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Livre électronique426 pages11 heures

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Lorsque la vie divine passe en nous, elle y attire l’esprit, et lorsque l’esprit vient en nous, il y attire la vie divine...


Un secret à la fois immense et terrible a été communiqué dans l’Homme de désir, no 146, pag. 217. Et ce secret est que le cœur de l’homme est le seul passage par où le serpent empoisonné élève sa tête ambitieuse, et par où ses yeux jouissent même de quelque lumière élémentaire, car sa prison est bien au-dessous de la nôtre.
Ici nous osons communiquer un autre secret non moins profond, mais plus consolant, plus encourageant, et fait pour nous apprendre à nous respecter tant par rapport à la sainteté de notre origine qu’à la sublimité de l’œuvre que nous devons et que nous pouvons opérer sur la terre. Voici ce secret :
L’ami fidèle qui nous accompagne ici-bas dans notre misère est comme emprisonné avec nous dans la région élémentaire, et quoiqu’il jouisse de sa vie spirituelle, il ne peut jouir de la lumière divine, des joies divines, de la vie divine que par le cœur de ce même homme qui fut choisi pour être l’intermède universel du bien et du mal. Nous attendons de cet ami fidèle tous les secours, toutes les protections, tous les conseils qui nous sont nécessaires dans nos ténèbres, et toutes les vertus pour subir le décret de notre épreuve, à laquelle il n’a pas le droit de rien changer ; mais il attend de nous en récompense que par le feu divin dont nous devrions être embrasés nous lui fassions éprouver la chaleur et les effets de ce soleil éternel dont il se tient éloigné par la pure et vive charité qui l’anime en faveur de la malheureuse humanité.
 
LangueFrançais
ÉditeurFV Éditions
Date de sortie28 janv. 2019
ISBN9791029906916
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    Aperçu du livre

    Le Nouvel Homme - Louis-Claude de Saint-Martin

    Chapitre Un

    Nous ne pouvons nous lire que dans Dieu lui-même

    et nous comprendre que dans sa propre splendeur.

    Ecce Homo. p. 19.

    LA vérité ne demande pas mieux que de faire alliance avec l’homme ; mais elle veut que ce soit avec l’homme seul, et sans aucun mélange de tout ce qui n’est pas fixe et éternel comme elle.

    Elle veut que cet homme se lave et se régénère perpétuellement et en entier dans la piscine du feu et dans la soif de l’unité ; elle veut qu’il fasse boire chaque jour ses péchés à la terre, c’est-à-dire, qu’il lui fasse boire toute sa matière, puisque c’est la ton vrai péché ; elle veut qu’il tienne sans cesse son corps prêt à la mort et aux douleurs, son âme prête à l’activité de toutes les vertus, son esprit prêt à saisir toutes les lumières, et à les faire fructifier pour la gloire de la source d’où elles lui viennent ; elle veut qu’il se regarde dans tout son être comme une armée toujours sur pied et prête à marcher au premier ordre qu’elle lui donnera ; elle veut qu’il ait une résolution et une constance que rien ne puisse altérer, et qu’étant prévenu qu’en avançant dans la carrière, il ne peut trouver que des souffrances, puisque le mal va s’offrir à lui à tous les pas, cette perspective ne l’arrête point dans sa marche, et qu’il ne porte pas moins sa vue exclusivement sur le terme qui l’attend à la fin de la course.

    Si elle le trouve dans ces dispositions, voici les promesses qu’elle lui fait et les faveurs qu’elle lui destine. Car, à peine l’intérieur de l’homme s’ouvre-t-il devant elle, qu’elle est saisie d’un transport de joie, non-seulement comme la mère la plus tendre pour un fils qu’elle n’avait vu depuis longtemps ; mais comme le plus sublime génie à la vue de la plus sublime production qui, d’abord, lui paraît neuve, étrangère à son esprit et, pour ainsi dire, effacée de sa mémoire, mais qui bientôt lui fait unir l’amour le plus vif à cette profonde admiration, quand ce sublime génie vient à reconnaître que cette sublime production est son ouvrage.

    À peine la vérité voit-elle naître ainsi le désir et la volonté dans le cœur de l’homme qu’elle s’y précipite avec toutes les ardeurs de sa vie divine et de son amour. Souvent même elle ne lui demande que de se priver de ce qui est nul, et pour ce sacrifice négatif elle va le combler de réalités. Les principales de ces réalités, c’est de commencer par lui donner les signes d’avertissement et de préservation, afin qu’il ne soit plus dans le cas de craindre comme Caïn et de dire : Ceux qui me rencontreront me tueront. Ensuite elle attache sur lui les signes de terreur, afin que sa présence devienne redoutable et qu’il fasse fuir ses ennemis ; enfin elle le décore des signes de gloire, afin qu’il puisse faire briller la majesté de son maître et recevoir partout les honorables récompenses qui sont dues à un fidèle serviteur.

    C’est ainsi qu’elle traitera ceux qui auront pris confiance en la nature de leur être ; qui n’en auront pas laissé éteindre la moindre étincelle ; qui se seront regardés comme étant une idée fondamentale, ou un texte dont notre vie entière ne devrait être que le développement et le commentaire, de façon que tous nos moments devraient concourir à l’expliquer et à le rendre plus clair, et non pas à l’obscurcir, à l’effacer, et à le faire oublier, comme cela arrive presque généralement pour notre malheureuse postérité.

    Pour coopérer à notre guérison, la vérité possède un médicament réel, et que nous sentons physiquement en nous lorsqu’elle juge à propos de nous le faire administrer. Ce médicament est composé de deux ingrédients en conformité de notre maladie, qui est une complication du bien et du mal, que nous tenons de celui qui ne sut pas se préserver du désir de connaître cette fatale science. Ce médicament est amer, mais c’est son amertume qui nous guérit, parce que cette partie amère, qui est la justice, s’unit à ce qu’il y a de vicié dans notre être, pour lai rendre la rectification ; alors ce qu’il y a de régulier et de vif en nous s’unit à son tour à ce qu’il y a de doux dans le médicament, et la santé nous est rendue.

    Tant que cette opération médicinale ne se fait point en nous, c’est en vain que nous nous croyons sains et bien-portants ; nous ne sommes pas même alors en état d’user des aliments salutaires et purs, parce que nos facultés ne sont point ouvertes pour les recevoir. Ce n’est donc point assez pour notre rétablissement de nous abstenir des aliments malsains et corrompus, il faut encore que nous usions de ce médicament amer que les ministres spirituels de la sagesse font passer en nous, pour y occasionner une sensation douloureuse qu’on pourrait appeler la fièvre de la pénitence ; mais qui se termine par la douce sensation de la vie et de la régénération.

    Les personnes qui sont dans la voie de la régénération, reçoivent et sentent ce médicament toutes les fois que l’ennemi les a touchées et est venu vicier quelque chose dans leur être. Les autres ne le reçoivent ni ne le sentent, parce qu’elles sont dans une continuité de dérangement et d’infirmité qui ne permet pas au médicament de les approcher.

    Mais ce médicament est si nécessaire à notre rétablissement que ceux qui ne l’ont pas reçu ne peuvent pas manger utilement pour eux le pain de vie, et qu’ils ne deviennent point de l’or pur. Enfin il doit presser et travailler notre âme sans relâche, sans interruption, comme le temps travaille constamment tous les corps de la nature, pour les ramener à la pureté, à la simplicité, et à la vive activité de leurs principes constitutifs. C’est par là qu’il s’ouvre en nous une source vivante, qui est nourrie et entretenue par la vie même ; et c’est par ce moyen que nous parvenons à nous emparer d’une nature de joies qui ne passent point et qui établissent d’avance en nous à demeure l’éternel royaume de ce qui est.

    Il est aisé de sentir que ce médicament ne doit pas être confondu avec les tribulations terrestres, avec les maux du corps, avec les injustices que nous pouvons recevoir de nos semblables et qui tiennent notre âme dans l’angoisse. Toutes ces choses sont ou pour la punition de l’âme, ou pour son épreuve, mais elles ne lui donnent qu’une sagesse temporelle ; or, nous ne pouvons recevoir la vie divine que par des préparations de son même ordre ; et le médicament dont nous parlons est cette exclusive préparation. Heureux celui qui persévérera jusqu’à la fin à le désirer et à le mettre à profit toutes les fois qu’il aura le bonheur de le sentir ! Il éprouvera par là que l’homme peut avoir de si grandes choses à dire, qu’il ne faut plus que ce soit lui qui les dise, qu’il doit attendre qu’on le lui fasse dire ou écrire.

    Car la rosée que Dieu fait descendre dans l’homme est toute composée d’actions toutes vives, toutes formées, toutes complètes, comme d’autant de guerriers armés de pied en cap, ou comme d’autant de puissants médecins, portant dans leur main l’ambroisie, ou comme d’autant d’anges célestes tous rayonnants intérieurement et extérieurement, des saintes et pures lumières de la vie ; et l’homme destiné à être l’objet et le réceptacle de tant de bienfaits aperçoit par l’intelligence, au milieu de cette rosée sacrée, la main suprême du Dieu resplendissant de gloire qui veut bien le prendre pour le terme de cette incomparable munificence, tant il est vrai que la parole divine ne peut venir en nous sans créer à la fois tout un monde.

    Mon Dieu, je sais bien que vous êtes la vie et que je ne suis pas digne que vous approchiez de moi, qui ne suis que souillure, misère, et iniquité. Je sais bien que vous avez une parole vive, mais que les ténèbres épaisses de ma matière empêchent que vous ne la fassiez entendre aux oreilles de mon âme. Faites-en néanmoins descendre en moi une assez grande abondance de cette parole, pour que son poids puisse contrebalancer la masse du néant dans lequel est absorbé tout mon être, et qu’au jour de votre universel jugement ce poids et cette abondance de votre parole puissent me soulever hors de l’abîme et me faire remonter vers votre sainte demeure ; placez dans les diverses régions et facultés qui me composent nombre d’ouvriers habiles et vigilants qui désobstruent les canaux de toutes leurs immondices, et qui brisent jusqu’au roc vif qui s’oppose à la circulation des eaux ; alors la vie de vos sources pures et actives entrera en moi et remplira mes fleuves jusqu’aux bords ; alors vous créerez un monde d’esprits dans ma pensée, un monde de vertus dans mon cœur, et un monde de puissances dans mon opération, et c’est le tout-puissant, le sanctificateur universel qui entretiendra lui-même tous ces mondes en moi, et qui les nourrira continuellement de ses propres bénédictions.

    Chapitre Deux

    Un secret à la fois immense et terrible a été communiqué dans l’Homme de désir, n o 146, pag. 217. Et ce secret est que le cœur de l’homme est le seul passage par où le serpent empoisonné élève sa tête ambitieuse, et par où ses yeux jouissent même de quelque lumière élémentaire, car sa prison est bien au-dessous de la nôtre.

    Ici nous osons communiquer un autre secret non moins profond, mais plus consolant, plus encourageant, et fait pour nous apprendre à nous respecter tant par rapport à la sainteté de notre origine qu’à la sublimité de l’œuvre que nous devons et que nous pouvons opérer sur la terre. Voici ce secret :

    L’ami fidèle qui nous accompagne ici-bas dans notre misère est comme emprisonné avec nous dans la région élémentaire, et quoiqu’il jouisse de sa vie spirituelle, il ne peut jouir de la lumière divine, des joies divines, de la vie divine que par le cœur de ce même homme qui fut choisi pour être l’intermède universel du bien et du mal. Nous attendons de cet ami fidèle tous les secours, toutes les protections, tous les conseils qui nous sont nécessaires dans nos ténèbres, et toutes les vertus pour subir le décret de notre épreuve, à laquelle il n’a pas le droit de rien changer ; mais il attend de nous en récompense que par le feu divin dont nous devrions être embrasés nous lui fassions éprouver la chaleur et les effets de ce soleil éternel dont il se tient éloigné par la pure et vive charité qui l’anime en faveur de la malheureuse humanité.

    C’est pour cela que J.-C. dit, dans S. Mathieu, 18, 10 : Ne méprisez aucun de ces petits, car je vous dis que leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de mon père qui est dans les cieux. Ils ne voient la face de Dieu que parce que les enfants qu’ils accompagnent ont le cœur pur, et c’est le cœur pur de ces enfants qui sert d’organe à ces anges, puisqu’ils ne sont pas dans le ciel où est le père, mais réciproquement le cœur de l’homme n’est pur que quand il est fidèle à la voix de son ange ; c’est-à-dire, en d’autres paroles quand l’homme est redevenu enfant et qu’il fait en sorte que son ange ait la liberté de voir la face de Dieu.

    Aussi y a-t-il un grand sens dans ces paroles de J.-C., même chapitre, verset 3 : Si vous ne devenez comme de petits enfants, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux. L’ange est la sagesse, le cœur de l’homme est l’amour ; l’ange est le récipient de la lumière divine, le cœur de l’homme en est l’organe et le modificateur. Ils ne peuvent se passer l’un de l’autre, et ils ne peuvent être unis que dans le nom du Seigneur, qui est à la fois l’amour et la sagesse, et qui les lie par là dans son unité. Nul mariage comparable à celui-là ; et nul adultère comparable à celui qui altère un pareil mariage ; aussi est-il dit, Matthieu, 18, 6, que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a joint.

    On peut aussi trouver dans cette grande vérité le sens de ce passage, aimez votre prochain comme vous-même, et celui de l’autre passage qui nous apprend que c’est celui qui se fera le plus petit qui sera le grand. Tout est vif dans cette triple alliance, tout y est esprit, tout y est Dieu, tout y est parole : comment l’ennemi pourrait-il jamais en approcher ? Ô homme ! si tu aperçois le moindre rayon de cette haute lumière, ne perds pas un moment pour accomplir toutes les lois qu’elle t’impose et pour te rendre aussi vif, aussi actif, et aussi pur que les deux correspondances entre lesquelles tu te trouves placé ; ce sera le moyen d’accélérer ta régénération et de te préparer d’avance un lieu de repos pour le temps à venir. Tu es la lampe, l’esprit est l’air, la chaleur et le feu de la lumière divine sont renfermés dans l’huile ; l’air souffle sur toi pour te mettre en activité, et pour que tu lui transmettes la chaleur douce et vivante et la sainte clarté de cette huile qui doit nécessairement passer par toi pour lui parvenir.

    Dans cette opération l’homme devient une véritable lumière au milieu des ténèbres ; il ne devient cette véritable lumière que parce qu’il manifeste le principe vivant qui veut bien la lui procurer et la faire passer par son cœur ; ainsi l’homme peut grandement se réjouir, mais il ne peut pas se glorifier ; enfin l’ange est comblé de consolations et de jouissances ; et, au moyen des joies divines que nous lui procurons, il se lie et s’attache d’autant plus à nous, tant par sa vive charité naturelle que par le besoin d’augmenter son propre bonheur. De son côté, la Divinité ne cherche continuellement qu’à percer de plus en plus dans le cœur des hommes pour étendre sa gloire, sa vie et sa puissance, et en remplir l’ange qui la désire si ardemment.

    Y a-t-il donc rien au-dessus de la sublimité de notre sort qui nous destine à être le moyen de communication de la Divinité avec l’esprit ? Et pouvons-nous désormais nous permettre un moment de relâche dans une si sainte œuvre, puisque chacun des moments que nous perdons retarde l’accomplissements de ce trinaire actif qui représente spirituellement et en caractères distincts le ternaire éternel ? Enfin, puisque chacun de ces moments que nous perdons nous rend coupables envers Dieu, en ce que nous faisons manquer ses desseins ; envers l’esprit, en ce que nous le laissons sans nourriture ; et envers nous, en ce qu’indépendamment du tort que nous avons de ne pas remplir notre loi, nous nous détruisons nous-même, en nous privant de la double subsistance qui nous est accordée dans cette sainte fonction ; savoir, de la subsistance divine et de la subsistance spirituelle, lesquelles ne peuvent passer en nous sans nous vivifier d’une manière secrète et cachée pour nous ?

    Car lorsque la vie divine passe en nous, elle y attire l’esprit, et lorsque l’esprit vient en nous, il y attire la vie divine ; là Dieu se spiritualise et l’esprit se divinise, et notre être reçoit alors cette nourriture ainsi préparée par la sagesse qui dispose toutes ses opérations pour le plus grand bien des êtres ; sans cela la Divinité nous consumerait, si elle y venait seule, et l’esprit ne nous nourrirait pas assez, s’il y venait seul à son tour, attendu que sans être Dieu, nous sommes cependant plus que l’esprit.

    Cette loi qui nous est tracée pour opérer notre régénération nous indique assez clairement quelle était la loi qui devait accompagner notre destination primitive, puisqu’elle devait être encore plus étendue sans cependant changer de nature, car une loi n’en change point, quoiqu’elle se resserre, ou se retire quand les êtres se sont rendus absolument indignes qu’elle agisse encore sur eux ; ainsi puisque nous devons aujourd’hui faire parvenir la région divine jusqu’à notre ange, nous devions autrefois avoir le privilège de rendre le même service à un plus grand nombre d’êtres, et à des êtres qui fussent encore plus dans la privation que notre ange particulier ; enfin si nous pouvons aujourd’hui faire passer par nous quelques rayons du soleil divin, il faut que par notre nature originelle nous ayons eu le pouvoir de faire passer par nous la Divinité toute entière, et par conséquent nous ne pourrons nous croire régénérés que quand nous aurons atteint ce but immense qui est le terme final de notre être ; car, nous venons de le dire, une loi ne peut changer et, pour obtenir notre régénération, il faut que la Divinité toute entière pénètre notre être comme elle l’aurait fait primitivement, si nous eussions suivi ses desseins. Homme, apprends ici combien tu es loin de ton terme, et vois si cette perspective te peut laisser croire que tu doives languir dans l’inaction.

    Nous voudrions n’avoir pas besoin d’appuyer tous ces grands principes par des démonstrations raisonnées de la nature spirituelle de l’homme et de la divinité de son origine, ces preuves étant déposées dans d’autres écrits ; mais si on ne les avait pas digérées avec assez de soin pour avoir chassé de soi tous les doutes, ce serait en vain qu’on voudrait nous suivre en ce moment : nous croyons donc devoir nous arrêter un instant à ces éléments qui ne sont que comme les très petits préliminaires des connaissances qui nous sont réservées ; car, nous aurons à exposer des vérités d’un autre rang.

    Chapitre Trois

    Lorsque nous avons dit, dans le numéro 1, que l’homme était une espèce de texte dont toute la vie devrait être le développement et le commentaire, nous n’avons fait que présenter sous d’autres mots la proposition suivante ; savoir, que l’âme de l’homme est une pensée du Dieu des êtres.

    Quelque idée que le lecteur ait prise jusqu’ici de la nature de l’âme de l’homme, il n’en doit pas moins être persuadé que cette âme est impérissable ; car comment la pensée de Dieu pourrait-elle périr ?

    Le matérialiste, l’athée même, s’il en existait, ne pourraient infirmer ce principe, car en leur accordant ce qu’ils soutiennent, c’est-à-dire que tout est matière, il n’en serait pas moins vrai que nous serions impérissables comme cette matière qu’ils veulent faire éternelle et immortelle, enfin comme cette matière qu’ils veulent faire Dieu, et dont nous serions toujours une nécessaire modification ; parce que ce qui est éternel ne peut pas faire des modifications qui soient passagères.

    Il ne resterait donc plus qu’à observer attentivement s’il est vrai qu’il y ait en nous plus d’une seule substance ; c’est-à-dire, si dans nous tout est esprit, si dans nous tout est matière, ou si dans nous il y a de la matière et de l’esprit.

    Or, ceux qui n’auraient pas senti leur véritable nature, je ne leur demanderais que de se regarder pour être à couvert des méprises. Car ce qu’ils appellent l’homme, dans ce qu’ils appellent le moral, dans ce qu’ils appellent le politique, dans ce qu’ils appellent la science, enfin dans ce qu’on pourrait appeler le chaos et le champ de bataille de leurs diverses doctrines, ils trouveraient tant d’actions doubles et opposées, tant de forces qui se combattent et se détruisent, tant d’agents clairement actifs et tant d’autres clairement passifs, et cela sans chercher même hors de leur propre individu, que sans pouvoir peut-être dire encore ce qui nous compose, ils conviendraient que sûrement en nous tout ne se ressemble pas ; et que nous n’existons que dans une perpétuelle différence, soit d’avec nous-même, soit d’avec tout ce qui nous entoure, et d’avec tout ce que nous pouvons atteindre et considérer. Il ne s’agirait plus ensuite que d’appuyer avec quelque soin sur ces différences pour en apercevoir le vrai caractère et pour classer l’homme dans son véritable rang en le comparant à une ligne droite à côté de laquelle se peuvent décrire et se décrivent en effet journellement une infinité de courbes, mais dont l’exclusive rectitude ne peut sans un grossier aveuglement se confondre avec ces courbes qui ne sauraient jamais lui ressembler ; ou si l’on veut, en le comparant à la durée inarrêtable qui conserve silencieusement son imperturbable existence au milieu de toutes les révolutions des êtres.

    Ceci est suffisant pour montrer que nous pouvons nous dispenser de nous arrêter plus longtemps aux objections secondaires, avec lesquelles les hommes inférieurs s’aveuglent mutuellement tous tes jours ; nous avons un objet plus vaste à remplir que celui de nous occuper des obscurités volontaires qui ne viennent que de la frivole inattention du monde ; et cet objet, c’est de nous occuper des obscurités naturelles qui tiennent essentiellement à l’état terrestre de l’esprit de l’homme, mais bien plus encore de nous occuper des clartés et des lumières qui appartiennent à son indestructible essence ; car il y a plusieurs degrés dans les besoins de l’homme, et ce ne serait pas faire assez pour lui que de ne songer exclusivement qu’à celui de ses maux qu’il lui est possible de guérir lui-même, soit en se considérant de toute son attention, soit en usant des secours qu’on lui a déjà procurés. Répétons donc sans inquiétude cette assertion que l’âme de l’homme est une pensée du Dieu des êtres.

    De cette sublime vérité il résulte une vérité qui n’est pas moins sublime, savoir, que nous ne sommes pas dans notre loi, si nous pensons par nous-même, puisque pour remplir l’esprit de notre vraie nature, nous ne devons penser que par Dieu, sans quoi nous ne pouvons plus dire que nous soyons la pensée du Dieu des êtres, mais nous nous déclarons être le fruit de notre pensée ; nous nous annonçons comme si nous n’avions pas d’autre source que nous-même, et comme si nous avions été notre propre principe, de façon qu’en défigurant notre nature nous anéantissons celui seul de qui nous la tenons : aveugle impiété qui peut éclairer sur la marche qu’ont suivie toutes les prévarications.

    De cette sublime vérité que l’homme est une pensée du Dieu des êtres, il résulte une vaste lumière sur notre loi et notre destination ; savoir, que la cause finale de notre existence ne peut être concentrée dans nous ; mais qu’elle doit être relative à la source qui nous engendre comme pensée, qui nous détache d’elle pour opérer au-dehors ce que son unité insubdivise ne lui permet pas d’opérer elle-même ; mais ce dont elle doit être cependant le terme et le but, comme nous sommes tous ici-bas le but et le terme des pensées que nous enfantons, et qui ne sont qu’autant d’organes et d’instruments que nous employons pour coopérer à l’accomplissement de nos plans dont notre nous est perpétuellement l’objet ; c’est pour cela que cette pensée du Dieu des êtres, ce nous doit être la voie par où doit passer la Divinité toute entière, comme nous nous introduisons journellement tout entiers dans nos pensées, pour leur faire atteindre le but et la fin dont elles sont l’expression, et pour que ce qui est vide de nous devienne plein de nous ; car tel est le vœu secret et général de l’homme, et par conséquent tel est celui de la Divinité dont l’homme est l’image.

    Cette opération s’accomplit par des lois de multiplication spirituelle de la part de la Divinité dans l’homme, quand il lui a ouvert sa vie intégrale ; et alors la Divinité développe en nous tous les produits spirituels et divins relatifs à ses plans, comme nous voyons que pour ce qui est relatif aux nôtres nous transportons constamment nos forces et nos puissances dans notre pensée, déjà produite, pour qu’ils puissent parvenir à leur parfait accomplissement ; mais avec la différence que les plans divins nous liant à l’unité même nous ouvrent des sources intarissables lorsqu’ils veulent bien nous associer à eux ; et comme ils sont vifs par eux-mêmes, ils opèrent en nous une suite d’actes vifs qui sont comme des multiplications de lumières, des multiplications de vertus, des multiplications de joies qui vont toujours en croissant ; c’est plus qu’une pluie d’or qui tombe sur nous, c’est plus qu’une pluie de feu, c’est une pluie d’esprits, de tout rang et de toutes propriétés ; car c’est une vérité déjà connue que Dieu ne pense point sans enfanter son image ; or il n’y a qu’un esprit qui puisse être l’image de Dieu ; c’est par là, dis-je, que nous recevons en nous des multiplications de sanctification, des multiplications d’ordination, des multiplications de consécration, et que nous pouvons les répandre à notre tour, d’une manière active, sur les objets qui sont hors de nous et sur les personnes qui nous approchent.

    Un des signes de notre avancement dans ce genre, c’est quand nous éprouvons sensiblement que les choses de ce monde ne sont point et que nous pouvons les comparer physiquement avec les choses qui sont ; alors une seule sensation de la vie nous instruit plus que tous les documents, et renverse, comme par un pouvoir magique, tout l’échafaudage de la fausse philosophie ; car cette comparaison, quand nous avons le bonheur de la pouvoir faire, nous apprend quelle différence il y a entre une pensée vive du Dieu des êtres et cet assemblage confus et ténébreux de toutes ces substances mixtes, errantes, et muettes qui composent la région matérielle où nous sommes liés par les lois de notre corps. C’est là une opération indispensable pour être mis au rang des catéchumènes et pour mettre le pied sur le premier degré de la ligne sacerdotale.

    Ô mon ami, allons ensemble dresser des autels au Seigneur ; va d’avance préparer tout ce qui nous sera nécessaire pour célébrer dignement les louanges de sa gloire et de sa majesté ; sers d’organe à mon œuvre pour l’annoncer au peuple, comme j’en dois servir à la Divinité pour annoncer à toutes les familles spirituelles les mouvements de la grâce et les vibrations de la lumière. Et toi, Dieu de ma vie, s’il te plaît jamais de me choisir pour ton prêtre, que ta volonté soit faite ! Toutes mes facultés sont à toi. Je me prosternerai dans mon indignité en recevant le nom de ton prêtre et de ton prophète : aide-moi seulement à ne pas rendre tes grâces impuissantes et à briser en moi tous les écueils que mes iniquités et mes faiblesses ont semés devant mon élection. Je n’oserais jamais de moi-même te demander que ta main reposât sur moi ; mais si par ta pure munificence, tu veux bien faire reposer ta main sur moi, je n’aurai aucun doute que tu n’opères dans mon être tout ce qui lui manque pour être utile à tes desseins, et je n’ai dans ce moment d’autre soin à prendre que de t’offrir le dévouement de ma fidélité à ton service et une universelle soumission à toutes les conditions que tu voudras mettre à notre alliance.

    Chapitre Quatre

    L’homme qui, comme étant la pensée du Dieu des êtres, s’est observé au point d’avoir abandonné ses propres facultés à la direction et à la source de toutes les pensées, n’a plus d’incertitudes dans sa conduite spirituelle, quoiqu’il n’en soit pas à l’abri dans sa conduite temporelle, si la faiblesse l’entraîne encore dans des situations étrangères à son véritable objet ; car dans ce qui tient à ce véritable objet, il doit espérer les secours les plus efficaces, puisqu’en cherchant à le poursuivre et à l’atteindre, il suit la volonté Divine elle-même, qui le presse et l’invite de s’y porter avec ardeur.

    Mais d’où lui vient cette manière d’être si avantageuse et si salutaire ? C’est que s’il parvient à être régénéré dans sa pensée, il l’est bientôt dans sa parole, qui est comme la chair et le sang de sa pensée, et que quand il est régénéré dans cette parole, il l’est bientôt dans l’opération qui est la chair et le sang de la parole. Non seulement l’esprit le pénètre, circule dans toutes ses veines, et se revêt de lui pour donner le mouvement à tous ses membres, comme nous faisons mouvoir à notre gré les vêtements dont nous nous couvrons ; mais tout en lui se transforme en substances spirituelles et angéliques, pour le porter sur leurs ailes vers tous les lieux où son devoir l’appelle ; c’est ainsi que le Juge souverain viendra un jour au milieu de ses saints et environné de millions d’anges, pour rétablir le règne de la vérité dans toutes les régions qui en seront susceptibles.

    C’est alors que l’homme se trouve être, en esprit et en vérité, le prêtre du Seigneur ; c’est alors qu’il a reçu la vivifiante ordination et qu’il peut transmettre cette ordination sur tous ceux qui se consacrent au service de Dieu, c’est-à-dire, lier et délier, purifier, absoudre, plonger l’ennemi dans les ténèbres, et faire revivre la lumière dans les âmes ; car le mot ordination vient du mot ordinare, ordonner, qui veut dire remettre chaque chose à son rang et à sa place ; et telle est la propriété du Verbe éternel qui produit continuellement tout selon le poids, le nombre, et la mesure. Tel est enfin le zèle de la Parole pour cette œuvre sublime qu’elle se transformerait en homme elle-même pour venir nous ordonner et nous consacrer, s’il ne se trouvait point d’hommes qui pussent nous imposer les mains ; parce qu’elle sait qu’il faut ici-bas que les organes de la vérité soient corporisés humainement pour nous être utiles.

    Ce n’est donc point un simple effet mystique, ni une simple opération métaphysique qui se passe en nous lorsque le Verbe Divin nous régénère et qu’il nous appelle par notre nom pour nous faire sortir de notre tombeau, c’est une œuvre vive et dont tout notre être spirituel et corporel éprouve physiquement la sensation, puisque cette parole est la vie et l’activité ; et lorsque Lazare sortit de son cercueil à la voix du Seigneur, ses membres n’éprouvèrent pas autant de cette sensation réelle, que nous en éprouvons dans notre régénération spirituelle, parce qu’après être descendu dans le tombeau, son âme passive, ne pouvant recevoir la sensation de la mort et de la froideur sépulcrale, ne pouvait pas non plus en faire la comparaison avec la sensation de la vie qui s’introduisait alors en lui et semblait le créer pour la première fois ; au lieu que notre âme immortelle ne descend point dans le lac de sa mort spirituelle sans en ressentir toute l’horreur ; et par conséquent lorsqu’elle recouvre la sensation de la vie, ce doit être avec une sensibilité inexprimable.

    En effet, nous nous sommes laissé garrotter tout vifs et dans toutes nos facultés par les chaînes de l’ennemi : nous sentons que ces chaînes nous écrasent et nous ôtent tous nos mouvements ; si nous avions donc le courage de prononcer l’arrêt à cet ennemi et de lui déclarer que, conformément aux intentions de la volonté suprême et bienfaisante, nous sommes déterminés à rompre tous les liens dont il se sert pour nous retenir captifs, si nous lui annoncions fermement qu’il doit s’attendre que son règne sur nous va être détruit et qu’il nous est aussi aisé, par les secours Divins qui nous environnent, de briser ce règne qu’il nous est aisé de briser un brin de paille ; enfin, si cet arrêt étant prononcé nous n’oublions rien pour l’exécuter et pour persévérer avec constance dans cette indispensable et nécessaire résolution, il n’est pas douteux que nous verrions bientôt tomber à nos pieds toutes ces entraves qui nous gênent si horriblement, et que nous sentirions y substituer en nous, à la fois, tous les transports de la vraie vie, lesquels seraient d’autant plus actifs et délicieux pour nous que nous en aurions été plus dénués. C’est ce passage complet de la mort à la vie que l’âme de l’homme peut éprouver physiquement dans toutes ses facultés quand, en imitant la douce et humble simplicité du verbe et de la parole, il parvient à en recouvrer la force, la chaleur et la lumière.

    Un mot de plus pourra peut-être aider à notre persuasion et augmenter notre courage pour travailler à cette grande entreprise ; ainsi nous ne le tairons point. L’homme sous les lois de sa matière est emprisonné et borné de tous les côtés ; il a fallu, pour le lier ainsi, qu’on rassemblât, dans une sorte d’unité, les puissances, les forces et les facultés qu’il avait laissé sortir de lui-même et qu’il avait disséminées dans toutes les régions pour y opérer le désordre de ses plans impies et mensongers. L’ennemi appuie encore sur les chaînes dont on l’a chargé, et cherche par là à traiter comme son jouet et sa victime celui qu’il a feint autrefois de vouloir traiter comme son ami. Mais ce double poids rassemblant et concentrant, de plus en plus, dans une unité, les puissances et facultés de l’homme, le rend, dans sa privation même, une nouvelle image de cette unité qu’il aurait dû représenter dans ses justes développements ; alors cette harmonie concentrée recouvrant naturellement une sorte de rapport avec l’harmonie supérieure et libre, elle l’attire insensiblement à elle, et elle en reçoit les secours dont elle est susceptible, selon sa mesure gênée et restreinte.

    Il est donc vrai de dire que notre délivrance a commencé dès l’instant de notre punition ; il est donc vrai de dire que l’Agneau a été immolé dès le commencement du monde ; il est donc vrai que l’Écriture a raison de nous recommander les larmes et de nous féliciter de nos tribulations, puisque le médicament d’amertume est la seule voie que nous ayons de recouvrer le commencement de nos rapports avec notre unité harmonique et primitive ; enfin il est donc vrai que l’écriture a raison de nous enseigner que celui qui se fera humble et petit sera élevé.

    Nous serions peu étonnés des merveilles sensibles et vives qui se passent en nous lors de notre régénération, si nous pénétrions un peu plus profondément que nous ne le faisons dans la connaissance et la nature de l’homme. Nous l’avons peint comme étant une pensée du Dieu des êtres, et nous avons dit que quand il parvenait à être régénéré dans sa pensée, il le devenait bientôt dans sa parole ; c’est donc à dire qu’alors il devient une parole du Dieu des êtres, comme il en était auparavant une pensée, et cela nous apprend par conséquent que dans l’origine il était à la fois une pensée et une parole du Dieu des êtres, et qu’il doit l’être encore aujourd’hui quand il a le bonheur d’être rétabli dans sa nature originelle.

    Voilà le terme où doivent tendre tous nos efforts, et sans lequel nous nous flatterions en vain d’être avancés dans la carrière de notre retour vers notre principe. C’est aussi ce qui nous rétablit sur notre trône en mettant nos ennemis à nos pieds ; en même temps cela nous apprend que telle fut notre puissance autrefois, et que tel fut l’emploi que nous en

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