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Dictionnaire passionné des racines chrétiennes de l'Europe: Pour comprendre notre patrimoine
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Livre électronique625 pages8 heures

Dictionnaire passionné des racines chrétiennes de l'Europe: Pour comprendre notre patrimoine

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À propos de ce livre électronique

Que ce soit dans les références littéraires, bibliques, médiévales ou classiques, les définitions conciliaires et les controverses théologiques, lors de visites d’églises ou d’abbayes, à la découverte de tableaux ou de chants liturgiques… l’amateur éclairé par le présent dictionnaire trouvera aisément son chemin (le classement alphabétique est facile à manier, à consulter, à retrouver). Comprenant le patrimoine chrétien, il en observera la cohérence. Croyant ou non, il maîtrisera le système de pensée qui a formé la chrétienté puis l’Occident jusqu’à nos jours, y compris dans la critique du dogme.

À PROPOS DE L'AUTEUR

François-Xavier Nève de Mévergnies est docteur et professeur de linguistique à l’Université de Liège. Il est également chercheur et enseignant en littérature et en histoire des religions. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont le dernier vient de paraître aux Editions du Gerfaut et a pour titre Les animaux de la Bible (beau-livre, sous le pseudonyme d’Olivier Cair-Hélion).
LangueFrançais
ÉditeurMols
Date de sortie3 janv. 2020
ISBN9782874022586
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    Aperçu du livre

    Dictionnaire passionné des racines chrétiennes de l'Europe - François-Xavier Nève

    45-46).

    A

    abba. Araméen, ‘papa’. Ainsi Jésus appelait-il son Père du Ciel (Marc 14. 36), Prière.

    abbaye, abbatial. De l’araméen abba, ‘papa’, par le latin d’Église. Monastère dirigé par un Abbé ou une Abbesse.

    Du Ve au VIIIe siècle, sous les décombres de l’Empire romain d’Occident envahi par les barbares, c’est dans les monastères que se retirèrent les arts, sciences et techniques antiques, et le latin classique – Latin vulgaire – qui permettront à l’Occident chrétien de se maintenir sous Charlemagne et de se redresser au Xe siècle: Celte, Païen, Roman, Style et Vocation.

    abbé, abbesse, abbatiat. De l’araméen abba, ‘papa’, par le latin d’Église. Malgré la demande de Jésus de n’appeler personne père sinon le Père, la tradition juive aussi bien que grecque ou latine – universelle? – d’appeler ‘père’ un maître cher a été conservée, et le chef d’une communauté religieuse est souvent appelé par ce titre bizarre, Monsieur l’Abbé ou Père Abbé.

    Remarquer le curieux Mère Abbesse: plus personne n’entend ‘papa’ dans abbé.

    Pape et Pope. Dans la langue courante, on appelle d’ordinaire tout prêtre M. l’Abbé; Père Abbé seulement le supérieur d’un Monastère.

    abomination de la désolation, Temple de Jérusalem

    Abraham, Promesse, Sacrifice d’Abraham

    (pas) abroger mais accomplir, Vision de Gabriel

    abside. Du grec απσις, apsis, ‘abri’, par le latin tardif ABSIDA, ‘appentis’, dans une église (souvent autour du Chœur ou du Transept), petite construction à côté de la grande, ordinairement une Chapelle consacrée à un saint ou à une fête Liturgique.

    Dans les abbayes comme dans les grandes villes, il fallait beaucoup d’Autels pour que tous les prêtres puissent célébrer leur messe chaque jour.

    absolution, absoudre. D’absoudre, comme résoudre ou dissoudre: pardonner le péché, détruire le mal. Seul Dieu le peut; chez les catholiques, dans la Confession (ou Sacrement de pardon), le prêtre en est l’intermédiaire, pourvu que la faute soit avouée et le repentir sincère: For externe – for interne, et la note.

    L’absoute est la dernière prière de la Messe des morts: on y demande à Dieu d’absoudre le défunt.

    abstinence. De (s’)abstenir (de viande; parfois aussi, de sexe, Continence). Commandement de l’Église aujourd’hui aboli. Ce n’est pas que la viande, chair de mammifère et d’oiseau, fût considérée comme impure, comme plusieurs aliments selon la cacherouth juive.

    La viande était au contraire jugée nourriture si riche et succulente qu’on demandait de s’en abstenir pour s’unir aux souffrances de la Passion le vendredi, le mercredi des Cendres et certaines veilles de Fêtes.

    Mais l’esprit de pénitence de ce commandement était à la fois oublié et contourné: on mangeait de l’excellent poisson, autrefois nourriture maigre, du pauvre. Carême.

    acolyte. Du grec ακολυθος, acoluthos, ‘escorte’ (comme dans anacoluthe, ‘sans escorte’, « phrase sans suite grammaticale »), « servant de messe ». Jadis, c’était le premier degré des Clercs, aujourd’hui le Célébrant demande d’ordinaire à un enfant de lui servir la messe.

    Actes des apôtres. Livre de saint Luc qui continue son évangile et relate le début de l’Église. Ses vedettes sont Pierre, Paul et Barnabé, mais son héros est l’Esprit Saint, qui répand aujourd’hui l’amour du Père révélé par Jésus, cœur de l’Évangile.

    Actes de Pierre, Pierre

    Adam et Ève. De l’hébreu adama, ‘terrien’ et hawwa, ‘vive’. Allégorie des ancêtres des humains, signifiant l’humanité, Mythe.

    adonaï, Seigneur et YHWH

    adorer, adoration, adorable, adorateur. Du latin ADORARE, ‘prier avec ferveur’, « Prier Dieu ». On n’adore au sens propre que Dieu, pas les Anges ni les Saints; au sens figuré, courant, ‘aimer très fort’: on peut adorer son bébé ou le chocolat.

    Dans les Monastères, l’adoration est l’Office du début de la nuit, éventuellement individuel.

    (avoir) affaire à Dieu plutôt qu’à ses saints, Médiatrice

    agapes. Du grec αγαπη, agapê, ‘amour’. Selon Actes des apôtres 2. 42-46, la première communauté chrétienne de Jérusalem, dans les premières années après la Pentecôte, se retrouvait à l’écoute des Apôtres, « à la fraction du pain » (voir Eucharistie) et aux prières. D’un seul cœur, ils allaient au Temple puis mangeaient ensemble chez les uns ou les autres « dans la joie et la simplicité ».

    Aussi appelle-t-on aujourd’hui agapes des banquets où règnent l’amour et la générosité, souvent des repas d’anciens heureux de se retrouver autour d’une bonne table.

    Les Grecs avaient trois mots pour l’amour: ερως, erôs, φιλία, philia et αγαπη, agapê.

    •L’éros, du nom d’Éros, dieu du sexe (en latin Cupidon), est désormais connu de tous.

    •La philie est l’amitié, au même sens qu’en français.

    •L’agapé est la Charité ou l’amour désintéressé, divin.

    Dans nos langues, on distingue ordinairement la camaraderie, la connivence née de l’habitude, puis divers degrés d’amitié, du copinage au compagnonnage, et enfin l’amour sexuel ou conjugal, unissant les cœurs et les corps; la tendresse réunit également dans la douceur et l’intimité mais sans érotisme.

    L’amour ou charité, à l’imitation de la Trinité, ne cherche que le bien d’autrui. Dieu est amour. Pour les chrétiens, il n’y a qu’un amour.

    âge canonique. Âge minimal requis pour une Laïque assistant un Clerc (souvent la ménopause), pour éviter tentations et calomnies, Canon.

    âge du monde. Pour le calendrier juif, l’an 2010 (après Jésus-Christ… mais avec sans doute une erreur de 5 à 7 ans due aux calculs du moine Denys le Petit (470-540) est l’an 5770-5771 de la création du monde).

    Partant des mêmes données – les durées de vie des patriarches puis des généalogies de l’Ancien Testament – l’évêque anglais John Lightfoot (1602-1675) calcule en 1642 que le monde a commencé d’être créé le dimanche 12 septembre -3928 av. JC, et que la création d’Adam a eu lieu le 17 septembre -3928, à 9 heures du matin. À partir d’autres computations, l’archevêque d’Armagh James Usher (ou Ussher), primat d’Irlande, estime en 1650 que la Création a débuté la nuit du 22 au 23 octobre -4004 av. J.-C. Comme les rééditions de la Bible du roi Jacques (King James’s Bible, 1611) retiennent dès 1650 ce dernier comput, il fait autorité jusqu’aux découvertes géologiques puis biologiques des XVIIIe et XIXe siècles, Fin des Temps.

    Pour beaucoup, l’âge de l’univers actuellement calculé par l’astrophysique (treize milliards sept cent millions d’années, Siècle) apparaît comme un défi à Dieu; pourquoi?

    agenouillement, s’agenouiller, génuflexion. Signe de respect: à genoux, on est plus petit, on regarde vers le haut, comme un humble demandeur, inférieur; position traditionnelle sinon naturelle de qui prie, parle aux dieux ou à Dieu.

    On distingue l’agenouillement, à deux genoux fléchis, attitude, de la génuflexion, flexion d’un seul genou, mouvement. Le sens est le même. Position liturgique.

    agneau. Pour ceux qui les découvrent au temps de Pâques, les agneaux symbolisent à la fois le retour et la fécondité bondissante du printemps; et l’innocence.

    Peut-être est-ce pour cela qu’ils semblent avoir été associés aux formes archaïques de la Pâque juive, dont le nom en hébreu paraît lié à des sauts de joie (… des agneaux ou des bergers?)

    Ces Symboles ne sont liés qu’indirectement à l’Agneau de Dieu – mais ils le renforcent psychologiquement.

    Agneau de Dieu. L’Évangile note que Jésus a été tué le jour même où les juifs Sacrifiaient l’agneau de la Pâque. Cet agneau rappelle celui que leurs aïeux avaient immolé la nuit de la délivrance de l’esclavage, grâce à Dieu par le truchement de Moïse.

    Sur l’ordre de Moïse, cette nuit-là, les Hébreux badigeonnent leurs portes du sang de l’agneau pascal (de la Pâque). Ainsi, quand survient l’Ange exterminateur, qui tue les premiers-nés, les juifs sont-ils épargnés – y compris leur bétail – tandis que périssent tous les premiers-nés des Égyptiens, y compris le fils aîné du pharaon. Alors le pharaon laisse enfin les Hébreux sortir d’Égypte.

    Le sacrifice de l’agneau apparaît désormais comme le signe de la libération divine (Exode, 12).

    C’est pourquoi l’Apocalypse peint Jésus, Fils de Dieu, comme un agneau égorgé dont le sang jaillissant comme un fleuve lave le péché du monde et ranime toute vie. Ces images télescopées nous apparaissent de mauvais goût. Leur rôle n’est pas de plaire, mais de signifier, par l’Allégorie.

    agneau mystique. Allégorie tirée de l’identification de Jésus à l’agneau pascal, le représentant comme un agneau trônant, vainqueur triomphant du mal et de la mort, au cœur de l’univers, qu’il irrigue de son sang (symbole de vie).

    Agnus Dei. Prière de la messe en latin: ‘Agneau de Dieu, qui enlèves le Péché du monde, aie pitié de nous (bis); donne-nous la paix! »

    agnostique, agnosticisme. Du grec α-, ‘in-’ et γνωσις, gnôsis, ‘connaissance’, « ignorance » (même racine que diagnostic). L’agnostique n’est pas le contraire du Gnostique mais plutôt du croyant: ‘incroyant’, dans le sens de ‘qui doute, qui refuse de choisir’.

    Ahoura-Mazda, Mage, Manichéisme

    « Aide-toi et le Ciel t’aidera. » Pas un proverbe biblique mais conclusion de la fable de Jean de la Fontaine (1621-1695), Le Charretier embourbé. Un paysan embourbe sa charrette; il est seul, loin de tout; il implore Hercule de l’aider. Hercule accepte pourvu que le gars commence par débourber ses roues, ôte les pierres qui les entravent, en pave l’ornière; alors:

    « Or bien je vas t’aider, dit la voix [d’Hercule]. Prends ton fouet. »

    « Je l’ai pris. Qu’est ceci? Mon char marche à souhait.

    Hercule en soit loué! » Lors la voix: « Tu vois comme

    Tes chevaux aisément se sont tirés de là.

    Aide-toi, le Ciel t’aidera. »

    Excellente morale, toute humaine, mais qui ignore l’Espérance. Certes le chrétien comme tout le monde doit d’abord « se démerder tout seul comme un grand », avec l’appui d’autrui si nécessaire, au maximum. Mais si ça rate, il ne faut pas désespérer: Jésus a été crucifié et il est ressuscité.

    aigle, aquilin. Ou vautour gypaète. Allégorie égyptienne et mésopotamienne, reprise par les Pères de l’Église pour désigner un des Quatre Évangiles. Parce que l’aigle est censé voler au-dessus de tout, et être seul capable de fixer le soleil (ici image de Dieu).

    Depuis saint Jérôme (348-420), l’aigle est l’allégorie de l’évangéliste Jean et, comme gypaète ou vautour (oricou, condor…), c’est une image antique sinon universelle de la souveraineté divine: Égypte, Perse, Asie centrale, Afrique noire, Andes. À Rome, Constantinople, Moscou, Vienne, Paris, Berlin, Washington, c’est l’emblème de l’Empire.

    « Aime ton prochain comme toi-même », « Charité bien ordonnée…»

    albigeois, Cathare

    Allah, ‘la Divinité’, « Dieu » en arabe, sans doute de même racine qu’Él (ou Élohim) en hébreu, Ili ou Ilou en babylonien, Babel et Babylone.

    allégorie, allégorique. Du grec αλληγορειν, allêgorein, ‘parler en paraboles’, image conventionnelle (née d’une tradition historique) d’une réalité autre. Symbole. Ainsi les Couleurs sont allégoriques, non symboliques; leur emploi Liturgique chrétien n’est ni plus vrai ni supérieur à leurs valeurs chinoises:

    Dans l’Occident contemporain, la mentalité allégorique décline depuis la fin du moyen âge, ce qui explique dès la Renaissance les contresens sur l’historicité de nombreux livres Bibliques. Je n’ai commencé de comprendre les concepts allégorie, Malédiction, NOMEN OMEN, etc. qu’après avoir vu, dans une petite ville chinoise, une vieille femme cracher sur le Cénotaphe de quatre bandits locaux de l’époque Han (206 av. – 220 ap. JC). Nul ne put m’expliquer ce geste. J’ai compris peu après: elle maudissait allégoriquement la bande des quatre, les mauvais maîtres qui succédèrent brièvement à Mao Tsétoung à la fin de la Révolution culturelle (1966-1977).

    alléluia! Par le latin ALLELUIA, de l’hébreu Hallelou Yah!, ‘Acclamez Dieu !’: cri de louange et de jubilation, surtout chanté avant et après la lecture de l’Évangile, et à Pâques.

    Alliance, Ancien et Nouveau Testament: c’est le vrai sens de ce dernier mot. Alliance de Dieu avec les hommes impliquant la réciproque. La fidélité à l’Alliance, modèle du mariage, est un thème majeur de la Bible.

    alma. De l’hébreu alma, ‘fille nubile’ (ne pas confondre avec le latin ALMA, ‘nourrice’, comme dans ALMA MATER, ‘mère nourricière’, « notre université »). Une Prophétie annonce: « Le Seigneur vous offrira lui-même un signe: la jeune fille [alma] attend et engendre un fils et elle l’appellera Emmanuel. Il mangera de la crème et du miel, rejetant le mal et faisant le bien » (Isaïe 7.14).

    Au premier niveau de sens, il s’agit sans doute de l’annonce de la naissance, chez son épouse, d’un bon héritier pour le roi Achaz de Juda (735-715) – en l’occurrence l’excellent roi Ézéchias (716-687).

    Mais un second niveau semble sourdre de l’appellation, unique dans l’Ancien Testament, d’Emmanuel. Comme si le prophète voyait dans l’héritier royal espéré l’Allégorie ou la préfiguration d’un homme proche de Dieu de façon unique. D’ailleurs, les deux ou trois auteurs regroupés dans le Livre d’Isaïe annoncent tous le Messie et la Fin du monde (le Temps Messianique):

    Oui, un jour, tous les peuples de la Terre convergeront vers Jérusalem pour jouir de la connaissance de Dieu. De leurs épées ils feront des charrues et de leurs lances ils feront des faucilles.

    On ne brandira plus les armes nation contre nation. On ne songera plus à se faire du mal les uns aux autres. Accours joyeux, peuple de Dieu! Dansons dans la lumière du Seigneur! (Isaïe 2. 25-5).

    Le Nouveau Testament voyant en Jésus le Messie lui attribue la prophétie de l’alma.

    Par ailleurs, la Septante ayant traduit alma παρθένος, parthenos, ‘jeune fille, nubile, pucelle, vierge’ (comme dans Parthénon), la prophétie paraît avoir été réinterprétée en partie comme l’annonce d’une naissance Miraculeuse – chez une Vierge. Mais Matthieu comme Luc paraissent avoir été, et indépendamment l’un de l’autre, embarrassés par cette information sur l’enfance du Christ, puisqu’à part « l’alma » aucune prophétie de l’Ancien Testament n’annonce que le Messie naîtrait d’une vierge, et qu’au contraire toutes le font naître de la lignée de David, ainsi qu’en témoigne l’appellation Fils de David.

    alpha & oméga. Alpha (α, a; A en majuscule) est la première et oméga (ω, ô; Ω [comme les montres]) la dernière lettre de l’alphabet grec.

    Dans l’Apocalypse, Dieu (Père ou Fils) est dit l’alpha et l’oméga, cause et but de tout. Aussi sur le Cierge pascal la croix est-elle entourée des lettres A et Ω. Le philosophe jésuite français Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955) appelle Oméga la flèche et la cible de l’Évolution, qu’il identifie au Christ cosmique. Amour, Éternité, Pantocrator et Paradis.

    alto, Polyphonie

    AMDG. Acronyme du latin AD MAIOREM DEI GLORIAM, ‘pour la plus grande gloire de Dieu’. Devise des jésuites attribuée à leur fondateur, saint Ignace de Loyola (1491-1556). Très fréquente dans les églises, les collèges, les livres, les lettres de cet Ordre. Le grand musicien Protestant Jean-Sébastien Bach (1685-1750) en fera aussi sa devise.

    On la complète souvent aussi avec les mots « … et le salut des hommes », en latin INQVE HOMINVM SALVTEM. La liturgie catholique actuelle emploie souvent la formule: « Pour la gloire de Dieu et le salut du monde ».

    âme. Du latin ANIMA, ‘vie (cf. animal, animer, ranimer), âme, conscience’, lequel traduit le grec πσυχη, psuchê, ‘esprit’, lui-même traduction de deux mots hébreu, néphech, ‘haleine, souffle’ et rouah, ‘courant d’air, vent’. Soi. « Moi ». Conscience (de soi; pas au sens moral).

    L’âme vit ici-bas avec le corps. « Avoir une âme » n’a pas de sens; on est une conscience; on aurait plutôt un corps. Au Jugement dernier, Dieu nous ranimera tout entier pour l’éternité. Avortement, Esprit, Euthanasie, Immortel, Résurrection.

    âme des femmes. Au XIXe siècle apparut une accusation saugrenue. Longtemps, l’Église aurait refusé une âme aux femmes. Comment dans ce cas expliquer que Marie et les premières Martyres aient illico été déclarées Saintes? Et pourquoi a-t-on toujours baptisé les filles aussi bien que les garçons ?

    S’il y a une fable qui atteste l’ineptie de ses narrateurs, c’est bien celle qui fait discuter par le concile de Mâcon (585) la question de l’âme des femmes. Je croirais faire injure à mes lecteurs en prenant la peine de leur dire que jamais cette question n’a été soulevée dans la société chrétienne, ni au concile de Mâcon, ni ailleurs. Il y eut au concile de Mâcon un évêque un peu puriste qui se formalisa de voir employer le terme homme à propos de la femme. On lui montra que son scrupule de grammairien n’avait pas de raison d’être, attendu que l’Écriture elle-même emploie plus d’une fois ce terme avec cette acception, et il se tint pour satisfait. Voilà toute l’histoire, et nous avons le droit de réserver un bonnet d’âne à quiconque croit en savoir davantage (KURTH, Godefroid, Qu’est-ce que le Moyen âge ?, Paris: Librairie Bloud, « Science et Religion », 4e édition, sans date [vers 1900], pp. 16-17).

    amen. De l’hébreu amân, ‘éduquer, responsabiliser’, puis du grec αμήν, amen: ‘ratification personnelle, signature irrévocable, Enter ou Envoyer’ (en informatique). Traditionnellement Ainsi soit-il; on pourrait aussi songer à l’amérindien hugh ou au français « J’ai dit ». Formule orale d’engagement conscient et ferme, comme la signature d’un contrat ou d’une Alliance.

    En début de phrase, amen ou amen amen (fréquent dans l’évangile) indique l’engagement personnel, public et solennel, des paroles qui suivent. Les liturgies grecque et latine, dont le Chant grégorien, ont repris ce mot comme conclusion et point d’orgue de nombreux cantiques.

    Amour. Dieu. Agapes, Esprit-Saint, Foi, Mariage et Trinité.

    (L’)Amour sacré – l’amour profane, Profane

    (sainte) ampoule. Du latin AMPVLLA, ‘fiole’. La sainte ampoule était un flacon scellé censé contenir une huile amenée, selon la légende (aucun document d’époque n’en atteste avant l’évêque de Reims Hincmar à la fin du IXe siècle), par un ange, sous la forme d’une colombe… pour l’Onction de Clovis en 498.

    La sainte ampoule était conservée dans l’Abbaye de Saint-Rémi à Reims. Jamais elle ne quitta cette ville sauf pour accompagner comme Viatique, sur son lit de mort à Plessis-les-tours, le roi Louis XI (1461-1483), Superstitieux. Elle fut détruite à Reims en 1793 en signe d’abolition de la royauté de droit divin ( Onction).

    L’ampoule électrique est également une fiole de verre, d’où son nom.

    ampoule de saint Janvier. Janvier est un chrétien qui aurait été martyrisé à Pouzzoles en 305; deux ampoules auraient préservé quelques gouttes de son sang depuis lors.

    Une de ces ampoules est conservée dans la cathédrale Saint-Janvier de Naples. Le sang y a séché. Or, chaque année depuis le XVe siècle au moins (témoignages, documents d’époque), en certaines fêtes, ce sang coule à nouveau, comme si Janvier continuait de protéger sa ville.

    On a dit qu’il s’agissait d’un mélange poudreux, reproduit de nos jours, qui redevient liquide à 30°: quand l’évêque brandit l’ampoule pour montrer le Miracle à la foule, ses mains la réchauffent et le « sang » « coule ». Mais le mélange chimique actuel ne garde cette propriété que quelques mois. Or l’ampoule n’aurait jamais été ouverte. Et le miracle se reproduit chaque année depuis six siècles. On ignore ce que contient cette ampoule – la spectroscopie y détecterait du sang. Si la Relique peut être vénérée, sans Superstition, la foi n’impose pas de croire au miracle.

    anachorète. Du grec αναχωρειν, anachôrein, ‘se retirer’. Personne qui choisit de se retirer du monde pour servir Dieu et ses frères, fonctionnellement égal à Ermite ou, à l’origine, à Moine.

    anamnèse. Du grec αναμνησις, anamnêsis, ‘souvenir’. Rappel de l’Économie du salut dit ou chanté juste après l’Eucharistie: Le Christ est venu; il est né, il a souffert, il est mort; il est ressuscité; il reviendra; il est là [présent pour nous dans l’Hostie].

    anathème. Du grec ανα, ana,‘au-haut’et θημα, thêma,‘position’,‘suspens’. Un objet ou une personne suspendue est exclue, ‘interdite’, « maudite [par l’Église], exécrée ».

    Notion inepte pour le Dieu de Jésus. Dieu est amour et ne saurait « suspendre » quiconque de son amour. Excommunication

    an de grâce. Suranné. Chaque année depuis la naissance du Christ. Donc toutes les années de l’an un (il n’y a pas d’an zéro) à nos jours.

    an Mil, an Mille ou an 1000, Mil (terreur)

    anciens, Prêtre

    Ancien des jours, Fils de l’Homme

    Ancien Testament, vétéro ou paléo-testamentaire. Du grec παλαια διαθηκη, palaia diathêcê, ‘ancienne alliance’. Testament traduit ici littéralement le latin TESTAMENTVM, ‘attestation, contrat, alliance’. Ce sont les Écritures Canoniques juives attestant l’alliance de Yahvé avec le Peuple élu, à partir d’Abraham, confirmée par Moïse (la Loi), les Psaumes et les Prophètes jusqu’à Jean-Baptiste. Ce recueil comprend 39 livres (+ 10 livres deutérocanoniques, que les Protestants considèrent Apocryphes). Vulgate.

    Ces livres relèvent de plusieurs genres littéraires ( Mythe), écrits par davantage encore d’auteurs sans doute à partir de traditions orales remontant au second millénaire av. JC, et dont les derniers, dont ceux de la Sagesse, ne précèdent Jésus que d’un ou deux siècles. L’évolution de la foi juive y est perceptible. Son unité – sa confiance et son espérance indestructibles en Dieu – plus encore. D’abord tournée vers l’explication du passé, la naissance du Peuple élu, l’origine de l’univers, la justification des tribulations en cours (à cause des Péchés du peuple et d’abord de ses mauvais rois), l’orientation glisse de plus en plus au fil des siècles vers l’annonce et l’attente du Messie, qui délivrera Israël et sauvera le monde.

    Ces livres sont presque tous écrits en hébreu, la langue sémitique de la Terre sainte, parlée couramment jusqu’à l’Exil (587-539), qui se maintint ensuite comme langue Liturgique – et qui est redevenue aujourd’hui (adaptée) la langue nationale d’Israël ( Sionisme). On abrège souvent Ancien Testament en A. T. ou AT, mais non dans le présent ouvrage parce qu’il y a des personnes que ces Références abrégées rebutent, comme opaques sinon Ésotériques.

    On ne saurait résumer en trois propositions mille ans de Révélation, de méditation et de prière. Mais pour orienter la réflexion, en voici trois axes majeurs:

    1.Il n’y a qu’un Dieu, Créateur universel: tout a été créé bon; tout est pour l’homme car Dieu l’aime;

    2.Dieu se révèle au Peuple élu, avec lequel il passe Alliance, pour qu’il le fasse connaître au monde entier;

    3.La liberté humaine a fait entrer le Mal dans le monde; mais un jour Dieu enverra un Sauveur.

    ange, angélique. De l’hébreu mal’ak, traduit par le grec άγγελος, angelos, lui-même transcrit en latin ANGELVS,‘messager’. « Envoyé (de Dieu) ». Selon la tradition, esprit créé par Dieu pour le servir et aider les hommes. Leur existence n’appartient pas au Credo. On les représente souvent ailés, pour voler du Ciel à la Terre. Mais sont-ce des êtres réels ou des allégories de la toute-puissance de Dieu? Démon et Satan. Anges déchus, Mal.

    Il y eut à Constantinople quelques controverses sur le sexe des anges. Faut-il le dire, elles eurent lieu plusieurs siècles avant le siège et la prise de la ville par le sultan Mahomet II en 1453. C’est un lieu commun (sans fondement) de la langue courante de qualifier de discussions byzantines des querelles inopportunes et compliquées sur de faux sujets. L’allusion au sexe des anges évoque simplement le haut niveau de civilisation de Constantinople (476-1453) par rapport aux royaumes barbares d’Occident en général, et de beaucoup des Croisés en particulier.

    À la suite d’écrits Apocryphes Gnostiques ou non, on a distingué jadis plusieurs grades d’anges. Par exemple, saint Ambroise (340-397) les classait en trois fois trois niveaux, des plus proches au moins proches de Dieu:

    séraphins – chérubins – trônes

    principautés (ou archontes) – dominations (ou seigneuries) – puissances (ou autorités)

    vertus – archanges – anges

    ange gardien. Selon la tradition (en particulier Matthieu 18. 11), ange préposé à chaque humain dès la naissance ou le Baptême, pour le soulager et le préserver de la Tentation.

    Angelico, Fra Angelico

    (le Docteur) angélique, Thomisme

    angélus. Selon les Heures chrétiennes, à 6:00, 12:00 et 18:00 (toutes les six heures sauf à minuit, ‘de l’angélus de l’aube à l’angélus du soir’: « toute la journée »), on récite la prière ou on chante un Cantique qui commence par ce mot: « L’ange du Seigneur a Annoncé à Marie ».

    La prononciation anjélusse reflète l’ancienne prononciation française du latin, dite gallicane (XIe-XIXe siècle).

    Tradition sans doute à l’origine du muezzin musulman; Cloche.

    anglican, anglicanisme. Schisme de l’Angleterre contre le Pape romain et la supranationalité Catholique de l’Église (1534), notamment parce que le roi Henri VIII (1509-1547) souhaitait que l’Église annulât son mariage avec Catherine d’Aragon, qui ne lui avait pas donné d’héritier mâle.

    La colonisation britannique a établi des Églises anglicanes (ou épiscopa-liennes) partout dans le monde.

    animaux. Parmi d’autres aujourd’hui (Écologistes notamment), bouddhistes et hindouistes s’étonnent du manque d’intérêt des chrétiens pour les animaux, et de l’absence d’animaux dans la religion, dans la réflexion philosophique et la morale chrétiennes ( Sacrifices).

    Pourtant, l’art chrétien regorge d’animaux. Mais ce sont des Allégories, par exemple Quatre Évangiles. (Voir aussi Olivier CAIR-HÉLION, Les Animaux de la Bible, référence en début de volume.) Dans l’Inde, les religions protègent les bêtes – les éléphants, les singes et les rats dans les temples, les vaches dans les rues – alors qu’en terre chrétienne on les ignore ou on les chasse, et on les mange.

    L’absence de statut privilégié pour les animaux chez les juifs puis les chrétiens s’explique en effet par la foi. Pour YHWH puis pour Jésus, ce qui compte d’abord, c’est la conscience, l’humanité, chaque personne. Les animaux, comme les plantes et toute matière, sont à leur service. La Genèse le montre: la nature est subordonnée à l’homme, qui peut et doit la dominer. Il fallait à l’origine de la Révélation s’opposer à tout culte de la Nature, au Panthéisme, à la zoolâtrie ou adoration des animaux: Dieu seul est Dieu et il est Esprit. On trouve ce souci dans la Genèse, dans Job, ou dans Daniel. Les animaux, si formidables ou attendrissants soient-ils, ne sont que des bêtes, nullement des dieux, et moins que n’importe quel humain.

    Les juifs dans l’environnement des zoolâtries pharaoniques et mésopota-miennes au début, les chrétiens ensuite au milieu des rites de la Nature des Celtes, des Germains puis des Slaves, se sont détournés des animaux pour insister sur la suprématie de l’homme, de chaque individu. Le plus petit des hommes vaut infiniment plus qu’un aigle ou qu’un lion. On chasse, on tue et on mange les bêtes – mais on supprime l’esclavage et on crée des Hospices pour les pauvres et des Hôpitaux pour les malades.

    Cependant, selon le philosophe et romancier catholique britannique Gilbert K. Chesterton (1874-1936), à partir du temps de saint François d’Assise (1182-1226), la christianisation de l’Europe était désormais assez profonde pour que l’idolâtrie ne fourvoie plus l’émerveillement devant la nature et les animaux. Alors la sensibilité face à la splendeur du monde et de la vie put à nouveau se déployer; ne la trouve-t-on pas dans plusieurs paraboles de Jésus comme déjà dans de nombreux Psaumes et dans Job? Comme le dit à ravir saint François: nos petits frères ou petites sœurs le soleil, la lune, l’eau, le vent et la mer, les fleurs ou les oiseaux, voire les loups et les autres fauves, n’apparaissent plus comme des dieux mais comme d’humbles serviteurs et servantes de Dieu, des bêtes ancillaires qu’avec Dieu l’homme dompte, apprivoise ou domestique… et chérit.

    Aujourd’hui que flageole l’hypothèse judéo-chrétienne et que se ranime le Paganisme, ne voit-on pas refleurir, sous couvert d’écologie notamment, le relativisme face à la vie humaine (Avortement, Euthanasie) et corrélativement le culte de la Nature, voire la déif ication des plantes et des animaux? On s’émeut moins d’une famine ou d’une guerre qui massacre des milliers d’innocents que des menaces qui pèsent contre les gorilles de montagne, les grenouilles arboricoles voire les crocodiles de Cuba ou les tigres des Sundarbans – lesquels croquent chaque année des dizaines de personnes.

    De nouveaux païens offriraient-ils à leurs faux dieux des Sacrifices humains ?

    anneau du pêcheur. Bague « privée » du Pape représentant saint Pierre à la pêche (voir Poisson). Comme toutes les bagues des hommes, c’est un outil pour cacheter, authentifier le courrier, ici les lettres pontificales privées, par opposition à la Bulle ou grand sceau de plomb ou d’or, trop grand et lourd pour être porté au doigt, qui scellait les actes officiels.

    Aujourd’hui, image de la mission du pape.

    année liturgique, Fêtes catholiques annuelles

    ANNO DOMINI (AD). Latin, ‘an du Seigneur’ – après Jésus-Christ, égal à An de grâce. Inversement, ACN: ANTE CHRISTVM NATVM, ‘avant la naissance du Christ’, en anglais BC, Before Christ. Âge du monde.

    Annonciation. D’annoncer. Il s’agit de l’annonce de l’Ange Gabriel à la Vierge que, si elle le veut bien, elle va engendrer, de l’Esprit, un enfant exceptionnellement Béni de Dieu: le Messie qu’attend son peuple en vertu de la Promesse (Luc 1. 26-38).

    Fête le 25 mars, neuf mois avant Noël. Je vous salue Marie.

    « annulation de mariage ». Expression courante mais erronée: l’Église n’a pas le pouvoir d’annuler un Sacrement.

    Mais le mariage peut ne pas avoir été valide, réel aux yeux de l’Église; il ne saurait être annulé mais on peut constater qu’il n’a pas eu lieu (valablement) en dépit des apparences.

    De nombreuses causes peuvent en être invoquées à la Rote, le tribunal catholique compétent. Les plus fréquentes sont:

    1.la contrainte (au moins un des époux n’était pas libre);

    2.l’immaturité – âge physique⁵ ou mental insuffisant – ou l’incapacité mentale (« folie »);

    3.la tromperie sur la personne (de toute nature grave: statut marital ou national, dettes, santé, engagement…);

    4.l’absence de volonté ou

    5.l’incapacité d’engendrer et d’élever des enfants.

    Ainsi, si un des époux refuse ou est incapable de relations sexuelles (impuissance physique ou mentale), le Mariage peut être déclaré nul, c’est-à-dire inexistant, n’ayant jamais été validement administré comme sacrement; celui-ci n’est d’ailleurs contracté entre époux que « consommé » – dans une relation sexuelle complète.

    antéchrist. Du grec αντίχριστος, antichristos, ‘contre-christ’. Ce mot ou cette notion n’apparaît nulle part dans l’Ancien Testament, ni dans les évangiles ni dans l’Apocalypse; on ne le lit que quatre fois dans le Nouveau Testament: dans deux Épîtres de saint Jean.

    ‘Antéchrist’ y signifie d’abord « ennemi du Christ », sans plus; secondairement le contexte suggère que son déchaînement, ainsi que le refus délibéré d’accepter Jésus comme Sauveur et Fils de Dieu, l’apparente à Satan et à l’ultime combat du Mal contre le Bien avant la Fin du monde. Mais cette personnification de l’antéchrist comme Diable et cette prévision non chronologique de son apparition comme signalant l’imminence du Jugement dernier a sans doute d’abord une valeur Allégorique générale, universelle, morale: c’est au moment de sa Conversion que chaque humain est tourmenté et menacé par le Mal le plus durement.

    La Réforme a vu l’antéchrist dans le pape. Et jusqu’au XXe siècle cette idée a infecté les relations entre Protestants et Catholiques – dont certains voyaient inversement Luther en antéchrist. D’autres y lisaient Marx ou le marxisme, ou Mahomet et l’islam. De telles identifications précises faussement prophétiques (faux messies, Messianisme) sont faciles, nuisibles, et contraires à la foi comme à la charité.

    anticlérical, anticléricalisme. Contre les Clercs, le clergé, la Hiérarchie de l’Église; pas nécessairement contre la foi: pas mal de Fidèles sont anticléricaux.

    antienne. Prononcé an tienne. Du grec αντιφωνη, antiphônê, ‘contre-voix, refrain, répons[e]’. Partie du Psaume, Hymne, chant ou Cantique repris par les Fidèles durant la Liturgie.

    L’antiphonaire est le livre de ces chants.

    Mot sans lien ni avec Étienne (du grec Στέφανος, Stephanos, ‘Couronné’) ni avec ancienne (du latin ANTEANA, ‘passée’).

    antisémite, antisémitisme. Du grec αντι, anti, ‘contre’ et Sémite, « adversaire des juifs ». Curieusement, les Sémites visés ici sont seulement les juifs, non les Arabes par exemple, qui sont sémites eux aussi. Jésus a été condamné à mort par le Sanhédrin, et plusieurs des premiers chrétiens ont été exécutés par des tribunaux juifs. Au tout début de l’Église, les premières communautés chrétiennes ont été persécutées par certains Sadducéens et Pharisiens – mais la plupart des premiers chrétiens étaient évidemment eux-mêmes des juifs, compatriotes (et coreligionnaires) du Christ et des Apôtres.

    L’antisémitisme naît au moyen âge dans une Chrétienté où les juifs, désormais minoritaires, gagnent parfois beaucoup d’argent comme usuriers puis banquiers. Jalousie. Aux temps modernes, c’est derechef l’isolement et la réussite des juifs qui alimentent calomnies, Pogroms et persécutions, jusqu’à la Choah.

    Depuis la « solution finale » (l’extermination des juifs) sous Hitler, les Occidentaux ont mieux pris conscience du danger de traiter une communauté comme Bouc émissaire; Aryen, Déicide.

    apocalypse, apocalyptique. Du grec απο (‘dé’) et καλυπτειν, (‘cacher’; même mot que la nymphe Calypso, ‘la Dissimulatrice’ ou ‘la Receleuse’ de L’Odyssée d’Homère); αποκαλυπτειν, apocaluptein, ‘dévoiler, révéler’ ( Révélation). Genre littéraire tardif de l’Ancien Testament, « révélant » le sens des drames contemporains, la jactance des Païens et la Persécution des Fidèles: ‘le Royaume de Dieu arrive’. Parabole.

    Apocalypse (de saint Jean). Les évangiles Synoptiques contiennent chacun un passage apocalyptique; Jean, non. Mais on attribue à celui-ci (ou à des rédacteurs proches de lui) un livre entier, une apocalypse autonome, qu’en anglais on appelle Book of Revelation.

    Ce livre révèle le sens des Persécutions contre les chrétiens dans l’Empire romain: depuis la naissance du Christ, Satan se déchaîne contre l’Église (allégorie: la Vierge) et massacre les chrétiens. Mais Jésus est ressuscité, l’Agneau de Dieu est déjà vainqueur: courage bientôt, le Royaume de Dieu remplira les cœurs jusqu’au bout du monde, le Jugement divin fera régner la vérité, et alors commenceront « un Ciel nouveau et une Terre nouvelle », Éternels, le Paradis.

    Apocalyptique n’a donc pas pour le chrétien le sens de ‘cataclysmique’. Au contraire, ce qu’il révèle, au terme des catastrophes en cours, est l’inéluctable triomphe de Dieu. Mais il n’est pas nécessaire d’attendre la Fin du monde pour espérer: toute vie aboutit au Jugement. Eschatologie.

    apocryphe. Du grec απόκρυφος, apocruphos, ‘caché’. Se dit des écrits relatifs à la foi juive ou chrétienne non retenus comme Canoniques.

    Tantôt leur historicité était mise en doute, comme dans le Protévangile de Jacques, qui a inspiré l’art chrétien du moyen âge à nos jours (et n’a donc jamais été caché).

    Tantôt leur doctrine était suspecte, comme dans les Évangiles de Thomas et de Judas, redécouverts au XXe siècle, Gnose.

    Les deux sources des apocryphes (évangiles et apocalypses) sont les Évangiles Canoniques, plus anciens au moins d’un demi siècle, souvent beaucoup plus (les apocryphes datent de la moitié du IIe au Xe siècle), et l’imagination des rédacteurs, souvent marquée par la Gnose.

    apologie, apologétique. Du grec απολογία, apologia, ‘défense’. Ce terme militaire – la défense d’un bastion – a pris dès le grec classique le sens figuré qu’il a par exemple chez Joachim du Bellay (1522-1560) dans Deffence et illustration de la langue françoyse: « plaidoyer, justification » (cf. l’anglais I apologise, ‘excusez-moi’): Platon écrivit une Apologie de Socrate pour expliquer l’attitude du philosophe face à ses juges. Tertullien (155-235) publie en 197 une Apologie du christianisme dans la veine des controverses philosophiques antiques.

    Dans l’usage courant actuel, on se méfie de l’apologétique, envisagée comme une plaidoirie pour une cause (par exemple: chrétienne) plutôt que comme un exposé objectif. En ce sens on entendait jadis par apologue, apologiste ou apologète un Clerc rompu à la justification de sa foi; Théodicée.

    De ce point de vue, on est frappé de l’absence d’apologétique dans la Bible: elle ne justifie pas; elle raconte; même les Épîtres, si fougueusement consacrées à l’exhortation à l’amour, à la confiance et à la Sainteté, ne se préoccupent guère de prouver ( Falsif iabilité). Quant à Jésus, on ne l’entend jamais tenter de démontrer quoi que ce soit: il fait et montre; et conclut volontiers: « Qui a des oreilles, qu’il écoute! » (Matthieu 13. 7 et passim).

    apophatique. Du grec αποφασις, apophasis, ‘négation’. Méthode philosophique grecque antique circonscrivant quelque chose ou quelque notion en en retranchant tout ce qu’elle n’est pas. De l’Antiquité à nos jours, plusieurs penseurs croyants ou non ont travaillé à comprendre et définir Dieu à partir de ce qu’il ne pouvait être.

    D’autres estiment qu’on ne saurait approcher Dieu par la négative alors qu’il se présente à Moïse comme ‘celui qui est’ ( YHWH), et qu’il se fait homme né d’une femme pour nous montrer son Père:

    Dieu, personne ne l’a jamais vu; mais le Fils unique – qui est dans le Père – nous l’a dévoilé (Jean 1. 18).

    apostasie, apostat. Du grec αποστασις, apostasis, ‘renoncement, abandon’. Se dit désormais seulement de qui renie sa foi, Débaptisation, Inculturation.

    apothéose. Du grec αποθεωσις, apotheôsis, ‘divinisation’. Rite grec puis romain exprimant l’ascension auprès des dieux d’un grand homme à sa mort. Son corps était brûlé sur un bûcher devant les citoyens; la fumée emportait son Âme au ciel; chez les Romains, parfois on lâchait un aigle à ce moment, qui était censé se fondre dans le soleil.

    Rite civil ou croyance en une quelconque divinisation ou accession réelle du défunt à l’éternité? On n’en sait rien; sous l’Empire romain, nombreux sont les témoignages qu’au moins l’élite n’y voyait plus qu’un culte héroïque ou impérial – parfois malencontreux – à valeur sociale.

    Il n’y a pas d’apothéose dans la Bible, encore que la même tendance psychologique s’y fasse jour littérairement – allégoriquement – pour Moïse et Élie: leurs corps disparaissent à leur « mort » (ou Assomption en Dieu), sans que cela donne lieu à aucune doctrine de survie de l’âme du héros, Prophète, roi ou simple dévot.

    Dans le Nouveau Testament, Jésus ne saurait être divinisé puisque lui-même comme ses disciples le reconnaissent comme Dieu; sa mort infamante (torture d’esclave, Crucif ixion) et son ensevelissement à la sauvette en sont d’ailleurs à l’antipode. La Résurrection en constitue également le contraire: il n’y a ni rite ni témoin; seuls le tombeau vide, puis les Apparitions (toujours à des croyants), suggèrent que Jésus avait raison de se montrer Fils de Dieu. L’Ascension de Jésus se distingue de l’apothéose par le fait qu’elle n’est pas censée se produire lors de l’ensevelissement, au cours des rites ou grâce aux rites funèbres, que le Messie monte au Ciel vivant, que des Anges annoncent qu’il reviendra, et que selon les chrétiens il est présent chaque jour dans l’Eucharistie.

    Quant à l’Assomption de Marie, elle ne constitue pas non plus une apothéose, pas plus que la Gloire promise aux Saints, puisqu’elles ne les transforment pas d’eux-mêmes en dieux mais les accueillent auprès de Dieu.

    Dans l’emploi courant du terme aujourd’hui, apothéose a repris son sens impérial romain de funérailles officielles grandioses d’un grand homme salué comme tel par ses compatriotes, sans que sa ‘divinisation’ soit autre que dans le souvenir de la postérité.

    apôtre, apostolique, apostolat. Du grec αποστολος, apostolos, ‘envoyé, missionnaire’. On désigne ainsi les premiers disciples de Jésus, les Douze, auxquels on ajoute saint Paul, lequel se dit lui-même « le dernier » ou « le plus petit » des apôtres, puisqu’il n’a connu Jésus qu’après sa Résurrection, sur le Chemin de Damas.

    L’Église catholique est dite une, Sainte, Catholique et apostolique: ce mot signifie ‘des apôtres’, pour authentifier son origine, remontant sans rupture aux témoins de Jésus. Martyr.

    Apostolat voulait à l’origine dire ‘mission, témoignage’, mais son sens courant s’est élargi à « zèle, dévouement ».

    Apparitions de Jésus ressuscité. Dans les heures et les jours qui suivent la découverte du tombeau de Jésus, vide, mais avec son linceul replié, Jésus apparaît à plusieurs femmes et à ses disciples. Si ces apparitions sont Allégoriques (ou des hallucinations), la foi chrétienne est fausse, et inepte car la Résurrection du Fils de Dieu en est le noyau.

    La foi les affirme donc des Miracles.

    apparitions de Marie (Lourdes, Fatima, Banneux, Beauraing, Kibeho, Medjugorje…). L’Église est prudente à leur sujet. Elles n’appartiennent pas au Credo. Des dizaines de milliers ont été signalées depuis l’an Mil; l’Église permet le culte d’une quinzaine d’entre elles.

    Selon le théologien français Jean Charlier dit de Gerson (1363-1429), cinq critères sont nécessaires pour qu’on puisse autoriser la croyance de ceux qui le désirent – sans être obligatoire – en la réalité des apparitions: 1 l’humilité; 2 la discrétion; 3 la patience du voyant; 4 la conformité du message avec l’Évangile et la foi chrétienne; 5 le rayonnement de l’amour de Dieu dans l’attitude du voyant et des partisans de la réalité de l’apparition.

    La plupart des Mystiques, dont Thérèse d’Avila (1515-1582) et Jean de la Croix (1542-1591) se méfient des apparitions et demandent à l’Église de ne pas les reconnaître.

    Selon Jean, en Croix, Jésus dit à sa mère: « Femme, voici ton fils »; et à Jean: « Voici ta mère » (Jean 19. 26-27). Et l’évangéliste conclut lui-même: De ce moment, le disciple la recueillit chez lui (ibid.) – si bien qu’on suppose que Jésus était fils unique, sinon ses autres enfants auraient pris soin de Marie.

    Sa mère survécut au Christ. Elle l’avait mis au monde. Pour Jean ( Apocalypse) et les chrétiens, il lui restait encore à l’engendrer dans l’Église pour le monde. Ainsi s’explique son rôle de Médiatrice, et peut-être ses apparitions.

    Aquarius, Verseau

    araméen. D’Aram, un des noms anciens de la Haute Mésopotamie. Langue sémitique, véhiculaire dans tout le Proche-Orient dès la deuxième moitié du second millénaire av. JC, devenue après l’Exil (587-539) la langue quotidienne des juifs.

    C’était donc la langue de Jésus. Elle n’a rien de Sacré, pas plus que l’hébreu, le grec, le latin ou aucune autre langue.

    arbre de la connaissance du bien et du mal, Fruit défendu

    arc-en-ciel, Archede Noé, Arc-en-Ciel

    arcane. Du latin ARCANVS, ‘secret, énigme’. On appelle parfois arcanes les secrets des cartes ou tarot; il n’y a pas d’arcane dans la foi chrétienne, Exotérique, offerte à tous; Graal, Table d’émeraude et Annexe III.

    Au sens courant, dérivé, on parle des arcanes de la politique, de la science, de n’importe quel savoir ou savoir-faire difficile ou mystérieux.

    archange. Prononcer arcange. Du grec αρχάγγελος, archangelos, ‘archi-ange ou super-ange’, « ange supérieur ». Archon ou Archonte (prononcer arcon[te]) veut aussi dire ‘supérieur, chef ’.

    La tradition chrétienne en nomme quatre: Gabriel, (saint) Michel, Raphaël et Uriel.

    arche d’alliance. Du latin ARCA, ‘caisse, coffre’. Dans l’Ancien Testament, coffret représentant la présence de Dieu. À l’origine, on suppose qu’il contenait les pierres sacrées (bétyles, beth-Él, ‘maison de Dieu’) allégoriques des (douze ?) tribus d’Israël. Sans doute y consultait-on ‘l’oracle de Yahvé’. Plus tard, sa présence sur le champ de bataille assurait la victoire. David chantait Dieu devant elle. Salomon fit construire autour d’elle le premier temple de Jérusalem.

    Sa valeur ‘magique’ s’effaça sous les rois d’Israël et de Juda, grâce aux Prophètes. On remplaça les pierres sacrées par les Tables de la Loi, ou par rien: Dieu n’est-il pas invisible et partout ?

    À partir de l’Exil (587-539 av. JC), l’arche disparaît comme objet; elle devient une image verbale de la présence de Dieu. D’où la métaphore de la Vierge comme la nouvelle arche d’alliance ou, mieux, l’arche de la Nouvelle Alliance.

    arche de Noé. Du latin ARCA, ‘caisse, coffre’. Dans la Parabole du Déluge (Genèse 7-9, Mythe), boîte géante que Noé construit à l’invitation de Dieu, qui voit en lui le Juste susceptible de sauver le monde (voir Rédempteur et Sauveur) de ses Péchés. Noé y embarque avec sa famille et un couple de tous les animaux de la Terre. Quand vient l’inondation qui abolit le monde ancien, l’arche flotte sur ses eaux, qui noient l’univers.

    Puis les eaux se retirent. Noé lâche des oiseaux, qui reviennent, ne trouvant où se poser. La colombe ramène un rameau d’olivier frais. La vie renaît. Le soir, la colombe ne revient plus; elle niche. Enfin, l’arche se pose au sommet d’une montagne. Ses occupants débarquent et repeuplent le monde nettoyé – image de la Terre nouvelle.

    Aussitôt Noé remercie Dieu. En signe de paix, Dieu « suspend son arc » dans le ciel. Ce que depuis commémore l’Arc-en-ciel après l’orage. Arc – arche: hasard phonique en français.

    archevêque, Évêque

    arc-en-ciel. Symbole de la fin de l’orage. Dans le Déluge, Allégorie de la concorde rétablie entre Dieu et le monde grâce à Noé. Sans lien langagier avec l’Arche.

    En hébreu, ‘arc’ (de chasse ou de guerre) et ‘arc-en-ciel’ sont le même mot; aussi est-il joliment dit (Genèse 9. 13-14) qu’alors Dieu « suspendit son arc au ciel » en signe de paix, comme les Indiens enterraient la hache de guerre.

    arien, arianisme. Du nom latinisé en Arius du Libyen Ariouc (256-336). Son Hérésie est que seul le Père est Dieu, créateur; le Fils et l’Esprit sont deux Dieux subordonnés créés par le Père.

    On lui objecte que le polythéisme n’est pas chrétien et que si le Christ n’est pas Dieu avec son Père, « de même nature que le Père (ομοουσιος, homoousios, consubstantiel) et créateur avec lui », l’Incarnation perd de son sens et le Salut (offert par l’Homme-Dieu) de sa valeur. C’est la conviction

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