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Recueil d'homélies: Année A 2016 - 2017
Recueil d'homélies: Année A 2016 - 2017
Recueil d'homélies: Année A 2016 - 2017
Livre électronique329 pages5 heures

Recueil d'homélies: Année A 2016 - 2017

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À propos de ce livre électronique

Au travers des homélies de Père Arnaud, et au-delà de ses explications, il nous interpelle souvent dans notre quotidien et notre relation avec le Seigneur.
Le Seigneur non seulement viendra à notre rencontre, mais Il vient chaque jour. La question essentielle est donc : sommes-nous prêts à Le rencontrer ?
LangueFrançais
Date de sortie22 févr. 2019
ISBN9782322153732
Recueil d'homélies: Année A 2016 - 2017
Auteur

Père Arnaud Duban

Ordonné prêtre en 2001 pour Paris, Arnaud Duban est d'abord vicaire dans le XVI°, 4 ans à Saint François de Molitor, puis 7 ans à Notre Dame d'Auteuil. En septembre 2014, il est nommé curé de Sainte Thérèse et de Saint Jean XXIII à Fontenay-sous-Bois. Depuis le 1er septembre 2018, il est curé du Saint Esprit, dans le XII°.

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    Aperçu du livre

    Recueil d'homélies - Père Arnaud Duban

    A mes chers paroissiens de Sainte Thérèse et de Saint Jean XXIII.

    « La pluie et la neige qui descendent des cieux n’y retournent

    pas sans avoir abreuvé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir

    fait germer, donnant la semence au semeur et le pain à celui

    qui doit manger » (Is 55,10)

    « Elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus

    coupante qu’une épée à deux tranchants ;

    elle va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit, des

    jointures et des moelles ;

    elle juge des intentions et des pensées du cœur. »

    (He 4,12)

    « Allez ! De toutes les nations faites des disciples » (Mt 28,19)

    Un très grand merci à Patrice qui m'a aidé pour l'élaboration et l’édition de ce recueil d'homélies.

    NB: Les citations sans les références correspondent aux textes liturgiques de la messe du jour. Nous conseillons donc au lecteur de lire les homélies avec un missel de l’année A pour se reporter aux textes.

    Sommaire

    AVENT

    1ER DIMANCHE : VEILLEZ DONC !

    2EMEDIMANCHE : CONVERTISSEZ-VOUS, CAR LE ROYAUME DES CIEUX EST TOUT PROCHE

    3EMEDIMANCHE : RECONNAISSANCE, PATIENCE, CONFIANCE … POUR NOTRE JOIE !

    4EMEDIMANCHE : SAINT JOSEPH, PRIEZ POUR NOUS !

    NOËL

    NUIT DE NOËL : GLOIRE A DIEU AU PLUS HAUT DES CIEUX, ET PAIX SUR LA TERRE AUX HOMMES, QU’IL AIME !

    LE JOUR DE NOËL : ACCLAMEZ LE SEIGNEUR, TERRE ENTIERE, SONNEZ, CHANTEZ, JOUEZ !

    SAINTE MARIE, MERE DE DIEU : MARIE, REINE DE LA PAIX

    SAINTE FAMILLE : L’ECOLE DE L’AMOUR

    EPIPHANIE : ILS REPARTIRENT PAR UN AUTRE CHEMIN…

    BAPTEME DU CHRIST : CELUI-CI EST MON FILS BIEN-AIME ; EN LUI J'AI MIS TOUT MON AMOUR

    PRESENTATION DE JESUS AU TEMPLE : MES YEUX ONT VU TON SALUT, LUMIEREPOUR ECLAIRER LES NATIONS

    CAREME

    MERCREDI DES CENDRES : LAISSONS-NOUS RECONCILIER AVEC DIEU

    1ERDIMANCHE : ARRIERE, SATAN !

    2EMEDIMANCHE : IL FUT TRANSFIGURE DEVANT EUX

    3EMEDIMANCHE : « L'EAU QUE JE LUI DONNERAI DEVIENDRA EN LUI SOURCE JAILLISSANTE POUR LA VIE ETERNELLE »

    4EMEDIMANCHE : JE SUIS VENU POUR QUE CEUX QUI NE VOIENT PAS PUISSENT VOIR

    5EMEDIMANCHE : JE SUIS LA RESURRECTION ET LA VIE

    DIMANCHE DES RAMEAUX : BENI SOIT CELUI QUI VIENT AU NOM DU SEIGNEUR

    JEUDI SAINT : FAITES CELA EN MEMOIRE DE MOI

    VENDREDI SAINT : VIVONS DANS LA LUMIERE DE L’AMOUR

    TEMPS PASCAL

    VIGILE : SOYEZ SANS CRAINTE !

    JOUR DE PAQUES : IL EST VRAIMENT RESSUSCITE !

    2EME DIMANCHE : OFFRONS NOS VIES AU DIEU DE MISERICORDE

    3EMEDIMANCHE : MON CŒUR EXULTE, MON AME EST EN FETE

    4EME DIMANCHE : JE SUIS LE BON PASTEUR

    5EMEDIMANCHE : JE SUIS LE CHEMIN, LA VERITE ET LA VIE

    6EMEDIMANCHE : IL VOUS DONNERA UN AUTRE DEFENSEUR

    ASCENSION : LE CHRIST, PRES DE SON PERE, NOUS ATTEND ET NOUS ENVOIE AUPRES DE NOS FRERES

    7EMEDIMANCHE : VIENS, ESPRIT SAINT

    PENTECOTE : VIENS, ESPRIT SAINT, EN NOS CŒURS

    FETES ET SOLENNITES

    IMMACULEE CONCEPTION (8 DECEMBRE) : FIAT !

    1ERES COMMUNIONS : CELUI QUI MANGE MA CHAIR ET BOIT MON SANG A LA VIE ETERNELLE

    SAINTE TRINITE : AU NOM DU PERE, ET DU FILS ET DU SAINT ESPRIT

    SAINT JEAN BAPTISTE (24 JUIN) : TELLE EST MA JOIE, ELLE EST PARFAITE

    ASSOMPTION (15 AOUT) : MON AME EXALTE LE SEIGNEUR

    CROIX GLORIEUSE (14 SEPTEMBRE) : QUAND J’AURAI ETE ELEVE DE TERRE,J’ATTIRERAI A MOI TOUS LES HOMMES

    SAINTE THERESE (1EROCTOBRE) : SI VOUS NE CHANGEZ PAS POUR DEVENIR COMME LES ENFANTS

    TOUSSAINT (1ERNOVEMBRE) : QUI NOUS FERA VOIR LE BONHEUR ?

    FIDELES DEFUNTS (2 NOVEMBRE) : CELUI QUI ECOUTE MA PAROLE EST DEJAPASSE DE LA MORT A LA VIE

    DEDICACE DU LATRAN (9 NOVEMBRE) : NOUS SOMMES LE TEMPLE DE DIEU

    CHRIST-ROI : MA ROYAUTE NE VIENT PAS DE CE MONDE

    SAINT PIERRE ET SAINT PAUL (29 JUIN) : LES COLONNES DE L’EGLISE

    TEMPS ORDINAIRE

    4EMEDIMANCHE : QUI NOUS FERA VOIR LE BONHEUR ?

    5EMEDIMANCHE : VOUS ETES LE SEL DE LA TERRE ET LA LUMIERE DU MONDE

    6EMEDIMANCHE : LE SEIGNEUR A MIS DEVANT TOI L'EAU ET LE FEU

    12EMEDIMANCHE : NE CRAIGNEZ PAS

    13EME DIMANCHE : LE TEMPS DE LA VIDANGE

    19EMEDIMANCHE : N’AYEZ PAS PEUR

    20EMEDIMANCHE : QUE TOUT SE PASSE POUR TOI COMME TU LE VEUX !

    21EMEDIMANCHE : POUR VOUS, QUI SUIS-JE ?

    22EMEDIMANCHE : QU'IL RENONCE A LUI-MEME, QU'IL PRENNE SA CROIX CHAQUE JOUR, ET QU'IL ME SUIVE

    23EMEDIMANCHE : QU’AS-TU FAIT DE TON FRERE ?

    24EMEDIMANCHE : JUSQU’A SOIXANTE-DIX FOIS SEPT FOIS

    25EMEDIMANCHE : ALLEZ, VOUS AUSSI, A MA VIGNE

    28EMEDIMANCHE : CELEBRONS DANS LA JOIE NOS NOCES AVEC DIEU

    29EMEDIMANCHE : RENDEZ A CESAR CE QUI EST A CESAR, ET A DIEU CE QUI ESTA DIEU

    30EME DIMANCHE : « AIME ET FAIS CE QU’IL TE PLAIT »

    31EMEDIMANCHE : UN SEUL PERE, UN SEUL MAITRE, UN SEUL ENSEIGNANT

    32EMEDIMANCHE : VEILLEZ DONC CAR VOUS NE SAVEZ NI LE JOUR NI L’HEURE

    33EMEDIMANCHE : ENTRE DANS LA JOIE DE TON MAITRE

    Avent

    1er dimanche : Veillez donc !

    Frères et sœurs, qu’espérez-vous ? Au plus profond de vous-mêmes, quelle est votre attente ? Nous entrons aujourd’hui dans l’Avent, un mot qui signifie avènement, venue du Fils de Dieu parmi nous. Alors que le temps ordinaire conforte notre Foi et que le Carême et le temps pascal affermissent notre Charité, l’Avent fortifie notre Espérance. Pendant quatre semaines, nous allons nous centrer sur le triple avènement du Christ : celui qui a eu lieu il y a 2000 ans, dont nous ferons mémoire le jour de Noël ; celui qui aura lieu à la fin des temps, que nous avons célébré dimanche dernier, avec le Christ-Roi ; celui qui a lieu chaque jour, en particulier dans chaque eucharistie, lorsque le Christ vient à notre rencontre. Ces trois avènements sont liés l’un à l’autre. C’est parce que le Fils de Dieu est venu parmi nous il y a 2000 ans et qu’il continue de le faire sans cesse que nous possédons l’Espérance qu’il reviendra un jour pour établir définitivement son Règne. Est-ce que nous espérons vraiment ce jour de tout notre cœur ? Ou est-ce que notre Espérance théologale est endormie, remplacée par des espoirs tout humains, tels que l’amélioration de notre carrière, la croissance de notre compte en banque, les prochaines vacances au Club Med ? Pour que le Seigneur puisse ranimer notre Espérance, nous verrons d’abord ce qu’elle est réellement : l’attente de la rencontre avec lui. Ensuite, nous réfléchirons sur l’attitude qui peut nous permettre de l’aviver : la veille.

    Pour commencer, qu’est-ce que l’Espérance ? Elle est la deuxième des trois vertus théologales, ces habitus qui sont donnés par Dieu et qui nous donnent de Lui être unis. Grâce à elle, les croyants attendent de Dieu, avec confiance, sa grâce en ce monde et une vie éternelle et bienheureuse après la mort. Alors que la foi nous montre le chemin qui conduit vers Dieu, l’espérance nous donne la force de marcher sur ce chemin jusqu’au but, qui est l’union à Dieu que l’amour réalise.

    Notre Espérance est donc double : d’une part, nous attendons notre rencontre avec le Christ qui viendra nous juger. Même si ce jugement aura lieu lors de la Parousie, la manifestation glorieuse du Christ à la fin des temps, elle correspondra pour chacun d’entre nous au jour de notre mort, sauf si le Christ revient avant, ce qui est toujours possible. Pourquoi attendre ce jour ? Parce que nous croyons que Dieu est Amour, et qu’Il désire nous accueillir dans son Royaume pour nous y combler. Ce jour-là, les hommes vivront enfin comme des frères. Comme le prophétisait Isaïe, « de leurs épées ils forgeront des socs de charrue, et de leurs lances, des faucilles. On ne lèvera plus l'épée nation contre nation, on ne s'entraînera plus pour la guerre » (1ère lect.). Comme il est bon d’entendre ces paroles, particulièrement dans notre pays où beaucoup sont angoissés par la peur de l’avenir, une peur qui redouble à l’approche de Noël pour tous ceux pour qui cette fête ravive de douloureux souvenirs !

    Ce jour-là peut survenir aujourd’hui, mais aussi dans un lointain avenir. Aussi, n’oublions pas que nous attendons un deuxième type de rencontres avec le Christ : celles qui ont lieu chaque jour de notre vie. Le Seigneur vient à nous de multiples manières : dans les sacrements, dans les personnes, dans les évènements, dans les « motions de l’Esprit »… aux champs et au moulin… Le Christ est vivant au milieu de nous et il désire nous guider, comme il l’a fait avec les disciples d’Emmaüs le soir de la Résurrection. Le problème est que souvent, comme eux, nous ne savons pas le reconnaître, et nous ne l’accueillons pas. Souvenons-nous de la parole terrible que le Christ adresse à ceux qui sont à sa gauche, lors du jugement dernier : « ce que vous n’avez pas fait à l’un de ces petits, à moi non plus vous ne l’avez pas fait. » (Mt 25,45)

    Ainsi, le Seigneur non seulement viendra à notre rencontre, mais il vient chaque jour. La question essentielle est donc : sommes-nous prêts à le rencontrer ? Sommes-nous assez vigilants pour ne pas manquer les occasions qu’il nous offre de le faire ? Le temps de l’Avent est destiné avant tout à nous réveiller, à sortir du sommeil spirituel qui nous empêche de prendre conscience de la venue du Seigneur dans nos vies. Saint Paul exhorte ainsi les Romains : « c'est le moment, l'heure est venue de sortir de votre sommeil. La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche » (2ème lect.). De la même manière, Jésus nous exhorte aujourd’hui : « Veillez ». N’oublions jamais que notre Seigneur peut venir à nous à tout moment, aussi soudainement qu’Il l’a fait au temps de Noé. Or, notre société de consommation ressemble tellement à celle de Noé ! « À cette époque, avant le déluge, on mangeait, on buvait, on se mariait »… Remarquons que les contemporains de Noé ne faisaient rien de mal en soi, apparemment. Mais ils étaient centrés sur eux-mêmes, « assoupis » spirituellement et donc incapables de tourner leurs yeux vers le Seigneur. L’appel à la vigilance est toujours d’actualité, mais il l’est paradoxalement davantage en cette période où la frénésie de consommation augmente. Tout comme la nature « s’intériorise » en automne et en hiver, les arbres perdant leurs feuilles parce que la sève se retire de leurs branches, nous sommes appelés à nous intérioriser et à nous « retirer » nous aussi, c’est-à-dire à faire une retraite : « quand tu pries, retire-toi au fond de ta maison, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret » (Mt 6,6). Les bougies que nous allumons au fur et à mesure des dimanches de l’Avent symbolisent notre veille. Si nous ne prions pas assez, si nous ne demeurons pas éveillés, il risque de nous arriver la même mésaventure que les Apôtres Pierre, Jacques et Jean à Gethsémani : alors que Jésus leur avait demandé de veiller et prier pour ne pas entrer en tentation (Mt 26,41), ils s’abandonnèrent cependant au sommeil. Aussi furent-ils ensuite incapables de résister à la tentation, s’enfuirent et –pire encore – le premier d’entre eux renia Jésus.

    Cet exemple manifeste clairement que la vigilance spirituelle demande un véritable combat. C’est pourquoi saint Paul, après avoir invités à « sortir du sommeil », ajoute : « Rejetons les activités des ténèbres, revêtons-nous pour le combat de la lumière. » Or, « le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d’hommes » écrit Rimbaud dans « Une Saison en Enfer ». Alors, comment le remporter ? En étant uni à celui qui a vaincu le mal. C’est pourquoi Paul ajoute encore : « revêtez le Seigneur Jésus Christ. » Tout comme un soldat sans armure et sans bouclier aurait peu de chance de rester vivant, nous ne pouvons pas vaincre les forces des ténèbres sans l’équipement de combat¹ que nous avons reçu le jour de notre baptême, lorsque nous avons revêtu le vêtement blanc symbolisant le Christ ressuscité. Et c’est tous ensemble que nous combattons, dans cette immense armée qu’est l’Eglise, la nouvelle arche dans laquelle nous sommes protégés d’un déluge de mensonges et d’erreurs.

    Finalement, la seule question essentielle est celle-ci : à quoi le Seigneur nous appelle-t-il maintenant ? C’est cela, veiller : être vigilants pour toujours accomplir la volonté de Dieu. Veiller et prier sont donc indissociables : sans cesse, le Seigneur nous appelle à avoir le cœur tourné vers Lui. Même si je dors, je peux être en état de veille, comme nos appareils électroniques avec une lumière rouge constamment allumée. C’est ce que dit la bien-aimée du Cantique des Cantiques: « Je dors, mais mon cœur veille » (Ct 5,2). La veille signifie ici tout simplement l’amour : la personne qui aime est toujours attentive à l’autre, désireuse de sa présence. Si elle sait que son bien-aimé va arriver, elle peut faire preuve d’une patience infinie en l’attendant. Si elle s’endort malgré tout, comme les vierges sages qui attendaient l’Epoux, son cœur est toujours éveillé, parce qu’elle a mis de l’huile dans sa lampe, symbole de l’Esprit Saint qui repose dans son âme.

    Ainsi, frères et sœurs, l’Espérance est fondamentalement l’attente de la rencontre avec Dieu : rencontre le jour de notre mort, mais aussi chaque jour de nos existences. Pour ne pas rater ces rencontres avec le Seigneur, il nous faut demeurer sans cesse en état de veille, ce qui signifie aussi que nous devons combattre spirituellement. Ce combat, nous le menons tous ensemble dans l’Eglise, la nouvelle arche qui nous protège des assauts du mal, comme Noé au temps du déluge ou comme Moïse dans son panier au temps de Pharaon… Pendant ce temps de l’Avent, améliorons notre prière pour être davantage en état de veille: demandons à l’Esprit Saint de nous donner des cœurs plus amoureux. Alors, nous serons capables d’accueillir le Seigneur toutes les fois où il viendra nous rencontrer, dans toutes les circonstances de nos vies. AMEN.


    ¹ cf Ep 6,14-17 : « Tenez donc, ayant autour des reins le ceinturon de la vérité, portant la cuirasse de la justice, les pieds chaussés de l’ardeur à annoncer l’Évangile de la paix, et ne quittant jamais le bouclier de la foi, qui nous permettra d’arrêter toutes les flèches enflammées du Mauvais. Prenez le casque du salut et l’épée de l’Esprit, c’est-à-dire la parole de Dieu. »

    2ème dimanche : Convertissez-vous, car le

    Royaume des cieux est tout proche.

    Frères et sœurs, vivons-nous dans l’Espérance ? Dans le Porche du mystère de la seconde vertu, Péguy la compare à une petite fille qui avance comme traînée par ses deux grandes sœurs, la foi et la charité, mais en fait, c’est elle qui les fait avancer. Qui fait avancer le monde². L’Avent est justement le grand temps de l’Espérance, et aussi celui de l’enfance. C’est particulièrement vrai aujourd’hui où nous fêtons saint Nicolas, patron des enfants. Avons-nous suffisamment des cœurs d’enfants pour vivre dans l’Espérance ? Pour nous y aider, la liturgie de ce jour nous donne d’écouter deux grands prophètes, Isaïe d’abord, Jean Baptiste ensuite. Avec eux, nous allons franchir 2 étapes. D’abord, Isaïe nous donnera de contempler le Royaume de Dieu et celui qui le dirige, le Fils de Dieu. Ensuite, Jean nous parlera de l’eau et du feu, grâce auxquels nous pourrons y entrer un jour.

    « I have a dream ». Le discours le plus célèbre de Martin Luther King, qu’il prononça à Washington il y a 50 ans exactement, le 28 octobre 1963, est directement inspiré de la prophétie d’Isaïe que nous venons d’entendre. Cette prophétie du Royaume est en deux parties, que nous allons analyser successivement. Dans la seconde partie de sa prophétie, Isaïe décrit les relations entre les habitants du Royaume. Il le fait sous une forme qui ressemble à une fable animale : « Le loup habitera avec l'agneau, le léopard se couchera près du chevreau… » En réalité, cette description n’est pas qu’une fable, comme celles de Lafontaine qui se servait des animaux pour décrire les relations entre les hommes. En effet, comme l’écrit saint Paul aux Romains, « la création tout entière crie sa souffrance, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore. » (Rm 8,22) Saint François d’Assise l’avait bien compris, lui qui appelait « frères » et « sœurs » toutes les créatures : frère loup, sœur eau, etc. Les deux parties de la prophétie sont liées : c’est parce que le Messie fera régner la justice sur la terre que cette fraternité entre toutes les créatures sera possible.

    Qui dirigera ce Royaume ? Celui qu’on appelle le Messie, « l’oint du Seigneur » en hébreu, qu’Isaïe décrit dans la 1ère partie de sa prophétie. Il sera un descendant de David, qui avait été choisi non parce qu’il était le plus grand ou le plus fort, mais par la pure grâce de Dieu. « Sur lui reposera l'esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur, qui lui inspirera la crainte du Seigneur. » Isaïe énumère ici six dons du Saint Esprit ; pour parvenir à un chiffre symboliquement parfait, la Tradition en ajoutera un septième, le don de piété, qui dérive lui-même du don de crainte. Celui-ci est cité deux fois, et à la fin, parce qu’il est le plus important de tous les dons, et qu’il les couronne. La crainte est ici synonyme de respect filial et d’adoration ; si elle a été associée ensuite à la piété, synonyme d’affection et de tendresse, c’est pour signifier qu’il y a entre le Messie et Dieu une saine distance et une saine proximité. Fort de ces dons de l’Esprit, le Messie sera capable de gouverner avec justice : « Il ne jugera pas d'après les apparences, il ne tranchera pas d'après ce qu'il entend dire. Il jugera les petits avec justice, il tranchera avec droiture en faveur des pauvres du pays […] Justice est la ceinture de ses hanches ».

    Mais ce Royaume n’est-il pas qu’une utopie ? Non, clame Jean Baptiste, « le Royaume des cieux est tout proche ». Jésus commencera son ministère avec les mêmes mots. Mais il y a une condition pour entrer dans ce Royaume, que Jean et Jésus n’oublient pas d’ajouter : « convertissez-vous » ! Nous allons y parvenir d’abord grâce à l’eau, ensuite grâce au feu.

    La première étape de la conversion consiste à prendre conscience de nos péchés, et de notre impuissance à nous en délivrer seuls. Ce n’est pas un hasard si Jean baptise près du Jourdain, dans le désert. N’aurait-il pas mieux fait d’aller prêcher dans Jérusalem, et même dans le Temple, là où vont les foules ? Non, car le désert est un lieu parfaitement adapté pour prendre conscience de nos fragilités et de nos misères. « Je vais la séduire, je la conduirai au désert et je parlerai à son cœur » (Os 2,16) avait dit Dieu au prophète Osée. Par ailleurs, le Jourdain est à la fois le lieu le plus bas de la terre, et le lieu où Josué (=Jésus) avait fait entrer Israël en Terre Promise. C’est l’endroit idéal pour prendre conscience de ses péchés et désirer changer de vie. Et c’est précisément le sens du baptême de Jean : l’immersion dans l’eau symbolisait la plongée dans la mort que l’homme ne peut éviter, et la sortie, qui s’accompagnait d’une marche vers la rive en Terre Promise (l’eau était peu profonde) symbolisait le désir de la vie avec Dieu. Si Jean est si dur avec les Pharisiens et les Saducéens, qu’il compare à une « engeance de vipères » en référence au serpent de la Genèse, et peut-être aussi parce que la vipère est un animal sourd, c’est parce qu’ils n’ont pas pris suffisamment conscience de leurs péchés. Ils sont venus « en grand nombre » pour le « spectacle », parce que c’est « the place to be » au moment où « Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain venaient à Jean ». En pensant : « nous avons Abraham pour père », ils manifestent que leur foi est un talisman et qu’ils manquent d’humilité. En leur déclarant : « avec les pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham », Jean signifie que leur cœur est plus dur que les pierres.

    Cette première étape est nécessaire, mais pas suffisante. Jean est « le plus grand des enfants des hommes » (Mt 11,1) il joue un rôle fondamental dans le dessein de Dieu, mais il n’est que le Précurseur : « celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales ». Cette expression, qui rappelle la loi du lévirat qui permettait à un homme d’épouser une veuve en la rachetant à celui à qui elle était normalement destinée (en mettant la sandale de l’autre sur l’épaule de la femme) est une façon de dire que Jean n’est pas l’époux. L’Epoux d’Israël, c’est Dieu seul, et c’est son Messie qu’Il a envoyé. « Moi, je vous baptise dans l'eau, pour vous amener à la conversion... Lui vous baptisera dans l'Esprit Saint et dans le feu ». Pour nous convertir et mener notre vie avec Dieu, nous avons besoin de Dieu Lui-même. Le Messie est le seul qui peut nous baptiser dans l’Esprit Saint, comparé ici à un feu : feu qui réchauffe nos froideurs et nos tiédeurs, qui brûle nos péchés, qui éclaire nos obscurités. Cet Esprit Saint dans lequel Dieu veut nous baptiser, c’est-à-dire nous plonger, c’est celui dont Isaïe a décrit les dons. La boucle est bouclée : le désir de Dieu, c’est de faire de chacun d’entre nous des messies, des rois, capables d’agir avec justice. Ce que nous avons reçu le jour de notre confirmation, le Seigneur nous demande d’en vivre chaque jour. Comme le disait Graham Greene, « le chrétien est une personne qui se convertit tous les jours ».

    Ainsi, frères et sœurs, le Seigneur nous invite à nous convertir, afin que nous puissions entrer dans son Royaume, qui est tout proche, et y régner avec lui. Cette semaine, amassons des grains pour la vie éternelle, par chacune de nos bonnes actions, et prenons le temps de recevoir le sacrement de la réconciliation. Avec lui, nous recevrons le feu de l’Esprit Saint, qui consumera la paille de nos péchés, et qui nous comblera de ses sept dons. C’est ainsi que nous marcherons avec la petite fille Espérance, et qu’avec elle, nous ferons avancer le monde. AMEN.


    ² « La foi que j’aime le mieux, dit Dieu, c’est l’Espérance. La Foi ça ne m’étonne pas. Ce n’est pas étonnant. J’éclate tellement dans ma création. La Charité, dit Dieu, ça ne m’étonne pas. Ça n’est pas étonnant. Ces pauvres créatures sont si malheureuses qu’à moins d’avoir un cœur de pierre, comment n’auraient-elles point charité les unes des autres. Ce qui m’étonne, dit Dieu, c’est l’Espérance. Et je n’en reviens pas. L’Espérance est une toute petite fille de rien du tout. Qui est venue au monde le jour de Noël de l’année dernière. C’est cette petite fille de rien du tout. Elle seule, portant les autres, qui traversa les mondes révolus. La Foi va de soi. La Charité va malheureusement de soi. Mais l’Espérance ne va pas de soi. L’Espérance ne va pas toute seule. Pour espérer, mon enfant, il faut être bienheureux, il faut avoir obtenu, reçu une grande grâce. La Foi voit ce qui est. La Charité aime ce qui est. L’Espérance voit ce qui n’est pas encore et qui sera. Elle aime ce qui n’est pas encore et qui sera. Sur le chemin montant, sablonneux, malaisé. Sur la route montante. Traînée, pendue aux bras de des grandes sœurs, qui la tiennent par la main, la petite espérance s’avance. Et au milieu de ses deux grandes sœurs elle a l’air de se laisser traîner. Comme une enfant qui n’aurait pas la force de marcher. Et qu’on traînerait sur cette route malgré elle. Et en réalité c’est elle qui fait marcher les deux autres. Et qui les traîne, et qui fait marcher le monde. Et qui le traîne. Car on ne travaille jamais que pour les enfants. Et les deux grandes ne marchent que pour la petite ».

    Charles Péguy (1873-1914)

    3ème dimanche : Reconnaissance, patience,

    confiance … pour notre joie !

    Frères et sœurs, êtes-vous joyeux ? Aujourd’hui, dimanche de Gaudete (réjouissez-vous, en latin) l’Eglise nous invite à la joie. Non pas à une joie superficielle et passagère, mais à une joie profonde et durable. Pourquoi être joyeux, alors que tant de choses ne vont pas, dans nos vies et dans le monde ? Parce que le Fils de Dieu s’est incarné pour nous sauver de toutes nos misères et nous donner d’entrer dans son Royaume. Aujourd’hui, la liturgie met à nouveau en lumière le personnage de Jean Baptiste. Contrairement à l’image que certains ont de lui, Jean était un homme rempli de joie. Il le dit lui-même après avoir baptisé Jésus : « l’ami de l’époux se tient là, il entend la voix de l’époux, et il en est tout joyeux. C’est ma joie, et j’en suis comblé. » (Jn 3,29) La joie de Jean vient de l’accomplissement de son désir, qui était de voir apparaître le Messie... Plusieurs mois plus tard, cependant, certains ont des doutes : Jésus est-il bien celui qu’on attendait ? Alors que Jean l’avait présenté comme un juge, qui allait nettoyer son aire à battre le blé, amasser le grain dans son grenier et brûler la paille dans un feu qui ne s'éteindrait pas, Jésus mange avec les publicains et les pécheurs, et ne cesse d’offrir son pardon… Pour faire disparaître les doutes qui assaillent ses disciples, et peut-être lui-même, Jean fait demander à Jésus : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » La réponse de Jésus est de nature à chasser les doutes des disciples de Jean, et à renouveler la joie dans leurs cœurs. Le rose de la joie est composé du blanc de la pureté (qui nous permet de reconnaître l’action de Dieu autour de nous) et du rouge du martyre. Aussi Jésus les appelle – et nous avec - à une double attitude : la reconnaissance, afin de rendre grâce au Seigneur pour tout ce qu’il fait pour nous et de nous ; la patience, afin d’attendre la venue du royaume et de tenir bon dans les difficultés du présent. En d’autres termes, il s’agit de le remercier pour le verre à moitié plein, et de supporter qu’il soit à moitié vide.

    Premièrement, le Christ nous invite à la reconnaissance. Au double sens du mot : reconnaître ses bienfaits, qui sont comme des rayons de lumière dans nos vies parfois environnées de

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