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Un si beau ciel bleu
Un si beau ciel bleu
Un si beau ciel bleu
Livre électronique216 pages2 heures

Un si beau ciel bleu

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À propos de ce livre électronique

Rémi et Manon, deux jeunes aux parcours diamétralement opposés, voient leurs vies se croiser dans un tourbillon de rêves effervescents, de révolte intérieure et d’ambitions contrariées. Rémi, prisonnier du tumulte familial, cherche à échapper à son quotidien par la voie de la délinquance, tandis que Manon, issue d’un milieu privilégié, poursuit avec ferveur l’idéal d’une réussite totale et d’une autonomie sans faille. Leur rencontre, fulgurante et inattendue, ébranle leurs certitudes les plus profondes, les poussant à reconsidérer leurs aspirations et leur avenir. Entre les chaînes invisibles des inégalités sociales et les choix existentiels qui se dressent devant eux, quel chemin emprunteront-ils pour se libérer de leurs fardeaux ? Leurs rêves les guideront-ils vers la liberté tant recherchée ou vers la désillusion ?

À PROPOS DE L'AUTRICE

Fortement influencée par un parcours empreint de multiples expériences, Jill Bordes Llobregat écrit avec la volonté profonde de comprendre, sans porter de jugement. Guidée par la célèbre maxime de Socrate, « Connais-toi toi-même », elle s’attache à l’idée que seule une connaissance intime de son propre passé peut offrir la clé pour appréhender celui des autres.


LangueFrançais
ÉditeurLe Lys Bleu Éditions
Date de sortie3 oct. 2025
ISBN9791042284435
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    Aperçu du livre

    Un si beau ciel bleu - Jill Bordes Llobregat

    Chapitre I

    Rémi

    Il faisait très chaud ce jour-là.

    Les feuilles des platanes, pourtant habituées aux fortes chaleurs de l’été méridional, se recroquevillaient sur elles-mêmes, espérant ainsi limiter les méfaits du terrible soleil d’août… Mais quoi qu’elles fassent, elles étaient vouées à une mort certaine et inéluctable. Elles finiraient toutes sur le bitume après avoir virevolté au gré des vents froids de novembre. Mises en tas puis ramassées sans ménagement par les pelles des employés municipaux, elles finiraient leur existence dans la benne du camion de la mairie. Adieu alors, les somptueuses couleurs de l’automne !

    Rémi s’était réfugié dans sa petite chambre, ses écouteurs sur les oreilles. Les rythmes à la fois lancinants et saccadés du rap s’accordaient à la rotation des pales du vieux ventilateur qui brinquebalait au plafond…

    Allongé sur son lit aux draps dépareillés et aux couleurs délavées, il pensait qu’il avait de la chance de jouir d’un espace bien à lui, comparé à ses frères et sœurs qui se partageaient les deux autres minuscules chambres de l’appartement…

    Était-ce dû au privilège d’être sorti le premier du ventre de sa mère ou bien n’était-ce pas plutôt une décision parentale pour l’isoler du reste de sa famille ?

    Il se rendait bien compte qu’il avait une fâcheuse tendance à se battre avec ses petits frères et à taper ses jeunes sœurs qui poussaient de tels cris d’effroi que les parents arrivaient en courant pour les protéger. Cette situation était tellement inquiétante que les voisins avaient pour consigne d’intervenir le plus rapidement possible à la moindre alerte quand les parents étaient absents.

    Le soleil commençait à décliner et les ombres des platanes de la petite placette en bas de l’immeuble s’étiraient longuement, faisant croire que les troncs et le feuillage avaient brusquement rétréci.

    C’était l’heure où les mamans emmenaient leurs enfants prendre l’air et profiter d’un brin de fraîcheur…

    Peine perdue ! Les marmots, trop contents de se sentir libres, se mettaient à courir dans tous les sens, puis organisaient entre eux une partie de trappe-trappe ou de balle au camp. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, leur petit visage devenait tout rouge et leur chemisette était trempée de sueur…

    Les mères sortaient alors de leur cabas en osier, un thermos aux reflets irisés qui servaient l’hiver à se réchauffer avec un café léger, mais brûlant, et l’été à se désaltérer avec de l’eau bien fraîche, aromatisée d’un peu de sirop de menthe ou d’orgeat. Les enfants assoiffés buvaient goulûment avant de reprendre leurs jeux… Puis au fur et à mesure que le ciel s’assombrissait, la petite place se vidait et ne restaient plus alors que quelques « papés » solitaires sur un banc, roulant, puis fumant leur dernière cigarette de la journée avant de monter lentement les escaliers de l’immeuble et retrouver leur femme qui finissait de préparer la soupe… Rémi se penchait alors par la fenêtre, examinait la placette pour voir si ses « potes » avaient pris position au pied de l’immeuble dans l’attente d’un acheteur potentiel…

    Ce petit trafic d’herbe, bien que peu lucratif, leur permettait de couvrir les frais de leur propre consommation et de contenter discrètement les besoins des voisins les plus proches…

    Mais, ce qui lui importait plus que tout, c’était de rejoindre Kévin, son seul et unique vrai copain.

    C’est à lui que Rémi confiait ses doutes et ses aspirations, c’est avec lui que Rémi riait aux larmes en se moquant des passants, c’est toujours avec lui que Rémi partageait les bénéfices provenant de leur modeste commerce....

    À ces petits gains s’ajoutaient parfois la revente à prix cassés des menus objets chapardés ça ou là.

    Pour ce genre d’activité, le bazar était l’endroit idéal. Ce petit magasin regorgeait de toutes sortes d’articles. On avait peine à se faufiler à l’intérieur, tant les étagères étaient imbriquées les unes aux autres et croulaient sous les marchandises. Selon ses besoins, on pouvait y acheter des Cocotte-Minutes, des nappes en plastique, des lampes torches, des fleurs artificielles, des chaussettes, des boîtes à pilules de toutes les couleurs… Que sais-je encore !

    Pour attirer le chaland, le propriétaire avait obtenu de la mairie, l’autorisation d’exposer sur des tables empiétant sur le trottoir, toutes sortes de produits.

    En hiver, des « cache-nez » en laine, des bonnets garnis de fausse fourrure, des gants en cuir, des parapluies garnissaient les étals.

    En été, chapeaux en paille et casquettes se balançant au gré du vent, prenaient la relève tandis que des pierres faisant office de poids empêchaient les articles légers de s’envoler…

    Quand le patron, derrière sa minuscule caisse, était occupé avec un client, Rémi profitait de l’occasion pour chaparder quelque chose.... Il sentait son cœur s’emballer sous l’effet de l’adrénaline et peu importait ce qu’il allait dissimuler sous son blouson, ce qui le motivait c’était cette sensation d’être plus malin, plus adroit que les autres. Il se sentait fier de lui et en plus, très souvent, ce qu’il volait ainsi, il l’offrait à Kévin. De voir un éclair d’admiration dans les yeux de son ami suffisait pour ensoleiller sa journée et lui donnait la sensation d’exister enfin....

    Il avait quand même assez de lucidité pour se rendre compte de la petitesse de ces larcins. Il les considérait comme un apprentissage, un moyen de se faire la main pour devenir plus tard un vrai bandit.

    Il s’imaginait chef de bande préparant un vrai « hold-up », avec cagoule et arme de poing… Alors là, oui, ce serait la vraie vie !

    En attendant ce merveilleux avenir où l’argent coulerait à flots, il fallait se résoudre à un peu plus de modestie, comme par exemple, accepter ou non la proposition d’association avec la bande rivale du quartier limitrophe…

    Venture, son père qui était loin d’être dupe, se désespérait de voir son fils fréquenter de mauvais garçons… Il le voyait glisser et s’enfoncer lentement dans la délinquance.

    Étant lui-même employé à la mairie, il avait supplié le maire de trouver, pour son rejeton, un travail, même tout petit, même mal payé. Il espérait ainsi aider Rémi à se libérer de son oisiveté malsaine. Le maire s’était laissé convaincre par ses arguments et son insistance. Il avait pitié du désarroi de ce père confronté à l’échec de l’éducation de cet adolescent mal dans sa peau… Ils avaient donc convenu que Rémi commencerait un travail en tant qu’aide à l’entretien des espaces verts, début octobre.

    Venture redoutait le moment où il signifierait à son fils que le temps de l’oisiveté était terminé, qu’il allait bientôt entrer dans la vie active et gagner son premier salaire…

    Chapitre II

    Manon

    Manon, bien que nerveuse, prenait plaisir à boire son thé accompagné de tartines de confiture de figues confectionnée comme chaque année par les mains expertes de Jeanne, sa mère.

    Dans quelques heures, Manon serait sur le terrain de sport pour défendre sa place au championnat régional et ce challenge occupait tout son esprit…

    Seule sa mère, avec ses paroles encourageantes et bienveillantes, avait le pouvoir de calmer son stress.

    Dès que les premiers beaux jours le permettaient, la table du petit-déjeuner était dressée sur la terrasse, ombragée et fleurie. Jeanne avait joliment décoré cet endroit.

    Elle avait déniché, chez un commerçant qui modernisait son magasin, de superbes étagères de boulanger en fer forgé, agrémentées de ferrures en bronze. Les flûtes, les bâtards, les ficelles, les fougasses avaient été remplacés par des pots de plantes vertes qui conféraient à la terrasse une ambiance tropicale. Cette impression était renforcée par les fauteuils en osier, garnis de coussins aux couleurs vives et bigarrées.

    Mère et fille s’y retrouvaient souvent pour profiter l’une de l’autre dès que leur emploi du temps le leur permettait.... Il leur arrivait parfois de prendre des fous rires irrépressibles sans cause réelle. Une grande complicité les unissait et Manon se confiait à sa mère plus librement qu’à sa meilleure amie, Louise. Aucun secret ne venait obscurcir la belle entente entre les deux femmes.

    Quelques années après le mariage de ses parents, Manon était née.

    Petite fille, elle avait fréquenté la meilleure école privée, administrée par les sœurs dominicaines. Elle y avait appris les bonnes manières, le respect des autres, et les bases de la religion…

    La bâtisse qui abritait l’école était grande et austère. Un corps du bâtiment était occupé par les salles de classe décorées de grandes cartes de France et de dessins d’enfants.

    Elle s’y revoyait, assise à son petit pupitre de bois, écoutant attentivement les enseignements de sa maîtresse.

    Par les grandes fenêtres, on pouvait voir l’autre aile du bâtiment qui abritait les locaux administratifs et le grand bureau de la Mère Supérieure. Le rez-de-chaussée était occupé par un immense réfectoire. C’est là que les sœurs prenaient leur repas en silence, servies par les jeunes novices dont les pas glissaient sans bruit sur le vénérable parquet de chêne ciré.

    Des allées gravillonnées, serpentant sous les arbres centenaires du parc, reliaient les deux bâtisses. Sur la droite, un vaste préau protégeait les enfants les jours de pluie.

    Le réfectoire était un lieu solennel qui ne s’ouvrait aux élèves que rarement…

    Une fois l’an pour fêter Dominique, le saint patron de la confrérie. À cette occasion, la longue table en bois brut se couvrait de biscuits encore chauds, et de pichets de lait crémeux que se partageaient personnel, élèves et sœurs.

    Et deux autres fois dans l’année en l’honneur de la visite de l’évêque, impressionnant dans sa tenue sacerdotale. Quand on lui demandait si elle avait aimé cette époque de sa vie, elle répondait invariablement qu’elle l’avait tant appréciée, que son plus cher souhait à l’époque était de rentrer dans les ordres, d’endosser l’habit religieux et de devenir à son tour enseignante.

    Son père, Georges, avait installé son cabinet d’avocat dans cette petite ville, voilà plus de vingt-cinq ans. Sa réputation d’homme intègre et compétent n’était plus à faire et il attendait sereinement l’heure de la retraite. Il espérait bien que Manon lui succéderait quand elle aurait terminé ses études de droit.

    Georges était bourru et peu expansif, mais il ne vivait que pour sa fille, son seul et unique enfant…

    Ils avaient bien essayé, lui et sa femme, d’avoir un fils « le choix du roi », mais rien n’avait marché et, après de nombreuses tentatives dans les hôpitaux de Marseille, Toulouse et même Paris, ils s’étaient résignés à n’être que trois autour de la table familiale....

    Assis sur son fauteuil, après dîner, il regardait du coin de l’œil avec attendrissement sa femme et sa fille occupées à feuilleter un magazine féminin, à bavarder ou à écouter, les paupières mi-closes, de la musique classique…

    Emporté par les mélodies, son mental au repos, il admirait Manon.

    Pourtant, elle n’était pas spécialement belle, mais la pratique du sport l’avait rendue musclée et élancée.

    Dès son adolescence, Manon s’était prise de passion pour le saut en hauteur.... Ses longues jambes et sa musculature solide lui avaient permis de dépasser les performances de ses petites camarades, sans même qu’elle ne fasse un effort particulier pour améliorer, de compétition en compétition, ses propres records…

    Au cours de sa « troisième », l’année du BEPC, son professeur de sport avait convoqué ses parents pour leur conseiller de diriger Manon vers un cursus « Sport et Études », car elle avait, selon lui, toutes les capacités pour être, plus tard, une représentante de la France aux Jeux olympiques.

    Les parents avaient été flattés par cette proposition, mais, après mûre réflexion, ils avaient répondu par la négative…

    Ils voulaient que leur fille brille, non seulement par le sport, mais aussi grâce à une profession sérieuse.

    Elle avait toujours été brillante dans ses études, et ils feraient en sorte que rien n’entrave sa réussite.

    Ils l’imaginaient déjà dans sa tenue d’avocate. Le noir de sa robe mettrait en valeur la blondeur de sa chevelure. À son cou, le rabat blanc voletterait au gré de ses amples mouvements quand, emportée par sa fougue à défendre un prévenu, bien entendu injustement accusé, elle forcerait l’admiration de la cour et obtiendrait la clémence des jurés !

    Manon avait vécu son adolescence dans le calme.

    Ses uniques mouvements de révolte avaient été de bavarder à la sortie des cours avec un vieux clochard qui demandait l’aumône sur le parvis de la cathédrale, bravant ainsi la bienséance qui interdisait à une jeune fille de bonne famille de se lier d’amitié avec une personne asociale et de plus avinée !

    Avec son amie Louise, une jolie brunette aux yeux bleus, elle s’était inscrite au « Secours Catholique », la mère de son amie y travaillant déjà en tant que bénévole.

    Mais au bout de quelques mois, malgré leurs rires et leur bonne humeur, elles se lassèrent d’aller chercher les denrées invendues ou périmées chez certains épiciers de la ville, de trier le linge et les vêtements donnés, de laver et de remettre en état des jouets usagés pour que des enfants défavorisés puissent en profiter.

    Quand elle entra au lycée, elle abandonna ses élans altruistes pour ne plus penser qu’à ses études et… aux garçons....

    Comment fallait-il s’habiller pour leur plaire ? Comment se maquiller ? Et d’ailleurs, fallait-il se maquiller pour les séduire ? Est-ce que l’amitié entre un garçon et une fille était possible ? Jusqu’où aller en flirtant ? Est-ce qu’on pouvait attraper une maladie en s’embrassant avec la langue ? Toutes ces questions étaient débattues avec fougue par ces adolescentes sortant à peine de l’enfance. Les grandes vacances sonneraient le glas des petites idylles ébauchées au cours de la dernière année de collège.

    S’ensuivraient

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