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L'Illustration, No. 3677, 16 Août 1913
L'Illustration, No. 3677, 16 Août 1913
L'Illustration, No. 3677, 16 Août 1913
Livre électronique88 pages49 minutes

L'Illustration, No. 3677, 16 Août 1913

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LangueFrançais
Date de sortie15 nov. 2013
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    L'Illustration, No. 3677, 16 Août 1913 - Various Various

    financier.

    COURRIER DE PARIS

    APRÈS LA GUERRE

    Voici la guerre finie et la paix signée.

    La paix! Cela nous semble, par moments, une pousse nouvelle. C'est un mot qui n'a pas l'air balkanique, et je dois, pour y croire, faire un véritable effort de volonté. Est-ce que l'entente des négociateurs ue va pas, à la dernière minute, craquer sur un point de frontière, sur un nom de ville disputée? N'allons-nous pas apprendre demain que ces peuples, agités de spasmes rentrés, se sont relancés les uns sur les autres? Nous le trouverions fort naturel. Et cependant, non. Une certitude secrète, nécessaire, nous dit tout bas que l'arrêt des hostilités est définitif, ou, du moins, que, si c'est du provisoire, il va durer un bon bout de temps. Nous sentons que l'heure a sonné de la suprême lassitude, qu'aujourd'hui Grecs, Serbes et Monténégrins vainqueurs, Turcs et Bulgares éprouvés, Roumains agrandis et intacts, tous n'ont plus qu'un désir, celui de liquider, de récolter, grasse ou maigre, la terrible moisson, et de commencer à «s'y reconnaître» aussi bien dans l'élévation que dans la chute. Trop de sang a coulé. Même rouge on se lasse à la longue de la pluie. Celle-ci a donné tout ce qu'elle pouvait donner. Elle a fait tout le bien et le mal exigés, attendus. Elle a arrosé, fécondé, noyé, submergé, desséché et rafraîchi. La terre en est saturée... et ne le boit plus. Elle le rejette, le rend à ses enfants, comme pour leur prescrire qu'ils aient maintenant à garder le peu qui leur en reste, car il n'y a plus une goutte à perdre.

    *

    * *

    On est sans voix dès que l'on songe à la quantité, à l'étendue de deuils et de ruines qui crient «réparation», la seule désormais efficace, celle de la paix, succédant à celle des armes. Tout la réclame, l'impose, les morts et les vivants, le ciel et le sol, les drapeaux fatigués et les canons brûlants, les rois pensifs et les soldats sublimes d'hébétude. Le repos, le noble repos est la conséquence fatale et souveraine des saintes fatigues, le sommet des escalades épiques. Le mort... que veut-il dès qu'il a gagné ce triste et magnifique nom? qu'on l'enterre et que sur sa tombe on ne fasse plus de bruit. La chair... que veut-elle dès que trouée, taillée, elle a conquis ces beaux galons pourpres de la blessure? qu'on la panse et qu'on la laisse doucement se recoudre et se refermer. Ainsi, la guerre, par une juste et mystérieuse loi, qui montre bien qu'elle n'est pas aveugle et sauvage, mais juste et divine,... ainsi la guerre est-elle la première, quand le silence qui suit la tuerie lui dit que l'instant est venu, à se tourner du côté où elle sait que va venir la paix, et à lui faire signe de loin d'approcher, qu'elle est désormais prête à s'en aller, à lui céder la place, car la guerre, plus intelligente, encore une fois, que ne le laissent croire aux esprits superficiels son brutal extérieur et ses façons de massacre, n'ignore pourtant pas qu'elle n'est faite, n'existe, n'est permise et n'a de raison d'être inévitable, que pour son résultat, celui de la paix, d'une paix meilleure, plus grande, plus longue, assise sur de plus solides bases de richesse et de gloire.

    *

    * *

    Voilà près d'un an qu'elle durait, cette guerre! Pendant des mois elle nous a passionnés. Nous en avions la curiosité quotidienne, l'émouvante habitude. Nous en suivions avec une ardeur infatigable et souvent malsaine les récits d'épouvante et de beauté. Elle était notre feuilleton vécu, héroïque et affreux. Rien ne nous en a été dissimulé, malgré les précautions initiales. Tout s'est découvert, au fur et à mesure. Nous avons su les batailles, les victoires, les défaites, les marches foudroyantes, les retraites débandées, les convois et les exodes dans la boue, dans ta neige, les prises de mosquées, les bombardements; les espoirs et les déconvenues, et les hideurs aussi, dont la photographie et le dessin ne nous ont pas fait grâce... Par les lettres des correspondants et les sinistres images prises sur ces lieux de tristesse et de dévastation, nous pouvons dire que nous avons tout connu, tout vu... Et cependant, même en ayant dévoré les comptes rendus sans sauter une ligne, même en ayant scruté d'un œil sec et décidé les plus

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