. Et s'il vous plaît, Mark, je veux que tous les chiffres correspondent parfaitement et que chaque investisseur reçoive un dossier en couleur avec la proposition, vous savez combien les investisseurs vautours aiment les graphiques.

—Et qu'on négocie les licenciements pour eux, ajouta le mathématicien presque comme un robot.

Mark n'était pas vraiment un mathématicien : il avait un doctorat en physique quantique d'une université prestigieuse, mais presque tout le monde dans l'entreprise l'appelait « le mathématicien » ou simplement « le quant ». Son travail d'analyse de données financières lui avait valu un salaire bien supérieur à ce qu'il gagnerait en enseignant dans n'importe quelle université ou en travaillant comme chercheur, et bien que Julia n'ait jamais cessé de lui demander s'il aimait ça, il ne l'avait même pas envisagé.

—Julia, autre chose, ajouta Mark avant de quitter le bureau.

—Dis-moi.

—J'ai pensé à cet hôtel de campagne dans le Vermont que vous comptez acheter et je ne le comprends toujours pas. Je suis désolé, je ne doute pas de votre flair pour les opérations financières, vous nous avez fait faire beaucoup de chemin, mais peu importe le nombre de simulations que je fais, cela ressemble toujours à une entreprise qui n'est pas à la hauteur du reste de nos acquisitions, reconnut le quant en baissant les yeux.

—J'ai mes raisons, préparez simplement les chiffres que je vous ai demandés et assurez-vous que les propositions des studios d'architecture pour remodeler l'hôtel seront prêtes la semaine prochaine. Je m'occupe du reste, j'irai là-bas demain pour l'analyser sur place, répondit Julia très sérieusement.

Une fois que Mark eut quitté le bureau et qu’elle se retrouva seule, Julia ne put s'empêcher de réfléchir à l'acquisition du petit hôtel de campagne, toujours sans détourner le regard de la fenêtre. Le lendemain, elle partirait pour Rabell Falls, une petite ville de l'État du Vermont, pour raser chaque pierre de cet hôtel rural et le transformer en un centre de congrès miniature moderne afin que les entreprises et les hipsters fortunés puissent se retirer au bord du lac en saison de ski.

Elle reconnaissait que Mark avait raison. Il avait frappé dans le mille avec son commentaire sur l'acquisition, c'était vrai que l’hôtel n'était pas au même niveau que le reste de ses opérations normales, loin de là. Cependant, il ne s'agissait en aucun cas d'une opération de routine ; c'était quelque chose de personnel, comme lorsqu'elle avait racheté l'entreprise où travaillait son père il y avait trois ans pour la fermer. Cette fois-là, ils avaient à peine réussi à couvrir les dépenses et pas grand-chose d'autre, avec la colère conséquente de l'un des investisseurs vautours avec lesquels ils travaillaient.

Au moins, dans ce cas, le petit hôtel rural de Rabell Falls signifiait un investissement suffisamment petit pour pouvoir l'assumer avec les fonds propres de son entreprise, sans avoir besoin d'investisseurs extérieurs.

Ce petit hôtel était le dernier obstacle qui lui restait pour rompre avec son passé ; une fois qu'elle en aurait fini avec lui, il n'y aurait plus rien pour lui rappeler la Julia frêle et effrayée d'il y a des années. Pas ses parents.

Et de tous ses souvenirs de quand elle était enfant, ce foutu hôtel avait été une épine en elle pendant de nombreuses années. Elle détestait cet hôtel de toutes ses forces. 

Elle se souvenait de cet été fatidique lorsque, encore enfant, elle avait accompagné ses parents pendant une semaine de vacances dans un petit hôtel au bord d'un lac de la ville de Rabell Falls, dans l'État du Vermont. C'était soi-disant l'occasion d'arranger les choses entre eux, même si cela avait fini par être l’événement déclencheur qui mettrait fin à leur mariage. Il est plus que probable que ce mariage était déjà mortellement blessé, mais à partir de ces vacances, tout s'était précipité trop vite.

De ses souvenirs de cet été, elle n'avait gardé que des cris et encore des cris, des pleurs, de la frustration, du désespoir. Le sentiment d'être la fille que personne ne voulait. Elle détestait cet hôtel de toute son âme.

L'alarme du téléphone sonna soudainement, la tirant de ses pensées, et avec un soupir elle se souvint qu'elle rencontrait Jacob Harmon pour le déjeuner.

Ayant maintenant dépassé l'âge de la retraite, Harmon était une sorte de légende dans le monde des investisseurs, craint et idolâtré dans une égale mesure parmi ses pairs et ses concurrents. Malgré la différence d'âge, il était la personne la plus proche d'être une amie pour Julia.

Peu de temps après avoir terminé ses études collégiales, il avait reconnu le potentiel de cette jeune femme qui passait des heures et des heures à travailler sans se soucier de rien d'autre dans la vie. C'est alors qu'il l’avait prise sous son aile et était devenu son mentor, c'est lui qui lui avait appris à canaliser la colère, la frustration et la haine qu'elle portait en elle et à les transformer en quelque chose de productif. Le vieux renard lui avait révélé de précieuses ficelles du métier et avait fait d'elle ce qu'elle était aujourd'hui, devenant encore plus riche dans le processus.

—Désolée, Jacob, je suis un peu en retard, tu sais que nous préparons une acquisition majeure, s'excusa-t-elle en arrivant à la