Un prince cruel: Le sang en héritage
Par Sophie Lark
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À propos de ce livre électronique
Il n'a rien d'un prince charmant...
Callum Griffin est l'héritier de la mafia irlandaise. Il est impitoyable, arrogant, et il veut me tuer.
Nous sommes partis du mauvais pied, tous les deux, quand j'ai allumé un (tout petit) feu dans sa maison.
Nos familles estiment qu'un pacte nuptial est le seul moyen d'empêcher une guerre ouverte.
Je crois que je vais devoir l'assassiner dans son sommeil.
Ce serait bien plus facile si Callum n'était pas aussi beau.
Mais je protège mon cœur dans une boîte fermée à double tour. Parce que même si je suis forcée de l'épouser...
Je ne pourrais jamais aimer un prince cruel.
* * *
Un prince cruel est le premier acte explosif de la saga épique Le sang en héritage. C'est une romance dark sur fond de mafia avec une fin heureuse, qui peut se lire indépendamment des autres tomes et ne se termine pas sur un suspense.
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Aperçu du livre
Un prince cruel - Sophie Lark
1
AIDA GALLO
Les feux d’artifice explosent juste au-dessus du lac, en suspens dans le ciel clair de la nuit, puis retombent en des nuages scintillants qui se posent sur l’eau.
Mon père tressaille à la première déflagration. Il n’aime pas les choses trop bruyantes ou inattendues. C’est pour ça que je lui tape sur les nerfs parfois ; je peux être les deux, même quand j’essaie de bien me tenir.
Je vois son froncement de sourcils illuminé d’une lumière bleue et dorée. Ouaip, clairement la même expression que lorsqu’il me regarde.
— Tu veux qu’on mange à l’intérieur ? propose Dante.
C’est une nuit chaude, nous sommes tous assis sur la terrasse. Chicago n’est pas comme la Sicile, il faut saisir l’opportunité de manger dehors dès qu’elle se présente. Pourtant, si on oublie les bruits de la circulation en contrebas, on pourrait croire qu’on est dans un vignoble italien. La table est installée avec les poteries en grès rustiques ramenées du vieux pays trois générations plus tôt, et la pergola au-dessus de nous est recouverte par les épaisses grappes de raisin framboise que papa a plantées pour faire un peu d’ombre. On ne peut pas faire de vin avec, mais au moins les raisins sont bons pour la confiture.
Mon père secoue la tête.
— On est très bien ici, répond-il sèchement.
Dante grommelle et se remet à mâcher son poulet. Il est si costaud que sa fourchette paraît bien trop petite dans sa main. Il mange toujours comme s’il était affamé, voûté sur son assiette.
Il est le plus âgé, donc il est assis à la droite de mon père. Nero est sur la gauche, avec Sebastian près de lui. Je suis en bout de table, là où serait ma mère si elle était toujours en vie.
— C’est quel jour férié ? demande Sebastian après qu’une autre tournée de feux d’artifice est propulsée dans les airs.
— Ce n’est pas un jour férié. C’est l’anniversaire de Nessa Griffin, lui dis-je.
Le domaine grandiose des Griffin se trouve juste au bord du lac, au cœur du district de Gold Coast. Ils lancent les feux d’artifice pour s’assurer que tout le monde en ville sache que leur petite-fille organise une fête. Comme s’ils n’en avaient déjà pas fait la promotion du genre combinaison des JO et des Oscars.
Sebastian n’en sait rien parce qu’il se fiche de tout ce qui n’est pas lié au basket. C’est le plus jeune de mes frères et le plus grand. Ça lui paie toutes ses études à Chicago State et il est assez bon pour que, lorsque je lui rends visite sur le campus, les filles le dévisagent et gloussent où qu’il aille. Parfois, elles rassemblent leur courage et lui demandent de signer leurs T-shirts.
— Comment ça se fait qu’on n’ait pas été invités ? lance Nero d’un ton sarcastique.
Nous ne sommes pas invités parce qu’on ne peut pas les sacquer, et vice versa.
La liste des conviés a été minutieusement composée, de mondains, de politiciens et de toute personne choisie pour son utilité ou son cachet. Je doute que Nessa connaisse même un seul d’entre eux.
Non pas que je pleurerai pour elle. J’ai entendu que son père avait engagé Demi Lovato pour un concert. Ce n’est pas Halsey, mais c’est pas mal quand même.
— Quelles sont les nouvelles de la tour d’Oak Street ? demande mon père à Dante tout en coupant lentement et méticuleusement son poulet au parmesan.
Il sait déjà comment ça se passe, parce qu’il traque les moindres actions de Gallo Construction. Il ne fait que changer de sujet parce que penser aux Griffin qui sirotent du champagne et négocient des marchés avec la haute société de Chicago l’agace.
Je n’en ai rien à faire de ce que foutent les Griffin. C’est juste que je n’aime pas quand les gens s’amusent sans moi.
Donc, pendant que mon père et Dante papotent au sujet de la tour, je marmonne à l’intention de Sebastian :
— On devrait y aller.
— Où ? demande-t-il sans se rendre compte de rien et avalant un grand verre de lait.
Nous autres buvons du vin. Sebastian essaie de rester au sommet de sa forme pour ses dribbles et ses abdos, ou n’importe quelle autre connerie que son équipe d’ogres dégingandés pratique lors des entraînements.
— On devrait aller à la fête, dis-je en gardant une voix basse.
Nero lève tout de suite la tête. Il est toujours là pour les ennuis.
— Quand ? s’enquiert-il.
— Juste après le dîner.
— On n’est pas sur la liste, proteste Sebastian.
— Seigneur, répliqué-je en levant les yeux au ciel. Parfois, je me demande si tu es vraiment un Gallo. Tu crains de traverser en dehors des clous, aussi ?
Mes deux grands frères sont de vrais gangsters. Ils gèrent le côté plus « salissant » des affaires familiales. Mais Sebastian pense entrer dans la NBA. Il vit dans une tout autre réalité que le reste d’entre nous. Il essaie d’être un bon garçon, un citoyen respectueux de la loi.
Pourtant, il est le plus proche de moi en âge, et probablement mon meilleur ami, même si j’adore tous mes frères. Il se contente de me sourire et de lancer :
— Je viens, c’est ça ?
Dante nous jette un regard sévère. Il parle encore à notre père, mais il sait qu’on mijote quelque chose.
Après notre poulet, Greta nous amène de la panna cotta. Elle est notre gouvernante depuis à peu près une centaine d’années. C’est ma seconde personne préférée au monde, après Sebastian. Elle est belle, et bien en chair, avec plus de gris que de roux dans ses cheveux.
Elle m’a préparé la mienne avec des framboises parce qu’elle sait que je n’aime pas les graines, et elle se fiche que je sois pourrie gâtée. Je prends sa tête entre mes mains et lui embrasse la joue alors qu’elle pose mon assiette devant moi.
— Tu vas me faire renverser mon plateau, dit-elle en essayant de me faire lâcher.
— Tu n’as jamais renversé de plateau de ta vie, rétorqué-je.
Mon père met une putain d’éternité à manger son dessert. Il sirote son vin et radote encore et encore sur le syndicat des ouvriers électriciens. Je jure que Dante fait exprès de le faire traîner pour nous rendre dingues. Lorsque nous avons ces dîners formels à table, papa s’attend à ce que nous restions jusqu’à la toute fin. Pas de portable autorisé non plus, ce qui est de la torture parce que je peux sentir le mien vibrer encore et encore dans ma poche, des messages de Dieu-seul-sait qui. Avec un peu de chance, pas d’Oliver Castle.
J’ai rompu avec lui trois mois plus tôt, et il n’a toujours pas saisi le message. S’il n’arrête pas de m’énerver, il pourrait recevoir un maillet en pleine tête.
Papa finit enfin de manger et nous rassemblons et empilons tous autant d’assiettes et de plats que possible dans l’évier pour Greta.
Mon père part ensuite dans son bureau pour un dernier verre, tandis que Sebastian et Nero se faufilent avec moi au rez-de-chaussée.
Nous avons le droit de sortir le samedi soir. Nous sommes tous adultes après tout, tout juste, en ce qui me concerne. Nous ne voulons pas qu’il demande où nous allons.
On s’entasse dans la voiture de Nero parce que c’est une Chevrolet Bel Air de 1957 et que ce sera plus amusant de rouler avec la capote baissée.
Mon frère démarre. Dans la lumière des phares, nous distinguons la silhouette massive de Dante se tenant juste devant nous, les bras croisés, ressemblant à Michael Myers sur le point de nous assassiner.
Sebastian sursaute et pousse un petit cri.
— Tu bloques la voiture, déclare Nero d’un ton sec.
— C’est une mauvaise idée, lance Dante.
— Pourquoi ? dit l’autre d’un ton innocent. On ne va faire qu’un tour en voiture.
— Ah ouais ? Un tour sur Lake Shore Drive ?
Il ne bouge pas et Nero change alors de tactique.
— Qu’est-ce que ça fait ? Ce ne sont que les 16 ans d’une gamine.
— Nessa a 19 ans, le corrigé-je.
— 19 ?
Il secoue la tête d’un air dégoûté.
— Alors pourquoi est-ce qu’ils… ? Peu importe. Probablement un truc stupide d’Irlandais. Ou un prétexte pour se la péter.
— Est-ce qu’on peut y aller ? demande Sebastian. Je ne veux pas rentrer tard.
— Monte ou dégage de notre route, lancé-je à Dante.
Il nous dévisage pendant une minute, puis hausse les épaules.
— Très bien, dit-il enfin. Je prends la place du mort.
Je grimpe sur le siège arrière sans protester, le laissant monter devant. Un petit prix à payer pour que mon frère participe à notre tapage d’incruste en soirée.
Nous roulons sur LaSalle Drive, appréciant l’air chaud de ce début d’été filtrant dans l’habitacle. Nero a le cœur noir et un tempérament vicieux, mais ça ne se voit pas à sa façon de conduire. Dans la voiture, il est aussi doux que des fesses de bébé. Calme et prudent.
Peut-être parce qu’il adore cette Chevrolet et qu’il a passé un millier d’heures à travailler dessus. C’est sans doute parce que conduire est la seule chose qui le détend. J’aime le regarder, son bras tendu sur le volant, le vent soufflant dans ses cheveux lisses et brillants, les yeux à moitié fermés comme ceux d’un chat.
On n’est pas loin de Gold Coast. En fait, on est pratiquement voisins. Nous vivons dans le quartier d’Old Town, qui se trouve au nord. Néanmoins, les deux quartiers n’ont pas grand-chose en commun. Ils sont tous les deux chics, d’une certaine façon. Notre maison donne sur Lincoln Park, leurs entrées vers le lac. Mais Old Town est, eh bien, comme le nom l’indique, sacrément vieillotte. On vit près de l’église de Saint-Michel, et mon père croit sincèrement qu’elle a échappé au Grand incendie de Chicago grâce à Dieu.
Gold Coast est le nouveau coin chaud. Il n’y a que des conneries de commerces, des restos, et les manoirs des enfoirés les plus riches de la ville. J’ai l’impression d’avoir fait un bond de trente ans rien qu’en roulant jusqu’ici.
Sebastian, Nero et moi pensions nous faufiler par l’arrière de la propriété des Griffin, peut-être en volant des uniformes de traiteur. Dante, bien sûr, ne participe pas à ce genre de merdes. Il glisse simplement cinq billets à l’effigie de ce bon vieux Benjamin Franklin à l’un des gardes en charge de la sécurité dans le but de « trouver » notre nom sur la liste, et le type nous fait signe d’entrer.
Je sais déjà à quoi ressemble la maison des Griffin avant même de l’avoir vue, car elle a fait les gros titres il y a quelques années quand ils l’ont achetée. À l’époque, c’était le bien immobilier résidentiel le plus cher de tout Chicago. Mille quatre cents mètres carrés pour la bagatelle de vingt-huit millions de dollars.
Mon père avait ricané et lancé que c’était bien le genre des Irlandais d’étaler leur argent.
« Un Irlandais en costume à mille deux cents balles sans avoir l’argent dans ses poches pour se payer une pinte ! ».
Que cette remarque soit vraie ou non, les Griffin peuvent acheter plein de pintes s’ils en ont envie. Ils ont de l’argent à cramer, ce qu’ils sont en train de faire en ce moment même avec des feux d’artifice, qui feraient passer Disney World pour des petits joueurs.
Je me fiche bien de ça. La première chose que je veux, c’est une coupe de champagne hors de prix apportée par des serveurs, suivie par ce qu’ils ont empilé en forme de tour sur la table du buffet. Je vais faire de mon mieux pour ruiner ces connards prétentieux en mangeant mon poids en pinces de crabe et caviar avant de me tirer.
La fête est donnée à l’extérieur, sur la large étendue verte servant de jardin. C’est la nuit parfaite pour ça, et c’est une preuve supplémentaire de la chance de ces Irlandais. Tout le monde rit et parle, s’empiffrant et dansant un peu, sans Demi Lovato sur scène, juste un DJ classique.
Je suppose que j’aurais probablement dû me changer. Je ne vois pas une seule fille qui n’est pas en robe de soirée scintillante et talons. Ça aurait été sacrément chiant sur l’herbe molle, je suis contente de ne porter qu’un short et des sandales.
J’aperçois Nessa Griffin, entourée de gens qui la félicitent pour sa réussite : être restée vivante jusqu’à ses 19 ans. Elle porte une jolie robe d’été couleur crème, simple et bohème. Ses cheveux châtain clair sont détachés et tombent sur ses épaules, elle a le teint un peu hâlé, avec quelques taches de rousseur en plus sur le nez, comme si elle avait passé toute sa matinée au lac. Elle rougit sous leurs attentions, elle a l’air douce et heureuse.
De tous les Griffin, elle est la meilleure. Nous sommes allées au même lycée. Nous n’étions pas forcément les meilleures amies du monde, puisqu’elle a un an de moins que moi et qu’elle est un peu sainte-nitouche. Mais elle avait l’air assez sympa.
Sa sœur, en revanche…
Je peux voir Riona juste là, incendiant une serveuse jusqu’à ce que la pauvre fille fonde en larmes. Riona Griffin porte une de ces robes fourreaux raides et ajustées, du genre qu’on porterait durant une conférence, pas pour une fiesta en extérieur. Ses cheveux sont remontés encore plus strictement que sa robe. Je ne connais personne qui porte si mal les cheveux roux flamboyant. C’est comme si la génétique avait essayé de la rendre amusante, et qu’elle avait répondu « Hors de question que je passe un putain de moment de ma vie à m’éclater, non merci. »
Elle examine au crible les invités. Je tourne les talons pour remplir mon assiette avant qu’elle me surprenne.
Mes frères se sont séparés dès que nous sommes arrivés. Je peux voir Nero flirter avec une jolie blonde sur la piste de danse. Dante a trouvé le chemin du bar, il ne va pas boire un truc de gonzesse tel que le champagne. Sebastian a disparu, ce qui n’est pas si simple quand on mesure deux mètres. Je suppose qu’il a croisé des gens qu’il connaît ; tout le monde l’apprécie, il a des amis partout.
En ce qui me concerne, je dois faire pipi.
Je peux voir que les Griffin ont fait installer des toilettes extérieures tout au fond de la propriété, protégées par un léger auvent. Je ne vais pas pisser dans un pot portable, même s’il est chic. Je vais faire ça dans une vraie salle de bain Griffin, là où ils posent leurs derrières blancs comme des lys.
Mon initiative requiert un peu de stratégie. Ils ont plus de sécurité autour de l’entrée de la maison, et je suis un peu raide niveau cash pour faire des pots-de-vin. Après avoir mis une serviette sur mon épaule et volé un plateau abandonné par une serveuse qui pleurniche, tout ce que j’ai à faire, c’est le charger de quelques verres vides et me faufiler directement par la cuisine de service.
Je lâche la vaisselle dans l’évier comme une bonne petite employée puis me glisse dans la maison.
Saint Jiminy Crickets, c’est une baraque vraiment sympa. Je sais qu’on est censés être des ennemis mortels, mais j’ai le droit d’aimer un endroit décoré bien mieux que tout ce que j’ai pu voir dans les émissions de déco du pays, voire celles en-dehors du pays.
C’est plus simple que ce à quoi je m’attendais. Tout en crème, murs lisses et bois naturel, un mobilier bas et moderne, des luminaires de style industriel.
Il y a beaucoup de vraies œuvres d’art, d’ailleurs. Des peintures qui ressemblent à des blocs de couleur et des sculptures qui ne sont que des formes. Je ne suis pas une béotienne, je sais que ce tableau est soit un Rothko, soit censé y faire penser. Mais je sais aussi que je ne serais pas capable de rendre une maison si jolie, même si j’avais cent ans devant moi et un budget illimité.
Bon, je suis contente de m’être faufilée ici pour faire pipi.
J’ai trouvé la salle de bain la plus proche au bout du couloir. Sans surprise, elle baigne dans le luxe. Du savon lavande adorable, des serviettes douces et pelucheuses, de l’eau qui sort du robinet à la température parfaite, ni trop chaude ni trop froide. Qui sait, je suis peut-être la première personne à mettre les pieds ici. Les Griffin ont probablement leur propre salle de bain privée, chacun. En fait, en étant pompettes ils pourraient se perdre dans ce labyrinthe.
Une fois que j’ai fini, je sais que je devrai retourner dehors. J’ai eu ma petite aventure, ça ne sert à rien de tirer sur la corde.
Au lieu de ça, je me retrouve en haut du large escalier tournant vers l’étage supérieur.
Le rez-de-chaussée était trop formel et aseptisé, telle une maison témoin. Je veux voir où ces gens vivent vraiment.
À gauche du palier, je trouve une chambre qui doit appartenir à Nessa. Elle est douce et féminine, remplie de livres, d’animaux en peluche et de matériels de peinture. Il y a un ukulélé sur la table de nuit, et plusieurs paires de sneakers jetées à la hâte sous le lit. Les seules choses qui ne sont pas impeccables ou nouvelles sont les chaussons de danse classique suspendus par des rubans. Ils sont plutôt abîmés, avec des trous dans le satin au niveau des orteils.
De l’autre côté de la chambre de Nessa se trouve une autre qui appartient probablement à Riona. Elle est plus grande et ordonnée. Je ne vois pas de preuve d’un quelconque hobby, juste de belles aquarelles asiatiques accrochées aux murs. Je suis déçue de ne pas tomber sur de vieux trophées ou des médailles sur leurs étagères. Riona semble être de ce genre.
Après les chambres des filles se trouve la chambre parentale. Je n’irai pas là. Il y a une sorte de ligne à ne pas franchir lorsqu’on entre en douce chez les autres.
Je tourne donc à l’opposé et me retrouve dans une grande bibliothèque.
Voilà, ça, c’est le genre de truc mystérieux que je cherchais.
Que lisent les Griffin ? Est-ce qu’on parle juste de classiques reliés de cuir, ou sont-ils des fans d’Anne Rice qui ne s’assument pas ? Il n’y a qu’un seul moyen de le découvrir…
On dirait bien qu’ils préfèrent les biographies, les volumes sur l’architecture, et, oui, tous les classiques. Ils ont même une section dédiée aux auteurs irlandais célèbres comme James Joyce, Jonathan Swift, Yeats et George Bernard Shaw. Pas d’Anne Rice, mais ils ont Bram Stoker, au moins.
Oh, là, ils ont même un exemplaire signé des Gens de Dublin de Joyce. Je me fiche de ce que tout le monde dit, personne ne comprend vraiment ce putain de livre. Les Irlandais sont à fond dessus, prétendant que c’est un chef-d’œuvre de la littérature, alors que je suis presque sûre que ce n’est que du charabia.
En plus des étagères recouvrant les murs du sol au plafond, la bibliothèque est remplie de fauteuils en cuir rembourrés, dont trois autour d’une grande cheminée en pierre. Malgré le temps chaud, il y a un feu qui crépite derrière la grille. Ce n’est pas un radiateur à gaz, il s’agit d’un vrai feu avec des bûches de bouleau qui brûlent et sentent bon. Au-dessus des flammes se dresse le tableau d’une jolie femme, avec plusieurs objets rangés le long du manteau, dont une pendulette d’officier et un sablier. Entre les deux se trouve une vieille montre à gousset.
Je la prends. Elle est étonnamment lourde dans ma paume, le métal est chaud. Je ne peux pas dire si c’est du cuivre ou de l’or. Une partie de la chaîne est toujours attachée, mais elle a l’air d’avoir été coupée à la moitié de sa longueur d’origine. Le boîtier est gravé et dédicacé, si abîmé que je ne peux pas dire ce qu’il y avait de dessiné. Je ne sais pas non plus comment l’ouvrir.
Je triture le mécanisme quand j’entends du bruit dans le couloir, un léger tintement. Je glisse la montre dans ma poche et me cache derrière un des fauteuils, le plus proche du feu.
Un homme entre dans la bibliothèque. Grand, cheveux châtains, environ trente ans. Il porte un costume parfaitement taillé et est extrêmement soigné. Si beau que c’en est saisissant. À tel point qu’il vous pousserait d’un canot de sauvetage s’il n’y avait pas assez de place. Ou peut-être si vous avez oublié de vous brosser les dents.
Je n’ai jamais rencontré ce type auparavant, cependant je suis presque sûre qu’il s’agit de Callum Griffin, le plus âgé de la fratrie. Ce qui veut dire que c’est juste la pire personne qui pouvait me tomber dessus.
Malheureusement, il a l’air de vouloir rester là un moment. Il s’assoit sur un fauteuil presque directement en face de moi et se met à lire ses mails sur son téléphone. Il a un verre de whisky dans la main, qu’il sirote. C’est le son que j’ai entendu, les glaçons s’entrechoquent.
Je commence à être mal à l’aise derrière ce fauteuil. Le tapis sur le parquet n’est pas des plus douillets et je dois me recroqueviller pour que ma tête et mes pieds ne dépassent pas de chaque côté. De plus, je crève de chaud, si près du feu.
Comment est-ce que je vais me sortir de là, bordel ?
Callum continue à siroter et à lire. Il boit, il lit. Il boit, il lit. Le seul autre son est le bruit sec des bûches qui crépitent dans le feu.
Combien de temps va-t-il encore rester là ?
Je ne peux pas finir coincée là pour toujours. Mes frères vont me chercher d’une minute à l’autre.
Je n’aime pas être coincée. Je commence à transpirer à cause de la chaleur et du stress.
La glace dans le verre de Callum a l’air si froide et rafraîchissante.
Seigneur, j’ai envie d’un verre et de me tirer de là.
Combien d’e-mails a-t-il à lire, putain ?!
Rouge et agacée, je manigance un plan. Possiblement le plus stupide jamais concocté.
Je tends le bras derrière moi et attrape la pampille qui pend depuis les rideaux. C’est une cordelette dorée et épaisse, attachée à un rideau de velours vert.
En la tirant sur toute sa longueur, je peux la lancer derrière le bord de la grille du feu, directement dans les braises.
Mon plan est de la faire fumer, ce qui distraira Callum, me permettant de me faufiler de l’autre côté du fauteuil jusqu’à la porte. Voilà mon plan de génie.
Mais parce qu’on n’est pas dans un putain de roman d’Alice Roy, voici ce qu’il se passe en réalité :
Les flammes déchirent la cordelette comme si elle avait été trempée dans de l’essence, me roussissant la main. Je lâche la pampille, qui retourne vers le rideau. Puis ce dernier s’enflamme comme du papier. Du feu liquide rugit jusqu’au plafond en un instant.
Je réussis effectivement mon objectif de distraire Callum Griffin. Il hurle et bondit sur ses pieds, renversant son siège. Toutefois, ma distraction me coûte le prix de ma subtilité, car je dois aussi abandonner ma cachette et filer hors de la pièce. Je ne sais pas s’il m’a vue ou pas, je m’en fiche.
Je pense que je devrais chercher un extincteur, de l’eau ou quelque chose. Je pense aussi que je devrais me tirer de là fissa.
C’est cette dernière option qui l’emporte : je pique un sprint jusqu’en bas.
En bas des escaliers, je percute quelqu’un d’autre, le renversant presque. C’est Nero, avec cette jolie blonde juste derrière lui. Ses cheveux à elle sont en pagaille et il a du rouge à lèvres dans le cou.
— Bon Dieu, dis-je. C’est un nouveau record ?
Je suis presque sûre qu’il l’a rencontrée pas plus de huit secondes plus tôt.
Nero hausse les épaules, le début d’un sourire sur son beau visage.
— Probablement, répond-il.
De la fumée s’échappe par-dessus la rampe. Callum Griffin hurle dans la bibliothèque. Nero lève les yeux vers l’escalier, confus.
— Que se passe… ?
— Peu importe, dis-je en prenant son bras. Faut qu’on se tire d’ici.
Je commence à le tirer en direction de la cuisine de service, mais je ne parviens pas vraiment à suivre mon propre conseil. Je jette un dernier coup d’œil par-dessus mon épaule. Je vois Callum
