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CQFD: Autobiographie ontologique d’un schizophrène à cheval
CQFD: Autobiographie ontologique d’un schizophrène à cheval
CQFD: Autobiographie ontologique d’un schizophrène à cheval
Livre électronique114 pages1 heure

CQFD: Autobiographie ontologique d’un schizophrène à cheval

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À propos de ce livre électronique

Récit autobiographique, "CQFD" retrace le cheminement de l’auteur en révélant, trente-trois ans plus tard, un épisode déterminant de son existence. Dans la nuit du lundi 17 février 1992, à 3 heures du matin, alors qu’il n’a que 21 ans, sa vie prend un tournant inattendu. Interné en psychiatrie à l’hôpital de La Queue-en-Brie dans le Val-de-Marne, il décide de s’échapper. Il entame une fuite audacieuse, parcourant à pied les dix-neuf kilomètres qui le séparent de son domicile en passant par un vasistas et en escaladant le mur d’enceinte. Ce moment d’évasion devient le prélude d’une quête profonde et bouleversante, marquée par un irrépressible désir de liberté et un cheminement vers la reconstruction de soi.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Ilan Georges Kamus se lance dans le cinéma avec une ambition claire : réaliser des films capables de transformer le monde. Cependant, après son baccalauréat et deux années de travail, la schizophrénie vient bouleverser ses projets. Une nouvelle vie commence alors, faite de découvertes inattendues – littérature, photographie, et exploration de l’univers de la santé mentale – qu’il s’efforce de communiquer à sa passion première.
LangueFrançais
ÉditeurLe Lys Bleu Éditions
Date de sortie13 mai 2025
ISBN9791042252434
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    Aperçu du livre

    CQFD - Ilan Georges Kamus

    Première partie

    Autoportrait ontologique

    d’un schizophrène à cheval

    1

    La genèse

    Je suis (devenu) fou.

    Et je le resterai probablement toute ma vie à moins que la folie de nos sociétés ne rejoigne la mienne ou ne la dépasse. On m’a diagnostiqué atteint de schizophrénie à l’âge de 21 ans.

    Je suivais alors des études supérieures de techniques cinématographiques et audiovisuelles à Paris où je suis né en août 1970. Il en a résulté que mon ambition légitime qui était, selon moi-même, de devenir le nouveau Godard ou un nouveau Lelouch, a été plus qu’ébranlée, anéantie. Je me suis retrouvé hors de la société qui m’avait vu naître, qui m’avait accueilli en son sein et qui m’avait éduqué.

    D’un possible devenir brillant, j’avais été relégué à l’état de paria, j’avais été dégradé en quelque sorte. D’un point de vue pratique et donc d’un point de vue médical, j’avais fait un passage à l’acte, ce qui signifie que les pulsions psychotiques qui étaient enfouies au plus profond de moi-même avaient pris le contrôle, s’étaient déchainées engendrant une violence physique sans précédent, envers mon père et mon géniteur. Pourtant, j’étais un garçon non violent, pas agressif du tout et plutôt bien entouré. Certains me qualifiaient d’extraverti, en ce sens où j’aimais tous mes semblables, les filles comme les garçons et que nous communiquions parfois jusqu’à la communion mais toujours avec intelligence et humour.

    Que s’est-il passé dans le subconscient de mon être ? De la veille au lendemain de ce « passage à l’acte », quand je me suis retrouvé, incarcéré en hôpital psychiatrique, dans une chambre close de l’extérieur ? Dans une chambre nue avec une fenêtre hermétique, donnant sur un coin de parc ; un lit vissé dans le sol et un hublot à la porte pour qu’on puisse me voir où que je sois dans la pièce et sans que j’y consentisse aucunement ? Dans cette chambre où quelques objets mobiles seulement, m’avaient été laissés : deux magazines des « Beaux-Arts » datant de plusieurs mois ou plusieurs années posés sur le rebord de la fenêtre hermétiquement scellée et un seau jaune pâle muni d’une anse et d’un couvercle à poignet en fer, dans lequel on m’apprît rapidement que je devais y faire mes besoins hygiéniques : uriner et déféquer. Quelques heures après avoir repris conscience, après m’être réveillé mais encore inconscient réellement de ma nouvelle situation, deux hommes forts – un gros petit, barbu et brun et un grand blond athlétique et glabre, tous deux vêtus de blouses blanches sur lesquelles un badge blanc mentionnait quelque chose dans des écritures rouges et bleues que je ne sus pas déchiffrer immédiatement, – pénétraient dans la pièce avec un grand bruit de clés et m’apportaient un plateau repas hospitalier – c’est-à-dire pas grand-chose. Je ne me rappelle pas avoir échangé oralement avec eux, cette fois-là, ni s’ils m’ont adressé eux-mêmes la parole mais comme cette situation allait durer plusieurs jours, environ une quinzaine, je sus ensuite qu’ils me recommandaient de manger, d’uriner et de déféquer normalement. Que j’étais à l’hôpital psychiatrique de La Queue-en-Brie et qu’ils viendraient aussi me donner mon traitement médical… Que je n’avais pas encore le droit de manger au réfectoire avec les autres… La porte se referma sur moi et sur le bruit des clés.

    ***

    La veille, j’étais rentré chez mes parents où j’habitais ; je suivais des cours de Cinéma dans une école privée parisienne, dans le douzième arrondissement de Paris. Je préparais mes examens de milieu d’année ; j’étais en première année de BTS Audiovisuel et je pratiquais depuis peu de temps la boxe Française-savate. Nous étions en 1992.

    J’étais rentré assez tard – vers 2 heures du matin – et mon père m’attendait assis dans le majestueux fauteuil Louis XIII du salon en lisant. Je me suis avancé vers lui, en lui posant une question : « T’es pédé ? » Il leva la tête, ses bras se posèrent avec le livre qu’il tenait entre les mains, sur ses genoux. Je répétais : « T’es pédé ? » Quelques instants plus tard, nous nous battions. Réellement, vraiment… Un combat sans but et sans forme, sans objet et sans règle. Je le soulevais, l’entravais, le bousculais, il me repoussait, il m’immobilisait ; je m’échappais.

    Ma mère fut soudain réveillée par notre vacarme et nous vit en train de nous bagarrer. En s’emparant du téléphone, elle appela de l’aide. L’affrontement dura jusqu’à l’arrivée des forces de l’ordre, la Police, puis les pompiers et enfin un psychiatre résidant dans l’immeuble voisin, une connaissance de mes parents. On me mit à plat ventre, par terre, on me passa les menottes puis on me fit une piqûre anesthésiante. Je dois dire qu’à ce moment, précisément quand le produit commençait à se diluer et à m’endormir, et, dans le fond de mon âme, je désirais non pas ce qui m’arrivait, même si le produit me rendit un instant euphorique mais que ce que je vivais alors au quotidien cessât enfin. Mais quoi…

    Ma vie, qu’est-ce que c’était ? Pour y répondre, il faut remonter très loin. À mes premières années. Mais pour le faire, ce qui n’est aisé pour personne, je remonterais dans le temps en marche arrière.

    Quelques mois plus tôt, j’ai fait une dépression nerveuse suite à une déception sentimentale.

    Et quelques mois avant cela, je suis parti avec deux copains faire un road trip de six semaines en Afrique de l’Est. Bref, j’ai vingt et un ans ; je suis bouillonnant ! Deux faits concomitants semblent pourtant essentiellement inséparables : ma séparation plutôt sauvage avec ma petite amie et la prise quasi quotidienne de drogues « douces » : cannabis et/ou marijuana. Mais également et entre tout ça, j’ai aussi fait une bouffée délirante.

    Qu’est-ce que c’est !? Dans mon cas, j’ai détruit les meubles de la chambre que j’occupais alors chez mes parents sur le modèle dont les stars du rock anglo-saxonnes dévastent leurs chambres d’hôtel. On a tous pu voir ça mis en scène par les journaux people : Trip de rock-star, à un détail près ! J’ai brisé les vitres de la fenêtre de ma chambre et dans le rapport de police et celui du médecin qui en a découlé, j’aurais tenté de mettre fin à mes jours à l’aide des débris de verre par lacération des poignets. Est-ce que c’est vraiment arrivé ? Je n’en sais trop rien, c’est trop loin et ce n’est pas cela qui est le plus important. Toujours est-il qu’on m’a administré un calmant et que j’ai été immédiatement hospitalisé dans un état de catatonie profonde ; c’est-à-dire dans ce qu’on appelle aussi un coma psychique. J’y suis resté pendant 15 jours environ, sans bouger une seule de mes paupières, ni remuer le petit doigt mais en ayant parfaitement conscience de ce qui arrivait à mon corps et si mes yeux demeuraient clos, j’entendais parfaitement ce qui pouvait se dire autour de moi et sur moi.

    Sortant de cet état, j’ai dû faire de gigantesques efforts pour arriver à mettre un pied devant l’autre et remarcher ; j’avais perdu énormément de muscle en deux semaines et ma non-alimentation aurait pu engendrer des problèmes dentaires ou d’autres complications et on m’a donc fait une intraveineuse et perfusé pour m’alimenter avec du glucose.

    Durant les trois mois suivants je suis resté dans ce service « fermé » de l’hôpital Saint-Anne à Paris dans un service de psychiatrie pour jeunes adultes, pour réapprendre à vivre et on substitua alors à ma dépendance psychologique aux drogues

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