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Les larmes des armes: Roman dramatique
Les larmes des armes: Roman dramatique
Les larmes des armes: Roman dramatique
Livre électronique209 pages2 heures

Les larmes des armes: Roman dramatique

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À propos de ce livre électronique

Un enfant est enlevé par son père et emmené au Liban durant douze années...

C’est l’histoire vécue d’une mère qui a lutté pendant douze ans afin de garder le contact avec son fils enlevé par son père au Liban. Il raconte comment une femme féministe et engagée dans des combats sociaux ici, se retrouve piégée dans une relation conflictuelle et compliquée. Sa lutte et les multiples démarches entreprises afin de garder le contact avec son enfant, retenu par son père, dès l’âge de 7 ans dans un village de la Bekaa. C’est mon histoire et celle de mon fils qui s’appelle en réalité Mehdi. J’ai parlé de moi à la 3e personne car l’écriture de ce livre m’a aidé à survivre pendant ces longues années. En voulant le faire éditer, je pense à toutes les personnes, père ou mère, qui vivent ce même drame. Peut-être la lecture de ce livre pourrait les soutenir. Il y a aussi les femmes qui sont attirées par le charme de l’étranger, et là aussi, de façon assez improbable il est vrai, ce texte pourra peut-être les aider.

Suivez la lutte admirable et poignante d'une mère pour rester en contact avec son jeune garçon dans ce témoignage émouvant au sujet sensible.

EXTRAIT

Farid ne réapparaît pas de la journée. Le lendemain, il arrive avec des cadeaux plein les bras pour le petit, il parle à Mahiedine en arabe de sa « téta », sa grand-mère libanaise, Cécile l’entend prononcer le nom de son pays.
Alors elle panique, elle se souvient de ce que Farid a fait quand elle ne voulait pas se marier avec lui. Elle sait qu’il n’hésitera pas un instant à réaliser ses menaces d’enlèvement. Les angoisses entretenues par son mari depuis le début de cette relation, affluent en un torrent tumultueux, balayant toute pensée raisonnable, c’est son cerveau reptilien qui la pousse à agir. Elle décide de fuir avec ses enfants. Ils trouvent refuge chez une amie à une centaine de kilomètres de la maison.
Ils y séjournent une semaine. Sept jours d’angoisses où les repères de chacun volent en éclats, même Étienne panique et a peur que Farid devienne dangereux pour ses enfants. Cécile demande à son avocat de l’aider et de mettre en place une protection.
Des mesures provisionnelles urgentes sont ordonnées contre Farid, qui doit quitter l’appartement. Mais le juge lui accorde l’accès à son atelier situé dans le garage.
Quelle comédie insensée ! Cécile le connaît bien maintenant. Elle craint ses agissements néfastes, ses magouilles, et la voilà obligée de le croiser quotidiennement. Un parfum de danger émane de cet homme. Son regard narquois et son sourire sardonique allument des bouffées d’angoisse chez Cécile. Le Prince charmant s’est transformé en crapaud hideux et diabolique. Les frémissements de plaisir partagés la première nuit de leur rencontre sont devenus des frissons de peur. Elle a ouvert la boîte de Pandore, en se liant à Farid. Elle a connu tous les maux avec lui : violence, mensonge, peur, jalousie, convoitise et l’espérance coincée tout au fond de la boîte, est bannie de la vie de Cécile.
Vivre dans la maison où elle et ses enfants risquent à chaque instant de se trouver face à cet homme est devenu impossible.
Pour la sécurité de tous, la décision de Cécile est irrévocable, ils déménagent.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Jocelyne Meylan est née en Suisse. Elle a choisi la profession d’enseignante spécialisée pour les enfants en difficultés scolaires. Ensuite, elle a travaillé comme assistante sociale dans un centre de requérant d’asile. Elle a également fait une formation d’art-thérapeute qu’elle a pratiqué durant cinq ans avec des adolescents en rupture de ban, puis a développé un petit parc immobilier, qui lui a permis de développer d’autres compétences personnelles.
LangueFrançais
Date de sortie26 sept. 2019
ISBN9782851139481
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    Aperçu du livre

    Les larmes des armes - Jocelyne Meylan

    I

    La nuit sans aube

    Un pays de collines et de vallons. Des vaches, placides et étonnées, regardent passer un vieux train à vapeur. À chaque passage à niveau, la vieille locomotive lance son sifflet strident trois fois, comme une mémoire vivante du temps passé. Les touristes flâneurs profitent de la lenteur du voyage et admirent le paysage : combes et sommets arrondis se succèdent à un rythme haché par les sombres forêts aux sapins séculaires, sévères et pointilleux dans leur robe d’épines.

    Trois lacs miroitent au soleil et donnent à cette Vallée verrouillée par des sommets usés par les grands vents, une atmosphère paisible et sereine.

    Les habitants du lieu sont têtus et exigeants. Ils aiment leur vallon et sa beauté. Leurs ancêtres ont fui la révocation de l’Édit de Nantes.

    De leurs aïeux, ils ont gardé un esprit rebelle et leurs réparties parfois acides ne sont pas toujours du goût des citadins qui visitent la contrée.

    « On est comme on est… » disent leurs yeux moqueurs

    « Eh ! les pique-meurons (mûres du patois local) si ça vous plaît pas, par ici… ben, faut pas passer le col. »

    Le regard ironique et plein de sous-entendus interpelle et les touristes pensent que dans ce coin perdu, les habitants sont différents de ceux des villes.

    La rudesse du climat hivernal façonne le caractère devenu semblable aux sapins encapuchonnés par le revêtement neigeux : froids et piquants. Flatteries ou séductions ne fonctionnent pas ici, ce sont eux qui vous choisissent.

    À la Vallée, on est entier : on est pour ou on est contre. Dans les arrière-salles de bistrot, les débats sont très animés mais sans aller jusqu’à l’affrontement. À la fin de ces joutes oratoires, chacun se retrouve d’accord autour d’un verre de vin blanc.

    Les gens d’ici aiment la vie au grand air. Ils ont choisi d’habiter là. Ils respectent et protègent les sombres forêts de résineux où poussent le bolet dodu, la morille dentellière, le petit gris parfumé, la chanterelle couleur d’or, la corne d’abondance au parfum délicat, les écailleux en ronds de sorcière.

    Quelques-uns pratiquent la chasse et font déguster à leurs amis le râble de lièvre ou la selle de chevreuil accompagnés de la confiture d’airelles mijotée sur le fourneau à bois de la cuisine et nappés de la sauce forestière apprêtée avec la dernière récolte de bolets. Un régal et un privilège.

    Ils respectent leur terre et ses richesses afin de pouvoir en bénéficier longtemps.

    Les villages sont disséminés autour des trois lacs avec leurs maisons blotties les unes contre les autres. Côté contre côté, protectrices et rassurantes, elles offrent aux hommes, leurs foyers réconfortants et chaleureux.

    Ici, le temps semble s’arrêter. Le tic-tac des pendules ponctue les heures de sonneries harmonieuses et graves et témoigne de la fuite des heures. Les montres et leur secret, les horloges et leur balancier sont façonnés par de « belles mains » qui ajustent des mécaniques précises et polissent des aciers au reflet d’hématite. Ils protègent leur savoir ancestral et le transmettent de génération en génération, dans une école réputée au-delà des frontières.

    Les longs hivers favorisent les rencontres et sont propices aux échanges. La musique, le chant ou les opinions politiques se retrouvent autour des tables hospitalières de ceux qui partagent les mêmes passions.

    Cécile vit dans cet endroit depuis dix ans. Elle n’est pas native d’ici mais son cœur bat au rythme de cette terre. Méfiants au départ, les gens de la Vallée la considèrent maintenant comme une des leurs.

    Elle a travaillé comme institutrice, spécialisée dans l’enseignement pour ceux que la vie a défavorisés. Elle a toujours eu ce besoin de s’engager pour les minorités, pour les causes qui semblent perdues. Elle s’associe à d’autres afin de lutter pour le respect de l’environnement, pour les droits de l’homme. La bataille lui donne goût à la vie. Elle a développé ce besoin dans le ventre de sa mère. Une résistance passive mais efficace lui a permis de rester en vie face aux lavements d’eau savonneuse avec lesquelles sa mère noyait sa matrice, dans le but d’effacer le fruit d’une minute de plaisir assortie de dix secondes d’inattention. À moins que la faute ne soit imputable au préservatif lavé et relavé puis mis à sécher sur le manche d’un balai.Ce traitement le faisant ressembler plus à une passoire à légumes qu’à un piège à semences.

    Cécile a su tirer profit de ses aventures utérines, c’est une battante, elle ne baisse jamais les bras ; elle ne connaît pas encore les limites de sa force, mais elle sait que pour se sentir exister, elle a besoin de se sentir utile.

    Grande de taille, une chevelure brune et abondante la protège du soleil et des intempéries ; le visage carré, les yeux bruns et pétillants rient sous la frange qui les dissimule ; sa grande bouche souriante invite à l’échange.

    Avec son corps musclé et robuste, Cécile est capable de travailler comme un homme. Elle aime sentir leur regard admiratif quand elle fait preuve de sa force. Elle aurait aimé être un garçon, allez savoir pourquoi !

    Elle considère la coquetterie comme un jeu dangereux. Une comédie que d’autres aiment jouer mais qu’elle se refuse à exercer. L’attirail de séduction, que sa mère utilise sans cesse, l’écœure.

    Elle apprécie la simplicité et l’harmonie.

    Elle n’a pas connu beaucoup d’amoureux et la rencontre avec Étienne s’est jouée dans un concerto d’étincelles amoureuses et de battements de cœur à l’unisson. Un coup de foudre en forme de feu d’artifice.

    Voilà dix ans qu’ils partagent une vie de couple. Ils se sont rencontrés chez des amis communs et se sont retrouvés à enseigner dans le même village. Une histoire qui a débuté avec un verre de rouge, deux éclats de rire et trois mesures de chansons. Complices dans le rire, dans les idées et dans les goûts, ils ne se sont plus quittés et très jeunes se sont mariés. Pourtant ils n’en voulaient pas du mariage. Mais ils n’ont pas eu le choix : leur statut d’enseignant exigeant le respect des codes sociaux ne leur permettait pas de vivre en couple sans être mariés. Ils n’ont pas réfléchi longtemps : se marier ou pas quelle importance, car leur amour aller durer mille ans.

    Ils passent de longues heures le long de la rivière qui serpente au fond de la Vallée. Ils flattent les papilles du brochet en l’aguichant avec des petits vairons nerveux. Ils titillent la truite en l’alléchant avec de gros vers de bois bien dodus. Le soir venu, ils partagent en famille, leurs prises apprêtées avec soin par Étienne.

    Lui, il est d’ici, il connaît les gens et il est connu.

    Cécile est heureuse de construire sa vie là. Dans son village, elle s’est toujours sentie comme étrangère. Ses parents s’y étaient établis depuis peu quand elle est née. Ils ont ensuite consacré plus de temps à s’enrichir qu’à nouer des relations amicales avec les natifs du lieu.

    Très vite, Cécile est devenue responsable de sa vie et de ses échecs. Sa mère avait innové pour elle une technique de dressage très efficace. Cécile n’avait pas le droit à l’erreur en classe : sur les échelles de notation de 1 à 10, elle recevait un coup de cravache pour un 7, deux coups pour un 6 et ainsi de suite. Cécile n’a tenté qu’une seule fois l’expérience du 7. Le coup cuisant reçu et l’hématome douloureux ont fait d’elle une première de classe jusqu’à l’adolescence et cela sans aucune dérogation… Ce qui en reste aujourd’hui est ce besoin viscéral d’être la meilleure, sans quoi pas de reconnaissance ressentie par elle comme un avant-goût du néant.

    Étienne lui offre par alliance son origine et ses racines.

    Le jour où il a choisi de changer de métier afin de vivre sa passion de la pêche, Cécile a suivi avec enthousiasme, vivre ses rêves est essentiel à ses yeux et le sien est de faire plaisir à ceux qu’elle aime. Elle a besoin de vivre en contact avec la nature, héritage positif de la vie au grand air menée lors de son enfance.

    Après le changement d’orientation professionnelle d’Étienne, la vie du couple s’est organisée petit à petit autour de son travail. Les enfants sont venus comme des cadeaux, gratifier leur nid. Julie, Léa, Baptiste et Théo, le dernier-né, âgé de six semaines. Certains parlent de choix du roi mais pour eux, filles ou garçons, qu’importe, chacun était attendu comme un nouveau présent de la Vie.

    C’est une belle famille. Un modèle par l’entente qui règne dans le couple. Jamais une parole de travers, jamais un mot plus haut que l’autre. Ils vivent sans conflit. Ils n’analysent pas les raisons qui leur font fuir à l’un et à l’autre la moindre anicroche. Ils se sentent au-dessus de la mêlée. Ils ne vivent que l’un par l’autre, accrochés à la réalité qu’ils se sont construite. Étienne et Cécile ont développé une relation lisse et sans remous.

    Cécile a subi dans son enfance le tumulte des violentes disputes quotidiennes de ses parents. Le conflit la met en danger. Elle ne veut pas plonger sous la surface. Elle craint d’y découvrir des déchets encombrants et puants qu’elle veut bannir à jamais de sa vie : les fruits de la violence, de l’irrespect et de la manipulation.

    L’enfance d’Étienne s’est jouée dans l’indépendance la plus totale. Tout petit, il partait des journées entières dans les pâturages, à la chasse aux taupes. Il y gagnait son argent de poche à un franc la queue, un pactole ! Avec son petit pécule, il achetait ce qui nourrissait le rêve de ses longs hivers : un permis de pêche à la ligne. Des semaines avant l’ouverture, il parcourait les berges de la rivière, attentif aux caches de la truite argentée, sensible aux gobages d’insectes de l’ombre sauvage. Il s’arrêtait, saisi à la vue de la gigantesque dame Brochet accompagnée de son freluquet de mâle, fasciné par le ballet des libellules, petits hélicoptères vivants qui mettent en scène des chorégraphies mystérieuses.

    Un solitaire doux et attirant, dont les parents forment un couple équilibré et harmonieux. Cécile les idéalise.

    L’existence d’Étienne et de Cécile se calque sur la vie lacustre et le rythme des saisons. Ils travaillent dur pendant l’été, alignant pendant des mois des journées de 15 heures. L’hiver se vit dans le repli et le calme de leur maison enfouie sous la neige.

    Ils veulent être présents pour leurs enfants. Ils ne les confient à personne.

    Pendant la pause de l’hiver, Étienne qui est le roi du Lego met en place des téléphériques miniatures qui traversent le salon. L’espace de vie est réservé aux enfants. Les amis de la famille le savent et personne ne se formalise du manque « d’ordre » qui règne dans la maison.

    Une belle histoire vécue dans un cadre magnifique. Les jours font place aux saisons à un rythme paisible, les enfants grandissent et embellissent la vie.

    Jusqu’à cette nuit de tempête.

    Vers vingt-deux heures, Cécile a couché Théo le petit dernier, après sa tétée.

    Elle est très fatiguée et se sent au bord de l’épuisement. Quatre grossesses en cinq ans et demi ont laminé ses forces.

    Vers minuit, un vent d’une violence inouïe pour la région s’est levé et a soufflé toute la nuit. C’est une tourmente de neige comme il y en a peu.

    Malgré les mugissements du vent, la nuit a offert à Cécile un sommeil de plomb.

    Quant au matin, elle ouvre un œil, elle est heureuse et surprise d’avoir passé une nuit entière sans tétée : « Merveilleux, Théo a passé sa première nuit. »

    Elle file sous la douche et entend les premiers petits pas des « grands » qui martèlent le plancher.

    Toute la famille se rend dans la cuisine où Cécile a déposé le berceau.

    Chacun s’approche à pas feutrés.

    Mais il y a quelque chose d’inhabituel : aucun bruit ne vient du petit lit, pas de petits ronflements, aucun de ces bruits de succion qui accompagnent le sommeil des bébés.

    Cécile s’approche et voit Théo endormi, le nez dans le matelas.

    Il ne bouge pas.

    Cécile retient son souffle, prend son petit dans les bras, une vague de panique la submerge. Il ne bouge plus… non, ce n’est pas possible… non… non… non.

    Même le pire des cauchemars la ferait sourire en comparaison de ce qu’elle éprouve à ce moment. Son esprit refuse ce que ses bras ont compris : son bébé est mort.

    Ses enfants sont choqués, Étienne hurle de douleur, elle ne bouge pas.

    Elle est là, hébétée, essayant de reprendre son souffle. Elle éprouve la sensation d’avoir reçu un coup au cœur. Elle ne peut plus respirer. Elle est anesthésiée, elle pense mourir sur place : « à quoi bon ? »

    Les trois paires d’yeux enfantins qui la fixent lui redonnent la mesure de son rôle, elle se dit :

    « Respire… ils ont besoin de toi… Pourquoi ne m’aides-tu pas, Étienne ? Respire… »

    Elle va chercher ses forces ultimes, celles qui lui ont déjà permis à plusieurs reprises de donner le coup de pied nécessaire à sa survie. Elle enferme la souffrance au plus profond d’elle, là où personne n’a accès et relève la tête.

    D’une voix tremblante, elle rassure les grands qui sont « morts » de trouille. Elle cherche du secours en téléphonant à l’hôpital, essayant d’expliquer de façon incohérente ce qui

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