Pondichéry-Saïgon-Île de la Réunion
Par Sandjiv Sandjiv
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Pondichéry-Saïgon-Île de la Réunion - Sandjiv Sandjiv
Pondichéry-Saïgon-
Île de la Réunion
Sandjiv Sandjiv
Pondichéry-Saïgon-
Île de la Réunion
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
Note de l’auteur :
Ce livre devait s’intituler « la Folitude » mais après vérification, il s’avère qu’il est déjà pris. Je pensais demander à Luc de Larochellière l’autorisation d’utiliser ce mot comme titre pour mon roman. J’avais d’abord pensé avoir mal entendu « solitude » dans sa chanson Cash City et je me suis dit « quel chouette titre », mais ce mot est répété ensuite sans nul doute possible. Puis j’ai lancé le mot dans le moteur de recherche et me suis aperçu qu’il existe pour de vrai. Il n’a pas exactement le sens que je lui donne dans ce roman : une contraction de folie et solitude.
© Les Éditions du Net, 2021
ISBN : 978-2-312-08552-4
A mon père,
Pour mère qui nous aura tous sauvés
Et pour mes enfants, quand ils s’intéresseront à leur histoire.
Simplement
Après tant et tant de brumes
On aura les yeux qui s’allument
Vraiment.
Forcément
Comme on n’aura plus de larme
On verra enfin le monde
Autrement.
Francis Cabrel
En guise de préambule
Au matin sur le lac immense,
Il suffit qu’une barque avance
Et l’eau tremble à n’en plus finir,
Comme pour dire :
Tout se déchire…
Francis Cabrel
Aujourd’hui, je commence l’écriture de mon premier roman, accomplissant ainsi, si tant est que je le finisse un jour, la prophétie faite il y a des dizaines d’années à ma grande sœur, ma perryacca, il faudrait beaucoup de r pour s’approcher de la phonétique exacte de ce mot signifiant littéralement grande grande sœur en tamoul – et encore, ça ne donnerait qu’une approximation lointaine tant ma langue maternelle s’est diluée au fil des générations, au fil de la fratrie, car étant le dernier d’une progéniture de sept enfants s’étendant sur vingt ans, mes parents parlant parfois en tamoul entre eux mais s’adressant exclusivement en français pour ce qui me concerne, on peut sans se tromper affirmer que je n’ai qu’une très vague notion de la langue de mes ancêtres, qui ne sont donc pas gaulois, n’en déplaise à certains de nos (ex)gouvernants. Disons que si je me retrouvais dans le Tamil Nadu, sans anglophones ou francophones à proximité, je ne disposerais que du vocabulaire suffisant pour survire : j’ai faim, j’ai sommeil.
Il faut que je précise que bien qu’étant le narrateur, je ne suis pas l’auteur et s’il apparaîtra forcément des éléments autobiographiques, il ne sera pas utile de lui demander lesquels, car il répondra invariablement qu’il s’agit essentiellement de fiction. Mon nom de narrateur sera Sandjiv Sandjiv, en hommage à Nabokov bien que Humbert Humbert soit probablement voué à disparaître de la littérature, pensez-vous, un personnage pédophile et incestueux !
Alors pourquoi aujourd’hui alors que cela me démangeait depuis des décennies (vous en aurez déduit qu’étant le benjamin, la fratrie n’est plus toute jeune) ? Peut-être parce que je me suis retrouvé ce soir à expliquer à mon plus jeune fils, onze ans, pendant qu’on se baignait dans la piscine de notre somptueuse villa – je ne peux décemment dire case, comme se complaisent à le faire beaucoup de zoreils¹ – dans la chaleur de l’été austral, sur l’Ile de la Réunion, pourquoi certaines personnes font la grève de la faim. Je lui ai d’abord parlé de ce jeune apprenti boulanger venu d’Afrique voué à une expulsion, un aller simple vers le pays de ses origines pour des raisons obscures écrites dans des textes de lois incompréhensibles voire absurdes, démontrant que malgré son histoire française depuis son plus jeune âge, sa place n’est pas en France. Son patron a entamé une grève de la faim qui a nécessité une hospitalisation, son état devenant critique. Il a fait reculer le gouvernement qui a régularisé son jeune apprenti. Puis, je lui ai parlé de Gandhi qui a inventé cette arme puissante bien que non violente si ce n’est pour celui qui se l’impose et ses proches, de la grève de la faim, le seul nom indien que sauraient citer 99 pour cent des Français, aller ne mégotons pas, de la population pas d’origine indienne, en dehors des quelques stars du Bollywood. Je lui ai expliqué 1 Métropolitains
que Gandhi avait été à l’origine de l’indépendance de l’Inde qui était jusqu’en 1947, une colonie anglaise, à l’exception de cinq villes restées françaises, les fameux comptoirs dont les noms exotiques résonnent encore auréolés de fantasmes divers dans la mémoire des Français d’un certain âge, des noms promesses de magie et d’enchantements Mahé, Karikal, Yanaon, Chandernagor et enfin Pondichéry, berceau de mes origines.
Les Indiens francophones sont tellement rares, une quantité négligeable par rapport aux anglophones. D’ailleurs, tout le monde en France s’étonnait de notre maîtrise de la langue française et trouvait évident nos performances en anglais puisque nous sommes Indiens. Nous avions tous dans notre fratrie une aisance certaine dans l’apprentissage des langues étrangères du fait de notre passé de polyglottes : langue d’origine le tamoul, langue d’adoption le français (je ne sais laquelle est légitimement La Langue Maternelle, pour ce qui me concerne personnellement, nul doute que le français l’emporte) et enfin le vietnamien, langue du pays dans lequel mes grands-parents s’étaient installés et dans lequel nous avions vécu jusqu’aux bombes et l’attaque massive des troupes nord-vietnamiennes associées aux nationalistes du sud lors de la fête du têt, nouvel an chinois célébré dans l’Asie du sud-est, en 1968. Véritables produits de l’Indochine Française ! Je suis à peu près sûr que ce mot n’existe qu’en français.
Lorsque Pondichéry fut restituée à la République indienne en 1956, ces Indiens Français dont mes parents, durent choisir solennellement leur nationalité, française ou indienne, une dichotomie à trancher au couteau. Pour mon père, le choix fut vite expédié : il était né Français, travaillait dans l’Education Nationale ou le ministère qui gérait l’enseignement dans les colonies et surtout avait fait la guerre sous le drapeau français. Il ressort que seulement 6500 des 36500 personnes concernées optèrent pour la France, mais s’il en est pour les « renonçants » de 1881 et de leurs descendants, comme il en fut pour ma mère (30 ans plus tard sa nationalité française sera remise en question !), à aucun moment leur avis n’aura été sollicité. Parmi ceux qui restèrent Français et qui cette fois s’appelleraient les « optants », certains firent leur vie au sein de la République Française, d’autres continuèrent de vivre en Inde. Mes parents avaient de nombreux frères et sœurs qui se sont eux-mêmes reproduits copieusement-mes parents eurent sept enfants, des petits joueurs ! Il faudra attendre presque un siècle avant que le révolutionnaire Pape François n’incite les catholiques à ne plus se reproduire comme des lapins. Et je suis bien incapable de recenser mes cousins germains d’autant qu’une bonne moitié fait partie de la diaspora anglophone, à Singapore, en Malaisie, à Malte, aux Etats Unis (j’y aurais une cousine millionnaire après que son mari a revendu sa start-up à Google) ou en Angleterre. Certains portent un prénom français, ont le passeport français sans en parler un traître mot, étaient même mobilisables au titre du service militaire !
*
Et je me dis avec regrets que j’aurais dû me lancer dans cette entreprise, disons, deux ou trois ans plus tôt. Une époque si lointaine pourtant où toute parole n’était pas décryptée sous diverses lumières antagonistes, où des termes comme repentance, racisé, genré, pensée décoloniale, racialiste, indigénisme ou racisme anti-blanc, privilège blanc, n’étaient utilisés que par une intelligentsia et ne faisaient pas encore florès sur les plateaux télé et dans les journaux de tous bords agités comme des foulards rouge devant un taureau par des pseudo-intellectuels en mal d’audience. Ah, j’oubliais islamo-gauchisme, communautarisme, séparatisme, laïque ou anti-laïque. Je me rends compte avec bonheur que tous ces vocables tendancieux ne sont pas encore répertoriés par mon traitement de texte, mais en ces temps où la politique est sous-tendue par les propos de Zemmour ou de Marine Le Pen et l’ambition d’appâter l’électorat de l’extrémité droite du spectre politique, leur banalisation fera qu’ils ne seront bientôt plus soulignés d’un zigouigoui rouge indiquant une erreur d’orthographe ou l’inexistence dudit vocable. A l’ère de la cancel culture où l’on ne peut plus montrer les classiques de Walt Disney à ses enfants sans moult avertissements sur les stéréotypes forcément erronés véhiculés par des œuvres devenues soudainement toxiques, (Peter Pan, les Aristochats, le Livre de la Jungle, Dumbo ou la Belle et la Bête, vous rendez vous compte ?), à l’ère où les plateformes retirent de leurs catalogues des œuvres cultes ayant fait le bonheur de générations de spectateurs, je m’expose à être taxé de chacun de ces maux, et de leurs contraires. De plus j’aurais pu aller chercher dans la mémoire de ma mère récemment décédée des souvenirs que j’ai préférés y laisser bien enfouis et ceux-ci auraient pu étayer mon histoire, apporter un peu de lumière sur les vastes zones d’ombre, un éclairage certainement plus romantique venant d’une inconditionnelle de Barbara Cartland.
*
Car vous l’aurez compris, mon histoire parlera de personnages issus de cette diaspora d’Indiens Français, je sais que pour beaucoup cela ressemble à un oxymore, tellement négligeable par rapport à la diaspora d’Indiens anglophones : cinq villes françaises pour tout le reste du sous-continent anglais ! Et il sera forcément fait référence au passé colonial français. Cette diaspora anglophone qui aura produit entre autres des auteurs tels que V.S. Naipul, Arundathi Roy ou Salman Rushdie, pardon à tous ceux que j’oublie, des cinéastes tels que M. Night Shyamalan bien que né dans un ex comptoir français, semble-t-il Pondichéry, et évidemment Gandhi, la figure emblématique de l’Inde, connue de tous. Si bien que lorsque je me suis retrouvé, exilé volontaire de ma douce île d’adoption, à l’internat d’un lycée parisien en prépa maths sup, je fus vite surnommé Gandhi avec mes petites lunettes rondes-alors même que j’étais encore bien chevelu, et même « Gandhi mo’falou »(1)par mon camarade de classe martiniquais car je m’arrangeais pour être assis à la place où atterrissait immuablement le plat pour la tablée à la cantine, histoire de me servir copieusement si par hasard on nous servait LE bon plat de la semaine. Gandhi qui se rapproche le plus de l’idée qu’on pourrait se faire du retour du Messie. Et maintenant Kamala Harris fêtée en héroïne dans le petit village du Tamil Nadu où vit son grand-père !
Si je pouvais arriver ne serait-ce qu’à la hauteur du petit orteil de Salman, je n’aurais pas fait cela en vain. Je le cite, lui-même citant un illustre auteur, de fait plusieurs ont émis cette idée que lorsqu’un écrivain naît dans une famille, c’est la mort de cette famille. Notre famille est déjà morte, certains au sens propre comme mes parents, et le reste de ce qui devrait ressembler à une famille, au sens figuré. L’écrivain, en l’occurrence moi, est né, essaye de naître de ses cendres. Quand bien même, ceci reste un roman et non une biographie de notre vraie famille, je m’efforcerai de limiter les analogies même fortuites à ma fratrie qui pourraient blesser et raviver le brasier qui l’a consumée. Il restera inévitablement des choses que chacun pourra trouver offensantes. Les mots une fois écrits ne nous appartiennent plus, en ce sens qu’ils peuvent prendre tellement d’interprétations suivant le lecteur. Je m’attends donc aux foudres familiales autant qu’à celles des bien-pensants de tous bords, ce qui montre que de toute façon, on ne pourra jamais définir une Unique Bien-Pensance. Cela impliquerait la mort de la Pensée.
(1) Je sens que je vais être conspué et taxé de glottophobie (encore un nouveau concept), mais ce n’est qu’une référence à Astérix et si je dois être censuré pour être conforme à la Bien-Pensance actuelle, c’est qu’il faudra retirer de notre patrimoine national l’œuvre monumentale de Goscinny et Uderzo ! Je précise que ma mère bien que parlant un français parfait et devenue maîtresse ès mots croisés, a toujours gardé un accent indéfinissable qu’on disait russe ou pour le moins slave… Catherine Ringer arrive très bien à reproduire ce « r » roulé d’une façon si spéciale, un schibboleth tamoul, dans la chanson Marcia Baïla des Rita Mitsouko.
*
Ce n’est pas avec mon histoire personnelle insignifiante que j’espère capter votre attention, mais celle des personnes qui ont fait que je me retrouve sur cette île minuscule de l’Océan Indien, morceau de France, et maintenant miette d’Europe, objet d’études inépuisables sur ce que peut produire de mieux à terme un passé colonial, certains y voyant un modèle, certains y trouvant une terre d’asile plus accueillante que la Métropole, comme mes parents, une terre à la population polychrome où nous ne serions plus étranges, dotée d’un climat on ne peut plus agréable après la Métropole pour des tropicalisés : l’île étant située légèrement en dessous du tropique Sud, il y fait chaud mais pas trop et très bon pendant l’hiver qui ne ressemble en rien à celui de Barcelonnette. Climat plus proche de celui qu’ils avaient connu presque toute leur vie passée au Vietnam ou à Pondichéry. L’île avait déjà accueilli quelques Pondichériens qui avaient quitté le Vietnam que les Français abandonnèrent après avoir perdu la guerre d’Indochine en 1954.
Bien sûr, j’ai choisi d’y rester, mais comment mes parents ballotés par leur histoire et l’Histoire sont-ils arrivés ici ? C’est cela que j’essaye d’éclairer. Ce ne sera pas un récit véridique dont il sera possible de justifier l’authenticité de chaque morceau. Encore une fois, je suis le plus jeune et de plus, j’ai complètement
