Poèmes
Par Antonin Artaud
()
À propos de ce livre électronique
« Il y a donc un quelque chose qui détruit ma pensée ; un quelque chose qui ne m’empêche pas d’être ce que je pourrais être, mais qui me laisse, si je puis dire, en suspens. Un quelque chose de furtif qui m’enlève les mots que j’ai trouvés, qui diminue ma tension mentale, qui détruit au fur et à mesure dans sa substance la masse de ma pensée… » Antonin Artaud fera de son impuissance à faire une « œuvre » formelle et cohérente l’axe même de son œuvre, et de sa « personnalité critique » son unique objet poétique. Il sera le poète du manque et de la séparation de soi-même.
En s’inventant dans l’écriture, Artaud s’est fait lui-même le créateur du mythe Artaud. Et la construction de ce mythe n’est pas dissociable de son expérience de la coupure, que la clinique désigne comme schizophrénique. Une entreprise de fusion à haut-degré d’une crise vécue intérieurement et d’une écriture qui l’exhibe est sans doute ce qui fait désormais d’Antonin Artaud, dans l’imaginaire collectif, une sorte de saint poétique, ainsi que l’a noté Michel Foucault (Histoire de la folie à l’âge classique, 1961). S’il rejette les vers, et même de vers libres au sens des symbolistes, l’exigence de vérité en matière de langage dénonçant toute forme préétablie comme un des faux-semblants de la littérature, il écrira cependant encore à côté de ses textes majeurs (Les Pèse-Nerfs, L’Ombilic des limbes), des poèmes que nous vous proposons ici : « Je suis témoin, je suis le seul témoin de moi-même. »
Antonin Artaud
Antonin Artaud was a French dramatist, poet, essayist, actor, and theatre director, widely recognized as one of the major figures of twentieth-century theatre, literature and the European avant-garde. He is best known for conceptualizing the Theatre of Cruelty.
En savoir plus sur Antonin Artaud
Le Pèse-Nerfs – Fragments d'un Journal d'Enfer – L'Art et la Mort Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPour en finir avec le jugement de dieu Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationArtaud le Mômo Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationVan Gogh le suicidé de la société Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe théâtre et son double Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Moine raconté par Antonin Artaud Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL’Ombilic des limbes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Pèse-Nerfs – Fragments d’un Journal d’Enfer – L’Art et la Mort Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationVan Gogh le suicidé de la société Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Lié à Poèmes
Livres électroniques liés
Les Illuminations Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationIlluminations Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPoésies: édition intégrale Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationOeuvres complètes de Paul Verlaine, Vol. 1 Poèmes Saturniens, Fêtes Galantes, Bonne chanson, Romances sans paroles, Sagesse, Jadis et naguère Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL’Ombilic des limbes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationÀ la recherche du temps perdu de Marcel Proust: Les Fiches de lecture d'Universalis Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe temps retrouvé: Analyse complète de l'oeuvre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa fugitive ou Albertine disparue: Analyse complète de l'oeuvre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationFin de partie de Samuel Beckett (Analyse de l'oeuvre): Analyse complète et résumé détaillé de l'oeuvre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Guépard de Giuseppe Tomasi di Lampedusa (Fiche de lecture): Résumé complet et analyse détaillée de l'oeuvre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Chef-d'oeuvre inconnu Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Poètes maudits Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa négresse blonde: Cinquième hypostase, avec soixante-quinze Tatouages de Lucien Métivet Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationÀ l'ombre des jeunes filles en fleurs de Marcel Proust (Analyse de l'oeuvre): Analyse complète et résumé détaillé de l'oeuvre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Feu Follet Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Molière et la comédie: Les Dossiers d'Universalis Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSymbolistes et Décadents Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationConfession d'un masque de Yukio Mishima (Analyse de l'oeuvre): Analyse complète et résumé détaillé de l'oeuvre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCharmes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa prisonnière: Analyse complète de l'oeuvre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDivagations Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'art de la mise en scène: Essai d'esthétique théâtrale Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe côté de Guermantes: Analyse complète de l'oeuvre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDon Juan, ou le Festin de pierre Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Oeuvres choisies: Amours de Cassandre, Bien qu'il te plaise, Une beauté, Avant le temps, Si mille oeillets, Discours des misères du temps, etc. Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDans la solitude des champs de coton de Bernard-Marie Koltès: ou le théâtre au corps à corps Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHenri Duchemin et ses ombres Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCanzoniere de Pétrarque: Les Fiches de lecture d'Universalis Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationContre Sainte-Beuve de Marcel Proust: Les Fiches de lecture d'Universalis Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPelléas et Mélisande Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Poésie pour vous
Le Spleen de Paris (Petits poèmes en prose): Un recueil posthume de poésies de Charles Baudelaire Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Les cent-et-un meilleures poèmes de la langue française: Choisis par Marc & Claudia Dorchain Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Les Oeuvres Complètes de Rimbaud Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Paradis Perdu - illustré Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHaïti pour toujours/Ayiti pou toutan: Recueil de poèmes en hommage à Haïti Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLéopold Sédar Senghor: De la négritude à la francophonie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationEcrire au féminin: Anthologie de poésie féminine mondiale Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Métamorphoses Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationOeuvres complètes d'Apollinaire Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Fleurs du Mal: French 1861 version Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Poésie politique congolaise: 1959-1966 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDe terre, de mer, d'amour et de feu Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCharmes Évaluation : 3 sur 5 étoiles3/5Les Oeuvres Complètes de Virgile (Édition intégrale): Bucoliques + Géorgiques + L'Énéide + Biographie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa fin de Satan Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationŒuvres Complètes De Charles Baudelaire Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Divine Comédie: Tome III : Le Paradis Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMéditations poétiques Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa crise de L'esprit: Suivi de : Bilan de l'Intelligence, Regards sur le monde actuel Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationBelles Poésies de Cœur et de Corps Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Poésie moderne: Les Fiches de lecture d'Universalis Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes fables de Jean de La Fontaine Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Poèmes saturniens Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHaïkus des 5 saisons: Variations japonaises sur le temps qui passe Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMythologie grecque et romaine: Introduction facile et méthodique à la lecture des poètes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation60 Poèmes d'Amour en Français: La Plus Belle Collection de Poèmes du Monde Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationQuelle heure est-il dans le grimoire du temps? Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5La musique mot à mot: ou l'émotion des sons Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Avis sur Poèmes
0 notation0 avis
Aperçu du livre
Poèmes - Antonin Artaud
PREMIERS POÈMES 1913-1923
PREMIERS POÈMES
1913-1923
LE NAVIRE MYSTIQUE
Il se sera perdu le navire archaïque
Aux mers où baigneront mes rêves éperdus ;
Et ses immenses mâts se seront confondus
Dans les brouillards d’un ciel de bible et de cantique.
Un air jouera, mais non d’antique bucolique,
Mystérieusement parmi les arbres nus ;
Et le navire saint n’aura jamais vendu
La très rare denrée aux pays exotiques.
Il ne sait pas les feux des havres de la terre.
Il ne connaît que Dieu et sans fin solitaire
Il sépare les flots glorieux de l’infini.
Le bout de son beaupré plonge dans le mystère.
Aux pointes de ses mâts tremble toutes les nuits
L’argent mystique et pur de l’étoile polaire.
(1913)
SUR UN POÈTE MORT
Son âme de poète hélas était partie
Dans les sons musicaux et gothiques d’un soir
Et merveilleusement parmi les haubans noirs
Le soleil inclinait sa carène jaunie.
Alors j’étais venu dans ma mélancolie
De cet homme divin voir la dépouille et voir
La Beauté où se forme ainsi qu’un reposoir
La Sublime Pensée éclatante et fleurie.
Les orgues de la mer faisaient un bruit de foule,
Les cordages râlaient avec un bruit de houle
Parmi les flammes d’or des cierges qui pleuraient.
Et des voix s’élevaient du velours et de l’or
Du grand vaisseau que des processions décoraient
Aux sons très doux soufflant aux flûtes de la mort.
(1914.)
EN SONGE
Au fond des jardins de nos songes
Plus beaux que les plus beaux rêves de nos génies,
Saisis par de mystérieuses harmonies
Éclateront en nous des rêves de génie
Et des poèmes de mensonge
Dont nous écouterons les strophes infinies
En songe.
Et les vents courberont les arbres jusqu’à terre,
Des arbres plus fastueux que le couchant,
Ayant des fruits de pourpre et d’or, de diamant
Aux reflets alléchants,
Avec les yeux des émeraudes de mystère
Jetant des flammes de mystère…
Et les vents tordront les arbres et nos corps
Arracheront aux bois leurs musiques intimes,
Et nos voix lanceront des musiques sublimes
Aux porches des forêts fauves des hautes cimes
Aux fleuves d’or.
Afin de mieux saisir l’âme de nos domaines,
L’âme de nuit de décadence et de couchant,
La grande âme de ténèbres et de génie
Nous prendrons le chemin du sentier bleu qui mène
Droit au couchant
Rayonnant de magnificence et d’harmonie
Ainsi qu’une rosace au cœur du temple immense.
Et là nous entendrons l’immortelle cadence
Des lignes et des corps rythmés
Et des gothiques balustrades parfumées
De la douceur des corps aimés
Par les hommes aux grandes âmes de cadence,
Par les poètes parfumés.
Eno (1915).
SOIR
Les fleuves roses passaient sous les grandes étoiles
Quand toutes les colombes vermeilles du jour
N’avaient pas déserté les balustres du jour
Où des femmes tendent leurs cheveux