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Poèmes
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Artaud Antonin – Poèmes : Le trajet, en vers, d’un poète qui, le plus souvent, rejeta la versification. Après ses premiers poèmes influencés par Mallarmé et l’unanimisme, Antonin Artaud, refuse de corriger ce que certains, dont Jacques Rivière, considèrent comme des étrangetés voire des maladresses et revendique la vérité de son être, de son esprit et l’incapacité d’atteindre vraiment à fixer la pensée dans les mots.
« Il y a donc un quelque chose qui détruit ma pensée ; un quelque chose qui ne m’empêche pas d’être ce que je pourrais être, mais qui me laisse, si je puis dire, en suspens. Un quelque chose de furtif qui m’enlève les mots que j’ai trouvés, qui diminue ma tension mentale, qui détruit au fur et à mesure dans sa substance la masse de ma pensée… » Antonin Artaud fera de son impuissance à faire une « œuvre » formelle et cohérente l’axe même de son œuvre, et de sa « personnalité critique » son unique objet poétique. Il sera le poète du manque et de la séparation de soi-même.
En s’inventant dans l’écriture, Artaud s’est fait lui-même le créateur du mythe Artaud. Et la construction de ce mythe n’est pas dissociable de son expérience de la coupure, que la clinique désigne comme schizophrénique. Une entreprise de fusion à haut-degré d’une crise vécue intérieurement et d’une écriture qui l’exhibe est sans doute ce qui fait désormais d’Antonin Artaud, dans l’imaginaire collectif, une sorte de saint poétique, ainsi que l’a noté Michel Foucault (Histoire de la folie à l’âge classique, 1961). S’il rejette les vers, et même de vers libres au sens des symbolistes, l’exigence de vérité en matière de langage dénonçant toute forme préétablie comme un des faux-semblants de la littérature,  il écrira cependant encore à côté de ses textes majeurs (Les Pèse-Nerfs, L’Ombilic des limbes), des poèmes que nous vous proposons ici : « Je suis témoin, je suis le seul témoin de moi-même. »
LangueFrançais
ÉditeurMacelmac
Date de sortie13 juin 2021
ISBN9791220815963
Poèmes
Auteur

Antonin Artaud

Antonin Artaud was a French dramatist, poet, essayist, actor, and theatre director, widely recognized as one of the major figures of twentieth-century theatre, literature and the European avant-garde. He is best known for conceptualizing the Theatre of Cruelty.

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    Poèmes - Antonin Artaud

    PREMIERS POÈMES 1913-1923

    PREMIERS POÈMES

    1913-1923

    LE NAVIRE MYSTIQUE

    Il se sera perdu le navire archaïque

    Aux mers où baigneront mes rêves éperdus ;

    Et ses immenses mâts se seront confondus

    Dans les brouillards d’un ciel de bible et de cantique.

    Un air jouera, mais non d’antique bucolique,

    Mystérieusement parmi les arbres nus ;

    Et le navire saint n’aura jamais vendu

    La très rare denrée aux pays exotiques.

    Il ne sait pas les feux des havres de la terre.

    Il ne connaît que Dieu et sans fin solitaire

    Il sépare les flots glorieux de l’infini.

    Le bout de son beaupré plonge dans le mystère.

    Aux pointes de ses mâts tremble toutes les nuits

    L’argent mystique et pur de l’étoile polaire.

    (1913)

    SUR UN POÈTE MORT

    Son âme de poète hélas était partie

    Dans les sons musicaux et gothiques d’un soir

    Et merveilleusement parmi les haubans noirs

    Le soleil inclinait sa carène jaunie.

    Alors j’étais venu dans ma mélancolie

    De cet homme divin voir la dépouille et voir

    La Beauté où se forme ainsi qu’un reposoir

    La Sublime Pensée éclatante et fleurie.

    Les orgues de la mer faisaient un bruit de foule,

    Les cordages râlaient avec un bruit de houle

    Parmi les flammes d’or des cierges qui pleuraient.

    Et des voix s’élevaient du velours et de l’or

    Du grand vaisseau que des processions décoraient

    Aux sons très doux soufflant aux flûtes de la mort.

    (1914.)

    EN SONGE

    Au fond des jardins de nos songes

    Plus beaux que les plus beaux rêves de nos génies,

    Saisis par de mystérieuses harmonies

    Éclateront en nous des rêves de génie

    Et des poèmes de mensonge

    Dont nous écouterons les strophes infinies

    En songe.

    Et les vents courberont les arbres jusqu’à terre,

    Des arbres plus fastueux que le couchant,

    Ayant des fruits de pourpre et d’or, de diamant

    Aux reflets alléchants,

    Avec les yeux des émeraudes de mystère

    Jetant des flammes de mystère…

    Et les vents tordront les arbres et nos corps

    Arracheront aux bois leurs musiques intimes,

    Et nos voix lanceront des musiques sublimes

    Aux porches des forêts fauves des hautes cimes

    Aux fleuves d’or.

    Afin de mieux saisir l’âme de nos domaines,

    L’âme de nuit de décadence et de couchant,

    La grande âme de ténèbres et de génie

    Nous prendrons le chemin du sentier bleu qui mène

    Droit au couchant

    Rayonnant de magnificence et d’harmonie

    Ainsi qu’une rosace au cœur du temple immense.

    Et là nous entendrons l’immortelle cadence

    Des lignes et des corps rythmés

    Et des gothiques balustrades parfumées

    De la douceur des corps aimés

    Par les hommes aux grandes âmes de cadence,

    Par les poètes parfumés.

    Eno (1915).

    SOIR

    Les fleuves roses passaient sous les grandes étoiles

    Quand toutes les colombes vermeilles du jour

    N’avaient pas déserté les balustres du jour

    Où des femmes tendent leurs cheveux

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