La dictature du Relativisme
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Aperçu du livre
La dictature du Relativisme - Collectif Jean Ousset
La dictature
du relativisme
Collectif Jean Ousset
La dictature
du relativisme
« Etre dans le vent,
c’est l’ambition
de la feuille morte »
LES ÉDITIONS DU NET
22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2014
ISBN : 978-2-312-03353-2
« Combien de vents de la doctrine avons-nous connus au cours des dernières décennies, combien de courants idéologiques, combien de modes de la pensée… La petite barque de la pensée de nombreux chrétiens a été souvent ballottée par ces vagues - jetée d’un extrême à l’autre : du marxisme au libéralisme, jusqu’au libertinisme ; du collectivisme à l’individualisme radical ; de l’athéisme à un vague mysticisme religieux ; de l’agnosticisme au syncrétisme et ainsi de suite. Chaque jour naissent de nouvelles sectes et se réalise ce que dit saint Paul à propos de l’imposture des hommes, de l’astuce qui tend à les induire en erreur (cf. Ep 4, 14). Posséder une foi claire, selon le Credo de l’Eglise, est souvent défini comme du fondamentalisme. Tandis que le relativisme, c’est-à-dire se laisser entraîner à tout vent de la doctrine
, apparaît comme l’unique attitude à la hauteur de l’époque actuelle. L’on est en train de mettre sur pied une dictature du relativisme qui ne reconnaît rien comme définitif et qui donne comme mesure ultime uniquement son propre ego et ses désirs ».
Homélie du Cardinal Joseph Ratzinger (futur pape Benoit XVI) du 18 avril 2005 lors de la messe Pro Eligendo Romano Pontifice, après le rappel à Dieu de saint Jean-Paul II.
Avant-Propos
Cet ouvrage est un parcours de formation sur le thème de la dictature du relativisme.
Il s’agit là du premier dossier réalisé par le « collectif Jean Ousset », à la demande d’Ichtus{1} et adapté au travail en cellule
, sans exclure une étude purement individuelle. D’autres dossiers sont en préparation. Les prochaines éditions porteront sur la sécularisation, les vertus en politique et l’action.
LE CONTENU :
LA DICTATURE DU RELATIVISME
Nous devons au pape Benoît XVI la formule qui donne son titre à cet ouvrage. Avec « la culture de mort » dont avait parlé saint Jean-Paul II, nous avons là l’une des plus magistrales expressions synthétiques de l’état intellectuel et moral de notre société contemporaine. Pour autant, le contenu doctrinal auquel renvoie l’expression n’est pas nouveau. Ainsi, la compréhension de la dictature du relativisme nous invite à nous plonger dans l’étude des principes fondamentaux dont la connaissance conforte la colonne vertébrale d’un esprit bien formé, apte à engager des actions bien pensées et efficaces. Y a-t-il une vérité ? Qu’est-ce que la liberté, l’autorité ? etc. Ce dossier a l’avantage de revisiter l’ensemble de ces thèmes fondamentaux en lien avec les questions politiques contemporaines, comme l’écologie, le gender, la dénaturation du mariage, etc. Ainsi, les éléments les plus classiques et indispensables de la formation politique seront saisis plus facilement, car ils ne sont nullement déconnectés de la situation actuelle.
Nous observons tous, aujourd’hui, un réveil massif en politique des catholiques et de tous les Français qui s’opposent à la destruction de notre pays. Pour que ce réveil perdure et porte des fruits, il importe de proposer une formation politique élémentaire aux personnes engagées dans les combats actuels. Ce nouvel outil a été conçu pour cela.
CADRE GÉNÉRAL DE LA MÉTHODOLOGIE
Le nombre de séances, le format des textes à travailler pour chaque réunion ainsi que la variété des types de séances (trois « cas pratiques » en plus des séances d’étude classique) correspondent à un choix méthodologique.
Au sujet de la composition du groupe, deux hypothèses sont envisageables. Premièrement, la cellule est composée d’amis, de personnes investies dans des actions différentes et qui se retrouvent régulièrement durant l’année pour étudier ensemble. Deuxièmement, les membres du groupe agissent ensemble dans un combat particulier et décident de nourrir leur engagement par une réflexion commune. Cette seconde hypothèse a le mérite de faciliter le rapport indispensable entre la formation et l’action. Précisons une nouvelle fois que si le travail en groupe est privilégié par la méthode proposée, cet ouvrage peut également faire l’objet d’une étude purement individuelle.
Treize à quatorze séances permettent de mener à bien une étude sur toute l’année, de début octobre à début juin à raison d’une réunion tous les quinze jours, en tenant compte des vacances scolaires. Du fait de leur longueur très raisonnable, les textes sont lus par tous les membres de la cellule, avant la séance durant laquelle le thème est étudié.
Tous les chapitres ont à peu de choses près le même volume. Choisis pour leur connaissance du sujet, plusieurs auteurs ont contribué à ce volume. Les chapitres ont été écrits de manière à être accessibles au plus grand nombre. Il faut les considérer comme de simples supports, fixant le cadre de la réflexion et donnant l’essentiel de ce qu’il faut retenir. Mais on peut aller beaucoup plus loin, sans s’éloigner de ce tronc commun ! Une notice bibliographique permet à chacun (et en particulier à l’animateur du groupe) d’approfondir le sujet. Nullement exhaustive, cette notice peut être complétée par les lectures (ou l’expérience) de chacun des membres du groupe, tirées de l’actualité politique, professionnelle, voir familiale. Cet apport personnel du plus grand nombre offre même la plus grande garantie du bon fonctionnement d’un groupe.
Les « cas pratiques » permettent de varier les séances. Non précisées ici, ces séances sont laissées à l’appréciation de l’animateur, qui bénéficie d’une très grande liberté de choix : étude complémentaire d’un thème particulier en lien avec l’actualité, film en rapport avec le thème de l’année, venue d’une personnalité extérieure etc. Des textes relatifs à la dictature du relativisme et des idées de cas pratiques peuvent être demandés à Ichtus.
LE DÉROULEMENT DE LA RÉUNION
La réunion peut commencer par un rapide résumé du texte (dix minutes grand maximum). Ensuite, il est recommandé de reprendre le texte qui sert de support depuis le début, afin d’approfondir ou discuter dans l’ordre chronologique les passages qui suscitent l’intérêt. Si l’animateur peut prévoir et poser les premières questions, la discussion nait ensuite facilement entre les membres présents. Une bonne réunion ne dure pas plus d’une heure trente.
PROGRAMME DES SÉANCES
Avant-Propos
Le contenu : La dictature du relativisme
Cadre général de la méthodologie
Le déroulement de la réunion
Programme des séances
Chapitre 1
La liberté contre la vérité : je crois en moi
Chapitre 2
La liberté de chacun s’arrête là où commence le développement durable
Chapitre 3
La vérité est-elle accessible ?
Chapitre 4
L’ordre politique s’oppose-t-il à la liberté ?
Chapitre 5
Exercice / Cas pratique
Chapitre 6
La démocratie comme horizon indispensable ?
Chapitre 7
La tolérance, « vertu » du libéralisme
Chapitre 8
L’éthique, rempart contre les rêves prométhéens
Chapitre 9
Exercice / Cas pratique
Chapitre 10
Que reste-t-il de l’amour ?
Chapitre 11
L’exercice de l’autorité porte-t-il atteinte à la liberté
Chapitre 12
Foi et vérité
Chapitre 13
Exercice / Cas pratique
Table des matières
Chapitre 1
Le féminisme et le genre,
symptômes de la maladie contemporaine
de la liberté
LA LIBERTÉ CONTRE LA VÉRITÉ :
JE CROIS EN MOI
Ma liberté est-elle par définition
sans limite ?
« Sur nos cahiers d’écoliers, sur toutes les pages lues, sur les images dorées… » : son nom est partout écrit. Nous le lisons et l’entendons, nous le révérons, nous l’invoquons, nous y communions. La liberté est au sommet du panthéon des valeurs universelles. C’est un fait, tacitement admis par tous ; c’est dans l’air que nous respirons ; c’est même certainement dans l’ADN de la modernité. Et comme l’a vu Eluard, le seul mot de liberté est aujourd’hui tellement puissant qu’il est efficace même lorsqu’il est seulement l’objet d’incantations.
Sans doute tout le monde n’entend-il pas la liberté de la même façon, sans doute le terme est-il devenu une valise ouverte aux voeux, voire aux phantasmes, de chacun. Mais d’une façon générale, ne sommes-nous pas tous d’accord pour souhaiter plus de liberté à tout le monde ? Ne nous paraît-il pas évident que c’est là une condition de l’accomplissement individuel ? La liberté va de soi. Mieux : elle s’impose. Qui peut la limiter ? Comment justifier qu’elle soit bornée ? Je peux admettre que ma liberté connaisse quelques freins ; mais en m’y soumettant, n’aurai-je pas tendance à penser que ces freins sont un mal nécessaire ? Ou bien me reviendra sans peine la sempiternelle sentence, que je porte en moi comme un article de foi : « La liberté de chacun s’arrête là où commence celle des autres ». Hormis un certain pragmatisme, voire l’organisation de la liberté elle-même, je ne vois donc pas ce qui pourrait légitimement limiter la liberté. D’ailleurs, n’est-ce pas la définition même de la liberté que d’exclure ces limites ? La liberté, n’est-ce pas la possibilité de faire ce que l’on veut ?
Si tel est le cas, on comprend que l’on puisse subir tout ordre ou toute organisation extérieure à soi comme un asservissement, une exigence pesante. Tout ce que je vis sans pouvoir le choisir échappe à ma liberté et donc s’impose à moi. Comment accepter d’autres limites que celles que j’ai moi-même fixées ? Aurais-je donc d’autres maîtres que moi-même ? Devrais-je me plier à des situations reçues, composer avec des bagages hérités ? Ma liberté ne serait-elle qu’un rêve ?
Ces questions ne sont pas celles d’intellectuels en chambre, elles ne touchent pas qu’à des concepts éthérés. Au contraire, elles ont, tant elles sont structurantes, des conséquences pratiques lourdes : le féminisme, dans ses différents courants, ou la théorie du genre en sont de bons exemples ; en poussant parfois jusqu’à son terme une opposition entre nature et culture, ils ne font que jouer avec cette dialectique entre liberté et vérité.
1. Nature et culture : une grille pertinente ?
La notion de nature peut être abordée de différentes façons ; elle comprend :
– ce qui est donné à chacun par la naissance, ce qui est inné : ce sont les caractéristiques que l’on reçoit ; on peut par exemple en ces termes parler d’un tempérament : « Il a une bonne nature ».
– ce qui permet de rattacher un être à une espèce, ce que l’intelligence reconnaît d’universel dans un être singulier : ainsi les hommes ont en commun la « nature humaine ».
– l’ordre des choses, le monde qui existe et que l’on n’a pas créé, et auquel on reconnaît des lois générales que l’on appelle « les lois de la nature ».
En regard de cette nature, qui nous est donnée, la culture désigne ce qui est le fait de l’homme, ce qui est construit par lui : son sens est alors proche de celui de « civilisation », il comprend la coutume, la convention, les institutions établies par une volonté humaine, même si cette volonté est collective et diluée dans le temps. La culture est donc diverse et changeante quand la nature est plus stable et universelle.
La distinction entre nature et culture a fourni à l’anthropologie, dans le sillage de Claude Lévis-Strauss, l’une de ses principales matrices ; pour essayer de mieux comprendre ce qu’est l’homme, on a cherché à saisir ce qu’il y a en lui d’universel, quelle que soit la culture qui l’a construit : on a donc ainsi tenté de cerner sa nature. L’exercice connaît cependant une limite, qui est la limite même de la distinction entre culture et nature : leur frontière demeure floue, peut-être même n’existe-t-elle pas, ne serait-ce que parce qu’il est justement dans la nature de l’homme d’avoir une culture. Comme l’écrit Merleau-Ponty, il est impossible « de superposer en l’homme une première couche de comportements que l’on appellerait ‘naturels’et un monde culturel ou spirituel fabriqué. Tout est fabriqué et tout est naturel chez l’homme,…, en ce sens qu’il n’est pas un mot, pas une conduite qui ne doive quelque chose à l’être simplement biologique, et qui en même temps ne se dérobe à la simplicité de la vie animale, ne détourne de leur sens les conduites vitales, par une sorte d’échappement et par un génie de l’équivoque qui pourraient servir à définir l’homme »{2}. Claude Levi-Strauss a lui-même évolué en ce sens : en 1967, dans la préface à la seconde