Deux monstres sacrés : Boris Karloff et Bela Lugosi
Par Thierry Rollet
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Aperçu du livre
Deux monstres sacrés - Thierry Rollet
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Deux monstres sacrés
Boris Karloff et Bela Lugosi
––––––––
Essai biographique
Éditions Dédicaces
Deux monstres sacrés.
Boris Karloff et Bela Lugosi
par Thierry Rollet
ÉDITIONS DÉDICACES INC
675, rue Frédéric Chopin
Montréal (Québec) H1L 6S9
Canada
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sans autorisation de l’auteur et de l’éditeur.
Thierry Rollet
Deux monstres sacrés
Boris Karloff et Bela Lugosi
PROLOGUE
Quels artistes cherchait-on entre les années 20 et 30 ?
––––––––
Les années folles ont connu la lutte qui opposa le théâtre historiquement triomphant et le cinéma balbutiant mais d’ores et déjà hissé au rang de 7ème Art. Toutes les campagnes d’Occident ont vu les querelles entre les troupes théâtrales ambulantes et les manifestations d’un très débutant « cinématographe » qui cherchait déjà à s’imposer comme un genre, sinon dominant, du moins appelé à profiter de sa présence pour s’offrir un avenir. Il est donc évident qu’une telle querelle, qui n’est pas sans rappeler celle des Anciens et des Modernes dans la littérature européenne, eut à la fois ses forces antagonistes mais aussi ses défenseurs – ces derniers étant, bien entendu, les acteurs eux-mêmes.
En effet, le métier d’acteur ne pouvait se défendre qu’en se soumettant à tous les types de représentation, qu’ils s’effectuent sur les planches ou sur les écrans. Tous les acteurs de cette génération mirent dont un point d’honneur à se donner à fond sur ces deux supports de leur talent, puisqu’ils apparaissaient aussi prometteurs l’un que l’autre. Bien avisés furent d’ailleurs les acteurs qui surent non seulement profiter des deux genres, mais surtout les alterner, passant de l’un à l’autre pour affirmer et entretenir leur notoriété.
Boris Karloff et Bela Lugosi furent donc tout naturellement de ceux-là.
En vrais professionnels, ils avaient remarqué que le cinéma naissant présentait une incontestable ressemblance avec le théâtre : celui de « donner à voir », selon la traduction grecque du mot « théâtre ». Tout comme son alter ego déjà millénaire, le cinéma débutant donnait à voir les acteurs tout en conservant l’avantage de les déplacer plus économiquement : finies les tournées épuisantes et surtout onéreuses ! Le cinéma n’emporte que ses pellicules et non pas une troupe qu’il faut transporter, nourrir et costumer. Ce tout nouveau support si prometteur constituait un tremplin supplémentaire pour les acteurs, et non des moindres.
En contrepartie, et puisqu’il « donnait à voir », le cinéma de cette décennie, qui restait souvent muet, exigeait des acteurs une gestuelle et une expressivité faciale que le théâtre ne considérait que comme l’accompagnement du texte. Aucun dialogue dans le cinéma, donc tout dans l’expression au sens le plus général du terme. Tel acteur ne sachant pas se tenir, marcher et surtout traduire par tous les éléments de son visage les émotions du personnage interprété n'avait aucun avenir dans le cinéma. C’est pourquoi l’alternance entre théâtre et cinéma dans leur travail d’interprétation prenait tout son sens dans le quotidien d’un acteur. On pouvait même dire qu’un débutant apprenait à se servir de ses gestes et de son visage au cinéma pour mieux accompagner son texte sur les planches. Alterner les deux genres se révélait donc très formateur.
Puis, le cinéma devint parlant et, de ce fait, il imita le théâtre tout en conservant les avantages économiques qu’il avait sur lui. Les acteurs bien formés, bien entraînés se sentirent alors encore mieux à leur aise, sans aucun doute. C’est ce qui détermina leur carrière tout en favorisant l’émergence des ceux qu’on appellerait des « monstres sacrés ».
Chez Boris Karloff et Bela Lugosi, cette appellation moderne allait immédiatement prendre un double sens.
––––––––
CHAPITRE 1
Deux destinées à la fois semblables et contrastées
––––––––
Que dit-on de Boris Karloff et de Bela Lugosi ? Quels noms viennent immédiatement à l’esprit dès que l’on évoque ces deux acteurs à la fois si semblables et si différents ? Réponses : Frankenstein et Dracula. On confond d’ailleurs souvent le premier avec sa créature, le second avec son créateur : Frankenstein est le monstre, Dracula le vampire, alors que chacun d’eux est le résultat, pour le premier, de l’orgueil d’un bio-généticien romancé, pour le second, d’un noble magyar tout aussi légendaire du fait de sa cruauté, qui l’assimila très tôt à un être mythique qui existait bien avant lui[1].
Cependant, en ce qui concerne nos deux acteurs, ce point commun fut le réel fondateur de leur carrière et, ipso facto, le principal ancrage de leur propre légende chez les cinéphiles de tous pays.
La curiosité commande alors de se demander comment ils en sont arrivés là.
William Henry Pratt alias Boris Karloff (1887-1969) et Bela Ferenc Dezső Blaskó alias Bela Lugosi (1882-1956) connurent dès leur plus jeune âge ce qui devait fonder leur avenir, à savoir l’attirance, la magie, pour ne pas dire la folie des