Arcachon nid d'espions
Par Charles Fuster
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À propos de ce livre électronique
À partir de là, trois univers se sont télescopés sur le Bassin d’Arcachon, ceux de la politique, de la pègre et des services secrets. Ma vie ne tenait plus qu’à un fil. Je me devais de réagir et comprendre l’origine de ces événements en cascade. La meilleure option pour m’en sortir vivant...
Des meurtres, des énigmes, un trésor, des agents de la DST, des membres de l’O.A.S et du S.A.C, tous les éléments sont réunis pour garder le lecteur sous tension jusqu’à la dernière page.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Charles Fuster a vécu 15 ans en Afrique d’où il a pris goût aux voyages et à l’aventure. Il a participé à une expédition en Birmanie, à la frontière de la Chine. Il est ensuite parti pour l’Alaska puis a parcouru la Tanzanie, le Botswana, le Tchad, le Cameroun et le Burkina Faso. Amoureux du désert, il a descendu le Niger en pirogue de Mopti jusqu’à Gao avant d’effectuer un raid Bordeaux-Dakar dans un modeste véhicule Toyota Rav.
Lorsqu’il a posé son sac à Arcachon il a été sensible à l’appel de l’océan. Il a participé aux régates au large organisées par le Cercle de la Voile avant de traverser l’Atlantique et de passer le Cap Horn.
Défenseur du patrimoine local il a été le dernier vigneron du Bassin d’Arcachon et il a écrit un livre « Il était une fois les vignes du Bassin ».
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Aperçu du livre
Arcachon nid d'espions - Charles Fuster
PROLOGUE
Au cœur de la nuit, à l’heure de la sorcière, le dos mouillé par la sueur, je hurlai de peur. Je me réveillai brusquement et restai allongé sur mon lit, les yeux grands ouverts dans le noir. Dans mon cauchemar, j’avais revu la scène qui me hantait chaque nuit. J’étais penché au-dessus d’un cadavre qui gisait au sol afin de récupérer ses papiers dans sa veste de treillis. Le type était étendu dans la poussière, sous un soleil d’un blanc à vous déchirer les yeux. Et soudain l’homme s’était redressé, assis, barbouillé de sang des épaules à la ceinture, et il m’avait regardé de ses grands yeux noirs qui ne voyaient plus.
Alors, complètement réveillé, au moment où je songeais que chacun de nous avait ses fantômes et ses cauchemars, j’entendis un bruit de pas feutrés en bas, dans la salle de séjour. Je tendis l’oreille et le son se reproduisit. À nouveau je perçus un glissement furtif. « Il y a quelqu’un », pensais-je en sursautant.
D’un bond je sortis de sous la couette, je me levai et traversai la chambre, pieds nus, dans l’obscurité. Quand j’ouvris la porte, je sentis comme un léger tremblement dans l’air, une agitation dans le living-room au rez-de-chaussée. Je compris immédiatement que celui qui avait pénétré dans mon appartement et qui s’y trouvait encore avait été dérangé par le hurlement que j’avais poussé dans mon cauchemar. Je songeai à crier : « Il y a quelqu’un ? ». Puis je me ravisai. Ce n’était certainement pas la bonne façon de faire. À cet instant, j’entendis à nouveau un léger craquement du parquet en chêne en bas et le grincement d’une porte que l’on ferme. J’avançai à tâtons sur la coursive et je regardai par-dessus la rambarde. Je vis nettement, au rez-de-chaussée de mon appartement, la porte d’entrée qui se fermait doucement. La peur au ventre, je descendis l’escalier, traversai la salle de séjour dans l’obscurité. La porte n’était pas fermée, pas ouverte non plus, juste poussée. Je l’ouvris pour regarder dans la rue déserte à cette heure-ci. Il faisait doux et triste. Au-dessus des lampadaires allumés, le ciel était terne et sale. Pas un passant éméché qui ne rentrait chez lui, pas un chien errant qui cherchait une bonne fortune. Seulement une voiture qui démarrait et s’éloignait dans la nuit tranquille. Sauf qu’en fait elle ne l’était pas.
Je refermai la porte à clef, et allumai les lumières de la salle de séjour. Autour de moi, tout semblait en ordre. Je regardai ma montre. Il était trois heures trente. Inutile d’essayer de rattraper la voiture que j’avais vue. Il était trop tôt pour s’habiller et sortir. Je me dirigeai vers la cuisine et pris un café. Puis je remontai dans ma chambre et m’allongeai sur mon lit, l’esprit bousculé.
Je restai longtemps éveillé. Les temps agités que j’avais connus étaient maintenant loin derrière moi et cette intrusion nocturne n’était sans doute qu’une simple tentative de cambriolage. À l’avenir, je fermerai ma porte à clef avant de me coucher, pensais-je avant de sombrer dans un mauvais sommeil.
Le lendemain soir, je suis rentré de mon bureau vers vingt heures et lorsque j’ai ouvert la porte de mon appartement, j’ai trouvé sur le carrelage une petite carte qui portait ces simples mots griffonnés « tango atteint ». J’eus un saisissement ; je savais que cela signifiait « cible éliminée ».
Alors toutes les sales histoires du passé me sont revenues à l’esprit.
I
Les jours mauvais
Juillet 1962
Il y a des jours – maudits soient-ils – où le tragique de la vie vous saute à la gorge.
En janvier 1960, dans le département français d’Alger, c’était la semaine des barricades, la guerre civile. Les gendarmes chargés de maintenir l’ordre, qui étaient souvent des enfants du pays, pleuraient avant de charger la foule dans laquelle ils avaient leurs parents et leurs amis. Le 19 mars 1962, le cessez-le-feu était proclamé et 150 000 harkis, des indigènes qui avaient choisi de servir la France et qui avaient une carte d’identité française, étaient désarmés par des militaires français et abandonnés à nos ennemis qui les torturèrent et les égorgèrent. Le 5 juillet 1962, à Oran, deux mille Européens étaient massacrés par une foule haineuse et fanatique.
C’était l’éternelle loi de la guerre : « malheur aux vaincus ».
Lorsque je reçus mon ordre de démobilisation, fin juillet 1962, je me trouvais dans le Sud algérien. Je fis mon paquetage en quelques minutes et je sautai dans la jeep qui m’avait apporté le message libérateur. Je ne prenait pas la peine de chercher le capitaine qui commandait le bordj. Les cons adorent être salués avec claquement des talons et plat de la main sur la cuisse gauche.
« Si on me pose une question, je dirai que je ne l’ai pas trouvé et que le chauffeur ne pouvait pas attendre », pensais-je.
La jeep s’arrêta cinquante kilomètres plus loin, à côté de la ligne de chemin de fer qui desservait les quelques postes de la région de Laghouat. J’attendis seul pendant six heures au bord des rails, sous un soleil de plomb, avant que n’arrive un petit train composé de deux plateaux sur lesquels se trouvaient une dizaine de soldats autour d’une mitrailleuse 12,7 et à l’avant duquel un wagon plat, vide, protégeait la locomotive. Si une mine le faisait sauter, la motrice pourrait toujours être décrochée et le petit train pourrait repartir en marche arrière. Lorsque j’y montai, il me sembla aussi beau et confortable que l’Orient-Express.
Le voyage vers la France dura trois jours. Après vingt huit mois passés sous les drapeaux, je rentrais chez moi, l’innocence en moins.
Ma famille avait quitté l’Algérie une semaine plus tôt en emportant un minimum, conformément aux consignes des nouveaux maîtres du pays, « la valise ou le cercueil ».
En retrouvant les miens réunis dans une petite chambre d’hôtel qui sentait les latrines, les larmes me vinrent aux yeux. Les hommes étaient debout, les femmes assises sur les rares chaises et les enfants paraissaient comme figés, immobiles sur le lit.
Eploré, ma mère se précipita vers moi pour me couvrir le front de baisers. Mon père vint à son tour et m’enferma dans ses grands bras sans dire un mot, dans un viril abrazo à la mode espagnole, chacun frappant du poing l’épaule de l’autre.
Quand mes parents avaient débarqué à Sète, aucun accueil n’avait été organisé, pas plus que de cellule d’aide médico-psychologique mise en place pour ceux qui avaient vu ou subi des atrocités, ou pour celles qui avaient été violées.
« Qu’allons-nous devenir ? Nous avons tout perdu », dit ma mère.
On vivait en des temps lâches, les Français de métropole avaient décidé de tourner la page de la guerre d’Algérie et je compris rapidement que je n’avais été qu’un pâle figurant dans cette sale affaire. L’image du beau sous-lieutenant que j’avais portée en moi pendant deux ans était déchirée. À cet instant, je crus entendre au fond de moi le bruit d’une serrure qui se fermait et je me murai dans le silence. Comment faire comprendre à quelqu’un qui ne l’a pas connu, ce que l’on a vu ?
En septembre 1962, je décidai de reprendre mes études à la faculté de Bordeaux. Mes camarades, pour se montrer intelligents, affirmaient qu’ils comprenaient ceux qui avaient été nos ennemis ; jusqu’à prendre fait et cause pour eux. Le président de l’UNEF¹ n’avait que louanges pour Staline et Mao Tsé-Toung. Il me toisait ; sa famille était riche, la mienne ruinée. Chacun de nous deux avait sa guerre ; mais la mienne n’avait pas été gagnée.
Un seul parmi mes camarades de cours me témoignait de la sympathie. Il s’appelait Charles Henri de La Tour et était le fils de l’ambassadeur d’Ukraine en France. Tout chez lui était étonnant, il était très grand avec des yeux bleus au regard absent, d’une stupéfiante distraction, il était toujours étourdi. Il avait déjà une licence de mathématiques et ne suivait notre cursus économique qu’à titre complémentaire. Mais le plus étrange c’est qu’il était un calculateur prodige. C’est avec lui que j’ai découvert l’irrationnel, l’inexplicable. En fait c’est à l’occasion d’un cours de statistiques que mes camarades et moi nous nous rendîmes compte qu’il trouvait le résultat de calculs extrêmement complexes bien plus rapidement que quiconque parmi nous. Le professeur avait demandé à Charles Henri de venir sur l’estrade et d’expliquer comment il faisait pour résoudre si rapidement l’équation qui avait été posée. Charles Henri avait écrit un chiffre en haut, à droite du tableau, un autre en bas à gauche (lesquels ne correspondaient apparemment pas au problème), puis il avait dit :
— Ça fait 4 543 683.
Stupéfait, le professeur de maths avait demandé :
— Mais comment avez-vous trouvé ce résultat ? Quelle est la logique déductive ?
Et Charles Henri avait répondu :
— Je ne sais pas ; je l’ai vu dans ma tête.
La semaine suivante, en début de cours, le professeur lui demanda :
— Vous souvenez-vous du résultat que vous avez trouvé la semaine dernière ?
Et Charles Henri, comme si c’était naturel, avait répondu immédiatement :
— 4 543 683.
Abasourdi, le professeur avait alors énoncé une série de dix nombres comprenant chacun à sept chiffres et il avait demandé à Charles Henri :
— Monsieur de La Tour, êtes-vous capable de répéter cette série de nombres ?
Et mon ami avait répondu :
— En commençant par le premier puis par le dernier ?
Le professeur lui demanda alors combien d’heures il avait vécu depuis sa naissance. Et comme après s’être aidé d’une feuille de papier et d’un crayon, il contestait le résultat annoncé par Charles Henri, ce dernier avait répliqué :
— Excusez-moi, Monsieur le Professeur, mais vous vous trompez ; vous n’avez pas tenu compte des années bissextiles.
Vexé et soupçonnant une supercherie, le professeur avait multiplié les pièges ; mais rien n’y faisait, le mystère demeurait inexpliqué.
Comme Charles Henri et moi étions devenus amis et que nous discutions souvent ensemble en déjeunant au restaurant universitaire, je constatai qu’il résolvait de tête des problèmes mathématiques complexes tout en me parlant. Par contre, je me rendais aussi compte que, malgré sa stupéfiante mémoire, il était incapable de retenir quatre simples vers d’une poésie.
Je me suis alors intéressé aux calculateurs prodiges et j’ai lu qu’il y en avait eu dans tous les pays et à toutes les époques ; et surtout que le phénomène demeurait inexpliqué. Certains étaient illettrés comme Henri Mondeux de Neuvy-le-Roi qui ne sut jamais ni lire ni écrire. Plusieurs avaient de graves handicaps physiques comme Vito Mangiamele, un jeune berger sicilien qui était « l’idiot du village ». Pourtant quand on lui demandait de dire quelle était la racine cubique de 3 796 416, en 30 secondes il répondait : 156. Jacques Inaudi mort en 1950 était le plus connu. Lui aussi berger italien, était capable à sept ans de multiplier sans papier ni crayon deux nombres de cinq chiffres alors qu’il n’avait jamais appris les tables de multiplication. L’écossais Alexander Craig Aitken pouvait garder en mémoire dix pages de chiffres lus une fois seulement et les réciter dix jours plus tard.
Le Professeur Charcot, le savant Camille Flammarion, et le célèbre mathématicien Carl Friedrich Gauss ont étudié ces phénomènes sans jamais trouver de réponse. Ils ont simplement noté que ces prodiges avaient une phénoménale mémoire des chiffres, qu’ils utilisaient dans leurs calculs des cheminements bizarres, que parfois ils lisaient les nombres de droite à gauche plutôt que de gauche à droite. Mais finalement ils ne surent jamais expliquer l’origine de leur génie.
À cette époque, la situation politique de la France était dramatique. Entre avril 1961 et septembre 1962, il y avait eu 700 attentats et 71 morts. Le général de Gaulle avait été visé à Pont-Saint-Aubin, à Pont sur Seine et au Petit Clamart. Un tireur d’élite armé d’un fusil à lunette avait voulu tirer sur lui dans un guet-apens appelé « le chamois ». Mais l’homme providentiel de la France avait la baraka et en avait toujours réchappé.
Évidemment, avec Charles Henri, nous avions des discussions passionnées sur ce sujet. Car si De Gaule était le libérateur de la France en 1944, il restait aussi celui qui avait laissé sur le carreau des milliers de personnes en Algérie.
— Le général de Gaulle a été obligé de donner l’Algérie aux Algériens, me disait Charles Henri. S’ils étaient restés Français, la France aurait changé de visage.
