Le Corrège à Parme
Par Camille Guymon
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Aperçu du livre
Le Corrège à Parme - Camille Guymon
Camille Guymon
Le Corrège à Parme
Publié par Good Press, 2022
goodpress@okpublishing.info
EAN 4064066307363
Table des matières
PRÉFACE
I
II
III
LES FRESQUES
LE PARLOIR DE L’ABBESSE DE SAN-PAOLO FRESQUE
LA COUPOLE DE SAN-GIOVANNI
LA COUPOLE DE LA CATHÉDRALE DE PARME
LA FRESQUE DE L’ANNONCIATION
LA FRESQUE DE LA MADONNA DELLA SCALA
LE COURONNEMENT DE LA VIERGE
LES PEINTURES A L’HUILE
LE PORTEMENT DE CROIX
LE MARTYRE DE SAINTE PLACIDE
LA DÉPOSITION DE CROIX
LA MADONNA DELLA SCODELLA
LE SAINT JÉROME OU IL GIORNO
CORRÈGE A LA TRIBUNE DE FLORENCE
00003.jpgPRÉFACE
Table des matières
Nous n’avons nullement la prétention de jeter une lumière nouvelle sur la vie d’Antonio Allegri, et c’est en vain que nous avons exploré sa ville natale, fouillé les bibliothèques, épelé les manuscrits, suivi la trace de ses rares et courtes pérégrinations de Corregio à Parme, de Parme à Modène. Il semble qu’un malicieux démon se soit complu à rayer le nom de ce grand peintre et des écrits et de la mémoire des hommes. Ses biographes, en exploitant les légendes plus ou moins ingénieuses qu’admirateurs et détracteurs avaient propagées en des temps relativement éloignés de nous, n’ont d’ailleurs que médiocrement satisfait la légitime curiosité des lettrés et des érudits. La critique moderne, aussi scrupuleuse dans ses procédés d’investigation que difficile à l’endroit des témoignages, a fort heureusement fait justice des allégations et des fables en crédit depuis Vasari, préférant à l’embellissement des fictions l’austère et respectueux silence qui a plané jusqu’à ce jour sur l’illustre chef de l’école Parmesane. La science biographique, certes, a rendu d’importants services à la cause des lettres et des arts, soit en développant le goût des études approfondies, soit en détruisant les préjugés enracinés de la tradition. Elle a fourni des armes nouvelles à la critique devenue toute-puissante et inattaquable dans le domaine de la réalité des faits. Néanmoins, comme toute bonne méthode, n’a-t-elle pas eu ses fanatiques qui l’ont dénaturée en la détournant de son véritable but, qui est de guider le jugement dans l’appréciation de tel ou tel caractère, de telle ou telle manifestation intellectuelle? Que d’exemples n’avons-nous pas eus récemment des excès mêmes de la méthode qui consiste à juger un écrivain, un artiste, non pas d’après son œuvre, mais sur les actes les plus intimes de sa vie privée, sur ses habitudes d’esprit, ses désirs, ses penchants, ses travers et ses qualités? C’est ainsi que l’on a peu à peu substitué le pamphlet à l’histoire tout en récusant l’opinion de nos devanciers, sous prétexte qu’elle est entachée d’ignorance! Que l’on prenne garde de tomber, par une autre voie, en d’aussi regrettables errements!
Lorsqu’on se trouve en présence d’une personnalité comme celle du Corrège, on ne peut souhaiter de connaître sa vie que pour rendre hommage à sa mémoire; peut-être aussi, grâce à certains détails intimes, eût-on pu se rendre compte, avec plus d’exactitude qu’on ne l’a fait encore, des causes qui ont déterminé le rapide développement de son génie et des influences auxquelles nous devons ses admirables créations. Mais, en vérité, ses œuvres elles-mêmes ne sont-elles pas le plus éloquent commentaire de sa destinée, ne disent-elles pas assez de quelle nature fut l’homme, de quelle trempe fut l’artiste, et n’est-ce pas elle que nous devons tout d’abord interroger, si nous voulons approcher le plus possible de la vérité ?
Tel est notre sentiment, et c’est pour cela que nous avons volontairement séjourné un long temps à Parme: suivre pas à pas le Corrège dans ses vastes travaux, retrouver ses idées, ses sensations, ses aspirations, le saisir sur le vif, vivre de sa vie pour mieux nous l’expliquer, le mieux entendre et le bien traduire, voilà la douce tâche que nous nous étions assignée.
Notre espérance n’a pas été déçue; le maître s’est révélé à nous en sa simplicité laborieuse, ses hautes pensées, ses sublimes inspirations. Nous l’avons trouvé, non point tel que la légende le dépeint, mais comme la raison l’imagine, et c’est avec quelque assurance dans le cœur que nous entreprenons de tracer rapidement l’humble esquisse de cette fière et noble figure.
I
Table des matières
Les historiens de l’art s’accordent généralement à fixer la naissance du Corrège l’an 1494, sans autre preuve qu’une assertion de Tiraboschi, basée elle-même sur une inscription plus ou moins fidèle. Lanzi et Pungileoni confirment le dire de Tiraboschi, auquel se sont également ralliés Ratti, Affo, Millien et autres critiques. En tout cas, si l’on se méprend de quelques années sur la daté de la naissance du peintre parmesan, on connaît, d’une façon positive, celle de ses plus importants travaux, et l’on sait que, peu après l’achèvement de la coupole de la cathédrale de Parme, il mourut retiré à Corregio, vers 1534.
Antonio naquit de parents aisés qui prirent soin de son éducation: Il fut, dit Gustave Planche, initié à la littérature par Giovanni Berni de Plaisance, Marastoni de Modène, et à la philosophie par Lombardi da Corregio. Or, ces trois hommes s’étaient acquis l’estime de leurs concitoyens, par l’étendue de leur érudition, la pureté de leur goût, l’élévation de leur pensée. Pour confier l’éducation d’Antonio Allegri à de tels maîtres, il fallait que sa famille fût à l’abri de la pauvreté .
Ainsi tombent d’eux-mêmes les récits étranges du Vasari et de quelques autres narrateurs naïfs sur la pauvreté déplorable du Corrège et l’avarice sordide qui en aurait été la conséquence. On a conté qu’ayant reçu à Parme un paiement de soixante écus en deniers de cuivre, il partit à pied, par un soleil brûlant, portant cette lourde charge jusqu’à Corregio, sa patrie, où il succomba .
Hâtons-nous de dire que les critiques modernes les plus autorisés, G. Planche, Paul Cochery entre autres, ont depuis longtemps réfuté ces balivernes et remis l’auteur de l’Antiope en son