Diapason

Ivry Gitlis L’éternel incandescent

Affirmer qu’Ivry Gitlis fut une personnalité unique, un violoniste surdoué, une âme authentique ou un héros de théâtre au charisme magique, reste très en deçà de la vérité. Car il fut un univers à lui tout seul, au point de paraître immortel à tous ceux qui ont eu le privilège de le côtoyer longtemps et de compter parmi ses amis.

Un violoniste surdoué certainement : il suffit de l’entendre dans son premier témoignage au disque pour mesurer le niveau stratosphérique de sa maîtrise de l’instrument. Et notamment dans la cadence écrite par Emile Sauret du Concerto no 1 de Paganini (Remington 1951), où il défie déjà les lois de l’équilibre, plusieurs années avant ses gravures des concertos de Bartok, Bruch et Sibelius, parues chez Vox, qui allaient entrer d’emblée dans la légende. Avec un son et un vibrato pour signature, comme ses prestigieux aînés Elman, Menuhin ou Heifetz.

Elève de Boucherit, Flesch, Enesco et Thibaud

Né à Haïfa dans une modeste famille juive émigrée de Russie, le jeune Isaac débute le violon à l’âge de 5 ans, d’abord avec une élève d’Adolf Busch, puis avec prix en 1936, il se perfectionne durant plusieurs années, grâce au soutien de la famille Rothschild, avec Carl Flesch en Belgique et à Londres. Il reçoit aussi les conseils de Georges Enesco puis, à la fin des années 1930, de Jacques Thibaud, deux maîtres pour lesquels il gardera une profonde affection. En 1940, il se réfugie en Angleterre, change son prénom d’Isaac, jugé trop marqué, en Ivry (plus discret, mais qui signifie « hébreu » soulignera-t-il toujours, non sans malice), et travaille dans une usine d’armement, tout en se produisant pour les troupes britanniques. Il fait ses débuts en récital à Londres durant la saison 1946-1947, jouant la sonate pour violon seul de Bartok, écrite deux ans plus tôt pour Yehudi Menuhin, qu’il apprend en trois semaines. En 1951, il se rend aux Etats-Unis afin d’étudier auprès de Théodore et Alice Pashkus.

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