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L' AVENTURE FEMME RICHE ET CELEBRE: La découverte de soi sur le Chemin de Compostelle
L' AVENTURE FEMME RICHE ET CELEBRE: La découverte de soi sur le Chemin de Compostelle
L' AVENTURE FEMME RICHE ET CELEBRE: La découverte de soi sur le Chemin de Compostelle
Livre électronique475 pages7 heures

L' AVENTURE FEMME RICHE ET CELEBRE: La découverte de soi sur le Chemin de Compostelle

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À propos de ce livre électronique

Après de nombreuses lectures traitant de la quête du bonheur, lasse de laisser le pouvoir aux autres qui lui dictaient quoi dire, faire ou penser, Marie Elaine Girard a décidé d’écouter la voix de son âme pour parvenir à vivre pleinement sa vie : Celle de parcourir le Chemin de Compostelle.
Mais comment atteindre son but et s’abandonner à une si grande aventure lorsque le manque de con ance en soi, la dépendance affective et les peurs sont omniprésentes? Comment partir trois mois toute seule, en laissant derrière soi amoureux, enfants, petits-enfants, amis et travail?
C’est en 2012, le sac sur le dos, que Marie Elaine Girard a décidé de franchir le pas pour réaliser son rêve. Elle vous livre ici son aventure, emprunte d’émotions et de sagesse.
LangueFrançais
Date de sortie27 sept. 2017
ISBN9782897211400
L' AVENTURE FEMME RICHE ET CELEBRE: La découverte de soi sur le Chemin de Compostelle
Auteur

Marie Elaine Girard

Marie Elaine Girard a accompagné – à titre d’infirmière pen­dant plus de vingt ans – de nombreuses person­nes dans la maladie, la mort, la convalescence et la réadaptation. Aujourd’hui TRA, Thérapeute en Relation d’Aide par l’approche non­-directive créatrice (ANDC), régulatrice, accompagnatrice du deuil, chroni­queuse et conférencière, elle a à cœur d’aider les gens, tandis qu’elle poursuit une mission de vie, à la fois personnelle et spirituelle.

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    Aperçu du livre

    L' AVENTURE FEMME RICHE ET CELEBRE - Marie Elaine Girard

    Pourquoi ce récit

    «Si vous pensez que l’aventure est dangereuse, essayez la routine… Elle est mortelle

    – Paulo Coelho

    Voilà, je suis devant une page blanche. Cela me fait tout drôle. On dirait que j’entre dans mon livre sur la pointe des pieds, un pas à la fois, dans un grand silence qui fait du bien. Je me laisse voguer dans mon monde intérieur, dans cette mer profonde qui m’habite. Je vais à la rencontre des mots qui s’y logent depuis longtemps, pour libérer «les mots», ceux qui se bousculent dans mon cœur, ma tête et mon corps, et les dépose pour vous, sur ces quelques pages blanches.

    Il y a longtemps que je porte secrètement le désir d’écrire un bouquin. Je pars du principe que la vie de tous et de chacun, connus ou inconnus, peut être intéressante, plaire à quelqu’un, divertir. Mais le plus important est: qu’est-ce que cela m’apporte de vous livrer mon histoire?

    Avant d’aller plus loin, je dois vous faire une confidence. J’ai un style de personnalité narcissique et histrionique. Voilà, c’est dit!

    Depuis les huit dernières années, j’ai investi plusieurs dollars, chez un thérapeute et dans une démarche personnelle, pour parvenir à m’accepter… Ce qui est en bonne voie.

    Je ne vous cacherai donc pas qu’à travers cet exercice, je comble certains besoins, comme celui d’être vue, reconnue, d’avoir de l’attention, mais aussi de partager, de transmettre, et enfin de me relier à vous. Parce que je suis une femme de cœur, qui adore les gens et les relations humaines. C’est au-travers de la relation à l’autre que ma vie prend de la valeur, du moins en partie.

    Nous, nous entendons tous pour dire que les livres autobiographiques et biographiques sont écrits pour des gens très connus ou qui ont marqué les médias, leur époque, que cela soit par leurs exploits, leurs crimes ou leurs records. Ceux-ci peuvent aussi relater la vie de gens riches et célèbres, telles les vedettes du rock, des stars de cinéma ou des gangsters détraqués – parfois idéalisés comme Al Capone –, qui ont marqué l’Univers et l’inconscient collectif.

    Je me suis alors demandée pourquoi moi, une parfaite inconnue sans grande fortune, ne pourrais-je pas prendre la parole et transmettre mon histoire, ma légende personnelle? J’ai envie de vous faire vibrer avec le récit de mon voyage sur le Chemin de Compostelle. Cette odyssée spirituelle qui m’a fait, et me fait encore, grandement frémir. Une aventure riche de sens et de réalisations. Une aventure extraordinaire.

    Nombreuses sont les craintes qui cohabitent avec mon besoin d’écrire ce livre, de raconter mon histoire: celle de souffrir de votre jugement, de ne pas être à la hauteur, et la peur du succès.

    Riche et célèbre

    Peut-être que ce que je vais vous dire est un peu cliché. Je l’assume pleinement. Ma vraie richesse est bien réelle. Elle n’a pas de valeur monétaire.

    Il s’agit de l’amour et des relations que j’entretiens avec les gens que j’aime. Je suis une fille remplie d’affection, ce qui constitue ma plus grande possession. Celle que je reçois, celle que je redonne. À tout moment, je peux puiser au fond de mon fort intérieur pour y faire un retrait ou un dépôt, c’est sans limite de crédit! C’est toujours là, prêt à être cueilli, prêt à être distribué. Je suis un peu «La Robin des Bois de l’amour». Cette image me plaît. Mon cœur est la banque de ma richesse, de mon abondance, de ma chaleur humaine.

    L’amour que je veux honorer ici est celui de mon clan, de ma tribu. Je suis la mère d’Émilie, de Isaac et de Thomas, la belle-maman de deux jeunes hommes que j’aime beaucoup: Jean-Sébastien, et Nickolas. Je suis enfin l’heureuse grand-mère d’Élorie, de William et de Emma. Trois diamants bruts… Mes précieux.

    L’homme qui partage ma vie, c’est «mon» Louis. Depuis qu’il habite mon quotidien, je sais ce qu’est la sécurité affective. Ce que je veux vous dire, c’est que depuis dix-sept ans, j’apprends à m’aimer, à me respecter dans cette histoire qui est la mienne. C’est cet amour et ce respect de moi grandissant qui ont été le moteur de propulsion de la réalisation de ce voyage.

    Je prends un moment pour vous livrer une parenthèse inattendue, triste et joyeuse à la fois. Au début de ce long processus d’écriture, maman vivait toujours, elle nous a malheureusement quittés le vingt-quatre décembre deux mille treize, à deux mois de ses quatre-vingt ans, et c’est avec émotion que je lui dédie ce livre. Parce que la transformation ultime de ce voyage fut le début d’une défusion avec elle et avec le reste de mon monde, avec lesquels je fusionnais depuis ma plus tendre enfance. Une des plus importantes parenthèses de ma vie fut d’accompagner maman vers sa mort… Elle est là, au-dessus de mon épaule. Elle m’encourage à vous écrire… «Va ma chérie, tu es capable…»

    Le paragraphe qui suit, je ne veux pas le retirer. Je ne suis pas encore prête à le laisser partir, à le voir mourir définitivement. Je l’ai écrit avant la mort de papa, décédé le trente et un août deux mille quinze. Je voulais tellement qu’il lise mon livre, qu’il soit fier de moi… Celui-ci reprend, mot pour mot, les termes suivants:

    «Heureusement, je profite encore de la présence de papa, que je découvre sensible, empathique, présent et de qui je me rapproche de plus en plus. Il a quatre-vingt-six ans. Je l’aime profondément…»

    Ici, je m’arrête pour faire une nouvelle parenthèse. Il y en aura certainement d’autres.

    C’est fou, je me sens mal de vous écrire toutes ces lignes. Des peurs s’installent tranquillement. J’entends dans ma tête des phrases pouvant me couper les ailes et ma liberté d’écrire. Je me censure et hop, je tombe sur ce que vous pensez. Me jugez-vous? Vous ennuyez-vous? C’est fascinant comment cela arrive vite. Oh, je ne peux cacher que je me juge moi-même. Je n’ai pas besoin de vous pour le faire «Tu parles trop de toi, tu prends de la place, tu n’intéresses pas le lecteur, etc.». La dévalorisation, connaissez-vous? Pour ma part… À peine. Mais je dois dire que le fait de me confier à vous me fait revenir à l’essentiel. Ce livre, je le veux d’abord et avant tout pour moi, pour me faire du bien.

    Voilà une chose de réglée: je suis riche! Mais…et la célébrité dans tout ça? Et bien, c’est très simple! Je suis comédienne. Jouer est pour moi une thérapie par le rire et le plaisir, avec une belle gang que j’adore. Je comble ainsi un besoin important pour moi, à savoir celui d’appartenir à un clan.

    Mon refuge est l’école de théâtre Arlequin, et son maître d’œuvre, Benoît Corriveau. Je tiens à lui rendre hommage car il croit plus souvent en moi que moi-même. Je l’aime profondément. Il me connaît depuis douze ans. Il m’encourage à me dépasser. Il m’aide aussi à garder un certain équilibre mental et émotionnel, un temps juste pour moi, dans lequel je suis complètement libre. Chaque année, nous montons sur les planches du Théâtre du Vieux Terrebonne. Ces personnages que je joue sont teintés de moi, de mon intensité, de ce que je suis. Sur scène, je me permets d’être totalement vraie, en prétextant être quelqu’un d’autre. Ces émotions sont miennes, elles sont en moi

    Alors La célébrité? Bien sûr que je suis célèbre! J’ai joué «Les Belles-sœurs» au Théâtre d’Annecy en Haute-Savoie. J’ai des amis jusqu’en Europe!

    Ça, c’est vraiment une chose que j’aurais aimé, être célèbre. Quand je vois Céline Dion sur une scène, devant des milliers et des milliers de gens qui lui envoient de l’amour, je l’envie. Je me dis «non mais quel feeling cela doit être». Quand quatre cent personnes viennent voir notre pièce à chaque printemps, cela me comble de bonheur. Je les remercie de leur présence, en leur donnant tout ce que je peux en retour.

    Sur le Chemin de Compostelle, de réels liens d’amitié se sont créés. Cela me remplit de joie. Blague à part, je comble beaucoup de besoins affectifs avec ma grande famille et mes groupes d’amis. J’aime cette expression qui me représente bien: «je suis l’artisane de ma vie, de mon bonheur.»

    Alors voilà, je vous offre mon récit avec bonheur. Une partie de ma vie vous est livrée, à travers ce voyage au cœur de moi-même, et à travers mon aventure sur le Chemin de Compostelle.

    Tout a commencé avec Paul Ferrini

    J’aime beaucoup rire et m’amuser, être dans le plaisir, mais j’ai aussi développé une partie de moi que je laisse enfouie au plus profond de mon être. C’est avec elle que j’écris ce passage.

    Au cours de l’année deux mille onze, j’ai mis la main sur un livre de l’auteur Paul Ferrini qui m’a tout de suite attirée. L’impact de celui-ci dans ma vie a été, je dirais, foudroyant. Pourquoi? Parce qu’il a donné un sens à la transformation que je vivais intérieurement, mais également parce qu’il est arrivé à un moment où j’avais besoin d’approfondir ma spiritualité, ma démarche personnelle et un questionnement entrepris six ans plus tôt, qui englobe de grandes questions existentialistes telles que:

    «Où vais-je? Quelle est ma mission de vie? Pourquoi suis-je sur terre? Pourquoi suis-je si mal, si insatisfaite, moi qui possède tant

    J’ai été infirmière durant vingt-trois ans. Un jour, j’en ai eu assez de cette profession dans laquelle je m’enfonçais, sans plaisir, avec amertume et soupirs. J’ai alors entrepris de trouver ma voie, ma mission, ma vraie nature.

    Lorsque j’ai découvert ce livre, ce fut explosif, parce que l’auteur amène une réflexion sur l’Esprit Christique, sur la simplicité du message du Christ, sur la façon dont il a été déformé, interprété et sur notre engagement sur la mauvaise voie spirituelle. Cela m’a profondément touché.

    Depuis ce jour, j’ai fait le choix de la simplicité volontaire, et me suis détournée du monde matérialiste. J’ai entrepris une démarche thérapeutique et spirituelle, un aller simple vers mon moi profond. J’ai quitté le stress du «faire» et du «métro-boulot-dodo», pour commencer à suivre mon propre chemin, à me libérer de mes chaînes et de mes prisons intérieures. Pas beaucoup plus tranquille comme voie me direz-vous, plus cahoteuse même, parce qu’elle amène dans les coins sombres, noirs et tourmentés de soi. Néanmoins, ce voyage, je le referais n’importe quand!

    Bien sûr, ce choix de vie demande d’en accepter les conséquences. Je ne vous cacherai pas mon attrait et mon goût pour le luxe, mon désir de m’acheter de beaux vêtements, mon désir de voyager. Je ne vous cacherai pas non plus qu’avec ce choix viennent la peur du regard des autres, de leurs questions, des «qu’en dira-t-on?» et le stress des fins de mois, que j’ai réussi à apprivoiser. Sortir de cette zone de confort financière m’a permis de me connaître, de développer ma foi en la vie et d’apprendre à dire «non», ce qui est un défi en soi!

    Cette expérience de vie m’aide à consolider ma sécurité affective, plutôt que ma sécurité matérielle. Je suis consciente aujourd’hui que, inconsciemment, je me préparais déjà à la simplicité matérielle du chemin de Compostelle, ainsi qu’à la richesse intérieure.

    Il est la quête de mon «Être». Un choix pas toujours facile à vivre et surtout à assumer. Encore aujourd’hui. Il est à la fois enrichissant et douloureux, tout comme de marcher plus de mille cinq cents kilomètres avec des jours d’abondance, de sécheresse et de disette.

    À présent, je sais que je peux me centrer sur ma croissance personnelle et professionnelle. Je suis capable de vivre dans la simplicité, ma sécurité et ma sérénité intérieure sont plus solides. J’ai foi en la vie. Je trouve toujours ce dont j’ai besoin au moment où j’en ai besoin, et c’est avec beaucoup de gratitude que je reçois ce qui m’est offert.

    Voici un extrait du livre de Ferrini, intitulé «Le silence du cœur», qui a eu une grande influence sur mon quotidien:

    Tu ne peux aller à Dieu si tu ne traverses pas la nuit sombre de l’âme. Toutes tes peurs et tes hontes doivent être élevées. Comment peux-tu t’élever à partir des cendres de ta souffrance si tu ne connais pas cette souffrance? Ceux qui prétendent qu’il n’y a aucune blessure n’entreprennent jamais l’odyssée spirituelle. Ceux qui ouvrent la blessure et qui punissent les autres ou eux-mêmes pour cette blessure ne demeurent qu’au premier stade du processus de guérison. Si tu veux guérir, souviens-toi, laisse la souffrance monter. Reconnais la blessure. Sois présent à elle et laisse-la t’enseigner.» «Voilà ce qu’est la voie spirituelle. Guérir nos blessures. Guérir notre souffrance personnelle en la rendant publique. Confesser notre honte et trouver nos partenaires de guérison. Ce n’est pas un travail qui peut être fait dans une grotte en haut d’une montagne. Se retirer de la vie ne fait qu’engourdir les sens. Ce n’est ni avantageux ni nécessaire. Le chemin le plus court vers l’illumination est celui qui conduit directement au cœur, à travers nos relations, à travers la souffrance et la peur. Ce chemin peut sembler indigne, pourtant c’est la voie la plus digne de toutes. Sur cette voie les ailes sombres s’illuminent et la noirceur engendre son propre pouvoir de guérison. Car dans la noirceur nous sommes préparés et prenons soin de nous. Des entrailles de la noirceur, nous avançons vers la lumière. Sans cela, nous ne serions pas nés. Sans cela, nous ne pourrions naître à nouveau.

    Chaque fois que je le lis, je suis émue. Ce qui me fascine, c’est l’état de préparation dans lequel mon âme s’est mise avant de m’envoyer un message clair. Ce Chemin de Compostelle allait être un pas de plus vers ma guérison intérieure, ma transformation devrais-je plutôt dire, car guérir suppose d’être «malade». Or je ne le suis pas. Je porte une blessure d’amour dont je prends soin de plus en plus.

    Début de mon histoire

    Dix-huit décembre deux mille douze. Voilà déjà un mois et demi que je suis revenue d’une expérience qui, je le sens, a changé ma vie. Je suis encore bouleversée et remuée par cette étape importante, cette pause, où j’ai mis à «off» le cours de ma vie, de mon quotidien, dans lequel parfois je me perds, m’oublie, prise dans tous les détails qui rendent l’existence insatisfaisante. Je me suis offert le plus beau cadeau que je puisse m’offrir: «Aller me faire voir ailleurs et aller voir ailleurs ce qui se passe».

    Ce n’est pas rien pour moi qui suit mère, conjointe, grandmère, thérapeute en relation d’aide, amie, fille et sœur de me permettre de partir loin des miens. Ce n’est pas rien pour moi, qui, suite à une longue hospitalisation à l’âge du nourrisson, ai développé la dépendance affective, l’angoisse de la séparation, la fusion, la difficulté à croire en elle, en ses moyens parce que ma famille m’a surprotégé, de tout quitter pour trois mois d’errance en Europe.

    Je suis de celles qui vivent une insécurité affective de fond, qui ont peur de perdre l’amour, les êtres aimés, et portent la blessure de l’abandon.

    Parfois, quand je me sens vulnérable et remuée, je me cache derrière le personnage d’une fille forte, aimable et cool. Avoir à vivre un projet qui me porte à des kilomètres de chez moi, seule, et pour une si longue période, suscite une telle gamme d’émotions, de peurs et de grands moments de vulnérabilité, que j’ai choisi de le vivre à fond de train. La raison: être le plus au clair avec ce que je vis, pour prendre soin de moi, être la plus authentique possible, pour ne pas passer à côté de ma vie et de qui je suis réellement.

    Heureusement, je me reconnais des forces: détermination, volonté, foi, le tout accompagné d’une bonne dose de courage. J’ai ainsi pu prendre mes peurs et mes insécurités par la main, les mettre dans mon sac à dos et partir vers l’inconnu, à des milliers de kilomètres de chez moi.

    À ce moment-là, j’ai fait un choix pour moi, envers et contre tous. Je ne suis indispensable dans la vie de personne. Tout le monde saura s’arranger sans moi, j’ai confiance. Souvent, je me dis: «Que se passerait-il si je mourais là, maintenant, que ma vie s’arrêtait d’un coup? Bien sûr, la peine et le choc feraient leur œuvre, mais la vie, elle, continuerait. Alors «Au revoir!». Je pars et reviens dans trois mois!»

    Je suis consciente que cela semble bien simple et facile dit comme ça, mais ce ne fut pas le cas. J’ai mis six mois pour tout organiser.

    L’un des impacts de ma démarche thérapeutique et spirituelle est que je laisse de plus en plus de place à mon monde irrationnel. Vous savez, l’intuition, les images, le monde intérieur, les émotions, … tout ce qui, en vous, vous guide. Il est l’espace en lequel j’ai développé une confiance immense, celui qui me conduit de plus en plus là où je dois aller lorsque je veux prendre une décision importante. Là où mon âme me parle.

    C’est de cette façon que mon désir de partir sur le Chemin de Compostelle est arrivé en grande pompe. Par mon monde irrationnel, sans crier gare.

    Cette merveilleuse aventure, je l’ai visualisée en février deux mille douze. C’est avec surprise et étonnement que cela s’est produit, je peux vous le garantir! Cette journée-là, j’ai fait le choix de mettre en pratique l’écoute du silence, l’essence du cœur…

    La conception de cette merveilleuse aventure

    «Si tu te détends et que tu respires profondément, ces pensées s’envoleront comme des oiseaux effarouchés et alors tu demeureras dans le cœur.»

    – Paul Ferrini

    Tout a commencé par un bel après-midi ensoleillé. Le froid hivernal me gardait bien au chaud dans ma verrière. J’aime m’y retrouver pour me relaxer, méditer et me recueillir, dans un environnement où j’ai l’impression d’être en communion avec l’univers, aimée de Dieu, au calme et en paix avec moi-même.

    Bien allongée sur mon fauteuil, je ne vois que le ciel. Je suis ouverte, sans aucune attente, excepté le désir d’être en contact avec le moment présent, en silence.

    Ma respiration est lente, avec amplitude, ce qui m’aide à me connecter à mon moi profond. Je prends contact avec mon corps tout entier, que cela soit dans ses sensations, ses inconforts, ses tensions ou son bien-être. Je perçois même le sang qui circule dans mes veines.

    Je ressens et entends l’air entrer en mon for intérieur. Cette sensation est tellement agréable! Peu à peu, je quitte le brouhaha de ma tête et le rationnel, pour faire le vide. La lumière est superbe. À travers mes paupières fermées, je vois l’effet orangé du soleil et goûte sa chaleur sur tout mon corps, une sensation suave et très réconfortante.

    Mes pensées cessent rapidement de s’agiter. Mon corps se détend, au point que je ne le sens plus. J’entre en moi avec facilité et m’abandonne complètement. Soudain, je perds contact avec le temps, avec l’environnement. C’est comme si, d’un coup, je me retrouvais dans un espace sans temporalité, dans lequel une puissance, une densité et une énergie se dégagent. Je me laisse aller à la découverte.

    Tout à coup, les images commencent à arriver à ma conscience. Quelle n’est pas ma surprise de me voir voltiger au-dessus de ce qui ressemble à une carte géographique! Je survole l’Afrique, l’Europe, et soudain, je me retrouve à marcher sur un chemin, fait de sable beige, bordé d’arbres et ensoleillé.

    Le simple fait de me remémorer ce moment et de vous le confier m’émeut. Mes yeux se remplissent de larmes. Écrire ces mots, me dévoiler à vous dans ce que j’ai de plus intime, provoque une vibration en moi. C’est un moment d’une importance capitale dans mon aventure.

    Sur ce sentier, je vois que je ne suis pas seule. Mon fils de seize ans, Thomas, est là. Je suis comme dans un rêve, mais je sais que je ne dors pas, ce qui est vraiment étrange comme sensation. Tout à coup, quelque chose m’effraie dans l’intensité et la réalité de ce qui se déroule sous mes yeux. J’aimerais me laisser aller, mais la peur me ramène à vouloir contrôler ce qu’il se passe. Je ressens une lourdeur. Mon rationnel tente de m’extirper de cet état qui, aujourd’hui je peux l’affirmer, fut de grâce.

    J’essaie de relever ma tête, de reprendre contact avec mon environnement, mais c’est presque impossible. L’instant où mes yeux s’entrouvrent, j’aperçois dans l’air une densité que je ne peux expliquer avec des mots, une sensation étrange, un brouillard. Je me dis que je suis loin, dans une autre dimension. J’ai les pieds dans mon monde irrationnel.

    Tout se passe rapidement. À ma grande surprise, je ne peux laisser ma tête relevée. Elle est trop lourde. Lentement et sans effort, elle se redépose sur l’appui-tête, et mes yeux se referment, comme happés par cet «ailleurs».

    Je me remets à marcher sur le chemin et, avec de l’émotion dans la voix, je dis à mon fils: «Ça va, mon chéri. Tu peux partir et me laisser seule, je vais être correcte.» Puis, il disparaît sans piper mot, me laissant à nouveau seule.

    En y repensant, je réalise toute l’ampleur et l’impact de cette coupure, de ce geste symbolique du détachement. Je suis impressionnée de voir à quel point mon âme sait ce dont j’ai besoin. Ce qui me fascine, c’est la force de la projection que j’ai faite inconsciemment en disant à mon fils de partir, lui qui est le «bébé» de la famille, tout comme je le suis.

    En revenant à moi, une émotion intense m’envahit. Je suis habitée par une certitude. Une chose est claire, comme la lumière: je dois partir sur le Chemin de Compostelle, sur lequel je viens d’aller me promener. Je dois le faire seule. Je pleure à gros sanglots, sans pouvoir m’arrêter. Je prends mon journal de bord, et c’est dans un automatisme, je peux vous jurer que j’y inscris:

    «Je pars sur le Chemin de Compostelle au mois d’août, septembre et octobre deux mille douze. C’est le premier pas vers ma libération de la prison de la dépendance du regard de l’autre. Je respire ma vie. Je me choisis. Je dépasse la culpabilité que me fait vivre le fait de me choisir. J’accueille la peur que je porte de décevoir. Si je déçois, qu’est-ce que je risque? Perdre l’amour des autres? Gagner en amour de moi, en confiance, en fierté, en réalisation, en dépassement et en respect de qui je suis?»

    À travers mes larmes, je fixe ce que je viens d’écrire. Je suis sonnée par cette révélation. Non seulement je sais quel chemin je dois suivre, mais je sais aussi profondément pourquoi je dois le suivre, ce qu’il m’apportera. Je suis bouleversée par cette expérience, mais également habitée d’une paix intérieure rarement ressentie.

    Je comprends alors qu’un grand défi m’attend. Je saisis que si je ne me mets pas en route là, dans l’immédiat, je vais mourir dans ma prison de la dépendance du regard de l’autre, dans la fusion, que nulle autre que moi avais créée, bien qu’inconsciemment, à partir de ma blessure d’enfant faite d’abandon et de non-valeur.

    C’est ainsi que, jour après jour jusqu’au vingt août deux mille douze, j’ai porté, chéri et bercé ce profond désir.

    Début de mon histoire

    Maintenant que je connais ma destination et la future quête à accomplir, je dois aller de l’avant et suivre ce qui s’impose à moi. Par conséquent, partir sur ce chemin….

    Nous sommes en mars deux mille douze, un vendredi, et je dois me rendre à Montréal pour une formation durant le week-end. Restant à une certaine distance de là, j’en profite pour joindre l’utile à l’agréable et décide de rencontrer Claire, une amie précieuse, que j’aime beaucoup. Avec elle, je peux passer du déconnage ou du papotage de fille, à la profondeur des émotions et des sentiments. Claire a fait un voyage de trois semaines sur le Chemin de Compostelle. Je me souviens de ce qu’elle y a vécu, de son expérience.

    À ce moment, je l’écoutais avec attention raconter ses vacances, sans plus, même si dans mon for intérieur et mon inconscient, Compostelle était installé depuis un moment. Finalement en deux mille six dans l’un des livres d’écriture reprenant les choses que j’aimerais faire un jour, j‘avais transcrit mon ambition de marcher sur le chemin de Compostelle. Ce qui est fort, c’est que je ne me souvenais même plus de ça! Je suis tombée dessus par hasard des mois après mon retour d’Europe. Comme quoi écrire ses rêves mène parfois à leurs réalisations, sans que l’on fasse grand-chose.

    Revenons à Claire. Je me dis qu’elle est probablement la meilleure personne pour me comprendre. J’arrive donc chez elle en fin d’après-midi. Une troisième amie se joint à nous pour le souper. La soirée passe, mais je n’arrive pas à partager le projet que je garde secrètement. Toutes sortes de peurs m’envahissent. Je veux en parler, mais en privé. J’ai envie d’abandonner, de laisser aux autres le pouvoir de me faire dévier de ma trajectoire par croyance ou jugements. Ce soir-là, je me suis couchée déçue, le cœur triste de ne pas lui avoir parlé de mon rêve.

    Le lendemain matin, je me suis levée tôt pour me préparer à aller à ma formation. Il ne me reste que quelques minutes pour lui parler. «Allez, prends ton courage à deux mains et vas-y, fonce, dis-lui!», me dis-je sans cesse.

    Je sais au plus profond de mon âme qu’en partageant mon rêve avec elle, je vais l’ancrer en moi, le rendre plus réel et concret. Je suis pleinement consciente que ces mots résonneront dans tout l’univers…

    Je prends une grande inspiration. Dès les premiers mots, je suis envahie par une vive charge émotive. Je pleure et sanglote. Je laisse parler mon cœur.

    «Claire… Je suis dans une démarche spirituelle… Une démarche de survie… Je veux aller sur le Chemin de Compostelle, et je veux y aller seule. Je suis appelée là-bas, il n’y a pas de doute.»

    Rapidement, je lui parle de mon rêve, de ma visualisation. Elle m’écoute, me sourit et me dit, avec tout le calme et la douceur que je lui connais:

    — Tu vas avoir besoin d’au moins trois semaines pour en profiter pleinement.

    — Non, Claire. Je pars trois mois. En août, septembre et octobre.

    Elle me regarde, toujours avec son superbe sourire et ses beaux yeux bleus, pour me répondre que c’est exactement le temps que ça prend pour faire le chemin d’un bout à l’autre. Je suis impressionnée. Comment mon inconscient le savait-il? Ça y est, je l’ai dit! Quel soulagement! Pas de «tu es folle ou quoi, tu ne peux pas partir si longtemps, tu n’es pas sportive». Non, rien de tout ça.

    Je peux vous assurer que je suis douée pour mettre des mots et des phrases dans la bouche des gens quand j’ai peur, et surtout, de croire dur comme fer que c’est ce qu’ils vont dire ou penser.

    Je me sens tellement vivante, tellement fière et émue de ce que je viens de faire comme dépassement. Je suis tremblante et vulnérable, mais vraiment heureuse.

    Durant ce même week-end, j’ai échangé avec une étudiante et lui en ai glisse un mot. J’en ai aussi parlé à la formatrice du cours, toujours avec cette charge d’émotions bien présente, surtout lorsque je lui ai avoué que ma vie spirituelle était pour le moment plus importante que ma vie professionnelle. Les mots sortaient de ma bouche avec fluidité, clairs comme l’eau d’une source. J’avais besoin d’en parler, de rendre mon projet vivant et concret. Je voulais le crier! Mais doucement. Car, plus je le dis, plus c’est vrai, plus j’aurai à partir…

    L’émotion ressentie venait aussi de la gêne et de la peur de montrer cette facette de moi – la spiritualité –, que je gardais cachée sans oser me donner le droit de vivre cette dimension qui cherchait à sortir, à se dévoiler. Je suis consciente que cela me rendait vulnérable. J’avais peur de souffrir de ce que les gens pourraient dire. Cela a fait partie de mon processus de transformation: sortir du regard des autres, pour revenir à ce qui est important pour moi: assumer pleinement qui je suis, à savoir une femme spirituelle.

    Aujourd’hui, je sais aussi que l’émotion intense et la charge émotive venaient de mon âme qui exultait, parce qu’elle était écoutée et entendue.

    Les jours qui suivirent, j’ai annoncé mon projet à ma fille et à mes fils. J’ai parlé à Thomas de sa présence dans ma visualisation, de la symbolique de la séparation. Cela fut bien accueilli. J’assumais de plus en plus mon choix, laissant ainsi peu de place à la tergiversation.

    Le plus gros morceau fut de l’annoncer à mon amoureux, avant qu’il l’apprenne de quelqu’un d’autre. J’avais vraiment très peur de sa réaction, mais aussi de la mienne: «Vais-je flancher? Me laisser tomber? Changer d’idées s’il émet un commentaire contre mon projet?» On parle ici de trois mois loin de mon homme, de la famille, du nid et de mes poussins…

    Cela s’est passé un samedi matin. Nous étions en robe de chambre près du comptoir de la cuisine, attendant que le café soit prêt. Deux polarités d’émotions m’habitaient: un état de terreur qui me poussait à me taire, et un état de contentement qui m’incitait à parler, me rendant vulnérable et forte à la fois. J’étais aussi émue et confiante en cet homme qui me supporte depuis toujours dans mes projets.

    Mais ce matin, je suis consciente que c’est une grosse annonce que j’ai à faire pour un petit samedi matin tranquille. En tout cas, ça l’est pour moi! C’est donc la peur au ventre avec l’ardent désir de partir que je l’ai pris par la main, l’ai regardé droit dans les yeux et ai osé lui dire:

    — Louis, je dois te dire quelque chose. J’ai pris une grande décision. J’ai eu un appel de mon inconscient, de mon âme. C’est important pour moi. J’ai décidé de partir pour trois mois sur le Chemin de Compostelle. Je pars cette année, en août, septembre et octobre.

    — Toute seule? me demanda-t-il avec sérieux, les yeux plongés dans les miens.

    — Oui…

    — Comment puis-je t’empêcher de suivre ton cœur? Je peux comprendre ça.

    Je l’aime mon homme! En plus, je peux compter sur son soutien. Je me suis mise à pleurer dans ses bras, bien légère tout d’un coup. C’est super, je pars!

    Je suis pleinement consciente que je vais chercher des réponses dans ce voyage, que je n’étais pas en train de fuir. Que du contraire! Je partais avec un besoin réel d’aller trouver la clef de ma libération intérieure. Mon choix est tellement assumé que tous ceux à qui j’en parle ont la même réaction. Ils m’offrent support, encouragements et ne me jugent pas. Je leur suis très reconnaissante.

    À tout moment, tout au long de mon processus, une petite voix à l’intérieur de moi me parlait et me guidait. Je l’écoute le plus possible.

    Sept mars deux mille douze. Je suis chez ma sœur avec quelques membres de la famille, pour souligner l’anniversaire de ma tendre maman. Nous sommes en train de finir notre petit-déjeuner. Seules quelques personnes sont au courant de mon voyage. Soudain, le téléphone sonne. C’est tante Marthe, ma «super» marraine, qui appelle pour souhaiter bonne fête à ma mère.

    Je n’ai jamais vu une femme de quatre-vingt-deux ans avoir l’air si jeune et en si grande forme, féminine, coquette, ouverte, drôle… Bon, je m’arrête. Je suis une fan finie de ma marraine, et quand je parle d’elle, je suis tellement admirative et amoureuse que cela part tout seul. Vous savez les fées marraines dans les contes de Cendrillon et autres? Bien, la mienne en est l’une de celles-là! Je suis chanceuse de l’avoir encore dans ma vie.

    Après avoir parlé à maman, je prend le combiné à mon tour pour lui dire bonjour. Je suis heureuse de ce petit moment avec elle. Après avoir raccroché, j’entends au fond de moi une petite voix me dire: «parle-lui de ton projet, ouvre-lui ton cœur». C’est vrai que je ne me permets pas toujours de lui dévoiler qui je suis réellement. Elle sait de moi ce que je lui dis lors de nos trop brèves rencontres, ou encore ce qu’elle entend de la bouche de mes parents. J’ai donc décidé de lui envoyer une longue missive qui mettait en lumière ma démarche depuis les six dernières années, ainsi que l’aboutissement de cette quête, à savoir un voyage spirituel qui me conduirait sur le Chemin de Compostelle.

    Mettre cette lettre sur une page blanche de mon livre va de soi, l’élan de me livrer à vous dans mon intimité me pousse à le faire. Pour moi, la liberté d’expression va jusque-là. C’est un processus de libération. La destination d’une vie. Je pourrais vous raconter mon voyage outre-mer à travers les faits seulement, mais je passerais à côté de moi-même. Bien sûr, il y a aussi du plaisir, de la légèreté et, vous pourrez le constater plus loin, il y en a beaucoup. J’ai vu des décors splendides, des villages à couper le souffle, une nature enveloppante, parfois étouffante. Des anecdotes, des histoires très drôles, de grandes peurs aussi. De joyeuses rencontres, troublantes, séduisantes. Ce voyage en est un depuis sa naissance dans ma verrière, jusqu’à maintenant avec l’écriture de ces mots

    (Si le cœur vous en dit, elle se trouve en annexe.)

    Quelques jours après avoir reçu mon courriel, ma marraine m’a appelée pour me dire combien elle était fière de moi et m’encourager. Nous avons discuté durant une bonne heure. Ces instants me nourrissent vraiment, surtout s’ils sont partagés avec des femmes si précieuses. Je lui ai fait une requête particulière et très importante pour moi, en lui demandant la permission d’emmener une photo de mon parrain, oncle Raymond, décédé depuis quelques années, afin d’être supportée par lui. Cela peut vous sembler anodin, mais je sais qu’elle est encore très liée à lui, qu’elle le garde précieusement dans son cœur. Il est l’amour de sa vie et lui manque encore atrocement aujourd’hui. Il me semblait donc respectueux d’obtenir son approbation.

    Ce soir-là, elle m’offrit un objet si précieux que c’est en pleurant de joie que je la remerciais.

    Notez que tout au long de mon voyage dans les contrées lointaines d’Europe, tante Marthe a été présente, via Internet, pour m’encourager, me supporter et m’aimer. Oncle Raymond aussi.

    La prochaine étape, bien importante celle-là aussi, fut d’annoncer mon départ à mes parents. Je le devais, même si j’appréhendais leur réaction, en particulier celle de ma mère…

    Treize mars. J’avais rendez-vous avec mon papa pour aller visiter l’Oratoire St-Joseph à Montréal. Nous y allions avec un groupe organisé de son patelin. Je sais que ce genre de visites le rend heureux. Depuis que je suis jeune, les visites d’églises, de cathédrales, d’oratoires et autres endroits de culte religieux, font partie des vacances et de ses sorties préférées. Cela me fait vraiment plaisir de l’accompagner, d’avoir mon moment toute seule avec lui ses déplacements sont rendus plus difficiles et laborieux. C’est le moment idéal pour lui parler de mon projet. Je voulais lui en parler en premier, pour qu’il puisse me guider et me supporter pour l’annoncer à maman. Comme quoi on ne contrôle pas tout!

    Oh! Mère nature ne nous a pas gâtés, ce jour-là! Vent très fort, pluie intense, froid de canard étaient au menu météorologique. Néanmoins, l’idée de passer cette journée seule avec papa me remplissait de joie, d’autant plus que j’ai très hâte de lui parler. Je prends le temps de me pomponner, de me faire belle pour accompagner mon père et être à son bras, cela s’impose. En plus, c’est une journée importante pour moi aussi.

    Vers neuf heures, lorsque je suis entrée chez eux, il m’accueille en me disant tout bonnement: «La pluie du matin n’arrête pas la marche du pèlerin

    Je vous laisse deviner ce qu’il s’est passé. Une immense vague m’a submergée, me faisant éclater en sanglots. Il n’y a pas de hasard, me suis-je dit. J’étais sous le choc. Inquiets de voir leur enfant dans cet état, je m’empresse de les rassurer.

    «Je pleure de joie! Tu ne peux pas savoir comme ce que tu viens de dire résonne en moi et me fait capoter! Je pars pour la route de Compostelle, seule! C’est planifié pour le mois d’août

    Paff! Je leur ai balancé ça, comme ça, en plein visage! Pas de gants blancs, le manteau encore sur le dos, toute dégoulinante. Un grand cri du fond du cœur. Bon, j’avoue que l’effet fut observable: pas de mots, bouche bée et les yeux ronds. Comme effet de surprise, on ne fait pas mieux.

    Tout de suite, maman, aimante et mère poule, m’imagina, seule, marchant dans la nature aux risques et périls d’une vie des années deux milles. Perdue à des kilomètres d’ici, et ce durant trois mois! Des peurs et des scénarios de toutes sortes l’assaillirent. Elle ne s’inquiétait pas uniquement pour moi, mais aussi pour ma fille, mère monoparentale vivant seule à trois pas, ou presque, de chez moi.

    «Maman, je pars seule, mais je sais parler et me débrouiller. Je possède des ressources et je te promets que pas un soir je ne dormirai dehors.» la rassurais-je de suite, pour que la situation ne finisse pas par me faire tout lâcher, dans le but de la ménager.

    De toute façon, entre vous et moi, je suis bien trop peureuse pour m’imaginer deux secondes être seule à la belle étoile. Je me serais mise à genoux devant un habitant pour qu’il me fasse une place, ne serait-ce qu’avec les vaches, pour qui j’ai une affection sans fin, pour me réfugier!

    Je lui ai expliqué que c’est un chemin bien fréquenté, bien organisé et je devrais bien m’en sortir. Chaque jour, des femmes y vont seules. Je lui ai ensuite nommé clairement quels étaient mes besoins dans ce processus. «Maman, j’ai besoin d’être encouragée, d’être supportée par toi. Je peux entendre que tu vis de l’insécurité, mais n’imagine pas des scénarios d’histoires d’horreur, s’il te plaît.» Sur le ton de la plaisanterie, je lui ai dit d’en parler avec son thérapeute, en pointant mon père du regard, sourire en coin.

    «Pour ce qui est de ma fille, je ne suis pas inquiète de

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